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L'INCIDENCE DE LA LUTTE CONTRE LA TSE-TSE SUR LES RESSOURCES NATURELLES

Peter Nagel

1. INTRODUCTION

Les effets isolés de la lutte contre la tsé-tsé sur les ressources naturelles après la mise en oeuvre réussie de mesures de lutte sont mal compris et suscitent des controverses. Les ressources naturelles ne sont jamais affectées par la seule lutte contre la tsé-tsé, mais par une vaste gamme de facteurs parallèles. Parmi ceux-ci figurent des processus socio-économiques, sociologiques et démographiques qui sont interdépendants et agissent en conjonction sur le paysage. En ce qui concerne l'influence véritable des mesures de lutte contre la tsé-tsé sur les ressources naturelles, les avis divergent: pour certains, les “régions sauvages” ne peuvent être protégées qu'en s'abstenant de toute mesure de lutte, tandis que pour d'autres, l'utilisation et la dégradation des ressources naturelles dans la zone des glossines se poursuivent de toute manière, même en l'absence de telles mesures (cf. Swynnerton 1936, Grzimek & Grzimek 1959, Ford 1971, Ormerod 1976, Jordan 1986, Nagel 1988, 1991). Ce problème a notamment été étudié par Jordan (1986, 1992) sur la base d'une formulation en partie différente. D'après des considérations générales et l'expérience, plutôt qu'à partir d'études détaillées, on estime aujourd'hui le plus souvent que les zones incultes marginales ont bien été mises en valeur, même si la présence de glossines a retardé ce processus, et que par ailleurs, les mesures de lutte contre la tsé-tsé favorisent l'apparition d'effets négatifs sur les ressources naturelles.

Mis à part les incidences qui ne relèvent pas directement du problème étudié icid'ordre économique par exemple -, les effects primaires de la lutte contre la tsé-tsé, en partie intentionnels, sont les suivants:

Les effets secondaires éventuels des mesures de lutte contre la tsé-tsé pourraient notamment être les suivants:

Il n'est possible d'examiner ci-dessous que quelques-uns de ces effets potentiels. Il importe de prendre un exemple concret, afin de bien montrer la variété des interdépendances. Dans le cadre d'un projet du GTZ, les effets possibles des mesures de lutte contre la tsé-tsé ont été étudiés de 1991 à 1993 dans le nord et le Côte d'Ivoire. On présente ciaprès un extrait des résultats de cette étude.

2. EFFETS SECONDAIRES DIRECTS DES MESURES DE LUTTE CONTRE LA TSE-TSE SUR LES ECOSYSTEMES

A l'exception de quelques opérations de pulvérisation au sol entreprises au départ, la lutte généralisée contre la tsé-tsé pour vaincre la trypanosomiase animale (nomenclature d'après Kassai et al. 1988) est aujourd'hui menée en Côte d'Ivoire exclusivement à l'aide de cibles fixes. Les effets secondaires sur l'environnement (y compris les effets écotoxicologiques) des applications à effet rémanent et en aérosol des principaux insecticides sont maintenant aussi connus que ceux des pièges et des cibles sans appât ou à appât olfactif (cf. Everts & Koeman 1987, Müller 1989, SEMG, 1987, 1993 a,b). Personne ne conteste plus aujourd'hui la nécessité de lancer un programme de surveillance de l'environnement en même temps que les mesures de lutte. Des orientations concernant ces programmes sont même disponibles (SEMG 1993b, cf. FAO 1975). Si dans le cas d'applications à effect rémanent, on doit parfois s'attendre à de graves effets négatifs sur les organismes non visés, les conséquences des applications en aérosol sont généralement facilement identifiables, et elles sont tolérables. Les cibles stationnaires représentent actuellement la méthode de lutte la plus respectueuse de l'environnement. A ce jour, elle semble ne pas avoir d'effets secondaires - ou des effets négligeables -, mis à part des cas exceptionnels qui se manifestent à la suite de l'exploitation agricole d'une zone.

