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Chapitre X
LES OUTILS DE COMMUNICATION DE PROXIMITÉ AU NIGER


On entend par outil de communication de proximité, les supports, aides et auxiliaires didactiques, audio-scripto-visuels, allant de la vidéo éducative au scripto-visuel en passant par les affiches, boîtes à images, photographies, films fixes, audio cassettes, fiches techniques, dépliants, émissions publiques, etc.

Ils sont généralement utilisés par les agents de terrain (animateurs) des projets, les agents de santé, les vulgarisateurs, les associations et coopératives, etc. A des degrés divers, ils ont comme mission de faciliter la transmission des messages et idées nouvelles; leur efficacité dépend du contenu du message et du profil des utilisateurs. On les retrouve dans les trois formes de communication: communication éducative, de groupe et interpersonnelle. Différents des moyens de communication de masse (mass media), ces supports, de par leur nature, accompagnent les séances d’animation, de formation, d’éducation, de sensibilisation ou de vulgarisation en milieu rural.

Simples et moins coûteux, ces outils facilitent l’assimilation et la compréhension de l’auditoire. Ils maintiennent l’éveil du groupe tout en limitant sa fatigue. De l’audio au visuel, en passant par les documents écrits, ces outils se caractérisent par leur coût relativement faible et la possibilité de les produire souvent sur le terrain avec même des matériaux locaux.

Institutions gouvernementales

ONG, Projets et autres programmes

- Division de l’information et de l’éducation
pour la santé
- Cellule audiovisuelle du Ministère du
développement rural
- IPDR de Kolo (Institut pratique
développement rural)
- INDRAP
- DAFA (Direction alphabétisation
et formation des adultes)
- ANRC (Association nationale des radios clubs)
- INRAN (Institut national de la recherche
agronomique du Niger)
- INJS
- CRESA
- ONAHA
- Programme national de lutte contre le Sida
et les maladies sexuellement transmissibles
- CLAC (Centre de lecture et d’animation
culturelles)
- DDA
- DDE
- CNEDD
- Institut de santé publique
- ENSP
- SAP

ALAFIA
AFVP (Projet Dorisema)
Aménagement Cuvettes
HKI
ENERIGE II
FNUAP
PASP
SNV
FAO (projets)
UNICEF
CARE International
PGRN
Agence Anfani
CAV (Mission catholique)
ICRISAT
UICN
Basse Vallée de la Tarka
PRIVAT (Konni)
PASEL
Projet intégré de Keïta
ONG Karkara
PROZOPAS
PDLM
World Vision
PDRM
FIDA
Projet FAO (N’Guigmi)

Plusieurs intervenants, institutions, sociétés, offices, projets, ONG, ont compris l’intérêt qu’ils ont à recourir aux moyens audio-scripto-visuels en tant qu’acteurs de formation, d’information, de sensibilisation ou de vulgarisation pour obtenir un changement positif d’attitude et de comportement.

A cet égard, l’état des lieux se résume dans le tableau ci-après:

Les rencontres avec les différentes institutions, ONG, projets et programmes de développement ont permis de faire l’inventaire suivant des outils de communication utilisés:

Cette panoplie d’outils se répartit entre deux grandes catégories de supports de communication: ceux que l’on peut projeter qui nécessitent du courant électrique, et ceux qui n’ont pas besoin d’électricité pour la transmission du message.

Ces outils de communication éducative sont la plupart du temps utilisés par les institutions, ONG, projets et programmes de développement en fonction des missions, buts et objectifs assignés.

Malheureusement, les messages que comportent les outils de communication de proximité ne tiennent pas souvent compte de certaines spécificités liées aux barrières linguistiques et autres réalités socioculturelles du milieu. Un outil de communication utilisé chez les Gourmantchés peut ne pas avoir le même effet en milieu Touareg, encore moins chez les Boudouma du bord du lac Tchad.

