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3 EXAMEN DES ÉCHANGES ALIMENTAIRES ET AGRICOLES


3.1 Exportations

Les exportations agricoles et alimentaires des Fidji, au cours de la période 1985-2000, figurent au tableau 3. Pour favoriser l’interprétation de ces flux d’exportation, les taux de change nominaux et réels sont aussi fournis. Ces données ne permettent pas de percevoir l’influence de l’Accord sur l’agriculture, pour les exportations agricoles de Fidji. Les exportations de divers produits agricoles feront l’objet d’un examen succinct, ci-après.

Tableau 3. Exportations alimentaires et agricoles des Fidji, 1985-2000


Moyennes par périodes

Variation annuelle en pourcentage

1985-89
(A)

1990-4
(B)

1995-2000
(C)

B par rapport à A

C par rapport à B

Sucre

Valeur (millions de dollars E.-U.)

133,9

151,6

148,5

1,13

0,98

Quantité (milliers de tonnes)

394

405

360

1,02

0,88

Valeur unitaire (dollars E.-U.(/tonne)

339,84

374,23

412,51

1,10

1,10

Melasses

Valeur (millions de dollars E.-U.)

7,2

7,5

8,6

1,03

1,15

Quantité (milliers de tonnes)

133

127

1,42

0,95

1,11

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

54,08

58,66

60,35

1,08

1,02

Poisson (en boîte)

Valeur (millions de dollars E.-U.)

19,9

23

10,1

1,15

0,44

Quantité (milliers de tonnes)

5,3

6,5

4,9

1,22

0,74

Unit value (US$/tonne)

3 730

3 510

2 070

0,94

0,58

Poisson (autre)

Valeur (millions de dollars E.-U.)

3,2

7,9

16,3

2,49

2,05

Huile de noix de coco/coprah

Valeur (millions de dollars E.-U.)

3,6

2,4

3,6

0,67

1,48

Quantité (milliers de tonnes)

8,6

6,4

5,5

0,74

0,86

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

420

380

650

0,90

1,71

Taro






Valeur (millions de dollars E.-U.)

3,8

2,7

5,6

0,71

2,06

Quantité (milliers de tonnes)

10,7

5,7

6,1

0,53

1,09

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

355

476

898

1,34

1,89

Gingembre

Valeur (millions de dollars E.-U.)

3,5

3,3

2,9

0,94

0,88

Quantité (milliers de tonnes)

2,9

3

1,6

1,03

0,53

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

1 206

1 100

1 810

0,91

1,65

Kava

Valeur (millions de dollars E.-U.)

Négligeable

1,7

5,4

n.d.

3,17

Quantité (milliers de tonnes)

Négligeable

0,3

0,8

n.d.

2,66

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

-

5 700

6 750

n.d.

1,18

Papaye

Valeur (millions de dollars E.-U.)

0,10

0

0,25

-

-

Quantité (milliers de tonnes)

0,13

0

0,12

-

-

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

792

0

2 005

-

-

Aubergines

Valeur (millions de dollars E.-U.)

n.d.

0

0,15

-

-

Quantité (milliers de tonnes)

n.d.

0

0,16

-

-

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

n.a.

0

949

-

-

Exportations agricoles (millions de dollars E.-U.)

175.2

200.1

201.4

1,14

1,01

Source: Fiji Bureau of Statistics, Trade Statistics, Key Statistics, Current Economic Statistics (various issues); MAFF Annual Reports; Natures Way Cooperative (Fiji) Ltd; Fiji Ginger Industry Council.

Sucre

Les édulcorants (sucre de canne et produits similaires) dominent nettement les exportations. Ces dernières années, la valeur de ces exportations a varié, représentant de 20 à 30 pour cent du total des exportations (environ 70 pour cent du total des exportations alimentaires). À partir de 1985, et au cours des quinze années qui ont suivi, la production de sucre et les recettes d’exportation ont fortement varié, sans que l’on puisse percevoir une véritable orientation. Une tendance à la baisse a toutefois été prévue, dès 2001, car le non renouvellement des baux aux agriculteurs indo-fidjiens a eu de fortes répercussions. Cette tendance à la baisse devrait probablement se confirmer avec le déclin de la valeur réelle des prix préférentiels reçus pour le sucre vendu à l’UE.

