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ARGENTINE

1. Historique de la filière biologique en Argentine

La production agricole biologique d'Argentine a une histoire relativement courte. L'origine de la filière remonte à 1985, l'année de création du Canecos (Centro de Estudios de Cultivos Orgánicos), première association du pays focalisée sur l'agriculture biologique (GREENTREE S.A., 2000). En 1987, on estime que seulement cinq agriculteurs produisaient sur un mode biologique. Ces pionniers ont commencé à produire de manière durable de leur propre initiative, sans aucune orientation ni aucun soutien de la part du gouvernement. A cette époque, il n'existait pas de législation nationale ni d'organisme de certification biologique.

Une anecdote raconte qu'en 1989 un producteur biologique exportait du blé qui était produit en mode biologique, mais pas certifié comme tel. Lorsque l'importateur (européen) a demandé les documents de certification, l'exportateur de blé argentin a montré une déclaration notariale établissant que le produit était produit en mode biologique. Cette histoire montre le niveau de sérieux de la filière biologique argentine il y a juste dix ans.

Beaucoup de choses ont changé au cours des années 90, et la filière biologique argentine est devenue plus professionnelle. Au second Congrès du commerce de la Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique (International Federation of Organic Agricultural Movements, ou IFOAM), tenu à Vienne en 1990, deux Argentins présents ont remarqué la préoccupation largement exprimée à propos de l'insuffisance de l'offre globale pour une large gamme de produits biologiques. Cette observation a fortement incité les producteurs argentins à se détourner de leur production agricole conventionnelle et commencer à produire sur un mode biologique afin de satisfaire la demande mondiale. La conversion de la production conventionnelle à la production biologique est généralement facile en Argentine grâce aux conditions physiques du pays. Le pays est doté de grandes étendues de sols fertiles naturels et d'une grande abondance de terres vierges, et peu d'intrants chimiques sont utilisés dans les pratiques d'exploitation conventionnelle. Ces éléments permettent aux agriculteurs de passer à la production biologique sans ajustement majeur de leurs méthodes d'exploitation. Les climats variés à travers le pays et la faible menace des ravageurs permettent la production biologique quasiment dans tout le pays.

Avec le nombre croissant d'agriculteurs produisant en mode biologique, une certification bio logique nationale était devenue une «nécessité naturelle». Parmi les premiers organismes de certification biologique se trouvaient ceux qui ont actuellement de loin le plus grand nombre de membres, ARGENCERT et OIA. Au début des années 90, en l'absence d'une législation nationale, les règles internationales établies étaient appliquées (telles que celles formulées par l'IFOAM).

Pour le compte de leurs membres, les organismes de certification ont expliqué aux représentants du gouvernement le besoin pressant d'une législation nationale sur la production biologique. L'absence de telles règles locales aurait entravé la croissance future de la filière biologique.

En 1992 la filière a connu une avancée fondamentale, lorsque le gouvernement, par le biais de l'«Instituto Argentino para la Sanidad y Calidad Vegetal» (IASSCAV) (Institut argentin pour la santé et la qualité des plantes) et le «Servicio Nacional de Sanidad Animal» (SENASA) (Service national pour la santé animale), ont élaboré des directives pour le «Système national de contrôle des produits biologiques». Ces règles nationales, basées sur des directives existantes de l'IFOAM et de la Communauté européenne (CE), étaient dans la plupart des cas équivalentes et dans certains cas plus exigeantes que les règles de l'IFOAM et de la CE.

Mi 1992, l'Argentine a déposé une demande auprès de la Commission européenne pour être incluse dans la liste d'équivalence des pays tiers de l'article 11 (1) du Règlement du Conseil CE No. 2092/91. Sur la base d'une analyse des règles de production et du système d'inspection par la CE, l'Argentine a été placée fin 1992 sur une liste provisionnelle des pays tiers (Règlement de la Commission (CE) No. 3713/92, 22 décembre 1992). Ceci constituait un succès important; dans un laps de temps relativement court, le gouvernement a formulé des directives biologiques nationales, de telle sorte que l'Argentine puisse être incluse dans la liste CE (provisoire) des pays tiers.

Après vérification de l'équivalence du système d'inspection et des règles de production de l'agriculture biologique, l'Argentine a été officiellement incluse dans la liste CE des pays tiers équivalents, le 26 mars 1996 (Règlement de la Commission (CE) No. 522/96) (rapport de mission CE).

L'insertion de l'Argentine dans la liste CE n'est pas seulement liée au niveau des normes appliquées, bien que ce soit évidemment une condition élémentaire, mais elle est aussi liée à la reconnaissance par la CE de la fiabilité des organismes de certification nationaux et de leurs procédures et mécanismes de contrôle. Les détails sur ce système sont donnés en section 3.

Une fois l’inscription dans la liste d’équivalence des pays tiers obtenue, les exportations biologiques vers la CE - déjà traditionnellement un des principaux marchés à l'exportation pour l'Argentine - ont fortement augmenté, et représentent maintenant presque 80 pour cent des exportations biologiques. Le développement de la filière biologique s'est accéléré, avec des taux de croissance annuelle de plus de 100 pour cent dans la seconde moitié des années 90.

2. Les institutions actives dans la filière biologique aux niveaux national et local

2.1 Les organisations d'agriculteurs

La plus ancienne organisation d'agriculteurs est le MAPO (Movimiento Argentino para la Producción Orgánica - Mouvement argentin pour la production biologique). Le MAPO a, avec le SENASA, joué un rôle important dans l'élaboration et la mise en œuvre du Programme national pour le développement de l'agriculture biologique en Argentine. De plus, ses activités incluent: (i) l'organisation de la Conférence 98 de l'IFOAM en Argentine; (ii) la promotion des produits biologiques argentins sur les marchés mondiaux, avec Export-Ar; et (iii) l'organisation de séminaires et de cours de formation se rapportant à la production biologique.

En 1998, la Chambre Argentine des Producteurs Biologiques Certifiés (Cámara Argentina de Productores Orgánicos Certificados) (CAPOC) a été créée. Cette organisation fédératrice a été mise en place pour promouvoir l'activité biologique, défendre les intérêts des producteurs biologiques, représenter les producteurs dans les foires et les expositions, sensibiliser les consommateurs et collaborer comme partenaire technique avec les autorités gouvernementales.

Le site Internet de la CAPOC (en espagnol et en anglais) contient des statistiques utiles sur la production et les exportations biologiques de l'Argentine, ainsi que des informations détaillées sur ses membres (voir www.organico.com.ar).

