ERC/00/5


 

VINGT-DEUXIÈME CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO POUR L'EUROPE

PORTO (PORTUGAL), 24 - 28 JUILLET 2000

Point 8 de l'ordre du jour

REMISE EN ÉTAT ET DÉVELOPPEMENT DE L'AGRICULTURE DANS LES RÉGIONS FRAPPÉES PAR DES CATASTROPHES ET DES CONFLITS ARMÉS (BALKANS)

Table des matières



 

I. INTRODUCTION

1. Le présent document donne des informations sur les activités entreprises par les institutions s'occupant d'alimentation et d'agriculture ayant leur siège à Rome (ci-après dénommées institutions ayant leur siège à Rome) pour faire face aux besoins résultant des catastrophes et conflits armés et contribuer au relèvement et au développement du secteur agricole dans les pays des Balkans1. La partie historique couvre les événements politiques de la région et les faits qui ont compromis la paix et la stabilité et ont eu de graves répercussions sur le secteur agricole dans ces pays. Le chapitre suivant présente brièvement le mécanisme de coordination qui régit la coopération entre les institutions ayant leur siège à Rome en ce qui concerne en particulier les situations d'urgence. On trouvera ensuite des examens des opérations d'aide alimentaire d'urgence (assurées par le PAM) et des opérations de secours d'urgence entreprises par la communauté internationale, la FAO assumant la coordination des interventions pour le secteur agricole. Le chapitre suivant décrit la contribution aux interventions de relèvement par pays et par donateur. Le dernier chapitre décrit les activités d'investissement en cours et prévues centrées sur le secteur agricole et rural dans les pays des Balkans. Il comprend un résumé de l'initiative, dirigée par l'Union européenne, de Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est, et les activités futures des institutions ayant leur siège à Rome pour répondre aux besoins de relèvement des secteurs agricoles de la région.

II. HISTORIQUE

2. En 1991, un conflit armé a précédé l'accession à l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie. En Slovénie, les hostilités ont été d'ampleur limitée, mais le conflit en Croatie a entraîné l'occupation d'environ un tiers du territoire croate. À la suite du conflit et de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie, le PIB par habitant en Croatie a chuté de 3 351 dollars E.-U. en 1990 à 2 505 dollars E.-U. en 1993, essentiellement à cause de la perte considérable de capacité productive, de l'hyperinflation et de la décélération des réformes économiques.

3. À partir de 1992, le conflit en Bosnie-Herzégovine s'est intensifié et les hostilités ont continué jusqu'au retour à la paix avec la signature, en décembre 1995, de l'Accord de Dayton. L'Accord prévoyait la création de deux entités dans l'État de Bosnie-Herzégovine et le retour des réfugiés et des personnes déplacées dans leur communauté d'origine. Un protocole complémentaire prévoyait la restitution des terres de la République de Croatie. Le conflit, qui a duré trois ans et demi, a décimé les ressources humaines et physiques et ruiné l'économie de la Bosnie-Herzégovine. Selon les estimations, environ 1,2 million de personnes ont quitté la Bosnie-Herzégovine, près de 200 000 personnes ont été tuées ou sont portées disparues et parmi la population restante, plus d'un million ont été déplacées du fait des hostilités. Les dégâts totaux subis par le secteur agricole ont été évalués à 4,54 milliards de dollars E.-U.; dans certaines zones, jusqu'à 70 pour cent du matériel agricole et 60 pour cent du bétail ont été anéantis, les bâtiments agricoles et les systèmes d'irrigation ont été détruits et les réseaux de commercialisation des denrées alimentaires ont été bouleversés.

4. À la suite de l'Accord de Dayton relatif à la Bosnie-Herzégovine, la communauté internationale s'est engagée à soutenir un programme prioritaire à moyen terme de reconstruction et de relance d'un montant de 5,1 milliards de dollars E.-U. Étant donné l'instabilité de la région, ce montant a été porté à 5,35 milliards de dollars E.-U. au cours de conférences de donateurs qui ont eu lieu ultérieurement. Environ 300 millions de dollars E.-U. étaient prévus pour le secteur agricole, tandis que l'essentiel de l'aide était consacré à la réparation des infrastructures et au logement.

5. La communauté internationale espérait, grâce au processus de paix en Bosnie-Herzégovine et à un programme de reconstruction massive en application, que la région se stabiliserait et se concentrerait sur son développement économique, mais cela n'a pas été le cas. Les sanctions Nations Unies/Union européenne imposées depuis 1991 à la République fédérative de Yougoslavie ont eu des effets négatifs sur l'économie générale et sur la production agricole et agroindustrielle du pays. Les sanctions ont également eu de graves répercussions sur la situation économique de l'ex-République yougoslave de Macédoine en privant ce pays, exportateur de produits alimentaires, de ses partenaires commerciaux traditionnels. Les sanctions se sont particulièrement fait sentir dans la Province du Kosovo où l'agriculture représente quelque 40 pour cent de l'économie et où plus de 60 pour cent de la population est rurale. En 1998, une grande partie de la population kosovare a fui, volontairement ou de force, en abandonnant fermes et bétail. Après la rupture des négociations, l'offensive aérienne de l'OTAN a été déclenchée contre des objectifs militaires en République fédérative de Yougoslavie, y compris au Kosovo et au Monténégro. En conséquence, 800 000 personnes ont été déplacées ou ont cherché refuge dans les pays voisins. En juin 1999, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la Résolution 1244 permettant de déployer une force de sécurité (KFOR) dans la Province. Les autres aspects essentiels de la Résolution 1244 étaient la démilitarisation de la Province, la mise en place d'une administration civile, la fourniture d'une assistance d'urgence et la reconstruction de la Province.

6. Les hostilités dans la région ont également touché le secteur agricole des pays voisins, à savoir la Roumanie et la Bulgarie, à cause du bouleversement des flux commerciaux et du reroutage des transports de denrées (les transports sur le Danube ont baissé à moins de 25 pour cent de la capacité totale, en raison des dégâts subis par les infrastructures).

