La situation des marchés des produits agricoles 2022

Partie 1 LES RÉSEAUX COMMERCIAUX MONDIAUX ET RÉGIONAUX

À quel point le marché mondial des produits alimentaires et agricoles est-il résilient face aux chocs du système?

La pandémie de covid-19 qui a éclaté début 2020 a mis à l’épreuve la résilience du réseau des échanges de produits alimentaires et agricoles en 2020 et 2021j. La pandémie et les mesures prises par les gouvernements partout dans le monde pour la contenir ont simultanément ébranlé tous les aspects du système agroalimentaire. Le choc s’est répercuté sur la demande, l’approvisionnement, la logistique et le commerce des produits alimentaires et agricoles, ainsi que sur leurs intrants de production. Globalement, et malgré les nombreux défis, le marché de ces produits s’est révélé remarquablement résilient face au choc. En réalité, au niveau mondial, les seuls effets visibles ont été les perturbations de courte durée qui ont affecté les échanges commerciaux au début de la pandémie et lors des restrictions de déplacement imposées dans le monde pendant les mois de mars et d’avril 202039, 40, 41.

Une connectivité accrue entre les pays peut renforcer la capacité tampon du réseau mondial des échanges de produits alimentaires et agricoles. Les pays bien intégrés au réseau mondial et riches de nombreux liens commerciaux peuvent tirer parti du commerce en mettant à profit leur avantage comparatif à l’échelle mondiale (voir la partie 2). La sécurité alimentaire, la diversité des denrées fournies et la croissance économique s’en trouvent alors renforcées, ce qui soulage la pression sur les ressources naturelles (voir la partie 3). Une connectivité plus élevée contribuerait à la résilience de la production face aux chocs intérieurs et aux chocs se produisant dans les pays exportateurs.

À l’échelle d’un pays, les perturbations soudaines affectant la production alimentaire intérieure, par exemple des événements climatiques extrêmes ou des crises politiques, peuvent être efficacement atténuées par des ajustements au niveau des quantités achetées et vendues, dans la perspective d’assurer la sécurité alimentaire42. De cette façon, les chocs spécifiques à des pays ou à des régions en particulier peuvent être partiellement neutralisés à l’échelle mondiale. On voit que le commerce est potentiellement un outil puissant pour lisser les fluctuations de la demande mondiale et, partant, pour réduire la volatilité des prix. Toutefois, avec la dépendance croissante vis-à-vis des importations, une plus forte connectivité entre les pays, par le biais du commerce, peut aussi constituer une voie royale pour transmettre les chocs négatifs et accroître la vulnérabilité, au lieu de contribuer à la résilience43, 44, 45, 46. Les effets sur les pays importateurs peuvent être aggravés et entraîner des perturbations en cascade du commerce si d’autres pays du réseau réagissent en imposant des restrictions à l’exportation ou d’autres mesures, exacerbant ainsi la montée en flèche des prix47, 48, 49, 50. Cela dit, les pays fortement dépendants des importations, qui ne peuvent compter que sur quelques grands partenaires commerciaux pour se procurer des produits alimentaires, restent plus vulnérables aux chocs affectant l’un de leurs partenaires que les pays mieux connectés, qui sont plus facilement en mesure de s’approvisionner en denrées alimentaires auprès d’autres partenaires51.

Au niveau mondial, le degré de vulnérabilité des pays face aux chocs survenant sur les marchés extérieurs dépend de nombreux facteurs. L’un des facteurs déterminants est la structure du réseau commercial. Si quelques grands acteurs dominent le réseau et que de nombreux autres pays sont connectés à ces centres mais pas entre eux, les chocs qui affectent ces grands acteurs peuvent facilement se transmettre à l’ensemble du réseau, voire être amplifiés par les chaînes de valeur mondiales (voir l’encadré 1.3 au sujet des conséquences potentielles de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire). Un choc infligé au système peut se dissiper lorsque tous les pays (ou une grande partie des pays) du réseau sont connectés à de nombreux autres partenaires commerciaux52, 53, 54, 55.

Une analyse de réseau passant par l’évaluation de la connectivité des pays et de la répartition de cette connectivité à travers le monde peut mettre en lumière le degré de vulnérabilité du réseau mondial des commerce des produits alimentaires et agricoles face aux chocs. En 1995, seuls quelques pays étaient en situation de forte connectivité au réseau; ils apparaissent à l’extrémité droite des courbes de répartition de la figure 1.14. La plupart des pays (à l’extrémité gauche des courbes de répartition) n’étaient pas bien intégrés aux marchés mondiaux et sont restés en périphérie du réseau commercial.

