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Les travaux en groupe



La dernière journée de l'atelier a été consacrée aux travaux de groupe. Trois groupes ont été constitués. Chacun a reçu les termes de référence lui afférent et concentré la réflexion sur l'un des thèmes suivants.

Sont regroupées dans ce Chapitre IV les conclusions des groupes de travail ainsi que les recommandations générales de l'Atelier.

1. COMPTE-RENDU DES TRAVAUX DU GROUPE I

1.1. Les termes de référence du Groupe de travail I

Thème

Mise en réseau des radios rurales communautaires et des "Farm Radios" via Internet et élaboration d'accords de coopération.

Contexte

De nos jours, de plus en plus de réseaux se créent entre les radios rurales dans le cadre de partenariats multiples. Cette nécessaire concertation pour échanger des programmes, des idées, des méthodes, ou pour créer des centrales d'achat de pièces de rechange, montre le besoin de rationaliser et de rentabiliser au mieux les initiatives et actions dans le domaine de la radio rurale.

Mandat

1.2. Le compte-rendu des travaux

Par Mosotho Stone, producteur radio en Afrique du Sud

Notre groupe a réfléchi sur la notion de réseau et de mise en réseau, et s'est posé les questions suivantes:

En termes de CONTENU, nous sommes tous d'accord sur les priorités: accéder à l'information, de façon à être en mesure de produire de la matière, échanger des contenus entre membres du réseau, définir les modèles qui seront utilisés pour échanger les informations.

Sur la question «QUI DEVRAIT FAIRE PARTIE DU RESEAU? », nous étions d'accord pour y inclure les producteurs qui sont présents sur le terrain aux côtés des populations. Nous étions plus partagés quant aux autres personnes à inclure dans le réseau: peut-être des centres/pivots nationaux, régionaux ou du continent tout entier, cela dépendrait du type de contenus produits par le Réseau.

En termes de FORMATION, nous pensons que la réponse découlera du contenu et de son interprétation. La gestion des centres sera également importante, il s'agit de savoir comment sera géré le Réseau au niveau du Centre et quelles sont les compétences techniques indispensables au bon fonctionnement du réseau.

Les questions de GESTION FINANCIERE, d'évaluation des besoins et de mobilisation des fonds ont également été analysées.

Autre point, les MOYENS TECHNIQUES pouvant être utilisés pour ce réseau sont les suivants: Internet, transmissions satellite, et autres moyens de télécommunication (télécopie, téléphone, etc).

En termes de CADRE JURIDIQUE, les politiques et stratégie nationales devront être examinées avec soin. Il est également important de faire reconnaître la radio communautaire en tant que partenaire de développement.

Les PARTENARIATS permettant la production de contenus locaux peuvent être très utiles aux personnes qui travaillent au niveau des communautés.

Enfin, ce sera aux CENTRES (ou PIVOTS) de s'assurer que les partenaires locaux et eux-mêmes sont suffisamment formés. Ces mêmes centres garantiront également le bon fonctionnement des activités de réseau, d'archivage et de mobilisation des fonds.

Les centres nationaux, qui incluent par exemple une organisation comme la mienne en Afrique du Sud, le NCRF, seront chargés de décider quel type de contenus doit être envoyé aux radios locales. Ce sont ces mêmes centres qui collecteront, produiront et mettront en forme certaines informations, en fonction des données que les radios souhaitent recevoir. Enfin, ces Centres suivront les progrès réalisés et en feront part.

En ce qui concerne les objectifs à court-terme, nous avons décidé de:

Pour les objectifs à moyen ou long terme, nous tablons sur des investissement très importants en matière de formation pour permettre le bon fonctionnement du réseau. Evaluer l'impact du réseau est également important si l'on veut vérifier que les succès obtenus dépassent les problèmes rencontrés.

Nos recommandations sont les suivantes:

  1. La FAO devrait utiliser la radio pour communiquer sur les questions agricoles, tout en complétant, avec les autres partenaires, le travail des radios et des autres réseaux;
  2. Une journée mondiale de la radio devrait être instituée pour soutenir le travail nécessaire à la mise en place de ce projet.

