Page précédente Table des matières Page suivante


B. REVUES PAR RÉGION

B1. ATLANTIQUE NORD-OUEST
Zone statistique 21 de la FAO

par Ross Shotton *

INTRODUCTION

Les pêches commerciales de l'Atlantique Nord-Ouest, en particulier de morue, jouent un rôle important depuis cinq siècles. La Zone 21 couvre une superficie totale de 6,26 millions de km2 dont 1,29 million de km2 de plateau continental. L'environnement marin de la région (FigureB1.1) est dominé par le courant froid du Labrador qui s'écoule vers le sud jusqu'aux Grands Bancs, et par le Courant chaud du Gulf Stream, qui se déplace du nord vers l'est, à partir du cap Hatteras, en s'éloignant du plateau continental; il apporte de l'eau relativement chaude sur la côte ouest du Groenland. L'eau douce du fleuve Saint Laurent a également une influence significative. Les principales ressources halieutiques se trouvent sur les vastes plateaux continentaux, en particulier le banc Georges, la plate-forme de Nouvelle Ecosse, le golfe du Saint Laurent et les Grands Bancs de Terre-Neuve. Alors que les fonds principaux sont sous les juridictions nationales du Canada, des États-Unis, du Groenland et de la France (pour StPierre et Miquelon), le Bonnet Flamand et le «nez» et la «queue» du Grand Banc se trouvent dans les eaux internationales.

Figure B1.1 - L'Atlantique Nord-Ouest (Zone 21)

Figure B1.1

La majorité des ressources démersales, qui ont longtemps alimenté les principales pêcheries de l'Atlantique Nord-Ouest, se sont sérieusement amenuisées entre la fin des années 80 et le début des années 90, sous l'effet combiné de la surpêche, de basses températures liées au renforcement des courants du Labrador et d'autres facteurs, comme la mauvaise alimentation des poissons, l'absence de capelans (Mallotus villosus), la prédation des phoques et la faible concentration d'oxygène. En 2002, de nombreuses pêcheries démersales sont encore fermées ou soumises à des réglementations rigoureuses qui limitent leurs opérations, près de dix ans après l'introduction de ces mesures de gestion. En revanche, les ressources en homards (Homarus americanus) ont augmenté dans les années 80, et permis un niveau de captures jamais atteint au cours du siècle précédent. Sur le banc Georges, les stocks de gadoïdes en déclin, qui avaient été remplacés par les chiens de mer (Squalus acanthias) et les raies (Raja spp.) dans les années 80, ont commencé à se reconstituer, tout comme les stocks de limande à queue jaune (Limanda ferruginea). Au large de Terre-Neuve, les ressources en crevettes (Pandalus borealis ou crevettes nordiques) et en crabes des neiges (Chionoecetes opilio) ont augmenté à la fin des années 90, si bien que les valeurs totales débarquées ont atteint des niveaux records, malgré la disparition des pêcheries démersales traditionnelles. D'autres ressources, comme les coquilles St. Jacques (Placopecten magellanicus) et les harengs (Clupea harengus), continuent à alimenter des pêcheries florissantes dans quelques zones. Les harengs du banc George, au moins, se sont repris, après la surpêche des années 70.

Figure B1.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espeèces CSITAPA dans l'Atlantique Nord-Oues (Zone 21)

Figure B1.2

Source FAO

PROFIL DES CAPTURES

Les captures nominales ont doublé dans l'Atlantique Nord-Ouest, passant de 2,3 millions de tonnes en 1950 à 4,6 millions de tonnes en 1968 (FigureB1.2 et Tableau D1). Après avoir rapidement fléchi, de 4,4 millions de tonnes en 1973 à 2,8 millions de tonnes en 1978, elles sont restées relativement stables, autour de 2,7millions de tonnes jusqu'en 1984, puis ont amorcé une lente progression, pour atteindre 3,3millions de tonnes en 1990. Les captures ont ensuite accusé une brusque diminution, due à l'effondrement du stock de poissons de fond au large de la côte est du Canada, pour s'établir à environ 2 millions de tonnes en 1994. Depuis 1998, où les rapports faisaient état de 1,96 million de tonnes, on a noté une légère reprise de la production, passée à 2,24 millions de tonnes en 2002.