FIGURE 1.14RÉPARTITION DE LA CONNECTIVITÉ ENTRE LES PAYS, DONNÉES NORMALISÉES, 1995-2019

SOURCE: Jafari, Y., Engemann, H. et Zimmermann, A. 2022. The evolution of the global structure of food and agricultural trade: Evidence from network analysis. Document d’information élaboré pour le rapport La situation des marchés des produits agricoles 2022. Rome, FAO.
NOTE: Les pays dont la connectivité est élevée sont situés à l’extrémité droite des courbes, et ceux dont la connectivité faible à l’extrémité gauche. En 1995, très peu de pays étaient fortement connectés. Depuis 2007, ces pays sont beaucoup plus nombreux, et le marché des produits alimentaires et agricoles est devenu plus symétrique.
SOURCE: Jafari, Y., Engemann, H. et Zimmermann, A. 2022. The evolution of the global structure of food and agricultural trade: Evidence from network analysis. Document d’information élaboré pour le rapport La situation des marchés des produits agricoles 2022. Rome, FAO.

De 1995 à 2007, alors que le processus de libéralisation s’opérait, de plus en plus de pays ont multiplié leurs liens commerciaux directs et indirects avec un plus grand nombre de pays. La répartition des liens commerciaux mondiaux s’est alors nettement équilibrée (à la figure 1.14, la courbe de répartition de 2017 est plus plane et ses deux extrémités sont symétriques, ce qui lui donne une forme de cloche). En l’espace de 12 ans, le réseau des échanges est passé d’une structure centre/périphérie profondément marquée à un système plus symétrique, équilibré et résilient. De 2007 à 2019, la structure du réseau est restée stable, sans changement notable.

Prendre en compte non seulement le nombre de liens commerciaux par pays à l’échelle mondiale mais aussi la valeur des échanges réalisés par l’intermédiaire de ces liens (c’est-à-dire l’intensité des échanges commerciaux) offre des informations supplémentaires sur la structure du réseau mondial du commerce des produits alimentaires et agricoles et sur sa résilience. Entre 1995 et 2007, l’intensité des échanges commerciaux s’est répartie plus équitablement entre les pays (la courbe de la figure 1.15 s’aplanit en 2007), mais le réseau n’a pas tellement gagné en équilibre (les extrémités des courbes de distribution ne sont pas symétriques). Si de nombreux pays participent au commerce international des produits alimentaires et agricoles, ils ne sont que quelques-uns à échanger la majeure partie de la valeur.

FIGURE 1.15RÉPARTITION DE L’INTENSITÉ DU COMMERCE ENTRE LES PAYS, DONNÉES NORMALISÉES, 1995-2019

SOURCE: Jafari, Y., Engemann, H. et Zimmermann, A. 2022. The evolution of the global structure of food and agricultural trade: Evidence from network analysis. Document d’information élaboré pour le rapport La situation des marchés des produits agricoles 2022. Rome, FAO.
NOTE: Les pays dont l’intensité des échanges est élevée sont situés à l’extrémité droite des courbes, et ceux dont cette intensité est faible, à l’extrémité gauche. En 1995, le marché des produits alimentaires et agricoles était fortement concentré sur quelques pays, l’intensité des échanges de la majorité des pays étant alors faible. Depuis 2007, les pays étaient plus nombreux à avoir accru cette intensité, mais le marché est resté relativement concentré.
SOURCE: Jafari, Y., Engemann, H. et Zimmermann, A. 2022. The evolution of the global structure of food and agricultural trade: Evidence from network analysis. Document d’information élaboré pour le rapport La situation des marchés des produits agricoles 2022. Rome, FAO.

La répartition de l’intensité des échanges commerciaux entre les pays suggère par ailleurs que l’évolution vers un système commercial plus stable a atteint un plateau en 2007. Certains chiffres révèlent même une hausse de la concentration entre 2013 et 201956. En 1995 et en 2019, la plupart des pays les mieux connectés et dont le commerce affichait la densité la plus élevée se situaient en Europe, en Amérique du Nord et en Asie de l’Est. La plupart des pays dont la connectivité était faible et le commerce peu intense (à l’extrémité gauche des courbes des figures 1.14 et 1.15) étaient les PEID et les PDSL. Comme ces pays sont petits et isolés géographiquement, ils sont plus vulnérables face aux chocs susceptibles d’intervenir sur leurs marchés intérieurs ainsi que sur les marchés de leurs partenaires commerciaux.

