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CHAPITRE 1
AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE:
RÉFLEXIONS DE BASE

1.1 POUR COMMENCER

L'importance d'une politique agricole raisonnable a été reconnue dès les temps les plus anciens dans toutes les cultures. Au VIe siècle avant J.-C., en Chine, Lao Tseu écrivait:

Rien n'est plus important que l'agriculture pour gouverner les peuples et servir le Ciel.
En outre, il fustigeait les dirigeants qui négligeaient le secteur agricole:
Les palais impériaux sont superbes, mais les campagnes sont laissées en friche et les greniers sont vides. Les gouverneurs sont vêtus élégamment, ils portent des épées acérées et mangent une nourriture de luxe. Ils possèdent plus qu'à suffisance; on dirait des voleurs. Que nous sommes loin du Tao!1

Dans d'autres traditions aussi, les textes religieux nous rappellent nos liens intimes et inéluctables avec la terre. Dans la tradition judéo-chrétienne, le Seigneur a dit: «Tu es né poussière et tu retourneras poussière». Dans Shakespeare, la mort est vêtue de poussière: «Et tous nos hier ont éclairé les fous sur le chemin de la mort poussiéreuse».

Nos écrits les plus anciens lient la continuation de la vie elle-même à la terre. Dans la Genèse (13:16), il est dit: «quand on pourra compter les grains de poussière de la terre, alors on comptera tes descendants». Pour exprimer la même notion un peu différemment, c'est l'ajout d'eau à la poussière, qui, en donnant le limon, a permis à l'humanité de croître et de se développer sur la planète.

L'aptitude des hommes à materner le limon a rendu possible la création de ce que nous appelons la société, ainsi que de l'économie:

C'est sur le limon, omniprésent dans les plaines alluviales du sud de la Mésopotamie, que s'est bâtie la première civilisation au monde. Façonné en blocs rectangulaires uniformes, il a servi à la construction de maisons, de temples et de remparts. Aplati en tablettes, il a fourni le support sur lequel les citoyens enregistraient leurs transactions commerciales, leurs lois et leurs rituels religieux. Travaillé et cuit, il a produit des ustensiles de cuisine et des récipients. Modelé en figurines humaines ou animales, il a représenté la vision du monde des premiers sculpteurs. Mais avant toute chose, le limon a donné la couche fertile où poussaient les récoltes dont dépendaient les villes.
Si les récoltes de blé et d'orge étaient mauvaises, la ville n'y survivait pas. Et pas seulement par manque de nourriture. L'excédent agricole a libéré les agriculteurs des champs et leur a permis de devenir artisans ou commerçants; l'organisation de grands projets d'irrigation a donné naissance à une hiérarchie de dirigeants et d'administrateurs; l'exportation des céréales a payé l'importation de produits de luxe et l'augmentation de la richesse qui en a résulté a attiré des immigrants et des marchands des campagnes environnantes. Emplois, gouvernement, denrées à acheter et gens à rencontrer - autant de traits qui caractérisent n'importe quelle ville moderne - tout, au bout du compte, dépendait du limon2.

Cette condition élémentaire de la survie de l'espèce humaine n'a pas été oubliée par les premiers théoriciens de l'économie. Comme le remarquait D. Gale Johnson dans un récent séminaire, Adam Smith a perçu «une relation importante entre l'amélioration de la productivité agricole et la richesse des nations»3. Il a cité l'observation de Smith:

… lorsque, au moyen de la culture et de l'amélioration de la terre, le travail d'une seule famille peut fournir à la nourriture de deux, alors le travail d'une moitié de la société suffit pour nourrir le tout. Ainsi, l'autre moitié, ou au moins la majeure partie de cette autre moitié, peut être employée à fournir autre chose ou à satisfaire les autres besoins et fantaisies des hommes…4

En fait, les performances de l'agriculture au fil des siècles ont apporté une contribution fondamentale aux niveaux de vie actuels:

D'une façon générale, la croissance de la productivité de la main d'œuvre a été plus importante dans l'agriculture que dans les autres secteurs des économies des pays industrialisés … De 1967–68 à 1983–84, dans dix-sept des dix-huit pays industrialisés pour lesquels il existait des données [adéquates]… le taux de croissance annuel moyen non pondéré de l'agriculture a été de 4,3 pour cent contre 2,6 pour cent dans les autres secteurs. … La croissance de la productivité totale des facteurs dans les pays de l'OCDE a été plus élevée pour l'agriculture que pour l'industrie pendant le dernier quart de siècle ou plus . La différence n'a pas été négligeable: une étude indique que la croissance totale de la productivité des facteurs a été d'environ 2,7 pour cent dans l'agriculture contre 1,5 pour cent dans l'industrie pour la période 1960 à 1990…5

Ainsi l'augmentation de la productivité agricole a été une source essentielle de l'amélioration du bien-être économique dans les sociétés modernes. La productivité du secteur a augmenté plus rapidement que celle de l'industrie, à la fois en termes de production par unité de main d'œuvre et de production par unité de l'ensemble des facteurs. Non seulement les tables des villes et des campagnes ont été mieux pourvues, mais, comme nous allons le montrer, cette situation a accéléré dans leur ensemble la croissance économique et la création d'emplois.

