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SECTION 4
PROCEDURES DE DETERMINATION


4.1 Besoins en azote (utilisation du tableau de couleur des feuilles)

Les agriculteurs emploient généralement la couleur des feuilles comme indicateur visuel et subjectif des besoins en engrais azoté de la culture de riz. Lorsque les feuilles sont pales ou vert jaunâtre, plutôt que vert foncé, les agriculteurs estiment que les plants ont besoin de plus d'azote. Dans la recherche également, il a été découvert que l'intensité de la couleur des feuilles est directement liée à la teneur en chlorophylle et à l'état de l'azote foliaire. Un tableau de couleur des feuilles (leaf colour chart-LCC) (Balasubramanian et al. 1998) réalisé à partir du modèle original japonais, peut aider les agriculteurs à mesurer l'intensité de la couleur des feuilles. Le tableau de couleur des feuilles est un outil simple, facile à utiliser et peu onéreux, permettant de déterminer le moment d'épandre de l'azote en surface sur une culture de riz. Ce tableau peut aider à encourager un épandage d'azote selon les besoins et à un taux variable sur les cultures de riz, en se basant sur les disponibilités du sol en azote et sur la quantité dont a besoin la culture. Il s'agit d'un outil idéal d'optimisation de l'efficacité de l'utilisation d'azote, indépendamment de la source d'azote appliqué - engrais organique, engrais biologique ou engrais chimique.

Le tableau de couleur des feuilles consiste en six teintes de couleur verte - allant d'un vert jaunâtre clair (qui est le numéro 1 sur le tableau) à un vert foncé (qui est le numéro 6). La couleur de la feuille peut être confrontée aux bandes de couleur du tableau (voir figure)

Tableau de couleur des feuilles (LCC)

Comment utiliser le tableau de couleur des feuilles?

  1. Choisir la plus jeune feuille pleinement ouverte et saine, d'un seul plant, pour mesurer la couleur des feuilles. La couleur de cette feuille est étroitement liée à l'état du N dans le plant de riz. Dans chaque champ, choisir 10 feuilles de 10 plants choisis au hasard et qui représentent la zone plantée. S'assurer de bien choisir des plants dans une zone où la densité de peuplement est uniforme.

  2. Mesurer la couleur de chaque feuille choisie en tenant le tableau et en plaçant la partie médiane de la feuille par dessus une bande de couleur pour effectuer la comparaison. Ne pas détacher la gaine foliaire ni déchirer la feuille.

  3. Au cours de la mesure, protéger du soleil, avec votre corps, la feuille, car la lecture de la couleur des feuilles est influencée par l'angle des rayons solaires et l'intensité du rayonnement. Si possible, la même personne devrait prendre chaque fois les mesures de la couleur des feuilles, et à chaque fois, à la même période de la journée.

  4. Si la couleur d'une feuille de riz se situe entre deux teintes, prendre comme relevé, la moyenne des deux valeurs. Ainsi, si la couleur d'une feuille de riz se situe entre le nombre 3 et le nombre 4, la lecture retenue sera 3,5.

  5. Les lectures sont généralement prises une fois tous les 7-10 jours, à partir de 14 jours après repiquage pour du riz repiqué et à partir de 21 jours après semis pour du riz en semis humide direct. Continuer de relever des mesures à 7-10 jours d'intervalle jusqu'à l'apparition de la première fleur.

  6. La valeur critique de couleur de feuille, pour l'épandage d'azote en surface, peut varier entre 3 et 4 selon les cultivars. Par exemple, la valeur critique peut être de 3 pour des variétés à feuillage vert clair, mais de 4 pour des variétés à feuillage vert foncé, telles que les variétés à rendement élevé et les hybrides.

  7. Les résultats concernant les couleurs des feuilles changent aussi avec la méthode de plantation du riz. Généralement, la valeur critique est plus faible pour le riz issu de semis direct que pour le riz repiqué. Pour la plupart des variétés semi-naines de riz couramment cultivées, il est proposé une valeur critique de 3 pour le riz obtenu par semis humide et de 4 pour le riz repiqué.

  8. Calculer la moyenne des 10 lectures du tableau. Si la moyenne des valeurs lues tombe en dessous de la valeur critique fixée, pratiquer immédiatement un épandage en surface pour corriger la carence en N dans votre culture de riz.

  9. Autrement, si plus de cinq feuilles présentent des valeurs en dessous de la valeur critique fixée, pratiquer immédiatement un épandage en surface pour corriger le niveau d'engrais azoté dans votre culture de riz.

  10. La quantité d'engrais azoté à épandre à différents stades de croissance, pour les variétés semi-naines, est indiquée dans le tableau. Le taux d'azote pour d'autres groupes de cultivars doit être étudié sur place.


Période

Saison sèche

Saison humide

Riz repiqué

Stade de croissance précoce

14-18 JAT

30 kg N/ha

20 kg N/ha

Stade de développement rapide

29-48 JAT

45 kg N/ha

30 kg N/ha

Stade de croissance tardive

49 JAT - floraison

30 kg N/ha

20 kg N/ha

Riz en semis humide direct

Stade de croissance précoce

21-34 JAS

30 kg N/ha

20 kg N/ha

Stade de croissance rapide

35-55 JAS

45 kg N/ha

30 kg N/ha

Stade de croissance tardive

56 JAS - floraison

30 kg N/ha

20 kg N/ha

Notes: JAT = jours après tallage. JAS = jours après semis.

