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Les abeilles sont les pollinisateurs assidus des cultures fruitières et grainières


Qu'est-ce que la pollinisation?

La pollinisation est nécessaire à toute production de graines et de fruits par les plantes à fleurs. Le transfert du pollen chez les fleurs à des fins reproductives est un processus fondamental du maintien de la vie sur terre. Les gens récoltent les graines de certaines cultures pour se nourrir; en exemple, on peut citer les oléagineux, les noix, les légumineuses comme les haricots et les petits pois, et les céréales comme le riz et le maïs. D'autres cultures produisent un fruit qui se développe avec la graine, par exemple les agrumes, les mangues et les tomates. La graine est nécessaire à la production de la prochaine génération de cultures et permet d'améliorer les variétés dans les programmes de sélection des plantes.

Les abeilles sont de bons pollinisateurs

La reproduction végétale repose sur le transfert du pollen des anthères, ou partie mâle de la fleur, aux stigmates, ou partie femelle de la fleur, soit dans la même plante soit sur des plantes différentes qui peuvent se trouver à une certaine distance l'une de l'autre. Après des milliers d'années d'évolution et d'adaptation à l'environnement local, chaque espèce végétale a des exigences particulières concernant cet important transfert du pollen; nombreuses sont celles qui dépendent des insectes butineurs pour le réaliser. Beaucoup d'espèces d'insectes visitent les fleurs pour en récolter le nectar et le pollen; ce faisant, la plupart des insectes transportent quelques grains de pollen, contribuant ainsi à la pollinisation. Les abeilles domestiques sont des insectes pollinisateurs extrêmement efficaces pour les raisons suivantes:

FIGURE 4 Partout dans le monde où des plantes à fleurs existent, il y a des abeilles - on en a relevé jusqu'à présent plus de 25 000 espèces.

En une seule journée, une abeille peut visiter plusieurs milliers de fleurs d'une même espèce végétale dont elle récolte le nectar et le pollen, en transférant continuellement les grains de pollen d'une fleur à l'autre.

La pollinisation croisée

Dans la pollinisation croisée, un insecte transporte le pollen d'une plante dans une autre. Elle est indispensable quand les sexes mâle et femelle de la plante ne se trouvent pas dans la même plante, comme le melon, ou qu'ils apparaissent à des périodes différentes de la floraison d'une même plante, comme l'avocat. Beaucoup de variétés d'arbres fruitiers dépendent de la pollinisation croisée; il est donc nécessaire de planter les arbres pollinisateurs à proximité des arbres de la culture principale. La production de cultures de semences hybrides à l'échelle commerciale crée un besoin spécial de pollinisation croisée par les insectes: il s'ensuit qu'un grand nombre d'insectes pollinisateurs est nécessaire pour transporter le pollen des rangs de plantes mâles dans les rangs de plantes femelles.

La pollinisation affecte la qualité et la quantité des cultures

Les cultures varient en fonction des avantages qu'elles tirent de la pollinisation croisée par les insectes. Certaines cultures, comme les haricots cultivés en plein champ et les mangues, sont autogames mais leur rendement est meilleur quand elles sont pollinisées par les insectes. Beaucoup d'entre elles, comme le fruit de la passion, l'haricot à œil noir, le sésame, le litchi, la moutarde et le cajou, ont un rendement substantiellement supérieur quand elles sont pollinisées par les insectes. D'autres, comme le tournesol, le trèfle, les haricots, les amandes et les melons, sont entièrement tributaires de la pollinisation par les insectes, et ne peuvent pas se reproduire autrement.

FIGURE 5 Le café au Yémen. Le rendement augmente de façon significative grâce à la pollinisation optimale par les abeilles; les fleurs du caféier produisent le nectar en abondance et les apiculteurs font de bonnes récoltes de miel.

La qualité de la pollinisation par les insectes affecte à la fois la quantité et la qualité des cultures: des fruits irréguliers et de petite taille indiquent souvent une pollinisation insuffisante. Quand elle est satisfaisante, elle assure aussi la grenaison des fleurs précoces. Il en résulte un semis hâtif et uniforme qui permet aux cultures de bénéficier d'une durée de maturation maximale.