2. GROUPE DE TRAVAIL II

2.1. Les termes de référence du Groupe de travail II

Thème

Nouveaux défis technologiques, nouveaux contenus : sécurité alimentaire, système d'alerte rapide et information globale, informations agro-météorologiques, information sur les prix de marché, Centre mondial d'information agricole.

Contexte

Des sujets comme la sécurité alimentaire, l'information globale et l'alerte rapide, les informations agro-météorologiques, les prix de marché et les opérations après récoltes, ne sont pas nouveaux. En 1992, le CTA et l'OMM ont organisé un atelier sur la radio rurale et la diffusion des informations agro-météorologiques. En 1996, grâce au Sommet Mondial sur l'Alimentation, le thème de la sécurité alimentaire était sur les ondes des radios tant urbaines et rurales. En outre, l'évaluation des besoins en matière d'information et de communication montre l'importance de ces sujets dans la vie des populations. Mais, combien de vos radios accordent un part significative des programmes à ces thèmes pourtant essentiels au développement agricole et rural durables ?

Mandat du Groupe II

2.2. Le compte-rendu des travaux

Par Helen O. Hambly, Chercheur à l'ISNAR aux Pays-Bas

Notre Groupe de travail a reçu un mandat très large, puisqu'il y est question non seulement de nouvelles technologies, mais aussi du contenu de l'information agricole. Quant à la composition, le Groupe est essentiellement constitué de représentants de la FAO (au moins trois personnes FAO dont deux représentants des services techniques), auxquels s'ajoutent quatre radiodiffuseurs de réseaux nationaux de radio rurale et plusieurs consultants internationaux.

La première question était de définir des priorités: de quel type d'informations ont besoin les radios rurales. Nous étions tous d'accord sur le fait que les informations ayant trait à l'agriculture ont toujours existé dans un environnement local, à l'échelle rurale, partout dans le monde. Bien que l'information agricole soit de source locale (indigène), nous sommes maintenant capables de l'enrichir par des données hors du contexte local, si nous nous appuyons sur de nouvelles technologies et sur de nouveaux partenariats.

L'information offerte par la FAO, soit par des portails comme le WAICENT, soit par d'autres services techniques (fournissant des informations sur l'agro-météorologie ou les prix de marché par exemple), peut s'avérer fondamentale pour l'avenir de l'agriculture, sur des continents comme l'Afrique. D'autres agences internationales comme le CGIAR ou l'ACMAD peuvent également contribué à ce processus.

L'information fournie par nos agences et qui est disponible sur Internet est fréquemment d'ordre assez général; il est nécessaire d'interpréter cette information à un niveau national et local. Les journalistes eux-mêmes ne savent pas que cette information existe et qu'ils peuvent accéder aux sites Internet s'ils le souhaitent. En outre, l'information postée sur Internet peut être ou non de qualité, puisque nous ne savons pas à qui elle s'adresse, à quels besoins elle répond.

Notre Groupe s'est également posé la question suivante: «Est-ce que les radiodiffuseurs évaluent vraiment les besoins des agriculteurs?». Notre réponse: Ils le font peut-être, mais de façon très informelle. Le problème est le manque d'approche systématique d'évaluation des besoins, cette approche nous fait cruellement défaut si nous voulons comprendre la situation présente et nous fixer une direction pour le futur.

Souvent, notre évaluation ne comprend pas les besoins de groupes sociaux «vulnérables», comme les femmes et les enfants, à moins que nous ne prévoyons une étude spécifique des besoins de ces populations.

En termes de priorités, notre Groupe confirme que:

Les informations requises n'existent pas forcément dans les bases de données mondiales, à l'heure actuelle. Cela devrait faire l'objet d'une recherche et être radiodiffusé depuis le terrain.

2.3. Les recommandations du Groupe II et le plan d'action

Construire des capacités nationales, selon notre Groupe, constitue le principal objectif à atteindre.

