Page précédente Table des matières Page suivante


3 COMMERCE DES PRODUITS ALIMENTAIRES ET AGRICOLES


3.1 Évolution macroéconomique

Au cours des 3 ou 4 dernières années, le Zimbabwe a accusé la plus grave crise économique de son histoire, tous les fondamentaux macroéconomiques indiquant un effondrement constant de l’économie. La croissance de la production a ralenti depuis 1997, le PIB réel ayant chuté à 5,5 pour cent en l’an 2000 et à 7,5 pour cent en 2001, surtout du fait des mauvais résultats obtenus dans le secteur agricole. L’économie met en présence divers éléments à risque comme le gonflement de la dette nationale et extérieure, la pénurie paralysante des devises étrangères, les mauvaises conditions atmosphériques, les taux d’intérêt réels négatifs et une inflation à trois chiffres (actuellement 120 pour cent; UNECA Economic Report for Africa, 2000).

Cet effondrement s’explique principalement du fait des chocs subis par le secteur agricole (invasion des terres, mauvais régime des pluies, gestion économique discutable) qui constitue la clef de voûte de l’économie. En outre, un manque de crédibilité politique, et notamment les revirements et les incongruités des politiques macroéconomiques, ont sapé les efforts de relance économique. Au cours des dix dernières années, l’État a alimenté considérablement le déficit budgétaire en s’endettant et en empruntant sur les marchés locaux pour couvrir le déficit, ce qui explique en grande partie l’inflation qui sévit depuis 1998.

Le secteur extérieur a aussi été touché par une série de revers politiques. La hausse des droits a porté sur certains produits industriels considérés comme produits de luxe, alors que les importations et les exportations de cultures vivrières relèvent exclusivement des entreprises commerciales d’État. La politique de taux de change est, au Zimbabwe, marquée par des incongruités entre la théorie et la pratique. Les documents officiels vont dans le sens d’une politique du taux de change flexible, cependant au cours des deux dernières années, le taux de change a été fixé, ce qui a conduit à une grave pénurie des devises étrangères. La figure 1 montre l’orientation du taux de change réel trimestriel pour les différentes monnaies, à partir de 1990. La figure 2 et le tableau 4 illustrent les tendances trimestrielles et annuelles dans les mouvements nominaux de taux de change, entre le dollar du Zimbabwe et les devises de certains des principaux partenaires commerciaux, de 1985 à l’an 2000. De 1985 à 1991, le change, en termes nominaux, était tout à fait favorable par rapport aux principales devises. Depuis 1991, le dollar du Zimbabwe a été dévalué à sept reprises (plus de 400 pour cent) et se négocie actuellement à 55 dollars pour un dollar des États-Unis. La dévaluation n’a pas réussi à combler l’écart entre le taux officiel et le taux parallèle du marché (à partir de 1999) qui était à la moitié de 2002 de 650 dollars du Zimbabwe pour un dollar des États-Unis et à 1000 dollars du Zimbabwe pour une livre. Cela a provoqué de fortes pressions spéculatives dans l’économie, la plupart des exportateurs, conservant leurs revenus en devises, en prévision d’une ultérieure dévaluation.

Tableau 4. Taux de change nominal de 1985-1999
(dollar Z/dollar E.-U.)

1985

1,59

1993

6,61

1986

1,67

1994

8,23

1987

1,67

1995

8,78

1988

1,84

1996

10,18

1989

2,13

1997

13,49

1990

2,49

1998

26,23

1991

4,05

1999

38,09

1992

5,14



Source: Banque du Zimbabwe (Quarterly Economic and Statistical Digests) et Statistiques financières internationales.

Figure 1. Évolution du taux de change nominal (1985-2000)

Source: Banque du Zimbabwe (Quarterly Economic and Statistical Digests) et Statistiques financières internationales

Figure 2. Taux de change réel pondéré (1990:1-2000:4)

Source: Source: Banque du Zimbabwe (Quarterly Economic and Statistical Digests) et Statistiques financières internationales

3.2 Évolution des échanges agricoles

Plusieurs traits caractérisent les échanges agricoles du Zimbabwe. On relève, tout d’abord, une nette évolution vers les cultures commerciales d’exportation au détriment de la production de céréales. Ensuite, il convient de noter que le niveau des exportations est directement lié au régime des précipitations, comme d’ailleurs celui des importations. Enfin, les exportations agricoles sont relativement diversifiées, selon les critères africains, et les importations agricoles concernent surtout les céréales.