2.2 Les agences gouvernementales

L'autorité compétente pour le système d'inspection de la production biologique en Argentine est le Secretaría de Agricultura, Ganadería, Pesca y Alimentación (Ministère de l'agriculture, de l'élevage, des pêches et de la nutrition), par le biais du Servicio Nacional de Sanidad y Calidad Agroalimentaria (SENASA) (Service national pour la santé et la qualité des aliments agricoles). Le SENASA approuve et supervise les organismes privés d'inspection.

Le SENAS A actuel a été créé en décembre 1996, lorsque les anciens IASCAV et SENASA (voir le chapitre 1) ont fusionné. Son personnel est de 3 600 personnes, et il a installé son bureau central dans la capitale, des bureaux locaux à travers le pays et également à la frontière où les importations et les exportations sont effectuées. Le travail du SENASA, à part l'inspection de la production biologique nationale comme susmentionné, se concentre sur la protection de la santé végétale, les maladies exotiques et les ravageurs, le contrôle des aliments, les médicaments vétérinaires et les produits chimiques agricoles (CE, 2000).

2.3 Les autres organisations et sociétés

Le SENASA a approuvé douze organismes d'inspection dont trois sont approuvés pour des activités d'inspection et de certification de produits destinés à l'exportation vers la CE: ARGENCERT S.R.L. (Instituto Argentino para la Certificación y Promoción de Productos Alimentarios Orgánicos), OIA (Organización Internacional Agropecuaria) et LETIS S.A.

Les deux premiers inspectent 80 pour cent du volume total des produits biologiques nationaux, alors que Letis est beaucoup plus petit. Il a obtenu récemment son statut d'équivalence (octobre 2000). Tous les organismes de certification sont des sociétés privées, ne bénéficiant d'aucun appui de la part du gouvernement. Ils ont des activités d'inspection en matière d'exploitation biologique à travers toute l'Argentine et quelques organismes de certification ont également des activités dans d'autres pays d'Amérique du sud. Une liste complète de toutes les sociétés de certification argentines et de leurs coordonnées est donnée en annexe II.

3. Les normes et réglementations nationales

En 1992 le SENASA a promulgué une législation nationale sur la production biologique, qui a défini les exigences minimales pour l'exploitation biologique en Argentine (Décret No. 423, 3 juin 1992). La législation initiale contient 13 articles et décrit la signification de «biologique», les exigences pour les importations biologiques, les exigences de préparation et de conditionnement, et le système de contrôle. Trois annexes accompagnent le texte de loi, qui énumèrent les produits qui sont autorisés comme engrais, les produits pour le contrôle des fléaux et les procédures de transformation des aliments (le texte complet peut être trouvé sur http://senasa.mecon.ar/calidad.htm).

Au cours des années suivantes, des ajustements de cette législation initiale ont été faits, car les normes internationales se sont également développées. Il faut noter que l'Argentine faisait partie des premiers pays au monde ayant une législation sur la production animale biologique. Les règles argentines sont en général équivalentes au Règlement CE (Règlement CE No. 2092/91), bien que plus limitées dans certains domaines, par exemple sur les exigences concernant la production apicole biologique.

A part la législation nationale, chaque organisme d'inspection publie ses propres normes privées de production pour l'agriculture biologique, qui n'ont pas de statut juridique. En évaluant les organismes d'inspection, le SENASA vérifie si ces normes privées satisfont aux exigences minimales de la législation (CE, 2000).

Pour les matériaux biologiques, qui sont exportés en vrac, les conteneurs sont accompagnés de documents d'identification qui peuvent être inspectés par les représentants du SENASA dans les ports. Les produits doivent porter le label «Producto de agricultura orgánica», et doivent afficher le label de l'organisme d'inspection et son numéro d'enregistrement, ainsi qu'un numéro de contingent identifiant son origine, comme défini dans l'article 9 du Décret No. 423/92 (SENASA, 1992).

4. La production biologique

4.1 Introduction

La filière biologique en Argentine a connu un taux de croissance très fort au cours des dernières années. La superficie totale en production biologique était estimée à seulement 5 000 hectares en 1992, alors qu'en 1997 la superficie consacrée à la production biologique certifiée avait augmenté pour atteindre plus de 231 000 hectares (FAS, 1998). Elle a continué d'augmenter en 1998 (291 000 hectares), alors qu'en 1999 la superficie totale en production biologique a «explosé» à plus de 1 020 000 hectares, soit une croissance de presque 250 pour cent en un an (voir le graphique 1) (SENASA, 2000). Des données préliminaires pour l'année 2000 obtenues auprès d'organismes de certification confirment une poursuite de cette croissance rapide: la superficie totale en production biologique était estimée à 2 900 000 hectares à la fin 2000 (Argentina Orgánica, 2001).

Graphique 1: Superficie totale en production biologique (en ha) (1999)

Sources: SENASA, 2000 et Argentina Orgánica, 2001.
Il faut noter que la majeure partie de la superficie totale en production biologique est consacrée aux pâturages pour l'élevage (99 pour cent du total). Ces pâturages se trouvent principalement dans le sud du pays, où l'agriculture est extensive depuis des décennies, si bien qu'aucune période de conversion n'est nécessaire. Bien que certifiés biologiques, les champs ne se trouvent pas tous en production (Mercado Rural, 2000). La part restante (environ 24 000 hectares) est destinée à la production végétale biologique, dont le blé, le sucre, et les fruits et légumes (voir le graphique 2) (SENASA, 2000).

Graphique 2: Superficie en production végétale biologique

Source: SENASA, 2000.
La valeur totale de la production biologique argentine est estimée à 20 millions de dollars (1999), dont 85 pour cent sont exportés et les 15 pour cent restants sont vendus sur le marché national (FAS, 2000a). En 1999, 1 422 producteurs biologiques étaient répertoriés, bien que ce chiffre inclue les 754 petits agriculteurs de canne à sucre biologique de la province de Misiones au nord-est, qui travaillent ensemble dans une coopérative, pouvant donc être considérée comme une seule entreprise biologique.

4.2 Les fruits et légumes biologiques

L'Argentine est un des plus grands producteurs au monde de pommes et poires certifiées biologiques, avec respectivement 380 et 234 hectares plantés en 1999 (c'est-à-dire une augmentation de 102 pour cent pour les pommes et 50 pour cent pour les poires par rapport aux chiffres de 1998). Bien qu'aucune donnée précise sur la superficie plantée en 2000 ne soit disponible au moment de la rédaction de cette étude (début 2001), la superficie totale plantée en fruits biologiques devrait continuer sa croissance agressive (FAS, 2000b).

