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7. DISCUSSION

L'objectif de cette étude pilote, qui est la première du genre au Congo, est de compiler la documentation sur les études préliminaires et de fournir des informations telles que communiquées par l'encadrement technique et administratif de la société SOCOBOIS. Les aspects techniques de l'exploitation forestière et les impacts y afférents ont été la principale préoccupation de cette étude. Ces aspects techniques se rapportent à l'abattage, au débardage, au transport, aux taux de récupération du bois et aux dommages engendrés par l'abattage et le débardage. L'étude pilote était effectuée dans les forêts du sud du Congo. Dans cette région, l'exploitation est concentrée presque exclusivement sur l'okoumé (Aucoumea klaineana), une espèce importante pour la production du bois de placage pour l'industrie du contre-plaqué. La moyenne d'intensité d'exploitation dans la zone étudiée est approximativement de 6 m³ de volume net de grume par hectare.

La discussion des résultats suit la structure du Code modèle des techniques d'exploitation forestière2 publié récemment par la FAO. Cette approche a été choisie parce que le Code modèle fournit des directives exhaustives et une structure logique concernant tous les aspects de l'exploitation forestière. Bien qu'il ait été conçu pour servir comme un modèle général pour la préparation des codes des techniques d'exploitation à l'échelon national ou régional, ce code pose d'importantes questions qui sont aussi débattues aux niveaux de la gestion du secteur forestier de l'industrie du bois. A cet égard, le Code modèle sert comme une liste de contrôle et une base pour les propositions servant à réduire les impacts d'exploitation.

Deux hypothèses conditionnent cependant le Code des pratiques d'exploitation forestière de la FAO. La première (pour l'utilisation forestière), "il est tout d'abord nécessaire de déterminer les pratiques qui peuvent être appliquées du point de vue technique ou économique". Une fois que celle-ci est connue, la volonté politique et le cadre juridique nécessaire à l'application doivent être confirmés. La deuxième hypothèse est "qu'il est possible d'entreprendre des opérations d'exploitation forestière compatibles avec les besoins d'un développement à rendement soutenu". Une condition nécessaire pour la gestion à rendement soutenu des forêts est que l'utilisation et les activités qui lui sont associées, ne doivent pas compromettre le potentiel des forêts de se régénérer d'une façon appropriée et de fournir des produits et des services qui sont essentiels pour le bien-être des générations actuelles et futures. Mais, si cela était facile, la majorité des équipes d'exploitations forestières dans le monde serait déjà en train de l'appliquer, mais ce n'est pas le cas"3.

En ce qui concerne l'exploitation, le Code modèle identifie quatre éléments essentiels pour une gestion des forêts sur une base durable:

résultats à l'équipe de planification et au personnel d'exploitation

Il y a lieu de noter qu'en raison des contraintes de temps affectant le travail de terrain pour cette étude, seuls quelques aspects techniques des opérations d'exploitation forestière ont

pu être examinés et analysés. Les aspects économiques et sociaux des activités d'exploitation n'ont pu être étudiés en détail. Par ailleurs, l'évaluation des données techniques n'a pas été facile, étant donné que de "bonnes techniques d'exploitation forestière" n'ont pas encore été mises au point pour la plupart des types de forêts et en particulier pour les forêts faisant l'objet de l'étude. La disparité des types de forêts et des systèmes d'exploitation rend difficile toute comparaison avec les constatations faites par les autres études. Dans le chapitre suivant, les résultats de l'étude seront discutés et d'importants éléments et faits observés durant le travail de terrain seront soulignés. Les enquêtes relatives à l'impact environnemental des opérations d'exploitation ont été limitées aux impacts causés par l'abattage et le débardage sur la forêt résiduelle.

Planification de l'exploitation

La planification d'exploitation est l'élément clé d'une bonne gestion forestière. Le plan de l'exploitation forestière doit répondre aux questions suivantes: qu'est ce qui doit être fait, pourquoi doit-il être fait, où, quand, par qui, et comment? Les plans d'exploitation sont de deux types: type stratégique (long terme) et type tactique (court terme). Les deux plans stratégique et tactique doivent comprendre un plan écrit et des cartes démontrant des détails de niveaux différents.