Dans l'Atlantique Nord-Ouest, les pêches ont été exploitées à partir de 1950 selon un modèle de pêche ponctuelle intensive, les premières espèces ciblées étant les poissons de fond, essentiellement morue (Gadus morhua) mais aussi églefin (Melanogrammus aeglefinus) et merlu argenté (Merluccius bilinearis), (Figure B1.3), suivies du hareng et du maquereau (Scomber scombrus) (FigureB1.4). Les captures de poissons plats ont culminé à 330000 tonnes en 1968 (Figure B1.5), puis ont décliné à un rythme lent et irrégulier pour tomber à 189000 tonnes en 1992, puis à 78600 tonnes, soit moins de la moitié, en 1995. En 2002, les captures étaient remontées à 116400 tonnes, dont plus de la moitié de flétans noirs (Reinhartius hippoglossoides), alimentant de nouvelles pêcheries créées au début des années 90. La pêche aux invertébrés a été plus favorable (Figure B1.6) avec des augmentations des captures du milieu des années 70 au début des années 90, où elles ont dépassé les 600000 tonnes. Les captures de coquilles St. Jacques, cyprines, et mactres ont reculé durant la plus grande partie des années 90, pour remonter vers la fin de la décennie. Les prises de crevettes et de homards ont généralement progressé. En 2002, les captures totales ont à nouveau dépassé les 600000 tonnes. En 1998, les captures de crabes des neiges ont pour la première fois été supérieures à celles de homards américains, jusqu'à les dépasser de 30 pour cent en 2002.

Figure B1.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupes CSITAPA 32, Atlantique Nord-Ouest (Zone 21)

Figure B1.3

Source FAO

Figure B1.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupes CSITAPA 35 et 37, Atlantique Nord-Ouest (Zone 21)

Figure B1.4

Source FAO

Groenland

Le Groenland Est et le Groenland Ouest (Zone statistique 27 de la FAO) sont inclus dans ce rapport. La crevette nordique demeure la principale espèce au Groenland, avec un record sans précédent de 85450 tonnes en 2001, soit 51,7pour cent des captures déclarées. Toujours en 2001, les captures de flétan noir ont frôlé les 21000 tonnes, soit une diminution notable par rapport au pic de près de 40000 tonnes signalé en 1999. En 2001, les captures de capelans ont été de 18 600 tonnes, marquant aussi un recul sensible (- 24,4 pour cent) par rapport au niveau déclaré en 2000. Ces trois espèces représentent 75,4pour cent des captures totales déclarées. Les captures de morue en 2001 (5614 tonnes) affichent une hausse considérable par rapport à l'an 2000, où elles étaient à leur plus bas niveau de tous les temps, à 3 000 tonnes, mais restent très inférieures aux captures des années récentes (près de 110000 tonnes notamment, en 1989). On considère que la présence et l'abondance de morue dans les eaux profondes situées au large du Groenland sont liées aux conditions écologiques et à l'afflux périodique de larves venues d'Islande, où elles retournent à l'âge adulte pour se reproduire (Buch, Horsted, et Hovgård 1994).

Figure B1.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 31, Atlantique Nord-Ouest (Zone 21)

Figure B1.5

Source FAO

Figure B1.6 - Captures annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 43, 45, 55 et 56, Atlantique Nord-Ouest (Zone 21)

Figure B1.6

Source FAO

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

Canada

Depuis pratiquement cinq siècles, les principales pêcheries de ce que sont les eaux canadiennes aujourd'hui, produisaient exclusivement de la morue salée, un poisson qui était habituellement pêché à la ligne à bord de petits bateaux, et salé à terre. L'utilisation, par les industries canadiennes, de chalutiers congélateurs, qui produisent du poisson congelé à partir d'une plus large gamme d'espèces cibles, est surtout le fait des cinquante dernières années. De fait, la pêche démersale, avec des engins fixes, demeure importante dans de nombreuses zones. Toutefois, l'événement le plus significatif des dernières décennies pour les ressources, a été l'arrivée de flottilles étrangères de chalutiers-usines, à partir de la fin des années 50. La surpêche qui en a résulté a conduit à l'extension des eaux sous juridiction nationale en 1977. À l'époque, on était très optimiste et l'on pensait que les captures canadiennes augmenteraient sensiblement grâce à une meilleure gestion des pêches et à la substitution de l'effort de pêche étranger, par des capacités de pêche nationales. Une certaine amélioration de l'état des stocks a été observée jusqu'au milieu des années 80, mais par la suite, on a vu augmenter la mortalité par pêche et diminuer la taille des stocks, sous l'effet combiné d'une expansion de la capacité de pêche (qui a conduit à un accroissement de l'effort, malgré le système de gestion en principe prudent), et d'une succession de classes d'âge insuffisantes. La majorité des pêcheries démersales, notamment quelques-unes des plus renommées du monde, ont été fermées en 1992 ou en 1993, alors que d'autres ont vu diminuer considérablement leurs contingents de captures (Murawski et al, 1997).