III. RÉACTION DES ORGANISATIONS S'OCCUPANT D'ALIMENTATION ET D'AGRICULTURE AYANT LEUR SIÈGE À ROME FACE À LA CRISE DES BALKANS

7. Dès qu'il faut faire face à des situations d'urgence, la FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM) disposent de mécanismes performants de collaboration, basés sur des réunions de coordination périodiques, des missions conjointes, des interventions alimentaires d'urgence et des contacts informels et officiels quotidiens avec le Système FAO d'information et d'alerte rapide (SMIAR). Des missions conjointes FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires sont organisées sur le terrain pour évaluer rapidement la situation des approvisionnements alimentaires en temps de crise afin de prendre des mesures opportunes et appropriées et d'éviter des souffrances et des pertes de vies humaines. Du fait de leur caractère approfondi, de leur objectivité et de leur impartialité, les conclusions de ces missions comptent beaucoup dans les décisions de contribution des donateurs.

8. Au cours de la récente crise dans les Balkans, la FAO/SMIAR et le PAM ont organisé des missions conjointes en Albanie et dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, début juin 1999, pour évaluer les effets de la présence de réfugiés sur les populations hôtes. En juillet 1999, peu de temps après le retour de la majorité des réfugiés kosovars et des personnes déplacées vers leurs foyers dans la Province du Kosovo, une autre mission a été organisée dans la Province elle-même pour y évaluer la situation des approvisionnements et rassembler des informations essentielles en vue de planifier les secours d'urgence des mois suivants. Il convient de noter que les rapports de ces missions sont souvent utilisés par le PAM pour préparer des demandes d'aide alimentaire d'urgence (opérations d'urgence).

9. Pour les Balkans, le Directeur général de la FAO et le Directeur exécutif du PAM ont conjointement approuvé des opérations d'urgence d'un montant d'environ 409 millions de dollars E.-U. en 1999.

A. Aide alimentaire d'urgence dans la région

10. Le PAM a joué un rôle majeur dans l'aide alimentaire aux populations affectées par les conflits dans les Balkans tout au long des années 90. Depuis 1992, le PAM a fourni 1,5 million de tonnes d'aide alimentaire à la région, au profit de groupes dont la sécurité alimentaire avait été compromise par le bouleversement des activités agricoles, l'interruption des circuits commerciaux normaux et la crise économique liée au conflit.

11. Lorsque les mouvements de population ont atteint des niveaux sans précédent au début de 1999, l'aide du PAM a visé pour l'essentiel les pays recevant des flux massifs de réfugiés kosovars. Au début de juin 1999, on avait atteint les chiffres records de 440 000 réfugiés en Albanie et de 270 000 en Macédoine.

12. Le rapatriement rapide et spontané des Kosovars en juin 1999 a nécessité une réorientation immédiate des flux d'aide alimentaire. Des missions conjointes FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires en mai/juin 1999 ont été organisées afin de mieux comprendre le contexte économique et social dans lequel l'aide d'urgence devait être fournie. En particulier, les missions visaient à évaluer les conséquences, pour la disponibilité de produits alimentaires de base et sur le marché du travail, de la présence de nombres importants de réfugiés qui avaient réussi à trouver un logement temporaire chez des membres de leur famille ou de leur clan. De plus, ces missions ont aussi examiné la possibilité de fournir une aide immédiate vivres-contre-travail pour ces personnes. Selon les principales conclusions des missions, le conflit n'avait pas eu de conséquences négatives majeures sur l'agriculture locale en Albanie et dans l'ex-République yougoslave de Macédoine. Par conséquent, l'assistance actuelle à ces pays vise 60 000 et 20 000 réfugiés respectivement. Dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, les personnes qui bénéficient d'une aide sont les derniers réfugiés kosovars, y compris les minorités serbes et tziganes arrivées après la fin du conflit. En Albanie, la mission a noté localement les effets sur les populations rurales de l'accueil de réfugiés en grand nombre. De plus, la sécurité alimentaire des ménages agricoles était déjà précaire depuis le début des années 90: il est donc nécessaire de mettre en place des systèmes appropriés de surveillance de la sécurité alimentaire et de la nutrition afin d'identifier et de suivre les groupes souffrant d'insécurité alimentaire. Il faut aussi des stratégies appropriées d'éducation nutritionnelle pour encourager l'adoption de régimes alimentaires équilibrés. Une aide alimentaire et l'envoi d'intrants agricoles ont également été recommandés pour les groupes les plus vulnérables. Le PAM continue à fournir une assistance à environ 60 000 personnes, y compris aux ménages ruraux vulnérables et aux groupes sociaux tels que retraités, ménages dirigés par des femmes et handicapés.

13. L'aide alimentaire qui n'était plus envoyée en Albanie et dans l'ex-République yougoslave de Macédoine a suivi les flux de rapatriés de juin 1999. En 1998, le PAM avait déjà commencé à fournir une aide aux nombres croissants de personnes déplacées à l'intérieur du pays et de réfugiés. Fin 1998, les effectifs atteignaient déjà 420 000 personnes et, avec les rapatriements de juin 1999, on dénombrait 950 000 personnes qui avaient besoin d'une aide alimentaire. Les opérations d'aide alimentaire ont été suspendues le 23 mars 1999 avec l'évacuation de tout le personnel international, mais elles ont repris le 13 juin 1999 lorsque les premiers convois humanitaires ont suivi le déploiement de la présence internationale, avec les forces de l'OTAN au Kosovo (KFOR).

14. L'assistance du PAM à la région comprenait la République fédérative de Yougoslavie (y compris la Serbie et le Monténégro, non compris le Kosovo) depuis 1992. L'opération basée à Belgrade a commencé en 1992 après les premiers déplacements de réfugiés en provenance d'autres régions de l'ex-Yougoslavie, principalement de Croatie. Le PAM a fourni une assistance à ces réfugiés et à ceux de Bosnie-Herzégovine et, à partir de l'escalade du conflit du Kosovo, à des nombres croissants de personnes déplacées d'origine ethnique serbe arrivant en Serbie centrale et en Vojvodine. Au cours de la même période (1992-1998), le PAM a commencé à fournir une assistance aux réfugiés croates et bosniaques au Monténégro. Le PAM a ouvert un bureau à Podgorica en septembre 1998 et a continué à aider les groupes précédents de réfugiés et de personnes déplacées à l'intérieur du pays, ainsi que le flux de 1999 de minorités serbes et tziganes en provenance du Kosovo.