Apparemment, le Groupe I et nous, sommes parvenus à des solutions similaires, comme cette idée de centres nationaux qui joueraient le rôle de pivot. Nous entendons par là «des équipes constituées à un niveau national de techniciens ou de spécialistes de la communication». Ces équipes garderaient le contact avec le niveau local, en recueillant le besoin des populations et en aidant à interpréter ces besoins. Elles aideraient également à traiter des informations très techniques de sorte que ces données puissent être radiodiffusées, peut-être en ordonnant les connaissances scientifiques dans les langues locales.

Une fois ce processus lancé, il serait possible de divulguer l'information de différentes façons, à savoir par Internet, par des systèmes comme World Space, par courrier électronique entre scientifiques et spécialistes de la communication, ou simplement en transportant l'information par bus, ou au dos d'une mule ou d'un âne.

L'équipe nationaleaurait pour principal rôle et responsabilité d'être un centre d'information. Elle serait également responsable au niveau du district, là où les capacités et les partenariats vont devenir vitaux. C'est pourquoi la connexion aux radios locales ne peut s'écarter du travail du centre national ou de l'équipe.

Les radios locales sont vraiment les points d'information névralgiques, capables de résoudre bien des problèmes, dans la mesure où elles communiquent en langue locale et connaissent contexte et environnement locaux. Souvent, elles invitent des membres de la communauté bien informés/instruits et qui ne sont pas des agronomes, comme par exemple des infirmières, des travailleurs sociaux et des enseignants d'établissements primaires ou secondaires locaux.

Enfin, notre Groupe recommande que la FAO utilise les moyens/propositions de tous les autres partenaires - y compris les radios, les donateurs et les agences internationales - pour créer un «Bureau International de la Radio Rurale».

CeBureau International de la Radio Rurale, ou «Help Desk», centraliserait les informations techniques destinées à être diffusées par la radio rurale et offrirait un «kit» comprenant la plupart des moyens dont il a été question lors de l'Atelier, comme par exemple des moyens permettant d'évaluer les besoins.

Ce bureau posséderait également une cartographie des partenariats existant en matière de radios rurales, car de nombreux pays ne sont pas représentés à notre Atelier et nous savons très peu de ces pays. Nous devrions savoir par exemple si des pays comme l'Angola, le Mozambique ou le Kenya possèdent des radios rurales, et le caséchéant si ces radios sont publiques ou privées.

3. GROUPE III - LE SUIVI DES ACTIVITÉS DE COOPÉRATION NORD-SUD ET SUD-SUD

3.1. Termes de référence du Groupe de travail III

Le contexte

La collaboration entre radiodiffuseurs agricoles permet de renforcer le dialogue Nord-Sud, en échangeant des expériences et en réfléchissant sur les effets et conséquences de la mondialisation sur les radios rurales. En outre, l'impact de l'Internet sur la radio rurale et agricole favorise les échanges d'informations dans le monde entier, sur les questions de développement durable agricole et rural. Enfin, plusieurs radiodiffuseurs agricoles américains ont exprimé leurs souhaits de collaborer avec d'autres radiodiffuseurs ruraux ou non, d'Afrique.

Le mandat du Groupe

3.2. La constitution du Groupe III

Le groupe était composé de près d'une vingtaine de personnes, parmi lesquelles:

3.3. L'objectif global tel que défini par le Groupe

Le Groupe a commencé par formuler un objectif global, synthétisant les besoins des radios.

L'objectif est d'améliorer la qualité et le flux des informations et de la communication pour les radios rurales et les communautés desservies.

Cette formulation condense les deux attentes exprimées par les représentants de radio africaine:

3.4. Les recommandations générales

Aux termes des travaux, un consensus est obtenu sur les recommandations suivantes.

Nous recommandons une mobilisation de fonds, non gérés par les gouvernements, pour financer des projets en concertation avec des organisations comme le CIERRO, le Centre de communication du SADC, l'AMARC et l'Association des radiodiffuseurs agricoles américains (NAFB).