Le plan stratégique de l'exploitation doit montrer ou décrire les aspects suivants: les types de strates forestières, les configurations topographiques importantes, l'infrastructure, les zones de protection, les zones d'exploitation, les zones à problèmes, les zones à usage non forestier, les communautés, les types d'équipements d'exploitation à utiliser, une estimation du volume de bois à enlever de chaque coupe, l'emploi du temps, et la description de tout problème potentiel. L'information détaillée concernant le système de transport forestier (comprenant les paramètres du tracé des routes pour différentes conditions, localisations et spécifications de la majorité des passages des cours d'eau, etc.) devrait faire partie du plan stratégique écrit.

Le plan tactique à court terme fournit normalement les détails des opérations qui doivent être entreprises dans la coupe annuelle. Ses éléments doivent comprendre une étude topographique, une carte montrant les limites de la zone d'exploitation, la localisation des cours d'eau, des marécages ou d'autres zones de sols inondables, des ravins, des affleurements des rochers, des zones protégées et des autres configurations importantes. Sur la carte topographique, les zones à gestion spéciale dans lesquelles la coupe est soit interdite, soit limitée, doivent être délimitées. Un système détaillé de transport et d'évacuation pour les opérations doit être rédigé. Les arbres qui vont être exploités doivent être marqués. Un tel plan comprendra les routes de transport, les parcs de chargement et les pistes de débardage. Une attention particulière doit être accordée aux problèmes environnementaux (par exemple: cours d'eau et leurs passages). Si un équipement spécifique d'exploitation doit être utilisé, ceci est à déterminer "en tenant compte des conditions susvisées"..

La seule carte publique disponible à présent pour la planification stratégique dans la zone d'étude est la Carte géographique nationale à une échelle de 1:200000. Cette carte ne fournit pas de détails suffisants pour la planification de l'exploitation. Par exemple, la localisation et la taille de plusieurs configurations topographiques sont inadéquates. Les cours d'eau, les zones marécageuses, les zones protégées, et l'emplacement des communautés ne sont pas bien représentés. Des cartes précises de la couverture forestière et les données d'inventaire forestier ne sont pas disponibles. Deux ans avant le démarrage de l'exploitation, une étude commerciale (prospection) a été entreprise par la société. La composition des espèces dans la forêt, leur régénération potentielle et leur croissance dynamique ne sont pas connues.

En ce qui concerne la planification d'ordre tactique, la société a préparé des cartes-croquis pour chaque unité d'exploitation, comprenant les configurations importantes du terrain, les localisations des arbres exploitables, et le tracé des routes. L'objectif de ces cartes est de réduire les actions inutiles et les pertes de temps. Elles permettent de réduire le nombre d'études, d'augmenter l'efficacité et de faciliter l'échange d'informations entre les équipes chargées de l'étude du terrain, de l'abattage et du débardage. La précision des cartes-croquis élaborées par l'équipe chargée de l'étude de terrain reste cependant très limitée. Toute amélioration ou préparation de cartes imprimées prendrait beaucoup de temps et exigeraient de l'expérience, des qualifications pour l'étude du terrain, et une connaissance approfondie des conditions requises pour une planification adéquate d'exploitation.

La planification de l'exploitation dans la zone étudiée semble être relativement bien développée compte tenu des outils disponibles dans la société et des équipes opérationnelles. Les routes sont, par exemple, situées sur des crêtes, suivant les unités d'exploitation avec la plus haute densité de bois et évitant autant que possible les cours d'eau.

La réussite de l'introduction de techniques d'exploitation affinées demande une acceptation générale des méthodes et une bonne motivation de la main-d'oeuvre. Alors que la motivation peut être obtenue par des encouragements d'ordre financier, l'acceptation de nouvelles méthodes ne peut être réalisée qu'à travers une connaissance approfondie de ce qui doit être fait et de ce qui est nécessaire.

D'autres domaines où la planification de l'exploitation pourrait sûrement améliorer les techniques courantes sont: l'organisation des opérations, la réduction des dégâts d'exploitation aux arbres à venir, la construction des routes afin d'améliorer les systèmes d'écoulement, l'évaluation de l'exploitation (gestion réussie), et le suivi des opérations.

Entretien des routes

D'après le Code modèle de la FAO, le but d'une bonne construction des routes est de fournir un accès à la forêt à bas coût et parallèlement arriver à minimiser l'érosion du sol, la sédimentation des cours d'eau, et l'utilisation des espaces. Les zones protégées de toutes sortes sont à éviter.