Les grosses fluctuations de la production de sucre et des revenus ont été, jusqu’en 2001, presque entièrement dues aux variations météorologiques (forte sécheresse en 1987, et sécheresse du siècle en 1997-1998). On a enregistré des variations de prix beaucoup plus réduites au cours de la période. Les Fidji disposent d’un contingent de 174 000 tonnes, au titre du Protocole sur le sucre de la Convention de Lomé, qui normalement représente environ 40 pour cent de la production. Son prix est lié au prix d’intervention sur le sucre brut versé aux producteurs de l’UE. Ce prix d’intervention est resté pratiquement constant au cours de la dernière décennie. Le petit contingent préférentiel de sucre vendu aux États-Unis est en recul. Le reste du sucre fidjien est vendu sur divers marchés, au cours mondiaux en vigueur.

Le Cycle d’Uruguay n’a entraîné aucune modification du régime des échanges mondiaux de sucre. Fidji aurait pu penser bénéficier d’un accroissement des prix sur le marché mondial si la libéralisation des échanges avait eu lieu. Cela aurait permis en quelque sorte de compenser les pertes de préférences de l’UE. Les exportations des excédents chroniques de sucre de l’UE, ont eu notamment un gros effet négatif sur les cours mondiaux. Un marché libre élargi pour le sucre, qui ne devrait pas être un marché sur lequel déverser la production résiduelle, pourrait se traduire par des cours mondiaux plus stables et plus élevés. La réforme de l’économie mondiale du sucre est une tâche importante à laquelle devra s’atteler l’OMC. Malheureusement, aux Fidji, ce secteur dont la production est en baisse et qui perd en efficacité, ne devrait pas bénéficier de la à une production et à une efficacité en déclin, ne devrait pas bénéficier de la libéralisation des échanges de sucre, si elle a lieu.

Coprah

Le coprah est une culture commerciale traditionnelle, dans les îles les plus éloignées. La production fluctue avec les cours, mais la tendance continue à être à la baisse. Une grande partie des terres consacrées aux plantations de cocotiers ont été abandonnées et on n’a pratiquement pas replanté. Les cours mondiaux de l’huile de coco, ont été dans l’ensemble défavorables et la viabilité du secteur repose sur les soutiens publics. Diverses tentatives visant à diversifier le secteur ont eu un succès mitigé. Une amélioration soudaine des prix du coprah ont conduit à une modification de courte durée de la production, les producteurs étant incités à récolter le plus possibles de noix. Les cyclones et la sécheresse ont aussi agi sur la production.

L’Accord sur l’agriculture n’a pas d’effet sur le secteur du coprah. Le coprah et l’huile de noix de coco se négociaient déjà sur le marché libre, avant 1995. Le principal débouché de l’huile de coco est l’UE, mais il n’existe pas d’accords préférentiels. L’autre marché est le Bangladesh qui achète au cours du marché.

Cacao

Les exportations de cacao ont atteint quelque 400 tonnes de fèves sèches, en 1990. Depuis lors, le secteur s’est pratiquement effondré compte tenu des faibles cours versés aux producteurs. La politique para publique de soutien aux exportations a été abandonnée en 1993, avec le soutien des prix. Depuis lors, le secteur privé a développé des créneaux en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. Ces marchés ne sont pas liés au marché mondial, et n’ont pas été influencés par l’Accord sur l’agriculture.

Poisson

Il est maintenant confirmé que les produits halieutiques arrivent en deuxième position pour les revenus découlant des exportations de produits alimentaires. Il s’agit essentiellement du thon frais exporté vers le Japon et du thon en boîte vendu à l’Union européenne. Au titre des accords de Lomé (et maintenant de Cotonou), le thon en boîte ACP peut pénétrer dans l’UE, en franchise de droits (contre 24 pour cent de droits pour le thon provenant de Thaïlande, des Philippines et d’Indonésie. Grynberg et White (1998) relèvent que cette préférence a été cruciale pour compenser les inconvénients liés à la situation géographique et à la taille des structures (p.68). Fort heureusement pour les Fidji, l’Accord sur l’agriculture ne vise pas les produits halieutiques.