Les mesures de gestion draconiennes ont donné des résultats mitigés (on trouvera de plus amples informations sur l'état des stocks et la gestion des pêches dans la zone canadienne à l'adresse http://www.dfo-mpo.gc.ca/csas/Csas/English /Index_e.htm). Dans son rapport de 2003 au Ministre, le conseil pour la conservation des ressources halieutiques a noté que le stock de morues de la division NAFO 2J3KL continuait à être caractérisé par une biomasse faible, un faible recrutement, une mortalité élevée due aux phoques et une exposition au risque de capture accessoire. Les sous-stocks du Grand banc ne représentaient plus que 3pour cent de la biomasse des années 80, avec peu de poissons âgés de plus de 5 ans. Quant aux stocks de morue (Div. 4VsW) de la Plate-forme de Nouvelle Ecosse et de la baie de Fundy, qui font l'objet d'un moratoire depuis 1993, ils présentent la plus faible biomasse de reproducteurs jamais enregistrée, ainsi qu'un recrutement, une croissance, des conditions et une structure des âges inférieurs à la moyenne. Le stock de la Division 4Vn (mai–novembre) frappé d'une interdiction de pêche depuis 1993, montre peu de signes de reprise, essentiellement à cause de l'insuffisance du recrutement. Pour le stock de morue de la Division 4X5Y, le recrutement s'est amélioré à partir de la classe d'âge 1998, mais reste faible, bien que la biomasse ait augmenté depuis la fin des années 90. Dans le cas du golfe du Saint Laurent, les stocks de morue (Div. 3Pn4RS) affichent une nouvelle baisse de la biomasse de reproducteurs, les morues de 3 ans étant à leur plus bas niveau historique. La mortalité naturelle - dont la cause principale est attribuée aux phoques - demeure élevée malgré une amélioration de la condition énergétique et de la croissance des morues (Fisheries Resource Conservation Council 2003 a,b,c). Il n'est donc pas surprenant que, le 24 avril 2003, le Gouvernement canadien ait annoncé la fermeture de la pêche des trois stocks de morue du golfe du Saint Laurent, du Nord-Est de Terre-Neuve et du Labrador. En outre, le 2 mai 2003, deux populations de morue franche ont été déclarées menacées et en voie de disparition à la suite des évaluations effectuées par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Les unités de population du COSEPAC ne correspondent pas à celles que l'on emploie traditionnellement pour la gestion des pêches. Il s'ensuit que la population de morue franche du Nord du Golfe du St.Laurent a été jugée menacée car, bien que la morue demeure abondante dans la partie est de la région (côte sud de Terre-Neuve), elle a connu un déclin important dans le nord du golfe, où la pêche est maintenant fermée aussi. La population de morue franche de la zone ocèanique demeure inscrite à la catégorie préoccupante (http://www.cosewic. gc.ca/fra/sct7/sct7_3_1_f.cfm), bien que le stock de la Division 4VsW ait le plus bas niveau de biomasse de reproducteurs jamais enregistré (voir plus haut).

La non-reconstitution de la majorité des stocks de morue de la côte est, plus de dix ans après leur effondrement, a étonné et déçu ceux qui s'intéressent de près ou de loin à ces pêcheries. Lorsque ces stocks ont été soumis à des moratoires au début des années 90, certains s'attendaient à ce qu'ils se reconstituent rapidement. Or, quelques-uns des stocks qui s'étaient effondrés sont tombés à leur plus bas niveau historique et sont par conséquent, bien loin d'être reconstitués. D'autres avaient déjà été à des niveaux aussi bas, mais cette-fois-ci, le rétablissement n'a pas eu lieu. Un certain nombre d'explications plausibles ont été proposées par une récente étude organisée par le Ministère des pêches et des océans du Canada. (http://www. dfo-mpo.gc.ca/media/backgrou/2003/cod(3)_f .htm)

L'environment : La morue canadienne de l'Atlantique Nord a une plus faible productivité que celle que l'on trouve plus au sud ou dans l'océan Atlantique Est, car elle vit dans des eaux plus froides. Pendant au moins la première moitié des années 90, le climat océanique a été anormalement froid, ce qui a été particulièrement peu favorable à la productivité des stocks et, partant, à leur reconstitution.

Croissance et survie des poissons : Les conditions rudes des années 90 ont réduit la survie et la croissance. Lorsque les moratoires de pêche ont été appliqués au début des années 90, la majorité des morues étaient petites pour leur âge et en piètre condition, avec des réserves d'énergie insuffisantes pour survivre aux mois d'hiver ou aux stades critiques de leur cycle biologique. La condition énergétique des morues après la ponte laissait particulièrement à désirer au début des années 90, ce qui a probablement suffi à provoquer une mortalité élevée dans quelques stocks. En outre, les stocks de morue réduits ont été la proie d'un nombre croissant de phoques, suffisant pour compromettre la reconstitution. Dans le golfe, où les maquereaux et les harengs étaient de plus en plus abondants, les œufs et les larves de morues ont probablement été soumis à une forte prédation. Ensemble, les conditions environnementales et l'augmentation de la prédation ont eu un effet négatif sur la croissance et la survie des morues.

