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ANNEXE D

Allocution du Directeur général

Votre Altesse Sheikh Abdalla Bin Khalifa Al-Thani, Premier Ministre de Qatar
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les délégués,
Mesdames et Messieurs,

C'est un grand plaisir pour moi de m'adresser à vous à l'occasion de la vingt-septième Conférence régionale de la FAO pour le Proche-Orient qui se tient dans cette ville de Doha à l'aimable invitation du gouvernement du Qatar. Au nom de l'Organisation et en votre nom à tous, je voudrais exprimer à Son Altesse Sheikh Hamad Bin Khalifa Al-Thani et à son gouvernement toute ma gratitude pour leur accueil chaleureux et leur hospitalité.

Altesse, Excellences, Mesdames et Messieurs,

(Situation de l'alimentation et de l'agriculture dans le monde)

Durant la première moitié des années 90, le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde a baissé de 37 millions. En revanche, durant la seconde moitié de la décennie, il a augmenté de 18 millions. Les avancées positives dans un grand nombre de pays se heurtent à un recul dans plusieurs autres. En 1999-2001, il y avait 842 millions de personnes sous-alimentées dans le monde, dont 798 millions dans les pays en développement, 34 millions dans les pays en transition et 10 millions dans les pays industrialisés. A ce rythme, l'objectif du Sommet mondial de l'alimentation de diminuer de moitié le nombre de personnes qui ont faim, avant 2015, ne serait atteint qu'en 2150.

En 2003, l'utilisation mondiale de céréales a avoisiné 1 milliard 970 millions de tonnes, dépassant la production de 100 millions de tonnes.

Les prix de nombreux produits d'exportation des pays en développement sont plus bas que jamais. En outre, 43 pays tirent d'un seul produit agricole plus de 20 pour cent de leurs recettes totales d'exportation et plus de 50 pour cent de celles des produits agricoles.

Après l'échec de la Conférence ministérielle de Cancún, les négociations ont repris à l'issue de la réunion du Conseil général de l'OMC en décembre 2003. L'engagement à réaliser le Programme de Doha pour le développement dans le secteur agricole a été confirmé à la Table ronde organisée sur ce thème durant la 32ème Conférence de la FAO, car une politique d'équité commerciale est indispensable au développement rural et à la sécurité alimentaire. À cet égard, le rôle du Comité des produits de la FAO est plus important que jamais. C'est dans ce cadre que je souhaite inviter les représentants des ministères du commerce à la prochaine session de ce Comité en février 2005.

Aux prix constants de 1995, l'aide extérieure au développement du secteur agricole est passée de 27 milliards de dollars EU à 10 ou 15 milliards au cours des années 90, alors qu'il faudrait doubler ce montant et accroître la part de l'agriculture dans les budgets nationaux pour accélérer sensiblement les progrès dans la réduction de la sous-alimentation.

(Tables rondes sur le financement du développement agricole)

C'est pour mobiliser de telles ressources financières que la FAO a décidé, notamment, d'organiser conjointement avec les banques régionales de développement, des tables rondes sur le financement de l'agriculture, en marge de chacune des Conférences régionales de 2004 dans les régions en développement.

(Sommet mondial de l'alimentation: cinq ans après)

Au cours du Sommet mondial de l'alimentation: cinq ans après de juin 2002 à Rome, les chefs d'État et de gouvernement ont décidé d'accélérer la mise en application du Plan d'action du Sommet et ont appelé à la constitution d'une Alliance internationale contre la faim.

Des alliances nationales sont donc en création dans les pays membres pour mobiliser les gouvernements, les parlements, les ONG, la société civile, le secteur privé et les organisations professionnelles agricoles.

(Agriculture)

Les pays en développement doivent relever le défi de la productivité agricole et de la compétitivité des marchés pour améliorer leur sécurité alimentaire.

Actuellement, les sols subissent une dégradation accélérée, touchant 21 millions d'hectares de terres arables. Dans les zones arides et semi-arides qui couvrent 45 pour cent de la superficie de la planète, la gestion intégrée des terres, des eaux et des fertilisants peut diminuer sensiblement ce phénomène.

L'agriculture urbaine et périurbaine ainsi que les microjardins scolaires et familiaux permettraient d'améliorer rapidement l'état nutritionnel des groupes pauvres de la population avec des investissements relativement modestes. La FAO a entrepris de tels projets dans toutes les régions du monde, notamment avec les ressources du Programme de coopération technique et des fonds TeleFood.

Pour sa part, l'élevage fait vivre environ 800 millions de ruraux pauvres et permet de satisfaire 30 à 40 pour cent des besoins alimentaires totaux.

Les maladies transfrontières des animaux, comme les fièvres aphteuses, hémorragiques et de la vallée du Rift, la peste porcine, la péripneumonie contagieuse bovine, et l'influenza aviaire, constituent des motifs de préoccupation pour le commerce et la santé publique. Pourtant, il y a des progrès certains dans ce domaine. La lutte contre les anciennes et les nouvelles épidémies est un défi majeur que la FAO et ses partenaires s'efforcent de relever dans le cadre du Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES).