Aux Fidji, les petits exportateurs privés ont réussi à mettre au point divers créneaux d’exportation. Les exemples les plus significatifs sont les suivants: le gingembre frais (Amérique du Nord), les papayes (Japon), le taro (Nouvelle-Zélande et États-Unis), le breadfruit (Nouvelle-Zélande), les aubergines (Canada et Nouvelle- Zélande). les noix de coco (Australie), la purée de bananes biologique (France), les fleurs coupées (Canada) et le kava (Allemagne). Aucun de ces produits ne bénéficie d’une protection sur le marché national ou international. L’ensemble de ces niches représente une part significative de la diversification des exportations et devrait se développer à l’avenir.

Le taro était jusqu’à ces derniers temps presque exclusivement une culture de subsistance, ou commercialisée au plan local. À partir de 1994, les exportations de taro ont progressé rapidement et occupent la deuxième place dans les exportations de produits agricoles (si l’on ne tient pas compte des produits halieutiques). Ce phénomène a été déclenché par une maladie qui a détruit les cultures des île Samoa. En l’an 2000, 8400 tonnes ont été exportées, soit 13,9 millions de dollars E.-U. (fob). Le marché est constitué par les ressortissants des îles du Pacifique établis en Nouvelle-Zélande, en Australie et aux États-Unis. L’Accord sur l’agriculture n’a joué aucun rôle dans ce phénomène.

Les exportations de gingembre remontent aux années 1950, avec les premières expéditions destinées à la Nouvelle-Zélande, suivies à la fin des années 60 par les exportations vers l’Amérique du Nord, lorsque un créneau saisonnier s’est révélé très rentable. Les Fidji étaient pratiquement le seul fournisseur de gingembre aux États-Unis, au cours de la deuxième moitié de l’année. Les exportations de gingembre frais ont culminé en 1986 à 2 356 tonnes. Depuis lors, le secteur des exportations de produits frais a nettement reculé du fait de la concurrence. En 1999, le secteur a produit 551 tonnes (exportations de produits frais) et 1500 tonnes (transformation) et la superficie cultivée était environ de 90 ha (Fiji Ginger Council). Ce déclin s’explique par une série de facteurs n’ayant aucun rapport avec l’Accord sur l’agriculture.

Le Kava (piper methysticum) est une boisson traditionnelle. Après l’indépendance, on a assisté à une croissance rapide de l’utilisation sociale du kava. Au cours des années 80 et au début des années 90, les exportations de kava ont enregistré une croissance rapide. Les ventes, principalement destinées aux habitants des îles du Pacifique, étaient complétées par quelques expéditions vers l’Allemagne (utilisation pharmaceutique). La valeur des exportations de kava en 1994 a représenté environ 2 millions de dollars E.-U.. En 1998, on a enregistré une explosion de la demande internationale de kava (laboratoires pharmaceutiques et herboristeries) en raison des propriétés du produit qui sont très proche de celle des benzodiazépines mais sans effet d’accoutumance. La valeur des exportations de kava, en 1998, a atteint 36 millions de dollars E.-U., soit une progression par rapport aux 3,4 millions de dollars E.-U. de l’année précédente. Les résultats spectaculaires du kava en 1998 ont laissé espérer que cette culture permettrait une diversification par rapport au sucre, mais on a enregistré au début de 1999 une baisse substantielle des prix d’exportation. Ces espoirs ont a nouveau été sapés, lorsque en 2001, l’Allemagne a interdit les importations de kava au motif que ce produit pouvait être cancérigène. Bien qu’aucun test chimique n’appuie ces déclarations, le marché a été miné. Le même phénomène s’est produit pour l’huile de noix de coco, il y a une vingtaine d’années, du fait des allégations du secteur du soja.