1.2 SECTEUR AGRICOLE ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Une agriculture plus productive libère de la main d'œuvre pour d'autres secteurs. Pendant plusieurs décennies du XXe siècle, cette relation entre agriculture et croissance économique globale a été détournée en une doctrine de primauté de l'industrialisation sur le développement agricole, qui a sapé du même coup les possibilités de contribution de l'agriculture au développement global. Celle-ci a été reléguée dans un rôle de support au développement industriel, considéré comme l'aspect essentiel d'une stratégie de croissance. En fait, on pensait l'industrie si importante pour les perspectives économiques à long terme d'une nation, qu'il était fréquent de la subventionner, aux frais des contribuables et d'autres secteurs.

Telle fut la doctrine des stratégies de développement économique de première génération. Favoriser et subventionner le développement industriel étaient des pratiques particulièrement fréquentes en Amérique latine et dans certains pays d'Asie. Le plus connu peut-être des tenants de la première heure de cette tradition en Amérique latine est Celso Furtado. En termes qui paraissent étranges aujourd'hui, Furtado a dit, au sujet des priorités sectorielles du développement brésilien:

Par sa politique de change et de crédit, le gouvernement a fortement subventionné les investissements industriels, ce qui a permis l'expansion, l'accélération et l'élargissement du processus d'industrialisation. Sans la création par le gouvernement des industries de base (acier, pétrole), sans les taux de change subventionnés et sans les taux d'intérêt négatifs des prêts gouvernementaux, l'industrialisation n'aurait pas atteint le rythme et l'ampleur qu'elle a connus pendant ce quart de siècle6.

Cette approche du développement assignait à l'agriculture le rôle de fournisseur d'«excédents» (de main d'œuvre, de devises étrangères et d'épargne intérieure) permettant d'alimenter le développement industriel. Elle n'y voyait pas une source de croissance du revenu à part entière. Au contraire, les subventions accordées à l'industrie revenaient à lever un impôt, implicite ou explicite, sur l'agriculture, susceptible de compromettre ses perspectives de croissance. Dans un autre contexte, Furtado a commenté qu'au Mexique:

… depuis 1940, la politique agricole a systématiquement poursuivi l'objectif d'augmenter l'excédent agricole destiné à la consommation urbaine ou à l'exportation7.

Les économistes latino-américains ne sont pas les seuls à avoir dévolu à l'agriculture ce rôle limité dans le développement économique. On le retrouve au cœur même du «modèle de la double économie» de John Fei et Gustav Ranis8.

Anne Krueger a résumé les premières théories de l'économie du développement comme composées de:

plusieurs fils directeurs …: 1) le désir et la volonté de «modernisation»; 2) l'interprétation de l'industrialisation comme la voie de la modernisation; 3) la conviction qu'une politique de «substitution des importations» était nécessaire à la protection des industries «naissantes»; 4) la méfiance à l'égard du secteur privé et du marché et la conviction que le gouvernement, en sa qualité de tuteur paternaliste et bienveillant, devrait prendre la direction du développement; et 5) corollaire de 4), la méfiance vis-à-vis de l'économie internationale et le manque de confiance dans les possibilités de développement des exportations des pays en développement9.

Sans se faire les avocats d'une industrie subventionnée, Hollis Chenery et Moises Syrquin ont souligné que l'agriculture devrait être source de transferts de capital et de main d'œuvre vers les zones urbaines pour encourager le développement général de l'économie10. Même les économistes agricoles ont adhéré à cette thèse dans le passé:

… l'agriculture doit beaucoup augmenter sa production, mais elle doit aussi apporter des contributions nettes importantes aux besoins en capital d'autres secteurs de l'économie…11

et

Le secteur rural peut contribuer à la formation de capital … par le biais de l'impôt … [et par] un déclin relatif des prix agricoles… Les impôts indirects sont probablement les plus faciles à administrer… Il est plus facile de prélever un impôt sur les cultures destinées à l'exportation12.

Aujourd'hui, les responsables de la politique agricole se battent souvent pour stopper la baisse des prix et de la rentabilité agricoles réels. Par ailleurs, on reconnaît maintenant que la taxation des produits agricoles limite les perspectives de croissance du secteur, non seulement parce que cela diminue la rentabilité des investissements et de la production, mais aussi parce que cela déforme la répartition des ressources entre les produits.

Bruce Johnston et John Mellor ont élaboré une vision plus complète du processus de développement agricole et conseillé des politiques favorables au développement des petits exploitants. Leur stratégie de développement agricole a été la première à souligner l'importance d'une augmentation de la productivité, même chez cette catégorie d'agriculteurs. Dans le processus de croissance à long terme qu'ils décrivent, le type d'innovation technologique varie selon les phases. Néanmoins, leur vision du rôle de l'agriculture était de soutenir le développement des autres secteurs de l'économie, principalement en fournissant biens et facteurs de production, tels que main d'œuvre, devises étrangères, épargne et denrées alimentaires, ainsi qu'en offrant un débouché à l'industrie nationale13.

