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INTRODUCTION

Depuis des temps très anciens, les insectes ont contribué de manière significative à l’alimentation de nombreuses populations et cultures. Les insectes comestibles sont très populaires chez les indiens d’Amérique du Nord (Sutton, 1988), au Mexique (Merle, 1958) comme dans de nombreuses cultures asiatiques (Chine, Japon) et africaines (Botswana, Zimbabwe, etc.). De nos jours, on peut aussi trouver des plats élaborés réalisés à partir des insectes dans les menus des restaurants de différents pays européens comme la France (Chen, Feng, 2002) et la Belgique.

Ces 10 dernières années, la reconnaissance du rôle des produits forestiers non ligneux (PFNL) comestibles dans la sécurité alimentaire, comme la viande de brousse et les fruits et champignons locaux, a considérablement augmenté. Malgré tout, les potentialités alimentaires des insectes comestibles sont mal connues bien que plusieurs études aient montré que les insectes contribuent de manière importante aux moyens d’existence des régions rurales comme urbaines. Dans de nombreuses cultures, les insectes sont consommés comme un supplément quotidien, un met délicat occasionnel ou un produit de substitution durant les pénuries alimentaires, les sécheresses, les inondations, les guerres, etc. Les insectes comestibles doivent être considérés comme une alternative potentielle plus importante dans les efforts d’améliorer la sécurité alimentaire et d’alléger la pauvreté en Afrique subsaharienne (de Foliart, 1992). La FAO note que les populations les plus pauvres récoltent les insectes et les autres PFNL, et que ces activités de récolte sont habituellement pratiquées par les femmes.

Les chercheurs et personnes qui travaillent dans le développement connaissent peu les moyens d’optimiser le potentiel des insectes, particulièrement ceux qui proviennent des forêts et qui sont comestibles. Les liens entre gestion des forêts et populations d’insectes sont encore moins connus ainsi que les impacts de la récolte des insectes sur la forêt et la biodiversité en général, et les modes alimentaires dans les régimes locaux liés aux évolutions de la disponibilité d’autres sources de protéines comme la viande (dont la viande de brousse), le poisson ou les noix d’arachide.

En 2002, le Programme des Produits forestiers non ligneux (PFNL) de la FAO, soulignant la prise de conscience du besoin de développer d’avantage la sensibilisation sur le potentiel des insectes comestibles dans les stratégies de survie des populations qui dépendent de la forêt, a lancé une étude afin de connaître leur rôle et leur importance dans les moyens d’existence locaux mais aussi pour répondre aux manques de connaissances sur ce sujet. Une priorité a été donnée au Bassin du Congo, région qui possède d’importantes ressources forestières, encore riches en faune et flore sauvages et dont le niveau de consommation à la fois en viande de brousse et en de nombreuses espèces d’insectes comestibles est important.

Des experts locaux du Cameroun, de la République centrafricaine, la République du Congo (Brazzaville) et la République démocratique du Congo (Kinshasa) ont été contractés pour produire des études de cas. Le sujet de ces études est principalement les chenilles, insectes les plus communs de la forêt qui peuvent être facilement récoltés. La plupart des chenilles se nourrissent des feuilles des arbres, celles-ci pouvant provenir d’espèces forestières de valeur comme le sapelli Entandrophragma angolense, il existe donc des liens essentiels entre les chenilles et l’écosystème forestier. Cela offre de nombreuses options de gestion forestière pour à la fois répondre aux besoins alimentaires locaux et de santé et à la productivité de l’écosystème forestier.

Ce document de travail est composé de deux parties. La Partie A propose une synthèse et la Partie B quatre études de cas. La synthèse des connaissances analyse les conclusions de ces quatre études et ajoute des exemples qui proviennent d’études sur d’autres régions. Elle fournit des éclairages sur les déficits de la recherche et donne quelques recommandations pour intégrer les insectes récoltés dans la forêt, dans les politiques de sécurité alimentaire et les stratégies de conservation des forêts de la région.

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