Ces projets pourraient inclure formation, équipements, bourses et échanges. Les propositions relatives à la mobilisation de fonds devront être définies avec des objectifs précis.

3.5. Le détail des propositions

Le groupe est parvenu à un consensus sur les propositions suivantes:

a. Créer un réseau réunissant radios rurales africaines et radios agricoles américaines

L'idée de création d'un réseau est suggérée par la délégation américaine et fait référence à une association qui existe déjà au niveau des Etats-Unis, le NAFB (l'Association des radiodiffuseurs agricoles américains). L'affiliation à une telle association permet d'améliorer ses compétences professionnelles de radiodiffuseur, en échangeant des expériences, en suivant des séminaires et formations en conduite d'interviews, journalisme...

«Notre nouveau réseauinternational » pourrait s'appuyer sur deux pôles qui existent déjà: le NAFB qui regroupe les radios agricoles américaines et l'AMARC (Association mondiale des radios communautaires).

Ce nouveau réseau, réunissant radios rurales africaines et radios agricoles américaines, commencerait par établir une liste électronique de ses membres, puis diffuserait à chacun les informations sur les formations existantes, les programmes d'échanges, les bourses études...

b. S'appuyer sur des structures internationales spécialisées en radio rurale qui existent déjà

Ne réinventons pas la roue. La règle d'or de la coopération internationale, c'est d'utiliser les structures existantes plutôt que de créer de nouvelles structures.

Des structures internationales ont été identifiées telles le NAFB et l'AMARC (comme mentionné ci-dessus) ainsi que des instituts de formation comme le SADC et le CIERRO dont il sera largement question plus loin.

c. Mobiliser des fonds, non gérés par les gouvernements

La mobilisation de fonds est sous-jacente à toute collaboration Nord-Sud.

Suite à la demande d'un participant, il est entendu que ces fonds ne seront pas gérés exclusivement par les gouvernements, pour éviter tout écueil politique. Les sources de financement seront, elles, indifféremment privées ou publiques.

Il est alors proposé que les fonds soient gérés par une organisation internationale, non gouvernementale.

d. Favoriser échanges et stages

Le groupe de travail propose une nouvelle idée pour permettre aux Africains de renforcer leurs capacités techniques en radiodiffusion en général, et dans le domaine de la radio rurale en particulier. La BBC accueillerait des stagiaires anglophones, tandis que Radio France pourrait ouvrir ses portes à l'Afrique francophone.

Côté américain, selon Radio USDA, le gouvernement américain pourrait fournir des fonds destinés à l'enseignement et à la formation en matière de radios agricoles.

3.6. Les propositions en matière de formation

Le groupe de travail III a essentiellement focalisé les débats sur le thème de la formation.

a. Cibles et objectifs de la formation

Pour les participants, il existe un réel besoin d'améliorer la qualité de la radio et des programmes.

Le groupe de travail commence par définir l'objectif suivant: «former les responsables des réseaux nationaux africains à l'Internet».

Il apparaîtra au cours des débats que la formation en radio rurale - délivrée par le CIERRO notamment - n'est plus l'apanage des réseaux publics et tend à s'ouvrir aux radios privées.

Aux termes des travaux, cibles et objectifs sont élargis. La mobilisation de fonds devra permettre, par ordre de priorité, de:

  1. Former les formateurs en radio rurale;
  2. Dispenser une formation aux personnels des radios rurales et communautaires;
  3. Offrir des bourses d'études à ceux qui veulent étudier radiodiffusion et journalisme.

b. Le contenu de la formation

Les participants demandent une formation axée sur les nouvelles technologies, l'utilisation d'Internet et la recherche d'informations.

« S'il est question de formation aux NTIC, focalisons-nous sur les informations/méthodes utiles au journaliste pour communiquer avec la communauté rurale. En matière de contenu et d'Internet, il serait intéressant de prévoir une formation sur le traitement du contenu, la recherche d'informations sur Internet, la connaissance des sites de la FAO et autres instituts, afin que les radiodiffuseurs disposent des informations à communiquer à leurs auditeurs».

