A. Oya et F. Roulleau
Programme National de Sélection Ovine
Béoumi
Côte d'Ivoire
HISTORIQUE
C'est à partir de 1976 qu'ont débuté en Côte d'Ivoire les premiers essais d'élevage rationnel appliqué au mouton Djallonké. La création des élevages du CNO de Béoumi et de la SODEPALM de Toumodi a permis de définir les normes techniques et sanitaires applicables à l'élevage ovin en race Djallonké.
Les résultats techniques intéressants obtenus dans cette race par ces élevages ont montré l'intérêt que de nombreux éleveurs pouvaient porter aux animaux améliorés et aux techniques d'élevage rationalisé.
C'est en 1983 que fut créé le Programme National de Sélection Ovine (PNSO). L'objectif principal de ce projet est l'amélioration du format et du poids commercial du mouton Djallonké. Pour parvenir à cet objectif, la voie choisie est la sélection et la large diffusion des béliers améliorateurs (voir Figure 1).
ORGANISATION DU PROGRAMME
Base de sélection
Le Programme de Sélection a choisi un certain nombre d'élevages performants (privés et d'Etat) formant une base de sélection. Le PNSO fait appliquer dans cette base de sélection une gestion des luttes et y dépose les béliers améliorateurs.
Lors des agnelages, les animaux sont identifiés et leurs performances controlées individuellement.
Les meilleurs agneaux mâles issus de ces luttes sont achetés par le PNSO au vu de leurs performances pondérales (poids 80 j >13 kg) et de leur conformation.
On effectue un choix général au niveau des troupeaux de la base de sélection qui doivent être le moins métissés possible et un choix individuel lors de l'achat des agneaux. On recherche:
des animaux eumétriques, médilignes et des profils rectilignes
oreilles et queue courtes (s'arrêtant au-dessus du jarret)
le poil est ras et les cornes (à l'âge adulte) forment une spirale et demie resserrée autour de la tête
Figure 1: Programme de sélection
les pendeloques doivent être absentes
les testicules unis dans un scrotum unique
la robe est blanche ou pie-noire ou pie-rouge avec une préférence pour les robes blanches ou pie-noires dans lesquelles les parties foncées sont réparties sur l'avant-main.
Station de sélection
Les agneaux mâles performants sont donc choisis à 3 mois et achetés par le projet. Ils sont ensuite tous amenés à la station de contrôle individuel de Bouaké. Après répartition, les animaux sont placés dans les meilleures conditions possibles en zéro-grazing permettant à tous d'extérioriser au mieux leurs potentialités propres.
A 6 mois, les agneaux atteignent un seuil de sélection. Les meilleurs (poids à 180 j >21 kg) continueront leur croissance en bergerie jusqu'à l an, date de leur première mise à la lutte.
Les animaux non retenus (poids à 180 j <21 kg) - ce qui correspond à 40 pour cent environ des effectifs - sont retirés de la sélection et destinés à la boucherie.
En ce qui concerne les animaux retenus, plusieurs catégories sont définies:
les animaux pesant plus de 36 kg à 1 an et dont la conformation est satisfaisante sont gardés pour assurer la lutte dans la base de sélection (première catégorie);
les animaux moins lourds (31 kg <poids 365 j <36 kg) ou dont la conformation est moins bonne sont vendus aux éleveurs hors base de sélection (deuxième catégorie);
les meilleurs animaux (poids à 365 j >41 kg) et de conformation exceptionnelle sont destinés à se multiplier rapidement par accouplements raisonnés avec les meilleures brebis du CNO de Béoumi, choisies au vu de leurs performances laitières et pondérales au cours de leurs précédents agnelages.
REALISATION
Béliers
A ce jour, le PNSO dispose de 195 béliers de première catégorie assurant la lutte d'environ 7500 brebis réparties sur l'ensemble du territoire.
320 agneaux sont en testage à la station de contrôle individuel de Bouaké.
128 béliers de seconde catégoire ont été vendus aux éleveurs privés hors de la base de sélection depuis le mois de janvier 1986.
Infrastructures
Le PNSO dispose à Bouaké de trois bergeries comptant au total 480 places.
Deux unités de quarantaine sont en construction pour permettre une surveillance des animaux avant leur introduction en bergerie.
250 places sont attribuées aux agneaux en testage (de 3 à 6 mois).
110 places sont attribuées aux agneaux en croissance (6 mois à 1 an). De nouvelles bergeries sont prévues pour assurer le logement de ces animaux au cours de cette phase.
120 places sont réservées aux béliers de première catégorie pour leur remise en état de service entre deux périodes de saillie.
L'affourragement de ces animaux est assuré grâce à 15 ha de Panicum fauché par une rotofaucheuse. Enfin une bergerie de 300 places est disponible au CNO de Béoumi pour permettre d'effectuer les accouplements raisonnés.
OBJECTIFS
Quantitatifs
L'harmonisation réalisée au niveau des différents volets ovins SODEPALM a permis au projet d'acquérir une dimension nationale. Cette harmonisation a également permis de mesurer réellement le déficit en reproducteurs de qualité existant en Côte d'Ivoire.
L'un des objectifs du projet est la production de 400 reproducteurs de toutes catégories par an (1/4 de première catégorie pour 3/4 de seconde catégorie). Pour réaliser cet objectif, compte tenu des taux de réforme enregistrés en bergerie (40 pour cent), il faudrait pouvoir acheter 700 agneaux environ par an. Ces achats ne pourront se faire sans une très sensible augmentation de la taille de la base de sélection qui est actuellement de 7500 animaux. Avec un taux de présélection de 8 pour cent couramment observé dans les élevages, il faudrait que la base de sélection compte 18 000 brebis à moyen terme.
Qualitatifs
Outre l'aspect quantitatif, le projet a pour objectif d'améliorer qualitativement les béliers:
en accentuant la sélection sur la résistance des animaux aux agressions du milieu extérieur (tiques, trypanosomes, etc.). Il est prévu une phase d'élevage sur parcours permettant de tester et de réactiver la résistance des animaux élevés dans un milieu protégé (station de testage).
en essayant de définir un standard de la race Djallonké permettant, avec une série de mensurations et de pesées précises et une liste de caractères rédhibitoires, d'harmoniser les efforts de sélection sur l'ensemble du territoire tant sur les animaux mâles que sur les brebis.