Reproduction : Lorsque les stocks de morue se sont effondrés, ils comprenaient peu de poissons agés, et un grand nombre de poissons à leur première ponte, de sorte que le potentiel de reproduction des stocks de morue a été réduit. Comme la mortalité était élevée dans beaucoup de stocks, cet état de choses s'est maintenu. Dans certains cas, on a noté une forte diminution de la taille de certains individus reproducteurs ou une réduction de l'étendue de la zone de frai. De même, dans de nombreux stocks de morue, la biomasse féconde était si faible que l'effectif de jeunes poissons avait considérablement diminué, ce qui a contribué à maintenir la production à un bas niveau.

Pêche : Quoique les captures par pêche aient diminué par rapport aux années 70 et 80, dans quelques stocks, il semble qu'elles soient restées suffisamment élevées pour entraîner une mortalité significative. On a également noté des cas de sous-estimation ou de non-déclaration des captures de morue, de rejets de poissons de petite taille et de braconnage.

En résumé, il a été conclu que la non-reconstitution des stocks résultait de plusieurs facteurs affectant simultanément ou tour à tour la croissance, la reproduction et la survie des poissons. Pris dans leur ensemble, ces facteurs laissent très peu d'espoir de reprise rapide de ces stocks, dans le futur proche.

Contrairement à la morue, le homard, qui est l'espèce-clé de la plupart des pêcheries du littoral atlantique canadien, a permis des captures qui ont frôlé des records dans les années 80, alors que les stocks étaient en chute libre depuis un demi siècle. Des changements écologiques semblent être à l'origine de cette reprise de la production, même si les avis divergent sur sa cause spécifique, et l'accroissement de l'efficacité de pêche a probablement aussi joué un rôle. Les captures de homards, gérées dans le cadre de 40 zones de pêche au homard dans le Canada atlantique, ont culminé à 48 500 tonnes en 1991, fléchi durant la décennie suivante, pour remonter à 51400 tonnes en 2001 et diminuer à nouveau à 45111 tonnes en 2002.

États-Unis

Il existe une longue tradition de pêche dans le nord-est des États-Unis basée sur les pêcheries démersales très productives du banc Georges et, dans une moindre mesure, sur la pêcherie de homard du golfe du Maine. Il y a eu aussi d'importantes activités de pêche ciblées sur de nombreuses autres espèces, certaines ayant prédominé dans les premières années, d'autres ayant pris de l'importance plus récemment (on trouvera de plus amples informations sur l'état des stocks dans la zone des États-Unis à l'adresse http://www.nefsc.noaa.gov/nefsc/saw/ , ainsi que des informations sur la gestion des pêches à: http://www.nefmc.org). Divers engins de pêche, tels que les chaluts à panneaux, les filets maillants, les pièges et les lignes fixes ont été employés, mais les chaluts à panneaux restent les plus utilisés. Mise à part une période d'activité de pêche intense des flottilles hauturières entre le début des années 60 et le milieu des années 70, les eaux des États-Unis ont été exploitées par les flottilles locales. La pêche hauturière, principalement conduite par des chalutiers-usines d'Europe de l'Est sur le banc Georges, est essentiellement un type de pêche ponctuelle intensive qui a ciblé tour à tour l'églefin, (pic en 1965), le merlu argenté, (pic en 1965) le hareng (pic en 1968) et le maquereau (pic en 1973), et a abouti à une forte réduction de l'abondance de ces espèces.

Depuis que les États-Unis ont établi en 1977 une Zone économique exclusive (ZEE) de 200 miles, la gestion des pêches n'a eu qu'un succès limité. Depuis le milieu des années 90, grâce en particulier à l'adoption de la loi sur la pêche durable et à l'introduction de mesures de gestion plus énergiques, la mortalité par pêche a été sensiblement réduite dans la plupart des stocks de poissons de fond, certains ayant amorcé une reconstitution relativement rapide (Groundfish Facts & Figures at http://www.nefmc.org).

Espèces démersales

Les espèces démersales ont été la clé de voûte traditionnelle des pêches au large de la côte nord-est des États-Unis. Environ 35 espèces/stocks rentrent dans cette catégorie, dominée par les gadoïdes, les limandes, la baudroie (Lophius spp . également connue sous les noms de lotte ou ange de mer), l'aiguillat commun (Squalus acanthias), et les raies dans la zone de la Nouvelle Angleterre, ainsi que par le cardeau d'été (Paralichthys dentatus), le spare doré (Stenotomus chrysops), la baudroie d'Amérique (Lophius americanus) et le fanfre noir (Centropristis striata) dans la région médio-Atlantique. Sur la dernière décennie, le rendement moyen du groupe principal des poissons de fond et des limandes, qui comprend des espèces de la famille des morues, telles que morue, églefin, merlu argenté et merluche écureuil (Urophycis chuss), lieu (Pollachius virens), limande à queue jaune (Pleuronectes ferrugineus), cardeau d'été et limande-plie rouge (Pleuronectes americanus), plie (Glyptocephalus cynoglossus), turbot de sable (Scophthalmus aquosus), et plie canadienne (Hippoglossoides platessoides), a été de 61218 tonnes (37,5 pour cent de poissons plats, 62,5 pour cent de gadidés).

