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4. SYSTEME D'EXPLOITATION

L'exploitation est entreprise par des scies à chaîne d'abattage en combinaison avec un système de débardage terrestre et des parcs de chargements temporaires. Ce chapitre présente les opérations d'exploitation telles que la planification, la construction des routes, l'abattage, l'extraction, les opérations de chargement, et le transport.

4.1 PLANIFICATION

Réglementations et restrictions

Les dispositions juridiques pour l'exploitation forestière au Congo sont contenues dans le "Code forestier" (Loi Nº 004/74 du 04.01.1974). Le Code, qui contient des mesures d'ordre technique, administratif et juridique offre le cadre juridique à toutes les opérations forestières et fait actuellement l'objet d'une refonte. L'exploitation dans la concession de SOCOBOIS est limitée par les besoins de diamètre minimum. Le diamètre minimum actuellement requis pour l'okoumé est de 80 cm. Après cette première exploitation, la concession sera fermée pour un certain nombre d'années dans le but de permettre sa régénération. Actuellement, une entreprise n'a pas automatiquement le privilège de réexploiter une concession.

L'exploitation est par ailleurs limitée par les conditions climatiques. Bien que les opérations d'exploitation soient permises durant tous les mois de l'année, la production accuse généralement un déclin durant la saison des pluies (octobre-novembre et mars-avril) à cause de la difficulté des conditions du terrain et de l'inaccessibilité de certaines parties des forêts. La construction des routes est normalement interrompue durant la saison des pluies.

Un facteur économique limitatif pour l'exploitation est la distance considérable de transport d'environ 500 km, qui relie les forêts à l'usine. Le responsable de l'exploitation doit s'assurer que seules les billes d'une qualité acceptable pour les opérations de production sont transportées à l'usine.

Etude de préexploitation

La concession (150 000 ha) est divisée en "coupes annuelles". Une coupe annuelle est la superficie prévue pour l'exploitation pendant une année déterminée. Une étude de préexploitation, appelée "prospection" est généralement élaborée deux ans avant le commencement de l'exploitation. Seuls les arbres exploitables (de plus de 80 cm dbh) sont comptés et le nombre d'arbres exploitables par parcelle est noté. Une des conditions préalables d'obtention d'une licence de concession est la soumission des résultats de la prospection aux autorités forestières avant d'obtenir un permis d'exploitation.

L'étude pilote était entreprise sur la base de la coupe de 1995 "VMA95" (VMA = Volume Maximum Annuel) qui englobe 15 550 ha de forêts vierges primaires denses. La topographie de la zone est caractérisée par des collines avec des pentes maximales de 40-50% sur de courtes sections. Les collines sont séparées par de petits ruisseaux et des zones marécageuses temporaires ( Figure 5-2).

La coupe VMA95 (15 550ha) est partagée en 311 parcelles d'exploitation de 50 ha chacune. L'orientation du layonnage est sud-nord et les parcelles sont identifiées en rangées (A-V) et des colonnes (1-117). Les limites de ces parcelles sont établies pendant l'étude de préexploitation par l'équipe de prospection. Chaque parcelle est d'environ 500 m x 1 000 m. La répartition en parcelles est entreprise par un groupe de 7-8 hommes munis de machettes qui débroussaillent dans les zones de limites dans un périmètre de trois km par jour.

La plus importante espèce exploitée dans la concession est l'okoumé. Toutes les autres espèces commercialisées ont relativement peu d'importance vu leur pénurie. Le nombre d'okoumés exploitables dans chacune des 311 parcelles d'exploitation se situe dans une proportion allant de moins 10 à plus 100 arbres ou de 0,2 à 2,0 d'arbres exploitables par hectare.