3. SITUATION ACTUELLE DE CERTAINES RESSOURCES NATURELLES DANS LA REGION CONSIDEREE

Pour analyser les effets de la lutte contre la tsé-tsé, on peut comparer la dynamique de l'utilisation des terres dans des régions aux caractéristiques quasi identiques, la lutte contre la tsé-sé étant menée dans l'une mais pas dans l'autre. Comme les mesures de lutte contre la tsé-tsé visant à vaincre la trypanosomiase animale sont souvent appliquées sur de vastes étendues, il est difficile de trouver deux régions répondant à ces critères. En Côte d'Ivoire, une région ayant un long passé de lutte contre la tsé-tsé et deux régions où la lutte venait de commencer ont été choisies; on y a conduit des études sur la végétation et l'utilisation des terres effectives ainsi que sur la dynamique de la végétation et de l'utilisation des terres.

Ces études se sont fondées sur des photographies aériennes et des études de terrain, dans le cadre desquelles certains endroits représentatifs de l'ensemble de la région ont été examinés de manière intensive (cf. Erdelen et al 1991, 1992a, b, c, 1993).

TABLEAU 1 Comparaison des trois régions examinées en Côte d'Ivoire

 Région KorhogoRégion TortiyaRégion Bouaké
Localisationnordcentre-nordcentre
VégétationSavane boisée soudanienneSavane boisée soudanienne/savane guinéenne/ forêt de transitionsavane guinéenne/forêt de transition
Lutte contre la tsétséDepuis 1978Depuis 1992Depuis la fin de 1990

3.1 Situation actuelle dans la région de lutte contre la tsé-tsé (région de Korhogo)

Les ressources en pâturages utilisées extensivement dans la région considérée, au nord de Korhogo, couvrent la quasi-totalité de la région. Néanmoins, la dégradation des pâturages (surpâturage, formation de végétation sur le sol compacté) n'était visible que le long des principaux chemins de transhumance et, quelquefois, là où l'on pratiquait l'élevage bovin sédentaire (par ex. autour des zones de peuplement). Les endroits laissés plus ou moins vierges par l'homme enregistrent aussi un pourcentage croissant des graminées annuelles, dont des graminées à faible valeur fourragère (par ex. Ctenium nwetonii) et de moins en moins de biomasse aérienne, par comparaison avec le centre de la Côte d'Ivoire. Un indicateur clair du surpâturage est notamment le développement, anormal pour la région, des graminées annuelles et des herbes. La dégradation des pâturages se caractérise par l'établissement d'une végétation secondaire annuelle composée d'espèces-indicateurs types, telles que Tribulus terrestris (Zygophyllaceae), Indigofera congesta, Indigofera geminata (Papilionaceae) ou Waltheria indica (Sterculiaceae).

Dans toute la région du nord étudiée, des peuplements extensifs, serrés et bas de Detarium microcarpum et d'Isoberlinia doka montrent qu'autrefois la terre était consacrée à l'agriculture. Cela est confirmée par la présence d'autres espèces-indicateurs, par exemple Vitellaria paradoxa et Parkia biglobosa, qui sont réparties de manière lâche mais régulière; ces arbres, appréciés pour leur ombrage et leurs fruits, ne sont généralement pas abattus pour faire place aux cultures de plein champ, et sont même parfois plantés délibérément. Comme dans d'autres pays d'Afrique, les plantations de coton s'étendent toujours plus. Sur les terres en jachère de mauvaise qualité et très dégradées, on trouve souvent l'arbuste Guiera senegalensis, qui se propage au sud à partir de la zone soudanaise.

Dans les régions de savane boisée, les parcours se sont aussi dégradés à cause du surpâturage. La forêt classée de Badénou (forêt claire) est consacrée exclusivement, et dans une proportion supérieure à la moyenne, au pâturage. Les Peuls, qui l'exploitent, sont semi-sédentaires. En octobre 1991, il était pratiquement impossible de trouver un endroit non affecté par le surpâturage, sur l'ensemble de la savane boisée. Il s'agit là manifestement d'une évolution récente, car la flore ne présente pas de différence essentielle par rapport à celle des régions comparables étudiées. Toutefois, la modification à court terme du schéma des incendies entraînera la formation de broussailles, et donc une diminution à longue échéance du potentiel de pâturage.

