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La sous-alimentation dans le monde

La faim et la mortalité

Des millions de personnes, parmi lesquelles 6 millions d'enfants âgés de moins de cinq ans, meurent chaque année des conséquences de la faim. Sur ces millions d'êtres humains, une proportion relativement faible se trouve être victime de famines qui font les manchettes des journaux, attirent les équipes de télévision ou déclenchent une aide d'urgence. Au contraire, il leur arrive bien plus souvent de mourir de façon anonyme, décimés par les effets de la faim et de la malnutrition chroniques, de cette «famine clandestine» qui interrompt leur développement, sape leurs forces et débilite leur système immunitaire.

Lorsque la faim prédomine, les taux de mortalité des nouveau-nés et des enfants âgés de moins de cinq ans sont également élevés, tandis que décline l'espérance de vie (voir la carte et les graphiques). Dans les pays les plus touchés, un nouveau-né peut s'attendre à vivre, en moyenne, à peine 38 ans en bonne santé, alors que dans les 24 des pays les plus riches du monde, l'être humain peut escompter plus de 70 ans en «pleine santé». Dans les pays où la faim est la plus répandue, un enfant sur sept est destiné à mourir avant d'avoir atteint l'âge de cinq ans.

Certes, il ne faut pas attribuer de façon exclusive la faute de ces vies tronquées aux conséquences de la faim. Bien d'autres facteurs se conjuguent à la faim et à la malnutrition pour condamner des dizaines de millions de personnes à une mort prématurée. Ainsi, la pandémie de VIH/SIDA, qui ravage bon nombre des pays où sévit la faim, a amputé l'espérance de vie moyenne d'environ cinq ans pour les femmes et de deux ans et demi pour les hommes dans l'ensemble de l'Afrique subsaharienne. Cependant, même lorsque l'on prend en considération l'incidence du VIH/SIDA et les autres facteurs, la corrélation entre la faim chronique et les taux plus élevés de mortalité demeure frappante. De nombreuses études indiquent que ce phénomène n'a rien d'une coïncidence. Depuis le début des années 90, une série d'analyses a confirmé que de 50 à 60 pour cent des décès d'enfants dans le monde en développement découlent, de façon directe ou indirecte, de la faim et de la malnutrition. Il faut ajouter qu'une proportion relativement faible de ces décès est due à la mort par inanition, et que la plupart sont causés par la carence persistante de nourriture adéquate et de nutriments essentiels, qui affaiblit les enfants, accentuant leur état de faiblesse, leur insuffisance pondérale et leur vulnérabilité.

Comme on pouvait s'y attendre, dans le monde en développement, la grande majorité des 153 millions d'enfants en insuffisance pondérale âgés de moins de cinq ans sont concentrés dans les pays où prédomine la sous-alimentation (voir graphique).

Cette dernière, même lorsqu'elle est légère ou modérée, augmente gravement le risque de voir les enfants mourir d'une maladie commune de l'enfance. De manière générale, l'analyse démontre que le risque de décès est 2,5 fois supérieur pour les enfants souffrant de malnutrition légère relativement à ceux nourris de façon adéquate. En outre, le risque augmente de façon marquée à mesure que s'accentue la gravité de la malnutrition - telle que mesurée par le coefficient poids-âge. Le risque de décès est multiplié par 4,6 pour les enfants souffrant de malnutrition modérée, et par 8,4 pour les enfants gravement sous-alimentés.

Taux de mortalité et espérance de vie dans les pays regroupés selon la prévalence de la sous-alimentation


Les maladies communes souvent fatales pour les enfants souffrant de malnutrition

Les maladies infectieuses sont la cause immédiate de décès de la plupart des 11 millions d'enfants âgés de moins de cinq ans qui meurent chaque année dans le monde en développement. Cependant, le risque de décès provoqués par ces maladies est nettement plus élevé pour les enfants qui souffrent de la faim ou de malnutrition.