Les techniques améliorées d'entretien des routes peuvent être réalisées avec le concours des ingénieurs forestiers expérimentés dans l'étude, la construction et le contrôle des routes. Les résultats des techniques améliorées comprennent la minimisation de la longueur totale des routes, la réduction de la superficie de perturbation associée aux routes, le fait d'éviter les zones de sols humides à hauts risques d'érosion, la minimisation de l'excavation et des banquettes de route, une compactibilité adéquate et une stabilité de la base de la route, la construction de drains d'écoulement, la revégétation des talus en bordure des routes, le fait d'éviter l'accumulation de l'eau dans les zones tampons, et le maintien de l'inclinaison des routes à un niveau presque optimal. La réduction de l'impact routier consiste aussi dans l'utilisation de crêtes stables pour les routes, un entretien efficace de tous les éléments de construction, et la fermeture des routes secondaires. Il peut s'avérer nécessaire de tracer des saignées sur la surface des routes fermées afin de permettre une régénération végétale plus rapide.

D'une manière générale, les concessionnaires forestiers du Congo doivent implanter toute l'infrastructure requise pour l'exploitation du bois dans les forêts, et ce, comprenant les routes, les ponts, les ateliers et les campements des ouvriers. La société doit aussi entretenir les routes nationales lorsqu'elle assure le transport sur une longue distance. Sans ces efforts supplémentaires, le transport sur longue distance deviendrait très peu fiable et lent.

La densité routière et l'utilisation d'espaces sont des paramètres établis par excellence pour l'évaluation du réseau des routes forestières. Pour ces deux paramètres des relations caractéristiques ont été établies (voir Tableau 6-13). La densité moyenne des routes principales est de 1,8m/ha ; elle est de 3,9 m/ha pour les routes secondaires, soit un total moyen de 5,7 m/ha. La surface totale utilisée pour les opérations d'exploitation s'élève à 8.4% de la coupe annuelle totale (voir Tableau 6-18). La plus grande partie de l'espace utilisé revient à l'abattage (45%), qui a un impact relativement faible sur le sol. Ensuite la plus grande portion est pour les pistes de débardage (32%), qui peut avoir un impact négatif considérable sur les sols et sur la régénération des forêts du fait de la compactibilité des sols. Les routes principales et les routes secondaires comptent 20% de la zone utilisée et les parcs de chargement prennent environ 3% (estimation).

Une réduction de la zone utilisée pour les routes pourrait être réalisée par l'optimisation ultérieure du tracé des routes et des pistes de débardage (voir Extraction). Toutefois, compte tenu des nécessités d'un système de débardage terrestre pour le transport, la longueur totale des routes requise pour les opérations dans une zone forestière donnée est typiquement majeure à celle requise pour d'autres techniques d'extraction telles que les systèmes de câbles aériens. Une réduction significative de la zone utilisée pour les routes pourrait être possible grâce à un dégagement de largeur réduite pour les routes principales. A présent, la moyenne de dégagement de largeur est de 40 m. La thèse basée sur le fait que le dégagement en largeur permet aux routes de sécher et évite leur obstruction par des arbres abattus devrait être réexaminée. Les techniques d'une bonne gestion de forêt tropicale demandent à ce que les opérations d'exploitation soient de préférence entreprises durant la saison sèche en vue d'éviter l'érosion inutile, la pollution de l'eau, et l'endommagement des routes. Cela pourrait permettre une diminution de la largeur dégagée en comparaison avec celle pratiquée à l'heure actuelle sur les routes forestières.

Quelque érosion notée pendant le travail de terrain est due à des systèmes de mauvais drainage. Sur des sections de routes escarpées, des évacuations transversales et des fossés sur les côtés pourraient évacuer l'eau rapidement de la structure routière et augmenter ainsi la durabilité de la surface routière. Tout investissement dans une route bien conçue doit être considéré en relation avec la période d'utilisation de cette route et les frais annuels d'entretien. Une période d'utilisation relativement courte, suivie par une fermeture de la route pourrait justifier des normes de construction relativement basse. Mais cette considération principalement d'ordre économique ne doit pas négliger les aspects environnementaux afin d'éviter les dégâts d'érosion et de sédimentation.