Le plus souvent, ce sont des images venues d’ailleurs qui ne cadrent pas avec les attitudes, comportements et pratiques (ACP) au Niger (cas du film sur le Sida). Les affiches et boîtes à images produites dans d’autres contextes présentent assez souvent des personnages avec des formes et silhouettes différentes de celles du milieu (exemple de la boîte à images commandée à Abidjan). Les programmes et émissions diffusés en direction des acteurs à la base ne cadrent pas généralement avec la mission ou les objectifs des radios rurales sensées jouer le rôle de radios de proximité. Les émissions sont produites à partir d’un simple constat ou de l’idée du technicien sans tenir compte des vrais besoins des ruraux. Cette communication à sens unique ne favorise pas les dialogues et le feed-back des auditeurs dont toute station doit tenir compte.

Face à un public analphabète à plus de 90 pour cent, les imprimés ont moins de chance de réussir. L’accès à cet outil reste un luxe, même en milieu urbain. Les rares presses rurales qui ont vu le jour isolément ont cessé d’apparaître pour plusieurs raisons:

Nonobstant tout ce qui a été dit plus haut, force est de saluer et de reconnaître l’initiative de quelques organismes, ONG et projets de développement qui ont compris que, pour atteindre et convaincre une population majoritairement analphabète, il fallait avoir recours à certains outils/moyens de communication qui facilitent la transmission des idées nouvelles, même si la plupart du temps, l’introduction de ces outils audio-scripto-visuels n’a pas été très bien préparée, par manque de réflexions stratégiques en matière de démarche communicative.

Etant donné que toute action de communication (message envoyé) a une incidence positive ou négative sur le récepteur, il faut souligner que d’importants efforts ont été enregistrés çà et là en matière d’IEC. On peut noter entre autres:

Mais on découvre aussi des situations véritablement cocasses, comme celle que rapporte le Consultant et qui concerne la Division de l’information et d’éducation pour la santé (DIEPS) qui dispose d’un équipement important et de qualité qui lui aurait permis d’accomplir la mission; malheureusement, ce matériel «dort tranquillement» dans un bureau (sans climatisation) où il n’est pas du tout exploité malgré la bonne volonté des agents, cela en raison de la situation économique du pays, dit-on. Une série de scénarios est restée au fond du tiroir par manque de moyens financiers et logistiques. Un laboratoire photo couleur équipé n’a jamais fonctionné.

Mais on rencontre aussi des actions et des initiatives originales et efficaces. Il en est ainsi de CARE International (secteur santé) qui a installé et équipé six hangars ou kiosques avec des projecteurs vidéo, des écrans, des magnétoscopes et une sonorisation de qualité au niveau des autogares (Wadata, Dosso, Konni, Badaguichiri, Balleyara et poste frontalier de Makolondi). Il s’agit de faire visionner des films sur le Sida et de distribuer des brochures à ceux qui partent peu de temps avant leur embarquement pour la côte. D’autres méthodes consistent à aller de village en village pour faire des projections, et même jusque dans les pays d’accueil de ceux qui sont partis pour les sensibiliser. Le contenu des supports est déterminé par le Projet et le programme SIDA. La production et la reproduction se font chez les artistes et les imprimeurs.

Les artistes en la matière sont confrontés à de sérieux problèmes techniques, organisationnels et financiers. Les non professionnels envahissent le marché tandis que les informaticiens «détruisent» le métier du graphiste.

La production

Le contenu des différents outils de communication de proximité sont généralement conçus et choisis par les institutions, projets ou organismes qui les utilisent plus tard et ce, conformément à leurs approches, leurs objectifs et les axes stratégiques qui sous-tendent la philosophie de l’intervenant.

Certains identifient d’abord les besoins à la base; d’autres partent du simple constat ou d’une idée sur un ou plusieurs thèmes. Le choix du type de message et du canal de transmission relève souvent de l’organisation qui finance le coût de la production, ou lance la commande à l’étranger (FAO, CESAO). C’est à partir des esquisses de dessins ou une histoire sous forme de scénario que le message est élaboré avant d’être apporté à l’artiste (graphiste, peintre, dessinateur) qui reprendra les images de façon artistique et plus pédagogiques pour rendre le message plus clair. Une fois amendée et corrigée, la maquette finale est amenée chez l’imprimeur pour la reproduction et la multiplication. Du nombre d’exemplaires demandés, du format, des couleurs et des dessins utilisés dépendra le procédé d’impression.