Les quatre principales causes de décès des enfants sont: la diarrhée, les maladies respiratoires aiguës, la malaria et la rougeole. L'action conjuguée de ces quatre fléaux est responsable de la mort de près de la moitié des enfants âgés de moins de cinq ans. L'analyse des données fournies par les hôpitaux et par les villages montre que ces quatre maladies sont beaucoup plus mortelles pour les enfants souffrant de retards de croissance ou d'insuffisance pondérale.

De nombreuses études démontrent qu'en cas de diarrhée, le risque de décès peut être jusqu'à neuf fois plus élevé pour les enfants dont l'insuffisance pondérale est accentuée - l'indicateur le plus commun de sous-alimentation chronique. Parallèlement, les enfants en insuffisance pondérale courent un risque deux à trois fois plus élevé de mourir de malaria et d'affections respiratoires aiguës, dont la pneumonie, que les enfants bien nourris.

Par ailleurs, les insuffisances liées à la diversité insuffisante du régime alimentaire ou aux carences en minéraux et en vitamines essentielles contribuent également à accroître la mortalité infantile et adulte. L'anémie due à la carence en fer augmente considérablement le risque de décès par malaria, tandis que l'insuffisance de vitamine A affaiblit le système immunitaire, augmentant chaque année d'un nombre variant entre 1,3 et 2,5 millions d'enfants les décès dus à la rougeole et aux autres maladies.

Améliorer la nutrition pour sauver des vies

Les observations démontrent de façon concordante qu'en éliminant la faim et la malnutrition, on pourrait sauver chaque année des millions de vie. Cette conclusion a été confirmée par une étude portant sur les facteurs qui ont contribué à réduire la mortalité infantile au cours des années 90. On trouve, en tête de liste de ces facteurs, la réduction de la proportion des enfants sous-alimentés et n'ayant pas un accès suffisant à une eau salubre, ainsi qu'à des conditions adéquates d'hygiène et de logement.

Correspondance entre taux élevés de faim chronique et mortalité infantile



Faim et mortalité chez l'enfant



Proportion et nombre d'enfants souffrant d'insuffisance pondérale, 1997-1999




Dénombrement des victimes de la faim: dernières estimations

Les dernières estimations de la FAO portant sur le nombre de personnes sous-alimentées confirment une tendance alarmante, à savoir que les progrès enregistrés dans la réduction de la faim dans le monde en développement marquent aujourd'hui le pas, et que dans la plupart des régions, le nombre de personnes sous-alimentées est, en fait, en augmentation.

A l'échelle mondiale, les dernières estimations indiquent qu'en 1998-2000, 840 millions de personnes étaient sous-alimentées, dont 11 millions dans les pays industrialisés, 30 millions dans les pays en transition, et 799 millions dans les pays en développement. Les dernières statistiques concernant ces pays font état d'une réduction d'à peine 20 millions depuis 1990-1992, période de référence choisie lors du Sommet mondial de l'alimentation (SMA). Il s'ensuit que la réduction annuelle moyenne depuis la tenue du Sommet n'a été que de 2,5 millions, niveau de loin inférieur à celui requis pour atteindre l'objectif du SMA, à savoir réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées d'ici 2015. Cela signifie également que, pour atteindre cet objectif, il faudra progresser à raison de 24 millions de personnes par an, soit près de 10 fois la cadence actuelle.

Un symposium se penche sur les méthodes de mesure de la sous-alimentation

Les chiffres, graphiques et analyses présentés ici et les tableaux 1 et 2 sont basés sur les estimations de la FAO concernant l'incidence de la sous-alimentation. Ces estimations sont basées sur des calculs portant sur la quantité de nourriture disponible dans chaque pays (disponibilités énergétiques alimentaires [DEA] nationales), et sur une mesure de l'inégalité de la distribution découlant d'enquêtes sur les revenus et les dépenses des ménages.

