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Perspectives nationales et mondiales pour une foresterie durable: un programme de formation pluriannuelle dirigé par la Division de l'environnement et des ressources naturelles de l'Institut de développement économique de la Banque mondiale (EDIEN)

Nalin Kishor et Carlos E. Bertao30
30 Banque mondiale, Washington, D.C. 20433 U.S.A.
RÉSUMÉ DU PROGRAMME

Titre du Programme:

Foresterie durable: perspectives nationales et mondiales

Régions visées:

AFR, AOP et ALC (Afrique Subsaharienne, Asie orientale et Pacifique, et Amérique latine et Caraïbes)

Durée:

Programme sur trois ans pour EF99, EF00, EF01

Division responsable:

Division de l'environnement et des ressources naturelles de l'Institut de développement économique (Environment and Natural Resources Division of the Economic Development Institute, EDIEN)

Equipe du programme:

Bertao, Blanchez, Ducrot, Furtado, Kishor, Wachira.


Justification et objectifs: Malgré les efforts en cours aux échelons national et international pour tenter d'enrayer la déforestation, la disparition de la couverture forestière se poursuit à un rythme alarmant sur toute la planète. Des évaluations récentes ont chiffré la disparition des forêts tropicales humides due aux interventions humaines à environ 20 millions d'hectares par an. On estime que sur ceux-ci, une surface forestière égale à la superficie de la Suisse disparaît chaque année uniquement en Asie du Sud-Est. En outre, 1997 a été une année particulièrement mauvaise pour les forêts en raison du phénomène El Niño, et pourrait bien rester dans les mémoires comme l'année où les forêts de la planète ont pris feu et où près de 5 millions d'hectares de forêts ont brûlé, en ne considérant que l'Indonésie et le Brésil. En fait, il est probable que dans le cas de l'Indonésie, les incendies de forêt de 1997 aient contribué à la gravité de la crise économique actuelle; il faut s'attaquer au problème de toute urgence pour remettre l'économie sur les rails. L'ampleur totale des dommages causés par les incendies de forêt dans le Roraima (Brésil) doit encore être évaluée.

Si l'engagement à l'échelon national pour la maîtrise de la déforestation est essentiel, la coordination régionale est souvent décisive. Par exemple, la forêt tropicale humide du bassin du Congo représente le deuxième plus grand massif forestier tropical du monde après la forêt amazonienne. Dans six des pays du bassin (Cameroun, Gabon, Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa, République centrafricaine, Guinée équatoriale), la forêt disparaît à un rythme alarmant. Ces pays doivent coordonner leurs efforts et harmoniser leurs politiques afin que les ressources forestières et naturelles soient gérées de manière compatible avec une croissance durable.

Le fait de reconnaître que les forêts du monde entier sont menacées (ainsi que leurs fonctions écologiques, économiques, environnementales et sociales) justifie l'examen de politiques et d'options pour une gestion forestière durable. En outre, il n'existe pas de réseaux professionnels permettant l'échange d'information et d'expériences, échange qui contribuerait à son tour à stimuler les réformes institutionnelles et politiques dans les régions où les forêts tropicales humides sont des ressources importantes.

Les objectifs de base du programme sont donc les suivants: (a) développer les activités de diffusion et de formation aux questions forestières; (b) créer des réseaux professionnels pour favoriser les réformes institutionnelles et politiques dans le secteur forestier, et (c) favoriser une approche régionale de la conservation des forêts là où les limites de l'écosystème forestier dépassent les frontières géographiques. Dans ce contexte, il faut examiner une nouvelle fois, et avec plus de soin, les questions "traditionnelles" telles que les politiques de gestion des concessions forestières, les taxes d'abattage, l'industrie forestière, la certification, l'éco-étiquetage et le commerce international du bois d'œuvre, et voir comment ils peuvent être appliqués plus efficacement. Il est tout aussi important d'examiner la façon dont les questions nouvelles telles que les marchés mondiaux pour la fixation du carbone, la bioprospection, la protection des sols et des bassins versants, etc., sont susceptibles de fournir des instruments supplémentaires à la gestion forestière.