Par conséquent, loin de recommander un soutien à l'agriculture, la plupart des théories de ces cinquante dernières années sur le rôle de l'agriculture dans le développement conseillaient de la taxer, directement ou par les prix, afin de fournir des ressources pour développer le reste de l'économie et, dans certains cas, pour subventionner l'industrie. Cette approche soulèverait aujourd'hui de nombreuses interrogations, dont la question fondamentale: jusqu'où peut-on rogner le revenu agricole par des mécanismes de prix et de fiscalité avant que la pauvreté rurale atteigne des niveaux inacceptables et que la production agricole stagne faute de rentabilité?

Jusqu'à récemment, le succès des économies d'Asie orientale renforçait la conviction de nombreux observateurs que l'industrialisation constituait la voie de la création de richesse nationale et contredisait les doutes antérieurs sur les possibilités d'augmentation des exportations des pays en développement. Le débat sur la portée et le succès des interventions gouvernementales visant à promouvoir le secteur industriel dans les économies d'Asie orientale a produit des conclusions divergentes. Une analyse complète de cette expérience par une équipe de la Banque mondiale a conclu que le crédit subventionné à l'industrie se traduisait parfois (mais pas toujours) par des bénéfices dynamiques pour le processus d'industrialisation dans ces pays, mais que les subventions à l'exportation donnaient de meilleurs résultats à cet égard:

Savoir si ces interventions ont favorisé ou gêné la rapide croissance rendue possible par de bons fondamentaux [de politique] est la question la plus difficile à laquelle nous ayons tenté de répondre…
L'expérience des économies très performantes d'Asie septentrionale … et des économies du sud-est asiatique en cours d'industrialisation … suggère que les économies en cours de libéralisation de leurs échanges commerciaux tireraient profit d'une incitation spécifique à l'exportation de produits manufacturés. De modestes subventions à l'exportation pourraient être liées, par exemple, à l'existence d'un biais contraire aux exportations dans l'économie nationale et assorties de strictes limites de durée …14

L'expérience de l'Asie orientale enseigne que la croissance des exportations est essentielle au développement économique. Dans ces cas très précis, les bénéfices dynamiques des subventions à l'exportation ont compensé les pertes statiques de bien-être social, alors que d'autres types d'interventions gouvernementales n'y sont pas parvenus. Ces conclusions doivent être clairement distinguées des recommandations de Furtado, qui prescrivait une protection forte des industries de substitution aux importations et la propriété étatique de l'industrie lourde.

C'est avant tout sur l'examen de l'expérience empirique que s'appuie cette conclusion favorable aux subventions à l'exportation et le consensus sur l'échec de la protection des industries de substitution. Outre la rapide progression des économies d'Asie orientale, portée par l'expansion vigoureuse des exportations, une autre expérience a incité à repenser la théorie, à savoir la stagnation de l'économie argentine pendant plusieurs décennies dans le contexte de politiques favorables aux industries de substitution et une expérience similaire au Brésil, de plus courte durée.

On considère maintenant comme une évidence que les secteurs protégés de la concurrence internationale sont privés de motivation à améliorer leur efficacité, ce qui risque de ralentir très fortement la croissance de leur productivité, alors que les industries exportatrices, par définition, doivent conserver leur compétitivité sur les marchés internationaux pour survivre. Par conséquent, une recommandation de la politique allant dans ce sens serait de limiter le montant ou la durée des subventions visant à promouvoir les exportations, pour que les industries exportatrices ne finissent pas par dépendre de la poursuite des largesses du Ministère des finances national au lieu d'améliorer leur propre efficacité économique. En fait, en Asie orientale, «ce n'est plus sur les subventions à l'exportation et les crédits d'impôt que l'on compte pour inciter à exporter, mais sur le cours du change lui-même»15. Et cependant, quel que soit le mode d'encouragement des exportations, le potentiel d'un secteur dynamique d'exportations agricoles n'a pas joué grand rôle jusqu'à présent dans la philosophie du développement.

L'expérience de l'Asie orientale éclaire aussi d'une autre manière le rôle de soutien de l'agriculture dans le développement:

Comme dans d'autres économies, les secteurs agricoles des économies asiatiques très performantes alimentaient les secteurs industriels en capital et en main d'œuvre. Mais en Asie orientale, ces ressources étaient en général attirées vers l'industrie par des salaires et des rendements financiers plus élevés, plutôt que expulsées de l'agriculture par le poids de l'impôt et la stagnation ou le déclin relatif des revenus. De ce fait, le différentiel de revenus urbain-rural était plus faible dans les économies asiatiques très performantes que dans la plupart des autres économies en développement16.