Le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture a déjà été ratifié par 34 pays. Il entrera en vigueur quand ce nombre atteindra 40 pays, probablement durant le premier semestre 2004.

(Forêts)

Une réunion ministérielle sur la foresterie sera organisée à Rome en 2005, pour étudier les recommandations des Commissions régionales et prendre des décisions stratégiques sur l'avenir du secteur, notamment pour renforcer la lutte contre les incendies de forêts.

(Pêche)

Dans le secteur des pêches, près de 10 pour cent des stocks mondiaux de poisson sont épuisés et 18 pour cent sont surexploités, notamment du fait de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, de nouvelles technologies plus efficaces, et de la surcapacité des flottes de pêche. Cette situation est aggravée par l'absence de suivi et de surveillance des navires, notamment par satellite au moyen de radiobalises.

La FAO va donc convoquer une réunion des Ministres des pêches au siège de l'Organisation en 2005, pour relancer les actions nécessaires dans ce domaine.

(Développement agricole durable)

Dans le domaine de l'agriculture et du développement rural durable, la FAO procède à l'élaboration d'un projet de quatre ans pour les régions montagneuses.

La Conférence internationale des petits États insulaires en développement aura lieu à l'île Maurice en août 2004. La FAO participe activement à cette initiative, et va organiser une Conférence ministérielle sur le développement de l'agriculture des petits États insulaires, à Rome en 2005.

Les femmes, qui pourtant contribuent pour 60 pour cent à la production agricole dans les pays en développement, ont un accès inégal aux ressources productives. La FAO s'efforce de faire face à ce problème, en élaborant des indicateurs spécifiques pour des politiques appropriées.

(Situations d'urgence)

A la fin de 2003, 38 pays connaissaient des pénuries alimentaires graves nécessitant une assistance internationale. Pourtant, l'aide alimentaire en céréales est tombée à 7,4 millions de tonnes en 2001-2002, soit 23 pour cent de moins qu'en 2000-2001.

Huit millions de petits agriculteurs et de travailleurs agricoles sont décédés du VIH/SIDA entre 1985 et 2000 dans les 25 pays les plus touchés. La FAO participe à la lutte contre cette pandémie en procédant à des études d'impact sur la sécurité alimentaire et en développant des techniques de production agricole moins intensives en main d'œuvre.

Votre Altesse,
Excellences,
Mesdames, Messieurs

(Situation de l'alimentation et de l'agriculture dans la région)

Le Proche-Orient comprend des pays aux conditions climatiques variées, disposant de ressources hétérogènes et ayant atteint des niveaux différents de développement économique. Cependant, les défis qu'ils doivent relever présentent de nombreuses analogies, ce qui justifie la recherche de solutions communes adaptables aux conditions spécifiques de chacun.

Pour l'ensemble de la région, l'agriculture représente 13 pour cent du produit intérieur brut et emploie 36 pour cent de la population, pourtant elle ne compte que pour 3 pour cent des budgets nationaux et devrait atteindre au moins 5 pour cent dans les cinq prochaines années.

Au cours des années 2002 et 2003, la région a connu plusieurs conflits entraînant une augmentation des personnes déplacées et des réfugiés, avec un impact négatif sur la production agricole, la sécurité alimentaire et l'environnement. Les pays producteurs de pétrole ont subi l'instabilité des prix du pétrole. D'autres pays ont été confrontés à une baisse des fonds provenant de leurs ressortissants travaillant à l'étranger, à un fléchissement des recettes du tourisme et à une diminution de l'assistance extérieure.

Près de 15 pour cent de la population totale de la région est sous-alimentée. Ce chiffre est parmi les plus bas des régions en développement mais il masque de grandes variations entre pays. Si cette situation est préoccupante car la proportion de la population sous-alimentée dans la région n'a pas diminué depuis 1990-92, certains pays ont déjà atteint l'objectif fixé lors du Sommet mondial de l'alimentation. Je suis convaincu que la région dans son ensemble peut aussi parvenir à cet objectif en 2015 en redoublant d'efforts.

La pénurie d'eau représente le plus grand défi pour l'agriculture de la région. Seize pays disposent de moins de 500 mètres cubes d'eau par habitant et par an sous forme de ressources hydriques internes renouvelables, contre 6000 mètres cubes en moyenne dans les pays en développement. La surconsommation actuelle et la détérioration des ressources en eau, conjuguées à la compétition croissante des utilisations non agricoles, auront une incidence sur la disponibilité et le coût de l'eau utilisée pour la production vivrière. En outre, presque tous les pays de la région connaissent des problèmes de salinité et d'engorgement des sols.

La dégradation des ressources naturelles est particulièrement marquée dans les zones à faible pluviométrie, qui représentent 70 pour cent des superficies de la région. La pression démographique, la mise en culture de zones marginales fragiles et l'utilisation inappropriée d'intrants ont contribué à la dégradation des écosystèmes.