Les ensembles commerciaux jouent aussi un rôle important, car ils influent sur la manière dont un choc subi par un pays peut se propager au réseau mondial. Par exemple, si l’épicentre d’un choc se trouve au sein d’un ensemble régional, les pays de cet ensemble sont plus directement touchés que ceux qui n’y appartiennent pas, car ils subissent une baisse d’approvisionnement de la part de leurs partenaires commerciaux, ainsi qu’une hausse des prix. Les pays en dehors de l’ensemble épicentral, quant à eux, sont indirectement touchés par la hausse des prix à l’échelle internationale et par les éventuelles interventions commerciales de leurs propres partenaires commerciaux57.

Dans l’ensemble, la période de 1995 à 2007 a vu le réseau des échanges se connecter et se diversifier davantage, ce qui est sans équivoque et suggère une meilleure résilience du système face aux chocs subis par les marchés des produits alimentaires et agricoles au niveau global. Il semblerait aussi, même si sur ce point les données ne vont pas toutes dans le même sens, que la période de 2013 à 2019 ait été marquée par une légère baisse de la résilience du réseau, qui serait due en partie à une régionalisation accrue, mais aussi à un fléchissement des échanges commerciaux entre grandes économies à cause de tensions commerciales58. Toutefois, lorsque seuls quelques pays concentrent les exportations de denrées alimentaires de base (prises individuellement) et que des chocs surviennent dans les pays exportateurs (par exemple sous l’effet d’événements climatiques extrêmes ou de conflits militaires), les conséquences pour la sécurité alimentaire de leurs partenaires commerciaux peuvent être graves (voir encadré 1.3)k.

Encadré 1.3La guerre en Ukraine et la résilience du réseau mondial des produits alimentaires et agricoles

En cas de perturbations subies par un grand exportateur, la résilience peut être mieux équilibrée au niveau global, pour l’ensemble des produits alimentaires et agricoles – grâce à une augmentation des importations en provenance d’autres pays –, que pour un produit donné. Dans le cas d’un produit en particulier, tel que le blé, seuls quelques pays bénéficient d’un avantage comparatif et en sont les principaux exportateurs, ce qui peut donner lieu à une forte dépendance des autres pays du réseau à l’égard de ces exportateurs essentiels75.

Si le marché mondial des produits alimentaires et agricoles a gagné en équilibre et en résilience au niveau global, des dépendances considérables persistent au niveau des produits, en particulier en ce qui concerne les produits alimentaires de base. La figure 1.16 montre que si la résilience s’est renforcée entre 1995 et 2007, la répartition des liens commerciaux au niveau des produits demeure bien moins équilibrée que la répartition des liens commerciaux globaux à l’échelon des pays (comme le montre aussi la figure 1.14). Seuls quelques pays font appel à un grand nombre d’exportateurs différents pour s’approvisionner en une grande variété de produits alimentaires et agricoles. Les importations de la plupart des pays sont plus concentrées: elles portent sur un plus petit éventail de produits et sont obtenues auprès d’un nombre limité de partenaires commerciaux.

FIGURE 1.16RÉPARTITION DE LA CONNECTIVITÉ ENTRE LES PRODUITS ET LES PAYS, DONNÉES NORMALISÉES, 1995-2019

SOURCE: Jafari, Y., Engemann, H. et Zimmermann, A. 2022. The evolution of the global structure of food and agricultural trade: Evidence from network analysis. Document d’information élaboré pour le rapport La situation des marchés des produits agricoles 2022. Rome, FAO.
NOTE: Les pays dotés de nombreux liens commerciaux par pays et par produit, qui s’approvisionnent en une grande variété de produits alimentaires et agricoles auprès de nombreux exportateurs différents, sont situés à l’extrémité droite de la courbe, et ceux qui s’approvisionnent auprès d’un plus petit nombre d’exportateurs sont situés à l’extrémité gauche. En 1995, le commerce était fortement concentré sur quelques produits et quelques pays. Depuis, la résilience des importations au niveau des pays et des produits s’est améliorée, mais des dépendances subsistent.
SOURCE: Jafari, Y., Engemann, H. et Zimmermann, A. 2022. The evolution of the global structure of food and agricultural trade: Evidence from network analysis. Document d’information élaboré pour le rapport La situation des marchés des produits agricoles 2022. Rome, FAO.

