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2. SURFACES ET TECHNIQUES DE TRAÇAGE POUR UNE COQUE EN FERROCIMENT


2.1 Introduction
2.2 Plans du bateau
2.3 Sol de traçage des formes
2.4 Le perpignage
2.5 Traçage des vues de profil et en plan
2.6 Lattes et règles droites
2.7 Plan vertical
2.8 Informations complémentaires
2.9 Projection du tableau arrière
2.10 Gabarits - Généralités
2.11 Gabarit de bouge

2.1 Introduction

Les besoins et les techniques pour le traçage d'une coque en ferrociment ne diffèrent pas sensiblement de ceux nécessités par d'autres matériaux. Comme il est plus facile de modifier une ligne faite au crayon que de changer une partie en acier d'une membrure déjà réalisée, on doit faire très attention à la précision des mesures et à la perfection du trait pour réduire les erreurs à un minimum qui, à son tour, réduira le coût des rectifications et donnera un bon profil aux membrures sur lesquelles on appliquera l'armature de la coque.

On a écrit de nombreux et bons ouvrages sur l'art du tracé et on peut s'y référer. Ce chapitre constituera un rappel pour ceux qui sont familiers du traçage mais ne connaissent pas la construction en ferrociment.

2.2 Plans du bateau

Un jeu complet de plans pour la construction d'un bateau de pêche varie probablement d'un architecte à l'autre mais il devrait comprendre au minimum les dessins suivants pour un bateau de pêche en ferrociment:

1. Le plan des formes et la table de cotes
2. Les vues de profil et en plan de la coque
3. Coupes de la coque/détails de la membrure
4. Détails de l'armature générale du ferrociment
5. Vues de profil et en plan de l'agencement général
6. Détails de l'appareil propulsif et de son chemisage
7. Détails de l'appareil à gouverner et de son chemisage
8. Détails de construction du/des réservoir/s de carburant
9. Détails de construction du/des réservoir/s d'eau
10. Construction du pont
11. Vue de profil et détails des superstructures
12. Détails de construction de la cale à poissons
13. Courbes hydrostatiques et de stabilité
ainsi que de nombreux autres détails demandés par le constructeur à l'architecte tels que: détails de fabrication d'équipement de pont, schémas électriques, circuits d'eau et de carburant, système d'échappement, détails de tuyère, d'hélice et d'aménagements intérieurs. D'habitude, on peut lire les dessins avec une spécification détaillée, rédigée par le dessinateur et couvrant toutes les principales caractéristiques: échantillonnages, spécifications de matériau, moteur, électricité, équipement de pont, ventilation, protection cathodique, peinture et équipement de sécurité.

2.3 Sol de traçage des formes

Le traçage ne peut commencer tant que l'on n'a pas préparé une surface bien de niveau et idéale pour recevoir le tracé de la longueur et de la hauteur totales en profil et plan du maitre couple. On prévoira une marge de 60 cm à 1 m de chaque côté. On facilitera le travail - surtout si la surface de traçage doit être utilisée fréquemment - en recouvrant l'aire de traçage de panneaux d'isorel ou de contreplaqué que l'on peindra avec une émulsion blanche ou similaire avant de commencer à tracer les premières lignes.

On devra tremper la face inférieure des panneaux d'isorel avec de l'eau et laisser sècher avant de les peindre et de les fixer en place. Ceci empêchera les panneaux de se déformer une fois posés.

Les panneaux seront fixés bord à bord, faciles à enlever et réutiliser, si besoin est.

En même temps, on préparera suffisamment de panneaux pour le traçage ultérieur du plan transversal qui, en fin de compte, donnera la forme définitive des membrures de coque, à l'endroit déterminé par le plan. Le nombre de panneaux variera suivant que l'on aura besoin du dessin d'un couple ou de celui d'un demi-couple pour la fabrication d'une membrure ou encore si le programme de fabrication demande le montage de deux membrures en même temps.

2.4 Le perpignage

La première étape, après la préparation de la plate-forme de traçage, est le dessin du perpignage pour les vues en plan et de profil de la coque. Le dessinateur aura indiqué l'espacement des sections (qui, idéalement dans le cas de construction en ferrociment, devrait également être celui des couples) croisées avec l'espacement des lignes d'eau et des lignes longitudinales (ref Fig n°1).

Figure 1 Plan de formes

Figure 2 Table des cotes relatives au plan des formes

2.5 Traçage des vues de profil et en plan

Sur la vue de profil, la table de cotes du dessinateur couplée avec toutes les mesures utiles données sur le plan des lignes est utilisée pour le traçage de la face inférieure de la quille, de l'étambot, de la rablure, du livet de pont, du plat bord (le cas échéant),des longitudinales et du profil de l'étambot et du tableau arrière.