En bref, en Asie orientale, la politique économique n'a pas tenté de contraindre le transfert des ressources de l'agriculture; au contraire, les transferts qui ont eu lieu se sont inscrits tout naturellement dans le processus de développement, dans lequel l'agriculture a joué un rôle important, bien que ces économies soient davantage connues aujourd'hui pour la réussite de leur industrialisation. Ces expériences ont été conformes à ce que Vernon Ruttan a appelé le «modèle de l'impact urbain-industriel» du développement agricole17.

La notion d'une agriculture au service du développement du reste de l'économie, réservoir de main d'œuvre et de capital à exploiter, recule de plus en plus devant celle qu'il faut s'engager dans la voie du développement agricole pour lui-même et que l'agriculture peut parfois s'avérer un secteur en tête de l'économie, surtout en période d'ajustement économique. Le Rapport sur le développement dans le monde, 1990 de la Banque mondiale a mis en lumière plusieurs cas de programmes d'ajustement où l'agriculture a réagi plus rapidement que les autres secteurs à la nouvelle politique et connu un taux de croissance plus rapide que les autres branches d'activité pendant quatre à cinq ans, ce qui a permis de sortir les économies de la récession. Au Chili et au Brésil, l'agriculture s'est développée plus rapidement que l'industrie pendant la décennie 1990. Au Chili, elle a constitué la principale source des nouveaux emplois scientifiques, techniques, qualifiés, managériaux et administratifs pendant la même période18.

Si l'on prend en compte aussi les industries agroalimentaires, les secteurs des intrants agricoles et les activités de commercialisation, la contribution de l'agriculture au PIB total est en général de 35 à 45 pour cent pour les pays en développement à revenus faibles à moyens, soit une part très supérieure de ce que la production agricole primaire à elle seule représente, et presque toujours très supérieure à celle de la seule industrie. La pauvreté étant souvent concentrée en majorité en milieu rural, son éradication et la lutte contre l'expansion des bidonvilles urbains justifient que le développement agricole figure dans les priorités nationales.

Bien que, historiquement, l'agriculture ait généré des excédents qui assuraient la prospérité du reste de l'économie, l'une des plus importantes leçons qui émerge de la nouvelle vision du rôle de l'agriculture dans le développement économique est que cela ne signifie pas que la politique doive taxer plus lourdement l'agriculture, ou tenter d'abaisser ses prix par rapport à ceux du reste de l'économie, afin d'en extraire des excédents encore plus importants. Mais jusqu'au milieu ou à la fin des années 1980, et même encore aujourd'hui dans de nombreux pays, il était courant que diverses mesures de politique abaissent les prix agricoles. On s'est aperçu que:

La discrimination à l'encontre de l'agriculture était beaucoup plus importante qu'on ne le pensait auparavant et résultait, non seulement de politiques orientées vers l'agriculture, mais aussi de politiques globales en matière de commerce, de paiements et de macroéconomie. Un enseignement valable pour toutes les politiques sectorielles, et pas seulement agricoles, est que l'impact d'ensemble de la politique macro-économique affecte de manière importante les mesures d'incitation et les réactions de chaque segment de l'activité économique…19

Les politiques de ce type sont vouées à l'échec dans la mesure où elles réduisent la croissance agricole et ses excédents et aggravent le problème de pauvreté pour la société. Une baisse de la croissance agricole entraîne une baisse de la croissance économique globale. Une étude internationale comparative menée par Anne Krueger, Maurice Schiff, Alberto Valdés et d'autres a montré qu'il existe une relation négative forte entre une politique de taxation de l'agriculture (par des moyens explicites et implicites) et le taux de croissance global de l'économie20

L'une des premières analyses quantitatives spécifique à un pays consacrée à cette relation a été menée pour l'Argentine et est parvenue à des conclusions similaires. L'étude constatait d'abord que la combinaison d'un faible cours du change réel et d'une forte protection industrielle représentait un impôt implicite substantiel sur l'agriculture:

Le résultat de l'impôt implicite a été d'extraire 50 pour cent de la production agricole en moyenne pour la période 1940–73…21

L'étude a ensuite, au moyen d'un modèle économétrique, construit un scénario alternatif selon lequel l'économie évoluerait sous différentes politiques comportant une dévaluation du taux de change ainsi que la libéralisation du commerce. A ce nouveau scénario correspondit une forte augmentation de la production agricole aussi bien que non-agricole, entre 30 et 40 pour cent par rapport aux performances réellement observées. Les prix alimentaires eux aussi augmentaient plus vite que les salaires urbains dans ce nouveau scénario, si bien qu'une conclusion de l'étude était qu'il fallait explorer la combinaison de subventions à l'alimentation urbaine et d'un taux de change réel plus élevé. La politique effectivement suivie, dont les dispositions commerciales et de taux de change taxaient l'agriculture, était néfaste pour tous les secteurs de l'économie.