Les fortes variations du secteur du kava ne sont pas imputables à l’Accord sur l’agriculture. Toutefois, cette situation illustre la vulnérabilité des petits exportateurs insulaires, vis-à-vis des suspicions d’ordre sanitaire émanant des secteurs concurrents des pays industrialisés. Ces petits pays n’ont pas les ressources techniques et financières nécessaires pour se défendre contre ces assertions. Des dommages irréparables sont accomplis aux yeux des consommateurs, même si les allégations sont par la suite réfutées. Tout nouvel Accord sur l’agriculture devra fournir une protection et des ressources aux petits pays en développement pour qu’ils puissent bénéficier d’une situation similaire aux pays industrialisés, du point de vue sanitaire.

La production de fruits frais, notamment des papayes, a été encouragée, afin de diversifier les cultures, depuis le début des années 80. Des prévisions optimistes reposaient sur les excellentes conditions de culture et sur les marchés choisis. Les résultats obtenus au cours des années 80 ont été décevants. À la suite de divers déboires, le secteur a commencé à décoller. Les principales contraintes ont été celles relatives à la quarantaine qui ont par la suite disparu, avec la certification d’une installation de traitement de quarantaine (HTFA) pour la mouche des fruits, appartenant aux exportateurs du secteur, qui en assurent aussi la gestion En l’an 2000, environ 1 500 tonnes de produits (papaye, mangue, aubergines et fruits de l’arbre à pain) ont été traités. La production devrait avoir triplé au cours des cinq années à venir (Nature’s Way Cooperative). L’Accord sur l’agriculture aurait dû favoriser le développement des exportations horticoles de Fidji, en interdisant l’utilisation de restrictions de quarantaine, comme obstacle aux échanges, mais cela n’a pas été le cas. La demande présentée par les Fidji à l’Australie, pour l’exportation de fruits traités HTFA, est en suspend depuis six ans.

Les aubergines, qui étaient autrefois exportées en petites quantités, arrivent maintenant en tête des exportations horticoles. Le marché des aubergines de Fidji était limité et concernait essentiellement Auckland pendant les mois d’hiver, où la production locale n’était pas disponible. Le traitement HTFA a prolongé nettement la durée de conservation, par rapport aux traitements chimiques adoptés précédemment. Les expéditions d’aubergine ont lieu toute l’année, ce qui explique que les ventes ont été multipliées par 5. En Nouvelle-Zélande, la demande émane surtout des ressortissants fidjiens mais les ventes concernent maintenant un marché élargi. Le Canada et l’Australie ont aussi d’importantes communautés indo-fidjiennes, qui représentent des marchés importants. Toutefois, comme pour les papayes, l’approbation de l’USDA et de l’AQIS n’ont pas encore donné leur approbation.

Les exportations de fruits transformés ont aussi considérablement augmenté. Les purées (banane, goyave, mangue) sont en forte croissance ces dernières années, et cela ne dépend pas de l’Accord sur l’agriculture. Actuellement, environ 1 000 tonnes de produits congelés sont exportés vers les marchés d’Europe, d’Australie et Nouvelle-Zélande. Ces produits ont récemment obtenu la certification biologique, ce qui favorise leur commercialisation. Les fruits destinés à la transformation sont fournis entièrement par de petits cultivateurs

Dans l’ensemble, l’Accord sur l’agriculture n’a eu aucune incidence directe sur les exportations non-traditionnelles. Néanmoins on peut avancer que les dispositions de l’Accord sur l’agriculture augmentent la sécurité d’accès à ces marchés en garantissant que des restrictions arbitraires sur les importations ne pourront pas être introduites à l’avenir, ce qui pourrait stimuler ultérieurement la croissance.

