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5. LA TERRE


5.1 Introduction
5.2 Etudes des ressources en terres
5.3 Unités de terres
5.4 Qualités et caractéristiques des terres
5.5 Sélection des qualités des terres à utiliser dans une évaluation
5.6 Mesure et estimation des qualités des terres: paramètres diagnostiques
5.7 Récapitulation: unités et caractéristiques des terres

5.1 Introduction

Le présent chapitre étudie la seconde composante du système d'utilisation des terres, la terre proprement dite. On se sert d'études de base des ressources en terres pour diviser la région couverte par l'évaluation en zones relativement homogènes, les unités de terres. Ces unités possèdent un certain nombre d'attributs complexes, appelés qualités des terres, qui influent sur les utilisations d'une manière particulière, et un nombre beaucoup plus grand de propriétés, qui peuvent être mesurées ou estimées, que l'on emploie pour décrire les qualités de terres, et que l'on appelle les caractéristiques des terres.

On ne fera qu'aborder brièvement ici la planification des études de base des ressources en terres car on peut trouver dans d'autres ouvrages des précisions sur les méthodes à employer. Le présent chapitre donne des directives concernant la définition des unités de terres et le choix des méthodes de mesure des qualités des terres. On trouvera au chapitre 7 un examen plus approfondi des méthodes d'évaluation des qualités des terres et au chapitre 8 la description des essais de compatibilité des qualités des terres avec les exigences de leurs utilisations.

5.2 Etudes des ressources en terres


5.2.1 Généralités
5.2.2 Echelles et degrés de détail de l'étude
5.2.3 Analyse des données de la télédétection et des données informatisées

5.2.1 Généralités

Les évaluations des terres peuvent exiger une grande variété d'études de base des ressources en terres. Pour les évaluations centrées sur l'agriculture pluviale, les informations à réunir portent sur trois domaines principaux: l'agroclimatologie, la géomorphologie et la pédologie.

L'étude des conditions agroclimatologiques passe par les étapes suivantes:

i. collecte des données climatiques disponibles;

ii. analyse statistique de ces données, pour obtenir des valeurs moyennes et des probabilités de variation des variables clefs que sont les températures, les précipitations, etc.;

iii. analyse agroclimatique des relations existant entre les variables climatiques et les besoins des cultures.

Il est recommandé de prendre comme point de départ les grands climats et les périodes végétatives décrits dans la section 7.3.

Pour faire une évaluation axée sur l'agriculture pluviale, il faut superposer aux généralités concernant le climat l'étude du relief et des sols. Les renseignements sur ces deux facteurs concernant le milieu peuvent être recueillis soit séparément, dans une étude géomorphologique d'une part et une étude pédologique d'autre part, soit conjointement dans une étude des systèmes de terres et éléments de systèmes.

5.2.2 Echelles et degrés de détail de l'étude

En ce qui concerne les prospections pédologiques, on admet les échelles et les degrés de détail ci-après (cf. Dent et Young, 1981, p. 90):

i. Prospections de reconnaissance (niveau 41/). Elles sont utiles pour procéder à un inventaire des ressources, à l'identification de zones prometteuses et en tant que point de départ d'une étude plus détaillée. Les travaux cartographiques se font à une petite échelle, le plus souvent au 1/250 000e. Les unités cartographiques sont généralement composites et ne donnent que des estimations des proportions dans lesquelles les diverses aptitudes se présentent. On emploie souvent la méthode de prospection par systèmes de terres.
1/ Ces degrés de détail sont ceux du Service des prospections pédologiques du Canada et sont analogues à ceux que le Service de conservation des sols des Etats-Unis appelle "ordres de prospection".
ii. Prospections semi-détaillées (niveau 3). Elles sont effectuées pour des études de faisabilité de projets, ou, si l'échantillonnage est suffisamment dense, pour la planification de certaines mises en valeur complexes. L'échelle habituelle est le 1/50 000e. Les unités cartographiques consistent en un mélange d'unités homogènes (par exemple, séries de sols) et d'unités composites (par exemple, associations de sols).

iii. Prospections détaillées (niveau 2); elles servent à la planification et à l'exécution de projets et à certaines prospections au niveau des villages notamment, pour formuler des recommandations concernant la disposition et l'aménagement des terres. L'échelle habituelle est de 1/10 000 à 1/25 000e. La principale unité cartographique utilisée est la série de sols.

iv. Prospections très détaillées (niveau 1): ce genre de prospections, à des échelles de 1/5000e ou plus, se justifie pour des aménagements très précis mettant en jeu des niveaux d'intrants élevés et une production intensive.

Cette sorte de hiérarchie dans la précision et l'échelle n'est pas utilisée pour l'étude des autres ressources en terres. Pour l'étude des formes de relief, il existe un ensemble de paramètres descriptifs et une nomenclature des unités cartographiques à différentes échelles (Young, 1976, pp. 33-39). Le degré de détail que l'on peut atteindre des cartes agroclimatiques est dicté par la densité des stations météorologiques.

Le degré de détail des études de base des ressources en terres fixe les limites de la précision et de l'exactitude de l'évaluation. On ne saurait trop insister sur le fait que si les objectifs visés demandent une évaluation des terres détaillée, des études de reconnaissance ou peu détaillées ne seront ni assez précises ni assez fiables pour garantir le succès du projet.

5.2.3 Analyse des données de la télédétection et des données informatisées

Dans toutes les études du sol et du relief, on aura recours aux méthodes de la télédétection: interprétation de photographies aériennes ou d'images transmises par satellites, ou les deux à la fois. La place occupée par la télédétection, par rapport aux prospections sur le terrain, est plus grande au niveau des études de reconnaissance, et moindre (mais pourtant non négligeable) dans les études détaillées et très détaillées.

Les études de base des ressources peuvent être facilitées par le stockage de données informatisées, l'analyse et la reproduction des données (par exemple, banque de données de terrain, systèmes d'information sur les sols). Ces méthodes sont intéressantes quand le pays, ou l'organisation, procédant à l'évaluation, possède un équipement informatique.

On n'ira pas plus loin dans l'exposé de ces techniques, car ce n'est pas le but des présentes Directives d'expliquer les techniques des études de base. Le lecteur pourra se reporter aux ouvrages de référence (Dent et Young, 1981; White, 1978).

5.3 Unités de terres

Une unité de terre1/ est une superficie de terre, généralement cartographiée, dotée de caractéristiques bien définies qui servent de base a l'évaluation des terres. Ce terme ne s'applique pas à une superficie cartographiée quelconque, décrite d'une façon particulière; c'est un terme qui, pour des raisons de commodité, désigne toute unité de terre utilisée pour l'évaluation. Ainsi les unités de terres employées dans les évaluations axées sur l'agriculture pluviale sont:

- les grands climats, les périodes végétatives et les zones agroclimatiques (voir section 7.3);

- les séries de sols, les associations de sols et autres unités pédologiques cartographiées (Dent et Young, 1981, chapitre 5);

- les systèmes de terre et les éléments de système de terre.