15. Une mission conjointe PAM/HCR d'évaluation des besoins d'aide alimentaire à la Serbie/au Monténégro en juillet 1999 a confirmé qu'une aide était nécessaire pour les ménages vulnérables parmi la population résidente (c'est-à-dire ni personnes déplacées, ni réfugiés). Il s'agissait pour l'essentiel de citadins, pour la plupart retraités incapables de couvrir leurs besoins alimentaires de base, ainsi que des personnes handicapées et des invalides. Pour l'an 2000, le PAM prévoit une assistance à 540 800 personnes dans ces catégories, en plus des 337 500 réfugiés et personnes déplacées à aider, pour réduire progressivement à 170 000 d'ici la fin de l'an 2000.

16. Comme la phase d'urgence aiguë se termine, le PAM a prévu une réduction systématique des secours. À la fin de 1999, le PAM avait déjà commencé à appliquer ce programme sur la base du critère selon lequel seuls les groupes les plus vulnérables continueraient à recevoir une aide alimentaire. Des études approfondies sur les ressources alimentaires des ménages ont été entreprises pour sélectionner les bénéficiaires. Ainsi, le nombre total de personnes assistées dans la Province du Kosovo a diminué pour atteindre 900 000 en janvier 2000. De nouvelles baisses importantes des secours sont prévues au moment des récoltes du printemps 2000 car la sécurité alimentaire de la plupart des ménages agricoles se sera alors améliorée. Le PAM a assuré, avec l'Unité de coordination des interventions d'urgence de la FAO à Pristina, l'évaluation des besoins alimentaires. Cette coopération est maintenant renforcée par la mise en place d'un système conjoint FAO/PAM de surveillance de la sécurité alimentaire, financé par l'OFDA (Bureau d'aide des États-Unis pour les catastrophes à l'étranger).

B. Secours d'urgence aux secteurs agricoles

Bosnie-Herzégovine

17. En 1994, la FAO a créé un bureau de coordination de l'aide d'urgence en Bosnie-Herzégovine. Ce bureau a joué un rôle important dans la coordination des interventions agricoles, facilité la participation du personnel de la FAO à la formulation et à l'exécution de projets, préparé du matériel qui a été utilisé pour mobiliser des fonds, organisé la distribution d'urgence d'intrants agricoles, participé à des appels interinstitutions, supervisé l'exécution de projets du TeleFood et assuré le soutien technique d'un projet PNUD/Fonds fiduciaire japonais pour la remise en état de l'industrie semencière. Vingt-deux projets d'urgence ont été exécutés pour la distribution d'intrants aux agriculteurs touchés par la guerre en Bosnie-Herzégovine. En plus des ressources de la FAO, des crédits ont été débloqués pour cette activité par les Gouvernements de la Belgique, de la Finlande, de la France, de l'Italie, des Pays-Bas, de la Norvège, de la Suisse, du Royaume-Uni, des États-Unis d'Amérique ainsi que par le PNUD et le HCR. Le tableau 1 ci-après récapitule l'assistance des donateurs et les pays bénéficiaires de la région.

18. Une "équipe spéciale" pour l'agriculture a été créée et présidée par la FAO, et constituait le centre de coordination des activités agricoles dans les deux entités de Bosnie et d'Herzégovine, avec la participation active de responsables des gouvernements, des institutions des Nations Unies, des représentants de donateurs bilatéraux et d'un grand nombre d'ONG. En tant que Président de l'Équipe spéciale, le Coordonnateur FAO de l'aide d'urgence a fourni des avis techniques aux donateurs et aux ONG sur des questions agricoles telles que l'adéquation et la qualité des variétés de semences et de plants à importer. De plus, il a mis en place des services de consultation technique grâce à un réseau d'agronomes nationaux sur le terrain.

La "crise du Kosovo"

19. Le conflit armé au Kosovo a entraîné un exode presque sans précédent de quelque 800 000 réfugiés vers les pays voisins, à savoir l'ex-République yougoslave de Macédoine et l'Albanie, et le déplacement à l'intérieur du pays de la majorité de la population restante (estimée à environ 600 000 personnes), tandis que 150 000 personnes avaient été déplacées vers d'autres zones de la Serbie et du Monténégro. La situation extrêmement mouvante a représenté un défi énorme pour la communauté internationale et en particulier pour les institutions humanitaires des Nations Unies. La FAO a rapidement relevé ce défi et a initialement fourni un soutien aux ministères de l'agriculture et de l'alimentation, tant en Albanie que dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, pour permettre à ces pays de faire face à l'arrivée massive de réfugiés dans les zones rurales et aux conséquences de cette situation sur le secteur agricole. Toutefois, les conditions ont rapidement évolué après le 10 juin 1999, lorsqu'un accord a été conclu entre le Gouvernement de la République fédérative de Yougoslavie et l'OTAN, permettant le déploiement de troupes de maintien de la paix dans la Province du Kosovo. À la fin de juillet 1999, la plupart des réfugiés avaient regagné leurs zones d'origine au Kosovo.

Tableau 1: Assistance d'urgence par pays et par donateur (1994-2000)
- (en dollars E.-U.)

Pays bénéficiaire Bosnie-Herzégovine Albanie Ex-République yougoslave de Macédoine Kosovo Total
Donateur          
FAO/PCT 818 000 787 200 705 052 387 000 2 697 252
HCR 7 697 354 -- -- -- 7 697 354
PNUD 2 600 000 -- -- -- 2 600 000
Banque mondiale       565 000  
Finlande -- -- -- 2 191 472 2 191 472
France 10 000 -- -- 193 416 203 416
Italie 668 083 -- -- 700 000 1 368 083
Luxembourg -- 256 000 -- 868 129 1 124 129
Pays-Bas 2 477 489 -- -- 3 000 000 5 477 489
Norvège -- -- -- 1 239 956 1 239 956
Suède -- -- -- 2 099 287 2 099 287
Royaume-Uni -- 626 000 -- -- 626 000
États-Unis -- -- -- 2 337 975 2 337 975
Aide multilatérale 5 223 495 -- -- -- 5 223 495
Total 19 494 421 1 669 200 705 052 13 582 235 35 450 908

Province du Kosovo

20. Pour faire face à la nouvelle situation, la FAO a entrepris, en juillet 1999, une mission d'évaluation des besoins alimentaires et agricoles afin d'identifier les domaines d'intervention prioritaires. Compte tenu des résultats de la mission, la stratégie d'assistance de la FAO a été réorientée et il a été décidé de déplacer immédiatement le Coordonnateur FAO de l'aide d'urgence et du personnel technique supplémentaire de Tirana à Pristina pour constituer l'Unité FAO de coordination de l'aide d'urgence. En juillet 1999, cette Unité était opérationnelle et avait le mandat ci-après:

21. Les opérations initiales de l'Unité FAO de coordination ont été couvertes par les ressources de la FAO elle-même. Toutefois, des crédits supplémentaires ont été mis à disposition grâce à la générosité des donateurs qui ont répondu à l'Appel commun interinstitutions des Nations Unies pour le sud des Balkans, lancé sous les auspices du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) en juillet 1999. Les contributions totales à l'élément FAO de l'appel ont atteint 9,7 millions de dollars E.-U., soit 44 pour cent du montant total initialement demandé (22 millions de dollars E.-U.). Cela représente un pourcentage très élevé, car les résultats moyens des appels communs interinstitutions sont d'environ 5 pour cent. De plus, les donateurs qui ont eu la possibilité d'évaluer le travail de l'Unité de coordination ont débloqué des crédits supplémentaires (2,9 millions de dollars E.-U.) pour des interventions confiées à cette Unité.