3.2 Importations de produits alimentaires

Les importations totales de produits alimentaires au cours de la période 1988-2000, figurent au Tableau 4. Les importations alimentaires en pourcentage des importations totales et en pourcentage des exportations sont indiquées à la figure 2. Les Fidji a un niveau d’autonomie réduit pour la production des principaux produits alimentaires. En 1994, seulement 39 pour cent de l’énergie provenait des produits locaux (FAO, 1999, p. 6). Les importations alimentaire en pourcentage des importations totales sont néanmoins restées constantes au cours des vingt dernières années, avec une moyenne inférieure à 15 pour cent. Le niveau est légèrement plus élevé que pour l’ensemble des pays en développement (juste moins de 10 pour cent pour la période 1994-1996). Toutefois, si l’on procède à des ajustements tenant compte de la dimension du pays, les résultats sont beaucoup plus encourageants. À titre d’exemple les importations alimentaires de Samoa et Tonga, par rapport aux importations totales au cours de la période 1994-1996, étaient respectivement de 26 et 24 pour cent (Sharma, 1999, p. 11).

Tableau 4. Importations de produits alimentaires aux Fidji (1988-2000)


1988-90

1991-95

1996-2000

Valeur des importations alimentaires (millions de dollars fidjiens)

126

158,5

200,8

Valeur totale des importations (millions de dollars fidjiens)

877,4

1 113,2

1 554,8

Exportations alimentaires totales (millions de dollars fidjiens)

279,.7

332,8

341,3

Exportations totales (millions de dollars fidjiens)

n.d.

n.d.

91,.1

Importations de riz (millions de dollars fidjiens)

9,1

12,3

16,7

Exportations de sucre (millions de dollars des Fidji)

n.d.

230

250

Importations alimentaires en pourcentage des importations totales

14,7

14,2

13,2

Importations alimentaires en pourcentage des exportations alimentaires

45,3

47,8

55,8

Importations alimentaires en pourcentage des exportations totales de marchandises

n.d.

n..d.

22

Source: Bureau of Statistics, Key Statistics (various), Current Economic Statistics (divers).

La part des importations alimentaires par rapport aux exportations alimentaires a varié de 40 à 60 pour cent et il n’est pas possible de discerner nettement une tendance. Le rapport importations alimentaires/exportations totales de marchandise (comme indicateur de la capacité du pays d’importer des aliments)d’environ 20 pour cent, a chuté ces dernières années. Ce rapport est nettement inférieur aux résultats des autres Pays insulaires du Pacifique par rapport aux pays en développement dans leur ensemble (Sharma,1999, p.11). Si l’on tient compte des dimensions du pays, les résultats des Fidji sont satisfaisants pour cet indicateur de sécurité alimentaire. Au cours des années 1998 et 1999, on a assisté à un fort accroissement du rapport importations totales de denrées alimentaires/exportations totales en raison d’une forte sécheresse qui a considérablement réduit les exportations alimentaires.

L’Accord sur l’agriculture n’a pas eu de répercussion importante sur les importations alimentaires, comme l’indiquent la valeur nominale et réelle des importations alimentaires pour la période 1993-2000 (tableau 5). On a assisté à une montée des importations alimentaires au cours de la période qui a immédiatement suivi la déréglementation. Toutefois, la valeur réelle des importations alimentaires a baissé, au cours de la période 1996-1999. On a assisté à nouveau à une augmentation des importations alimentaires en l’an 2000, due à l’interruption des approvisionnements internes en produits alimentaires, en raison de la crise politique. L’accroissement du prix global des produits alimentaires au cours de la période 1993-2000 a été légèrement inférieur à celle de l’indice global des prix à la consommation.

Tableau 5. Valeur réelle et nominale des importations de produits alimentaires


1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Valeur des importations alimentaires (milliers de dollars fidjiensj)

166,9

165,9

182,3

195

194,6

204,3

189,3

220,7

Indice des prix à la consommation 1993=100

100

100,8

103

106,1

109,7

116

118,3

119,.6

Indice des prix à la consommation (produits alimentaires) 1993=100

100

100,.5

101,2

103,5

108,4

116,7

118,8

115

Valeur réelle des importations alimentaires

166,9

165,1

180,1

188,4

179,5

175,1

159,3

191,9

Source: Bureau des statistiques.