Les photos sont tramées, ou scannées selon le cas, puis gravées avec les textes après une mise en page sur des plaques insolées qu’on place sur des machines de tirage offset. Lorsqu’il s’agit d’un imprimé en couleur, c’est la tri ou quadrichromie qui est utilisée après la séparation des couleurs. Concernant les outils visuels, un scénario est établi au départ; une fois découpé, on prévoit le budget nécessaire, on procède au repérage avant de tourner le film ou faire les prises de vues pour les photos, diapositives ou films fixes.

Les pellicules sont envoyées au labo photo pour développement et tirage et les rushes au studio pour le montage avant le produit final.

Les outils audio ont presque la même démarche: on a une idée, un thème qui sera développé, détaillé et traduit en message éducatif ou émission de sensibilisation. Lorsque les structures ne possèdent pas de moyens et de personnes qualifiées, elles font appel aux spécialistes. La reproduction et l’échange sont du ressort exclusif de ceux qui ont financé la production de ces outils.

Dans tout processus ou action de développement, la communication est et demeure indispensable, sinon incontournable, pour tous ceux dont la démarche ou la mission est d’apporter un plus au monde rural. On dit généralement «qu’il n’y a pas de développement sans changement de mentalité»; de ce seul fait, on peut affirmer que ce «changement» ne peut s’opérer qu’avec une approche utilisant la communication multimédia.

L’état des lieux à travers le pays au cours de la présente étude a permis d’identifier les structures de production de ces outils et des personnes chargées de les animer.

Structures de Production

Personnes Ressources

Profil

INDRAP (Institut national de recherche et d’animation pédagogique) - Niamey

- Zakari Mounkaïla, responsable adjoint imprimeur
- Mato, graphiste
- Nadaré, dessinateur
- Magawata D., informaticien.

Diplôme en imprimerie
Diplôme arts graphiques
Autodidacte
Diplôme arts graphiques et informatique

DAFA (Direction de l’alphabétisation et de la formation des Adultes) Niamey Tél.:73.49.45 / 73.42.48

- Kalifa Lawali B.
- Issaka Zakara
- Ibrahim Sahabi

Diplôme arts graphiques
Diplôme arts graphiques
Diplôme arts graphiques

ORTN
(Atelier de décor et de dessin)

- Boubakar
- Dagra Koraou

Décorat. TV et Peinture
Diplôme arts graphiques

FNUAP:Projet IEC / Population

- Gali Adam Fadjimata
- Ibrahim

Journaliste
Cameraman

CFPM (Centre de formation et de promotion musicale)

- Adamou Kapo, responsable du Centre


ARN (Association des radio-clubs du Niger)

- M. Sidibé
- Hassan Balla Keïta

Responsable, 38 ans d’expéri.

Mission catholique - Centre audiovisuel

- Achil Kow
- Cécile

Responsable du Centre
Producteur/Réalisateur d’émissions radio et TV

HKI (Hellen Keller International)

- Harouna Koché
- Abou Kalla


Village artisanal de Wadata

- Niamey

- Balley Bako
- Mme Haoua Altiné
- Lawali Barma K.
- Alousseïni Yayé
- Issa Tahirou

Diplôme arts graphiques
Peintre et déco. formé au CCCG
Graphiste, diplômé
Peintre autodidacte
Peintre autodidacte

IPDR (Institut pratique de développement rural) - Kolo

- Amadou Illiassou
- Aka Alassane
- Moussa Boureïma K.

Imprimeur
Graphiste diplômé
Assistant formé sur le tas

CARE International, Projet SIDA

- Maazou Mahamane

Spécialiste en com. pour santé

Migration - Niamey

- Abdoulaye Hassane

Gestionnaire

CCFN (Centre culturel franco nigérien) - Niamey

- Alio Bizo
- Idrissa Issoufou

Journaliste
Technicien

Agence ANFANI - Niamey



Imprimerie Bon Béri



Imprimerie la Colombe



Agence Inter-Média

- M. Bakabé Mahamane

Journaliste

Atelier OSCAR des Arts



Atelier Labo Peinture



Atelier Beaux Arts



Atelier de Création Artistique
(17 portes Maradi)



