Le point sur les crises alimentaires

En Afrique de l'Ouest, les pluies tardives, les multiples vagues de sécheresse et les inondations ont réduit la production agricole de 2009, surtout dans le nord du Nigéria et dans le sud du Niger et du Tchad, ce qui pourrait avoir une incidence marquée sur les marchés céréaliers régionaux et entraîner de nouvelles hausses des prix. Les parcours ont également été touchés dans ces pays. Au Niger, une grande partie de la population risque de connaître des pénuries alimentaires en 2010 et aura besoin d'aide, car selon les prévisions, la production de pois dolique - principale source de revenus des agriculteurs - devrait être très médiocre. Des interventions de protection sociale, telles que des distributions ciblées, des ventes à prix subventionnés et des activités vivres-contre-travail ou espèces-contre-travail, seront nécessaires pendant la période de soudure, dans une mesure qui variera suivant le volume des disponibilités alimentaires et le manque de parcours des diverses zones.

En Afrique de l'Est, plus de 20 millions de personnes ont besoin de secours alimentaires d'urgence, les cultures et les parcours ayant souffert de plusieurs années consécutives de pluies insuffisantes, associées à la recrudescence des conflits et des déplacements. En Somalie, les troubles civils persistants continuent d'avoir une incidence négative sur la sécurité alimentaire et de perturber la distribution de l'aide alimentaire, pourtant essentielle. L'insuffisance des précipitations tombées pendant la campagne principale "gu" de 2009 a aggravé l'état des cultures et des troupeaux dans les régions du Centre, en certains endroits du Sud et à Hiran, Galgadud, Mudug, Nugal, Sool, Sanaag et Togdheer au nord-ouest. Le nombre de personnes ayant besoin de secours d'urgence - alimentaires et autres - jusqu'à décembre 2009 au moins est estimé à 3,6 millions, soit près de la moitié de la population totale. Au Kenya, environ 3,8 millions de personnes, qui vivent pour la plupart dans les zones pastorales et agricoles marginales, sont estimées en état d'insécurité alimentaire élevée ou extrême. Le degré d'insécurité alimentaire constaté actuellement est dû aux effets cumulés de plusieurs facteurs, notamment des précipitations inadéquates pendant quatre à cinq campagnes, les répercussions de la mauvaise récolte de 2008, la cherté des aliments et l'escalade des conflits au sujet des ressources en pâturages, qui ont nui gravement à la capacité d'adaptation des ménages. En Érythrée, le démarrage tardif des pluies de la campagne principale "kremti" a tempéré l'espoir d'une bonne récolte et a touché également les disponibilités de parcours et de fourrage, en particulier dans les régions au nord et au sud de la mer Rouge. En Éthiopie, les pluies "kremti" tardives, irrégulières et inférieures à la moyenne ont eu une incidence négative sur la superficie consacrée aux cultures à cycle long de la campagne "Meher" 2009, comme le maïs et le sorgho, et réduit les disponibilités de parcours en de nombreux endroits. En octobre, le nombre de personnes ayant besoin de secours alimentaires a été établi à 6,2 millions, contre 5,3 millions en mai. Au Soudan, la poursuite des troubles civils dans le Sud-Soudan et au Darfour aggrave la terrible situation que connaissent déjà des millions de personnes sur le plan de la sécurité alimentaire. Selon les estimations, quelque 5,9 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire dans l'ensemble du pays, les distributions d'aide alimentaire visant 3,8 millions de personnes touchées par le conflit dans le seul Darfour. En Ouganda, du fait des sécheresses consécutives et des troubles civils, environ 1,1 million de personnes ont besoin d'une aide alimentaire au Karamodja.

En Afrique australe, en dépit de l'amélioration globale de la sécurité alimentaire après les bonnes récoltes rentrées plus tôt dans l'année (mai-juin), certaines poches de vulnérabilité et d'insécurité alimentaire subsistent. La Mission conjointe FAO/PAM d'évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire au Zimbabwe a estimé que 2,8 millions de personnes ont besoin d'environ 228 000 tonnes d'aide alimentaire pour l'année se terminant en mars 2010. Le déficit vivrier total que connaît le pays, qu'il faudra combler par des importations, représente approximativement 20 pour cent de la totalité des besoins de consommation. En dépit de meilleures récoltes céréalières au Malawi, au Mozambique et à Madagascar, certains endroits des régions méridionales de ces trois pays ont toujours un accès limité à la nourriture et de faibles disponibilités, essentiellement du fait de la sécheresse qui a sévi pendant la campagne agricole. Au Swaziland et au Lesotho, les Comités d'évaluation de la vulnérabilité ont estimé qu'au total, respectivement 256 000 et 450 000 personnes connaissent des difficultés. La récession économique actuelle a aussi touché les envois de fonds en provenance d'Afrique du Sud, ce qui pourrait aggraver l'insécurité alimentaire des ménages bénéficiaires. Quelque 30 000 ressortissants de l' Angola ont été expulsés de la République démocratique du Congo en octobre et ont besoin de secours d'urgence.

Dans la région des Grands Lacs, la situation reste incertaine sur le plan de la sécurité dans le nord-est de la République démocratique du Congo, ce qui touche une grande partie de la population, qui a besoin d'une aide alimentaire et agricole; environ la moitié de la population est considérée comme étant exposée à une insécurité alimentaire modérée. Depuis septembre 2008, le conflit persistant a entraîné le déplacement de 540 000 personnes. Au niveau national, une aide alimentaire est fournie à plus de 1,1 million de personnes extrêmement vulnérables, des distributions de secours alimentaires d'urgence visant 154 000 personnes touchées par l'insécurité dans la province Orientale. Au Burundi, la cherté de denrées de base telles que la farine de manioc, les haricots et le maïs notamment, a une incidence négative sur un grand nombre de ménages - en particulier les foyers vulnérables du nord-est - qui subissent sécheresse après sécheresse depuis 2000. L'opération prolongée de secours et de redressement menée par le PAM est destinée à environ 1 million de bénéficiaires.