Les céréales, surtout le riz, dominent les importations de céréales de Fidji. Au cours de la période 1993-1995, le riz et la farine de blé ont représenté 59 pour cent des disponibilités énergétiques alimentaires (DEA), soit une progression de 37 pour cent au cours de la période 1964-1966 (FAO 1999, p. 10). Cette forte dépendance, vis-à-vis des importations, pour les approvisionnements énergétiques, fait que l’autonomie en riz est l’un des premiers objectifs de la politique agricole. En 1989, les Fidji ont été proches de cet objectif, puisque la production interne représentait alors 66 pour cent des besoins de consommation (Tableau 6).

Tableau 6. Production et importations de riz aux Fidji (1980-2000)


Numéro d’agriculteurs

Superficie cultivée (ha)

Production (tonnes)

Importations (tonnes)

Production plus importations (tonnes)

Autosuffisance (%)

1980-89

n.d.

10 795,7

23 277

21 855,2

45,132.2

51,1

1990-94

11 894

10 443

23 659

32 296

55 956

45

1995-2000

6 648

7 567

15 232

25 151

40 387

37

Source: Prasad 1996; MAFF Annual Reports; Bureau des statistiques, Rapports sur le commerce.

Au cours des années 80, on a assisté à un déclin général des importations de riz. Le volume des importations dépendait des limites fixées par les pouvoirs publics. À partir de 1990, les importations ont commencé à augmenter, parallèlement au recul de la production liée aux aménagements hydro agricoles. La production de riz, dès 1992 a été plus directement en concurrence avec les importations, les contrôles sur les licences ayant été totalement supprimés. En 1994, les importations ont plus que doublé par rapport à l’année précédente pour atteindre 63 000 tonnes. Les importateurs ont en effet réagi de manière excessive aux nouvelles libertés offertes par la déréglementation. Toutefois, en l’espace d’un an, les importations sont revenues à leur niveau des années 1990 et s’y sont maintenues jusqu’en l’an 2000.

La production de riz était en déclin avant la déréglementation et cela bien avant la mise en place de l’Accord sur l’agriculture. La tendance à la baisse s’est juste poursuivie à un rythme accéléré. Cela tient principalement aux revenus relativement faibles des agriculteurs (Prasad, 1997, p. 24). Avec la perte de la suppression de la protection en 1993, les revenus découlant de la culture de riz irrigué sont devenus négatifs. Ainsi, il n’est pas surprenant que la production fournie par les aménagements hydro-agricoles, à l’exception de ceux de la deuxième île (Vanua Levu), soit maintenant terminée. Le riz traditionnel, nécessitant peu d’intrants, reste une culture de subsistance importante, notamment dans les zones de production de la canne à sucre. La réforme de la politique du riz à Fidji n’a pas découlé directement de l’Accord sur l’agriculture. Toutefois, on peut dire que dans une certaine mesure, la réforme de la politique du riz a été entreprise en vue d’un alignement sur les disciplines qui devraient être appliquées après l’accession des Fidji à l’OMC.

Malgré une forte protection, la production laitière du pays n’est pas importante et la forte dépendance vis-à-vis des importations de lait en poudre et de beurre s’est maintenue. La production laitière a chuté fortement en 1998, du fait de la sécheresse plutôt que de la déréglementation (tableau 7). La production a enregistré le niveau le plus bas des vingt dernières années, en l’an 2000, du fait des répercussions de l’insurrection, qui a suivi la tentative de coup d’État.

Depuis 1992, l’industrie laitière s’est confrontée à une concurrence plus directe des importations, les contrôles sur les licences ayant été supprimés en 1994. Ils ont été remplacés par une série de droits sur les produits laitiers importés - notamment un droit de 35 pour cent sur le lait en poudre.

Avec la déréglementation, on a assisté à une progression initiale des importations de produits laitiers, passant de 3400 tonnes d’équivalent matières grasses du lait (TMFE) en 1994 à 5 000 en 1995. Toutefois, en 1996 et en 1997, les importations se sont quelque peu affaissées. À plus long terme, et dans un environnement compétitif, il est probable que le secteur du lait frais le seul à être viable.