3.2 Situation actuelle de la végétation dans le centre de la Côte d'Ivoire (région de Bouaké, où la lutte contre la tsé-tsé vient de commencer)

Dans la région considérée, celle du fleuve Nzi, le pâturage extensif n'est encore qu'un facteur secondaire, malgré des parcours potentiellement bons (cf. IFG 1982). Ces dernières années, les fermes de production bovine, généralement de type intensif, se sont développées. Sur ces parcours naturels extensifs clos, après seulement quelques années, et alors que la densité de charge est proportionnelle à la superficie agricole totale, la savane apparaît déjà gravement dégradée, en particulier aux alentours des abris, des chemins empruntés par les animaux et des points d'eau. Dans les cas extrêmes, les graminées, vivaces sont remplacées essentiellement par des herbes gazonnantes (par ex. Brachiaria stigmatisata, Panicum pansum, Eragrostis ciliaris), sur lesquelles se greffent par endroits des espèces de la flore soudano-sahélienne, comme Zornia glochidiata (Papilionaceae) et Tribulus terrestris (Zygohyllaceae). Lorsque la strate herbacée est rasée, on trouve en certains endroits la plante néotropicale primaire Chromolaena odorata (auparavant: Eupatorium odoratum) (Astaeraceae), qui forme des broussailles extensives. Du fait de sa teneur en alcaloïdes aromatiques, la pyrrolizidine, le bétail l'évite. Incidemment, le criquet puant Zonocerus variegatus, ravageur du manioc, du café et du coton, par exemple, se protège de ses ennemis en consommant délibérement cette substance. Ainsi, les risques de dommages dus à ce criquet en Afrique de l'Ouest augmentent du fait de la prolifération de C. odorata. Par ailleurs, le surpâturage dans ces régions entraîne le développment croissant des broussailles. Toutefois, dans la plupart des endroits étudiés où le pâturage n'était pas excessif, aucun changement important de la structure de la flore n'a été encore constaté. De manière caractéristique, la biomasse herbeuse diminuait. Ainsi, dans l'aire de pâturage d'une ferme de production bovine, la biomasse aérienne s'élevait à 7,9 t/ha (poids sec), tandis que dans la zone située immédiatement à l'extérieur, elle atteignait 9,5 t/ha. Même un pâturage modéré à ce stade précoce entraîne une germination accrue des plantes ligneuses, ce qui modifie en retour le schéma des incendies.

4. HISTORIQUE DE LA STRUCTURE DES PAYSAGES

Dans la région où la lutte contre la tsé-tsé a commencé à la fin des années 70 (au nord de Korhogo), la zone de peuplement a plus que doublé au cours des vingt années précédant la lutte contre la tsé-tsé, et elle a triplé ces vingt dernières années. Pendant la période qui a précédé le démarrage de la lutte contre la tsé-tsé, les superficies agricoles ont pratiquement triplé, alors que la croissance n'a été que de 20 pour cent ces vingt dernières années (figure 1).

FIGURE 1 Dynamique de l'utilisation des terres et structure du paysage dans la zone d'étude de la région de Korhogo où la lutte contre la tsé-tsé a commencé en 1978 (à partir de photographies aériennes et d'études de terrain; superficie de la zone étudiée: approx. 100– 150 km2)

Figure 1.

Dès 1974–1978, une évaluation des terres a montré que la zone située immédiatement au sud et à l'est de Korhogo était presque entièrement consacrée à la culture (surface cultivée et jachères) (IFG 1982). La superficie couverte de forêts galeries a diminué au cours des périodes indiquées à la figure 1 de respectivement 42 pour cent et 27 pour cent; de même la savane boisée dense a diminué respectivement de 47 pour cent et 24 pour cent. Ce recul important des ressources naturelles “forêt galerie” et “savane boisée dense” avait donc déjà commencé bien avant l'introduction des mesures de lutte contre la tsé-tsé, et il s'est ralenti ensuite. Parallèlement, la principale phase d'expansion des superficies cultivées a été enregistrée avant l'application de ces mesures.