Le secteur agricole est la principale source de recettes d’exportation et représente, presque tous les ans, de 40 à 45 pour cent environ du total des exportations. Le tabac jouant un rôle déterminant pour les recettes en devises. Même les années de forte sécheresse, comme en 1992, la production de tabac s’est maintenue. Avant l’invasion des terres, les autres postes clés des exportations étaient l’horticulture et la viande bovine En l’absence de perturbations affectant les exploitations et compte tenu du régime des précipitations, le Zimbabwe est en général un exportateur des produits alimentaires plutôt qu’un importateur. Récemment les importations ont eu tendance à progresser plus rapidement que les exportations, tant en valeur qu’en volume, surtout pendant les années de sécheresse, et ont culminé à 437 millions de dollars E.-U. (11 232 millions de dollars du Zimbabwe en 1992 (Ministry of Agriculture Statistical Bulletin, 2001). Toutefois, la baisse de la valeur totale des importations alimentaires, après 1992, a conduit à une amélioration du marché, la balance des échanges agricoles ayant été excédentaire pendant six des huit années allant de 1992 à l’an 2000. Dans le secteur agricole, 2002 a déjà été retenue une année désastreuse, et les pouvoirs publics cherchent le soutien de donateurs pour se procurer des denrées alimentaires de l’étranger.

Ces dernières années ont été marquées, dans le secteur agricole, par la préférence accordée aux cultures commerciales au détriment de la production et de l’exportations de céréales. On a enregistré un déclin général de la production céréalière dans le pays, depuis 1985. Les agriculteurs pratiquant l’agriculture de marché ont réalisé qu’ils pourraient augmenter leurs recettes en produisant davantage de cultures commerciales, telles que le tabac ou encore les produits horticoles très recherchés sur le marché international. Cette situation a entraîné une modification de la composition des exportations du pays, auparavant axées sur les céréales, et actuellement sur le tabac et les produits horticoles. Cela s’est traduit par l’accroissement des importations de produits céréaliers, ce qui constitue un risque du point de vue de la sécurité alimentaire du pays. Il est également intéressant de noter la nette accélération de la production d’agrumes sur le marché international qui a vu les exportations d’agrumes devenir l’une des exportations dominantes du pays.

Le Zimbabwe a connu une longue période de détérioration constante des termes de l’échange pour les produits agricoles, ce qui a nui aux résultats des échanges agricoles. Le tableau 5 indique que les cours mondiaux des exportations agricoles ont enregistré une tendance à la baisse. A l’exception du sucre, le prix des principales exportations agricoles sont inférieures aux niveaux de 1990.

Tableau 5. Cours mondiaux des principaux produits agricoles exportés par le Zimbabwe (dollars E.-U.)

Produit

1980

1985

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Coton
(dollars E.-U./tonne)

2 843

1 921

1 819

1 641

1 999

1 204

1 600

1 785

1 553

1 622

Tabac
(dollars E.-U./tonne)

3 161

3 807

3 392

3 425

3 227

2 536

2 39

2 214

2 671

3 277

Café
(doux) (dollars E.-U./tonne)

4 814

4 710

1 972

1 833

1 324

1 468

3 002

2 796

2 359

3 869

Thé
(dollars E.-U./tonne)

2 503

2 636

2 051

1 679

1 598

1 578

1 431

1 281

1 479

1 950

Maïs
(dollars E.-U./tonne)

174

164

109

105

98

96

98

104

145

109

Viande bovine
(dollars E.-U./tonne)

3 833

3 140


2 606

2 303

2 463


1 597



Sucre
(UE) (dollars E.-U./tonne)

676

511

583

599

589

583

564

577

599

582

Sucre
(États-Unis) (dollars E.-U./tonne)

920

654

513

465

441

448

441

426

432

449

Sucre
(monde entier) (dollars E.-U./tonne)

877

131

277

193

187

207

242

246

231

233

Source: CNUCED Trade and Development Statistics (2000).