Afin de contribuer au débat sur les possibilités d'amélioration de la méthodologie, la FAO a parrainé, en juin 2002, la tenue d'un symposium scientifique international qui s'est penché sur la méthodologie de la FAO et sur quatre autres démarches utilisées pour mesurer la prévalence ou l'impact de la faim et de la malnutrition. Les quatre autres méthodes se différencient par la source de données sur lesquelles elles s'appuient: enquêtes portant sur les dépenses des ménages; enquêtes portant sur la ration alimentaire individuelle; enquêtes anthropométriques portant sur les enfants et sur les adultes; et enquêtes d'autoévaluation qualitative et indicative (comme la méthode américaine de mesure de l'insécurité alimentaire). Les points forts et les faiblesses de chacune de ces méthodes ont été activement débattus et analysés en vue de proposer des évaluations d'envergure mondiale de la sous-alimentation.

Le résultat le plus important du symposium a été de reconnaître que chacune de ces cinq méthodes mesure des aspects différents de la sécurité alimentaire, et peut donc être utilisée selon une démarche complémentaire pour améliorer tant la qualité des informations concernant l'insécurité alimentaire que l'efficacité des mesures visant à la combattre. Les actes du symposium seront publiés à la fin de 2002.

Un examen plus approfondi des données révèle que, dans la plupart des pays en développement, la situation est plus sombre qu'il n'y paraît à première vue. En effet, les gains marginaux obtenus à l'échelle mondiale découlent de la progression rapide dans quelques grands pays. Ainsi, la Chine, à elle seule, a réduit le nombre de ses citoyens sous-alimentés de 74 millions depuis 1990-1992. L'Indonésie, le Viet Nam, la Thaïlande, le Nigéria, le Ghana et le Pérou sont tous parvenus à réduire de plus de 3 millions le nombre des personnes sous-alimentées, compensant en partie l'augmentation de 96 millions de personnes dans 47 pays où les progrès ont marqué le pas. Cependant, si on met la Chine et ces six pays de côté, le nombre de personnes sous-alimentées dans le reste du monde en développement a augmenté de plus de 80 millions depuis la période de référence du SMA.

Lorsque l'on considère le nombre de personnes sous-alimentées comme une proportion de la population totale d'un pays, le tableau est légèrement plus encourageant. Dans la majorité des pays en développement, la proportion des victimes de la sous-alimentation a effectivement diminué depuis la tenue du SMA. Ainsi, dans 26 des 61 pays en développement qui ont obtenu un déclin proportionnel de la sous-alimentation, le nombre absolu des personnes sous-alimentées a augmenté, augmentation due à la rapide croissance de la population. L'un de ces 26 pays, l'Inde, a vu le nombre de ses citoyens sous-alimentés croître de 18 millions, bien que leur pourcentage ait décliné de 25 à 24 pour cent.

L'Afrique subsaharienne, qui reste la région la plus marquée par la sous-alimentation, est aussi celle où se trouve le plus grand bassin de personnes sous-alimentées. Toutefois, la situation n'est pas accablante de façon uniforme dans tout le continent. La malnutrition a surtout progressé dans une sous-région particulière, l'Afrique centrale, sous l'effet de la guerre chronique dans laquelle s'est enfoncé un seul pays, la République démocratique du Congo, où le nombre de personnes sous-alimentées a triplé. L'Afrique occidentale, en revanche, est l'une des trois sous-régions - en concomitance avec l'Asie du Sud-Est et l'Amérique du Sud - qui a gagné du terrain de façon significative face à la prévalence du phénomène comme au nombre de personnes sous-alimentées. Toutefois, les perspectives sont particulièrement inquiétantes pour l'Amérique centrale, le Proche-Orient et l'Asie de l'Est (à l'exclusion de la Chine), où l'on a vu augmenter parallèlement l'incidence de la sous-alimentation et le nombre absolu des personnes touchées.