1/ appelée dans le Cadre "Unité cartographique de terre".
Il est d'usage, dans les évaluations axées sur l'agriculture pluviale, d'employer, à des stades différents, deux sortes d'unités de terre. Pour la première sélection des cultures à envisager, on emploie les zones agroclimatiques. Pour la partie principale de l'évaluation, on se fonde sur des unités de terres plus détaillées, combinant les formes de relief et les sols.

Les unités de terres sont définies de façon à correspondre au maximum avec les utilisations envisagées par l'évaluation. Théoriquement, elles devraient coïncider approximativement avec des unités d'aménagement des terres présentant des aptitudes uniformes à des modes d'utilisation particuliers, des réactions similaires aux pratiques d'amélioration des terres, et les mêmes besoins d'aménagement. Dans la pratique, cependant, ces principes doivent se soumettre aux contraintes imposées par la cartographie, surtout dans les études peu ou moyennement détaillées. Pour définir et cartographier les unités de terres à des fins d'évaluation, on se conformera aux directives ci-après:

i. les unités de terre doivent être aussi homogènes que possible;

ii. le groupement doit avoir un intérêt pratique, du point de vue de l'utilisation envisagée;

iii. on doit pouvoir cartographier les unités de façon cohérente;

iv. la définition des unités doit être aussi simple que possible et se fonder sur des propriétés facilement observables sur le terrain au moyen des techniques de télédétection. Les opérations qui suivent ne doivent pas être ralenties par des travaux cartographiques trop perfectionnés;

v. les unités doivent être définies en fonction de propriétés du sol et de la surface de la terre qui soient relativement stables, non sujettes à se modifier rapidement sous l'effet des pratiques d'aménagement.

Les premières unités de terres définies à la fin des opérations de prospection peuvent très bien être révisées à la suite de l'interprétation des caractéristiques et des qualités des terres et de leur confrontation avec les exigences des types d'utilisation. Cette révision fait partie du processus d'itération, ou d'information en retour, qui vise à obtenir des résultats de plus en plus précis.

5.4 Qualités et caractéristiques des terres


5.4.1 Généralités
5.4.2 Choix entre les qualités et les caractéristiques des terres comme base d'une évaluation
5.4.3 Liste type des qualités des terres
5.4.4 Liste type des caractéristiques des terres

5.4.1 Généralités

Les qualités et les caractéristiques des terres sont des propriétés des unités de terres.

Une qualité de la terre est une propriété de la terre qui influe de façon particulière sur l'aptitude d'une terre à un mode d'utilisation donné. Parmi les qualités de terre qui jouent un rôle dans l'agriculture pluviale, on peut citer: le régime thermique, la disponibilité en eau, le drainage, les apports d'éléments nutritifs, les conditions d'enracinement, les possibilités de mécanisation et les risques d'érosion.

Une caractéristique de la terre est une propriété de la terre qu'on peut mesurer ou évaluer. Elle peut servir à différencier des unités de terre présentant diverses aptitudes et est un moyen de décrire les qualités des terres. On peut trouver comme exemple de caractéristiques des terres: les précipitations annuelles moyennes, le degré de pente, la classe de drainage du sol, la profondeur effective, la texture du sol superficiel, la capacité en eau utile du sols, le pH et le pourcentage d'azote du sol.

Les qualités des terres sont des propriétés de la terre, mais ce qui fait leur caractère essentiel est qu'elles influent sur l'utilisation de la terre d'une manière particulière. Considérons, par exemple, la qualité appelée "disponibilité en eau". Pour croître, toutes les plantes ont besoin que le degré d'humidité du sol excède le point de flétrissement en un point quelconque de la zone d'enracinement. Les végétaux diffèrent par leurs besoins, notamment par le volume total d'eau qu'ils exigent, par la durée pendant laquelle cette eau est indispensable, et par leur capacité à Supporter des périodes de sécheresse. Chez certaines plantes, comme la canne à sucre et la luzerne, le rythme de croissance répond de façon plus ou moins linéaire à un accroissement du volume d'eau utile, jusqu'à une certaine limite. La croissance, et parfois la fructification, souffrent quand l'humidité du sol se rapproche du point de flétrissement, et les plantes meurent si l'absence d'eau utile dure trop longtemps, la longueur de ce délai étant, une fois encore, différente selon les plantes. Les cultures réagissent donc chacune à leur manière à la teneur en humidité du sol, et les besoins varient d'une culture à l'autre; c'est un des caractères des qualités de la terre.

La qualité appelée "disponibilité en eau" dépend d'une combinaison d'éléments: le volume des précipitations, leur répartition sur l'année, la capacité en eau du sol et, dans certains cas, la présence également d'une nappe souterraine proche de la surface ou d'infiltrations. Les facteurs d'environnement que sont le climat, le sol, les formes de relief et l'hydrologie peuvent donc influer sur la disponibilité en eau. Les besoins hydriques propres à une culture peuvent être satisfaits par un certain nombre de combinaisons différentes des paramètres servant à diagnostiquer la qualité de la terre: des pluies suffisantes et bien réparties, un sol retenant bien l'eau et pouvant en emmagasiner suffisamment pour permettre à la culture de traverser des périodes de sécheresse, ou encore la présence d'eaux d'infiltration venant d'amont. Le paramètre le plus directement représentatif de la disponibilité en eau est le volume total d'eau du sol disponible pour l'évapotranspiration pendant la saison végétative. Dans des conditions expérimentales, ce volume peut se mesurer. Dans des évaluations, il faut l'estimer au moyen de calculs faits à partir des caractéristiques de la terre, notamment des précipitations, du ruissellement, de l'évapotranspiration potentielle, de la teneur en eau du sol à la capacité du champ et au point de flétrissement et, plus directement, d'après la texture et la profondeur du sol.

A l'inverse, de nombreuses caractéristiques des terres influent sur l'aptitude de plusieurs façons différentes, et influent donc sur plusieurs qualités des terres. C'est le cas, par exemple, de la "texture du sol", qui peut se subdiviser en texture du sol superficiel et texture des horizons inférieurs. La texture du sol a des effets directs et indirects sur quelque quatorze qualités des terres, notamment sur la disponibilité en eau, la capacité de rétention des éléments nutritifs, la facilité de travail du sol et les risques d'érosion. Il est donc impossible de dire qu'une texture particulière est "bonne" ou ne présente "aucune limitation"; des textures sableuses sont favorables dans le sens où elles facilitent le travail du sol; par contre, elles influent négativement sur la disponibilité en eau et la capacité de rétention des éléments nutritifs. L'effet défavorable sur la disponibilité en eau peut ne pas être grave dans des zones où les précipitations sont plus que suffisantes pour les cultures envisagées, mais devient important là où il y a risque de sécheresse.