Le tronçonnage

Tout tronçonnage devrait être effectué afin d'assurer la sécurité des ouvriers et minimiser les dégâts éventuels aux arbres, au sol et aux cours d'eau. Le volume de bois commercial et la valeur des grumes devraient être maximisés.

L'étude pilote a examiné trois aspects de l'abattage: les dégâts occasionnés aux arbres restants, la récupération totale du bois et le temps requis pour l'abattage.

La discontinuité dans la couverture forestière causée par l'abattage représente 45% de la perturbation de la surface totale durant toute la phase de l'exploitation forestière; soit 3,8% de la coupe annuelle. Les arbres exploitables appartiennent généralement à la couche forestière dominante et atteignent par conséquent de grandes dimensions en hauteur et en couronne. Les arbres abattus engendrent de grands vides dans la couverture forestière et des dégradations importantes aux autres arbres. La zone que l'on considère dégradée, englobe les arbres abattus ainsi que les arbres abîmés. La présence de lianes entre les couronnes occasionne des dégradations aux arbres avoisinants pendant les opérations d'abattage. Les dégâts engendrés par les lianes augmentent davantage la surface totale endommagée.

Les dégâts dus à l'abattage ont été enregistrés sur trente sites d'abattage. Les dommages associés avec l'abattage affectent les couronnes et les écorces abîmées ainsi que les arbres déracinés ou cassés. En moyenne, 17,7 autres arbres ont subi des dégâts lors de l'abattage d'un seul arbre exploité. La fréquence des dommages dus à l'abattage est plus importante en termes de volume de bois extrait. Le nombre de dégâts dus à l'abattage par 1 000 m³ de volume net extrait s'élève à 3 000 environ. Compte tenu du fait que très peu de lianes proviennent de l'arbre exploité, il semble peu probable que cette situation pourra s'améliorer en coupant à l'avance ces lianes.

En appliquant des techniques d'abattage bien dirigé, les dégâts à la coupe ultérieure pourraient être réduits dans de nombreux cas. Toutefois l'on ne pourrait s'attendre qu'à des impacts positifs limités sur les statistiques globales. Il est certain que les techniques d'abattage dirigé pourraient accroître la sécurité des équipes d'abattage. La prochaine génération d'arbres à couper serait mieux protégée en les marquant d'une façon permanente, soit avec des fanions, soit avec de la peinture.

Les pratiques courantes pourraient être sensiblement améliorées en ce qui concerne l'érosion et la pollution de l'eau et ce, en évitant l'abattage à travers les cours d'eau ou dans les zones marécageuses. Ceci pourrait s'avérer difficile sur les terrains escarpés mais dans la plupart des cas les arbres pourraient être abattus latéralement ou en suivant les lignes de contour. Ceci protégerait non seulement l'eau, mais limiterait les dégâts occasionnés à la grume qui surviennent quelques fois lors d'un tronçonnage difficile sur les terrains accidentés.

La récupération du bois était de 86% pendant l'abattage. En d'autres termes, 86% du volume des fûts sur pied étaient débardés jusqu'au parc de déchargement. Les 14% de pertes sont à attribuer aux souches qui restent dans la forêt, ainsi qu'aux fûts qui ne présentent pas les qualités requises. Les possibilités d'augmenter la récupération de bois à l'abattage sont très limitées, étant donné que les souches ne sont pas considérées utilisables à l'heure actuelle. Le fût entier allant jusqu'à la première branche pourrait être exploitée, d'autant plus que les parties courbées d'une grume peuvent souvent être utilisées dans l'opération de déroulage. On pourrait réduire d'autres dégradations par éclatement de grumes en appliquant des techniques améliorées de tronçonnage. D'autres améliorations pour la récupération du bois pourraient être possibles par une coordination et un suivi plus approprié quant aux rapports entre les besoins de la scierie et la qualité et les dimensions des grumes exploitées. L'utilisation de grumes dérivant d'un arbre devrait toujours être déterminée avant de procéder à l'abattage. Une sélection plus appropriée des arbres à exploiter, réduirait le volume des pertes et augmenterait la rentabilité des opérations de transport. Les impacts d'ordre environnemental et la rentabilité de l'exploitation s'améliorent d'une façon certaine, lorsque les arbres qui sont en grande partie inutilisables, en raison de dégradations ou de mauvaise qualité, sont laissés intacts dans la forêt. Ceci requiert une évaluation détaillée de l'offre et de la demande forêt/scierie, les normes de qualité bien définies, un suivi et un lien de communication permanents entre la scierie et la forêt.