22. À l'heure actuelle, l'Unité FAO de coordination continue à fournir une assistance technique au divers organismes participant à l'aide agricole d'urgence. De plus, cette Unité a élaboré plusieurs projets d'assistance à des familles rurales vulnérables, y compris des rapatriés, des ménages déplacés et à risque (minorités ethniques) pour lesquels des crédits ont été fournis (3,3 millions de dollars E.-U. de divers donateurs). Toutes les activités de projet, à l'exception d'un projet du secteur forestier, sont exécutées en coopération et, dans certains cas, sur la base d'accords spécifiques, avec des ONG internationales.

23. Sur la base des résultats de la moisson de l'été 2000, on évaluera les nouveaux besoins d'aide d'urgence de la Province. La FAO participe actuellement à la distribution d'engrais et de semences de maïs et de légumes. De plus, une aide est accordée pour remettre sur pied un laboratoire de contrôle semencier et des capacités de multiplication des semences (1,0 million de dollars E.-U.). D'autres activités destinées à préparer la transition de l'urgence au relèvement/développement comprennent, notamment, un soutien pour la réparation de machines agricoles (1,5 million de dollars E.-U.), une campagne de vaccination du bétail et l'élaboration d'une base de données sur les animaux d'élevage (161 500 dollars E.-U.), un soutien au secteur forestier en vue de son relèvement (1,24 million de dollars E.-U.) et la mise en place d'un système de surveillance de la sécurité alimentaire (conjointement avec le PAM pour un montant de 628 425 dollars E.-U. - mentionné au paragraphe 17 ci-dessus). Toutes ces activités seront exécutées en l'an 2000 et en étroite collaboration avec les ONG présentes au Kosovo.

24. La plupart des activités décrites ci-dessus sont effectuées avec des crédits fournis en réponse à l'Appel conjoint de 1999. Un nouvel appel, l'Appel conjoint interinstitutions de l'an 2000 pour l'Europe du Sud-Est, a été lancé sous les auspices de l'OCHA à Genève en novembre 1999. La FAO a demandé un montant de 25 060 000 dollars E.-U. pour aider initialement 70 000 ménages dans le besoin, nombre qui devrait baisser à 40 000 d'ici la fin de l'an 2000 vu l'amélioration progressive de la situation. Les crédits déjà reçus par la FAO2 ont atteint 3,3 millions de dollars E.-U. (en provenance de Norvège, de Finlande et de Suède). Des contributions supplémentaires ont été annoncées pour un montant de 3,98 millions de dollars E.-U., sous réserve d'approbation officielle. Les crédits disponibles permettent de répondre aux besoins les plus urgents de la Province et contribuent au rétablissement rapide de la capacité de production agricole des familles rurales touchées au Kosovo, mais des besoins importants ne sont pas encore couverts.

Albanie

25. En réaction immédiate à la crise, le Directeur général de la FAO a approuvé un projet d'urgence du Programme de coopération technique (PCT) d'un montant de 395 800 dollars E.-U. d'une durée de six mois pour aider les autorités albanaises à faire face à l'afflux massif de réfugiés en provenance du Kosovo. Douze fonctionnaires de la FAO, y compris un Coordonnateur de l'aide d'urgence chargé de coordonner les programmes d'assistance au secteur agricole entrepris par des ONG et autres donateurs bilatéraux, ont été envoyés sur place en avril 1999 pour aider le Ministère de l'agriculture et de l'alimentation à faire face à la crise humanitaire et pour mener une évaluation approfondie des effets de la crise sur l'économie vivrière ainsi que sur la sécurité alimentaire des ménages. Comme indiqué plus haut, après le retour de la plupart des réfugiés au Kosovo en juin 1999, le Coordonnateur et l'Unité de coordination ont été transférés à Pristina (juillet 1999).

26. Un rapport de la FAO sur les effets de la crise du Kosovo sur l'agriculture albanaise et sur l'environnement, préparé par les douze fonctionnaires de la FAO envoyés sur place, a été présenté lors d'un atelier national qui s'est tenu à Tirana fin octobre 1999. Des recommandations spécifiques ont été faites, notamment la distribution d'intrants en vue de faciliter la reprise pour la prochaine campagne agricole, la formation des agriculteurs vulnérables, l'amélioration des installations des marchés, le relèvement des industries alimentaires et leur soutien, des mesures concernant l'environnement et la réparation des routes pour faciliter les communications. Il a été demandé que les projets de développement en cours tiennent compte de ces recommandations au stade de l'exécution.

27. Le programme d'assistance de la FAO en Albanie, grâce à la fourniture d'intrants agricoles aux familles albanaises hébergeant des réfugiés kosovars, a bénéficié de contributions des Gouvernements du Luxembourg et du Royaume-Uni (256 000 dollars E.-U et 626 000 dollars E.-U. respectivement). Les ressources de la FAO consacrées à ce programme ont été de 400 000 dollars E.-U. L'assistance a été distribuée par l'intermédiaire des partenaires ONG à quelque 4 700 familles d'accueil dans la zone de Kukes, l'objectif étant de réduire les effets négatifs de la présence des réfugiés sur la sécurité alimentaire des ménages de la zone. Cette assistance a permis aux familles d'accroître leur production de blé de quelque 30 pour cent (soit 2,4 tonnes à l'hectare) et d'augmenter la production de lait disponible.