D'après l'étude de préexploitation (prospection), la répartition d'arbres exploitables pour la coupe 1995 se présente comme suit :

Tableau 4-1: Arbres exploitables pour la coupe annuelle
(15 550 ha)

Espèces

Nom scientifiques

Nombre total d'arbres

Arbres par ha

Arbres par parcelle (50 ha)

Okoumé

Movingui

Padouk

Moabi

Dibetou

Douka

Longhi

Niove

Oboto

Bilinga

Bosse

Sapelli

Aucoumea klaineana

Distemonanthus sp.

Pterocarpus soyauxii

Baillonella toxi-sp-erma

Lovoa trichilioi-des

Tieghemella africana

Gambeya africana

Staudtia stipitata

Mammea africana

Nauclea diderric-hii

Guarea sp.

Entandophragma cylindricum

8 364

207

129

64

41

22

21

17

4

3

3

1

0.54

0.01

0.01

<0.01

27

0.66

0.41

0.21

TOTAL

 

8 876

0.57

28.5

D'après cette étude, la densité moyenne d'arbres exploitables dans la coupe VMA95 est moins d'un arbre par hectare.

Cartographie

Les cartes disponibles pour la planification de l'exploitation et de ses différentes opérations sont les suivantes:

· La carte géographique nationale du Congo (1:200000);

L'entreprise rencontre un grand handicap qui réside dans le manque de cartes topographiques. Il serait hautement souhaitable que la société dispose de cartes à des échelles comprises entre 1:10000 et 1:50000 reflétant la couche forestière, les configurations importantes de la topographie, les lignes de contour, l'emplacement des cours d'eau et des zones protégées.

Routes forestières

Les objectifs d'un tracé approprié des routes sont: l'accès facile à la forêt, la minimisation de l'érosion du sol, et la minimisation de la superficie nécessaire pour les routes et les parcs de chargement. La base du tracé pour le transport et l'extraction est la carte VMA contenant le nombre d'arbres exploitables dans chaque parcelle. Un effort est entrepris pour réduire les distances de transport à travers un tracé de route orienté vers les parcelles à haute densité de bois. Etant donné que les informations d'ordre topographique relevées sur les cartes publiques ne sont ni disponibles ni fiables, une reconnaissance poussée du terrain par un ingénieur forestier expérimenté et un assistant est souhaitable. L'ingénieur développe le réseau des routes directement dans la forêt. La configuration suit le contour du terrain autant que possible et essaie d'éviter les cours d'eau. La qualité du tracé de route qui en est résultée est assez satisfaisante.

Deuxième étude de préexploitation et plan d'exploitation

Peu de temps avant que l'exploitation ne commence, une deuxième étude d'arbres exploitables est effectuée par une deuxième équipe comprenant 5-6 hommes. De cette étude le plan d'opération pour les équipes d'abattage est développé. Le nombre et l'emplacement des arbres exploitables sont portés à la connaissance du responsable de l'opération d'abattage, qui décide du déploiement des équipes d'abattage.

4.2 CONSTRUCTION DES ROUTES

La planification et la construction des routes sont entièrement effectuées par la société. Les machines disponibles pour la construction des routes comprennent des tracteurs à chenilles (Caterpillar D6 et D7), des niveleuses (120G/120B), des chargeurs frontaux (966C), et des camions (Benz 1113). La construction des routes est normalement réalisée une année à l'avance sur les opérations d'exploitation en vue de permettre aux routes de sécher. Les types suivants de facilités existent dans la zone de concession:

· routes d'accès (long terme, plus de 10 ans)

concession)

· routes secondaires de transport (court terme, jusqu'à 3 ans)

· pistes de débardage (court terme, quelques jours jusqu'à plusieurs

mois)

· parcs de chargement (court terme, jusqu'à plusieurs mois)

Les arbres situés sur les lieux de construction des routes sont marqués, abattus, et posés le long de ces routes. Les arbres destinés au commerce sont coupés et intégrés dans le processus de production. Le bulldozer commence alors à dégager le site et à préparer la chaussée.