L'analyse de l'abattage fait ressortir la moyenne de répartition de temps requis pour chaque élément de travail (Tableau 6-9). Il est évident qu'une proportion relativement importante de temps (24%) est requise pour la reconnaissance et une proportion également importante pour l'étêtage. On peut espérer que l'emploi d'une carte d'emplacement des arbres amènerait à une forte réduction du temps requis pour la reconnaissance. Le temps de reconnaissance enregistré par la présente étude est seulement le temps de marche et de recherche de l'opérateur de la tronçonneuse; le temps requis par le guide pour localiser un arbre exploitable est beaucoup plus long. La perte de temps est due généralement à un manque de coordination entre les équipes de reconnaissance et d'abattage. Des techniques de tronçonnage améliorées pourraient certainement réduire le temps requis pour l'opération d'étêtage et minimiser la dégradation des grumes. Toute amélioration sensible des techniques ne pourrait se traduire par une meilleure productivité qu'à la condition d'être basée sur une motivation adéquate et une supervision continue. Sans ces conditions préalables, le succès des efforts engagés pour la formation et l'amélioration de l'organisation pourrait être remis en question.

L'extraction

Les objectifs d'une extraction bien organisée et efficacement supervisée sont: l'optimisation de la productivité d'extraction, la sécurité, la minimisation de la compactibilité et de la perturbation du sol, la minimisation de la pollution de l'eau, la minimisation des dégâts aux arbres résiduels (particulièrement pour la coupe ultérieure) et la récupération de toutes les grumes préparées par l'équipe d'abattage.

A cet effet, le Code modèle de la FAO offre quelques recommandations techniques en ce qui concerne la sélection des débardeurs et des tracteurs à chenilles. Bien que les débardeurs à roues soient préférables aux tracteurs à chenilles pour l'extraction de grumes, le Code modèle de la FAO stipule que: "en dépit de leurs problèmes il est cependant reconnu que dans plusieurs zones forestières, particulièrement en terrain escarpé avec de grands arbres et une pluviosité importante, les tracteurs à chenilles resteront probablement le type le plus commun des machines de débardage utilisées".

Environ 2,5% de tous les arbres recensés dans la zone étudiée étaient endommagés durant les opérations de débardage. Ceci équivaut à 11,5 arbres par hectare ou 212 arbres par kilomètre de piste de débardage. La proportion moyenne d'okoumés endommagés s'élevait à 2,8%. En termes de volume de bois extrait, cela représente environ 2 000 arbres endommagés pour 1 000 m³ extraits. Parmi tous les arbres abîmés, l'on compte 46% d'arbres complètement ou partiellement déracinés. La fréquence de l'ensemble des dégâts dus au débardage de tous les arbres, s'élevant à 2,5%, est directement reliée à la proportion de la zone totale perturbée retenue pour les pistes de débardage, 2,7% (Tableau 6-10).

Le nombre de dégâts provenant du débardage est en étroite relation avec la surface requise pour les pistes de débardage. Le nombre total et la proportion des dommages de débardage peuvent donc être réduits considérablement en diminuant la zone de débardage. Le tracé des pistes de débardage (Figure 6-6) est un exemple de liaison presque parfaite entre les arbres exploitables. Des réductions légères de la surface des pistes de débardage pourraient être atteintes par l'augmentation des distances de débardage par treuil et par une planification intensifiée. Ceci pourrait remplacer le tracé en zigzag actuel par un système de débardage avec une piste de débardage principale planifiée. Cependant, le potentiel pour une réduction importante de la superficie totale utilisée pour les pistes de débardage paraît très limitée (voir planification de l'exploitation). Le tracé des pistes de débardage utilisées par les équipes dans la zone étudiée résulte du degré d'expérience de l'équipe qui exploite ce genre de forêts, de la faible intensité de l'exploitation, et des conditions relativement faciles du terrain.