Nombre de personnes sous-alimentées, 1998-2000 (millions)


Nombre et proportion des personnes sous-alimentées, 1998-2000


Vers l'objectif du Sommet mondial de l'alimentation, par région


Evolution de la sous-alimentation, 1990-1992 à 1998-2000


Proportion de personnes sous-alimentées dans les pays en développement, 1990-1992 et 1998-2000




Malnutrition, pauvreté et développement

Le Sommet Mondial de l'Alimentation (SMA) de 1996 avait fixé comme objectif de réduire de moitié, d'ici 2015, le nombre des personnes souffrant de la faim dans le monde. Quatre ans plus tard, cet objectif a été incorporé au premier des Objectifs de développement du millénaire, qui établissent un certain nombre de sous-objectifs visant à réduire de moitié aussi bien la proportion des personnes souffrant de la faim, que celle des personnes vivant avec moins de 1 dollar EU par jour.

Ces objectifs sont étroitement liés, et aucun ne peut être atteint en faisant abstraction de l'autre. C'est pourquoi il est essentiel d'atteindre les deux pour accomplir le reste des Objectifs de développement du millénaire.

La pauvreté et la faim: des causes réciproques, des effets dévastateurs

Les mesures de la privation de nourriture, la nutrition et la pauvreté sont étroitement corrélées (voir graphiques). Les pays où la sous-alimentation est élevée ont également une forte proportion d'enfants accusant un retard de croissance et une insuffisance pondérale. Dans ces même pays, un pourcentage élevé de la population vit dans des conditions de pauvreté extrême. Ainsi, dans les pays où une proportion élevée de la population est sous-alimentée, on trouve une proportion comparable de personnes devant survivre avec moins de 1 dollar EU par jour.

Alors que la pauvreté est, assurément, l'une des causes de la faim, cette dernière peut aussi être cause de pauvreté. La faim prive souvent les personnes indigentes d'une ressource qui leur est propre: la force et les compétences pour travailler de façon productive. De nombreuses études ont confirmé que la faim entrave gravement la capacité de développement des qualifications des personnes pauvres, et réduit la productivité de leur travail.

Durant l'enfance, la faim pèse sur le développement mental et physique, réduisant la capacité d'apprendre et de gagner sa vie. Comme le démontrent les enquêtes concernant l'alimentation des ménages dans les pays en développement, les adultes à la charpente moins développée et plus légère du fait de la sous-alimentation obtiennent des salaires inférieurs pour les travaux exigeant des efforts physiques. D'autres études indiquent qu'une augmentation de 1 pour cent de l'Indice de masse corporelle (IMC) - facteur de mesure du poids en fonction de la taille - est liée à une augmentation de plus de 2 pour cent du salaire pour ceux se trouvant au bas de l'échelle d'IMC.

Les déficiences en micronutriments peuvent également réduire la capacité de travail. Plusieurs études indiquent que l'anémie due à la carence en fer peut aller jusqu'à réduire de 17 pour cent la productivité des travailleurs manuels. Il s'ensuit que les adultes souffrant de la faim et de malnutrition obtiennent, pour leur travail, des salaires inférieurs. En outre, ils sont souvent incapables de travailler un nombre d'heures et d'années égal à celui des personnes bien nourries, car ils sont plus souvent malades et vivent moins longtemps.

Faim et pauvreté des nations

La faim et la malnutrition généralisées altèrent les performances économiques, non seulement des individus et des familles, mais des nations. L'anémie, à elle seule, a réduit le PIB de plusieurs pays de 0,5 à 1,8 pour cent (voir graphique). Des études en Inde, au Pakistan, au Bangladesh et au Viet Nam estiment avec prudence que l'effet conjugué des retards de croissance et des carences en iode et en fer peut entraîner une réduction du PIB de 2 à 4 pour cent par an. Selon les calculs récents de la FAO, si l'objectif du SMA de réduire de moitié, d'ici 2015, le nombre de personnes sous-alimentées était atteint, cela représenterait un gain économique de plus de 120 milliards de dollars EU: ce chiffre illustre l'incidence économique que peuvent avoir des vies plus longues, plus saines et plus productives pour plusieurs centaines de millions de personnes libérées de la faim.