Si tout le monde convient qu'une formation continue en journalisme serait intéressante, la proposition semble peu réaliste: une telle formation est longue (2 à 3 ans) et les radios rurales africaines ne peuvent généralement «s'offrir le luxe» d'y envoyer un des leurs.

c. La forme

Pour les mêmes raisons financières, les formations devront être très spécialisées, de courte durée.

« Nous préférons des formations courtes, ponctuelles, qui permettent une spécialisation précise et rapide».

De même, Radio USDA propose d'offrir des modules de formation très spécialisés, denses et très courts, concentrés sur 3-4 jours.

Autre point fondamental, priorité sera donnée à la formation des formateurs.

Cette solution est économique, permettant d'envoyer une personne suivre une formation de qualité dans un institut comme le CIERRO ou le SADC, personne qui ensuite «démultipliera» cette formation auprès de ses collègues au sein de sa radio ou dans son pays. Cette proposition des radiodiffuseurs est totalement soutenue par les instituts.

«Nous, SADC, n'avons nullement comme objectif de grossir au point de devenir un énorme centre de formation pour toute l'Afrique, mais bien de former des formateurs qui à leur tour pendront le relais de retour dans leur pays».

d. Les instituts de formation

Le groupe est unanime: il existe sur le continent africain des instituts de formation qui possèdent une longue expérience sur le terrain, une réelle expertise en matière de radio rurale. Utilisons ces instituts du Sud et aidons-les à former davantage de personnels de radios rurales en:

Il est question de collaboration Sud-Sud, en l'occurrence échanges d'expériences entre CIERRO et SADC.

L'objectif est de : «créer une collaboration plus étroite entre le CDC-SADC et le CIERRO avec des échanges de méthodes et de personnels pour permettre à l'Afrique anglophone de profiter de l'expérience plus riche des pays francophones. Les liens existent déjà puisque les besoins ont été identifiés dans une étude menée ensemble. Les recommandations ont été faites. Nous devons maintenant mettre en place les actions ensemble: échanger des personnels de formation, des matériaux didactiques, etc...»

La collaboration Nord-Sud devra permettre la mobilisation des fonds.

Les besoins financiers sont évidents pour mettre en oeuvre non seulement le plan d'action mentionné ci-dessus, mais aussi la formation de davantage de personnels.

«Au sein même de la communauté francophone et avant de parler de collaboration Sud-Sud, nous, radios rurales privées, n'avons pas accès aux formations du CIERRO, car le CIERRO s'adresse avant tout aux radios publiques, les formations y sont chères et les radiosprivées n'ont pas les moyens nécessaires.»

Le CIERRO déclare s'ouvrir aux radios privées mais que la formation a un coût. Le Groupe recommande alors de mobiliser des fonds auprès de partenaires américains et européens.

La conclusion est la suivante: obtenir des fonds du Nord et faire la formation au Sud.

3.7. Les attentes du Nord en matière de partenariat

Si Américains, Européens et agences internationales proposent leur soutien, leurs attentes en matière de partenariat diffèrent fortement.

Côté américain, un radiodiffuseur commence par exprimer sa préoccupation: faire du profit, peut-être en étendant son réseau de radios à l'Afrique. Un journaliste européenmet en garde les Africains sur ce type d'offres. Réponse des Africains: «Si vous voulez vous installer en Afrique, c'est possible, nous pouvons vous aider à avoir une station dans notre pays. Mais si votre objectif est de faire de l'argent en faisant de la publicité ou en vendant vos produits, je ne suis pas certaine que vous y réussirez car les agriculteurs de notre pays sont pauvres».