La production totale de pommes et de poires certifiées biologiques atteignait approximativement 7 400 tonnes métriques en 1999 (contre 6 000 tonnes métriques en 1998) (SENASA, 2000). Elle devrait continuer de croître au même rythme, sous l'influence de la demande en croissance rapide de la part des principales destinations des exportations, c'est-à-dire la CE et les États-Unis (FAS, 2000b). Jusqu'à présent, les exportations vers le Japon sont restées limitées (voir la section 5), mais tous les producteurs, négociants et exportateurs interrogés ont exprimé un vif intérêt pour ce qui est considéré comme une des principales opportunités de forte croissance de la demande étrangère. Pour plus d'informations, veuillez vous reporter au chapitre sur le Japon plus haut dans cet ouvrage. Des détails sur la production des fruits biologiques par produit (1999) sont donnés dans le tableau 1.

Tableau 1: Production de fruits et légumes biologiques 1999 (en tonnes)

Fruits

Tonnes

Légumes

Tonnes

Poires

3 990

Oignons

2 124

Pommes

3 377

Ail

245

Oranges

583

Asperges

149

Mandarines

99

Laitue

93

Pamplemousses

43

Betteraves

80

Citrons

24

Carottes

34

Raisin

12

Concombres

33

Autres

11

Autres

627

TOTAL

8 139

TOTAL

3 385

Source: SENASA, 2000.
Le principal légume biologique est l'oignon, avec une production totale de plus de 2 100 tonnes (soit 63 pour cent de la production légumière totale). D'autres légumes biologiques importants sont l'ail, les asperges et la laitue (voir le tableau 1) (SENASA, 2000).

4.3 Les types de producteurs

Les agriculteurs biologiques se répartissent dans tout le pays et produisent une grande variété de produits biologiques. La taille des exploitations varie de la petite échelle avec quelques hectares (ou parfois moins), aux exploitations extensives avec des milliers d'hectares biologiques, principalement des pâturages dans le sud du pays. L'exemple d'une exploitation biologique de petite taille est donné par l'anecdote suivante. Un organisme de certification biologique a été informé par un de ses membres qu'il avait «détruit» tous les parasites qui attaquaient ses cultures. L'organisme de certification, choqué, demanda quel produit avait été utilisé pour combattre le fléau, et demanda si ce produit était autorisé. L'agriculteur, cultivant sur une superficie inférieure à 0,5 hectare, répondit: «je les ai tous écrasés entre mes doigts».

Un autre type d'exploitation biologique comprend certains producteurs de raisin biologique à San Juan, qui ont fait d'énormes investissements sur des superficies allant jusqu'à 300 hectares. L'investissement n'inclue pas seulement les vignes elles-mêmes, et les installations de conditionnement et de traitement, mais aussi la construction d'un canal long de quatre kilomètres, qui transporte vers la zone éloignée l'eau propre des fontes de neige des Andes. Sans cette eau, aucune production n'est possible sur les terres vierges semi-arides. Le canal a été construit par un effort conjoint de quatre grands producteurs, et remplit le bassin d'eau de 1,3 millions de litres par jour (photographie 1). De tels investissements ne pouvaient pas être faits par de petits exploitants, en particulier si on garde à l'esprit les forts taux d'intérêt bancaire en Argentine.

Il faut noter que, indépendamment de la taille de la production, il y a généralement chez les agriculteurs biologiques une forte volonté de coopération. Aucun esprit de concurrence n'est perçu entre les agriculteurs. Par exemple, dans la province de Misiones, 754 petits cultivateurs de canne à sucre biologique travaillent ensemble dans une même coopérative. De même, dans la province de San Juan, 15 cultivateurs relativement petits de raisin biologique ont mis leurs forces en commun et créé une société afin de rationaliser les exportations et de réduire les frais généraux. Ces agriculteurs, à leur tour, échangent régulièrement des informations avec les producteurs plus gros de raisin biologique (voir plus haut). Généralement, ils sont conscients que chacun a un avantage particulier (l'un est plus expérimenté en matière de production biologique et de ses exigences techniques, alors que d'autres ont des réseaux d'exportation mieux développés ou des facilités d'investissement plus grandes), et que les forces mises en commun bénéficient à tous.

Photographie 1: Certains agriculteurs biologiques ont fait de gros investissements, comme Emprendimientos Ecológicos S.A. à San Juan

Source: photographie prise par l'auteur.
4.4 Analyse économique de la production biologique par rapport à la production conventionnelle

Peu d'information est disponible sur les aspects économiques de la conversion aux méthodes de production biologique. Un document (SAGyP, 1997) donne une analyse économique dans laquelle les coûts et les revenus au niveau de l'exploitation des méthodes de production biologique sont comparés à ceux de l'agriculture conventionnelle. Il inclue un exemple de production de pommes à Río Negro, la principale province de production fruitière biologique.

En comparant la production des pommes biologiques à celle des pommes conventionnelles, aucune différence dans les rendements n'a été observée; néanmoins, 25 pour cent des pommes biologiques ne satisfaisaient pas aux exigences minimales de qualité et ont dû être rejetés, alors que ce pourcentage pour la production conventionnelle est généralement de 10 pour cent. De plus, la taille des pommes biologiques était inférieure, avec pour résultat la facturation d'un prix inférieur.

Les coûts et bénéfices des calculs effectués en 1997, en utilisant les données de prix de 1995 et 1996, sont montrés dans les tableaux 2 et 3. Les revenus nets par année (colonne 4) sont convertis en valeurs actuelles (colonne 5). La valeur actuelle totale pour les pommes biologiques est supérieure à 52 000 dollars, alors que pour les pommes conventionnelles elle est de moins de 36 000 dollars. Ainsi, sur la base de cette analyse et ses hypothèse sous-jacentes, la production de pommes biologiques semble économiquement plus attractive.

Tableau 2: Coût et bénéfices de la production de pommes biologiques (en dollars par hectare)

Année

Coût (a)

Revenu (b)

Différence (b-a)

Valeur actuelle

Année 0

2 872

9 762

6 890

6 890

Année 1

2 872

9 762

6 890

5 719

Année 2

2 872

22 137

19 265

14 449

Année 3

2 872

22 137

19 265

13 100

Année 4

2 872

22 137

19 265

11 944

Source: SAGyP, 1997.
Tableau 3: Coût et bénéfices de la production de pommes conventionnelles (en dollars par hectare)

Année

Coût (a)

Revenu (b)

Différence (b-a)

Valeur actuelle

Année 0

2 267

11 495

9 227

9 227

Année 1

2 267

11 495

9 227

7 658

Année 2

2 267

11 495

9 227

6 920

Année 3

2 267

11 495

9 227

6 274

Année 4

2 267

11 495

9 227

5 721

TOTAL




35 803

Source: SAGyP, 1997.
De plus, l'étude donne la différence de prix minimale requise entre les pommes biologiques et conventionnelles pour que les deux méthodes de production donnent les mêmes bénéfices. Cette différence de prix est calculée à 39 pour cent. Ainsi, si la différence de prix entre les pommes biologiques et conventionnelles tombe en-dessous de 39 pour cent, la conversion à la production de pommes biologiques n'est pas attractive économiquement.