Ce chiffre représente moins d'un tiers du rendement potentiel combiné à long terme de ces espèces. L'abondance totale des espèces principales de poissons de fond et poissons plats, déterminée à partir des indices de capture par coup de chalut de fond des campagnes de prospection effectués par les bateaux de recherche du National Marine Fisheries Service (NMFS), a diminué d'environ 70 pour cent entre 1963 et 1974, sous l'effet direct de la pêche hauturière. Les stocks se sont un peu reconstitués à la fin des années 70, après les réductions des captures et de l'effort mises en œuvre par la Commission internationale des pêches de l'Atlantique Nord-Ouest (CIPAN) avant 1977, et l'établissement de la ZEE des États-Unis en 1977, mais cette reprise a été de courte durée en raison de l'intensification de la pression exercée par les pêcheurs d'Amérique du Nord. L'abondance totale était à son plus bas niveau en 1992.

Toutefois, depuis le milieu des années 90, grâce à des mesures de gestion rigoureuses (dont un moratoire sur les navires nouveaux venus, des réductions drastiques des jours en mer pour les chalutiers et les fileyeurs, des augmentations du maillage, la fermeture de plusieurs zones de pêche sur toute l'année), les taux de mortalité par pêche ont été considérablement abaissés et la biomasse de certains stocks a commencé à se reconstituer (stocks d'églefins sur le banc Georges, de limandes à queue jaune sur le banc Georges et au sud de la Nouvelle Angleterre, et de cardeaux d'été). Aux États-Unis, les captures de la plupart de ces espèces ont sensiblement reculé depuis environ 1994, celles de morues étant à leur plus bas niveau jamais enregistré en 1997 (12982 tonnes). En 2001 elles se sont légèrement reprises pour remonter à 15100 tonnes, puis sont revenues au niveau de 13128 tonnes en 2002. Les captures d'églefin sont remontées de 328 tonnes en 1994 à 7553 tonnes en 2002.

Espèces pélagiques

Pour suivre l'abondance de harengs et de maquereaux de l'Atlantique, on a utilisé les données des relevés du printemps, car ces deux espèces se rencontrent surtout à l'intérieur de la zone couverte en mars et en avril, lorsque des prospections ont lieu. D'une manière générale, les données des prospections concernant les captures par coup de chalut ont été plus variables pour ces espèces que pour le groupe principal des poissons de fond et des poissons plats, même si l'indice composite reflète bien les tendances globales. L'indice a chuté au milieu des années 70, reflétant des baisses prononcées de l'abondance des stocks de harengs et de maquereaux (notamment l'effondrement du stock de harengs du banc Georges). Depuis 1983, l'indice a considérablement augmenté, la valeur de 1994 étant la plus élevée de la série chronologique. Cette tendance est confirmée par les analyses des populations virtuelles (APV) qui indiquent une forte abondance du stock de harengs sur toute la côte et du stock de maquereaux de l'Atlantique Nord-Ouest, au cours des années récentes. Le stock de harengs du banc Georges est aussi en phase de reconstitution (http://www.nefsc.noaa.gov/sos/agtt/). Les harengs et les maquereaux ont été fortement exploités par des flottilles hauturières à la fin des années 60 et au début des années 70, et l'abondance des deux espèces a diminué au début des années 80, pour ensuite se reconstituer faute d'opérations halieutiques intensives. En 2002, les captures de maquereaux ont été de 70456 tonnes (Canada 61,2pour cent, États-Unis 38,8pour cent), volume parmi les plus hauts de la décennie, mais qui reste très inférieur au potentiel estimé à long terme, de 383000 tonnes. Les captures totales de harengs par les États-Unis sur le groupe de stocks côtiers (stocks du golfe du Maine, du banc Georges, et des hauts-fonds de Nantucket) ont atteint un maximum de 106600 tonnes en 2001 puis ont chuté à 67652 tonnes en 2002, la capture la plus faible enregistrée depuis le plus bas de la décennie de 48700 tonnes en 1994. Les captures des Etats Unis représentent 26,1pour cent de la capture totale de harengs en 2002, les reste étant pêché par le Canada.

Espèces anadromes

Ce groupe est constitué de diverses espèces, dont des harengs de rivière, comme le gaspareau (Alosa pseudoharengus) et l'alose d'été du Canada (Alosa aestivalis), l'alose américaine (Alosa sapidissima), le bar d'Amérique (Morone saxatilis), le saumon de l'Atlantique (Salmo salar), l'esturgeon noir (Acipenser oxyrinchus oxyrinchus) et l'esturgeon à museau court (Acipenser brevirostrum). Le rendement composite moyen de 3978 tonnes pendant la période 2000–2002, est très inférieur au maximum historique de 32443 tonnes en 1959. Toutes ces espèces, à l'exception du bar d'Amérique, sont surexploitées et peu abondantes.