Une autre possibilité pour réduire les dommages liés à l'extraction est une évaluation critique des conditions d'exploitation en rapport avec l'efficacité de l'extraction. Dans certains cas, il serait préférable de laisser de côté des arbres isolés de qualité marchande qui exigent de longues distances de débardage ou qui sont difficiles à exploiter en raison du terrain escarpé ou de difficulté des conditions du sol. A cet égard, une planification minutieuse du système d'exploitation pourrait améliorer les statistiques des dommages ainsi que les coûts d'exploitation. La distance moyenne du débardage pour chaque zone de l'étude est présentée au Tableau 6-12. La plus grande distance moyenne de débardage se trouve en Zone C. En termes de mètres par arbre, la distance de débardage était deux fois plus importante que dans les autres parcelles et la fréquence relative des dommages avait augmenté en conséquence. La planification de l'exploitation devrait déterminer dans quelles conditions l'exploitation d'arbres isolés pourrait économiquement être justifiée, tous les aspects techniques et environnementaux ayant été pris en considération.

De nombreux dégâts affectent négativement la coupe ultérieure d'arbres en raison de l'usage excessif des lames de scie sur les pistes de débardage. La majorité des dommages dus aux lames est attribuée aux tracteurs à chenilles, mais les débardeurs à roues peuvent aussi causer des dommages considérables si l'opérateur n'est pas motivé, ou si ce dernier n'est pas conscient de ce qu'il fait et si les arbres à protéger ne sont pas marqués d'une façon claire.

Dans quelques forêts, la perturbation accompagnant l'exploitation forestière est considérée comme une contribution bénéfique pour accélérer et améliorer la régénération. Des observations préliminaires constatées sur le terrain n'ont pas confirmé cette hypothèse, du moins pour la régénération de l'okoumé. Très peu de jeunes plants et de jeunes okoumés ont été trouvés le long des pistes de débardage et sur les sites d'abattage dans une zone exploitée trois ans auparavant. En forêt dense, la densité des jeunes plants et des jeunes okoumés semble décroître au fur et à mesure que la distance avec le porte-graines augmente. Il est recommandé que les techniques concernant les besoins de l'okoumé et de sa régénération soient évaluées. La longue tradition d'exploitation au Congo pourrait certainement faciliter ce travail, étant donné que l'occasion se présente d'entreprendre des recherches dans des zones exploitées par la même entreprise depuis trente ans.

Opérations de chargement

Les avantages d'un parc de chargement bien conçu, soigneusement construit et efficacement dirigé sont : la sécurité, la minimisation des coûts, la minimisation de la surface du parc, la protection de l'eau et le transfert adéquat des grumes vers le système de transport.

La conception et l'emplacement des parcs de chargement devraient être établis pendant la planification de l'exploitation, de préférence en liaison avec la planification des routes. Un entreposage temporaire au bord de la route est recommandé autant que possible. Les parcs de chargement devraient être aussi petits que possible, prenant en considération le besoin de décrocher les grumes des équipements d'extraction, de les trier, de les entreposer temporairement et de pourvoir au chargement des camions.

Deux types de parcs de chargement ont été observés dans la coupe annuelle: les parcs de chargement situés le long des routes où un volume de grumes relativement petit était directement débardé vers la route principale et des parcs de chargement en forêts où des grumes de taille supérieure devaient être collectées, triées, et chargées. Dans la zone étudiée, seuls les parcs de chargement au long des routes étaient utilisés. La surface globale utilisée pour les parcs de chargement est relativement faible; de ce fait le potentiel de toute réduction de superficie se trouve donc limitée. La superficie totale pour les parcs de chargement est estimée à 0,2% de la coupe annuelle VMA95. En ce qui concerne les besoins d'une exploitation forestière environnementalement saine, l'étendue et l'organisation des parcs de chargement devraient être évaluées étant donné que les parcs de chargement constituent des sources potentielles de pollution de l'eau telles que le combustible, l'huile et les sédiments du sol.

La récupération en volume de la grume prête à être chargée sur le camion était calculée par rapport au volume des arbres sur pied. La moyenne de récupération en grume était de 70% du fût total, dont 14% de perte surviennent pendant les opérations d'abattage et 16% de pertes pendant le tronçonnage dans les parcs de chargement (Tableau 6-8). Il y a lieu de noter que le volume total (100%) utilisé dans cette étude est le volume total du fût, y compris la souche jusqu'à la première branche de la couronne (voir Chapitre 4.3).