La figure 1.17 montre que le nombre de liens commerciaux des régions Afrique et Amérique latine et Caraïbes sur le marché des produits alimentaires et agricoles est généralement inférieur à la moyenne. Si de nombreux pays d’Amérique latine et des Caraïbes sont des exportateurs nets de produits alimentaires, les pays d’Afrique (en particulier d’Afrique du Nord) en sont généralement importateurs nets. Or, dépendre des importations d’un faible éventail de produits auprès d’un nombre limité d’exportateurs compromet la résilience face aux chocs susceptibles d’affecter les pays exportateurs et l’approvisionnement.

FIGURE 1.17CONNECTIVITÉ PAR PRODUIT ET PAR PAYS, AU NIVEAU DES PAYS, 2019

SOURCE: Jafari, Y., Engemann, H. et Zimmermann, A. 2022. The evolution of the global structure of food and agricultural trade: Evidence from network analysis. Document d’information élaboré pour le rapport La situation des marchés des produits agricoles 2022. Rome, FAO. Conforme à la carte n° 4170 Rev. 19, Organisation des Nations Unies (octobre 2020).
NOTE: Les couleurs plus foncées indiquent les pays dotés de nombreux liens par produit et par pays, qui s’approvisionnent en une grande variété de produits alimentaires et agricoles auprès de nombreux exportateurs différents. Une nuance plus claire indique les pays qui s’approvisionnent en un éventail plus restreint de produits auprès d’un nombre plus restreint d’exportateurs.
SOURCE: Jafari, Y., Engemann, H. et Zimmermann, A. 2022. The evolution of the global structure of food and agricultural trade: Evidence from network analysis. Document d’information élaboré pour le rapport La situation des marchés des produits agricoles 2022. Rome, FAO. Conforme à la carte n° 4170 Rev. 19, Organisation des Nations Unies (octobre 2020).

Dépendre d’un petit nombre de partenaires commerciaux peut engendrer des déséquilibres et des vulnérabilités face aux chocs, tant dans les pays importateurs qu’exportateurs. Une étude a montré qu’au sein du réseau du commerce des céréales, qui ne compte que quelques grands exportateurs, les pays étaient moins résilients en cas de perturbations, comme on a pu l’observer pendant la crise alimentaire mondiale de 2007-2008 et lors de la phase de flambée des prix de 2010-2011, où plusieurs grands producteurs ont imposé des restrictions à l’exportation76.

De fait, ce réseau a été mis en évidence comme étant l’un des réseaux commerciaux les plus vulnérables, au niveau des produits, en cas de choc intervenant chez un des exportateurs principaux, tels que la Fédération de Russie, l’Ukraine et certains pays d’Amérique du Nord et d’Europe occidentale77.

Les analyses du réseau mondial du blé ont montré que la résilience de celui-ci s’était accrue entre 2009 et 2013, mais certains pays en développement sont devenus plus dépendants des importations et donc plus vulnérables en cas de choc dans les pays exportateurs. Les pays d’Afrique du Nord ainsi que d’Asie de l’Ouest et de l’Est seraient plus sensibles aux chocs liés à l’offre de blé. Par exemple, au début des années 2010, les pertes de rendement induites par la vague de chaleur en Fédération de Russie, ainsi que les restrictions à l’exportation qui en ont résulté, auraient contribué à la hausse des prix du blé à l’origine de troubles sociaux dans ces pays78, 79, 80.

La Fédération de Russie et l’Ukraine font partie des plus grands exportateurs de certains produits agricoles au niveau mondial. En 2021, l’un ou l’autre de ces pays, voire les deux, se sont trouvés parmi les trois premiers exportateurs mondiaux de blé, d’orge, de maïs, de colza et d’huile de colza, de graines de tournesol et d’huile de tournesol. La Fédération de Russie était aussi l’un des trois premiers exportateurs mondiaux d’engrais. Des préoccupations ont ainsi été soulevées quant aux risques de propagation de la guerre en Ukraine (qui a commencé en février 2022) au-delà de la région.