La pollinisation est tout aussi importante à la production agricole que l'eau et les engrais. Malgré les améliorations dues aux cultivars et à l'irrigation, la pollinisation peut être un facteur restrictif. On connaît bien les conditions de pollinisation de toutes les principales cultures de la zone tempérée. Dans les pays où l'agriculture est fortement mécanisée, l'utilisation des abeilles dans la pollinisation s'est considérablement accrue au cours du vingtième siècle et elle est devenue une partie intégrante de la production agricole. La recherche sur les conditions de la pollinisation des cultures en régions tropicales est moins avancée.

Protection des pollinisateurs

Outre les abeilles domestiques qui vivent dans la nature, ou qui sont élevées dans les ruches par les apiculteurs, il y a beaucoup d'autres espèces d'abeilles et d'insectes pollinisateurs dans la nature qui jouent un rôle primordial dans la pollinisation. On assiste toutefois, et pour diverses raisons, à une baisse du nombre des insectes pollinisateurs. La menace la plus sérieuse à leur égard provient de l'utilisation des pesticides. Les herbicides, le pacage, ou la coupe de la végétation des terre-pleins des routes et autre destruction de plantes à fleurs éliminent les sources d'approvisionnement alimentaire des insectes pollinisateurs. La pratique des cultures intensives et la destruction des haies, des digues et des terre-pleins réduit encore davantage l'habitat nécessaire à la nidification et l'hivernage des abeilles.

Dans l'intérêt de tous, il est important de préserver la population des abeilles et des insectes pollinisateurs. En d'autres termes, il faut sensibiliser davantage à la valeur de la pollinisation par les insectes, mettre un terme à l'utilisation excessive des pesticides, et augmenter le butinage des abeilles en introduisant des arbustes et des arbres à nectar dans les projets de plantation. Les agriculteurs peuvent contribuer à la protection des abeilles domestiques et de leur habitat; pour cela, ils doivent:

Besoins plus grands d'insectes pollinisateurs

Paradoxalement, la pratique des cultures intensives réduit le nombre des pollinisateurs naturels et augmente simultanément le besoin qu'on en a. Plus les champs sont étendus, plus le besoin de pollinisation est grand pendant la floraison des plantes, et plus la capacité de la population locale des insectes de polliniser convenablement est réduite. La tendance à concentrer certaines cultures dans certaines zones exacerbe la situation car, quand la culture principale n'est pas en fleurs, les autres sources de butinage deviennent insuffisantes.

Dans les pays de climat tempéré, les monocultures à grande échelle augmentent les besoins de pollinisation, tout en entraînant une baisse des populations de pollinisateurs naturels. Ce même dilemme existe dans les pays tropicaux, où l'accroissement de la mécanisation de l'agriculture s'accompagne d'un élargissement de l'étendue cultivée. Cependant, dans les pays tropicaux, la floraison est plus longue et moins intensive que dans les régions tempérées. Quand les conditions de croissance sont favorables, la même espèce de culture co-existe à différents stades de sa croissance. Beaucoup d'arbres fruitiers produisent des fleurs et des fruits toute l'année, par conséquent, même si la production est plus abondante à certaines périodes, le butinage des abeilles est constamment présent.

L'accroissement de la monoculture dans les zones tropicales signifie que la floraison est plus concentrée, donc qu'une forte population de pollinisateurs est nécessaire sur des périodes plus courtes. Bien que les sources de pollen qui permettent la pollinisation croisée existent à l'état naturel dans les petites exploitations mixtes, il est nécessaire de prendre des dispositions spéciales pour la pollinisation des cultures dans les grandes étendues de monoculture (Free, 1999).

FIGURE 6 Sur un marché en Egypte: beaucoup de cultures marchandes augmentent en qualité et en quantité grâce à une bonne pollinisation.


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