L'évolution du paysage dans la région située autour de Tortiya (où les mesures de lutte contre la tsé-tsé ont commencé en 1992) est en principe analogue (figure 2). Là aussi, la forêt galerie a diminué de 34 pour cent entre le milieu des années 60 et la fin des années 70; toutefois, depuis elle a encore reculé de 56 pour cent. Dans cette région, ce recul n'est pas tant dû à l'agriculture, comme dans la région de Korhogo, qu'à l'exploitation des mines de diamants. La savane boisée dense a diminué au cours des deux périodes de respectivement 52 pour cent et 36 pour cent. Parallèlement, la superficie cultivée a augmenté respectivement de plus de onze fois et de près de trois fois.

FIGURE 2 Dynamique de l'utilisation des terres et structure du paysage dans la zone d'étude de la région de Tortiya où la lutte contre la tsé-tsé a commencé en 1992 (à partir de photographies aériennes et d'études de terrain; superficie de la zone étudiée: approx. 100–150 km2)

Figure 2

Ces quarante dernières années, la population s'est considérablement accrue, non seulement dans la ville de Korhogo mais aussi dans les zones rurales étudiées, où la densité s'élève aujourd'hui à environ 13 habitants par km2. Dans le même temps, la structure du secteur agricole a enregistré un profond changement. Les Sénoufos, principal groupe ethnique, étaient à l'origine une communauté d'agriculteurs de subsistance; cependant, comme les ethnies voisines de la zone subsoudanienne, ils ont pour la plupart converti leur exploitation en plantations de coton de type intensif. Le développement de la mécanisation - par l'introduction de boeufs de trait - est une caractéristique essentielle de ce bouleversement. Outre l'élevage d'animaux de trait, l'élevage bovin généralement extensif constitue le secteur de production qui se développe le plus. Les Peuls, autre groupe ethnique, se consacrent essentiellement à l'élevage sur pâturage à grande échelle; comme dans tout le reste de la zone subsoudanienne, cette activité se transforme en production agropastorale semi-sédentaire.

Depuis 1960, l'élevage bovin a enregistré une progression dans le nord de la Côte d'Ivoire, plus ou moins nette selon les périodes. Jusqu'aux années 70, il s'agissait presque exclusivement de troupeaux sédentaires, dont l'accroissement suivait celui de la population. A cette époque, le déplacement de la population à partir du nord s'est accru, et l'élevage bovin sédentaire s'est développé dans le même temps, à un rythme beaucoup plus élevé que ne le laissait prévoir l'accroissement de la population. Jusqu'au milieu des années 80, cela a entraîné de graves conflits entre les deux principaux groupes ethniques. Depuis, l'augmentation des effectifs du cheptel bovin est de nouveau adaptée à l'accroissement général de la population dans les zones rurales (Kientz 1991).

Du fait de ce passage de la production de subsistance à la production de marché compétitive, les deux ethnies se livrent aujourd'hui à une concurrence plus vive pour exploiter les ressources naturelles que sont les terres agricoles et les pâturages. En conséquence, cette région se caractérise non seulement par une pénurie des ressources pastrales du fait de la conversion des parcours en terres agricoles, mais aussi par une pénurie des terres pouvant être consacrées à la production végétale.

Nonobstant l'existence de maladies endémiques comme l'onchocercose et la trypanosomiase, des peuplements se sont toujours développés dans les régions très productives, possédant de bons pâturages et des réserves d'eau suffisantes pendant la saison sèche. En dehors de ces régions riches, les savanes boisées extensives restaient généralement intactes. Toutefois, certains signes montrent qu'entre-temps, du fait de l'accroissement de la demande, la savane boisée autrefois non utilisée a été intégrée aux pâturages (voir ci-dessus). Il est possible que cette évolution soit favorisée par les mesures de lutte contre la tsé-tsé.

L'évolution décisive de l'utilisation des ressources naturelles et la pression qui s'exerce sur celles-ci ont été enregistrées avant le démarrage de la lutte contre la tsé-tsé. La nouvelle augmentation des effectifs du cheptel constatée actuellement est très probablement imputable aux measures de lutte contre la tsé-tsé; toutefois, il semble que d'autres facteurs (socio-économiques, sociologiques) soient prédominants. Il est certain que la lutte contre la tsé-tsé entraîne une augmentation de la productivité non seulement de l'agriculture mais aussi des activités pastorales.