Dans certains cas, les qualités des terres comprennent plusieurs éléments ou parties; dans l'exemple donné ci-dessus, la disponibilité en eau englobe le volume total d'eau fourni à la culture, le volume d'eau dont dispose la culture aux périodes critiques de sa croissance, et les risques de sécheresse dans les années exceptionnelles.

On trouvera dans le Cadre (pp. 12-14) de plus amples informations et des exemples concernant les qualités des terres.

5.4.2 Choix entre les qualités et les caractéristiques des terres comme base d'une évaluation

Pour évaluer l'aptitude des terres, on peut choisir l'un ou l'autre des critères suivants:

- qualités des terres mesurées ou estimées au moyen des caractéristiques des terres;
- caractéristiques des terres;
- mélange de qualités et de caractéristiques des terres.
L'évaluation devrait plutôt se fonder sur les qualités des terres, mais il y aura des cas dans lesquels il sera préférable d'employer les caractéristiques des terres.

L'emploi des qualités des terres présente les avantages suivants:

i. les qualités des terres sont directement liées aux exigences spécifiques de l'utilisation des terres; cela permet d'élaborer des modèles de simulation pour expliquer les relations terre/utilisation;

ii. les qualités des terres tiennent compte des interactions qui existent entre les facteurs d'environnement;

iii. le nombre total de qualités des terres est considérablement inférieur au nombre de caractéristiques (comparer les tableaux 5.1 et 5.2).

Le principal inconvénient de ce système est sa complexité. Il suppose, en effet, des opérations intermédiaires de conversion des caractéristiques en qualités, ou de sélection des caractéristiques diagnostiques nécessaires à leur estimation.

L'avantage du recours aux caractéristiques des terres est que les procédures d'évaluation sont plus simples et plus directes; il permet de comparer directement la caractéristique observée et la classe d'aptitude. Il a pour inconvénients le très grand nombre de caractéristiques, le fait qu'il est souvent difficile de voir quel effet subi par la culture rend la caractéristique favorable ou défavorable, et enfin l'absence de prise en considération des interactions.

Il y a environ 25 qualités des terres qui influent sur l'aptitude des terres à porter des cultures pluviales, contre plusieurs centaines de caractéristiques. En outre, certaines qualités des terres ne valent que pour des cultures ou des zones déterminées, ce qui ramène à une quinzaine, voire moins, le nombre des qualités qu'il faut considérer dans une évaluation. Cela est, en soi, un avantage car on peut alors chercher la meilleure façon de rassembler les données nécessaires à l'estimation de chacune de ces quelques qualités. Par contre, si l'on cherche à recenser toutes les caractéristiques qui peuvent influer sur l'aptitude à telle ou telle culture, la liste risque d'être longue et le choix de devenir arbitraire.

Tableau 5.1 - QUALITES DES TERRES POUR L'AGRICULTURE PLUVIALE

Réf. N°

Qualités des terres

Subdivision

1

Conditions de rayonnement

- Rayonnement total
- Durée du jour

2

Régime thermique1/


3

Disponibilité en eau1/

- Humidité totale
- Périodes critiques
- Risque de sécheresse

4

Oxygène disponible pour les racines (condition de drainage)


5

Disponibilité en éléments nutritifs


6

Capacité de rétention des éléments nutritifs


7

Conditions d'enracinement


8

Conditions affectant la germination ou l'établissement


9

Etat hygrométrique de l'air influant sur la croissance


10

Condition de maturation


11

Risques d'inondations


12

Aléas climatiques

- Gelées
- Orages

13

Excès de sels

- Salinité
- Sodicité

14

Toxicité du sol

- Aluminium
- Carbonate de calcium
- Gypse
- Sulfate acide
- Divers

15

Ravageurs et maladies

- Ravageurs
- Maladies

16

Facilité de travail du sol


17

Possibilités de mécanisation


18

Conditions de préparation ou de défrichage de la terre

- Préparation de la terre
- Nettoyage de la végétation

19

Conditions d'entreposage et de transformation


20

Conditions influant sur le déroulement dans le temps des opérations de production


21

Circulation à l'intérieur de l'unité de production


22

Taille des unités d'aménagement potentielles


23

Localisation

- Accessibilité actuelle
- Accessibilité potentielle

24

Risques d'érosion


25

Risques de dégradation des sols


1/ Le régime thermique et la disponibilité en eau peuvent aussi être considérés en tant que grands climats et périodes végétatives, comme on le verra dans la section 7.3. Il est possible de considérer la période végétative comme une qualité de la terre, qui résume les effets de la disponibilité saisonnière en eau et les températures favorables à la croissance végétale.
Tableau 5.2 - CARACTERISTIQUES DES TERRES POUVANT SERVIR A ESTIMER LES QUALITES DES TERRES

Caractéristique des terres

Qualités des terres liées à la caractéristique (même numérotation que dans le tableau 5.1)

Caractéristiques du climat

Les caractéristiques énumérées peuvent, selon les besoins, se rapporter aux valeurs annuelles moyennes, aux valeurs moyennes relevées pendant la saison végétative, au mois critique, au pire mois, aux extrêmes de courte durée, aux limites de confiance de chacune de ces valeurs, aux fréquences ou aux époques.


CLASSE CLIMATIQUE, Köppen, Thornthwaite, zone agroclimatique, etc.

1, 2; Présélection1/
Diagnostic2/

RAYONNEMENT A ONDES COURTES

1

HEURES D'ENSOLEILLEMENT

1, 20

DUREE DU JOUR

1B

TEMPERATURE DE L'AIR (SOUS ABRI)

2, 8, 10, 16, 20

INCIDENCE DES GELEES

13, 20

PRECIPITATIONS, volume, périodes, intensité

3, 8, 10, 13, 15, 19, 24

FORCE D'IMPACT DES PLUIES, divers indices

24

INCIDENCE DES ORAGES

12

EVAPOTRANSPIRATION, actuelle, potentielle; mesurée ou calculée

3

EXCEDENT, DEFICIT HYDRIQUE

3

LONGUEUR DES SAISONS, HUMIDE, SECHE, diverses définitions

3, 20

INCIDENCE DES PERIODES SECHES

3

HUMIDITE RELATIVE

10, 9, 15, 19

VITESSE DU VENT

12, 24

DEFICIT DE L'EVAPOTRANSPIRATION RELATIVE

3

Caractéristiques du climat du sol

TEMPERATURE DU SOL

2, 8, 20

REGIME THERMIQUE DU SOL

2, Présélection

REGIME HYDRIQUE DU SOL

3, Présélection

Caractéristiques des formes du relief

Les caractéristiques énumérées peuvent, selon les besoins, se référer au voisinage immédiat du poste d'observation ou une zone environnante plus vaste


CLASSE DE RELIEF

24; Présélection
Diagnostic

DEGRE DE LA PENTE

17, 18, 21, 23, 24

FORME DE LA PENTE (couvexe, concave, etc.)