À la fin du mois de mars 2022, la guerre avait déjà causé d’importants dégâts et des pertes en vies humaines dans les principaux foyers de population d’Ukraine, s’était étendue aux zones rurales et avait entraîné des déplacements massifs. Si la violence a connu une escalade rapide, il reste extrêmement difficile de prévoir l’évolution du conflit et ses conséquences sur les vies, les moyens d’existence, la sécurité alimentaire et la nutrition. À l’heure où nous écrivons, nous ignorons par ailleurs si l’Ukraine sera en mesure d’effectuer ses récoltes, d’en planter de nouvelles ou de maintenir sa production dans le secteur de l’élevage au fur et à mesure de l’évolution du conflit. La guerre a déjà entraîné la fermeture des ports, la suspension des opérations de broyage des graines oléagineuses et la mise en place de restrictions des exportations de certaines cultures et de certains produits alimentaires. Autant d’éléments qui portent un coup aux exportations de céréales et d’huile végétale du pays.

Beaucoup d’incertitudes entourent aussi l’avenir des exportations de la Fédération de Russie, étant donné les difficultés de vente qui vont probablement résulter des sanctions économiques imposées au pays et leur incidence sur les futures décisions de plantation.

La Fédération de Russie et l’Ukraine sont des fournisseurs essentiels pour de nombreux pays fortement dépendants des denrées alimentaires et des engrais importés. Plusieurs de ces pays appartiennent au groupe des pays les moins avancés, et beaucoup d’autres à celui des pays à faible revenu et à déficit vivrier.

Par exemple, en 2021, l’Érythrée a fait venir l’intégralité de ses importations de blé de la Fédération de Russie (53 pour cent) et d’Ukraine (47 pour cent). De nombreux pays d’Amérique du Nord, ainsi que d’Asie de l’Ouest et d’Asie centrale, sont aussi fortement dépendants des importations de blé de ces deux pays. Dans l’ensemble, plus de 30 importateurs nets de blé dépendent d’eux pour répondre à plus de 30 pour cent de leurs besoins en blé importé.

Nombre de ces pays souffraient déjà des effets négatifs de la montée internationale des prix des produits alimentaires avant la guerre. À l’échelle mondiale, si celle-ci donne lieu à une baisse soudaine et prolongée des exportations de denrées alimentaires en provenance de la Fédération de Russie et de l’Ukraine, elle exercera une pression supplémentaire, à la hausse, sur les prix des produits alimentaires au niveau international, au détriment en particulier des pays économiquement vulnérables.

La guerre devrait aussi avoir pour effet d’accroître les besoins humanitaires de l’Ukraine, tout en creusant ceux des millions de personnes qui, avant cette escalade de la violence, étaient déjà déplacées ou avaient besoin d’assistance en raison du conflit de plus de huit ans qui touchait la partie orientale du pays. En restreignant directement la production agricole, en limitant l’activité économique et en provoquant une augmentation des prix, la guerre a encore rogné le pouvoir d’achat des populations locales, avec pour conséquence des hausses de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. Les besoins humanitaires dans les pays voisins, où les populations déplacées cherchent refuge, ont aussi fortement augmenté.

Assurer et renforcer la transparence du marché est essentiel pour fournir des informations en temps voulu sur les goulots d’étranglement et les dysfonctionnements potentiels, et pour offrir des solutions de remplacement. Le dialogue sur les politiques devrait être renforcé afin de faire en sorte que les marchés mondiaux des produits alimentaires et agricoles continuent de fonctionner correctement et que le commerce de ces produits reste fluide. Les pays qui dépendent des importations de produits alimentaires en provenance de la Fédération de Russie et de l’Ukraine doivent trouver d’autres exportateurs pour se fournir. Ils devraient aussi prélever dans les réserves alimentaires existantes et accroître la diversité de leur base de production intérieure.

Adapté des documents suivants: FAO. 2022. The importance of Ukraine and the Russian Federation for global agricultural markets and the risks associated with the war in Ukraine. Note d’information. Version actualisée le 10 juin 2022. Rome, FAO; FAO. 2022. Ukraine: Note on the impact of the war on food security in Ukraine. 10 juin 2022. Rome, FAO; Torero, M. 2022. «Russia’s invasion of Ukraine should not cause a hunger crisis», article d’opinion. Los Angeles Times, 4 mars 2022.

Diverses raisons peuvent expliquer une forte concentration au sein des réseaux commerciaux dans les secteurs alimentaires et agricoles. La proximité géographique joue un rôle important. Les avantages comparatifs, les politiques commerciales, les coûts liés au commerce et la richesse en ressources naturelles sont autant de facteurs qui permettent à certains pays de réaliser davantage d’échanges commerciaux que les autres, ce qui se traduit par une concentration de la production dans un nombre relativement restreint de pays (voir les parties 2 et 3).

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