Rien ne prouve cependant que ces mesures de lutte aient une influence décisive sur l'utilisation des terres. Incontestablement, les ressources naturelles sont menacées, indépendamment de l'existence d'opérations de lutte contre la tsé-tsé (comparaison des régions de Korhogo et Tortiya); cette menace est particulièrement réelle pour les forêts galeries et la savane boisée dense.

Dans la région de Bouaké, où la lutte contre la tsé-tsé a démarré en 1990, l'utilisation des terres ou le couvert végétal n'ont pas enregistré de modifications importantes entre les années 50 et les années 90 (figure 3). La densité de la population rurale stagne actuellement, et elle est relativement basse par rapport à celle du nord et du centre-nord.

FIGURE 3 Dynamique de l'utilisation des terres et structure du paysage dans la zone d'étude de la région de Bouaké où la lutte contre la tsé-tsé a commencé en 1990 (à partir de photographies aériennes et d'études de terrain; superficie de la zone étudiée: approx. 100–150 km2)

Figure 2

4. EVALUATION ET PREVISIONS POUR CETTE REGION

Dans la région du nord étudiée, le bouleversement du mode de vie des deux principaux groupes ethniques, associé à l'accroissement de la densité de population, entraîne une expansion constante des terres agricoles arables et des parcours, avec une réduction simultanée des périodes de jachère et de la surcharge. Dans les régions de Bouaké et de Tortiya, les feux de savane et le défrichement par le feu des forêts restantes sont les manifestations les plus importantes de la présence de l'homme. Dans la région de Korhogo, les incendies sont un facteur secondaire par rapport à l'agriculture et aux activités pastorales, car la biomasse herbeuse est moins inflammable et le rajeunissement des forêts n'est généralement pas autant entravé. Ici, l'accroissement du cheptel, associé à la réduction des cycles de jachère, entraîne une dégradation locale, qui va s'accentuant. Cette tendance, due à une surexploitation des ressources naturelles de la savane, ne pourra être freinée - si cela est encore possible - que grâce à la planification adaptée de l'utilisation des terres et à un contrôle des mesures prises. Par ailleurs, la savane boisée dense et surtout les forêts galeries continuent d'être détruites. Ainsi, il faut s'interroger sur la valeur écologique non seulement de la pleine exploitation des régions naturelles restantes mais aussi de l'utilisation accrue des zones marginales. Sur les terres agricoles sous-utilisées de la région étudiée, près de Bouaké, ce processus sera beaucoup plus long - là aussi du fait de la stagnation actuelle de l'accroissement de la population. Toutefois, sans une planification appropriée et l'application effective des mesures correspondantes, cette région marginale subira inévitablement une évolution identique. Pourtant, on sait, et l'étude en question le confirme, que le pâturage contrôle peut favoriser le développement des plantes ligneuses, ce qui modifie le schéma des feux et empêche la dégradation de la savane. Toutefois la marge est étroite entre ce pâturage contrôlé et la surexploitation et l'expansion démesurée de l'élevage bovin, qui provoqueraient aussi la destruction à long terme de ces biotopes.

5. INDICATEURS DE LA MENACE QUI PESE SUR LES RESSOURCES NATURELLES

Pour évaluer les conséquences écologiques des changements attestés de l'utilisation des terres dans la région étudiée, il faut tenir compte non seulement de la protection de la nature et des espèces mais aussi de la durabilité des systèmes agricoles. Suivant les points de vue, l'utilisation et la protection de la nature peuvent poursuivre des objectifs contradictoires, mais aussi allier leurs intérêts. Les contradictions deviennent manifestes, par exemple, lorsque de vastes étendues doivent être consacrées à la production végétale; les forêts naturelles sont les premières à en souffrir, ce qui met en danger l'existence des animaux et des plantes qui dépendent des forêts, qui sont déjà rélégués dans de rares zones de survie reliques. Toutefois, le développement de la production végétale peut aussi être envisagé comme une revitalisation des ressources naturelles, n'excluant pas a priori la possibilité de promouvoir une utilisation durable. Par ailleurs, le soutien accordé à la production agricole durable contribue directement à alléger la pression de la colonisation sur les régions naturelles reliques. Cette considération s'applique à la production tant agricole que pastorale, dont la durabilité est menacée par le développement des broussailles et l'évolution régressive du tapis herbacé.