La campagne 2002/2003 a cependant été positive grâce aux bonnes conditions météorologiques. La croissance de la production agricole a atteint 2,5 pour cent alors que les taux annuels au cours des trois années précédentes étaient négatifs, du fait de la sévère sécheresse qui a affecté la majeure partie de la région.

Sur le long terme, la tendance de la production vivrière par habitant de la région indique une légère amélioration.

Cependant, la production agricole reste inférieure à la demande, qui est en rapide expansion. La dépendance à l'égard des importations s'est accrue notamment pour les céréales, les produits laitiers, le sucre et l'huile végétale. La valeur moyenne des importations de produits agricoles était de l'ordre de 36,7 milliards de dollars EU en 2002, soit 3,5 fois le montant annuel des exportations de produits agricoles.

Les importations nettes de céréales sont passées de 6,5 millions de tonnes en 1960-1971 à 55 millions de tonnes en 1999. Elles pourraient atteindre 78 millions de tonnes d'ici 2010, soit la moitié des importations totales de l'ensemble des pays en développement.

(Situation d'urgence et réhabilitation)

Six pays de la région ont été confrontés à des crises alimentaires majeures en 2003 dues à des catastrophes naturelles ou des conflits.

Certains pays de la région ont dû aussi faire face à l'invasion de criquets pèlerins. Malgré les opérations de lutte antiacridienne, des essaims se sont formés dans plusieurs pays africains et ont gagné l'Algérie,le Maroc, le sud de l'Égypte, le nord de la mer Rouge, et l'Arabie Saoudite.

(Ordre du jour de la Conférence)

Votre Altesse,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

(Suite donnée au Sommet mondial de l'alimentation)

Le document sur le suivi du Sommet mondial de l'alimentation et du Sommet mondial de l'alimentation: cinq ans après, se concentre notamment sur le Programme régional pour la sécurité alimentaire au Proche-Orient. Il présente également les résultats de la réunion des organisations économiques régionales qui s'est tenue en juin 2002 à Rome, surtout la vision stratégique et l'appui régional aux efforts nationaux destinés à réduire la faim et la pauvreté dans les zones rurales.

(Pénurie en eau)

Votre attention est attirée sur la nécessité d'améliorer la gestion de la demande d'eau, notamment pour l'agriculture, qui est le principal secteur utilisateur. À cet égard, certaines des recommandations de la Conférence régionale sur la gestion de la demande d'eau tenue en Égypte en décembre 2003 dans le cadre de l'Année internationale de l'eau douce sont aussi pertinentes.

(Sécurité sanitaire des aliments et commerce international)

La sécurité sanitaire des aliments et le commerce international des produits agricoles revêtent une importance primordiale pour les pays de la région. Plusieurs ont le potentiel requis pour accroître leurs exportations d'aliments mais ils doivent ajuster leurs systèmes législatifs et réglementaires ainsi que la capacité de leurs institutions pour s'adapter aux normes internationales.

(Commission de la santé animale pour le Proche-Orient)

La Conférence est invitée à examiner un projet d'accord sur la création de la Commission régionale de la santé animale pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, avant sa soumission aux gouvernements.

(Table ronde sur le financement de l'agriculture)

Pour la première fois, une Table ronde a été organisée, en marge de la Conférence, en coopération avec la Banque islamique de développement, sur le financement de l'agriculture. Elle a promis de discuter des investissements dans les projets de développement agricole et des mesures pour augmenter la part de l'agriculture dans les budgets nationaux. À cet égard, le rôle des principaux partenaires dans le financement du secteur agricole et des activités rurales a été abordé.

(Un regard vers l'avenir et les principaux défis pour le Proche-Orient)

Votre Altesse,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

L'agriculture de la région est confrontée à de nombreux défis qu'il faut relever. Je souhaite en particulier souligner la nécessité d'assurer une utilisation efficace de l'eau. La lutte contre la sécheresse et la surveillance des changements climatiques font partie des mesures complémentaires à mettre en œuvre pour lutter contre la désertification.

Une attention particulière doit aussi être portée à l'accès aux terres des pasteurs nomades dans les régions arides et semi-arides.

Des réformes du système bancaire doivent être envisagées pour permettre aux agriculteurs, notamment les petits exploitants, d'avoir en temps voulu des crédits adéquats leur permettant d'acquérir des intrants, tout en garantissant la viabilité des institutions financières et le remboursement des crédits.

Il est en outre essentiel d'améliorer le système de commercialisation des aliments. Les pays doivent être en mesure de réduire notamment les pertes après récolte.

Avec le leadership adéquat et la volonté politique appropriée, les pays du Proche Orient peuvent relever ces défis. L'Organisation continuera à fournir son appui aux gouvernements et aux partenaires régionaux pour la mise en œuvre de programmes cohérents et efficaces et la mobilisation de sources de financement internes et externes. Elle place beaucoup d'espoir dans la coopération avec la Ligue arabe et les Unions économiques régionales pour la préparation et la mise en œuvre d'un programme régional pour la sécurité alimentaire.

Je souhaite plein succès à vos travaux et je vous remercie de votre aimable attention.

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