No.1  février 2008  
   Perspectives de récoltes et situation alimentaire

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Faits saillants

PAYS EN CRISE AYANT BESOIN D'UNE AIDE EXTÉRIEURE

Le point sur les crises alimentaires

Dossier de la situation mondiale de l’offre et de la demande de céréales

Indicateurs de la FAO concernant la situation mondiale de l’offre et la demande de céréales

Aperçu général de la situation des disponibilités vivrières dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier

Examen par région

ANNEXE STATISTIQUE

NOTE

Indicateurs de la FAO concernant la situation mondiale de l’offre et la demande de céréales

Le rapport entre les stocks céréaliers mondiaux de clôture en 2007/08 et l’utilisation tendancielle mondiale de céréales durant la prochaine campagne devrait tomber à 19,2 pour cent, soit le niveau le plus bas niveau enregistré ces cinq dernières années. La croissance de l’utilisation devrait absorber l’essentiel de l'augmentation de la production céréalière mondiale escomptée pour 2007, maintenant ainsi les stocks mondiaux de clôture à de très faibles niveaux. S’agissant du blé, ce rapport devrait s'effondrer, passant à 23,1 pour cent, ce qui est nettement inférieur au pourcentage enregistré au cours de la première moitié de la décennie, à savoir 34 pour cent. En ce qui concerne les céréales secondaires, contrairement à ce qui était attendu en début de campagne, le rapport devrait lui aussi accuser une nouvelle baisse par rapport au niveau déjà faible de l’année précédente, passant à tout juste 15 pour cent. De même, pour le riz, les dernières informations indiquent que la situation de l’offre etde la demande est plus tendue que prévu et l’on s’attend aujourd’hui à ce que le rapport stocks/utilisation tombe à 23,5 pour cent, là encore le plus faible niveau enregistré les cinq dernières années et bien moins que la moyenne enregistrée la première moitié de la décennie.

Alors que les grands exportateurs de céréales ont maintenant engrangé la récolte de 2007, le rapport estimatif entre l’ensemble de leurs disponibilités céréalières en 2007/2008 et les besoins normaux du marché est plus défini et confirme les prévisions, à savoir un excédent de tout juste 18 pour cent, soit une légère progression par rapport à la campagne précédente, mais un niveau encore relativement faible, sachant qu’il était de plus de 30 pour cent au milieu des années 2000. Ce résultat ne traduit qu’une légère amélioration de la capacité des exportateurs à répondre à la demande mondiale d’importation de blé et de céréales secondaires et laisse présager la persistance d'une contraction des marchés pendant la nouvelle campagne.

Le rapport entre les stocks de clôture de blé détenus par les principaux exportateurs et leur utilisation totale devrait s’établir à tout juste 11,7 pour cent à la fin des campagnes 2007/08, soit un niveau dangereusement bas. Les prix élevés du blé sur les marchés internationaux alourdissent déjà la facture des importations des PFRDV et pourraient avoir de graves répercussions sur les perspectives de l’offre et de la demande, à moins d’une augmentation notable de la production en 2008. S’agissant des céréales secondaires, le rapport devrait à nouveau baisser par rapport au niveau déjà réduit de l’an dernier. Du fait de l’expansion rapide de la demande de biocarburants, les disponibilités exportables de maïs devraient rester très tendues, même avec une récolte record. En ce qui concerne le riz, le rapport devrait aussi diminuer, mais dans une moindre mesure que pour les céréales.

La production céréalière mondiale aurait progressé de 4,6 pour cent en 2007, ce qui correspond à une reprise relativement importante après deux années consécutives de repli. Toutefois, compte tenu de la fragilité de la situation, mise en évidence par les trois premiers indicateurs, il faudra que de bons résultats soient de nouveau enregistrés en 2008, notamment pour le blé.

