FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires No.4, septembre 2001 - Page 3

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SITUATION DES RÉCOLTES ET DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES


VUE D'ENSEMBLE

Bien que l'on observe dans l'ensemble une amélioration globale de la situation alimentaire par rapport à la période correspondante de l'année dernière, les perspectives sont préoccupantes pour certaines régions. Sur le continent africain, on note une chute considérable de la production alimentaire dans quasiment tous les pays de l'Afrique australe, notamment en raison d'une période de sécheresse prolongée à la mi-saison, mais également en raison d'inondations localisées et de la diminution des cultures dans certaines régions. La production totale de maïs, principal aliment de base de la sous-région, a marqué un recul de 25 pour cent par rapport à l'année précédente et de 18 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Par conséquent, la situation des approvisionnements alimentaires dans la plupart des pays est précaire, et l'on prévoit une augmentation considérable des besoins d'importations pour 2001/2002. En Afrique de l'Est, les perspectives alimentaires sont bonnes dans l'ensemble, à l'exception de la Somalie, du Soudan et de l'Érythrée, où l'effet conjugué de catastrophes naturelles et humaines a perturbé la production alimentaire. Dans les autres régions de l'Afrique subsaharienne, les perspectives de récolte sont bonnes dans l'ensemble en Afrique centrale et en Afrique de l'Ouest, à l'exception de l'Angola, de la République démocratique du Congo et de la Sierra Leone, où des troubles intérieurs continuent à déstabiliser les populations rurales.

En Asie, de nombreux pays, dont la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Cambodge et la Thaïlande, ont essuyé des pertes considérables au niveau des cultures, du bétail, des biens et des infrastructures, suite à des pluies de mousson torrentielles et des typhons. Au printemps, la République démocratique de Corée a souffert d'une grave sécheresse, qui a nettement ralenti la production de maïs, ajoutant ainsi aux problèmes d'alimentation tenaces auxquels le pays est confronté depuis plusieurs années. L'ouest de la Chine a également été frappé par la sécheresse. Au Proche-Orient, le contrecoup de la sécheresse extrême qui ravage la sous-région depuis trois années continue à se faire sentir, notamment pour les petits exploitants et les bergers de Jordanie, d'Iraq, de la République islamique d'Iran et de Syrie. En Afghanistan, la sécurité alimentaire, déjà extrêmement fragile en raison d'une sécheresse prolongée et de troubles intérieurs continus, risque de se détériorer si la menace d'une action militaire se matérialise. Une nouvelle vague de déplacements de populations vient grossir les rangs des personnes déplacées à l'intérieur du pays et des réfugiés, les exposant à des situations de profonde détresse. Des millions de personnes sont menacées de famine, et le principal défi auquel sera confrontée la communauté internationale au cours des prochains mois sera de sauver des vies.

Dans les pays de la CEI, les difficultés liées aux approvisionnements alimentaires perdurent, notamment au Tadjikistan, en Ouzbékistan et en Arménie, en raison de la sécheresse et des températures particulièrement élevées du printemps dernier, période cruciale pour les semis. On signale également de graves pénuries d'eau.

En Amérique latine, l'espoir d'une reprise suite aux catastrophes récentes (ouragans, sécheresse, inondations et tremblements de terre) s'affaiblit, et les périodes de sécheresse ne laissent pas présager de bonnes récoltes, notamment en Amérique centrale. En revanche, en Amérique du Sud, les perspectives de récolte sont bonnes dans l'ensemble grâce à des conditions climatiques propices.

En Europe, les perspectives de récolte pour les céréales sont bonnes dans l'ensemble, les conditions de croissance étant proches de la normale. En revanche, en Amérique du Nord, on prévoit une baisse d'environ 10 pour cent, par rapport à l'année dernière, de la production de blé aux États-Unis, en raison d'une contraction des volumes semés. Au Canada, les perspectives de rendement en céréales se sont dégradées au cours des deux dernières semaines, en raison de la sécheresse qui sévit dans les principales zones de production. Alors qu'en Australie, on s'attend à une baisse de 5 pour cent de la production de céréales, suite aux périodes de sécheresse qui ont marqué le début de la saison.