D'autres études utilisent des approches différentes pour le volume de 100%. Une étude récente de l'ITTO sur la récupération de bois dans quatre pays tropicaux calcule la récupération sur la base de toutes les parties de l'arbre au-dessus du sol incluant le bois de la couronne jusqu'au diamètre supérieur à 20 cm. Dans l'étude ITTO, la récupération moyenne en grume est de 53,5%. Les coupures, les contreforts et la souche comptent pour 20,2% et le bois de couronne pour 26,3% des pertes. Si le bois de la couronne est enlevé du calcul, la proportion extraite en qualité de grumes s'élève à 72,3% du volume du fût, qui est comparable au 70% de la récupération obtenue dans cette étude pilote. Si une proportion similaire de bois de couronne est supposée pour les okoumés au Congo, le résultat de la récupération serait estimé à 50% basé sur le volume total d'arbre à hauteur de diamètre supérieur à 20 cm.

Si un usage croissant des coupures du fût et du bois de la souche n'est pas possible pour la transformation, l'utilisation de résidus à des fins autres qu'industrielles devrait être considérée en vue d'améliorer le taux d'utilisation globale des arbres abattus. Les problèmes associés à l'utilisation des résidus dans cette concession spécifique sont: l'emplacement éloigné, la taille des résidus, le problème associé au transport, et le travail requis pour briser les résidus et les réduire à une taille utilisable (pour le bois de chauffage, etc.)

Evaluation de l'exploitation

Selon le Code modèle de la FAO, une évaluation de l'exploitation est un contrôle systématique effectué en vue de déterminer jusqu'à quel degré une opération d'exploitation a suivi la planification d'exploitation et a atteint ses objectifs définis en conformité avec les normes établies.

Les points critiques qui devraient être examinés pendant l'évaluation de l'exploitation sont les suivants: l'orientation de l'abattage et les techniques de tronçonnage; la conformité des opérations d'exploitation avec la planification; les pertes en volume de bois; l'emplacement et les conditions des routes, des parcs de chargement et des pistes de débardage; la perturbation du sol ; et les effets de l'opération sur les peuplements restants.

A présent, une évaluation systématique de l'exploitation ne fait pas partie des opérations d'exploitation dans la zone de concession. Cependant, parallèlement à la planification de l'exploitation, l'évaluation de l'exploitation est une condition essentielle et préalable à l'aménagement à rendement soutenu des forêts. Basées sur une planification élaborée et documentée, les techniques d'exploitation devraient être efficacement contrôlées si la production de bois, la qualité de travail, et les impacts sur l'environnement doivent être pris en considération.

Le développement et le réajustement des techniques courantes qui doivent répondre au défi d'un aménagement forestier à rendement soutenu comprennent plusieurs étapes. Le processus de réajustement peut démarrer avec une revue détaillée de l'organisation actuelle de l'exploitation, y compris des facteurs importants qui ont un impact considérable sur l'efficacité des opérations et la qualité de travail. Ces facteurs comprennent la planification du travail et l'organisation, la communication interne, les encouragements, la motivation, et la formation du personnel.

La deuxième étape est l'identification des zones potentielles pour l'amélioration des coûts de l'exploitation. Les stratégies d'amélioration doivent être développées et discutées quant à leurs priorités, à leur faisabilité technique, et à leur efficacité économique. L'établissement de plans d'exploitation plus minutieux, accompagné d'une évaluation permanente de l'exploitation, doit être considéré.

La planification de l'exploitation devrait bénéficier de cartes détaillées à plus grande échelle, qui incluent les lignes de contours, les cours d'eau, les marécages, etc. Si la société doit préparer ces cartes, les coûts additionnels résultant de la planification et des efforts d'inspection doivent être comparés avec les bénéfices économiques et environnementaux d'une opération améliorée. La combinaison d'exploitation à basse intensité avec des espèces de valeur inférieure, complique certainement l'introduction d'outils améliorés de planification. Ceci concerne non seulement les techniques d'exploitation, mais aussi la sylviculture, les taxes, les honoraires, les conditions de travail, et les salaires. Les autorités gouvernementales concernées doivent être impliquées à tous les niveaux de la discussion.

2 Dykstra, Dennis P. et Heinrich, Rudolf. 1996. Code modèle des pratiques forestières de la FAO.

Rome, FAO. 85p.

3 Ibid, p. 5-6.

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