4.5 Les contraintes à la production

Grâce à l'abondance de terres adaptées et de ressources naturelles, son climat favorable dans la plupart des régions du pays, et une menace des ravageurs généralement faible, la production biologique en Argentine n'est pas particulièrement entravée par des contraintes naturelles. Cependant, une série d'autres facteurs empêchent les agriculteurs argentins de profiter pleinement de ces conditions naturelles.

En premier lieu, l' accès au crédit, en particulier pour les petits agriculteurs, est quasiment impossible puisque les taux d’intérêt réels se situent entre 24 pour cent et 36 pour cent par an. Ces taux empêchent un investissement important (dans la production biologique ainsi que dans d'autres secteurs).

En second lieu, de nombreux producteurs se plaignent de la disponibilité limitée des bio-pesticides. Le SENASA, l'autorité compétente pour l'habilitation des organismes de certification biologique, publie dans l'annexe de la législation biologique nationale une liste de tous les produits autorisés (voir la section 3). Cependant, les produits étrangers doivent être testés au moins trois ans dans des instituts de recherche argentins (INTA), avant de pouvoir être inclus dans la liste. Bien que la menace des ravageurs soit généralement faible, l'insuffisance des moyens pour les combattre en mode biologique fait baisser le rendement et donc le profit.

En troisième lieu, bien que la filière biologique se soit fortement développée, elle reste un secteur relativement jeune et sans grande expérience. Il y a très peu de recherches effectuées sur les méthodes d'exploitation biologique adaptées aux conditions locales et l'assistance de vulgarisation est quasiment inexistante. Ainsi, de nombreux producteurs commencent a produire de manière biologique sur une base empirique, et ajustent leurs méthodes d'exploitation chaque saison jusqu'à ce qu'ils atteignent un niveau de production acceptable et (plus) stable. Certains producteurs ont expliqué au cours d'entretiens que les faibles rendements dus à des problèmes imprévus, en particulier dans les premières années de production, sont les coûts les plus élevés auxquels ils doivent faire face, plus élevés que les autres coûts comme ceux de certification et d'inspection. Les petits agriculteurs auront des difficultés à assumer de tels frais.

En quatrième lieu, bien que l'agriculture conventionnelle soit extensive dans de nombreuses régions du pays, d'autres régions ont besoin d'une période de conversion de trois ans pour acquérir le statut biologique complet. Aucune appui gouvernemental n'existe au cours de ces trois années de conversion, une pratique qui est fréquente par exemple dans de nombreux pays européens pour inciter à la conversion.

4.6 L'appui à la production

Le gouvernement d'Argentine n'octroie aucune subvention ou prime à la production agricole, y compris à la production biologique. Il n'y a pas d'activités sponsorisées par le gouvernement ou le secteur privé destinées à initier les consommateurs et à les encourager à acheter des produits biologiques. Cependant, en septembre 1998, le Secrétariat agricole argentin (SAGPyA) a lancé le Programme national pour le développement de la production biologique (PRONAO). Ce programme, qui n'existe plus, visait à promouvoir les produits biologiques sur le marché national, à accroître le nombre de producteurs biologiques, à gagner de nouveaux marchés et à éduquer les consommateurs (FAS, 2000a).

5. La commercialisation des fruits et légumes biologiques

5.1 Le marché biologique argentin

Les ventes biologiques sur le marché national sont estimées à 3 millions de dollars, soit 15 pour cent de la production nationale totale de produits biologiques. Le marché biologique argentin est sous-développé et n'existe quasiment que dans les principales zones urbaines, c'est-à-dire le Grand Buenos Aires (13 millions d'habitants), mais les taux de croissance annuelle sont élevés (25 pour cent). Cependant, par rapport aux taux de croissance de la production biologique totale, le développement de la demande nationale a pris du retard. La plupart des produits vendus sont spécialement produits pour le marché biologique national, et ne sont pas des résidus de l'exportation.

Les deux principaux produits consommés sur le marché biologique national sont (chiffres de 1998) les céréales comme le maïs (891 tonnes métriques) et le blé pour le pain (425 tonnes métriques). D'autres produits certifiés biologiques sont: le bœuf, la volaille, les œufs, le miel, l'huile d'olive, les fruits et légumes, les produits laitiers, le thé (mate), le sucre et le vin (voir le graphique 3). Des données préliminaires pour 2000 estiment que le volume certifié biologique commercialisé est de 5 600 tonnes (Argentina Orgánica, 2001). Parmi les fruits certifiés biologiques, les pommes et les poires sont les plus importants, alors que pour les légumes la laitue, les betteraves et les carottes sont les principaux produits (voir le tableau 4) (FAS, 2000a et SENASA, 2000).

Graphique 3: Les produits biologiques pour le marché national (pourcentage basé sur le volume) - Produits certifiés biologiques pour le marché national 1999

Source: SENASA, 2000.
Tableau 4: Quantités de fruits et légumes certifiés pour le marché national, 1999 (en tonnes)

Fruits

Tonnes

Légumes

Tonnes

Poires

83

Laitue

93

Pommes

55

Betteraves

80

Oranges

18

Carottes

36

Mandarines

15

Radis

34

Raisin

5

Choux blancs

28

Citrons

5

Épinards

25

Autres (framboises, cerises, etc.)

0.4

Autres (courgettes, concombres, brocolis, pommes de terre, etc.)

306

TOTAL

181

TOTAL

602

Source: SENASA 2000.
5.1.1 Les chaînes de commercialisation

Le secteur de la vente au détail en Argentine est dominé par les grands supermarchés (hipermercados), comme Disco-Ahold, Jumbo, Carrefour et Coto. Jumbo a introduit des fruits et légumes biologiques dans ses magasins en 1992 (Negocios, 2000). A Buenos Aires et dans sa banlieue, environ 80 pour cent de tous les aliments biologiques sont vendus dans les supermarchés. Certaines chaînes de supermarchés développent des labels privés pour quelques produits biologiques. Certaines chaînes travaillent également à des campagnes de commercialisation avec pour objectif de sensibiliser les consommateurs aux qualités et aux avantages des aliments biologiques (FAS, 2000a). Les ventes semblent augmenter de manière significative pendant de telles campagnes de commercialisation, mais elles retombent aux niveaux d'avant la campagne immédiatement après la fin de la promotion.

Les 20 pour cent restants des ventes biologiques s'effectuent dans les magasins spécialisés (où tous types de produits naturels, diététiques et de régime sont commercialisés), ainsi que par le biais des ventes directes à la ferme et des livraisons à domicile, qui sont en augmentation.