Un consensus de plus en plus large admet que la croissance agricole est la clé de l'expansion de l'ensemble de l'économie . Abondant en ce sens, Mellor a écrit:

De façon caractéristique, on atteint des taux de croissance élevés quand l'agriculture se développe rapidement. La raison en est que les ressources utilisées pour la croissance agricole n'entrent que marginalement en concurrence avec celles des autres secteurs. Ainsi, une croissance agricole rapide tend à s'ajouter à la croissance des autres secteurs, ainsi qu'à stimuler la croissance du secteur non-échangeable à excédent de main d'œuvre… Le modèle élaboré par Block et Timmer pour l'économie kenyane22 montre que les multiplicateurs de la croissance agricole sont trois fois plus importants que ceux de la croissance non-agricole.
L'explosion du commerce et du revenu mondial signifie que l'agriculture peut se développer à un taux de 4 à 6 pour cent (50 pour cent de plus qu'il n'était concevable il y a trente ans), même quand les revenus intérieurs sont trop faibles pour qu'il existe d'importants marchés des biens à forte valeur23.

L'effet puissant de la croissance agricole sur la croissance de l'ensemble de l'économie provient également de la structure du revenu et de la consommation en milieu rural: 1) les populations rurales étant en moyenne plus pauvres que les populations urbaines, elles ont plus tendance à dépenser qu'à économiser, contrairement aux habitants des villes; et 2) leurs dépenses portent proportionnellement davantage que celles des consommateurs urbains sur des produits nationaux plutôt qu'importés. Ces faits fondamentaux sous-tendent les forts effets multiplicateurs des revenus que l'on a détectés dans de nombreux pays avec l'augmentation des revenus agricoles et ruraux.

La croissance agricole apporte, entre autres, une stimulation bénéfique en créant des marchés pour les biens et services non-agricoles, ce qui diversifie la base économique des régions rurales. A mesure que les économies croissent, l'importance des activités non-agricoles augmente dans l'économie rurale. Leur développement, cependant, dépend en partie de la croissance agricole. Ce sont des facteurs complémentaires, et non pas substituables, du développement rural.

1.3 CROISSANCE AGRICOLE ET LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ

Au cours de la dernière décennie, des observations empiriques solides ont montré que la croissance agricole, non seulement constitue une arme efficace contre la pauvreté, mais aussi qu'elle parvient mieux à combattre la pauvreté urbaine que ne le fait la croissance industrielle . Des chercheurs ont commencé à assembler et à étudier des données plus riches qu'auparavant sur la répartition des revenus ruraux et urbains. Martin Ravallion et Gaurav Datt ont tiré des conclusions fort claires de leur analyse des données de 33 enquêtes menées auprès de ménages indiens entre 1951 à 1991:

Les pauvres des villes comme des campagnes ont tiré profit de la croissance du secteur agricole. En revanche, les effets adverses de la croissance urbaine sur la répartition des revenus dans les villes ont remis ces gains en cause pour les pauvres urbains. Et la croissance urbaine n'a eu aucun effet discernable sur la pauvreté rurale…
La croissance des secteurs primaire ainsi que tertiaire a fait reculer la pauvreté sur le plan national et au sein des zones urbaines et rurales. À l'inverse, la croissance du secteur secondaire n'a pas eu d'effet positif visible sur les pauvres des zones urbaines ou rurales…

Thomas Vollrath a résumé les constatations empiriques indiquant que la croissance agricole contribue davantage à l'économie que celle d'autres secteurs:

«Par l'examen des faits contemporains … Houck (1986) a déterminé que la croissance agricole avait un impact plus prononcé sur l'augmentation du revenu des pays en développement que celle du secteur non-agricole. Il a découvert qu'une augmentation de 10 pour cent de la productivité agricole était aussi associée à une augmentation de 9 à 10,2 pour cent du PIB per capita. En revanche, une augmentation de 10 pour cent de la productivité industrielle n'était associée qu'à une augmentation de 1,5 à 2,6 pour cent du PIB per capita, de pays à pays… L'analyse empirique sur plusieurs pays effectuée par Hwa (1988)… a découvert que la croissance agricole contribuait davantage à la croissance économique que celle des exportations… Bautista (1990) a examiné empiriquement les liaisons de la croissance agricole avec le reste de l'économie dans 34 pays en développement à déficit alimentaire. Il a trouvé une élasticité supérieure à l'unité de ces liaisons à la croissance … [de] 1,3 pour la période 1961–84 et 1,4 pour 1973–84».

(extrait de: Thomas L. Vollrath, The role of agriculture and its prerequisites in economic development, Food Policy, vol. 19, № 5, octobre 1994, p. 473. Ses références sont les suivantes: R. M. Bautista, Agricultural growth and food imports in developing countries: a re-examination, dans: Seiji Naya, éd., Economic Development in East and Southeast Asia, East-West Centre, Hawaii, 1990; J. P. Houck, Foreign Agricultural Assistance: Ally or Adversary, document interne p. 86–50, Department of Agricultural and Applied Economics, Université du Minnesota, 1996 et E. C. Hwa, The contribution of agriculture to economic growth: some empirical evidence, World Development, vol. 16, № 11, 1988, pages 1329–1339).

