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Chapitre 10. Production de plumes et de duvets


Ce chapitre traite de la production et de la récupération des petites plumes et du duvet destinés aux industries qui confectionnent des vêtements et des couettes, plutôt que de la fabrication de farine de plume alimentaire à partir de plumes grossières.

Le duvet qui est principalement extrait du poitrail des oies représente le produit le mieux valorisable, suivi des petites plumes ou plumules. La plupart des produits du commerce sont fabriqués à partir d'un mélange de plumules et de duvet; plus la proportion de duvet est importante et plus la valeur du produit est élevée. Les différents types de plumes sont présentés en figure 35.

FIGURE 35. Des plumes et du duvet d'oies.

Source: Million (1996).

Lorsqu'on récolte les plumes au cours de l'abattage, la procédure régulière consiste à échauder au préalable les carcasses dans de l'eau à une température variant de 60 à 68°C pendant 1 à 3 min. Les grosses plumes des ailes et de la queue sont d'abord retirées manuellement, les petites plumes et le duvet restants peuvent être retirés soit manuellement soit à l'aide d'une plumeuse. Les plumes sont alors séchées dans un séchoir industriel à tambour. Pour des petites quantités de plumes, il faut les brasser et les disperser, ce qui leur donne du volume et facilite le séchage.

A petite échelle, les oies peuvent être plumées à sec sans échaudage préalable, ce qui nécessite plus de temps mais ne trempe ni les plumes ni le duvet. Quelle que soit la procédure choisie, les plumes et le duvet sont ensuite triés dans une machine où les courants d'air vont séparer les différentes parties en fonction de leur densité (figure 37).

FIGURE 36. Plumaison d'oies adultes vivantes en période de mue. (Pologne.)

Source: Buckland (1995).

FIGURE 37. Tri des plumes en machine avec un courant d'air. (Landes, France.)

Source: Buckland (1995).

La récolte des plumes chez des animaux vivants est toujours une source importante de revenu, qu'elle soit pratiquée chez des animaux destinés à la production de viande, au gavage ou sur des troupeaux de reproducteurs. La collecte des plumes du bréchet est rendue possible chez les oies vivantes car les plumes arrivent naturellement à maturité vers l'âge de 9 ou 10 semaines, ce qui déclenche une phase de mue chez les oiseaux. Les mues naturelles peuvent ainsi être exploitées régulièrement en collectant les plumes et le duvet du bréchet (figure 36). En principe, les oies peuvent être exploitées toutes les six semaines, ce qui correspond à la durée normale entre deux mues successives. La première plumée est modeste, elle rapporte environ 80 g; les plumées suivantes sont plus efficaces et procurent de 100 à 120 g de plumes. Le pourcentage de duvet est régulièrement compris entre 15 et 20 pour cent du total récolté. Le nombre de plumées pratiquées chez les animaux est fonction des conditions de production de viande ou de foie gras, mais intègre également le cours (prix de vente) de la plume et du duvet sur le marché. Toutes les espèces d'oies peuvent être plumées, mais les animaux à plumage blanc sont les plus recherchés et offrent le meilleur rapport. Que la collecte s'effectue lors de la mue ou lors de l'abattage, la maturité des plumes conditionne leur qualité.

Les oies reproductrices peuvent également être exploitées toutes les six semaines pendant la période de repos sexuel. Il est toutefois recommandé que la dernière plumée intervienne au plus tard deux mois et demi avant la mise en place de la ponte. Dans des conditions normales, on peut donc effectuer trois plumaisons par saison. Toutefois, des travaux récents conduits en Pologne ont montré que des oies qui arrêtent leur ponte en début juin pour la reprendre mi-janvier de l'année suivante, peuvent être exploitées quatre fois pendant cette période. Dans la mesure où la dernière plumée est réalisée au plus tard début novembre, il n'y a pas de conséquence négative sur la production d'œufs et leur fertilité.

La récolte des plumes et des duvets représente une valeur ajoutée significative de la production des oies. C'est particulièrement vrai lorsqu'on plume à sec, car il n'y a pas lieu de mettre en place un système de tri sélectif de ces plumes. Les plumes peuvent être conservées, puis vendues sur le marché international. Elles peuvent également être utilisées localement par des entreprises qui confectionnent des duvets, des couettes, des anoraks, etc. (figure 38). Ces produits haut de gamme sont en général très bien valorisés.

La situation du marché international de la plume est présentée en figure 39. En 1994, les échanges internationaux ont porté sur plus de 67 000 tonnes de plumes et duvets bruts, ce qui représente un chiffre global voisin de 650 millions de dollars américains. Ces données concernent le marché de la plume pour toutes les espèces de palmipèdes confondues, la contribution de l'oie est d'environ 30 pour cent de la masse totale et 40 pour cent de l'enveloppe. La demande internationale est contrôlée par six pays majeurs qui importent à eux seuls 93 pour cent de la production mondiale pour leurs besoins personnels et pour leur marché à l'export. D'autre part, plus de 25 pays ont une production significative à l'échelle du marché mondial. Ils sont principalement situés en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, mais la demande est telle qu'il reste de la place pour de nouveaux postulants, particulièrement en matière de plumes récoltées à sec dont les cours sont les plus élevés.

FIGURE 38. Couettes remplies avec du duvet d'oies. (Pologne.)

Source: Buckland (1995).

FIGURE 39. Marché international du duvet et de la plume.

Source: Guy (1996).


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