Comme l'a souligné l'économiste Robert Fogel, lauréat du prix Nobel, les personnes souffrant de la faim ne peuvent pas, à elles seules, se sortir de la pauvreté. Il estime que 20 pour cent de la population de l'Angleterre et de la France ont été exclus de la main-d'oeuvre active aux alentours de 1790, car les personnes étaient trop faibles et trop affamées pour travailler. Il calcule que l'amélioration de la nutrition est à l'origine d'environ la moitié de la croissance économique obtenue en France et en Angleterre entre 1790 et 1880. Etant donné que de nombreux pays en développement sont aussi pauvres que l'étaient l'Angleterre et la France en 1790, son analyse donne à penser qu'une réduction de la faim pourrait avoir un impact analogue, aujourd'hui, sur les pays en développement.

Clé des autres Objectifs de développement du millénaire

Les faits observés démontrent clairement que si l'on ne réussit pas à éliminer la faim, les efforts visant à atteindre les autres ODM en seront entravés (voir encadré).

A titre d'exemple, les espoirs d'universalité de l'éducation primaire et de l'alphabétisation demeureront vains tant que des millions d'enfants souffrant de la faim auront une capacité d'apprentissage diminuée ou se verront forcer de travailler plutôt que de fréquenter l'école. L'insuffisance pondérale à la naissance, la malnutrition protéo-calorique durant l'enfance, l'anémie due à la carence en fer et la déficience en iode, sont tous des facteurs reliés à des déficiences cognitives. Par ailleurs, la faim réduit l'assiduité scolaire. Au Pakistan, une amélioration relativement faible de la taille en fonction de l'âge a entraîné une augmentation substantielle des taux d'inscription scolaire: 2 pour cent pour les garçons et 10 pour cent pour les filles. Ce progrès marqué de l'assiduité scolaire pour les filles autorise à penser que la réduction de la faim accélérerait la progression vers un autre ODM, à savoir la promotion de l'égalité entre les sexes. Les données, ainsi que les analyses, présentées dans d'autres parties de ce rapport confirment que la réduction de la faim et de la malnutrition pourrait également avoir une incidence décisive sur la mortalité infantile, améliorer la santé des mères, et contribuer à combattre le VIH/SIDA, la malaria et d'autres maladies.

Sous-alimentation, pauvreté et indicateurs des autres Objectifs
de développement du millénaire: 1995-2000


Incidence de la faim sur les autres Objectifs de développement du millénaire

Objectif

Indicateurs sélectionnés

Incidence de la faim

Obtenir l'universalité de l'éducation primaire

  • taux net de scolarisation
  • taux d'alphabétisation
  • réduit l'assiduité scolaire
  • affecte les capacités cognitives

Promouvoir l'égalité entre les sexes

  • ratio filles/garçons dans l'éducation primaire
  • risque de réduire davantage l'assiduité scolaire pour les fillettes

Réduire la mortalité infantile

  • taux de mortalité infantile en deçà de cinq ans
  • est associée à 60 pour cent des décès infantiles

Améliorer la santé des mères

  • taux de mortalité maternelle
  • augmente gravement le risque de décès maternel

Combattre le VIH/SIDA, la malaria et les autres maladies

  • prévalence du VIH parmi les femmes enceintes
  • taux de décès associés à la malaria
  • stimule l'émigration de main-d'oeuvre avec propagation accrue du VIH
  • multiplie par 2 ou 3 le taux de mortalité infantile