Notre étude montre clairement l'importance quantitative de la composition sectorielle de la croissance économique pour lutter contre la pauvreté en Inde. En dépit de l'urbanisation montante de la pauvreté indienne, il restera probablement vrai pendant encore de nombreuses années que - du point de vue des pauvres de l'Inde - c'est le chien (l'économie rurale) qui agite la queue (le secteur urbain), et pas l'inverse. Favoriser les conditions de la croissance de l'économie rurale - dans les secteurs primaire et tertiaire - doit donc être considéré comme un volet essentiel d'une stratégie efficace de lutte contre la pauvreté en Inde24.

Klaus Deininger et Lyn Squire de la Banque mondiale ont réuni pour plusieurs pays des séries temporelles de données sur les revenus des ménages qui permettent d'analyser la relation entre croissance agricole et lutte contre la pauvreté dans davantage de pays25. Peter Timmer a combiné les observations de meilleure qualité parmi ces données avec des séries temporelles de revenus per capita réels (pour des pays entiers), ajustés pour parité de pouvoir d'achat, afin d'analyser le lien entre agriculture et lutte contre la pauvreté dans un échantillon de 27 pays. Son analyse a exploré la relation au cours du temps entre revenu par travailleur agricole et niveau de pauvreté, alors que Ravallion et Datt s'étaient penchés sur le revenu par unité de terre agricole.

Le modèle utilisé par Timmer tente de saisir les relations à long terme entre croissance économique et revenu des pauvres et non pas de mesurer l'impact sur les pauvres des fluctuations économiques à court terme. Il a trouvé des résultats différents pour les pays dont la répartition des revenus était relativement uniforme et ceux où elle était très asymétrique. Dans les premiers, l'augmentation du revenu agricole par ouvrier tendait à se traduire par une augmentation de l'ensemble des revenus dans toute l'économie et toutes les couches de revenus (quand les ménages ruraux et urbains étaient regroupés), l'effet le plus important se manifestant sur les couches les plus basses. Ainsi, dans ces économies, les améliorations de productivité de la main d'œuvre agricole génèrent de la croissance dans toute l'économie, davantage encore pour les pauvres, et mènent à une répartition des revenus encore plus équitable dans le temps. En revanche, dans les économies qui partent d'une répartition des revenus très asymétrique, les couches riches tirent un profit substantiel des améliorations de la productivité agricole, contrairement aux pauvres, qui bénéficient beaucoup moins de la croissance de la production de l'agriculture et des autres secteurs, si bien que l'écart de revenus continue à se creuser, quelle que soit la composition sectorielle de la croissance26.

Pour un échantillon plus large de 35 pays, où coexistent tous les types de répartition des revenus, Timmer a trouvé que:

Dans 35 pays en développement, une croissance de 1 pour cent du PIB agricole per capita se traduit par une augmentation de 1,61 pour cent des revenus per capita du quintile inférieur de la population. Une augmentation similaire de 1 pour cent du PIB industriel augmente le revenu des pauvres de 1,16 pour cent27.

Tout en soulignant que le «bruit» des données ne donne à ces résultats qu'une médiocre signification statistique, il conclut: «ils suggèrent néanmoins que, en moyenne, la composition sectorielle de la croissance influence la force du lien entre croissance économique et pauvreté (ibid.)».

Ces résultats peuvent sembler proches numériquement, mais extrapolés sur une ou plusieurs décennies, ils représentent potentiellement une grande différence pour le revenu des pauvres. On peut apprécier l'importance de la croissance agricole en comparant l'effet, sur le revenu du dernier quintile, d'une croissance annuelle de 4 pour cent, poursuivie pendant 20 ans, du revenu per capita dans l'industrie ou dans l'agriculture. Avec une croissance dans l'industrie au taux de 4 pour cent per capita, en 20 ans les revenus des plus pauvres augmenteraient de 2,5 fois, selon les résultats de Timmer. En revanche, avec une croissance de 4 pour cent per capita dans l'agriculture, ce serait 3,5 fois.

Dans une publication subséquente, Timmer s'appuie sur des observations concrètes pour avancer que «l'approche de ‘croissance avec redistribution’ de l'Asie orientale et du sud-est comptant largement sur la stimulation de l'économie rurale, combinée à une politique de stabilisation des prix alimentaires intérieurs, est la plus rapide pour parvenir à s'affranchir [de la faim et de la famine]»28. Il conclut en amplifiant le thème du rôle des petites exploitations traité par Johnston et Mellor dans leurs premiers travaux et évoque le problème des prix relatifs:

Il est clairement difficile de structurer le processus de croissance de manière à ce que les pauvres gagnent par rapport aux riches. Historiquement, le seul moyen que l'on ait trouvé a été une stratégie de développement ciblant les campagnes qui augmente la productivité et les revenus de la vaste population des petits exploitants et autres travailleurs ruraux…
Cependant, une telle stratégie requiert des prix nettement incitatifs pour générer le pouvoir d'achat des populations rurales qui, à son tour, stimulera dans les campagnes la croissance requise pour que la stratégie soit en cohérence avec les performances macro-économiques globales…
On a déjà souligné ce «dilemme des prix alimentaires» qui menace à court terme la ration alimentaire des consommateurs pauvres dans le but d'alimenter un processus de croissance à long terme qui les arrache à la pauvreté… Mais l'expérience de l'Asie orientale et du sud-est depuis les années 1970 montre qu'une telle stratégie, si elle est mise en œuvre dans un contexte d'investissements à grande échelle dans l'infrastructure rurale, le capital humain et la recherche agricole, peut ouvrir la voie de la croissance économique et d'une augmentation des revenus moyens per capita de 5 pour cent par an ou davantage, avec une croissance plus rapide des deux quintiles inférieurs…29

Mellor a résumé l'analyse des données d'enquête de Timmer, Ravallion et Datt et d'autres et est arrivé aux conclusions d'ordre général suivantes:

Il est maintenant clair que des taux élevés de croissance économique peuvent rapidement faire diminuer la proportion de la population qui vit dans une pauvreté absolue. Dans les pays à bas revenus, une croissance globale rapide a des chances de s'accompagner d'une croissance rapide du secteur agricole, parce qu'ils sont quasiment tous dotés d'importants secteurs agricoles recouvrant la majorité de leur population. On a eu tendance à généraliser et à dire que la croissance économique combat la pauvreté, alors qu'en fait ce sont les effets directs et indirects de la croissance agricole auxquels il convient d'imputer la quasi totalité du déclin de la pauvreté
Il est notable que la croissance agricole réduit l'inégalité entre les pauvres et qu'elle les élève au-dessus du seuil de pauvreté…
Mettre l'accent sur l'agriculture pour améliorer la répartition des revenus ne ralentit pas la croissance . Les secteurs sont plus complémentaires que concurrentiels…30

Un corollaire de ces enseignements sur l'importance de l'agriculture, à la fois pour l'économie globale et pour la lutte contre la pauvreté, est que le processus de développement dans son ensemble a un besoin crucial de politiques agricoles adaptées. Pour citer Gale Johnson:

On comprend mal comment il est possible d'ignorer le rôle des politiques, compte tenu des énormes différences de performances constatées entre les économies planifiées et de marché entre 1950 et 1990 et du changement radical du taux de croissance de la Chine après les réformes de la fin des années 1970.
… dans une large mesure, les inquiétudes relatives à l'avenir alimentaire de la planète se fondent sur l'hypothèse que les ressources en terre sont limitées. C'est se tromper de cible. Les principaux facteurs qui limitent la croissance de la production alimentaire dans les pays en développement sont les connaissances et la recherche, la disponibilité d'intrants non-agricoles à des prix raisonnables et les politiques gouvernementales qui influent sur les incitations. Si les politiques adoptées assurent les deux premiers facteurs et évitent des mesures commerciales et macro-économiques discriminatoires à l'encontre de l'agriculture, les agriculteurs feront le reste31.

Dans l'environnement économique international présent, de nombreux observateurs ont exprimé leur préoccupation quant aux effets de la mondialisation et du libre échange sur l'agriculture, et par là sur le degré de la pauvreté rurale, dans les pays en développement. Pour cette raison, il est parfois conseillé de restaurer des contrôles étatiques étendus sur l'agriculture en développement. Une affirmation centrale de cet ouvrage est que les effets néfastes de la mondialisation et des distorsions des marchés internationaux peuvent être largement corrigés sans encourir les pertes économiques du contrôle centralisé, par des politiques nationales utilisant leurs instruments indirects; et qu'il est possible, par des politiques économiques appropriées, de créer un environnement économique favorable à la croissance agricole et à la réduction de la pauvreté rurale. On dispose, à l'heure actuelle, de nombreux exemples de politiques agricoles favorables à l'agriculture et aux pauvres dans le monde en développement, et l'un des buts de cet ouvrage est de les faire connaître et de les discuter de façon systématique.

POINTS IMPORTANTS DU CHAPITRE 1

  1. Bien qu'historiquement l'agriculture ait généré des surplus de travail, d'épargne et de devises étrangères qui ont facilité la croissance d'autres secteurs, les politiques qui essaient de taxer, implicitement et explicitement, l'agriculture pour extraire toujours davantage se sont avérées contre-productives dans la création d'emplois et la génération de croissance.

  2. La croissance agricole contribue proportionnellement plus au développement économique que ne le fait la croissance industrielle, parce que les effets multiplicateurs de la croissance agricole sur l'économie nationale sont plus importants.

  3. Des études ont montré que l'agriculture est le secteur le plus efficace pour réduire la pauvreté rurale et urbaine, bien que les pauvres bénéficient moins de la croissance agricole dans les économies où la distribution existante des revenus est très inégale.

  4. Maintenir des niveaux adéquats de prix réels au producteur est l'une des clefs de la croissance agricole et, par conséquent, de la réduction de la pauvreté. A longue échéance, une politique de nourriture à bon marché ne fait qu'empirer le problème de la pauvreté.