SITUATION PAR RÉGION

Afrique

En Afrique de l'Est, les pluies abondantes des mois de juillet et d'août ont, dans l'ensemble, permis des perspectives moins sombres pour la production de céréales de 2001. Cependant, l'espoir d'une reprise de la sous-région après la longue période de sécheresse qu'elle a subie s'est trouvé amenuisé par la gravité des inondations, la rareté des précipitations et l'escalade des conflits qui sévissent dans certaines régions. Au cours des trois dernières années, les faibles précipitations enregistrées chaque année dans la plupart des régions d'élevage de la sous-région ont eu de lourdes répercussions sur les pâturages et le bétail, et se sont traduites par de graves pénuries alimentaires et par la migration de milliers de personnes à la recherche d'eau et de nourriture. Dans certaines régions, la production et la distribution alimentaires ont été gravement entravées par les troubles intérieurs passés ou présents, qui ont entraîné des pénuries alimentaires et des déplacements de populations. Au Soudan, d'importantes inondations ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes, la destruction des cultures et l'aggravation de la situation déjà précaire des approvisionnements alimentaires dans les zones touchées. Dans les zones d'altitude d'Éthiopie, de nombreux villages et établissements humains ont été submergés par les pluies abondantes enregistrées dans le bassin versant du Nil bleu. Les zones les plus touchées se situent le long du Nil, dans le nord et l'est du pays, notamment dans les environs de la capitale Khartoum. Certaines zones des États de Darfour et de Kordofan ont également dû faire face à des crues soudaines dues aux pluies torrentielles. Le nombre de personnes nécessitant une aide alimentaire d'urgence, estimé plus tôt dans l'année à environ 3 millions de personnes en raison de la sécheresse et de la guerre civile, devrait augmenter suite aux inondations qui frappent actuellement la région. En Somalie, on estime que la mauvaise récolte de la principale campagne de 2001 va entraîner de graves problèmes alimentaires pour 500 000 personnes. Malgré les bonnes récoltes des deux dernières campagnes, la capacité des ménages à faire face aux chocs a été minée par la lenteur de la reprise après les sécheresses de ces dernières années et par les effets à long terme de nombreuses ann�es d'ins�curit�. En Érythrée, malgré des précipitations suffisantes à partir de juin pendant la principale campagne de culture, les perspectives alimentaires pour 2001 demeurent sombres, de nombreux agriculteurs déplacés n'étant pas en mesure de regagner leur exploitation et de grandes superficies de terres étant encore inaccessibles en raison des mines terrestres. En outre, la lenteur de la réponse aux appels d'aide humanitaire est particulièrement préoccupante, seule une partie minime de l'aide demandée par le gouvernement ayant été délivrée. Au Kenya, malgré l'amélioration générale des approvisionnements alimentaires, les faibles pluies des mois de mai et de juin, notamment dans les zones d'élevage, ont réduit les chances pour le pays de se relever de la terrible sécheresse de ces derniers temps. En Éthiopie, les approvisionnements alimentaires se sont nettement améliorés grâce à l'effet conjugué des pluies abondantes tombées dans les principales zones agricoles et d'une bonne campagne "belg" pendant la petite saison des pluies. Cependant, fait rare pour la saison, on signale de graves pénuries alimentaires et des migrations de personnes et de bétail dans les zones d'élevage du sud-est du pays, en raison d'une sécheresse tenace. En Tanzanie et en Ouganda, les approvisionnements alimentaires sont satisfaisants dans l'ensemble grâce aux bonnes récoltes enregistrées récemment et à l'amélioration des pâturages. Cependant, des difficultés alimentaires perdurent dans certaines régions, en raison de sécheresses localisées ou de l'ins�curit�.