5.1.2 Les prix au producteur et le différentiel de prix avec les produits conventionnels

Aucune information détaillée n'a pu être obtenue sur les différences de prix entre les produits horticoles biologiques et conventionnels. Une source fait état de différences de prix allant jusqu'à 50 pour cent (Negocios, 2000).

Dans un des supermarchés, JUMBO, qui a un espace spécial dans la section de fruits et légumes, indiqué par: «productos ecológicos», les différences de prix suivantes ont été observés entre les légumes biologiques et les légumes conventionnels (tableau 5).

Tableau 5: Prix d'une sélection de légumes conventionnels et biologiques

Produit

Prix conventionnel ($/kg)

Prix biologique ($/kg)

Prime de prix (% du prix biologique au dessus du prix conventionnel)

Laitue

1,49

2,19

47

Carottes

0,69

1,49

116

Courgettes

1,39

1,80

29

Source: Observations de l'auteur dans l'hypermarché Jumbo (décembre 2000; semaine 51).
Le tableau montre que, bien que les données obtenues ne soient pas nécessairement représentatives des différences moyennes des prix, le prix des légumes biologiques peut être plus du double du prix des légumes conventionnels, comme cela était le cas pour les carottes au moment de l'étude.

5.1.3 Les types de consommateurs

Le consommateur argentin moyen est motivé par les prix et n'est donc pas disposé à payer un prix plus élevé pour un produit qu'il ne perçoit pas comme «meilleur». Aucune étude de marché formelle n'a été effectuée sur le profil du consommateur de produits biologiques. Cependant, un récent rapport les décrit comme: (i) appartenant aux classes aux revenus les plus élevés; (ii) informés des qualités et des avantages des aliments biologiques; et (iii) préoccupés par leur santé (FAS, 2000a).

Une autre source cite une consultante argentine qui affirme que la demande en produits biologiques est relativement indépendante du niveau de revenus des consommateurs (Mercado Rural, 2000). Elle ajoute que la plupart des consommateurs biologiques se trouvent dans les groupes des moins de 35 ans et des plus de 60 ans. Les familles avec enfants de moins de 6 ans ont tendance à être plus préoccupés des conséquences allergiques possibles liées à la nourriture.

5.1.4 Les perspectives de développement du marché biologique national

Actuellement, le marché biologique national est encore sous-développé. Les facteurs qui influent de manière négative sur son développement sont: (i) le manque de connaissance des consommateurs de la signification de «biologique»; (ii) l'inexistence d'un label biologique national; (iii) la confusion entre le terme «producto orgánico» (le nom officiel) et «producto ecológico» (le terme utilisé par les supermarchés); et (iv) seul un groupe spécifique de consommateurs a accès physiquement et économiquement aux produits biologiques.

Cependant, l'Argentine est le pays d'Amérique latine qui a le PNB moyen par habitant le plus élevé (7 733 dollars en 1999) (EIU, 2001). De plus, les activités promotionnelles dans les supermarchés accroissent la prise de conscience des consommateurs. La combinaison de ces facteurs donne des opportunités remarquables pour un développement futur du marché biologique national, en particulier dans les zones urbaines.

5.2 Les exportations

Bien que le marché biologique national se soit développé au cours des dernières années, la première destination des produits biologiques argentins est de loin l'étranger. De tous les produits biologiques produits sur le sol national, 85 pour cent en moyenne sont exportés, avec une valeur totale estimée à 17 millions de dollars. Pour les produits végétaux (par opposition aux produits animaux) le pourcentage exporté est encore supérieur, avec 90 pour cent.

Le volume biologique exporté en 1999 est estimé à 25 800 tonnes, alors que les données préliminaires pour l'année 2000 ont estimé les exportations biologiques totales à 35 000 tonnes (Argentina Orgánica, 2001). La principale destination des exportations horticoles biologiques est de loin la CE, représentant environ 80 pour cent des exportations de produits horticoles biologiques. Les États-Unis, avec 19 pour cent, représentent le second marché d'exportation de ces produits (Graphique 4).

Graphique 4: Les exportations horticoles biologiques par destination (1999)

Source: SENASA, 2000.
5.2.1 Les réseaux de commercialisation

Certains grands producteurs exportent eux-mêmes leurs produits. Ils ont des contacts avec l'acheteur étranger, parfois par le biais de leur propre bureau à l'étranger, par exemple à Miami ou au Royaume-Uni. Les plus petits producteurs tendent à coopérer et mettent leurs efforts en commun pour exporter par eux-mêmes ou par le biais de courtiers.

Au cours de visites sur le terrain et d'entretiens, diverses personnes ont mentionné que généralement les producteurs biologiques ne savent pas comment exporter, alors que les exportateurs biologiques (avec un réseau établi de clients potentiels) manquent souvent de quantités suffisantes à exporter. Mettre ses forces en commun permet aux deux de bénéficier des avantages comparatifs de tous les partenaires.

5.2.2 Les produits et la destination

Comme mentionné plus haut, la principale destination des exportations de produits horticoles biologiques est la CE. La CE représente 75 pour cent de toutes les exportations de fruits biologiques, alors que pour les légumes biologiques ce pourcentage est encore plus élevé (92 pour cent) (voir le tableau 6).

Tableau 6: Exportations des fruits et légumes certifiés biologiques d'Argentine par destination, 1999 (tonnes métriques)

Produits

États-Unis

CE

Autres

Total

Fruits

1 849

5 953

156

7 958

Légumes

209

2 382

11

2 602

Total des Fruits & Légumes

2 058

8 335

167

10 560

Source: SENASA, 2000.
Les principaux fruits exportés sont les pommes et les poires, suivies à une certaine distance par les oranges. D'autres fruits exportés sont les mandarines, les pamplemousses, les prunes, le raisin et les cerises. Au cours d'entretiens avec des exportateurs, entre autres les fraises et les framboises ont été identifiées comme des fruits ayant des taux de croissance des exportations élevés (annexe I).

Le principal légume biologique exporté est l'oignon, qui représente 82 pour cent des exportations de légumes biologiques (en volume). D'autres exportations biologiques sont entre autres l'ail, les asperges et les citrouilles (annexe I).

La plupart des produits sont exportés vers les Pays-Bas, un point d'entrée important vers le continent européen, suivis par le Royaume-Uni. Le troisième pays vers lequel les produits horticoles biologiques d'Argentine sont exportés sont les États-Unis. Les «autres» pays d'exportation sont la Norvège et le Japon, bien que les quantités aient été minimes jusqu'à présent (annexe I). De nombreux producteurs, négociants et exportateurs voient le marché japonais comme le marché le plus attractif pour la croissance future des exportations.