1 Lao Tze, Taode Jing, chapitres 53 et 59.

2 The Rise of cities, par les éditeurs de Time-Life Books, Alexandria, Virginie, 1990, p.7.

3 D. Gale Johnson, Agriculture and the Wealth of Nations, Course Richard T. Ely, American Economic Association Papers and Proceedings, American Economic Review, vol. 87, № 2, mai 1997, p. 2.

4 Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, traduction de Germain Garnier de 1881, à partir de l'édition revue par Auguste Blanqui en 1843, Les Classiques des sciences sociales, Université du Québec à Chicoutimi; original cité dans D. G. Johnson, 1997, p. 2.

5 D. G. Johnson, 1997, pages 9–10 (souligné par nous).

6 Celso Furtado, Obstacles to Development in Latin America, Anchors Books, Doubleday and Company, New York, 1970, p. 144.

7 Celso Furtado, Economic Development in Latin America, 2ème édition, Cambridge University Press, Cambridge, 1976, p. 259.

8 John C. H. Fei et Gustav Ranis, Development of the Labour Surplus Economy: Theory and Policy, Irwin Publishing Company, Homewood, Illinois, 1964.

9 Anne O. Krueger, Policy Lessons from Development Experience since the Second World War, dans: Jere Behrman et T. N. Srinivasan, éd., Handbook of Development Economics, vol. IIIB, North-Holland Publishing Company, Amsterdam, 1995, p. 2501.

10 Hollis Chenery et Moises Syrquin, Patterns of Development, 1950 – 1970, publié pour la Banque mondiale par Oxford University Press, 1975.

11 John W. Mellor, The Economics of Agricultural Development, Cornell University Press (édition de poche), Ithaca, 1966, p. 5.

12 Op. cit., pages 84 et 92.

13 Bruce F. Johnston et John W. Mellor, The Role of Agriculture in Economic Development, American Economic Review, volume 51, 1961, pages 566–593.

14 Banque mondiale, The East Asian Miracle: Economic Growth and Public Policy, publié pour la Banque mondiale par Oxford University Press, Oxford, 1993, pages 354 et 360.

15 A. O. Krueger, 1995, p. 2517.

16 Banque mondiale, 1993, p. 352 [souligné par nous].

17 Vernon W. Ruttan, Models of Agricultural Development, dans: Carl K. Eicher et John M. Staatz, éd., International Agricultural Development, 3ème édition, The Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1998, pages 155–162.

18 Roger D. Norton, Critical Issues Facing Agriculture on the Eve of the Twenty-first Century, dans: IICA Towards the Formation of an Inter-American Strategy for Agriculture, San José, Costa Rica, 2000, p. 260.

19 A. O. Krueger, 1995, p. 2527.

20 Voir Anne O. Krueger, Maurice Schiff et Alberto Valdés, Agricultural Incentives in Developing Countries: Measuring the Effect of Sectoral and Economy-Wide Policies, The World Bank Economic Review, vol. 2, № 3, septembre 1998. La relation négative entre la taxation agricole et la croissance économique est résumée dans Maurice Schiff et Alberto Valdés, The Plundering of Agriculture in Developing Countries, Banque mondiale, Washington, D.C., 1992, pages 10–11.

21 Domingo Cavallo et Yair Mundlak, Agriculture and Economic Growth in an Open Economy: The Case of Argentina, rapport d'étude № 36, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, Washington, D.C., décembre 1982, p. 14.

22 Steven Block et C. Peter Timmer, Agriculture and Economic Growth: Conceptual Issues and the Kenyan Experience, miméo, Harvard Institute for Economic Development, Cambridge, Massachusetts, 1994.

23 John Mellor, Faster More Equitable Growth: The Relation between Growth in Agriculture and Poverty Reduction, Discussion Paper CAER II № 70, Harvard Institute for International Development, Cambridge, Massachusetts, mai 2000, pages 10, 13 et 29.

24 Martin Ravallion et Gaurav Datt, How important to India's poor is the sectoral composition of economic growth?, The World Bank Economic Review, vol. 10, № 1, janvier 1996, p. 19.

25 Klaus Deininger et Lyn Squire, A New Data Set Measuring Income Inequality, The World Bank Economic Review, vol. 10, № 3, septembre 1996, pages 565–591.

26 C. Peter Timmer, How Well Do the Poor Connect to the Growth Process?, document de travail CAER II № 17, Harvard Institute for International Development, Cambridge, Massachusetts, décembre 1997, en particulier pages 16–22.

27 Op. cit. p. 3.

28 C. Peter Timmer, The macro dimensions of food security: economic growth, equitable distribution, and food price stability, Food Policy, vol. 25, № 3, juin 2000, p. 291, avec l'autorisation de Elsevier.

29 Op. cit., p. 293.

30 J. Mellor, 2000, pages 1, 8 et 10 [souligné en plus par nous].

31 D. G. Johnson, 1997, pages 10 et 11.


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