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Rubrique technologique du jardinage 10: Protection sûre et efficace des cultures


RAVAGEURS ET MALADIES

Un bon exploitant de jardin potager sait comment s’y prendre avec les ravageurs et les maladies; il sait les reconnaître et, plus important encore, il peut identifier l’insecte ou la maladie responsable d’un problème particulier. Voici quelques points simples dont il faut se souvenir:

LES BONNES PRATIQUES CULTURALES

Il existe des méthodes simples mais importantes pour aider les plantes à rester en bonne santé et à produire.

Etablissez vos cultures à l’endroit où le sol, l’eau et la lumière leur conviennent. Le papayer a besoin de beaucoup de soleil, mais le caféier doit avoir de l’ombre. Le taro pousse bien dans un sol humide, alors que le papayer peut avoir un pourrissement des racines et mourir. Il est important de bien choisir la culture qui convient à chaque emplacement du jardin.

Nourrissez vos plantes, elles vous nourriront. Des feuilles jaunes, une croissance médiocre et des fruits rabougris sont souvent le résultat d’un manque d’eau ou d’éléments nutritifs dans le sol. Lorsqu’une plante est cultivée au bon endroit et qu’aucun parasite ou champignon n’a été observé sous ses feuilles, l’utilisation d’engrais ou de fumier permet d’améliorer sa croissance.

Minimisez la concurrence. Laissez juste assez d’espace à chaque plante pour qu’elle puisse bien se développer. Les mauvaises herbes poussent parfois plus vite que les cultures et puisent dans le sol les éléments nutritifs nécessaires à la croissance de ces dernières. Il faut enlever les mauvaises herbes avant de planter ou de semer les cultures. En mettant du paillis entre les plantes, on peut empêcher les mauvaises herbes de prendre racine avant que la culture ne soit bien établie et couvre le sol.

TABLEAU 1 Ennemis des cultures et maladies couramment rencontrés dans les jardins

Maladie/ravageurs

Végétaux attaqués

Symptômes

Mesures à prendre

Pourriture des racines (Pythium sp. ou Phytophthora sp.) (champignon)

· Papayer et beaucoup d’autres végétaux

· Dépérissement
· Affaissement de la plante
· Pourrissement des racines et des tiges

· Planter dans un sol bien drainé
· Ne pas replanter là où il y a eu pourriture des racines

Flétrissement dû aux bactéries (Pseudomonas solanacearum)

· Tomate et beaucoup d’autres végétaux

· Feuilles flétries et jaunies
· Intérieur de la tige noirci

· Ne semer que des graines exemptes de maladie
· Ne pas replanter avec des cultures sensibles
· Planter des légumineuses
· Brûler les plantes affectées

Virus de la mosaïque

· De nombreuses plantes légumières et fruitières

· Feuilles jaunies et rabougries

· Détruire les plantes affectées
· Ne semer que des graines exemptes de maladie

Pucerons et cochenilles (différentes espèces)

· Citrus et beaucoup d’autres végétaux

· Dépérissement
· Insectes (protégés par une couche de cire) sur les tiges

· Enlever à la main les insectes qui se trouvent sur la plante
· Pulvériser avec une huile légère ou un pesticide approprié
· Encourager la présence de coccinelles ou autres insectes prédateurs

Larves (Heliothis sp.)

· Maïs et de nombreux légumes

· Trous dans les fruits

· Enlever les chenilles et les tuer
· Utiliser un pesticide approprié

Nématodes

· De nombreuses plantes légumières et fruitières

· Racines mangées

· Pratiquer l’assolement
· Utiliser du terreau propre

Protégez les plantes contre les vents violents, les vents saisonniers secs et les vents marins chargés de sel. Le vent peut retarder la croissance des plantes et endommager les feuilles et les fleurs. Pour vos haies vives, utilisez des arbres à fins multiples (voir aussi la rubrique technologique du jardinage 11, «Les haies vives»).

Evitez de pratiquer une seule culture sur une grande surface (monoculture). Les cultures intercalaires permettent d’accroître le nombre de cultures dans un même emplacement. Elles empêchent également la dissémination des maladies en servant de bouclier. En effet, si une plante est malade, la maladie peut se propager rapidement dans le champ tout entier, à moins qu’une autre culture lui fasse obstacle.

Utilisez des treillis. Pour éviter les champignons sur des plantes rampantes, par exemple sur les citrouilles, un bon moyen est de faire grimper les plantes sur des treillis. Pour plus de détails, voir la rubrique technologique du jardinage 13, «La culture étagée». Si le sol est très humide ou très argileux, cultivez les plantes au-dessus du sol, dans des paniers ou des conteneurs remplis d’une bonne terre mélangée à du compost.