Les captures commerciales de bar d'Amérique ont culminé à 5900 tonnes en 1973 (on ne disposait d'aucune estimation des captures effectuées à des fins récréatives jusqu'en 1981), mais elles ont régulièrement reculé jusqu'à 63 tonnes à peine en 1987. Les captures commerciales et récréatives cumulées sont tombées à leur plus bas niveau en 1989, à 423 tonnes. En raison de la faible abondance du stock et du recrutement insuffisant, des réglementations extrêmement restrictives ont été imposées au milieu des années 80. Les stocks se sont reconstitués après le recrutement de plusieurs classes d'âge améliorées et le stock a été déclaré rétabli en 1995. En 2001, les captures de bar d'Amérique ont atteint 2934 tonnes.

Durant les deux dernières décennies, on a vu se dégrader l'état des stocks de toutes les populations de saumons de l'Atlantique nord. Les indices et les mesures complètes de l'abondance des populations témoignent d'une chute du taux de survie, divisée par cinq pour certains stocks, au cours de cette période. Ceci n'a fait qu'augmenter les préoccupations au sujet des effets de la mortalité naturelle accrue dans l'environnement marin et des problèmes d'habitat qui persistent dans les cours d'eau des États-Unis. Le comité des États-Unis pour l'évaluation des saumons de l'Atlantique produit un rapport annuel dans lequel figure un indice des retours minimaux attestés vers les cours d'eau des États-Unis. En 1999, 1452 adultes seulement sont revenus dans les cours d'eau des États-Unis, soit l'un des plus faibles taux de retour d'une série chronologique commençant en 1970. À l'heure actuelle, ces données fournissent le meilleur indice de l'abondance des stocks des États-Unis. Cette valeur est dominée par les retours vers le fleuve Penobscot, qui absorbe normalement plus de 60pour cent des retours totaux chaque année (http://www.nefsc.noaa.gov/sos/spsyn/af/salmon)

Espèces d'invertébrés

Les espèces invertébrées, telles que homards, mactre solide (Spisula solidissima), quahaug de mer (Arctica islandica), calmar totam (Loligo pealeii), encornet rouge (Illex illecebrosus), coquille St.Jacques, crevette nordique et gériocrabe rouge (Chaceon quinquedens), pêchées en haute mer, sont parmi les plus précieuses du nord-est des États-Unis. La pêche d'espèces invertébrées dans les eaux côtières et estuarines, telles que les crabes bleus (Callinectes sapidus), les huîtres (Crassostrea virginica), les clams à coquille dure (Mercenaria mercenaria), les oursins (Strongylocentrotus spp.), les myes des sables (Mya arenaria), les vers marins (essentiellement arénicoles des pêcheurs (Nereis virens) et chironomes (Glycera dibranchiata) couramment récoltés comme appâts pour la pêche d'agrément), les strombes (Busycotypus canaliculatus, Busycon carica, et Busycon sinistrum), et les moules communes (Mytilus edulis) a procuré un revenu additionnel.

Les captures de homard, l'espèce la plus prisée de ce groupe, par les États-Unis ont progressé de manière à peu près régulière depuis 1940, avec un pic à 37730 tonnes en 2000 suivi d'un léger fléchissement à 32390 tonnes en 2001, puis d'une reprise à 37309 tonnes en 2002. Ces récentes augmentations des captures sont dues à la fois à l'accroissement de l'effort et à l'augmentation apparentes de l'abondance, probablement en raison de conditions écologiques favorables. Les taux de mortalité par pêche sont cependant de 2 à 3 fois supérieurs aux limites de la surpêche, et les captures sont presque exclusivement constituées d'animaux qui viennent de muer et n'ont pas atteint la maturité sexuelle. Les taux de mortalité par pêche doivent donc être considérablement abaissés, mais les réglementations récemment introduites (notamment, les limitations du nombre de casiers par pêcheur) risquent fort de ne pas être suffisamment rigoureuses.

Depuis 1982, le Plan de gestion des pêcheries de pecten d'Amérique (coquille St. Jacques) réglemente la pêche de cette espèce à travers toute son aire de répartition sur la côte atlantique des États-Unis. Initialement, les réglementations les plus importantes obligeaient les navires à débarquer des pectens de moins de 35 à 40 noix par livre (muscles adducteurs) ou, s'ils étaient débarqués entiers, une coquille d'une largeur minimale de 3 pouces à 3,5 pouces (7,5 à 9 cm). L'effort de pêche a augmenté jusqu'à devenir insoutenable entre la fin des années 80 et les années 90, ce qui a incité le New England Fishery Management Council (NEFMC) à élaborer l'Amendement4 qui a pris effet en 1994. Cet amendement a radicalement modifié la gestion de la pêche au pecten, en vue d'atteindre un plafond de mortalité par pêche égal à F 5% , point de référence censé garantir le recrutement en maintenant la biomasse du stock reproducteur supérieure à 5pour cent de celle du stock vierge, taux considéré comme suffisant pour prévenir un effondrement du stock provoqué par le recrutement, pour une espèce aussi féconde que le pecten d'Amérique. Ce changement a été accompagné d'autres mesures, telles que l'introduction de permis d'accès limité, d'allocations annuelles de journées en mer, de tailles minimales des anneaux/mailles des dragues, de restrictions concernant la configuration des engins de pêche pour améliorer l'échappement des petits pectens, et d'une taille de maille minimale dans la partie supérieure pour faciliter l'échappement des poissons. Les captures de pectens d'Amérique provenant du banc Georges et de la région médio-Atlantique ont été de l'ordre de 88896 tonnes durant la dernière décennie, avec un pic de 186336 tonnes en 2002, indiquant une reprise des stocks. La fermeture de vastes zones pour protéger les stocks de poissons de fond a aussi grandement favorisé la reconstitution des stocks de pectens.