Les raisons ayant conduit l'Institut de développement économique (IDE) à démarrer un programme dans ce domaine reposent sur les éléments suivants:

· la demande émanant des Opérations (AOP, AFR et ALC) pour une aide à la formation aux réformes de la politique forestière;

· la requête des employés de la Banque impliqués dans la revue en cours de la politique forestière de la Banque;

· la demande des bailleurs de fonds, par exemple du G-7 associés au Programme pilote sur la forêt humide en Amazonie, et de la Commission des communautés européennes pour le programme du bassin du Congo;

· la nécessité d'identifier des domaines prioritaires pour la formation à la politique, dans le contexte de l'alliance récemment conclue entre le WWF et la Banque mondiale pour une gestion forestière durable;

· les recommandations des représentants de nos pays clients formulées, par exemple, à l'atelier sur la foresterie lors du Forum asiatique pour le développement;

· la série de réunions entre James D. Wolfensohn et les directeurs généraux des sociétés forestières.

Globalement, ce programme s'inscrit dans la stratégie rénovée de l'EDIEN qui inclut la gestion des forêts et la conservation de la biodiversité comme centres d'intérêt majeurs. Il inclura également les efforts actuels de la division portant sur la foresterie dans le bassin du Congo et sur les incendies de forêt en Asie orientale. De plus, l'EDIEN est bien placée pour exploiter la synergie offerte par les réseaux et les partenariats mondiaux et par l'organisation d'activités de diffusion et de formation à l'échelle interrégionale pour des publics multisectoriels.

Conception et éléments du programme: globalement, ce programme consistera en des séminaires politiques destinés à plusieurs secteurs, parties prenantes et publics à l'échelle régionale, favorisant (a) un échange des préoccupations et des priorités entre les parties prenantes et les intérêts sectoriels; et (b) un échange d'expériences entre les pays, afin que les participants puissent identifier les contraintes et les solutions à la définition des priorités et à la mise en œuvre des politiques à tous les niveaux. Le programme se concentrera sur trois thèmes: identification des problèmes, apprentissage des méthodes et échange des expériences, et résolution des problèmes.

Le programme comporte deux éléments centrés sur des aspects spécifiques bien qu'interconnectés. Il s'agit de (i) la composante internationale; et de (ii) le bassin du Congo.

(i) Composante internationale: cet élément sera mis en œuvre en deux étapes. Tout d'abord EF99 sera consacré à l'organisation de trois ateliers ou conférences internationaux (un(e) dans la région AFR, un(e) dans la région AOP et un(e) dans la région ALC) pour discuter sur un plan très large les questions suivantes en matière de foresterie:

(a) Dangers d'incendie, brume sèche transfrontalière et foresterie durable31;

(b) Politiques pour des méthodes d'abattage, une industrie forestière et un commerce du bois d'œuvre durables; et

(c) Gestion des forêts pour la conservation de la biodiversité et l'atténuation des changements climatiques32.

31 Le financement de la composante Asie orientale de ce programme par des bailleurs de fonds est acquis.

32 Ceci vient également en appui aux activités engagées dans le cadre des programmes suivants de l'EDIEN: Biodiversité et conservation, et Mondialisation et développement durable (problèmes environnementaux à l'échelle planétaire).

Ces sujets ont été choisis sur la base des réactions initiales et de consultations. Ces activités ont pour objectif d'identifier les besoins spécifiques en formation à l'échelon régional, de favoriser la formation de réseaux, de rassembler des supports de formation portant sur des exemples de pratiques modèles dans le monde entier, et d'identifier des personnes-ressources dans des domaines spécifiques pour la préparation de la deuxième phase. Afin d'encourager les réseaux interrégionaux et le partage des informations, chaque activité sera par nature interrégionale, incluant un groupe de participants "centraux" venant de chacune des trois régions (AFR, AOP et ALC), qui participeront à chacune des trois réunions internationales, plus 20 à 25 participants "régionaux", qui assisteront seulement à l'atelier ou à la conférence tenue dans leur propre région. La diffusion et l'apprentissage seront favorisés par la présentation d'articles d'actualité et de discussions sous forme de tables rondes, et comprendront sans doute une sortie sur le terrain pour renforcer l'expérience d'apprentissage par le biais d'une activité pratique.

La deuxième phase du programme sera mise en œuvre pendant EF00 et EF01 et répondra aux besoins spécifiques des pays et de la région, sur la base des informations recueillies au cours des activités de la première phase.

(ii) Bassin du Congo: le programme a été conçu par les Opérations et par la Commission des communautés européennes. Il consiste en cinq activités dont trois seront exécutées par l'IDE33.

33 Le cofinancement du programme du Bassin du Congo est déjà acquis. Détails disponibles sur demande
La première activité est un débat pour définir les grandes lignes des problèmes et des perspectives de la forêt africaine à l'échelon régional. La deuxième activité est un atelier au niveau ministériel pour concevoir un programme/processus de formation/dialogue pour les pays du bassin du Congo. Ces deux activités sont déjà terminées.