Après quatre années de croissance soutenue, la production céréalière de 2007 des PFRDV n'aurait progressé que marginalement par rapport à l’année précédente et la situation de l’offre sera donc moins confortable pendant la nouvelle campagne 2007/08. Si l'on ne tient pas compte de la Chine (continentale) et de l’Inde, qui assurent environ les deux tiers de la production céréalière totale, les résultats du reste des PFRDV sont estimés en baisse de 2,2 pour cent après deux années consécutives de croissance notable. Associée à la croissance démographique, cette situation poussera probablement plusieurs PFRDV à importer plus pour couvrir leurs besoins de consommation, ce qui grèvera lourdement leurs ressources financières en cette époque où les cours céréaliers mondiaux se situent à des niveaux très élevés.

Le resserrement du bilan céréalier mondial en 2007/08 s'est traduit par un renchérissement de toutes les céréales. L’augmentation la plus notable concerne le blé, dont l’indice des prix au cours des 7 premiers mois de l'actuelle campagne commerciale (de juillet 2007 à janvier 2008) s'est établi en moyenne à 74,5 pour cent de plus que la moyenne pour 2006/07. En ce qui concerne le maïs, l’envolée des prix a été moins marquée: l’indice a progressé de près de 20 pour cent, après avoir augmenté de presque 45 pour cent l’année précédente. S’agissant du riz, une modeste progression de 17 pour cent a été constatée en 2007. Ces augmentations contribuent à alourdir considérablement la facture des importations céréalières des PFRDV en 2007/08, qui devrait faire un bond de 35 pour cent pour atteindre environ 33 milliards de dollars EU. Étant donné que la facture des importations céréalières avait grossi de manière conséquente l'année précédente également, la situation actuelle est particulièrement difficile pour les PFRDV, en particulier ceux contraints d’intensifier les importations pour couvrir le déficit de la production intérieure.

1 Le premier indicateur est le rapport entre les stocks céréaliers mondiaux à la fin d’une campagne donnée et l’utilisation mondiale de céréales au cours de la campagne suivante. L’utilisation pour 2008/09 est une valeur tendancielle obtenue par extrapolation des données pour la période 1997/98-2006/2007.

2 Le deuxième indicateur est le rapport entre les disponibilités des exportateurs (blé et céréales secondaires), c’est à dire la somme de la production, des stocks d’ouverture et des importations, et les besoins normaux de leur marché (à savoir, utilisation intérieure plus exportations des trois années précédentes). Les principaux exportateurs de céréales sont l’Argentine, l’Australie, le Canada, l’UE et les États-Unis.

3 Le troisième indicateur est le rapport entre les stocks de clôture des principaux exportateurs, par type de céréales, et l’utilisation totale (c’est-à-dire consommation intérieure plus exportations). Les principaux exportateurs de blé et de céréales secondaires sont l’Argentine, l’Australie, le Canada, l’UE et les États-Unis. Les plus gros exportateurs de riz sont l’Inde, le Pakistan, la Thaïlande, les États-Unis et le Viet Nam. 4 Le quatrième indicateur donne les variations de la production céréalière totale d’une année à l’autre à l’échelle mondiale.

5&6 Étant donné que les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) sont les plus vulnérables aux fluctuations de leur propre production - et par conséquent de leurs disponibilités - le cinquième indicateur mesure les écarts de production de ces pays. Le sixième indicateur montre les variations annuelles de la production des PFRDV, non compris la Chine et l’Inde qui sont les deux plus gros producteurs du groupe.

7 Le septième indicateur donne l’évolution des prix sur les marchés mondiaux en fonction des variations observées pour des indices de prix donnés.

 

Mesures prises par les gouvernements pour limiter l’impact de la flambée des cours mondiaux des céréales sur la consommation alimentaire

Les prix des exportations céréalières sur les marchés internationaux enregistrent une hausse considérable depuis début 2007. Associée à la hausse des prix du pétrole et du fret, cette situation a fait monter en flèche les prix des denrées de base dans de nombreux pays de par le monde. Afin de limiter les effets de la hausse des prix des céréales sur la consommation alimentaire intérieure, les gouvernements de pays tant importateurs qu’exportateurs céréaliers ont pris un certain nombre de mesures, dont les plus récentes sont indiquées ci-dessous:

En Afrique du Nord, au Maroc, le gouvernement a ramené les taxes pesant sur les importations de blé au niveau le plus bas jamais enregistré. Il envisage également de privatiser les importations de blé tendre et d’accorder des subventions publiques aux importateurs qui achètent au-dessus d’un prix de référence donné. En Égypte, le gouvernement a considérablement accru les subventions alimentaires et conclu un accord bilatéral avec le Kazakhstan pour la livraison d’un million de tonnes de blé à un prix préférentiel durant 2008. En Afrique de l'Ouest, au Bénin et au Sénégal, les gouvernements ont pris plusieurs mesures pour neutraliser la forte progression des prix céréaliers, dont la réglementation des prix et la levée des droits de douane. En Afrique de l'Est, en Éthiopie, le gouvernement a interdit l'exportation des principales céréales et l’accumulation de stocks céréaliers, suspendu les achats locaux du PAM destinés aux opérations d’urgence et imposé une surtaxe provisoire de dix pour cent sur les importations de produits de luxe afin de financer les programmes de subventions alimentaires, notamment la distribution de blé à prix subventionnés aux ménages urbains disposant de faibles revenus. En Afrique australe, en Afrique du Sud, il est prévu d’ajuster les montants des aides sociales dont bénéficient les plus pauvres afin d’atténuer l’incidence de l’augmentation des prix alimentaires. En Zambie, suite aux récentes inondations et en dépit d’un important excédent exportable de maïs durant la campagne commerciale 2007/08 (mai/avril), le gouvernement a de nouveau décrété une interdiction d’exportation applicable à tous les nouveaux contrats. Au Zimbabwe, le gouvernement continue de contrôler les importations de maïs, de blé et de sorgho qui sont vendus à des prix subventionnés. Bien que la hausse des prix des importations ait été en partie atténuée cette année par l’achat de 400 000 tonnes de maïs au Malawi, l’inflation des prix à la consommation, qui a dépassé 26 000 pour cent en novembre 2007, réduit considérablement le pouvoir d’achat des consommateurs.

En Extrême-Orient en Asie, en Chine (continentale), après avoir supprimé en décembre 2007 la ristourne sur la TVA pour les exportations de blé, de riz, de maïs et de soja, le gouvernement a instauré des droits d’exportation de 20 pour cent sur le blé, le sarrasin, l’orge et l’avoine et de 5 pour cent sur le riz, le maïs, le sorgho, le mil et le soja, à compter du 1er janvier 2008. Il a également imposé une taxe à l’exportation de 25 pour cent sur la farine de blé et l’amidon, et de 10 pour cent sur les farines de maïs, de riz et de soja. Parallèlement, il a annoncé qu’il envisageait de relever le prix d’achat minimum du blé et du riz ainsi que les subventions accordées aux agriculteurs, pour relancer la production céréalière en 2008. L’ Inde a supprimé le droit de douane de 36 pour cent sur l’importation de farine de blé jusqu’en avril 2009 et prolongé les importations en franchise effectuées par des négociants du secteur privé. Le gouvernement a également levé l’interdiction d’exportation, mais augmenté le prix minimum des exportations de riz, de 425 dollars EU à 500 dollars EU la tonne. L’ Indonésie a supprimé les droits d’importation sur le riz et le soja, qui s’élevaient respectivement à 5 et 10 pour cent. Le Pakistan, qui a commencé la campagne 2007/08 en exportant d’importants volumes de blé, notamment de farine de blé en direction de l’Afghanistan, a maintenant interdit les exportations privées de blé destinées à ce pays et imposé une taxe de 35 pour cent à l’exportation du blé et des produits à base de blé. Le Pakistan achète également du blé sur les marchés internationaux. En République de Corée, à partir de janvier 2008 et pour six mois, les taxes d’importation ont été ramenées de 1 à 0,5 pour cent pour le blé de mouture, de 1,5 à 0,5 pour cent pour le maïs, et de 2 pour cent à 0 pour le soja et le maïs fourrager. Inquiet de la montée des prix des produits alimentaires, le Japon a annoncé l’instauration d’un service spécial chargé de la sécurité alimentaire et pris des mesures d’urgence pour diversifier les achats sur les marchés internationaux. La Malaisie devrait prochainement présenter des programmes visant à augmenter la production de farine de blé pour faire face au déficit national. En Mongolie, le gouvernement a aboli la taxe sur la valeur ajoutée pour les importations de blé et de farine, à compter du 1er janvier 2008. Au Proche-Orient en Asie, en Arabie saoudite, le gouvernement a annoncé qu’il envisageait de diminuer le prix d’achat du blé de 12,5 pour cent à compter de 2008, en raison principalement de l’insuffisance des ressources hydriques. L’Arabie saoudite subventionne fortement la production de blé qui s’établit, en moyenne, à 2,6 millions de tonnes par an; toutefois, compte tenu de la nouvelle politique, le pays pourrait devenir importateur d’au moins 3 millions de tonnes de blé d'ici les 10 prochaines années. Le gouvernement a aussi déclaré précédemment qu’il comptait relever de 20 ou 30 pour cent le prix du blé vendu sur le marché local à partir d’avril 2008. La Turquie a réduit les taxes à l’importation de 130 pour cent à 8 pour cent pour le blé, de 130 pour cent à 35 pour cent pour le maïs et de 100 pour cent à 0 pour l’orge. En Jordanie, le gouvernement continue de subventionner le prix blé, mais celui de l’orge ne bénéficie plus que d’une subvention partielle depuis octobre 2007. Le gouvernement a également intensifié les achats de blé sur les marchés mondiaux et annoncé son intention d’accroître les stocks afin de couvrir les besoins de consommation pendant 6 mois.