4, 24

LONGUEUR DE LA PENTE

17, 24

DENSITE DU DRAINAGE

21, 23

INTERVALLE DES CHENAUX

21, 23

RELIEF RELATIF

21, 23

OBSTACLES ROCHEUX, AFFLEUREMENTS, BLOCS

17, 18

MICRORELIEF

17, 18

ELEVATION

2

POSITION DANS LE PAYSAGE

12

EXPOSITION

12

ASPECT

1, 2, 3, 10

DISTRIBUTION DES FORMES DU RELIEF

22

PARAMETRES GEOTECHNIQUES

17, 18, 21, 23

Caractéristiques hydrologiques

PROFONDEUR DE LA NAPPE PHREATIQUE

3, 4

PERIODES D'ENGORGEMENT

4

PERIODES D'INONDATION

4

FREQUENCE DES CRUES

11

DEBIT DES CRUES

11

Caractéristiques de la végétation et de la faune

COUVERTURE VEGETALE ACTUELLE

15, 18, 24

PRESENCE DE RAVAGEURS ET DE MALADIES endémiques, épidémiques

18

PREDATEURS SAUVAGES

18

Caractéristiques des sols

Les caractéristiques énumérées peuvent, selon les besoins, se rapporter au sol superficiel (épipedon, approximativement 0-20 cm), aux valeurs moyennes relevées pour les horizons inférieurs (sol superficiel exclu), aux valeurs moyennes pour l'ensemble du profil, à la profondeur minimale à laquelle on rencontre telle propriété ou à l'épaisseur d'un horizon.


CLASSE DE SOL, système international ou national

Présélection
Diagnostic

CLASSE DE DRAINAGE DU SOL

4

HORIZONS DIAGNOSTIQUES

4, 5, 6, 7, 13, 14, 24

DISTRIBUTION DU SOL

22

PRESENCE DE TOURBE (horizon histique)

22

Morphologie du profil

COULEUR

Diagnostic

PANACHURES

4

PIERRES ET GRAVIERS

7, 16, 19, 22

TEXTURE

3, 4, 6, 7, 8, 15, 16, 17, 19, 21, 24, 25

STRUCTURE, degré, classe, type

7, 8, 16, 24, 25

CONSISTANCE, mouillée, humide, sèche

7, 8, 16, 24, 25

PROFONDEUR EFFECTIVE

3, 7

CARBONATES LIBRES, GYPSE

14

PRESENCE DE CROUTES SUPERFICIELLES

8, 25

HORIZON A SULFATES ACIDES

14

CIMENTATION, COUCHES INDUREES

7, 24

Conditions physiques du sol et érosion

CARACTERISTIQUES HYDRIQUES DU SOL, capacité au champ, point de flétrissement, capacité d'eau utile, valeurs du pF, évapotranspiration relative

3

POROSITE, DENSITE APPARENTE

7, 24, 25

PERMEABILITE, TAUX D'INFILTRATION

4, 24, 25

STABILITE DE LA STRUCTURE

24, 25

INDICE DE FLOCULATION

25

POTENTIEL D'OXYDO-REDUCTION

4

TENDANCE DU SOL A S'ERODER, divers indices

24

INDICES D'EROSION HYDRAULIQUE

24

INDICES D'EROSION EOLIENNE

24

Chimie du sol

On notera que, dans de nombreux cas, diverses méthodes d'analyse donnent des résultats sensiblement différents, plus particulièrement en ce qui concerne le pH, le P "assimilable" et la capacité d'échange des cations


pH

5, 13, 14,15

CAPACITE D'ECHANGES DES CATIONS

6

QUANTITE TOTALE DES BASES ECHANGEABLES

5, 6,

SATURATION EN CATIONS

5, 6,

AZOTE

5

PHOSPHORE "ASSIMILABLE"

5

POTASSE ECHANGEABLE

5

AUTRES ELEMENTS NUTRITIFS: Ca, Mg, S, oligo-éléments

5

QUANTITE TOTALE D'ELEMENTS NUTRITIFS (en réserve)

5

CONDUCTIVITE ELECTRIQUE DE L'EXTRAIT SATURE

13

QUANTITE TOTALE DE SELS SOLUBLES

13

POURCENTAGE DE SODIUM ECHANGEABLE

13

COEFFICIENT D'ABSORPTION DU SODIUM

13

PRESENCE DE SUBSTANCES TOXIQUES, diverses

14

RISQUE DE PRESENCE DE SULFATES ACIDES

14

ELEMENTS MODIFIANT LA FCC:



a, h, i, x, k

5

e

6

s, n

13

Biologie du sol

CARBONE ORGANIQUE, MATIERE ORGANIQUE

5, 6, 25

RAPPORT CARBONE/AZOTE

5

ORGANISMES TELLURIQUES

15

Minéralogie du sol

MINERAUX DEGRADABLES

5

MINERALOGIE DES ARGILES

5, 6, 24, 25

Localisation

ACCESSIBILITE

23

1/ Présélection: peut servir à effectuer une première sélection de zones destinées a être évaluées plus en détail par la suite, et à exclure d'autres zones d'un examen plus approfondi.

2/ Diagnostic: peut servir à identifier d'autres caractéristiques des terres, plus spécifiques.

Les qualités des terres mettent l'accent sur la façon dont la terre influe sur l'aptitude a une utilisation: apport en éléments nutritifs, risques d'érosion, possibilités de mécanisation, etc. Par contre, si l'on considère des caractéristiques telles que les précipitations annuelles ou la texture du sol, on peut ne pas très bien savoir quels effets sur les cultures sont considérés. Par exemple, une forte pluviométrie augmente la disponibilité en eau, mais peut diminuer la proportion d'oxygène en saturant le profil du sol à certaines époques de l'année. La profondeur effective du sol est une des principales caractéristiques qui influent sur les conditions d'enracinement, mais dans les zones sujettes à la sécheresse, elle a une importance supplémentaire en raison de son effet sur la disponibilité en eau.