Les mactres solides et les quahaugs de mer, réglementés par un système de contingents individuels transférables (ITQ) mis en œuvre en 1990, se pêchent à la drague essentiellement dans la région médio-Atlantique et dans la zone du sud de la Nouvelle Angleterre, et sont actuellement sous-exploités. Les captures des deux espèces sont restées relativement stables ces dernières années, et se chiffraient respectivement à 175709 tonnes et à 149767 tonnes en 2002 (les moyennes décennales étant respectivement de 159965 tonnes et 163367 tonnes).

Les pêches locales de calmar totam et d'encornet rouge, qui sont pourtant pratiquées depuis 1800 essentiellement pour approvisionner les marchés des appâts, avec des captures allant jusqu'à 1 000 tonnes par an pour chaque espèce jusque dans les années 70, ont connu une forte expansion dans les années 80 et 90, grâce à la croissance de la demande des consommateurs. Le calmar totam est principalement pêché entre le cap Hatteras, la Caroline du Nord et le golfe du Maine, alors que l'encornet rouge se pêche du Cap Hatteras jusqu'à Terre-Neuve, et est censé constituer un seul stock dans toute cette aire de répartition. La pêche hauturière de ces deux espèces était pratiquée entre 1964 et 1986, les captures provenant des eaux des États-Unis ayant culminé à 36 500 tonnes en 1973 pour les calmars totams, et à 24 700 tonnes en 1976 pour les encornets rouges. Les volumes d'encornets rouges pêchés dans les eaux canadiennes entre la Nouvelle-Écosse et Terre Neuve, principalement par des flottilles hauturières, ont brusquement augmenté, pour atteindre un pic de 162100 tonnes en 1979 avant de s'effondrer au début des années 80. Les rendements moyens du calmar pour la décennie 1992–2002 ont été de 17796 tonnes pour le calmar totam et de 13197 tonnes pour l'encornet rouge. Mais en 2002, les captures de Illex illecebrosus étaient tombées à 2750 tonnes.

Zone de la NAFO

Les ressources qui se trouvent au-delà de la ZEE des trois pays de la région, sont gérées sous l'égide de l'Organisation des pêches de l'Atlantique nord (NAFO), qui fournit des informations résumées sur l'état des stocks (sébaste doré, limande à queue jaune, plie canadienne, plie cynoglosse, morue, flétan noir, et capelan) dans sa zone de compétence, dans son rapport annuel (NAFO, 2001) et sur son site web (http://www.nafo.ca/publications/annrep/AR01.pdf). Il est intéressant de noter que les préoccupations suscitées par l'état des stocks de morue, ont conduit à interdire en 1999, la pêche du seul stock du Bonnet Flamand de la NAFO, même si des pays tiers ont continué à exploiter ces stocks. Au début de l'an 2000, la biomasse restait faible, et principalement constituée de poissons âgés de 6 et de 7 ans. Les poissons plus jeunes étaient rares en raison du faible recrutement durant la période 1995–1999 et il a été recommandé qu'aucune pêcherie ne cible cette espèce.

RÉFÉRENCES

Buch, E., Horsted, S.A. et Hovgård, H. 1994. Fluctuations in the occurrence of cod in Greenland waters and their possible causes. ICES mar. Sci. Symp . 198: 158–174.

Fisheries Resource Conservation Council. 2003a. 2003/2004 Conservation Requirements for Groudnfish Stocks on the Scotain Shelf and in the Bay of Fundy (4VWX5Z), in Subareas 0, 2 + 3 and Redfish Stocks. Report to the Minister for Fisheries and Oceans. FRCC R.1. janvier 2003. 107p.

Fisheries Resource Conservation Council. 2003b. 2003/2004 Conservaton Requirements for 2J3KL Cod Stocks. Report to the Minister for Fisheries and Oceans. FRCC R.2. mars 2003. 18p.

Fisheries Resource Conservation Council. 2003c. 2003/2004 Conservation Requirements for Groundfish Stocks in the Gulf of St.Lawrence. Report to the Minister of Fisheries and Oceans. FRCC R.3. avril 2003. 47p.