La troisième activité est un atelier sur l'élaboration des politiques forestières, destiné aux décideurs jouant un rôle clé. Outre qu'il fournira aux participants des outils d'analyse et de gestion, l'atelier favorisera l'émergence d'une conception commune de la place des ressources naturelles (notamment des forêts aménagées répondant aux critères de durabilité acceptés au niveau régional) dans le développement durable de la région.

La quatrième activité est un voyage d'étude destiné aux décideurs-clés dans une région extérieure à l'Afrique, confrontée à des défis comparables pour l'élaboration de politiques ayant pour but le développement durable des forêts.

Un atelier régional final servira de forum pour proposer les éléments communs importants des politiques forestières régionales conjointes (comprenant la définition de critères et d'indicateurs de durabilité) et les instruments nécessaires à leur application. Ces éléments communs seront pris en compte dans les ateliers ultérieurs qui se tiendront pendant la deuxième phase du programme du bassin du Congo.

Cet élément est lié à la composante internationale puisque le groupe de participants "centraux" venant d'Afrique sera originaire des pays du bassin du Congo. Dans la mesure du possible, on choisira les mêmes participants pour retirer le maximum de bénéfices de l'apprentissage.

Public cible: étant donné que les problèmes dans ce domaine sont complexes et que leur résolution nécessitera sans doute la participation des décideurs, des dirigeants d'entreprises, des ONG et de la société civile, le programme inclura des représentants de chacun de ces groupes importants de parties prenantes. Une approche tenant compte des multiples parties prenantes sera donc cruciale pour forger des alliances en vue de la réforme des politiques.

Partenariats: AUSAID, CIFOR, CIRAD, CIRAF, IBAMA, FAO, UICN, UNESCO, PNUE, WWF, USFS, CE, CEFDHAC, OAB, DFID et autres (à identifier).

Stratégie de retrait: On étudiera l'option consistant à déléguer la responsabilité aux institutions régionales pour assurer les besoins futurs en formation et les conseils en matière de politique.

Effet de levier avec les opérations de la Banque: d'une manière générale, ce programme a été élaboré en accord avec la réorientation de la Banque vers des services de haute qualité autres que le crédit, et il complète la stratégie de la Banque visant à atteindre de nouveaux publics. Plus spécifiquement, le programme répond aux besoins exprimés par le personnel de la Banque dans les régions AFR, AOP, ALC et au Département du développement rural (RDV).

Diffusion des conclusions de la Banque concernant les pratiques modèles: le personnel de la Banque (notamment celui des régions, des réseaux DEC, ESSD et PREM, du RDV, du secrétariat du FEM) sera consulté pour la conception et l'exécution du programme. Les expériences de pratiques modèles de la Banque ainsi que des exemples de cas d'actualité spécifiques serviront à la production de supports de formation.

Synergie avec d'autres programmes de l'IDE: ce programme s'inspirera des expériences des activités de formation dans les domaines de la foresterie et de la biodiversité conduites dans le passé par l'EDIEN sur des thèmes tels que: Gestion forestière pour un développement durable, Biodiversité et utilisation des terres en Asie orientale, Bioprospection et plantes médicinales. Il sera coordonné avec plusieurs activités en cours de l'EDIEN, en particulier dans les domaines du développement rural, des problèmes d'environnement à l'échelle planétaire et de la gestion des impacts de la croissance sur l'environnement.

Indicateurs des résultats de l'apprentissage: meilleure connaissance (a) des options pour une nouvelle politique et des technologies pour une gestion forestière durable; et (b) des outils (tels qu'un réseau efficace d'information, un schéma matriciel de développement durable, et des approches participatives à la gestion des ressources) utilisables pour l'analyse de la réforme politique et pour la résolution des conflits.

Indicateurs d'impact: participation accrue des groupes multisectoriels à la prise de décision concernant la réforme politique pour une utilisation durable des ressources forestières.

Partage et récupération des coûts: on étudiera la faisabilité de récupérer une partie des coûts auprès du secteur privé. En outre, il sera demandé aux gouvernements des pays clients et aux partenaires de supporter une part des coûts.

Pédagogie: conférences, discussions de groupes et tables rondes, matériels d'étude, élaboration d'études de cas, et sorties sur le terrain.

Suivi, qualité et évaluation: la qualité des supports de formation et des séminaires pour chaque activité du programme sera systématiquement contrôlée. Outre les évaluations intermédiaires, un rapport d'évaluation détaillé sera préparé à la fin du programme. Ce travail sera coordonné par l'Unité d'évaluation et des bourses d'étude de l'IDE.


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