Les mesures de la table de cotes seront données habituellement en millimètres à partir de l'extérieur de la coque et/ou encore en plus ou en moins à partir de la ligne de flottaison (FL) ou une mesure verticale à partir de la ligne de base. (réf Fig n°2) Des mesures complémentaires avant et arrière à partir des points de chute des lignes seront également données sur le plan des lignes par le dessinateur mais invariablement ces points devront être relevés pendant le traçage.

Sur le plan horizontal également, les mesures sont prises sur la table de cotes et tracées pour le livet de pont, le point de jonction du pont au plat bord (le cas échéant), les lignes d'eau et les diagonales. Le dessinateur devrait indiquer (quelquefois il ne le fait pas) les mesures pour les points de finition pour toutes les lignes qui tombent entre les repères sur le plan des formes où elles passent à l'horizontale de la rablure à l'arrière et à l'horizontale de la quille et de la ligne centrale, à l'extrémité arrière.

On doit vérifier la rectitude des lignes lorsqu'on les trace et la moitié de l'habileté dans le traçage consiste dans le choix de la correction d'une mesure irrégulière vers l'intérieur ou l'extérieur, vers le haut ou vers le bas, et, tout en faisant le changement, de tenir compte de ce que l'on a fait des lignes précédentes pour éviter de modifier sensiblement les intentions du dessinateur quant à la forme générale. Le tracé de chaque ligne dépend du “coup d'oeil” de l'opérateur, et, en fin de compte, est fonction directement de l'habileté du traceur et du dessinateur.

2.6 Lattes et règles droites

Arrivé à ce point, il serait bon de donner quelques indications sur les lattes et les règles droites. On tracera une ligne précise en choisissant une latte d'une longueur au moins égale à la ligne à tracer et dont la section sera proche des dimensions maximum de non rupture en suivant la courbe à tracer. Les lattes en bois devront pouvoir être cintrées sans se fendre. Pour la ligne du pavois et les autres courbes larges, des lattes de 40×40 et 50×15 mm suffiront. Pour les lignes de vue en plan, on utilisera des lattes de 25×10 mm et 20×20 mm. Pour les lignes de membrure ou de section, des lattes d'environ 10×10 mm donneront de bonnes lignes. Le bois de teck a toujours été considéré comme un excellent matériau pour cet usage mais, comme les grandes longueurs de teck ne sont plus qu'un souvenir, on doit essayer tout ce qui se présente avant de commencer le traçage des lignes.

Les règles droites sont d'abord nécessaires pour tracer les lignes du perpignage mais, comme elles sont de toute façon nécessaires par la suite pour monter les membrures et qu'elles servent à vérifier les lignes de niveau, tout au cours de la construction, il faut en avoir un large jeu de tailles. On doit avoir deux règles droites de longueur supérieure de 150 mm à la largeur du maitre couple. Ces deux règles auront une section de 150 mm × 18-25 mm. On utilisera également d'autres règles plus petites.

2.7 Plan vertical

Une fois tracées les lignes de profil et horizontales, les cotes revues sont notées sur une nouvelle table de cotes N°2. Pour la première fois, on peut s'intéresser au plan vertical. On étale les gabarits de plans verticaux et le perpignage représenté sur le plan des lignes du dessinateur, avec toutes les lignes d'eau, les lignes longitudinales, les diagonales et la ligne centrale du bateau traçées comme indiqué.

Au début, on trace les points fixes à la fois de l'horizontale et de la hauteur (+/- ligne de flottaison ou ligne de base) pour le livet de pont, la ligne de pont, la ligne de plat bord, le dessous de quille et l'intersection des membrures avec la ligne centrale ou la ligne de rablure. En utilisant la table de cotes revisée N°2, chaque membrure peut être relevée en marquant les horizontales le long des lignes d'eau, les hauteurs par rapport à la ligne de flottaison sur les lignes longitudinales et la distance à la ligne centrale en suivant chaque diagonale.

En utilisant les lattes adéquates, on trace les lignes des membrures. On peut vérifier visuellement si leurs courbes correspondent bien aux cotes et sont bien “en concordance” entre elles. En balançant les lignes des membrures et en reprenant les cotes, on peut remplir une nouvelle table de cotes N°3 et revérifier que les changements sur les vues de profil et en plan s'accordent bien.

Maintenant les erreurs devraient être minimes et le nombre de cotes, demandant des modification très légères, doit être pratiquement nul. Les lignes de membrures du plan vertical sont revérifiées et, si le plan vertical et les vues de profil et en plan coincident en tous points avec les cotes, on peut dire que les cotes sont en concordance et on peut remplir une table des cotes finales qui sera conservée et enregistrée pour être utilisée ultérieurement, spécialement si les gabarits des membrures sont abimés ou mal rangés.

A ce stade, le dessinateur doit être informé des modifications apportées aux mesures de la table des cotes.