De simples rigoles en bois sont construites pour contenir les crues saisonnières d'eau traversant la route. Elles sont formées de trois grumes dont deux constituent l'assise principale avec la troisième grume placée au-dessus. Etant donné le manque de gravier dans les environs de la concession, la couche de base de la route se compose seulement d'un sol naturel non compacté.

La chaussée est modelée par des niveleuses. Le seul revêtement disponible est la latérite. Hormis quelques exceptions, le degré maximum d'inclinaison de la route dans la concession n'excède pas 15%. Bien que les fossés soient utilisés sur les côtes, aucune évacuation n'est prévue à la surface pour drainer l'eau à partir de la structure routière. L'érosion du revêtement est un problème courant durant la saison des pluies, ce qui engendre un effort de maintenance considérable durant toute l'année. Il est intéressant de noter que l'érosion du revêtement n'est pas limitée aux pentes escarpées. Cela arrive aussi sur des terrains plats et semble être dû, plus à l'absence d'un revêtement qu'à l'inclinaison de la route. La société entretient aussi la route nationale qui est utilisée pour le transport de grumes sur de longues distances.

La largeur moyenne des zones dégagées dans la forêt pour les routes principales est de 40 m alors que celle de la chaussée n'excède pas 7-10 m. Les routes secondaires sont dégagées jusqu'à une largeur de 25 m et la chaussée n'excède pas les 4-7 m de largeur. La largeur de la zone dégagée pour les pistes de débardage n'excède pas généralement 4 m. Cette largeur reflète l'espace minimum requis pour les opérations de débardage.

4.3 EXPLOITATION

Abattage et étêtage

L'abattage est entrepris par une équipe comprenant trois personnes: un opérateur de scie à chaîne, un assistant et un guide. L'opérateur de scie à chaîne porte un équipement de sécurité (des bottes de sécurité et un casque) pour se protéger des chutes de branches et d'autres risques. Le guide identifie les arbres exploitables et détermine le site d'abattage suivant. Il fournit également à l'équipe de débardage des renseignements sur le lieu et le nombre d'arbres abattus. Avant que l'abattage ne commence, l'assistant enlève le dépôt de sable et de pierres de l'écorce pour faciliter le sciage.

La scie à chaîne (Stihl 070) est équipée généralement d'une lame de 75 ou 90 cm. L'abattage ne comporte pas de techniques spéciales telles que l'entaille de côté ou d'équipement auxiliaire tel que cales de fixation pour déterminer la direction de l'abattage. L'opérateur commence par le milieu du fût coupant toute la section transversale. Il continue avec les parties de contreforts, d'abord avec celle supposée être dans la direction de la chute. Cependant, la direction des chutes reste très variable en raison de certaines conditions difficiles pour l'abattage. L'arbre abattu, les lianes, les jeunes arbres environnants qui rebondissent sous la pression des lianes rendent l'abattage dangereux et traumatisant pour l'équipe d'ouvriers.

Après l'abattage, un étêtage de la couronne est effectué par l'assistant. Quelques éclatements du bois peuvent survenir à la suite d'une mauvaise technique de tranchage, particulièrement lorsqu'il s'agit de la coupe des branches entrelacées et difficiles. Conformément à la réglementation en vigueur et aux normes de contrôle du travail, les grumes et les troncs sont numérotés et enregistrés par espèce et par parcelle d'exploitation.

La moyenne des performances d'une équipe d'abattage est de 20 arbres par jour; le taux est de 13 à 30 arbres. En général, la société opère avec 3 équipes d'abattage en même temps, ce qui signifie une moyenne de 60 arbres par jour. En supposant un volume moyen par arbre de 6 m³, on totalise 360 m³ par jour (volume net de grume).