Tableau 7. Production et importations de produits laitiers, aux Fidji (1980-2000)


Nombre d’agriculteurs

Production (TMFE)

Importations (TMFE)

Production plus importations (TMFE)

Autosuffisance (%)

1980-89

204,2

539,4

2 311,6

2,851

19,8

1990-94

509

1 528

2 870

4 398

35

1995-2000

293

1 055

3 799

4 961

21

Source: Sugrim 1998; MAFF Annual Reports, diverses années; Bureau des statistiques, Rapports sur le commerce, diverses années.

La production commerciale de viande de bœuf a baissé depuis plusieurs décennies. Les pouvoirs publics ont tenté d’introduire des programmes, au cours des années 90, mais ils ont été mal gérés et ils ont du affronter la concurrence des importations de viande de mouton bon marché, et des structures de commercialisation affectées de distorsions. Avec la déréglementation, les droits sur les importations de viande ont baissé (seulement 5 pour cent) mais ont atteint 27 pour cent en 2002. De ce fait, les importations de viande de mouton ont pratiquement doublé au cours d’une période de cinq ans, puis ont quelque peu baissé vers la fin de la décennie (tableau 8). Les importations de viande de mouton proviennent de Nouvelle-Zélande et concernent principalement des morceaux bon marché. Les importations de viande de bœuf n’ont pas été dans l’ensemble touchées par la déréglementation.

Le secteur de la volaille s’est développé rapidement au cours des années 70, du fait de forte protections commerciales. La déréglementation a commencé en 1989 avec la suppression des licences d’importation. Les droits ont chuté progressivement de 75 à 10 pour cent (puis ont à nouveau augmenté pour atteindre 27 pour cent, dans le budget de 2002). La production intérieure a toutefois augmenté considérablement (8 760 tonnes en 1995). La structure fortement intégrée du secteur de la volaille, contrairement à celle de la viande de bœuf, a fortement contribué aux bons résultats obtenus.

La déréglementation a eu aussi une incidence réduite sur le secteur de la viande de porc. La production commerciale de viande de porc, de plus en plus performante, a augmenté fortement au cours de la période, atteignant un niveau record de 832 tonnes en 1994. les résultats peuvent être encore améliorés et le secteur est maintenant plus compétitif, par rapport aux importations de porc.

La déréglementation, qui a débuté en 1992, a entraîné tout d’abord une augmentation des importations des principaux produits agricoles, notamment le riz, les pommes de terre et la viande de mouton (tableau 8). Toutefois, ces importations se sont souvent stabilisées à des niveaux proches de ceux qui ont précédé la déréglementation. Cette augmentation des importations alimentaires est antérieure à l’Accord sur l’agriculture. Les autres principales importations alimentaires comme le lait en poudre, les oignons et l’ail ne semblent pas avoir été trop touchés par la déréglementation.

Tableau 8. Importations de riz, de pommes de terre et de viande ovine


Importations de riz (tonnes)

Pomme de terre (tonnes)

Viande ovine (tonnes)

Valeur de la viande bovine (dollars E.-U.)

Lait en poudre (tonnes)

Oignons (tonnes)

Ail (tonnes)

1991

23 383

12 565

7 513

3 341

2 089

5 791

1 013

1992

24 310

13 023

9 732

2 927

2 463

n.d.

967

1993

31 244

16 983

9 300

3 822

2 821

5 578

1 094

1994

63 315

15 361

9 811

2 174

2 384

5 447

938

1995

22 982

n.d.

10 198

2 756

2 561

n.d.

n.d.

1996

23 833

18 695

n.d.

3 404

2 881

6 018

1 095

1997

25 351

14 145

8 490

3 468

2 300

6 410

1 068

1998

19 727

10 360

7 069

3 320

2 228

4 466

855

Source: Bureau de statistiques, Rapports sur le commerce (divers numéros).


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