2.8 Informations complémentaires

Au cours du traçage des lignes, plusieurs mesures complémentaires qui peuvent être utiles, non seulement au constructeur mais également au dessinateur, peuvent être incluses dans la table de cotes finale. La majorité des erreurs sont de l'ordre de 0 à 12 mm et on peut s'attendre à des différences de cet ordre quand le plan des formes original est à l'échelle 1: 20. De nombreux dessinateurs feront des erreurs plus importantes, d'où la raison du traçage en grandeur nature.

On a relevé une information complémentaire, la perpendiculaire arrière (PP.AR.) en est un exemple. Celle-ci peut aider en donnant des points d'ajustement de la latte dans le prolongement d'une ligne qui se termine, de même qu'elle peut donner un moyen pour vérifier la forme du tableau arrière et l'ajustage des membrures au moment du montage. Une information complémentaire a été incluse pour les mesures du livet de pont et du cambrage qui sont des cotes utiles de vérification au moment de procéder à la construction et particulièrement si on veut utiliser une contrebauquière en ferrociment dans la construction.

2.9 Projection du tableau arrière

Le tableau arrière peut être vertical ou non. S'il est vertical, ses cotes seront les mêmes que celles de la perpendiculaire arrière (PPAR). Cependant, si le tableau arrière est incliné, il sera nécessaire de tracer sa forme développée. La ligne centrale du tableau apparaissant sur la vue de profil devient la ligne centrale de l'horizontale du tableau arrière développé. Chaque ligne d'eau est tracée à angle droit de la ligne centrale, ce qui accroit la distance entre les lignes d'eau selon la pente du tableau (réf fig n°3).

Les lignes longitudinales sont tracées parallèlement à la ligne centrale du tableau arrière et espacées suivant le dessin. Les points d'intersection du tableau développé avec les lignes longitudinales sont obtenus en reliant à l'équerre la ligne centrale du tableau aux points d'intersection des lignes longitudinales avec le tableau sur la vue de profil. Ces liaisons sont prolongées jusqu'au bord extérieur de l'agrandissement du tableau où elles coupent les lignes longitudinales.

Les cotes de chaque ligne d'eau sur le plan horizontal sont relevées en projetant à l'équerre l'intersection des lignes d'eau avec la pente du tableau sur la vue de profil en bas jusqu'à l'intersection des lignes d'eau dans la vue en plan. La mesure obtenue entre la ligne centrale du tableau et l'intersection de la ligne d'eau pour chaque ligne d'eau donne la mesure de l'horizontale nécessaire au transfert à la vue développée.

Une fois que tous les points ont été marqués sur la vue agrandie, on peut utiliser une latte pour aligner les marques et la forme résultante est une vue du demi tableau développé. On peut alors tracer la forme complète du tableau arrière sur un gabarit et on peut reproduire autant que l'on veut ce modèle de tableau. On doit se souvenir que le dessin correspond à la face arrière du tableau arrière.

2.10 Gabarits - Généralités

Généralement parlant, on a besoin de peu de gabarits pour la construction de bateaux de pêche en ferrociment. Il est bon, quand la forme de profil du bateau est tracée en grandeur nature, (et que l'architecte connait bien les caractéristiques de la propulsion et de l'appareil à gouverner), de faire un gabarit de la forme de l'étambot comprenant le marquage de la position des membrures, de la ligne d'arbre et de l'axe du gouvernail. Si l'armature est incurvée dessus et dessous le tube d'étambot, non seulement le gabarit donnera la forme exacte pour cintrer les fers principaux d'armature, mais permettra une vérification au moment du montage de l'armature pour s'assurer que l'espace entre le tableau et la quille est normal pour éviter les problèmes futurs au montage du gouvernail et certainement au montage d'une tuyère.

Comme il est normal de peindre par dessus l'aire de traçage pour la réutiliser, un gabarit de l'étrave avec les lignes d'eau, les sections et l'emplacement des tiges principales d'armature sera utile. Comme tout gabarit, ils devront être clairement identifiés et rangés avec les gabarits des armatures dans un endroit adéquat pour resservir dans toute construction future d'un même modèle.

Figure 3 Projections du tableau arrière

2.11 Gabarit de bouge

Finalement le gabarit qui, non seulement aide le constructeur de la coque, mais est aussi utilisé au montage est le gabarit de bouge. Ce gabarit est fait suivant le bouge prévu par l'architecte et de l'ordre de 15 × 300 mm. Le dessin effectif varie avec le barrot et le bouge du pont. Il est parfois utile d'avoir deux gabarits, un mâle et un femelle, suivant la possibilité pour le constructeur d'accéder à l'armature par le haut ou le bas.

Le gabarit de bouge devra avoir une épaisseur de 18-25 mm. Sa longueur sera supérieure de quelques centimètres à la largeur totale du bateau. Sa hauteur sera légèrement supérieure à la flèche maximum du pont.


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