Proposition d'un autre radiodiffuseur américain qui remporte plus de succès: «Le marché dans lequel nous évoluons s'internationalise. Ce qui nous intéresse, c'est obtenir les informations utiles à notre cible d'agriculteurs. Ce que vous plantez et produisez peut avoir un impact sur notre agriculture et notre industrie, ce que nous plantons et produisons peut menacer votre agriculture. Or, si chacun sait ce que fait l'autre, nous pouvons mieux collaborer et les deux parties en tireront profit. A l'opposé, si tout le monde plante du coton par exemple, cela n'arrangera personne». Cette proposition est soutenue par un Malien: «Il y a beaucoup de cultures chez nous dont nous ne contrôlons pas les prix comme le coton. Or, le Nord a besoin de prix fixés par eux/chez eux. Ce sont les bailleurs de fonds, au Nord, qui ont le plus besoin d'informations sur nos récoltes et sur ce qui est exportable. Vous (le Nord) faites la régulation mondiale avec la masse d'informations que nous vous envoyons».

Côté Europe, si le représentant du Ministère des Affaires Etrangères propose également sa contribution, il souhaite adopter une autre méthodologie: ne pas proposer des «solutions pré-formatées», mais plutôt partir des besoins des populations, définir les objectifs avant de détailler les moyens. «Nous suivons avec attention les débats et apporterons notre soutien une fois que nous aurons identifié des demandes, une fois qu'elles auront été rattachées à des projets radiophoniques. Nous invitons les participants à structurer de véritables projets radiophoniques, à les communiquer en termes d'objectifs et de besoins. Nous apporterons alors notre appui, pas seulement par une ligne budgétaire mais également en termes de formation, d'échanges, de facilitation de transfert de compétences, de collaboration croisée...».

Réaction similaire d'une agence internationale telle USAID: «nous devrions d'abord identifié les besoins avant de proposer des solutions» ou encore «avant de financer un projet de formation, nous voulons nous assurer que cette formation correspond vraiment à un besoin. Ce n'est pas à nous, qui ne connaissons pas le contexte africain, de décider ce que vous devriez faire, il serait préférable que vous nous fassiez part de vos besoins».

Soutien d'une association africaine, qui illustre par une anecdote les risques d'un besoin mal ou insuffisamment formulé. «Au Nigeria, les radios rurales locales n'avaient pas accès à Internet. On leur a alors livré des ordinateurs. Six mois plus tard, les cartons n'ont toujours pas été ouverts car on ne sait pas brancher les ordinateurs et personne n'est formé aux NTIC».

Face à toutes ces réactions dénonçant un manque de méthodologie, le groupe décide d'ajouter à la première partie de sa recommandation la précision suivante:

«Les propositions relatives à la mobilisation de fonds devront être définies avec des objectifs précis».

En revanche, l'idée lancée par certains de commanditer une étude sur les besoins des radios rurales en matière de formation ne recueille pas de consensus. Pour les Américains, on risque de lancer des études sans jamais agir. Pour les Africains, l'étude a déjà été faite (cf. la communication de Christopher Kamlongera, Chapitre 2.2.7) et il s'agit maintenant de mettre en oeuvre les conclusions et recommandations de l'enquête.

3.8. Conclusion

Si au départ des questions de méthodologie et de communication ont effectivement freiné l'avancée du groupe- tendance à proposer des solutions avant d'identifier les besoins, difficulté à écouter l'autre - l'exercice en lui-même a été au moins aussi intéressant que les recommandations du groupe.

Oui, il y a eu choc culturel. Américains, Européens et Africains se sont vraiment parlé sans langue de bois, chacun a découvert la réalité de l'autre côté de la planète.

Et pour conclure avec les propos d'un radiodiffuseur américain: «quelques soient les raisons commerciales qui m'ont amené ici, c'est en tant que reporter que je continuerai à voyager à l'international, pour en savoir davantage sur l'Afrique. Ce groupe de travail a été un exemple de collaboration Nord-Sud et Sud-Sud que nous devrions réitérer. Ceci n'est qu'un début. De nouvelles idées ont émergé, comme si l'Atelier ne faisait que commencer ».

Mot de la fin et mot d'esprit d'une Nigérianeconfirmant que nous serons amenés à travailler ensemble car «la radio rurale est un petit monde, un village global en quelque sorte».


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