En Extrême-Orient, les récents cyclones, les inondations et les sécheresses, qui sont venus s'ajouter aux conflits persistants et aux troubles civils, ont touché un grand nombre de personnes. Aux Philippines, près de 2 millions de personnes ont été victimes de la tempête tropicale Ketsana qui a frappé l'île de Luzon, au nord, le 26 septembre 2009 et provoqué de fortes inondations dans cette région grande productrice de riz. Le gouvernement a déclaré « l'état de catastrophe » dans les 25 provinces de l'île et sollicité l'aide de la communauté internationale. Un appel conjoint gouvernement/ONU a été lancé en vue de mobiliser 25 800 tonnes de nourriture destinées à 1 million de personnes parmi les plus touchées. Au Myanmar, le gouvernement et ses partenaires ont dernièrement demandé 103 millions d'USD pour aider à répondre aux besoins essentiels pour le redressement des zones touchées par le cyclone Nargis l'an dernier. À Sri Lanka, la sécurité s'est considérablement améliorée suite à la fin, en mai 2009, de la guerre qui sévissait dans le pays depuis 25 ans. Toutefois, près de 300 000 réfugiés se trouvent toujours dans des camps pour PDI. En dépit de disponibilités vivrières supérieures à la moyenne au niveau national, l'insécurité alimentaire persiste dans le nord et l'est du pays touchés par la guerre, car la réinstallation des PDI et la relance de l'appareil de production prennent du temps. La cherté des aliments a contribué à l'insécurité alimentaire, surtout pour la population à faible revenu. En République populaire démocratique de Corée, la récolte de la campagne principale en cours a été moins que satisfaisante, et l'insécurité alimentaire chronique persiste. La Mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire menée à la fin 2008 a confirmé la dégradation importante de la sécurité alimentaire dans la plupart du pays. Les pauvres, en particulier ceux qui vivent dans les zones urbaines, continuent de pâtir de la flambée des prix des aliments. Bien que les disponibilités vivrières soient globalement satisfaisantes au Pakistan, la grave insécurité qui règne dans les zones tribales fédéralement administrées et dans la province de la Frontière du Nord-Ouest a provoqué un déplacement de population important, et jusqu'à 2 millions de PDI sont touchés par l'insécurité alimentaire depuis août 2008. Au Népal, suite aux pertes élevées de la récolte de blé, la sécurité alimentaire s'est dégradée en de nombreux endroits du pays. Selon les rapports, jusqu'à 2,7 millions de personnes ont été touchées par le temps sec hivernal, la cherté des aliments et des catastrophes naturelles telles qu'inondations et glissements de terrain. Au Bangladesh, des difficultés concernant les approvisionnements alimentaires et l'accès aux marchés persistent en certains endroits. Le cyclone Alia a touché une partie du littoral bengali le 25 mai 2009, provoquant des raz-de-marée et des inondations qui ont touché environ 4 millions de personnes. La sécurité alimentaire des groupes vulnérables a en outre souffert de la flambée des prix des aliments.

Au Proche-Orient, la sécurité alimentaire périclite dans les gouvernorats de Sa'ada et Amran au nord du Yémen où, du fait de l'escalade du conflit, le nombre de PDI est passé de 100 000 à 150 000 ces trois derniers mois. Une Opération d'urgence déjà approuvée par le PAM a été récemment révisée pour accroître le nombre de bénéficiaires: il est prévu désormais de fournir 22 000 tonnes de vivres supplémentaires jusqu'en juin 2010. En Afghanistan, grâce à la récolte abondante rentrée en mai-juin, les disponibilités alimentaires ont considérablement augmenté. Toutefois, l'insécurité alimentaire reste généralisée dans le pays du fait des conflits de longue date et persistants, qui entraînent des pertes de revenus et de biens depuis de nombreuses années. Le PAM a lancé une Opération prolongée de secours et de redressement, au titre de laquelle quelque 318 000 tonnes de vivres ont été demandées, en faveur d'environ 8,8 millions de bénéficiaires en 2009.

Dans la sous-région de l' Amérique centrale et des Caraïbes, certains départements dans le sud du Guatemala ont été touchés par un sécheresse estivale particulièrement longue, qui a eu une incidence néfaste sur les moyens de subsistance des petits agriculteurs du couloir aride de l'Oriente. Cette région comprend huit départements: Baja Verapaz, El Progreso, Zacapa, Chiquimula, Jutiapa, Santa Rosa, Jalapa et Quiché, où se trouvent la plupart des terres gravement dégradées. Une Mission conjointe FAO/PAM devrait se rendre dans le pays au début novembre pour évaluer les disponibilités vivrières totales, la production et l'accès à la nourriture des populations touchées par la sécheresse. Les fortes précipitations tombées début novembre ont mis un terme à la sécheresse. La tempête tropicale Ida, qui s'est transformée en ouragan, a frappé la côte caribéenne du Nicaragua puis le El Salvador, provoquant des pluies violentes, des glissements de terrain et le débordement des fleuves. Des pertes de vie humaine, des déplacements de population et des dégâts aux habitations et au secteur agricole sont signalées. Des difficultés logistiques entravent l'accès à la population touchée.