Assurer l'équilibre durable de l'environnement

  • proportion de la superficie terrestre couverte par des forêts
  • conduit à une utilisation non durable des ressources terrestres et forestières

Coûts estimatifs de l'anémie, 2001

Sous-alimentation et pauvreté





Points du monde confrontés à des urgences humanitaires, 2001-2002


Les «points chauds» de la faim

La majeure partie du phénomène de la faim dans un monde d'abondance est le résultat d'une pauvreté accablante et profondément enracinée. Cependant, année après année, entre 5 et 10 pour cent de ce phénomène peuvent être rattachés à des événements spécifiques: sécheresses ou inondations, conflits armés ou perturbations politiques, sociales et économiques. Bien souvent, ces ondes de choc frappent des pays qui souffrent déjà de pauvreté endémique et qui luttent pour se relever de catastrophes précédentes, naturelles ou provoquées par l'homme. L'an dernier n'a pas fait exception à la règle.

Au moment de l'achèvement de ce rapport, en juin 2002, 32 pays étaient confrontés à des urgences alimentaires exceptionnelles et l'on estimait à 67 millions les personnes nécessitant une aide alimentaire d'urgence. Le nombre de ces pays ainsi que celui des populations concernées est resté pratiquement inchangé depuis l'an dernier. Il en va de même pour les causes de ces urgences alimentaires et pour les lieux où elles se produisent. Comme pour les années précédentes, la sécheresse et les conflits ont été les causes les plus fréquentes, l'Afrique étant la région la plus touchée.

A l'échelle mondiale, la sécheresse et d'autres conditions météorologiques défavorables ont provoqué des pénuries alimentaires dans 21 des 32 pays en question. La guerre, les troubles civils et les effets persistants des anciens conflits ont provoqué des crises dans 15 pays, dont plusieurs ont, en outre, été frappés par les intempéries. Des problèmes économiques d'ordre général ont gravement sapé la sécurité alimentaire dans huit pays, souvent conjugués aux mauvaises conditions météorologiques.

Pour la deuxième année consécutive, le temps sec et les précipitations excessives durant la saison de végétation ont dévasté les cultures vivrières dans plusieurs pays d'Afrique australe, . En outre, les conséquences de conflits civils passés ou en cours menacent la sécurité alimentaire de plus de 14 millions de personnes dans 11 pays d'Afrique.

En 2001, c'est l'Asie qui a reçu le plus gros de l'aide alimentaire d'urgence distribuée par le Programme alimentaire mondial (PAM), principalement en raison de la crise qui se poursuit en République populaire démocratique de Corée. Huit autres pays d'Asie sont menacés de pénurie alimentaire par suite de la sécheresse et de l'hiver rigoureux, phénomènes aggravés par le déclin économique général de nombreux pays de la Communauté des Etats indépendants.

En Afghanistan, des décennies de troubles civils, de même qu'une succession de sécheresses, ont soumis des millions de personnes à des conditions extrêmement dures.

En Amérique centrale, une grave sécheresse, qui a dévasté les cultures en 2001, associée à l'effondrement des cours mondiaux du café, a rendu les familles rurales de plusieurs pays de la région tributaires de l'aide alimentaire.

Treize millions de personnes sont menacées de crise alimentaire en Afrique australe

L'Afrique australe se trouve aujourd'hui confrontée à la crise alimentaire la plus grave depuis la sécheresse dévastatrice de 1992. Près de 13 millions d'habitants de la sous-région ont aujourd'hui besoin d'une aide alimentaire d'urgence, après une succession combinée de sécheresses, d'inondations et de perturbations économiques, qui ont réduit les récoltes de plusieurs pays à la moitié, voire moins, de leur volume normal.