L’économie du Zimbabwe a continué à s’appuyer sur des marchés et à bénéficier de conditions qui existaient avant le Cycle d’Uruguay, la plupart des exportations étant destinées à l’Union européenne, au titre du traitement préférentiel stipulé dans la Convention de Lomé. La deuxième destination, par ordre d’importance est le marché régional de la SADC, l’Afrique du Sud à elle seule représentant plus de 40 pour cent des échanges régionaux. Le tableau 6 montre la ventilation (en pourcentage) de la valeur des exportations agricoles du Zimbabwe vers différents pays, régions et organisations. L’accès accru aux marchés des pays développés reste le principal objectif du Zimbabwe. Il existe encore des obstacles importants pour les produits agricoles (crêtes tarifaires et subventions dans les pays développées (PAC dans la Communauté européenne) et le pays n’a pas encore tire profit de l’Accord sur l’agriculture.

Tableau 6. Destinations des exportations du Zimbabwe (en pourcentage)

Année

COMESA

UE

Autre

RSA

UNDEF

SADCa

Total

1993

15,9

39,6

30,2

8,2

6,1

20

100

1994

15,2

43,1

25

9,7

7,1

24,4

100

1995

15,8

47,2

24,3

7,5

5,2

22

100

1996

12,7

38,4

37,4

5,8

5,7

17,9

100

1997

15,9

42,8

29,5

8,4

3,4

22,2

100

1998

18,2

41

29

9

2,8

26

100

a Les chiffres relatifs à la SADC englobent plusieurs pays qui font aussi partie du COMESA. Le total fait la somme de tous les chiffres, exception faite de ceux relatifs à la SADC, déjà pris en compte dans les chiffres du COMESA.

Source: Ndoro et Tekere (1999).

3.3 Exportations agricoles

La figure 3 indique l’orientation des exportations agricoles totales depuis 1985. Les exportations agricoles totales ont augmenté en moyenne de 6 pour cent, de 1985 à 1988. La sécheresse de 1992 a provoqué un recul de 20 pour cent des exportations, mais la reprise a été rapide du fait d’un bon régime des précipitations et de la productivité accrue. A partir de 1996, toutefois, la tendance à la croissance des exportations a diminué, bien qu’une reprise ait eu lieu en l’an 2000.

Figure 3. Exportations totales des produits agricoles (et tendance linéaire)

Le Zimbabwe exporte un grand nombre de produits agricoles (cultures commerciales et céréales). Les principales exportations agricoles sont le tabac, le coton, le thé, le café, le sucre de betterave, les produits horticoles et le maïs, selon le régime des précipitations. La part des principaux produits agricoles dans les exportations totales est indiqué à la figure 4, pour la période 1985-2000. Après 1995, on a assisté à une diversification considérable, outre le tabac et les produits horticoles. Le secteur a développé ses exportations dans quatre domaines principaux: produits frais (essentiellement des fruits) agrumes et fruits subtropicaux, fruits des climats tempérés et fleurs. Par exemple, 54 000 tonnes (103 millions de dollars E.-U.) de produits agricoles ont été exportés au cours de la campagne 1996/97, contre 6 000 tonnes (6 millions de dollars E.-U.), dix ans auparavant, au cours de la campagne 1986/1987 (Horticultural Promotion Council of Zimbabwe). Cela s’explique principalement du fait de l’harmonisation tarifaire provoquée par la libéralisation des échanges, au titre du cycle d’Uruguay et de la libéralisation des changes inscrite dans le Programme économique d’ajustement structurel, qui a permis d’avoir de nouvelles options et a permis aux exploitants de pénétrer sur des marchés qui leur étaient auparavant fermés.