5.3 La différence de prix avec les produits conventionnels pour les marchés à l'exportation

Aucune donnée précise n'a pu être obtenue. Un exportateur biologique a mentionné que les marges moyennes de prix FOB entre les produits biologiques et les produits conventionnels se situent entre 10 et 50 pour cent; cependant, il a ajouté que ces dernières années il est devenu plus difficile d'atteindre les 50 pour cent. Divers exportateurs ont indiqué qu'une érosion des primes de prix était probable.

5.4 Les contraintes à l'exportation

A première vue, les contraintes à l'exportation semblent minimes. Le statut de «pays tiers» de l'Argentine est un signe clair de reconnaissance à l'étranger de la législation nationale et de son mécanisme de contrôle. L'expertise et la fiabilité de certaines agences de certification argentines permettent des exportations dans de bonnes conditions vers la CE. De plus, la situation de l'Argentine dans l'hémisphère sud permet l'exportation de produits périssables frais pendant l'hiver de l'hémisphère nord, lorsque l'offre locale est rare ou inexistante.

Les contraintes les plus importantes incluent le fait que la CE représente actuellement 80 pour cent des exportations argentines de fruits et légumes biologiques, ce qui rend la filière fortement dépendante de la croissance de ce marché. De plus, le peso argentin est lié au dollar américain, et une dégradation du taux de change entre le dollar américain et l'euro pourrait favoriser les pays exportateurs concurrents de l'hémisphère sud, comme l'Australie ou l'Afrique du sud.

5.5 L'appui aux exportations

Les exportateurs argentins de produits agricoles conventionnels reçoivent une remise à l'exportation de 5 à 8 pour cent (selon la produit) de la valeur FOB d'exportation.

En décembre 2000, le gouvernement a approuvé une loi qui donne une remise à l'exportation de 3 pour cent supplémentaires pour les exportations biologiques (la remise totale se situe donc pour les exportations biologiques entre 8 et 11 pour cent). C'est la première fois en Argentine que les exportations biologiques sont clairement différenciées des exportations conventionnelles.

6. Conclusions: les perspectives de croissance de la production et des exportations

La filière biologique argentine s'est développée de manière significative à partir de quelques agriculteurs pionniers il y a dix ans, pour devenir une industrie de 20 millions de dollars aujourd'hui, dont environ 85 pour cent de la production sont exportés, principalement vers la CE. La superficie totale certifiée biologique a augmenté de manière spectaculaire pour passer de 5 000 hectares en 1992 à plus d'un million d'hectares en 1999. Les chiffres provisoires pour 2000 estiment que la superficie totale a atteint 2 900 000 hectares, bien que ce chiffre comprenne les pâturages dans le sud qui ne sont pas en production. La variété de produits est également remarquable, y compris de nombreux fruits et légumes différents.

Cette section analyse la filière horticole biologique argentine, en utilisant l'analyse SWOT: Strengths, Weakness, Opportunities and Threats (Atouts, Faiblesses, Opportunités et Risques). Elle expose les forces et les succès de la filière, mais énumère aussi les facteurs limitants. Pour la perspective à moyen terme (environ cinq ans), elle identifie les principales opportunités pour les exportations horticoles biologiques ainsi que le développement d'un marché biologique national des fruits et légumes. Enfin, elle traite de certaines menaces qui pourraient affecter la poursuite de la croissance de la filière.

6.1 Les atouts

Grâce à son climat, à la fertilité naturelle des sols et d'autres conditions physiques, couplés à la faible menace des ravageurs, la production biologique est praticable sur quasiment l'ensemble du pays, sans difficulté majeure ni ajustement des méthodes de production conventionnelle.

Ces conditions naturelles ne sont pas totalement responsables du succès de la filière biologique en Argentine. La manière rapide et pragmatique avec laquelle le gouvernement argentin a élaboré une législation nationale sur la production biologique, à un moment où la filière était encore à un stade précoce de son développement (1992) a tracé la voie à une reconnaissance internationale de ces règles et a constitué une forte incitation pour les agriculteurs à se détourner des pratiques agricoles conventionnelles.

Des règles strictes ne sont cependant pas une garantie de succès, tant qu'il n'existe pas de contrôle approprié de la conformité à ces règles. De ce fait, la reconnaissance d'organismes de certification nationaux fiables et de leurs procédures et mécanismes de contrôle par la CE a facilité un développement fort du secteur des exportations biologiques.

En outre, la situation de l'Argentine dans l'hémisphère sud permet au pays d'exporter des produits frais biologiques à des moments où la production est inexistante sur les marchés du nord. Cela est particulièrement le cas pour les produits périssables, y compris les fruits (par exemple le raisin) et les légumes.

Enfin, les liens traditionnels forts avec l'Europe, le marché de consommation biologique qui connaît la croissance la plus rapide, le nom et la réputation de l'Argentine comme exportateur agricole, couplés à de bonnes liaisons maritimes et aériennes, ont étayé le développement de son secteur d'exportation biologique.

6.2 Les faiblesses

Il existe une série de faiblesses qui limitent la capacité des agriculteurs à tirer pleinement avantage des points forts susmentionnés. En premier lieu, l'accès au crédit, en particulier pour les petits agriculteurs, est quasiment impossible avec des taux réels se situant entre 24 et 36 pour cent par an, ce qui limite les possibilités d'investissement.

En second lieu, de nombreux producteurs se plaignent de la disponibilité limitée des bio-pesticides. Bien que la menace des ravageurs soit généralement faible, le manque de méthodes de lutte biologique fait baisser le rendement, et par là le profit.

En troisième lieu, la filière biologique est encore relativement jeune et sans grande expérience, alors que les services de vulgarisation sont inexistants, ce qui a souvent pour conséquence des rendements plus faibles que prévus, en particulier pendant les premières années de production biologique.

En quatrième lieu, bien que l'agriculture conventionnelle soit extensive dans de nombreuses parties du pays, se rapprochant de l'agriculture biologique, dans d'autres régions une période de conversion de trois ans est nécessaire avant que la certification biologique ne puisse être obtenue. Aucun soutien gouvernemental n'existe pendant ces trois années de conversion, à la différence de ce qui se fait dans de nombreux pays européens afin d'inciter les agriculteurs à se convertir.

En cinquième lieu, des contraintes existent dans la commercialisation du produit car les quantités sont généralement si petites que les économies d'échelle pendant le traitement, la transformation et le transport sont quasiment inexistantes.

En sixième lieu, de nombreux producteurs ont exprimé leur frustration quant au manque de contrats avec des importateurs à l'étranger. En général, l'insécurité existe jusqu'au dernier moment avant la récolte. Cela est particulièrement le cas pour les produits périssables, y compris le raisin et certains légumes.