En Afrique australe, la production de céréales de 2001 est estimée à 19,7 millions de tonnes soit 18 pour cent de moins que l'année précédente. Ces chiffres incluent des estimations de la récolte de blé pour 2001, qui est sur le point d'être effectuée. Les dernières estimations pour le maïs, aliment de base dans ces pays, indiquent une production de 13,3 millions de tonnes, soit une baisse de 25 pour cent par rapport à l'an 2000 et de 18 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. La production a ressenti les effets conjugués d'une diminution de la superficie emblavée et d'une période de sécheresse prolongée à la mi-saison, qui ont considérablement abaissé les rendements. En ce qui concerne le maïs, on observe une baisse des rendements dans tous les pays, à l'exception de l'Angola, du Mozambique et de Madagascar. Par conséquent, la situation des approvisionnements alimentaires est précaire dans la sous-région, avec de nettes augmentations des prix du maïs et de graves pénuries alimentaires dans certaines régions. Les besoins d'importations pour la campagne de commercialisation 2001/02 (avril/mars) ont augmenté de manière considérable. Dans certains pays, on s'attend à ce que les importations réelles soient inférieures aux besoins et que la consommation chute en dessous des niveaux normaux, ce qui aura notamment des répercussions sur les groupes de population les plus vulnérables. En Afrique du Sud, les excédents de maïs qui couvrent normalement les déficits de la sous-région pourraient ne pas être suffisants cette année, et il pourrait être nécessaire d'avoir recours à des importations en provenance d'outre-mer. D'après les premières estimations de la FAO, les besoins d'importations de la sous-région (à l'exclusion de l'Afrique du Sud) se chiffreraient à environ 1,4 million de tonnes. On prévoit que les excédents exportables combinés du Mozambique et de l'Afrique du Sud, soient de 1,37 million de tonnes après un abaissement considérable du niveau de stocks. Bien que ce niveau d'excédents exportables ne soit que légèrement inférieur aux besoins, la situation dépend beaucoup des niveaux souhaités de stocks de report en fin de campagne en Afrique du Sud, à la fin de la campagne de commercialisation, ainsi que des engagements à l'exportation de l'Afrique du Sud vis-à-vis des autres pays à l'échelle internationale. Une hausse éventuelle des importations prévues par les pays de la sous-région en vue de reconstituer leurs réserves pourrait se traduire par un déficit accru. On signale d'ores et déjà des problèmes alimentaires dans des zones affectées par une mauvaise récolte, par exemple en Zambie, où une aide alimentaire a été demandée pour 2 millions de personnes, dans les provinces méridionales du Mozambique, ainsi que dans certaines régions du Zimbabwe et du Malawi. En Angola, la situation alimentaire est préoccupante pour un nombre élevé de personnes déplacées à l'intérieur du pays, en raison des pénuries auxquelles sont confrontés les canaux de distribution de l'aide alimentaire. En Namibie, au Lesotho et au Swaziland, si elles ne sont pas enrayées par des importations commerciales, les pénuries alimentaires prévues pour la campagne de commercialisation 2001/02 pourraient avoir de lourdes conséquences sur la s�curit� alimentaire des groupes vulnérables dans les zones rurales et urbaines. Alarmés par les difficultés d'approvisionnements alimentaires se profilant à l'horizon pour plusieurs pays, les ministres de l'agriculture de la Communauté du développement de l'Afrique australe sont convenus d'organiser une Réunion spéciale à la fin du mois d'août à Harare, en vue de débattre des stratégies à court et moyen termes permettant de faire face à la situation.