LES MÉTHODES PRÉVENTIVES

Le meilleur moyen d’éviter les ravageurs et les maladies est de veiller à la bonne hygiène du jardin. Enlevez et brûlez les plantes malades avant que la maladie ne se propage. Enlevez et brûlez ou compostez les branches mortes et les fruits tombés, ainsi que les mauvaises herbes hautes et denses, qui peuvent abriter des ravageurs ou des maladies. Veillez à ce que le tas de compost soit loin du carré de légumes. Ne refaites pas la même culture au même endroit; plantez au contraire un autre type de culture. Pour plus de détails, voir les rubriques technologiques du jardinage 12, «La culture multiple», et 15, «Parcelles à culture intensive de légumes».

LES PESTICIDES ET RÉPULSIFS NATURELS

Il existe au sein même du ménage de nombreuses formules pour repousser les insectes. On peut, par exemple, répandre de la cendre de bois sur les insectes suceurs comme les pucerons, qui se trouvent sur le dessous des feuilles, ou bien mettre de la cendre de bois au pied des plantes pour repousser certains insectes rampants. L’eau savonneuse versée ou pulvérisée sur les insectes suceurs peut également être efficace. Les feuilles de thé ou le marc de café mélangés à de l’eau et répandus sur les plantes repoussent aussi les insectes. Les limaces et autres ravageurs peuvent être attrapés dans des bouteilles à moitié enterrées qui contiennent un peu de bière.

L’odeur de plantes comme le souci, le lantana, l’ail, le piment, le cymbopogon ou le basilic agit également. Les agriculteurs cultivent ces plantes en association avec des plantes alimentaires car, dans certains cas, l’odeur qu’elles dégagent repousse les insectes et, dans d’autres cas, elle les attire (par exemple l’odeur du souci ou du basilic), ce qui les empêche d’attaquer les plantes alimentaires. L’ail agit à travers ses racines, qui libèrent dans le sol une substance chimique fongicide, qui aide à lutter contre les maladies transmissibles par le sol. L’urine de vache ou de chèvre diluée et répandue sur les cultures repousse de nombreux insectes et empêche aussi les animaux de manger ces cultures.

Les cultivateurs savent parfois préparer des pesticides naturels en mélangeant des extraits de certaines plantes, graines et fruits, avec de l’eau et en aspergeant la solution sur les plantes. De façon générale, un exploitant de jardin potager doit essayer de trouver des solutions efficaces et faciles à préparer. Cependant, il ne faut pas oublier que certains pesticides naturels sont toxiques pour les animaux et les êtres humains. Il faut suivre les mêmes règles de sécurité que pour les pesticides chimiques.

Le tableau 2 donne une liste de certaines plantes pesticides que l’on trouve dans différentes régions d’Afrique et qui sont utilisées par les exploitants de jardins potagers.

TABLEAU 2 Exemples de plantes pesticides d’origine végétale

Espèce végétale

Exigences

Ail

Sols légers, climat subtropical

Annona

Plus de 90 espèces, pousse dans les régions tropicales

Basilic

Monde entier

Cassia

Zones tropicales

Crotalaria

Zones subtropicales, sol léger

Curcuma

Zones subtropicales, sol léger

Derris elliptica

Forêt pluviale tropicale de faible altitude, pousse rapidement avec un bon ensoleillement

Lupin

Régions montagneuses

Melia

Zones tropicales et subtropicales

Moringa

Résiste à la sécheresse

Neem

Croissance rapide, zones semi-arides, tolère les sols pauvres

Piment fort

Climat tropical et subtropical, faible besoin en eau

Pyrèthre

Zones subtropicales d’altitude

Tabac

Climat tempéré à subtropical

Les paragraphes qui suivent indiquent comment préparer quelques pesticides naturels. Il en existe bien d’autres, qui sont couramment utilisés dans les communautés. L’agent local de vulgarisation agricole, ou un voisin, peut conseiller d’autres pesticides naturels connus pour leur efficacité dans la région.

Piment fort mélangé à de l’ail ou de l’oignon

Pour lutter contre les pucerons, hachez finement une poignée de piments forts séchés (à peu près 10 g) et un peu d’ail ou d’oignon. Mettez-les dans environ 1 litre d’eau et laissez-les tremper toute la nuit. Filtrez le concentré à l’aide d’un morceau d’étoffe et diluez le liquide dans 4 ou 5 litres d’eau. Brossez-le ou aspergez-le sur les plantes affectées. Si le mélange est trop concentré, il risque de brûler les feuilles des plantes. Il est donc préférable d’utiliser une faible concentration et de renouveler le traitement. N’appliquez pas le mélange quand il y a beaucoup de soleil et évitez tout contact avec la peau ou les yeux, car il est très irritant.