4.2 Estimation du rendement

Rendement par hectare =
(kg/ha)

Nombre de panicules par mètre carré
× Nombre d'épillets par panicule
× Pourcentage d'épillets remplis (grains mûrs)
× Poids de 1 000 grains (g)
× 0,0001

Par exemple, avec 500 panicules/m2, 100 épillets par panicule, 60 % de grains mûrs, et 15 grammes pour 1 000 grains, le rendement est évalué à 4 500 kilogrammes par hectare.

Chaque composante du rendement d'une variété est déterminée à un stade particulier de la vie du plant. Le nombre de talles formées détermine le nombre effectif de panicules par mètre carré. Il représente un élément important du rendement.

Au début du stade reproductif, le nombre maximum d'épillets est déterminé par la différenciation des branches et des épillets dans les panicules.

Le pourcentage d'épillets remplis est déterminé avant, pendant et après l'épiaison.

Le rendement en grain = panicules/unité de surface x épillets/panicule × fertilité des épillets x poids du grain

Stade précoce de différenciation des panicules, au moment où les composantes du rendement sont déterminées

4.3 Ricecheck

Ricecheck (contrôle du riz) est un module de conduite des cultures intégrée destiné au transfert de la production de riz aux agriculteurs du New South Wales, en Australie. Il a aidé à relever le rendement local du riz de 6 tonnes/ha à 8 tonnes/ha sur une courte période.

Ricecheck est le système de conduite des cultures et d'apprentissage en collaboration, fondé sur une inspection de la culture, qui a été employé par la filière australienne du riz pour améliorer les rendements et la qualité du grain. Antérieurement la plupart des agriculteurs n'adoptaient pas ces contrôles, ce qui conduisait à de plus bas rendements. Le contrôle et la prise de mesure, sur des cultures à rendements élevés, ont dégagé sept recommandations ou contrôles clés aboutissant à des rendements élevés, et un huitième qui a été rajouté par la suite.

La caractéristique la plus importante de Ricecheck est qu'il encourage les agriculteurs à suivre et à inspecter leur culture pour voir en quoi elle est comparable aux huit contrôles clés. Les contrôles sont décrits simplement et objectivement afin de réduire la charge d'information, et ils aident à la compréhension du module de recommandations de Ricecheck. Pour favoriser l'apprentissage, les agriculteurs sont encouragés à enregistrer leurs pratiques de gestion en remplissant une feuille de résultats culturaux.

Entre 500 et 6 000 résultats de champs (parcelles) sont reçus chaque saison par l'agence de vulgarisation. Ces résultats sont analysés pour comparer les pratiques de gestion et les rendements et comprendre comment des rendements élevés étaient obtenus. Les agriculteurs reçoivent des Rapports d'évaluation des cultures (Crop Evaluation Reports) individuels Ricecheck, comparant leur style de gestion avec ceux de Ricecheck pour les aider à apprendre comment améliorer davantage leur production.

Quelque 45 groupes de discussion pour agriculteurs sont conduits par des agronomes chargés de la vulgarisation. Ceux-ci jouent un rôle clé dans la dissémination de Ricecheck. Ricecheck a fournit un cadre de travail qui a amélioré la collaboration et le travail d'équipe entre les agriculteurs, les chercheurs, les agents de vulgarisation, les agronomes commerciaux, et les industriels du riz. Ricecheck a modifié la gestion de la culture du riz, les agriculteurs apprenant de façon critique en observant et en inspectant leurs cultures. Ricecheck continue d'évoluer et reste dynamique, avec des mises à jour annuelles des recommandations, le développement de contrôles clés des rendements, l'incorporation de contrôles concernant l'environnement et la qualité du grain.

Les huit facteurs clés de Ricecheck

  1. Réduire les fuites vers la nappe phréatique en utilisant des terres à faible perméabilité.

  2. Réaliser un bon plan d'aménagement du terrain, selon la topographie, calibrer uniformément entre des remblais bien construits d'une hauteur minimale de 40 cm (mesurée au point le plus bas).

  3. Semer à temps durant le créneau «idéal» de semis pour chaque cultivar.

  4. Atteindre 150-300 plants/m2 installés au niveau des eaux permanentes sur 100 pour cent de la zone de culture.

  5. Utiliser une bonne gestion des herbicides pour assurer un bon contrôle des adventices et éviter les pertes économiques de rendement.

  6. Atteindre un niveau optimum de développement de la culture à l'initiation des panicules de 500-11 000 pousses/ha et une teneur des tissus en azote (tel que mesuré par infrarouges proches) de 1,2 à 2,2 pour cent selon les variétés.

  7. Parvenir à une profondeur d'eau minimale de 20-25 cm dès le début du stade microspore.

  8. Récolter la culture de riz dès que possible après la maturité physiologique, lorsque le grain atteint 20-22 pour cent de taux d'humidité.

Ricecheck a fait passer la culture et la gestion de la production de riz d'une gestion à distance à une marche dans la parcelle et à une inspection de la culture. Dans une évaluation indépendante de Ricecheck, effectuée en 1997 par l'interview de 124 agriculteurs choisis au hasard, 83 pour cent d'entre eux ont déclaré qu'il était très utile pour obtenir des rendements élevés. Chaque année, le système évolue, sur la base d'informations scientifiques, de la disponibilité en cultivars et de l'expérience obtenue.

Plantes cultivées selon le concept Ricecheck


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