En Afrique du Nord, la récolte des cultures d'hiver de 2001 a été menée à bien dans la sous-région, alors que la récolte du maïs et du riz irrigué est en cours en Égypte. Les premières estimations de la production totale de céréales se chiffrent à 28,1 millions de tonnes soit nettement au-dessus de la production de l'année dernière, qui avait été perturbée par la sécheresse et s'était établie à 24,4 millions de tonnes et légèrement en-dessous de la moyenne des cinq dernières années (27,9 millions de tonnes). En Algérie, la production de blé et d'orge de 2001 est quasiment double de celle de 2000, mais elle est plus faible que prévu en raison du temps sec qui a prévalu lors du stade de remplissage des grains. En Égypte, le rendement de blé est estimé à 6,3 millions de tonnes soit quasiment semblable à la production record de l'année dernière, qui s'était établie à 6,6 millions de tonnes. La récolte de maïs et de riz est en cours et l'on prévoit des rendements supérieurs à la moyenne. Au Maroc, la production de blé devrait s'établir au-dessus de la moyenne, à 3,3 millions de tonnes soit plus du double de la récolte de l'année dernière, qui avait subi le contrecoup de la sécheresse. Le rendement en orge cette année a également augmenté de manière considérable par rapport à la production de l'an 2000, mais il est resté en-dessous de la moyenne en raison d'une baisse des volumes semés due à des pluies trop rares, notamment dans le centre et l'est du pays. En Tunisie, le rendement total en blé et en orge a augmenté d'environ 15 pour cent par rapport à la récolte de l'année dernière, qui avait été réduite par la sécheresse, mais la production demeure en-dessous de la moyenne en raison de la période de sécheresse qui a touché certaines zones productrices dans le centre et le sud du pays.

En Afrique de l'Ouest, la saison des pluies a en général débuté en temps opportun le long du littoral de l'Afrique de l'Ouest. La plupart des pays ont bénéficié de pluies abondantes en avril et en mai, ce qui a permis un développement satisfaisant des cultures. La première récolte de maïs a été menée à terme dans le sud, et les perspectives globales sont bonnes dans l'ensemble. En Sierra Leone, le rendement en céréales devrait être supérieur à celui de l'année dernière, en raison de l'augmentation des zones emblavées et de l'amélioration de la distribution des intrants. En Guinée, la s�curit� alimentaire demeure relativement stable dans tout le pays. La partie orientale continue de voir affluer des réfugiés en provenance du Libéria. Dans le Sahel, les précipitations ont été abondantes et généralisées dans l'est et le sud au mois de juillet et d'août. Mais dans l'ouest, elles ont été irrégulières et en-dessous de la normale jusqu'à la moitié du mois d'août en Gambie, en Mauritanie et au Sénégal. Cependant, la situation s'est nettement améliorée au mois de septembre. Les perspectives de récolte sont bonnes au Burkina Faso, au Tchad, en Guinée-Bissau, au Mali et au Niger, ce qui reflète les bonnes conditions de culture qui perdurent depuis le mois de juillet. En Gambie, en Mauritanie et au Sénégal, les conditions de culture se sont améliorées en raison d'un accroissement des précipitations à la fin du mois d'août et au début du mois de septembre. Mais il faut que les pluies se poursuivent pour permettre aux cultures d'arriver à maturité.

En Afrique centrale, les cultures se développent de manière satisfaisante dans l'ensemble en République centrafricaine et au Cameroun. Dans la République du Congo, la production alimentaire connaît une certaine reprise depuis la signature de l'accord de paix, mais l'aide alimentaire demeure nécessaire pour les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur du pays. Dans la République démocratique du Congo, l'ins�curit� s'est aggravée dans l'est ces dernières semaines, notamment dans la Province du Sud-Kivu. Le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays, déjà estimé à plus de 2 millions, ne cesse d'augmenter. Alors que l'accès aux personnes déplacées à l'intérieur du pays s'est amélioré dans les zones contrôlées par les forces gouvernementales, il demeure quasiment impossible dans les zones contrôlées par les rebelles, en raison de l'ins�curit� permanente qui y règne.