Toutefois, le principal inconvénient des caractéristiques des terres est qu'elles ne tiennent pas compte des interactions qui existent entre différents facteurs: sol, climat et formes du relief. On a noté, par exemple, dans la section 5.4.1 les interactions qui entrent en jeu dans la disponibilité en eau.

5.4.3 Liste type des qualités des terres

Le tableau 5.1 donne une liste des qualités des terres qui peuvent influer sur l'aptitude de la terre à une production pluviale. Les qualités 1-15 sont liées essentiellement, mais non exclusivement, aux exigences des cultures; les qualités 16-23 sont liées principalement aux conditions d'aménagement et les qualités 24 et 25 se rapportent aux besoins de conservation. Les numéros qui leur sont attribués n'ont d'autre but que de faciliter les références d'un tableau à l'autre et n'ont pas d'autre signification. Dans certains cas, on a subdivisé les qualités en catégories plus ou moins distinctes, qui peuvent réclamer en premier lieu un examen séparé.

Il ne sera, en aucun cas, nécessaire d'avoir recours à toutes ces qualités pour évaluer l'aptitude des terres d'une région particulière à une culture ou à une gamme de cultures données. Souvent trois ou quatre de ces qualités déterminent la majorité des variations de rendements. La procédure à suivre pour décider des qualités déterminantes est décrite dans la section 5.5.

La nature des caractéristiques des terres, leur rôle dans les évaluations et les façons de les estimer sont le sujet du chapitre 7.

5.4.4 Liste type des caractéristiques des terres

Le tableau 5.2 énumère les caractéristiques des terres qui pourraient être employées pour évaluer les qualités convenant à l'agriculture pluviale, c'est-à-dire qui peuvent servir de "paramètres diagnostiques"1/. Ces caractéristiques peuvent être employées directement ou en tant que moyen d'estimer les qualités des terres, isolément ou en combinant les effets de plusieurs caractéristiques. Certaines n'ont pas une influence directe sur l'agriculture, mais peuvent servir à diagnostiquer d'autres propriétés; par exemple, on emploie la classe de sol pour diagnostiquer des propriétés particulières du sol.

1/ L'expression "paramètre diagnostique" est préférable à celle de "critère diagnostique" utilisée dans le Cadre, mais sa signification est la même. Voir Glossaire.
Près de cent caractéristiques de terre sont recensées dans cette liste, qui n'est en aucune manière exhaustive. En outre, nombre des propriétés citées peuvent s'exprimer de différentes façons; ainsi, les précipitations peuvent être exprimées en tant que total annuel moyen, limites de confiance, totaux mensuels, etc., et chacune des propriétés du sol peut s'appliquer au sol superficiel ou aux horizons inférieurs. Si l'on considère ces différents paramètres comme des caractéristiques distinctes, on risque d'avoir à faire intervenir plusieurs centaines d'entre elles dans une évaluation des aptitudes; c'est pourquoi il faut faire une sélection ne serait-ce que pour des raisons pratiques.

Le premier groupe de caractéristiques concerne les données climatiques. Selon le cas, il s'agira de moyennes annuelles, de valeurs moyennes correspondant à la période végétative, des valeurs correspondant à un mois critique de développement des cultures, des valeurs correspondant au "pire" mois de la période végétative, des valeurs extrêmes de brèves périodes, ou des limites de confiance de l'une ou de l'autre de ces valeurs. Les caractéristiques relatives au volume des précipitations et a leur périodicité, à l'évapotranspiration et à la longueur de la période humide jouent souvent un rôle important dans les estimations de l'aptitude. La classe de climat peut être utilisée pour estimer différents paramètres, en particulier durant la sélection préliminaire.

Les caractéristiques fondées sur le climat du sol sont plus directement en rapport avec la plante, mais souvent les données ne seront disponibles que pour un nombre limité de stations, d'où la nécessité d'utiliser des valeurs du climat atmosphérique ou de calculer les valeurs climatiques du sol à partir de celles de l'atmosphère.

Les caractéristiques fondées sur les formes de relief intéressent particulièrement l'évaluation des risques d'érosion et des qualités des terres dont dépendent les conditions d'aménagement et les apports d'intrants. Nombre de ces caractéristiques peuvent s'exprimer de deux manières: pour une station d'observation précise ou pour la zone environnante dans son ensemble.

Le groupe suivant, à savoir les caractéristiques des terres liées à l'hydrologie, est en quelque sorte indirectement régi par les formes du relief. Les caractéristiques biologiques, celles qui sont associées à la végétation et à la faune, peuvent se subdiviser en un nombre considérable d'éléments distincts: divers indices de la physionomie végétale, présence de ravageurs et de maladies endémiques.

Le groupe le plus important de caractéristiques des terres est celui qui a trait aux sols; on y distingue, d'une manière générale, les caractéristiques liées au type, à la morphologie, aux conditions physiques, à la chimie, à la biologie et à la minéralogie du sol. Il est évident que la plupart de ces caractéristiques peuvent se rapporter au sol superficiel ou à n'importe lequel des horizons inférieurs. Dans la plupart des cas, néanmoins, on peut utilement considérer trois possibilités: le sol superficiel, les horizons inférieurs pris comme un tout et le profil dans son ensemble. Dans d'autres cas, ce qui comptera c'est la profondeur à laquelle on rencontre pour la première fois un élément particulier important.

La classe de sol, représentée sur une carte pédologique, peut servir à estimer d'autres caractéristiques des sols. Cela peut se faire à différents niveaux de détail, depuis les grandes unités, comme celles de la classification des sols de la FAO, jusqu'aux familles, séries ou phases de séries de sols. Les pédologues connaissent bien les difficultés de cette procédure, difficultés qui tiennent à l'extrême variabilité des sols compris dans des unités cartographiques.

Les caractéristiques qui relèvent de la morphologie du profil sont celles qui peuvent être mesurées ou estimées dans le cadre d'une description du profil du sol. Elles sont à la base de la cartographie des sols. Elles comprennent la profondeur effective et la texture du sol, deux éléments importants d'une évaluation en vue d'une production agricole. La présence de tourbe (histosols) réclame une évaluation plus spécifique (section 7.4.2).

Les caractéristiques fondées sur les conditions physiques du sol exigent, pour la plupart, soit des observations spécifiques sur le terrain (mesures de l'infiltration) soit des essais en laboratoire. Quelques propriétés peuvent être estimées indirectement à partir d'observations sur le terrain de la texture, de la structure, de la consistance et des pores.

Les caractéristiques liées au risque d'érosion sont des indices découlant d'autres propriétés, telles que la force d'impact de la pluie (volume et intensité), la vulnérabilité du sol à l'érosion, le degré et la longueur de la pente. On peut les rapporter à chaque culture au moyen d'un coefficient de couvert végétal.