Figure 4. Part des exportations agricoles

Source: Agricultural Sector of Zimbabwe, Statistical Bulletin (2001)

Le tableau 7 illustre l’évolution du volume des exportations et des valeurs unitaires pour chaque produit, au cours des 15 dernières années. On remarque surtout, que de 1985 à 1994, la quantité des principales exportations (tabac, fibre de coton, produits laitiers, céréales y compris le maïs) a augmenté, alors que pour la période 1990-2000, tous les produits à l’exception du tabac et des produits laitiers ont enregistré une croissance négative. Toutefois, la valeur des exportations a augmenté pour tous les produits, au cours de la première période, tout comme au cours de la deuxième (sauf pour la bourre de coton et les céréales). Les prix unitaires moyens au cours de la période 1990-2000 ont baissé pour la plupart des produits, sauf pour le tabac et la bourre de coton.

Divers facteurs ont eu une incidence sur les résultats des exportations agricoles. Il y a eu tout d’abord une épidémie de fièvre aphteuse en 2001. Deuxièmement, le contexte politique instable et le différend diplomatique entre l’Union européenne et Harare ont considérablement entravé les exportations, surtout vers le marché de l’Union européenne. De ce fait, l’horticulture a souffert du départ du Zimbabwe, des principales compagnies aériennes qui transportent normalement ces produits vers les marchés européens. Troisièmement, la redistribution accélérée des terres a eu une incidence sur la capacité du Zimbabwe à tirer profit des dispositions de l ‘Uruguay Round. Par exemple, les terres mieux adaptées à la production horticole (en proximité des villes) ont été affectées à la production en gros de coton et de maïs. Cette décision a conduit au remplacement de la production de subsistance par une production commerciale. Cependant la redistribution des terres, à long terme, pourrait favoriser l’amélioration de la productivité.

Tableau 7. Valeurs des exportations et valeurs unitaires des principaux produits agricoles d’exportation (moyenne annuelle en dollars E.-U.)

Produits

1985-89 (A)

1990-94 (B)

1995-2000 (C)

Variation en pourcentage

A par rapport à B

B par rapport à C

Tabac

Valeur (milliers de dollars E.-U.)

266 181

363 771

555 502

36,67

52,71

Quantité (milliers de tonnes)

101 419

139 283

183 864

37,33

32

Valeur unitaire (dollar E.-U./tonne)

2 624,6

2 611,7

3 021,3

-0,49

15,68

Céréales

Valeur (milliers de dollars E.-U.)

45 325

59 909

51 491

32,18

-14,05

Quantité (milliers de tonnes)

333 121

447 794

363 192

34,42

-18,89

Valeur unitaire (US$/tonne)

136,1

133,8

141,8

-1,672

-99,94

Maïs

Valeur (milliers de dollars E.-U.)

43 532

56 688

33 595

30,22

40,74

Quantité (milliers de tonnes)

323 637

436 854

270 842

34,98

-38

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

134,5

129,8

124

-3,53

-4,41

Bourre de coton

Valeur (milliers de dollars E.-U.)

85 526

68 739

11 604

19,63

-83,12

Quantité (milliers de tonnes)

67 352

50 529

76 548

24,98

51,49

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

1 269,8

1 360,4

1 458

7,13

7,17

Produits laitiers et œufs

Valeur (milliers de dollars E.-U.)

2 758

5 194

12 208

88,32

135,04

Quantité (milliers de tonnes)

2 375

4 872

14 995

105,14

207,78

Valeur unitaire (dollar E.-U./tonne)

1 161,3

1 066,1

814,1

-8,20

-23,63

Viande bovine






Valeur (milliers de dollars E.-U.)

539

0

423

100


Quantité (milliers de tonnes)

546

0

135

100


Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

987,2

0

3 133,3

100


Boissons

Valeur (milliers de dollars E.-U.)