Extraction

Le débardage est effectué par deux tracteurs Caterpillar D6H et deux débardeurs à roues Caterpillar 528 qui sont utilisés avec des combinaisons variées. Généralement un tracteur à chenilles travaille ensemble avec un tracteur à roues. Dans cette combinaison, le débardage des grumes se fait en deux phases. Le tracteur à chenilles tire d'abord les grumes soit directement, soit par un treuil du lieu d'abattage à la piste de débardage. Ceci produit une concentration de grumes sur la piste de débardage. Durant la deuxième phase, le tracteur à roues est utilisé pour un débardage sur longue distance, tirant les grumes jusqu'au parc. Tous les tracteurs et débardeurs sont équipés de lames frontales et de tambour à un câble. Seuls les tracteurs à roues possèdent des pare-chocs arrières. Les élingues sont utilisées uniquement pour de petites distances allant jusqu'à 15 m.

La planification de la piste de débardage est effectuée par un guide pendant les opérations. Celui-ci localise les arbres abattus et trace la voie pour le débardeur. Le critère le plus important pour le réseau de pistes de débardage consiste à éviter l'eau et les zones marécageuses. Le sol d'une teneur humide n'est pas apte à supporter des équipements lourds, et pourrait engendrer des impacts négatifs pour l'environnement.

Les pistes de débardage peuvent être établies soit par les D6H, soit par les 528. Les débardeurs évitent les arbres au-dessus de 30-40 cm dbh pendant la construction des pistes. Il passe généralement à une distance qui se situe entre 5 et 20 m de l'arbre abattu et tire la grume avec le treuil. La charge maximale de débardage est généralement limitée à deux grumes (volume global 12-15 m³). Les grumes sont tirées soit vers une route, soit vers un parc de chargement provisoire.

Opérations de chargement

Les opérations de chargement consistent en tronçonnage, sélection, mesure des dimensions et chargement des grumes. Etant donné que l'exploitation dans la concession est principalement concentrée sur une simple espèce et un seul produit (grumes d'okoumé de qualité pour le placage), les opérations d'entreposage sont assez simples et standardisées.

En fonction de la distance entre la zone d'exploitation et la route la plus proche, les parcs sont établis, soit directement le long de la route, soit dans des sites provisoires dans la forêt. Une route secondaire doit alors relier le parc de chargement à la route principale.

Les grumes sont coupées dès leur arrivée au parc. Les défectuosités aux bouts des grumes occasionnées par l'abattage et le débardage, ainsi que les autres parties dégradées, sont enlevées. Par la suite, toutes les grumes sont mesurées, numérotées et marquées à la peinture pour être identifiées ultérieurement. Le mesurage est effectué par une personne utilisant un mètre rigide et une table de volume. Le calcul du volume est basé sur le diamètre moyen de la grume. Une pulvérisation contre les champignons et les insectes est aussi faite pour les protéger contre d'éventuels dégâts.

Les grumes sont coupées à une longueur maximale permettant le transport jusqu'à 15 m. En général, la longueur des grumes varie de 8 à 15 m. Les grumes sont chargées sur des camions à l'aide d'un chargeur frontal à roues. L'optimisation de la longueur du bois s'effectue après le transport de la grume au parc de l'usine.

4.4 TRANSPORT

Le transport des grumes jusqu'à l'usine à Dolisie est effectué à l'aide de lourds camions grumiers (Benz 1928/2628 pouvant charger jusqu'à 60 tonnes). Un système de camion remorque avec les grumes placées horizontalement est utilisé. De cette façon le camion transporte la remorque lorsqu'il n'est pas chargé de grumes. La distance de transport est approximativement de 500 km. Près de 100 km de cette distance est en asphalte et le reste est soit en terre, soit en latérite. La route nationale empruntée pour le transport sur grande distance traverse les montagnes du Chaillu. Il existe des pentes de 12-15% d'inclinaison dans quelques courtes sections de la route. En raison de la distance de transport relativement longue, des conditions difficiles de la route, et de grands risques d'accident, la société accorde une grande importance à l'entretien régulier et soutenu des routes durant toute l'année. Ce qui réduit les coûts de réparation des camions et augmente la rentabilité des opérations.

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