Enfin, l'inexistence d'un logo national pour les produits biologiques limite les possibilités de commercialisation au niveau du marché national. De plus, une certaine confusion peut exister dans l'esprit des consommateurs, puisque la dénomination officielle des produits biologiques dans la législation argentine est «producto orgánico», alors que la plupart des supermarchés utilisent le terme de «producto ecológico» pour vendre leurs produits.

6.3 Les opportunités

Au cours de l'étude de la filière horticole biologique argentine, les opportunités suivantes ont été identifiées par des entretiens et la lecture des documents. Les exportations biologiques, actuellement la destination de 85 pour cent de la production biologique nationale, devraient être encore le secteur ayant la plus forte croissance. Grâce aux conditions naturelles de l'Argentine, sa législation équivalente à celle de la CE, ses mécanismes de contrôle compétents et ses bonnes connections aériennes et maritimes, l'Argentine satisfait sans problème majeur aux exigences de qualité généralement élevées pour les importations vers les marchés des pays développés.

De plus, la réputation de l'Argentine comme exportateur important de produits agricoles conventionnels constitue un bon outil promotionnel pour ses exportations de produits biologiques, en particulier par sa présence dans les foires commerciales et les expositions internationales. De plus, le marché local des produits biologiques, actuellement encore sous-développé, fournit des opportunités de croissance future. Bien qu'existant quasiment seulement dans le Grand Buenos Aires où vit un tiers de la population argentine, la sensibilisation accrue du consommateur aux produits biologiques ainsi que le PNB par habitant le plus élevé d'Amérique du sud donnent un fort potentiel de croissance.

6.4 Les risques

Bien que la filière biologique argentine ait de nombreux points forts et des opportunités de croissance comme mentionné plus haut, il faut prendre en considération certains aspects qui peuvent affecter le développement de sa production et de son exportation de produits horticoles biologiques. Un facteur évident est la concurrence d'autres pays ayant des avantages similaires (par exemple le climat et l'inversion des saisons), comme le Chili, le Brésil, l'Afrique du sud. Si ces pays obtiennent la même inscription sur la liste CE de pays tiers que l'Argentine, la concurrence pour les parts du marché CE augmentera.

Un autre facteur est l'amélioration actuelle des méthodes de stockage des produits périssables, qui permet aux producteurs de fruits et légumes biologiques concurrents de l'hémisphère nord (par exemple l'Espagne et l'Italie) d'étendre la disponibilité des produits biologiques tout au long de l'année. Ceci pourrait fortement affecter les opportunités d'exportation pour l'Argentine.

En troisième lieu, il existe une certaine méfiance parmi les groupes de consommateurs biologiques dans les pays importateurs quant à la fiabilité des mécanismes de certification étrangers, ce qui pourrait limiter les possibilités d'exportation des pays étrangers. En outre, les importateurs et les négociants de certains pays européens expriment leur préférence pour les produits nationaux ou européens pour lesquels la distance de transport est la plus courte.

Enfin, la CE représente actuellement 80 pour cent des exportations argentines de fruits et légumes biologiques, ce qui rend le secteur très dépendant de la croissance de ce marché. Un ralentissement économique dans la CE ou une dégradation du taux de change entre le peso argentin (qui est lié au dollar américain) et l'euro pourrait avoir un impact important sur le secteur argentin des exportations biologiques.

6.5 Remarques de conclusion

L'étude de cas sur les succès et les faiblesses du secteur horticole biologique de l'Argentine montre l'importance de sa législation nationale sur la production biologique ainsi que de son contrôle de la conformité avec ces règles par le biais d'un certain nombre d'organismes de certification privés, qui sont supervisés par un organisme indépendant d'habilitation, le SENASA. Cette structure a permis à l'Argentine d'obtenir son inscription sur la liste CE de pays tiers et a permis des taux de croissance forts de la production et des exportations biologiques.

Le cas de l'Argentine constitue donc un bon exemple pour d'autres pays, qui sont à un stade moins avancé du développement de leur filière biologique, quant à la route à suivre pour développer une telle filière et quant aux exigences élémentaires nécessaires pour améliorer les chances de succès.

De plus, l'étude montre que, sous certaines conditions, il existe un potentiel pour la poursuite du développement du marché national argentin, en particulier dans les zones urbaines.

Références

Argentina Orgánica (2001), CD-Rom, Ministerio de Relaciones Exteriores, Comercio y Culto et al, Buenos Aires, 2001

EC (2000), “Organic Farming in Argentina”, Mission Report, DG (SANCO)/1044/2000-MR Final, European Commission

EIU (2001), Economist Intelligence Unit, Argentina Country Profile 2000, www.eiu.com, 2001

FAS (2000a), “Argentina - Organic Food Report”, GAIN Report, USDA

Foreign Agricultural Service, Buenos Aires, 2000

FAS (2000b), “Argentina - Organic products: Apples, Pears and Cherries”, GAIN Report, USDA Foreign Agricultural Service, Buenos Aires, 2000

FAS (1998), “Update on Argentina’s Organic Sector”, GAIN Report, USDA

Foreign Agricultural Service, Buenos Aires, 1998

GREENTREE S.A. (2000), “El Reconocimiento a la calidad”, Buenos Aires, 2000

La Nación (2000), “Los productos orgánicos escapan de la recesión”, Negocios, Sunday 10 December, 2000

La revista de la Bolsa (2000a), “La Bio Agricultura”, p. 4-7, Buenos Aires, 2000

La revista de la Bolsa (2000b), “La Bio Agricultura en la Argentina”, p. 8, Buenos Aires, 2000

LATIN CONSULT (2000), “Cómo vender más alimentos orgánicos?”, informe del taller, 13 Noviembre, 2000

Mercado Rural (2000), “Producción Orgánica: Ni tanto ni tan poco”, Buenos Aires, October 2000

SAGyP (1997), “Producción orgánica en Argentina; Factores a tener en cuenta y análisis económico de su conveniencia ”, Secretaría de Agricultura, Ganadería, Pesca y Alimentación et al, Diciembre 1997.