Asie

En juillet et en août, plusieurs pays de la région ont été frappés par d'abondantes pluies de mousson et par des typhons qui ont entraîné des glissements de terrain et de graves inondations. Au début du mois de juillet, la Chine a subi les assauts des typhons "Durian" et "Utor" qui ont entraîné d'importantes inondations dans les provinces méridionales du Guyangdong et du Guangxi Zhuang, et ont perturbé la récolte du riz d'été. À la fin du mois d'août, le typhon "Fitow" a entraîné des pluies torrentielles dans les provinces méridionales du Guangdong et du Hainan, endommageant les cultures de riz et de canne à sucre. Au Cambodge, le mois de juillet, particulièrement sec, a été suivi de pluies de mousson torrentielles et d'inondations ayant principalement frappé le long du Mekong, faisant de nombreuses victimes et laissant plus de 700 000 personnes sans abri. En Inde, des pluies de mousson plus abondantes que la normale ont entraîné de graves inondations, notamment dans les États d'Orissa et de Bihar, où des millions de personnes ont été touchées et des dizaines de milliers de foyers gravement endommagés ou détruits. Les rizières ont été inondées et les cultures détruites. En Indonésie, fait inhabituel pour le mois d'août, des pluies abondantes ont occasionné des inondations et des glissements de terrain, détruisant des villages au passage et forçant des milliers de personnes à se réfugier dans des lieux plus sûrs. Des milliers d'hectares de terres arables ont été submergées par les inondations. En République populaire démocratique de Corée, le mauvais temps et les problèmes économiques continuent à miner la s�curit� alimentaire du pays. Au début du mois d'août, l'effet conjugué de précipitations abondantes et de systèmes de drainage inadéquats a entraîné des inondations dans le sud de la province de Hwanghae, principale zone de production rizicole du pays. En Mongolie, la dépendance du pays vis-à-vis de l'aide alimentaire internationale s'est trouvée accentuée par la rudesse exceptionnelle de deux hivers consécutifs et par les problèmes d'ajustement associés à la transition d'une agriculture centralisée à une agriculture axée sur le marché.

Au Proche-Orient, trois années consécutives de sécheresse ont lourdement grevé la production alimentaire, avec des diminutions particulièrement importantes en Afghanistan, en Jordanie, en République islamique d'Iran, en Iraq et en Syrie. En Afghanistan, la sécheresse et les troubles intérieurs continus se sont soldés par une crise alimentaire particulièrement aiguë. Près de 6 millions de personnes dépendent de l'aide alimentaire internationale. La Mission d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires mise en oeuvre conjointement par la FAO et le PAM, et dont les représentants se sont rendus dans le pays en mai 2001, prévoit des besoins d'importations en céréales pour 2001/02 d'un niveau sans précédent, soit d'environ 2,2 millions de tonnes. On s'attend à ce que la situation des approvisionnements alimentaires, déjà critique, se détériore en cas d'action militaire. De nouvelles vagues de déplacements de populations sont en cours, et un nombre croissant de réfugiés et de personnes déplacées dans leur propre pays est confronté à des situations extrêmement pénibles. L'évacuation du personnel des organismes d'aide internationaux oeuvrant en Afghanistan aurait des implications particulièrement alarmantes pour la s�curit� alimentaire de nombreuses personnes particulièrement vulnérables. En République islamique d'Iran, la sécheresse généralisée a engendré de nombreuses pénuries d'eau, détruit les cultures et décimé le bétail. Bien que la sécheresse ait sévi sur une superficie plus restreinte cette année, ses répercussions sur la situation des approvisionnements alimentaires et sur la subsistance des populations ont été bien plus importantes dans certaines communautés. Les lourdes inondations de ces derniers temps ont exacerbé les pénuries alimentaires dans certaines régions. En Iraq, en Jordanie et en Syrie, la sécheresse qui sévit depuis trois ans a eu des répercussions importantes sur la production des cultures et sur le bétail, laissant des milliers de bergers dans l'attente d'une aide nécessaire. Dans l'ensemble, les perspectives sont sombres pour les éleveurs de la région, puisque les taux de mortalité du bétail ont augmenté en raison d'une pénurie de fourrage et d'eau. Les répercussions seront particulièrement critiques dans les pays où le bétail et les produits dérivés représentent une part importante des exportations ou fournissent les moyens de subsistance à une grande partie de la population.