L'ex-République yougoslave de Macédoine

28. Comme pour l'Albanie, le Directeur général de la FAO a approuvé un projet du PCT pour aider le Ministère de l'agriculture à faire face à la crise humanitaire dès le début du conflit au Kosovo (400 000 dollars E.-U.). Toutefois, l'évolution rapide de la situation dans le pays et le retour massif des réfugiés au Kosovo ont limité les effets attendus du projet et seuls quelques volontaires ont été envoyés sur place. Le projet a néanmoins permis d'identifier certaines zones clés où l'assistance à court et à moyen termes serait nécessaire, y compris dans le domaine du contrôle de la qualité des produits alimentaires aux frontières et de l'amélioration des installations des marchés. Ces recommandations sont actuellement à l'étude dans les divisions techniques de la FAO.

C. La phase de relèvement

29. Le relèvement du secteur agricole de plusieurs pays des Balkans (par exemple Croatie et Bosnie-Herzégovine) qui sont devenus indépendants à l'issue de conflits armés au cours de la première moitié des années 90, est en bonne voie mais n'est pas achevé. Dans ce processus, la Banque mondiale et l'Union européenne sont les principales sources de soutien financier. La Banque a concentré son soutien sur la reconstruction et la remise en état des infrastructures agricoles essentielles pour la relance de la capacité productive des secteurs, tandis que l'Union européenne et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ont consacré leur soutien aux infrastructures générales et au renforcement des capacités. Le FIDA et des donateurs bilatéraux ont participé au relèvement avec des projets correspondant à leur mandat respectif. Un résumé des contributions par donateur et par pays figure au tableau 2 ci-après.

Contribution de la FAO au relèvement

Slovénie

30. Le secteur agricole de la Slovénie a indirectement souffert de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie en raison des bouleversements majeurs que cela a représenté pour les circuits commerciaux agricoles et l'accès aux marchés extérieurs, mais il n'a pas subi de dégâts matériels.

Tableau 2. Contribution des donateurs à la phase de relèvement3

Pays Donateur Année Valeur
(en $ E.-U.)
Croatie FAO 1993 360 000
  Banque mondiale 1996 25 000 000
  Banque mondiale 1996 17 000 000
  Banque mondiale 1996 42 000 000
  BERD 1997 19 300 000
  Banque mondiale 1998 40 600 000
Total Croatie     144 260 000
Bosnie-Herzégovine Banque mondiale/ FIDA 1996 25 000 000
  Banque mondiale 1997 7 000 000
  FAO 1998 396 000
  FIDA/IDA 1998 15 000 000
Total Bosnie-Herzégovine     47 396 000
Kosovo Banque mondiale 2000 25 000 000
Ex-République yougoslave de Macédoine FIDA 1996 8 100 000
  Banque mondiale 1996 12 000 000
  Banque mondiale 1996 8 400 000
  Banque mondiale 1997 12 500 000
Total ex-République yougoslave de Macédoine     41 000 000
Albanie FIDA 1994 26 600 000
  Banque mondiale 1994 10 000 000
  Banque mondiale 1996 8 000 000
  Banque mondiale 1999 24 000 000
  FIDA 1999 13 600 000
Total Albanie     82 200 000

31. En 1991, le Programme de coopération FAO/Banque mondiale a préparé une contribution sur l'agriculture dans le cadre du Mémorandum économique de la Banque mondiale. En 1994, à la demande du gouvernement et de la Banque mondiale, la Division du Centre d'investissement (TCI) a défini un projet de développement de l'irrigation et, la même année, une mission conjointe BERD/FAO s'est rendue en Slovénie pour identifier des projets dans le domaine des agroindustries et du crédit rural. En 1997/98, la Sous-Division de l'assistance aux politiques (REUP) a mené une étude sur les choix de politiques de l'agriculture slovène dans la perspective d'adhésion à l'Union européenne, afin de préciser quelles sont les options du pays concernant les échanges agricoles avec l'Union européenne et d'autres organismes commerciaux régionaux et d'évaluer la compétitivité du secteur agricole en vue d'une éventuelle adhésion à l'Union européenne.

L'ex-République yougoslave de Macédoine

32. L'ex-République yougoslave de Macédoine n'a pas participé au conflit armé mais a souffert des bouleversements majeurs de ses échanges agricoles du fait des sanctions de l'ONU contre la Yougoslavie qui ont interrompu les flux commerciaux traditionnels avec la Serbie et le Monténégro et du blocus imposé par la Grèce (février 1994 à septembre 1995), privant le pays de ses marchés et de ses fournisseurs traditionnels du sud. Cela a entraîné une chute des conditions de vie dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, situation qui fait actuellement l'objet de programmes de soutien financés en particulier par la Banque mondiale et la Communauté européenne.

33. Avec l'aide du Programme de coopération FAO/Banque mondiale, trois projets de la Banque mondiale ont été préparés pour soutenir le relèvement du secteur agricole. Ces trois projets ont été financés et sont en cours d'exécution: i) projet de remise en état de l'irrigation; ii) projet de soutien aux exploitations agricoles privées; et iii) projet de développement du secteur privé.

Croatie

34. La reconstruction dans les zones touchées par la guerre en Croatie est financée essentiellement par l'intermédiaire de trois prêts de la Banque mondiale: le projet de reconstruction d'urgence des exploitations agricoles (25 millions de dollars E.-U.), le projet de reconstruction de la Slovénie orientale (67,3 millions de dollars E.-U., dont 40,6 millions de dollars E.-U. sont des crédits de la Banque) et le projet de foresterie côtière (visant essentiellement à reconstituer les forêts détruites pendant la guerre autour de Dubrovnik, Zadar et Split - coût total 63,7 millions de dollars E.-U., dont 40 millions de dollars E.-U. proviennent d'un prêt de la Banque mondiale), tous formulés avec le soutien de la FAO. De plus, la FAO a élaboré une stratégie de développement agricole durable dont les recommandations ont été approuvées par la Banque mondiale et la BERD. Ces recommandations ont aussi débouché sur la formulation et le financement du projet de services de soutien aux agriculteurs privés (30 millions de dollars E.-U., dont 57 pour cent sont financés par un prêt de la Banque mondiale) et la préparation d'un projet visant la construction de marchés de gros dans trois villes (Zagreb, Osijek et Rijeka - 39,6 millions de dollars E.-U., dont 49 pour cent doivent être financés par un prêt de la BERD).

Kosovo

35. Dès l'adoption de la Résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations Unies le 10 juin 1999, le Programme de coopération FAO/Banque mondiale a pris, en coordination avec d'autres unités de la FAO, un certain nombre d'initiatives pour la préparation d'un programme de reconstruction et de relance économique et l'identification de projets d'investissement dans le secteur agricole.