Ces processus peuvent être identifiés et décrits en premier lieu du fait des changements décelables à l'aide de certains indicateurs. Dans les écosystèmes, les indicateurs de ces changement anthropogéniques sont les suivants:

Des enquêtes régulières sur le terrain et une surveillance à grande échelle à l'aide de photographies aériennes ou satellite, permettent de contrôler efficacement l'environnement à partir des indicateurs ci-dessus.

6. IDENTIFICATION DES ECOSYSTEMES MENACES

Par écosystème menacé ou sensible on entend les écosystèmes qui sont soit, a priori, particulièrement vulnérables aux interventions de l'homme, soit ceux dont l'existence est menacée par l'influence de l'homme. Dans les cas extrêmes, cette notion englobe la destruction d'un écosystème donné ou sa réduction à des habitats fragmentés plus ou moins isolés. Pour de nombreuses espèces, la conservation à long terme passe avant tout par un territoire suffisament étendu et le maintien de l'habitat, en particulier quand il s'agit d'écosystèmes tropicaux à la diversité biologique très riche. C'est pourquoi il faut accorder une importance toute particulière aux écosystèmes dont la répartition locale est très limitée. En Côte d'Ivoire, ceci s'applique notament aux écosystèmes de savane qui subissent les interventions de l'homme depuis longtemps, surtout en ce qui concerne les feux.

Du sud au nord, les forêts galeries ripicoles ont gagné de l'importance en tant que zones reliques. Cela est dû en partie à leur diversité biologique élevée et en partie au fait que l'intervention de l'homme a entraîné, dans ces régions, la disparition de formations forestières denses comparables, à même de servir de refuge aux espèces qui dépendent de la forêt. Les forêts galeries sont particulièrement menacées car elles se prêtent à l'expansion des terres agropastorales (comme l'augmentation des superficies rizicoles ou le développement aux alentours des gués et des points d'eau (à Tortiya, par exemple)), mais aussi du fait de l'exploitation des mines de diamants. Les forêts galeries ont déjà subi des dégâts considérables dans de nombreuses régions.

Ces trente dernières années, le couvert forestier a considérablement diminué dans l'ensemble de la zone de savane. Alors que les forêts couvraient auparavant environ 47 pour cent de la zone de savane, qui représente près de 60 pour cent de la superficie de la Côte d'Ivoire, elles n'occupent plus aujourd'hui que 9,5 pour cent de cette zone (Sayer et al. 1992) (figure 4). Face à cette tendance, les régions protégées déjà établies dans la zone de savane comme les parcs nationaux, les réserves de la faune et de la flore et les forêts domaniales permanentes (auparavant appelées “forêts classées”) prennent de l'importance (cf. cartes in Stuart et. 1990, Sayer et al. 1992, UICN/PNUE 1987, UICN 1992). Ceci est également valable pour les petites étendues de forêts naturelles qui subsistent en dehors de ces zones protégées et forment des habitats-îlots pour de nombreuses espèces animales et végétales. On n'a toujours pas dressé de cartes actualisées de ces forêts ni cherché à évaluer leur environnement à partir, par exemple, de l'interprétation des photographies prises par satellite. Les plans d'aménagement en faveur des zones protégées déjà établies, lorsqu'ils existent, sont au stade de projet (Stuart et al. 1990, Sayer et al. 1992, FGU-Kronberg 1979 a,b), tout comme l'infrastructure nécessaire à leur entretien à longue échéance. Dans la plupart des ces zones, comme dans la forêt classée de Badénou susmentionnée, des changements anthropogéniques considérables commencent à se manifester qui, du moins dans le nord, sont directement ou indirectement liés à la modification des habitudes de

FIGURE 4 Estimation de la superficie de la savane boisée, des forêts domaniales permanentes et des zones de conservation dans la région de savane de Côte d'Ivoire (données: Sayer et al. 1992) (NB: les zones de conservation dans la région de savane n'existent que depuis 1968; les estimations concernant la superficie totale de la savane boisée en 1974 et des forêts domaniales permanentes en 1990 ne sont pas disponibles) transhumance.