Dans les pays asiatiques de la CEI, à l'exception du Kazakhstan, les approvisionnements alimentaires demeurent difficiles et de nombreuses personnes sont confrontées à de graves pénuries alimentaires dans la région. Encore une fois, la sécheresse, de cruelles pénuries d'eau et un temps particulièrement chaud lors des campagnes culturales cruciales que sont le printemps et l'été ont compromis la production. En outre, les répercussions de la sécheresse et des pénuries d'eau sur la production de cultures ont été accentuées par les problèmes structurels que connaît l'agriculture et par l'état de déliquescence avancée des systèmes d'irrigation. Les pays les plus touchés sont le Tadjikistan et l'Ouzbékistan et, dans une moindre mesure, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Turkménistan et la Géorgie. Le nombre de personnes nécessitant une aide alimentaire d'urgence est élevé au Tadjikistan et en Ouzbékistan, dont certaines régions ont vu leur production chuter, pour s'établir à environ la moitié de la moyenne des niveaux de production. La plupart des terrains de parcours et des pâturages de la région sont complètement asséchés et la réduction des troupeaux se poursuit à un rythme alarmant. En revanche, au Kazakhstan, les prévisions sont satisfaisantes pour la production de céréales (11,7 millions de tonnes), soit légèrement au-dessus des objectifs, mais en-dessous des niveaux de production enregistrés avant 1995.

Amérique latine

En Amérique centrale et dans les Caraïbes, la saison des pluies a débuté par des pluies abondantes au mois de mai et une récolte tampon a été nécessaire pour que la sous-région se relève du déficit engendré par les catastrophes naturelles de ces dernières années. Cependant, les premières estimations prévoyant une augmentation de 13 pour cent du rendement total de céréales par rapport à celui de l'année dernière, qui avait subi le contrecoup de la sécheresse, ont été tempérées en raison d'une période de sécheresse au mois de juin et juillet. Les pays les plus affectés, parmi lesquels figurent le Guatemala, El Salvador, le Honduras et le Nicaragua, sont habituellement des importateurs nets de maïs et de haricots, et leurs besoins d'importations en céréales, y compris l'aide alimentaire, devraient demeurer à un volume élevé de 2,3 millions de tonnes comme cela avait été le cas l'année précédente. Ainsi, la consommation par habitant sera maintenue au niveau de l'année dernière, et il sera nécessaire d'avoir recours à des importations supplémentaires pour améliorer l'état nutritionnel d'une population souffrant de la faim. Les estimations actuelles semblent indiquer un rendement de céréales total de 2,4 millions de tonnes pour ces pays, soit 8 pour cent de moins que la moyenne des cinq dernières années.

En Amérique du Sud, le blé a été semé dans les pays du MERCOSUR (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) et l'on prévoit une augmentation de 14 pour cent de la production totale suite à une hausse des surfaces ensemencées et à des conditions hivernales propices. Au Brésil, la production de maïs a été révisée à la hausse à la suite d'une bonne deuxième récolte et le rendement de 2001 devrait atteindre 41 millions de tonnes soit une augmentation de 20 pour cent par rapport à l'année dernière. Dans les pays andins, les cultures et systèmes d'irrigation d'environ 60 000 petites exploitations au Pérou ont été éprouvés par un puissant tremblement de terre, suivi de raz-de-marée au mois de juin. En Équateur, environ 20 000;personnes ont été évacuées et il y a eu perte de milliers de têtes de bétail au mois d'août à la suite de l'éruption du volcan Tungurahua. En Colombie, une mission interinstitutions récemment mise en oeuvre par les Nations Unies a conclu que les populations déplacées avaient un besoin urgent de protection et d'aide humanitaire.

Europe

Dans la Communauté européenne, la production totale de céréales en 2001 devrait chuter d'environ 5 pour cent par rapport à l'année précédente, pour s'établir à 204 millions de tonnes. La totalité de cette baisse est imputable au blé, dont le rendement a marqué un recul d'environ 92,6 millions de tonnes alors que le rendement des céréales secondaires devrait rester quasiment le même, soit 109 millions de tonnes. Les conditions climatiques étant pratiquement revenues à la normale, en 2001, les cultures céréalières des pays d'Europe centrale et orientale ont généralement bien récupéré par rapport à l'année précédente, qui avait été marquée par la sécheresse. Les conditions ont été particulièrement favorables dans les pays du nord tels que la Pologne, la République tchèque et la République slovaque, mais plus au sud, la récolte du blé d'hiver a été perturbée dans plusieurs régions de la République fédérale de Yougoslavie, de Hongrie et de Roumanie, en raison d'un excès de pluies au mois de juin. En revanche, les précipitations au cours des mois d'été ont été bénéfiques au maïs de printemps.