La plupart des caractéristiques des terres fondées sur la chimie du sol dérivent des analyses courantes faites en laboratoire pour caractériser les unités cartographiques de sols. Ce genre de données doit être utilisé avec précaution, cela pour deux raisons: la grande variabilité des propriétés chimiques observées à l'intérieur d'un type de sol (il est courant d'avoir des coefficients de variation de 30-70 pour cent, même à l'intérieur de séries de sols) et l'emploi de méthodes d'analyse différentes. Cette dernière remarque s'applique notamment au calcul du phosphore "assimilable", et aussi au pH utilisé pour étudier la capacité d'échange des cations.

Les caractéristiques des terres se rapportant à la biologie du sol ou à la teneur en matière organique, à l'exception des données sur les organismes telluriques, font aussi partie des données fournies par l'analyse des sols. Les caractéristiques de la minéralogie et de la micromorphologie ne sont généralement pas étudiées, sauf dans le cadre de recherches spécialisées.

5.5 Sélection des qualités des terres à utiliser dans une évaluation

Une qualité de la terre est importante pour l'évaluation des aptitudes et peut être utilisée à cette fin si trois conditions sont remplies:

i. la qualité a un effet connu sur les cultures ou sur les modes d'utilisation étudiés;

ii. dans la zone à l'étude, la qualité concernée présente des valeurs critiques qui peuvent avoir un effet favorable ou défavorable sur la culture ou sur l'utilisation envisagée;

iii. il est possible de recueillir les renseignements nécessaires pour la mesurer ou l'estimer.

Aussi les qualités employées dans une évaluation sont-elles choisies en fonction d'une part des utilisations envisagées (ou, plus précisément, des exigences liées aux types d'utilisation) et d'autre part de la nature des unités de terres comprises dans la zone à l'étude.

La procédure de sélection consiste à recenser toutes les qualités des terres (tableau 5.1) et à les mettre en parallèle avec les exigences des utilisations correspondantes. Chacune des qualités des terres est ensuite évaluée compte tenu des trois considérations suivantes:

i. Effets sur l'utilisation
- Important: la culture ou l'utilisation est particulièrement sensible a cette qualité ou modifiée par elle.

- Moyen: la qualité peut avoir des effets non négligeables sur l'utilisation.

- Faible ou inexistante: la qualité n'a pratiquement pas d'effets connus sur l'utilisation, ou n'existe pas.

ii. Présence de valeurs critiques dans la zone a l'étude
- Fréquente: des valeurs critiques, suffisantes pour influer notablement sur l'aptitude de la terre à l'utilisation considérée, sont jugées intéresser 5 pour cent au moins de la superficie.

- Eparse: des valeurs critiques sont jugées intéresser moins de 5 pour cent de la superficie.

- Rare ou nulle: des valeurs critiques n'apparaissent en aucun point de la zone, ou n'apparaissent que sur des étendues si restreintes que leur incidence pratique peut être écartée.

iii. Possibilité d'obtenir des informations
- Faciles: les renseignements nécessaires pour évaluer la qualité existent sous forme de cartes et de relevés, ou peuvent être réunis au moyen de prospections.

- Difficiles: il n'est pas possible d'obtenir des informations.

La "portée" d'une qualité des terres correspond à la place qu'il faut lui attribuer dans la conduite d'une évaluation axée sur une utilisation donnée et sur une zone particulière. La portée des qualités présente trois degrés: très importantes, moyennement importantes et peu importantes, qui se définissent comme suit:

1.

très importantes:

qualités des terres auxquelles il faut accorder une attention particulière au cours de l'évaluation;

2.

moyennement importantes:

qualités des terres dont il faut tenir compte;

3.

peu importantes:

3 A

la qualité n'a aucun effet, ou un effet insignifiant sur l'utilisation;



3 B

des valeurs critiques n'apparaissent jamais ou presque jamais dans la zone à l'étude;



3 C

il n'existe pas de moyen pratique d'obtenir des renseignements sur la qualité.


On établit la portée de la qualité en tenant compte de ces considérations et en se servant du tableau 5.3. Le tableau 5.4 donne un exemple d'estimation de la portée des qualités des terres dans une évaluation faite au Malawi.

Tableau 5.3 - ESTIMATION DE LA PORTEE DES QUALITES DES TERRES

Effet sur l'utilisation

Présence de valeurs critiques

Informations

Portée

Important

Fréquente

Disponibles

1. Très importante

Moyen

Fréquente

Disponibles

2. Moyennement importante

Important

Eparse

Disponibles


Moyen

Eparse

Disponibles

2 ou 3B1/

)


Moins importante

 

Faible ou nul

Indéterminée

Rares

3A

)

Indéterminé

Rare ou nulle

Rares

3B

)

Indéterminé

Indéterminée

Impossibles à obtenir

3C

)

1/ Ce cas sera considéré comme important ou comme secondaire, selon l'application du pédologue.
On mentionnera dans le rapport d'évaluation les qualités omises et on donnera brièvement les raisons de cette exclusion. Il peut être nécessaire d'indiquer clairement les qualités classées dans la catégorie 3 B (absence de valeurs critiques) si l'évaluation est plus tard étendue à une zone différente. Il importe également de signaler les qualités rangées dans la classe 3 C (ce qui implique qu'elles ont une importance potentielle mais qu'elles n'ont pas été prises en considération).

Tableau 5.4 - EXEMPLE DE L'ESTIMATION DE LA PORTEE DES QUALITES DES TERRES DANS UNE EVALUATION

Types d'utilisation de la terre:

Maïs, arachide, tabac, pomme de terre; culture par petit exploitant utilisant des outils de culture tirés par des boeufs.

Région étudiée:

district de Dedza, Malawi central; pluviosité 900-1200 mm en 6 mois.