Le neem et le lilas de Perse

La poudre de graines de neem ou de lilas de Perse est très efficace contre les ravageurs qui menacent les denrées alimentaires pendant l’entreposage. La poudre est obtenue à partir des graines séchées, écrasées ou moulues. La proportion est de 1 partie de poudre pour 50 parties de vivres stockés.

Pour préparer la poudre, pilez les graines dans un mortier à l’aide d’un pilon, afin d’enlever l’enveloppe extérieure. Pilez ensuite les graines décortiquées dans un mortier, jusqu’à ce qu’une masse brune légèrement gluante soit formée. Ajoutez un peu d’eau pour faire une pâte. Pétrissez la pâte et pressez-la pour en extraire l’huile.

On obtient environ une tasse d’huile avec 1 kg de graines pressées à la main, soit à peu près la moitié de la quantité qui serait obtenue avec une presse mécanique. Après le pressage manuel, le tourteau résiduel garde ses propriétés insecticides et on peut l’appliquer aux plantes pour lutter contre plusieurs ennemis des cultures qui vivent dans le sol, notamment les nématodes.

Le pyrèthre

Le pyrèthre est originaire d’Europe méridionale, mais de nos jours il pousse bien également dans les zones montagneuses subtropicales. Sa matière active se concentre dans ses fleurs, qui sont séchées puis finement broyées. La poudre obtenue est répandue directement sur les plantes, ou bien mélangée à du kérosène, puis pulvérisée ou aspergée (par exemple à l’aide d’une brosse, d’une enveloppe d’épis de maïs ou d’une touffe d’herbe). Comme le pyrèthre est sensible à la lumière solaire et que son efficacité diminue rapidement si on l’utilise quand le soleil est fort, il faut l’appliquer en fin de soirée. Il est parfois nécessaire de renouveler le traitement en cas de forte infestation.

RÉDUIRE LE RISQUE D’INTOXICATION LORS DE L’UTILISATION DE PESTICIDES CHIMIQUES

Les pesticides chimiques représentent parfois la méthode la plus efficace pour combattre les ravageurs et les maladies des plantes. Il existe un vaste choix de pesticides, mais ils coûtent cher et peuvent être inefficaces et dangereux si on ne les utilise pas correctement. Il faut toujours lire attentivement la notice qui se trouve sur l’emballage et respecter les règles ci-après pour une utilisation efficace et sans danger.

Identifiez les cibles. De nombreux pesticides ne sont efficaces que contre certains ennemis ou maladies des cultures bien précis. Avant de choisir un pesticide, identifiez le ravageur ou la maladie responsable du problème.

Protégez-vous. Quand on manipule des pesticides - surtout lors du mélange ou de la vaporisation -, on doit veiller à ce que le produit chimique n’entre pas en contact avec la peau. Si cela arrive, il faut laver immédiatement la partie touchée par le produit. On doit se protéger les mains avec des gants ou des sacs en plastique, et utiliser un masque respiratoire ou un masque en étoffe pour filtrer l’air. Il est également conseillé de porter une chemise ou une veste à manches longues et un chapeau. Les pesticides peuvent être facilement absorbés par la peau. Il faut également être prudent quand on lave à la main des vêtements utilisés pendant la vaporisation, car les pesticides peuvent être absorbés pendant le lavage.

Préparez bien le mélange. Suivez les instructions données sur l’étiquette pour obtenir la bonne concentration du produit. N’augmentez pas ou ne diminuez pas la quantité spécifiée, car cela risquerait de réduire l’efficacité du produit. Pour le renouvellement des applications, conformez-vous au mode d’emploi.

Respectez le délai de carence. Après l’application de tout pesticide sur une culture, un certain délai doit être respecté avant qu’on puisse récolter, consommer ou mettre le produit sur le marché. Il s’agit du délai de carence. Pour certains pesticides, il n’est que d’un seul jour, pour d’autres il peut aller jusqu’à deux semaines. Si un produit du potager est consommé pendant le délai de carence, le consommateur peut être intoxiqué. N’utilisez pas de pesticides si des enfants ou des animaux ne peuvent pas être tenus à l’écart des cultures.

Entreposez les pesticides dans un endroit sûr. Pour éviter tout empoisonnement accidentel, gardez les pesticides dans un local soigneusement fermé à clef, où les enfants ne peuvent pas entrer. Si vous videz un reste de pesticide qui, après la pulvérisation, se trouve au fond du réservoir, versez-le loin des cours d’eau et des étangs, afin d’éviter de polluer l’eau et d’empoisonner les poissons.

En cas de doute. N’utilisez jamais un pesticide si vous ne savez pas exactement comment il faut faire.


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