36. À la deuxième conférence des donateurs en novembre 1999, le Programme à court et moyen termes pour la reconstruction et le relèvement du Kosovo (2,34 milliards de dollars E.-U.), préparé par la Commission européenne et la Banque mondiale, a été présenté à tous les participants. La composante agricole du texte principal et l'annexe agricole ont été préparées par la Banque mondiale avec des contributions du Programme de coopération FAO/Banque mondiale. Les besoins totaux de financement externe pour le secteur agricole ont été estimés à 235 millions de dollars E.-U., dont 8 millions de dollars E.-U. pour l'hiver 1999/2000, 86 millions de dollars E.-U. pour la période avril-décembre 2000 et 141 millions de dollars E.-U. pour la seconde phase de reconstruction 2001-2004.

Bosnie-Herzégovine

37. Le soutien à la reconstruction en Bosnie-Herzégovine, au cours des quatre années écoulées (1996-99), a atteint 43 millions de dollars E.-U. pour les projets agricoles achevés. Les projets en cours représentent un montant supplémentaire de 70 millions de dollars E.-U. Par conséquent, les décaissements totaux devraient atteindre 113 millions de dollars E.-U., ce qui correspond à environ 5 pour cent du soutien total à la reconstruction. Des montants importants ont été transférés à l'agriculture par l'intermédiaire de lignes de crédit, du soutien à la création de structures administratives, à l'habitat et aux transports en milieu rural, mais les montants exacts ne sont pas disponibles.

38. La FAO, par l'intermédiaire du Programme de coopération FAO/Banque mondiale, a aidé le gouvernement à formuler les deux principaux projets financés par la Banque mondiale dans le domaine de l'agriculture: le projet achevé de reconstruction d'urgence des exploitations agricoles et le projet en cours visant la remise en état du secteur forestier. Le Programme de coopération FAO/Banque mondiale a aussi assuré un soutien technique régulier, et participé au suivi et à l'évaluation de ces deux projets. Le projet de reconstruction d'urgence des exploitations agricoles peut être considéré comme un succès car ses objectifs d'exécution ont tous été atteints, grâce à l'efficacité d'une unité de gestion du projet à Sarajevo, et les intrants essentiels, en particulier les animaux d'élevage importés, ont pu être livrés aux bénéficiaires.

39. En 1998, la FAO a financé, au titre de son Programme de coopération technique, la formulation d'une stratégie à moyen terme pour le secteur agricole en Bosnie-Herzégovine (396 000 dollars E.-U.). Le projet a rassemblé des spécialistes nationaux des deux entités qui ont travaillé en étroite coopération avec des spécialistes internationaux pour les activités d'analyse du secteur. Le document final constitue la base des activités de programmation et de planification des ministères dans les deux entités, qui sont entreprises avec l'assistance PHARE de l'Union européenne. Dans la Fédération, le document a été envoyé aux autorités cantonales pour observations, lesquelles seront intégrées dans le document avant sa présentation au Parlement pour approbation. Le document a été bien accueilli par la communauté des donateurs, car il contient de nombreuses recommandations concernant des domaines propices au financement des donateurs.

République fédérative de Yougoslavie

40. En avril 2000, le Service des opérations spéciales de secours (TCOR) de la FAO a envoyé sur le terrain en Serbie et au Monténégro une mission d'évaluation des besoins. Sur la base de ses conclusions, la mission a recommandé que la FAO lance un programme d'urgence pour la fourniture d'intrants agricoles et d'outils (y compris un soutien d'urgence pour l'élevage), aux petits agriculteurs vulnérables, aux réfugiés et aux personnes déplacées à l'intérieur du pays. La FAO a l'intention de soumettre plusieurs propositions de projet pour le prochain examen à mi-parcours de l'Appel commun interinstitutions des Nations Unies pour l'Europe du Sud-Est (fin mai 2000).

Contribution du FIDA au relèvement

Bosnie-Herzégovine

41. Le FIDA a cofinancé le projet de reconstruction des exploitations agricoles et contribué en particulier à l'élément reconstitution du cheptel (6,3 millions de dollars E.-U. sous la forme d'un prêt et 1 million de dollars E.-U. à titre de don). Étant donné la nécessité impérieuse de poursuivre la reconstitution du cheptel, le FIDA, en avril 1997, a approuvé le projet de reconstruction et de développement des petites exploitations agricoles. Le projet était conçu comme un suivi du projet de reconstruction des exploitations agricoles et couvrait les deux entités (Fédération de Bosnie-Herzégovine et République serbe de Bosnie). Le coût total du projet s'élève à 15 millions de dollars E.-U. dont 14 millions de dollars E.-U. ont été accordés à des conditions très favorables par le FIDA et un million de dollars E.-U. aux conditions de l'IDA par la Banque mondiale. Le projet est opérationnel depuis février 1998 et il est destiné essentiellement à financer les éléments ci-après: programme de formation des agriculteurs afin de promouvoir le renforcement des capacités locales; importations et achats locaux d'animaux d'élevage; distribution d'animaux d'élevage; soutien institutionnel limité; et services locaux de soutien pour l'élevage.

République fédérative de Yougoslavie

42. Aucune évaluation détaillée indépendante des dégâts subis par le secteur agricole et les agroindustries n'a été effectuée. Des estimations sont toutefois disponibles auprès de sources en République fédérative de Yougoslavie. Les dégâts à moyen/long terme semblent limités dans la République du Monténégro mais très importants pour certaines agroindustries, en particulier l'industrie des engrais dans la République de Serbie. Le secteur agricole a été touché par le manque de capitaux d'investissement intérieurs au cours des années 90 et par l'embargo des pays occidentaux.

IV. DES SECOURS D'URGENCE AU RELÈVEMENT/REMISE EN ÉTAT ET DÉVELOPPEMENT

43. La phase des secours d'urgence étant terminée, une assistance au relèvement/remise en état et au développement de la région est organisée en application de cadres différents, dont le Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est4 est le plus important. Dans le cadre de ce Pacte de stabilité, l'Union européenne a organisé un processus de stabilisation et d'adhésion visant l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la République fédérative de Yougoslavie et l'ex-République yougoslave de Macédoine comme principale contribution au Pacte de stabilité dans une perspective de développement politique et économique, afin d'encourager la coopération régionale et d'offrir une proposition claire d'intégration dans la structure de l'Union européenne. Dans le cadre de ces arrangements, la Banque mondiale et la Commission européenne ont été mandatées pour coordonner toutes les questions liées à la relance, la réforme et la reconstruction économiques de l'Europe du Sud-Est. Les autres initiatives des donateurs devront s'intégrer dans le programme général de relance et de remise en état pour la région.

A. Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est

44. Afin de consolider la paix à long terme, d'assurer la prospérité et de réduire la pauvreté en Europe du Sud-Est, la communauté internationale a reconnu qu'il fallait impérativement appliquer des programmes de réformes internes, réparer les infrastructures, mettre en place des pouvoirs et des institutions et adopter des politiques propres à favoriser l'intégration et la cohésion sociales. À cette fin, le Pacte de stabilité pour la région a été adopté pour atteindre ces objectifs.

45. Une Conférence régionale de financement chargée d'examiner les projets de reconstruction régionale en Europe du Sud-Est (Bruxelles, 29 et 30 mars 2000), convoquée en vertu de l'Article 41 du Pacte de stabilité afin de rassembler les fonds nécessaires pour exécuter les projets prioritaires de la première phase dans le cadre de "projets de démarrage rapide", a permis de mobiliser des contributions d'un montant de 2,4 milliards d'Euro alors que l'objectif était de 1,8 milliard d'Euro. Dans le cadre des interventions de relèvement, l'accent est mis sur les domaines suivants: démocratisation et droits de l'homme, reconstruction économique, développement et coopération; défense et questions de sécurité, et sur des questions transversales telles qu'initiatives anticorruption, initiatives post-traumatiques et réconciliation/développement social. Aucune référence explicite dans les appels de contributions n'a été faite au relèvement des secteurs agricoles de ces pays, qui continuent à être importants vu leur contribution au PIB et à l'emploi d'une part importante de la population rurale. La transition vers des systèmes basés sur l'économie de marché, le choc résultant de la disparition des marchés traditionnels provoquée par les conflits dans la région, le retour des réfugiés dans les zones rurales et l'association avec l'Union européenne nécessiteront des ajustements de la part de ces pays qui ont besoin d'une assistance technique extrêmement variée. Il pourrait s'agir d'avis en matière de formulation des politiques, d'avis spécifiques sur des questions de productions végétales et d'élevage, de questions institutionnelles, de problèmes de commercialisation et de transformation des produits agricoles, de questions de régime foncier, de remise en état de l'irrigation et de développement forestier.

B. Activités futures des organisations ayant leur siège à Rome pour répondre aux besoins de relèvement des secteurs agricoles dans la région

PAM

46. Le PAM a été le principal fournisseur de l'aide alimentaire d'urgence au cours des crises récentes. Toutefois, selon les dernières enquêtes sur l'économie alimentaire, l'aide alimentaire n'est peut-être plus l'instrument le plus approprié et le plus efficace pour le développement actuel des Balkans. Il est donc improbable que le PAM apporte une aide alimentaire dans les Balkans. Toutefois, si la situation l'exige, le Programme est prêt à fournir une assistance d'urgence.

FAO

47. Définissant ses activités futures dans la région, la FAO a l'intention d'accorder une attention particulière à l'aide aux pays pour passer de la phase des secours d'urgence au relèvement/reconstruction et au développement, ainsi que pour la mise en œuvre des réformes dans les secteurs agricoles. Cela comprendra une assistance technique pour les politiques et l'agriculture afin de contribuer à la mise en place de l'économie de marché et d'institutions propres à assurer l'augmentation de la production et de la productivité ainsi que l'insertion et la cohésion sociales, comme indiqué dans le Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est. La priorité sera également accordée à l'aide aux gouvernements de la région en vue d'identifier les priorités d'investissement et de formuler des propositions de projet visant à une reconstruction et un développement durables des secteurs agricoles et ruraux. Dans la fourniture de cette assistance, la FAO continuera son étroite association avec les partenaires du développement, notamment ceux qui ont souscrit au Pacte de stabilité et en particulier avec son Secrétariat.

48. En ce qui concerne le Kosovo, des accords sont sur le point d'être conclus avec la Banque mondiale et l'UNMIK pour l'exécution d'un programme d'urgence de reconstruction des exploitations agricoles au Kosovo, pour un budget total prévu de 25 millions de dollars E.-U. La Banque mondiale et le Centre d'investissement de la FAO ont formulé ce programme, qui vise à créer les conditions d'une reprise rapide de la production agricole au cours des deux prochaines campagnes et à relancer l'économie rurale en investissant dans les actifs agricoles essentiels (bétail et mécanisation à la ferme) et dans les services agricoles requis (services vétérinaires et renforcement des capacités en matière d'analyse des politiques). Le programme a quatre composantes: i) soutien à la reconstitution du cheptel national (8 millions de dollars E.-U.); ii) création de services vétérinaires (2 millions de dollars E.-U.); iii) réparation et remplacement de machines agricoles (13 millions de dollars E.-U.); et iv) renforcement des capacités en matière de politiques agricoles (1 million de dollars E.-U.). La FAO met actuellement au point un accord de projet avec la Suisse qui fournira 1,2 million de dollars E.-U. à l'appui des interventions de l'Unité de coordination des mesures d'urgence pour passer de l'aide d'urgence à la phase de relèvement/développement. Les objectifs du projet sont d'assurer une surveillance continue de la situation du secteur agricole et la diffusion de l'information, de soutenir des groupes dynamiques pour des activités qui déboucheront sur l'autosuffisance et de renforcer la capacité de l'UNMIK à développer une politique agricole cohérente pour la Province. Le projet devrait durer jusqu'en décembre 2001.

49. Dans l'intervalle, l'UNMIK a préparé un plan stratégique pour le secteur agricole dont l'objectif principal est d'appuyer les changements structurels de l'économie rurale et de favoriser le développement de l'agriculture privée à orientation commerciale. Cela assurerait un niveau minimum de revenus et de sécurité alimentaire aux communautés rurales. La FAO pourrait contribuer à l'application de ces stratégies dans tous ces domaines à condition que les crédits nécessaires soient disponibles.