Qualité de la terre

Effet sur l'utilisation

Présence de valeurs critiques

Informations

Portée

Conditions de rayonnement

Moyen

Nulle

Disponibles

3B Moins importante

Disponibilité en eau

Moyen

Fréquente

Disponibles

2 Moyennement importante

Drainage

Important

Fréquente

Disponibles

1 Très importante

Conditions d'enracinement

Moyen

Fréquente

Disponibles

2 Moyennement importante

Excès de sels

Important

Nulle

Disponibles

3B Moins importante

Possibilités de mécanisation

Pas applicable

Fréquente

Disponibles

3A Moins importante

5.6 Mesure et estimation des qualités des terres: paramètres diagnostiques


5.6.1 Généralités
5.6.2 Choix des paramètres diagnostiques
5.6.3 Utilisation des degrés de limitation pour décrire les qualités des terres
5.6.4 Variations temporelles dans l'évaluation des qualités des terres

5.6.1 Généralités

Après avoir déterminé quelles sont les qualités des terres à prendre en considération dans l'évaluation, c'est-à-dire celles qui ont été estimées très importantes ou moyennement importantes, il convient de décider comment on va les mesurer ou les estimer. Ces mesures ou estimations vont être données en termes de paramètres diagnostiques. Dans certains cas, une qualité de la terre peut être convenablement décrite à partir d'une seule caractéristique de la terre. D'autres fois, il faudra combiner un certain nombre de caractéristiques. Plusieurs solutions peuvent se présenter:

Formes possibles de paramètres diagnostiques utilisées pour mesurer ou estimer des qualités des terres

i. Estimation fondée sur une seule caractéristique des terres (par exemple, utilisation des relevés anciens de l'incidence des crues pour estimer la qualité "risque d'inondation").

ii. Estimation faite à partir du groupe de caractéristiques des terres le plus limitatif (par exemple, estimation de la qualité "disponibilité en éléments nutritifs" calculée sur l'élément nutritif le plus limitatif).

iii. Estimation faite à partir d'une combinaison empirique de caractéristiques des terres. Ce genre de combinaison se présente souvent comme une série de classes (par exemple, estimation de la qualité "conditions d'enracinement" d'après une combinaison de la profondeur, de la structure, de la densité apparente et de la consistance du sol).

iv. Estimation par modélisation comparant les caractéristiques des terres et les exigences découlant des types d'utilisation appropriés (par exemple, estimation de la disponibilité en eau en faisant un modèle du bilan hydrique du sol, besoins des cultures pendant la saison végétative. De tels modèles représentent des sous-systèmes d'un système d'utilisation des terres, voir section 6.3.4).

Pour estimer les qualités des terres, il existe des méthodes correspondant aux différentes échelles et degrés de précision de l'étude. Ces méthodes de mesure ou d'estimation des qualités des terres sont décrites dans le chapitre 7 et les différentes possibilités sont récapitulées dans le tableau 7.16.

Pour choisir les paramètres qui seront utilisés pour estimer chaque qualité, deux considérations prédominent:

a. quelles sont les caractéristiques les plus véritablement représentatives de la qualité?
b. pour laquelle est-il le plus facile d'obtenir des informations?
Les aspects pratiques et le coût de l'obtention des renseignements nécessaires ont leur importance, aussi est-il souhaitable d'avoir, dès le stade des consultations initiales, une idée préalable des paramètres qui serviront à estimer les qualités des terres de façon à orienter les prospections et la collecte des données vers la recherche des renseignements les plus indispensables. Pour certaines des caractéristiques proposées, notamment celles qui ont trait à la disponibilité en éléments nutritifs, la variabilité du sol ne facilite pas les choses et il convient de choisir avec soin des points d'échantillonnage aussi représentatifs que possible de l'unité de terre, et de prélever des échantillons suffisamment volumineux pour obtenir des valeurs moyennes et des écarts fiables.

Pour des prospections détaillées et très détaillées, ou des prospections effectuées sur de petites superficies, on s'efforcera d'utiliser des caractéristiques qui se rapprochent le plus de la qualité des terres. Les études de reconnaissance portant sur de vastes étendues doivent faire usage de caractéristiques qui ne représentent qu'approximativement ou indirectement la qualité considérée. Ainsi, pour estimer le drainage, il peut être possible, si l'on étudie une petite superficie, de mesurer la profondeur de la nappe phréatique sur une année ou plus, ou même de relever des valeurs Eh; dans des études plus étendues, on utilisera la classe de drainage du sol ou le type de végétation. Dans le cas extrême d'une estimation indirecte, on utilisera la classe de sol pour estimer les propriétés du sol; ainsi, des zones cartographiées comme gleysols ou planosols (ou leurs équivalents dans d'autres classifications) seront censées être mal drainées.

5.6.2 Choix des paramètres diagnostiques

Comment va-t-on mesurer ou estimer les qualités des terres considérées comme très ou moyennement importantes? C'est-à-dire, quels paramètres diagnostiques va-t-on employer? On peut se reporter aux méthodes décrites au chapitre 7. La marche à suivre est la suivante:

i. choisir les caractéristiques de terre appropriées pouvant être employées comme paramètres diagnostiques de chaque qualité des terres;

ii. établir une liste des caractéristiques ainsi choisies, et les regrouper en fonction des facteurs écologiques: climat, hydrologie, formes de relief, sols, végétation, faune. Pour chacun de ces groupes, passer en revue toutes les informations existantes et voir quelle quantité de renseignements les prospections entreprises dans le cadre de l'évaluation pourront fournir. Cet examen doit tenir compte non seulement des données disponibles ou susceptibles d'être réunies, mais aussi de leur fiabilité.

S'il s'avère qu'une ou plusieurs caractéristiques nécessiteront des prospections supplémentaires, voir si les qualités pour lesquelles elles doivent servir ne peuvent être évaluées par d'autres moyens. Etablir ensuite une liste révisée des caractéristiques.

5.6.3 Utilisation des degrés de limitation pour décrire les qualités des terres

Le terme "degrés de limitation" est employé en tant que moyen de décrire et classer les qualités des terres. L'emploi de cette notion est expliqué ici car elle a été utilisée dans certaines prospections mais, pour la raison indiquée plus loin, cet emploi n'est pas conseillé. On définit des classes de limitation qui intègrent les effets sur la qualité d'un certain nombre de caractéristiques différentes, par exemple:

Degré de limitation

Profondeur du sol (cm)

Consistance à l'état humide

(etc.)

1 Nul

> 150

Friable, très friable, meuble


2 Faible

100 - 150

Ferme


3 Modéré

50 - 100

Très ferme


4 Grave

20 - 50

Extrêmement ferme


5 Très grave

< 20

(indéterminé)



L'emploi de ce terme dans ce sens est en contradiction avec un des principes fondamentaux d'une évaluation des terres, à savoir l'aptitude des terres est estimée et classée par rapport à des modes d'utilisation précis. Par exemple, les profondeurs de sol jugées ci-dessous comme constituant une limitation "grave" peuvent n'avoir qu'un effet à peine gênant pour l'arachide, mais être rédhibitoires pour le palmier à huile. Pour prendre un cas extrême, une limitation "très grave" constituée par un défaut d'oxygène est favorable à la culture du riz ou du jute (ou à la sylviculture de mangroves). Pareil classement des qualités repose sur un grand nombre de sous-entendus quant aux "meilleures" utilisations et aux cultures qui ont des exigences "normales". Les exemples que le Cadre donne à propos des degrés de limitation prennent ce terme dans un sens différent: limitation s'appliquant spécifiquement à des modes particuliers d'utilisation des terres.