Radio RJM
Maradi

- Boubacar Sidibé
- Maman Oumarou

Cameraman

Radio ANFANI
Maradi

- M. Boulama
- Fati Ousmane

Responsable
Animatrice

NIN (Nouvelle Imprimerie du Niger), section de Maradi

M. Seydou

Diplôme en Imprimerie

OASIS des arts - face Sonibank - Zinder, BP:146 Tél.:510.029



Arts-Peinture Décoration
- face rond-point ELF - Zinder



Chez Boubacar
- face PMI - Zinder

- Boubacar


Chez Sanda

- face villa Mamani Matamaey - Zinder



Chez Habibou Lay

- Quartier Walla - Zinder



Chez Yatara - Walla - Zinder



Chez Ojo - Service du Plan - Zinder



Chez Karim - Imprimerie - Zinder



Chez Attahir - CCFN - Zinder



Chez Kader Katoutou - Zinder



Ignali Polyvalent - Zinder



Jimiraou CFPA - Zinder



UICN - Union internationale pour la conservation de la nature) - Diffa

- Moustapha Abba Gana

- Dado Aliga

Coordonnateur UICN

PADER (Projet de développement rural de Dosso)

- Daouda Tchindo

Responsable Cellule liaison recherche et vulgarisation







DDS (Direction départementale de la santé)

- Yagi Maï Aïki
- Boukari

Coordonnateur PEV
Artiste peintre dessinateur

Atelier de peinture

- Souleymane
- Djibo et Zakou


PRIVAT (Projet participatif de renforcement des institutions villageoises) Tahoua

- Cherifatou Ocquet et Boubacar

Responsable Cellule animation formation
Agro-pastoraliste

PDRT (Projet de développement rural de Tahoua)

- Seyni Abdou

Agronome

IPDR (Institut pratique de développement rural) Tillabéry

- Aka Alhassane
- Amadou Illiassou

Graphiste
Imprimeur

A ce tableau, il convient d’ajouter les troupes théâtrales dans chaque région du pays qui réalisent des programmes diffusés sur les antennes régionales de l’ORTN et ANFANI. En tout état de cause, les 510 animateurs des radio-clubs, l’association des clubs traditionnels, le relais des paysans pilotes, la multitude de FADA, même dans les villages, sont des créneaux et des atouts efficacement exploitables dans la transmission des messages en direction des acteurs à la base. La majorité des utilisateurs de ces outils de communication de proximité ont reçu des rudiments de formation, nécessairement à compléter. L’enquête a permis d’établir une hiérarchisation des outils en fonction du choix et de la préférence des acteurs à la base par région et par groupe d’acteurs. L’enquête s’est basée sur un échantillon de 162 personnes, dont 50 femmes.

1. La télévision communautaire: elle permet de voir ce qui se passe ici et ailleurs, de suivre des films, des documentaires, le sport dont la lutte traditionnelle, les expériences qui ont réussi dans les autres régions, etc.

2. La radio (émissions radiophoniques) et émissions publiques: à cause de son accès facile, elle aborde des thèmes qui intéressent tout le monde (chronique sanitaire, désertification, techniques agricoles, avis et communiqués (sanarwa); La présence des stations régionales et d’autres radios privées ou rurales abordent les sujets qui touchent de près la communauté. Cela donne une possibilité de réagir (feed-back) au besoin, etc.

3. La vidéo éducative «Gani Yahiji» (mieux voir qu’entendre). La présence de cette vidéo, même dans les villages des clubs vidéo gérés par des projectionnistes privés, a permis de se familiariser avec cet outil. Les projets qui utilisent la vidéo gagnent la confiance des participants car ils donnent des idées et des connaissances nouvelles aux villageois lorsque ceux-ci sont filmés, qu’ils voient leurs propres images projetées de village en village, etc.

4. Le théâtre (jeux de rôle, sketches): à cause de son caractère divertissant, le théâtre éduque, moralise, critique et fait rire. Il est joué par les membres de la communauté, on peut le jouer dans plusieurs villages, il attire l’attention des gens sur des sujets précis, il mobilise beaucoup de personnes.

5. Les affiches, boîtes à images, pagivoltes et autres imprimés: ils captent l’attention des gens, détendent l’atmosphère, suscitent des réactions, des débats, on peut les garder au village pour les réutiliser au besoin, etc.


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