950

1 433

3 338

50,84

132,94

Quantité (milliers de tonnes)

46 691

38 339

7 333

-17,89

-80,87

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

20,3

37,4

455,2

83,7

1 117

Source: FAOSTAT

3.4 Principaux produits agricoles d’exportation

Tabac

Le Zimbabwe est le troisième producteur mondial de tabac après les États-Unis et le Brésil. Le tabac a toujours dominé les exportations agricoles, les parts les plus importantes (78 et 67 pour cent) ayant été enregistrées respectivement en 1992 et 1993. Les faibles coûts de la main d’œuvre et des rendements élevés font du Zimbabwe un producteur de tabac de qualité, plus compétitif que ses rivaux brésiliens et américains. La production de tabac est destinée principalement aux exportations, le marché interne absorbant seulement de 2 à 3 pour cent de l’ensemble. La moitié de la récolte de tabac du Zimbabwe est exportée vers l’Union européenne.

Les exportations de tabac ont progressé depuis les années 80. Les prix favorables du tabac sur le marché international entre 1994 et 1997 ont entraîné une poussée de la production. Le tabac séché en carneau domine les exportations de tabac et son prix a commencé à augmenter en 1994 et a atteint le niveau le plus élevé en 1996 (2,94 dollars E.-U.) face à une pénurie sur des marchés mondiaux (Tekere et Ndoro, 1999). Depuis lors on a enregistré un recul de la valeur des exportations de tabac entre 1997 et l’an 2000, comme indiqué à la figure 5.

Le secteur du tabac est confronté à trois problèmes essentiels. Le premier concerne la taxe de cinq pour cent sur le chiffre d’affaires concernant le tabac vendu aux enchères et la législation qui prévoit un droit de six pour cent appliqué aux acheteurs et aux cultivateurs. Le Zimbabwe Tobacco Association (contrôlé par des Blancs) estime que ces mesures se traduiront par une perte de confiance des multinationales qui achètent du tabac. On assiste à une pression croissante en faveur d’une participation accrue des Noirs dans le secteur et aux projets de la Zimbabwe Association of Tobacco Merchants (contrôlée par des Noirs) afin de créer un troisième marché et empêcher l’adjudication de concessions d’achats de licences à la société Tribac gérée par des Blancs. Le deuxième porte sur les contingents tarifaires appliqués aux exportations de tabac du Zimbabwe dans des marchés comme celui des États-Unis. Le troisième est le développement des campagnes anti-tabac dans les pays développés, qui sont les principaux marchés du Zimbabwe, pour le tabac.

Figure 5. Valeur totale des exportations de tabac

Source: Base de données FAOSTAT

Coton

Le coton contribue de 10 à 22 pour cent aux exportations agricoles. Récemment, l’introduction d’un plan de crédit pour les intrants et la déréglementation de la commercialisation du coton se sont traduits par une nette progression de la production. Le Zimbabwe produit du coton de qualité supérieure récolté à la main, ce qui lui permet d’avoir accès à un créneau et de le conserver. Les exportations de coton ont progressé, passant de 18 797 tonnes en 1993 à 92 769 tonnes en 1997, pour chuter ensuite à 79 671 tonnes, en 1998 du fait des faibles rendements. Les faibles cours mondiaux, depuis le début de 1999 ont encore ralenti la production, même si l’on espère que la reprise économique, dans les pays d’Asie, puisse renverser la tendance.

Sucre

Le sucre, dont l’essentiel est exporté brut, est l’un des principaux produits d’exportation du Zimbabwe. Le Zimbabwe bénéficie du Protocole sur le sucre au titre de l’Accord de Cotonou entre les pays ACP et l’UE. Les exportations de sucre vers l’UE relèvent de deux types d’accords: le contingent normal annuel en franchise et l’accord préférentiel spécial sur le sucre. Au Zimbabwe, le sucre est tributaire de l’irrigation qui à son tour dépend du régime des précipitations. On assiste donc à des fluctuations dans la part occupée par le sucre dans les exportations, avec un recul significatif enregistré au cours des années de sécheresse (1992 -1993). Le secteur a connu une reprise par la suite, et cela a permis au pays de négocier une attribution hors contingent, au titre de l’accord préférentiel spécial sur le sucre, qui est entré en vigueur en 1995 et a permis d’améliorer de l’accès aux marchés, pour les exportations de sucre du Zimbabwe.