Quand il est nécessaire d'établir des classes pour décrire des qualités des terres, il vaut mieux employer des termes neutres, qui n'impliquent pas une aptitude globale à toutes les utilisations des terres (par exemple, classes de terrains; voir tableau 7.9). Une autre manière d'utiliser, à bon droit, l'expression "degrés de limitation" est exposée dans la section 6.2.2.

5.6.4 Variations temporelles dans l'évaluation des qualités des terres

Les besoins des cultures varient selon le stade qu'elles ont atteint dans le cycle végétatif. D'autres exigences découlant de l'utilisation des terres, par exemple celles qui se rapportent à l'aménagement, peuvent aussi se rapporter à un moment précis. Par exemple, pour une production de betterave sucrière, dans certaines régions il faut pouvoir se déplacer à l'intérieur de l'unité de production pendant les mois d'hiver.

Ces variations temporelles des exigences des utilisations doivent être prises en compte pour l'estimation de la qualité des terres, laquelle doit être évaluée pour les périodes de l'année où ces exigences se font sentir. Ainsi, il n'y a pas lieu d'évaluer la disponibilité en eau en dehors de la saison végétative des plantes annuelles mais, pour les cultures pérennes, cette qualité des terres doit être évaluée sur toute l'année.

La saison végétative est un bon critère pour classer les effets temporaires des qualités des terres. Elle couvre la période qui s'étend approximativement de la plantation à la récolte, et ne doit pas être confondue avec la période végétative qui correspond à une définition précise et se mesure au moyen de caractéristiques climatiques (voir section 7.3.3). La période végétative est une durée qui s'exprime en jours. La saison végétative est un terme plus vague, qui se réfère aux mois de l'année pendant lesquels on fait pousser une culture. Les qualités des terres peuvent être classées selon qu'elles influent avant, pendant ou après la saison végétative ou que leur effets ne sont pas saisonniers.

i. qualités ayant un effet avant la saison végétative:
- état du sol facilitant le travail;
- besoins de préparation et de défrichement de la terre;
ii. qualités ayant un effet pendant la saison végétative: toutes les qualités ayant un rapport avec les besoins des cultures (NOS 1-15 dans le tableau 5.1); les conditions favorisant la germination et l'implantation se rapportent au tout début de la saison végétative, et les conditions de maturation se rapportent à la période de transition comprise entre la fin de la saison végétative et la période immédiatement consécutive; indirectement, l'érosion du sol;

iii. qualités ayant un effet après la saison végétative: les conditions influant sur l'entreposage et la transformation;

iv. qualités en partie, ou nullement, liées à la saison végétative:

possibilité de mécanisation

)


déplacement à l'intérieur de l'unité de production

)

en partie liées

dimension des unités d'aménagement potentielles

)


localisation

)



Certaines qualités des terres, qui influent pendant la saison végétative, sont à peu près constantes pendant toute cette période, bien que l'importance de leurs effets puisse varier selon le stade de croissance physiologique de la culture. C'est le cas, par exemple, des conditions d'enracinement; d'autres qualités, comme le régime thermique ou les disponibilités en eau et en oxygène, peuvent varier considérablement tant dans leurs valeurs que dans leurs effets sur la culture. Dans ce cas, la meilleure solution est d'établir un modèle qualité des terres/besoins des cultures pour la saison végétative. Quand ce n'est pas possible, faute de données ou pour des contraintes de temps, les valeurs utilisées doivent être des moyennes calculées pour la saison végétative et non pour toute l'année. Il est également conseillé de donner quelques estimations pour les périodes critiques.

Le cadre temporel dans lequel s'effectue l'estimation des terres prend une importance particulière dans le cas d'opérations agricoles "hors saison" qui se font généralement dans des conditions plutôt moins favorables, pour répondre à une pénurie occasionnelle ou à une sollicitation du marché. En Europe, par exemple, certains plans de culture comprennent une production de primeurs qui seront vendus à de meilleurs prix avant la récolte de la pleine saison; dans la savane africaine, on pratique des cultures de saison sèche dans des zones de suintement pour faire la soudure en attendant la récolte principale, plantée pendant la saison humide.

5.7 Récapitulation: unités et caractéristiques des terres

Les prospections des ressources en terres décrit dans le présent chapitre auront donc livré trois séries d'informations, à savoir:

i. des définitions et des descriptions des unités de terres;
ii. des cartes montrant la distribution de ces unités de terres;
iii. des valeurs des caractéristiques des terres appartenant aux unités de terres.
Les descriptions des unités de terres apparaîtront dans la légende des cartes des ressources en terres. Il n'y a pas lieu de proposer ici un modèle de présentation car nous n'avons pas examiné en détail les prospections de base. Pour nombre d'entre elles, la procédure normale consistera à décrire de façon habituelle les systèmes et éléments de système des terres en tenant compte du climat, du relief, des sols, de la végétation et de l'utilisation actuelle des terres.

Il est peut-être commode d'enregistrer, sur une fiche semblable a celle qui figure au tableau 5.5, les valeurs des caractéristiques des terres appartenant à chaque unité de terre. On ne relèvera que les caractéristiques des terres retenues pour l'évaluation. Des fiches semblables à celle du tableau 5.5 seront établies pour chaque unité de terre. Elles seront ensuite comparées aux exigences découlant de chaque type d'utilisation (tableau 6.6) lors des essais de compatibilité (chapitre 8).

Tableau 5.5 - FICHE DE DESCRIPTION DES CARACTERISTIQUES DES TERRES APPARTENANT AUX UNITES DE TERRES

Note: seules les qualités et caractéristiques des terres employées dans l'évaluation sont incluses.

UNITE DE TERRE N°:

DENOMINATION:

DESCRIPTION SUCCINCTE:

QUALITE DE LA TERRE

PARAMETRES DIAGNOSTIQUES

UNITE

VALEUR DE LA CARACTERISTIQUE DE LA TERRE

NOTES

RAYONNEMENT

Moyenne journalière des heures d'ensoleillement pendant la période végétative

heures

6.5


REGIME THERMIQUE

Température moyenne pendant la saison végétative

°C

22



Température moyenne du mois le plus froid de la saison végétative

°C

14.5


DISPONIBILITE EN EAU

Total des précipitations recueillies pendant la période végétative

mm

750



Perte relative par évapotranspiration pendant la période végétative

Rapport

0.21


DISPONIBILITE EN OXYGENE

Classe de drainage du sol

Classe

Bien drainé


etc.






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