En Amérique latine et dans les Caraïbes, au Mexique, depuis janvier 2008, le gouvernement a achevé de supprimer les tarifs et contingents appliqués depuis 1994 en vue de protéger le maïs, les légumineuses, le lait et le sucre dans le cadre de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) conclu avec le Canada et les États-Unis. L’ Argentine a de nouveau ouvert le registre des exportations céréalières. Les quantités maximales de blé autorisées à l’exportation ont été fixées à 400 000 tonnes par mois pendant cinq mois, tandis que les exportateurs de maïs pourront enregistrer les exportations livrables à partir de la mi-février, mais les quantités n’ont pas encore été communiquées. Le Brésil envisage de diminuer ou de supprimer la taxe de 10 pour cent frappant les importations de blé en provenance de pays autres que l’Argentine, qui bénéficie déjà d'une exemption. Au Pérou, les taxes à l’importation du blé, du maïs et de toutes les farines, qui variaient de 17 à 25 pour cent, ont été abolies. En Équateur et en Bolivie, les gouvernements ont décidé de subventionner la production de pain.

En Europe, l’ UE a mis fin à l’obligation de mettre hors culture 10 pour cent des terres pour la campagne agricole de 2008 et a par la suite suspendu les droits frappant les importations de céréales (à l’exception de l’avoine, du sarrasin et du mil) à partir de décembre dernier jusqu’à la fin de la campagne de commercialisation en cours, qui s’achèvera en juin 2008. À compter de janvier 2008, la Fédération de Russie a relevé les droits à l’exportation du blé, qui sont passés de 10 pour cent à 40 pour cent (soit pas moins de 105€ la tonne). Les exportations de farine de blé ne sont toutefois soumises à aucune taxe et le pays aurait augmenté les exportations de farine. Le gouvernement envisage également de continuer à bloquer les prix des denrées de base, dont le pain, le lait, l’huile de tournesol et les œufs, jusqu’en mai 2008. L’ Ukraine envisage d’ajouter la farine de blé et de seigle à la liste des produits dont le prix est contrôlé par l’État. Le gouvernement envisage également d’accroître les contingents d’exportation de céréales, fixés à 1,2 million de tonnes en septembre 2007, pour les porter à 2,4-2,9 millions de tonnes à compter de mars 2008.

 

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