Figure 6. Exportations de sucre 1985-1999

Source: The Agricultural Sector of Zimbabwe, Statistical Bulletin (2001)

La figure 6 indique les orientations des exportations de sucre brut et raffiné de 1985 à l’an 2000. Après 1985, on a assisté à un déclin progressif des exportations de sucre. Les niveaux les plus bas ont été atteints de 1992 à 1993. Une hausse rapide des exportations de sucre a été enregistrée en 1994, du fait d’un accès amélioré aux marchés, à la suite de la libéralisation autonome des échanges en 1992 et de l’élargissement du marché de l’UE en 1995. Le niveau le plus haut a été atteint en 1997 et depuis lors, on a assisté à un déclin progressif des exportations de sucre principalement du fait du déclin des cours mondiaux des produits ainsi que des programmes de redistribution des terres dans le pays.

Exportations horticoles

L’horticulture est le secteur d’exportation qui progresse le plus rapidement au Zimbabwe. Il arrive en sixième position pour sa contribution aux recettes en devises après le tabac, le coton, les céréales et le blé, le sucre, le thé et le café. Le principal marché d’exportation est l’Union européenne, où il représente dans les exportations une part d’environ 95 pour cent pour les fleurs coupées; de 90 pour cent pour les légumes, les herbes aromatiques et les épices et de 75 pour cent pour les agrumes. Le volume des exportations totales s’est gonflé, passant de 14 474 tonnes en 1989-1990 à 64 650 tonnes en 1999-2000 (figure 7). Les produits horticoles du Zimbabwe bénéficient d’un avantage compétitif pour les coûts, sur le marché international, en raison des faibles coûts, du climat favorable; de vastes étendues de terres étant disponibles pour l’horticulture; du statut de zone franche de transformation pour l’exportation (auparavant); du nombre de lignes aériennes au service du secteur. L’ouverture de nouveaux marchés vers le Proche-Orient et l’Asie de l’Est devrait probablement renforcer la croissance des exportations horticoles. On a enregistré une chute nette de la valeur des produits horticoles au cours de la campagne 1998/1999 d’environ 57 pour cent, malgré l’accroissement constant des quantités produites, et cela du fait de la dépression des marchés et des prix pour les fleurs, et de la suppression de plusieurs lignes aériennes qui ne desservent plus le Zimbabwe, ainsi que l’introduction du contrôle des changes. Néanmoins, les exportations ont repris à nouveau en 1999-2000 (Agricultural Statistical Bulletin, 2001).

Figure 7. Exportations horticoles: 1989-2000

Source: The Agricultural Sector of Zimbabwe, Statistical Bulletin (2001)

La floriculture, qui est un sous-secteur de l’horticulture, se développe rapidement. Les fleurs destinées à l’Europe, aux États-Unis, à l’Afrique du Sud, à l’Autriche et à l’Extrême-Orient sont cultivées dans l’ensemble du pays. La floriculture est le secteur le moins touché par l’agitation actuelle, essentiellement du fait qu’elle requiert d’importants investissements en capital, et que les cultivateurs ont moins de possibilité de se tourner vers d’autres produits. Le succès de la floriculture repose sur une économie de marché, et nécessite de la part des producteurs, un sens considérable des affaires.

3.5 Importations agricoles

Jusqu’à ces derniers temps, le Zimbabwe a pu amplement couvrir ses besoins en produits agricoles. À partir de 1985, les importations ont progressé du fait de la pénurie accrue de céréales, due à la sécheresse, à la croissance démographique, à l’intensification de l’urbanisation et à l’abandon des céréales, au profit des cultures commerciales. Avant le programme de réforme, l’accent a été mis sur la sécurité alimentaire, assurée par l’autosuffisance de la production céréalière, plutôt que par les échanges. Ainsi les importations vivrières étaient réduites au minimum. La mise en place d’un programme d’ajustement structurel, en 1990, a assuré le passage de l’autosuffisance aux échanges. Cela a provoqué une hausse soutenue de la valeur des importations vivrières, qui ont culminé en 1992, du fait de la sécheresse. La figure 8 illustre l’évolution des importations agricoles de 1985 à l’an 2000.