Figure 4

Considérées dans leur ensemble, les seules autres zones protégées dans les régions étudiées ici, mis à part les forêts domaniales permanentes, sont la réserve de la faune et de la flore du “Haut Bandama” et - plus loin - le Parc national de la Comoe. Le fait qu'il n'existe pas de système extensif - et surtout cohérent - de zones protégées dans la région de savane de la Côte d'Ivoire montre à quel point il est nécessaire de préserver les forêts domaniales permanentes, ainsi que la savane naturelle et les formations forestières non protégées encore existantes, en tant qu'éléments favorables à l'élaboration d'un système cohérent de zones protégées. On trouvera notamment des conseils détaillés en matière de surveillance générale dans McNeely et al. (1990).

7. CONCLUSIONS/STRATEGIES D'ATTENUATION DES RISQUES

L'utilisation durable et la conservation de la diversité biologique sont des objectifs d'égale importance, qui ne peuvent être atteints que conjointement. L'exemple de la Côte d'Ivoire montre que, dans les changements négatifs de l'environnement en partie observables,

la lutte contre la tsé-tsé est au plus un facteur secondaire, en comparaison avec le développement social et économique général. En conséquence, il suffit de tenir compte de la lutte contre la tsé-tsé dans la surveillance générale de l'environnement exercée dans le cadre de la planification de l'utilisation des terres et de son application. Ces considérations ne s'appliquent pas forcément à d'autres régions d'Afrique. Cela s'explique non pas par des différences élémentaires, mais simplement par le fait que l'importance de la lutte contre la tsé-tsé(c'est-à-dire son influence sur les ressources naturelles) est plus élevée que celle des autres facteurs, qu'ils soient démographiques, économiques ou sociologiques (cf. Jordan 1986, Stevenson 1988).

Les pièges/cibles à appâts olfactifs et imprégnés d'insecticides utilisés en Côte d'Ivoire pour lutter contre la tsé-tsé sont actuellement une technique sans danger pour l'environnement, qui a des effets limités ou négligeables sur les organismes non visés. Cependant, comme ces mesures de lutte permettent d'utiliser et de coloniser de nouvelles terres, avec toutes les influences anthropogéniques qui en résultent pour l'écosystème, elles ont bien des effets négatifs indirects sur l'environnement. Il importe donc de se donner les moyens de déceler à l'avance les effets négatifs afin de les éviter ou, du moins, de les rendre acceptables. Cette stratégie de réduction des risques s'appuie sur la connaissance de la répartition, de la structure et de la dynamique des écosystèmes dans la zone touchée, en fonction des facteurs déterminants pertinents d'ordre démographique, sociologique et économique (y compris l'agriculture).

Un programme de surveillance à long terme est un instrument bien adapté à la compilation, à l'évaluation et à l'influence des changements agricoles/écologiques. Il est orienté vers une dynamique rélle et permet de mettre en pratique les connaissances acquises dans un plan de développement axé sur l'environnement. Surtout, il est possible grâce aux indicateurs d'identifier rapidement les évolutions à effet retard, ce qui permet de prendre des mesures correctives à un stade précoce.

L'une des composantes les plus importantes d'une surveillance à long terme est l'établissement de zones sous observation constante. Des méthodes simples d'évaluation des données (indicateurs) permettent de recueillir des renseignements sur les changements pertinents de la structure et de l'étendue des écosystèmes affectés et - si l'on décèle des tendances négatives - de prendre des contre-mesures en temps voulu.

Cette surveillance exercée dans le cadre des mesures de lutte contre la tsé-tsé pourrait faire appel directement à l'infrastructure optimale du systéme Captureur. Comme les campagnes menées dans le centre et au nord de la Côte d'Ivoire couvrent pratiquement toute la superficie, il serait possible d'observer la quasi-totalité de la savane boisée et des forêts ripicoles. Grâce à des tableaux d'évaluation simples, établis sur la base d'indicateurs facilement identifiables, on peut disposer en permanence de données sur la situation écologique dans l'écosystème affecté. On pourrait ainsi, par exemple, recueillir des informations sur les modes de peuplement dans les zones de lutte contre la tsé-tsé, ainsi que sur leur incidence directe et indirecte sur les écosystèmes forestiers et de savane.

La planification de l'utilisation des terres doit comprendre des mesures visant à protéger et à revaloriser les écosystèmes menacés, et éventuellement des mesures compensatoires.

REFERENCES

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