SENASA (2000), data based on certifiers information, available at www.organico.com.ar and http://senasa.mecon.ar/calidad.htm

Supercampo (2000), “Argentina pica en punta”, Economía y Mercados, Productos Orgánicos, Buenos Aires, 2000

ANNEXE I: Exportations de produits horticoles biologiques argentins par destination, 1999 (tonnes)


United States

European Community (total of next 8 columns)

Germany

Belgium

Spain

France

Italy

Netherlands

United Kingdom

Sweden

Norway

Japan

TOTAL

Pears

1 447

2 460

2

314

0

0

239

914

962

28

1

0

3 907

Apples

402

2 765

143

418

0

0

27

899

1,134

145

155

0

3 322

Oranges

0

565

20

0

0

294

11

117

123

0

0

0

565

Mandarins

0

84

0

0

0

14

0

14

56

0

0

0

84

Grapefruit

0

43

0

0

0

0

0

0

43

0

0

0

43

Lemon

0

19

2

0

0

0

0

2

15

0

0

0

19

Plums

0

8

0

0

0

0

0

4

4

0

0

0

8

Grapes

0

7

0

0

0

0

0

2

4

0

0

0

7

Cherries

0

1

0

0

0

0

1

0

0

0

0

0

1

TOTAL Fruits

1 849

5 953

168

732

0

308

279

1 953

2,341

173

156

0

7 958

VEGETABLES














Onions

55

2 068

188

28

13

0

53

424

1

0

0

0

2 123

Garlic

47

198

13

69

0

0

17

71

0

0

0

0

245

Asparagus

76

73

23

4

2

14

2

7

0

0

0

0

149

Pumpkin

0

31

0

0

0

0

31

0

0

0

0

0

31

Dry beans

20

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

20

Cucumber

0

11

11

0

0

0

0

0

0

0

0

0

11

Black beans

11

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

11

Azuki Beans

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

11

11

Melon

0

2

0

0

0

0

0

0

2

0

0

0

2

TOTAL Vegetables

209

2 382

235

100

15

14

103

502

1

0

0

11

2 602

TOTAL Fruits and vegetables

2 058

8 335

403

832

15

322

382

2 455

2,342

173

156

11

10 560

Source: SENASA. 2000 (based on information obtained from certifiers).

Annexe II

Agences de certification

Argencert S.R.L.
Director: Ing. Agr. Laura Montenegro.
Address: Bernardo de Irigoyen 760,
Piso 10 B
(1072) Buenos Aires
Tel: (54-11) 4334-0313 4342-1479
Fax: (54-11) 4331-7185
[email protected]
[email protected]
www.argencert.com.ar

O.I.A.S.A.
(Organización Internacional
Agropecuaria).
Director: Ing. Agr. Pedro Landa.
Address: Av. Santa Fe 830 PB
(1641) Acassuso, Buenos Aires
Tel/Fax: (54-11) 4793-4340
4798-9084/6514
[email protected]
www.oia.com.ar

LETIS S.A.
Director: Ing. Agr. Mónica S. De
Incola
Address: Entre Ríos 138/142
(2000) Rosario, Prov. De Santa Fe
Tel: 0341-4264244
[email protected]

M.O.A. (Fundación Mokichi
Okada)
Director: Ing. Viviana Mariani
Address: Federico Lacroze 2025
(1426) Buenos Aires
Tel/Fax: (01) 4771-5441/5512
4778-1380
[email protected]

AMBIENTAL S.A.
Vicepresidente: Ing. Agr. Cristina
Comezaña
Dirección: Av. Córdoba 966 Piso 6 A
(105) Buenos Aires, Argentina.
Tel/Fax: (01) 4322-2520/1312
[email protected]

A.P.P.R.I. - Asociación para el
pastoreo racional intensivo
Director: Ing. Agr. Gustavo A.
Lundberg
Dirección: Marcelo T. De Alvear
1640 3º B (1060) Buenos Aires.
Tel/Fax: 4813-7720
[email protected]

FU.CO.FA - Fundación
Argentina de lucha contra la
Fiebre Aftosa
Directores: Dr Esteban Pantín y
Dr. Marcelo Barrero.
Dirección: San Martin 1360 (3100)
Paraná, Entre Ríos.
Tel/Fax: (0343) 4233565
[email protected]

Food Safety - Seguridad
Alimentaria
Director: Dr. Oscar Bruni,
Maria Susana Vidal.
Dirección: Ramón Falcón 2530 (1406)
Buenos Aires, Argentina.
Tel/Fax: (01) 4612-1257/
4612-4837
[email protected],
[email protected]

Agros Argentina S.R.L.
Responsable Técnico: Ing. Agr.
Silvia Sunkowsky
Dirección: Av. Córdoba 1352
1º piso (1055)
Buenos Aires, Argentina
Tel/Fax: 4941-6741/4302-0850
[email protected]

VIHUELA S.R.L.
Responsable Técnico: Ing. Agr.
Marisa Repetí
Dirección: Perú 1236 (1141)
Buenos Aires
Tel/Fax: 4307-7667/4541-5947
[email protected]

Convenio de Certificación
Conjunta Argentina INTA-IRAM
Director: Lic. Guillermo Malvicino
Dirección: Cerviño 3101,
1º piso (1425) Capital.
Tel/Fax: (01) 4802-9623
4381-9785/4804-3920
[email protected]

Agences gouvernementales et autres

SENASA - Servicio Nacional de
Sanidad y Calidad Agro-alimentaria
Organic Productds co-ordinator:
Ing. Agr. Juan Carlos Ramírez
Ministry of Agriculture, Animal
Husbandry, Fisheries and Nutrition
Av. Paseo Colón 367, 5th floor,
(1063) Buenos Aires, Argentina
Tel./Fax: (+) 4345-4110/12;
(+) 4331 - 6041/49
[email protected]

C.A.P.O.C - Cámara Argentina
de Productores Orgánicos Certificados
Presidente: Ms. Laura Tami
Carlos A. López 3826, 1st floor,
Dept. 1
(1419) Capital Federal - Buenos
Aires, Argentina
Tel/Fax (5411) 4502 - 8778
[email protected]
www.organico.com.ar

Producteurs et négociants

Organic Sur
Director: Ernesto Engels
Juncal 3066, 4th floor
(1425) Buenos Aires, Argentina
Tel: (5411) 4826 - 1315
Fax: (5411) 4821 - 5759
[email protected]
Organic exporter

Emprendimientos Ecológicos S.A.
Director: Gustavo Ghiglione
Av. Laprida 5052
(B1603ABN) Villa Martelli
Pvcia de Buenos Aires, Argentina
Tel/Fax: (5411) 4709 - 2268
emprendimientos.ecologicos@pr ovintersa.com.ar
Organic table grape producer in San Juan

Organic Life
Ing. Aldo R. Marcaccio
Cnel. Apolinario Figueroa
1837/43
C1416DQC Buenos Aires,
Argentina
[email protected]
www.organiclife.com.ar
Organic table grapes and other
fruits in San Juan

ARGENTBIO
Gabriel Miralles Brea
Pedro Morán 3212 1 st floor 8
(1419) Buenos Aires, Argentina
Tel/Fax; (5411) 4503 -
9379/4780 - 3792
[email protected]
Organic garlic producer in Mendoza

CONEXPORT S.A.
Av. Libertador 25 este
5400 San Juan, Argentina
Tel/Fax: (54 - 264) 427 3062
[email protected]


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