Figure 8. Importations de produits agricoles, (1985- 2000) et tendance linéaire

Source: FAOSTAT

La figure 9 montre la composition des importations agricoles de 1990 à l’an 2000. Le tableau 8 indique que le blé arrive en tête des importations totales, une part importante étant occupée par le riz, les légumes et les fruits. De toute évidence, le Zimbabwe est un importateur net de blé (grain).

Figure 9. Part de certains produits agricoles dans l’ensemble des importations

Source: CSO, National Accounts and Agricultural Statistical Bulletin (2001).

Tableau 8. Indices de la valeur des importations et des exportations de produits alimentaires au Zimbabwe

Année

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Indice de la valeur des importations alimentaires

129

55

52

77

57

163

80

1 578

815

252

393

812

541

570

461

Indice de la valeur unitaire des importations alimentaires

58

63

71

66

79

101

120

70

88

132

162

106

133

106

105

Indice de la quantité des importations alimentaires

222

87

74

116

72

161

67

2 265

928

191

243

762

407

534

439

Indice de la valeur des exportations alimentaires

66

86

106

113

76

138

86

37

77

223

151

158

178

163

119

Source: Base de données FAOSTAT

La mise en place du Cycle d’Uruguay a coïncidé avec le démantèlement autonome de certains obstacles au commerce concernant les importations, dans le cadre du programme d’ajustement structurel. Au Zimbabwe, les niveaux tarifaires actuels sont bien inférieurs aux niveaux consolidés de tous les produits agricoles. Les mauvaises campagnes agricoles qui ont marqué la période de 1995 à 1997, associée à la réforme foncière accélérée, ont provoqué un net déclin de la production agricole et donc d’un accroissement de la quantité des importations et de leur valeur. A la lumière de ces faits, et du Cycle d’Uruguay, il est intéressant de constater que le Zimbabwe n’a pas abandonné les restrictions quantitatives tant sur les importations que sur les exportations de maïs. Toutefois, le droit effectivement appliqué sur ce produit a été maintenu à un faible niveau pour s’assurer que les importations ne soient pas trop coûteuses en période de besoin, comme ce fut le cas lors de la sécheresse de 2002.

3.6 Apports d’investissements dans le secteur agricole

Dans le secteur agricole, les investissements ont diminué, surtout depuis la moitié des années 90, époque à laquelle la réforme foncière accélérée nécessitait de ressources pour aboutir. Le tableau 9 montre, qu’à partir de 1988, le pourcentage des investissements totaux dans l’agriculture et les forêts a baissé progressivement, en dollars des États-Unis. Les investissements étrangers (tableau 10) ont toutefois montré un net accroissement, de 1993 à 1996, avant de baisser radicalement à partir de 1997. Cela est attribué aux chocs économiques et politiques qui ont débuté avec les mesures destinées aux anciens combattants et par la suite aux ambiguïtés de la réforme foncière, de l’invasion des exploitations et l’instabilité macroéconomique générale. Il est donc très difficile de distinguer les effets des investissements au titre du Cycle d’Uruguay et de la libéralisation due au FMI.

Tableau 9. Formation de capital fixe (prix constants de 1990 en millions de dollars E.-U.)

Année

1988

1989

1990

1991

1992

Secteur agricole et forestier

226,14

169,11

189,16

164,32

109,90

Formation du capital fixe total

2 086,17

1 346,47

1 571,99

1 190,29

857,42

Agriculture et forêts (pourcentage du total)

7,63

5,84

4,82

3,41

2,5


1993

1994

1995

1996


Secteur agricole et forestier

60,51

58,35

55,04

33,80


Formation du capital fixe total

713,86

593,52

566,6

344,44


Agriculture et forêts (pourcentage du total)

1,27

1,19

1,11

0,96


Tableau 10. Montant annuel des investissements étrangers dans le secteur agricole (millions de dollars E.-U.)

Année

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Valeur (dollar E.-U.)

3,30

15,11

25,59

62,44

5,73

3,11

1,97

Source: Ministère des terres, de l’agriculture et du recasement agricole


Page précédente Début de page Page suivante