Le pays le plus touché a été le Zimbabwe, où environ 6 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence. Jusqu'à récemment, le Zimbabwe était exportateur de maïs. Cependant, au cours des deux dernières années, la conjonction de mauvais temps, de conflits politiques et de problèmes économiques a amputé la production et les importations. Les conflits à propos de la redistribution des terres ont entraîné une grave réduction des emblavures de cultures commerciales. La production de maïs s'est effondrée, pour ne représenter que le quart du volume obtenu il y a à peine deux ans. Le pays se trouve confronté à un déficit sans précédent, soit plus de 70 pour cent de ses besoins céréaliers, au moment où la crise économique ne lui laisse que peu de devises étrangères pour l'importation de produits alimentaires

La production de maïs a chuté de manière brutale dans plusieurs pays de la région. En Zambie, après une première année de mauvaises récoltes en 2001, les prix moyens sont montés en flèche, dépassant 150 pour cent, tandis qu'ils atteignaient 300 pour cent au Zimbabwe et près de 400 pour cent au Malawi, entravant de manière dramatique l'accès à la nourriture pour des tranches importantes de la population.

Les besoins totaux d'importation de maïs pour neuf pays de l'Afrique australe ont été estimés à environ 3,4 millions de tonnes. Sur ce volume, 1,2 million de tonnes sont nécessaires au titre de l'aide alimentaire d'urgence pour les groupes les plus vulnérables. Nombreuses sont les familles qui ont déjà épuisé leurs moyens de survie après la mauvaise récolte de 2001. Dans certaines régions, les agriculteurs 'ont pratiquement rien engrangé en 2002 et ont dû se nourrir de pousses d'arbres et de plantes sauvages au moment de la récolte.

Une campagne internationale de grande envergure a été lancée afin de fournir une aide alimentaire, des semences et d'autres intrants agricoles pour la prochaine campagne principale de semis. Quand la version anglaise du présent document se trouvait sous presse (fin août 2002), les annonces de contributions pour l'appel d'urgence PAM/FAO de 507,3 millions de dollars EU n'étaient que de 25,5 pour cent du montant total requis et quelques produits céréaliers génétiquement modifiés (maïs) ont été rejetés par un bénéficiaire.

Besoins en maïs pour l'Afrique australe, 2000-2001 et 2002-2003


L'Afghanistan subit le choc de la sécheresse et de la guerre

Même avant que ne se produisent les événements du 11 septembre 2001, l'Afghanistan était aux prises avec une grave crise alimentaire. Après une troisième année de sécheresse, la production céréalière de 2001 a atteint à peine la moitié de la production de 1998. Les troupeaux de bétail, essentiels pour l'économie et la sécurité alimentaire du pays, ont été, selon les estimations, réduits de 40 pour cent.

Les besoins en importations alimentaires pour 2001-2002 ont atteint le niveau record de 2,2 millions de tonnes, alors que les importations commerciales chutaient brutalement du fait de la guerre. L'aide alimentaire a été augmentée, mais de façon insuffisante pour satisfaire les besoins de près de 10 millions de personnes entièrement tributaires de l'aide. La faim et la malnutrition ont augmenté de façon très marquée dans un pays où le retard de croissance des enfants aurait atteint jusqu'à 52 pour cent en 1998, avant même que ne s'installe la sécheresse et que ne chute la production alimentaire.

La production céréalière a rebondi de façon significative en 2002 grâce aux précipitations et à un meilleur accès aux intrants agricoles. La production devrait dépasser les niveaux médiocres des trois dernières années, sans pour autant atteindre les volumes engrangés en 1998.

Malgré ce redressement, la nécessité d'une aide alimentaire pour des millions de personnes subsiste. Après des années de conflits et de sécheresse, de nombreuses familles ont épuisé leurs actifs, certains des leurs sont morts ou handicapés, ou elles ont été chassées de leur foyer. Une grande partie des systèmes d'irrigation du pays est en ruine et près de la moitié des surfaces irriguées sont hors d'usage. Il importe de lancer de façon urgente des investissements à grande échelle afin de réparer les infrastructures rurales et de rétablir la production vivrière et animale.



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