50. De plus, le Centre d'investissement de la FAO participe actuellement à la formulation de plusieurs projets et études liés au relèvement et au développement de différents sous-secteurs de l'économie agricole dans la région. On peut penser que plusieurs de ces projets pourraient entraîner des prêts importants de la Banque mondiale ou de la BERD avec un cofinancement possible de la Communauté européenne. Ces activités seraient les suivantes:

Albanie:
Projet halieutique (Banque mondiale);
Projet concernant les services agricoles (Banque mondiale).
Bulgarie:
Prêt II concernant l'ajustement du secteur agricole (Banque mondiale);
Remise en état de l'irrigation (EC-SAPARD et Banque mondiale);
Projet forestier (Banque mondiale);
Examen du secteur laitier (BERD).
Croatie:
Examen du secteur agricole (Banque mondiale);
Lutte contre les crues du fleuve Sava (Banque mondiale);
Examen du sous-secteur laitier (BERD);
Restructuration d'un combinat agricole en Slavonie de l'Est (BERD).
Roumanie:
Remise en état de l'irrigation (Banque mondiale);
Programme de soutien de la réforme forestière (Banque mondiale);
Projet concernant le patrimoine culturel (FEM);
Projet de lutte contre la pollution agricole (FEM);
Examen du secteur laitier (BERD).
Kosovo: Création d'un centre consultatif pour les entrepreneurs du secteur agroindustriel (BERD)

FIDA

51. Bosnie-Herzégovine. Le FIDA prépare actuellement un projet concernant l'élevage et les finances rurales en Bosnie-Herzégovine qui reposera sur une démarche en deux phases de soutien et de financement, en vue de la promotion et du développement d'un système de finances rurales basé dans les villages et la création d'un fonds de crédit pour le développement de petites entreprises. Le coût prévu du projet s'élève à 10 millions de dollars E.-U. Le projet proposé est conçu dans le cadre d'une intervention à long terme de soutien aux zones rurales, essentiellement les montagnes et les zones touchées par la guerre en Bosnie-Herzégovine qui ont le plus fort pourcentage de pauvres, de rapatriés et de personnes déplacées, permettant aux activités de projet d'évoluer pour s'adapter à la situation et aux nouvelles possibilités. Le présent projet constitue la première tranche du financement du FIDA pour une intervention globale à long terme. Une démarche par étapes permettrait au projet de répondre de manière souple aux besoins émergents d'une économie soumise à une réforme de fond, et pourrait suivre les ajustements nécessaires pour aider à construire la société civile et faciliter la transition d'activités de type secours d'urgence à des activités davantage orientées vers le développement, déterminées par les règles d'une économie ouverte et impulsée par le marché.

52. Albanie. Dans les trois prochaines années, l'accent sera mis, dans les activités du FIDA, sur l'exécution et la consolidation de projets liés à des investissements importants déjà entrepris. Aucun nouveau projet financé par le FIDA n'est en préparation pour l'Albanie dans l'immédiat.

53. Les interventions du FIDA en Albanie sont adaptées aux besoins locaux et reposent sur une stratégie de développement des zones marginales. C'est ce qui a guidé les interventions actuelles du Fonds, permettant d'encourager des augmentations durables de l'activité économique dans des zones d'Albanie particulièrement démunies. Le Programme de développement des zones de montagne a été présenté au Conseil d'administration en décembre 1999. Le projet sera par conséquent exécuté au cours de la première moitié de la nouvelle décennie. Le projet représente environ 13,6 millions de dollars E.-U., y compris un don de 0,4 million de dollars E.-U. et il poursuivra, consolidera et développera les résultats des deux projets précédents visant 14 des districts les plus déshérités. Les activités initiales à soutenir par ce programme sont: i) la fourniture de services financiers ruraux; ii) le soutien aux infrastructures rurales, en particulier remise en état de petits projets d'irrigation par gravité, création d'associations d'utilisateurs de l'eau, réparation des routes secondaires et approvisionnement en eau des familles rurales; et iii) le soutien à la production agricole primaire, notamment gestion des pâturages, soins vétérinaires et assistance pour les productions végétales et l'élevage.

54. Ex-République yougoslave de Macédoine. Le premier projet du FIDA dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, projet de relèvement rural des régions du Sud et de l'Est, est en cours d'exécution et devrait se poursuivre jusqu'en 2002. Ce projet, que le FIDA finance pour 8,1 millions de dollars E.-U. (à des conditions très favorables), approuvé en 1996, est devenu opérationnel fin 1997. Ce projet a permis de mettre en place un mécanisme global de prêts géré par une institution financière privée responsable de la fourniture de crédits aux agriculteurs de la zone du projet. Actuellement, le FIDA met au point un projet de services financiers agricoles, qui devrait être présenté au Conseil d'administration en septembre 2000. Ce deuxième projet, d'un montant provisoire prévu de 8 millions de dollars E.-U., aura une portée nationale et s'inspirera de l'expérience du projet précédent de relèvement rural. Ses activités devraient comprendre: i) un élément de services financiers ruraux avec toute une gamme de produits de crédit (social, productif et soutien aux PME); ii) un élément de commercialisation agricole appuyant, grâce à des services de vulgarisation et à une assistance technique, le développement d'agroindustries, la promotion de produits agricoles ayant un potentiel à l'exportation et la création de PME sur l'exploitation ou en milieu rural. Aucune autre assistance n'est actuellement prévue pour l'ex-République yougoslave de Macédoine au cours des trois prochaines années.

55. Les interventions du FIDA en ex-République yougoslave de Macédoine sont destinées à répondre aux besoins locaux et à s'insérer dans la stratégie globale de développement du gouvernement. L'une des questions les plus importantes auxquelles le pays doit faire face est le taux très élevé de chômage (plus de 40 pour cent), conséquence de l'isolement de l'économie après l'indépendance. Le FIDA s'intéressera à l'avenir aux activités créatrices de revenus et d'emplois en milieu rural ainsi qu'à la fourniture soutenue de crédits aux activités agricoles productives, afin de lutter contre la pauvreté rurale et de réduire le chômage.

_______________________________

1  Le présent document couvre essentiellement les pays suivants: Albanie, Bosnie-Herzégovine, Croatie, ex-République yougoslave de Macédoine et République fédérative de Yougoslavie.

2  Au 15 mai 2000.

3  Certains projets, étant donné leur durée d'exécution d'environ cinq ans, ont une forte composante de développement.

4  Les participants au Pacte de stabilité comprennent tous les membres de l'Union européenne et les pays du G8, l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, la Roumanie, la Slovénie, l'ex-République yougoslave de Macédoine, la Turquie ainsi que les principales organisations internationales et les initiatives en cours dans la région.