Dans les quatre pays européens de la CEI (Russie, Ukraine, Bélarus et Moldova), la récolte s'effectue à un rythme nettement plus rapide qu'en 2000, et les perspectives sont satisfaisantes pour cette année. En Russie, le rendement de céréales devrait atteindre 74 millions de tonnes soit environ 3 millions de tonnes de plus par rapport à la récolte relativement bonne de 2000. En Ukraine, la production de céréales devrait se relever de la mauvaise récolte de 2000 (23 millions de tonnes) pour s'établir à plus de 31 millions de tonnes cette année. Pour le Bélarus, la FAO prévoit un rendement en céréales d'environ 5 millions de tonnes soit environ 200 000 tonnes de plus que l'année précédente, mais toujours légèrement en-dessous du niveau de production moyen.

Dans les pays baltes, le secteur agricole récupère lentement des chocs économiques antérieurs et du processus de réajustement. La production de céréales est en général satisfaisante et au-dessus de la moyenne. Le sous-secteur du bétail récupère également lentement, même si les stocks demeurent en général en-dessous de la moyenne.

Dans les Balkans (République fédérale de Yougoslavie, Croatie et Bosnie-Herzégovine), on prévoit une nette récupération après la mauvaise récolte de l'année dernière. Dans République fédérale de Yougoslavie notamment, la production de céréales a dépassé les résultats de l'année dernière de plus de 3,6 millions de tonnes pour s'établir à environ 8,8 millions de tonnes. En Croatie, le rendement de céréales devrait atteindre plus de 3 millions de tonnes cette année, soit environ 500 000 tonnes de plus qu'en 2000. En mai, le nord de la Bosnie-Herzégovine et les parties limitrophes de la Républica Serbska ont été pertubés par des inondations et de la grêle. Ainsi, selon les estimations de la FAO, la production de céréales devrait se maintenir au même niveau que l'année précédente, qui avait enregistré une mauvaise récolte de 1 million de tonnes.

Amérique du Nord

En Amérique du Nord, la production totale de blé en 2001 aux États-Unis est estimée à 54 millions de tonnes soit environ 10 pour cent de moins que l'année précédente et nettement en-dessous de la moyenne, ce qui traduit surtout la baisse continue des superficies emblavées qui ont atteint leur minimum depuis 1971. Début septembre, l'ensemencement du blé d'hiver pour la campagne 2002 a démarré dans certains des États du sud, alors que la récolte de maïs commençait seulement dans la zone de culture du maïs ("corn belt"). On s'attend à ce que le rendement en maïs soit d'environ 235 millions de tonnes soit 7 pour cent de moins qu'en 2000. Au Canada, la récolte des principales céréales de 2001, qui a démarré au mois d'août, est en cours. Les perspectives de rendement se sont détériorées au cours des dernières semaines en raison de la sécheresse qui sévit dans les principales zones de production. Les derniers chiffres officiels prévoient désormais une production totale de blé pour 2001 de 21,5 millions de tonnes soit 20 pour cent de moins par rapport à la récolte de l'année dernière, qui était bonne, et en-dessous de la moyenne, malgré une superficie emblavée semblable.

Océanie

Les cultures de céréales d'hiver de 2001 en sont encore au stade de développement en Australie, la récolte étant prévue pour octobre/novembre. Les pluies, propices, des mois de juillet et d'août ont amélioré les perspectives pour le blé d'hiver. Mais les conditions de sécheresse antérieures ont entravé le développement précoce des cultures, et entraîné une légère diminution des superficies cultivées. Le rendement en blé prévu franchit à peine la barre des 20 millions de tonnes soit environ 5 pour cent de moins que l'année précédente et légèrement en-dessous de la moyenne des cinq dernières années. Dans les îles du Pacifique, d'abondantes pluies de mousson ont endommagé les cultures en Papouasie-Nouvelle-Guinée, alors que des conditions de sécheresse auraient entraîné des pénuries d'eau à Samoa.


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