Murawski, S.A., Maguire, J.-J., Mayo, R.K. et Serchuk, F.M. 1997. Groundfish stocks and the fishing industry. pp. 27–70 In Boreman, J., Nakashima, B.S., Wilson, J.A. et Kendall, R.L. (éds.) Northwest Atlantic Groundfish: Perspectives on a fishery collapse. American Fisheries Society, Bethesda, Maryland: xxii+242p.

NAFO. 2001. Annual Report of the Northwest Atlantic Organization (NAFO) 2000. 216p.

* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques

B2. ATLANTIQUE NORD-EST
Zone statistique 27 de la FAO

par Jean-Jacques Maguire *

INTRODUCTION

L'Atlantique Nord est caractérisé par un vaste tourbillon subpolaire qui joue un rôle central dans la répartition et l'écologie des stocks ichtyologiques dans la zone Atlantique Nord-Est (Figure B2.1). La présence de ce tourbillon subpolaire a éte mis en évidence grace à la «Grande anomalie de salinité», lorsqu'un volume considérable d'eau froide peu saline s'est propagé avec le tourbillon de 1968 à 1982 (Dickson et al. 1988). Dans cette zone, quelques stocks de poissons ont connu un faible recrutement, probablement dû à une diminution des disponibilités alimentaires, et la température plus froide de l'eau «anormale» a retardé les explosions de production primaire (Dickson et Brander 1994). Parmi les autres caractéristiques océanographiques de l'Atlantique Nord-Est, on peut citer la vaste zone de plateau au large de l'Europe du Nord, la mer Baltique semi-fermée et les remontées d'eaux profondes d'été, au large des côtes espagnoles et portugaises. Cette zone a une superficie totale de 14millions de km2, dont 2,7millions de km2 de plateau continental.

La majorité des ressources halieutiques traditionnelles de l'Atlantique Nord-Est sont pleinement exploitées, surexploitées ou épuisées. De nouvelles pêcheries se sont développées pour les espèces des grands fonds, et bien que l'on ne connaisse pas avec précision leur état, il y a tout lieu de croire que ces ressources ne seront pas récoltées de manière durable, car leur sensibilité à l'exploitation est bien connue. Dans cette zone, quelques stocks d'espèces des grands fonds se sont épuisés avant qu'un système de gestion approprié ait pu être mis en place (CIEM, 2002).

Figure B2.1 - L'atlantique Nord-Est (Zone 27)

Figure B2.1

PROFIL DES CAPTURES

Les pêcheries de l'Atlantique Nord-Est ont connu une expansion rapide entre la fin du XIXe et le début du XXe siècles, avec la mécanisation et la motorisation de la pêche. La première et la deuxième guerres mondiales ont apporté de brèves périodes de relative inactivité de pêche durant lesquelles les stocks se sont reconstitués. Les captures nominales sont passées de 5millions tonnes en 1950 à un pic de près de 13millions de tonnes en 1976. Elles sont par la suite tombées à 8,5millions de tonnes en 1990, mais sont ensuite remontées à un rythme à peu près régulier pour se situer à 11,7millions de tonnes en 1997. Elles ont ensuite fluctué autour de 11millions de tonnes (Figure B2.2 et Tableau D2). L'augmentation des captures totales masque certains phénomènes, comme l'évolution en dents de scie des prises d'espèces traditionnelles comme la morue de l'Atlantique nord (Gadus morhua), l'aiglefin (Melanogrammus aeglefinus) et le hareng (Clupea harengus); l'expansion de la pêche d'espèces auparavant moins prisées comme les lançons (Ammodytes spp) et les merlans bleus (Micromesistius poutassou), et l'abandon de la pêche au maquereau (Scomber scombrus) de la mer du Nord au profit de celui de la zone occidentale.

Figure B2.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces CSITAPA dans l'Atlantique Nord-Est (Zone 27)

Figure B2.2

Source FAO

Figure B2.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 32, Atlantique Nord-Est (Zone 27)

Figure B2.3

Source FAO

Figure B2.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 32, Atlantique Nord-Est (Zone 27)

Figure B2.4

Source FAO

Figure B2.5 - - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 35 et 37, Atlantique Nord-Est (Zone 27)

Figure B2.5

Source FAO

Les captures de morue de l'Atlantique ont constamment représenté la plus grande part des captures totales de morue, de merlu et d'aiglefin jusqu'en 1998, où le merlan bleu a rattrapé la morue. (Espèces du groupe 32 de la CSITAPA - Figure B2.3). Une tendance persistante à la baisse des captures de morue est illustrée par le maximum de la fin des années 60. Les captures de merlans bleus sont supérieures à celles de morue depuis 1999. Les captures totales des espèces du groupe 32 de la CSITAPA autres que la morue et le merlan bleu dans l'Atlantique Nord-Est ont culminé au début des années 70, puis tendu à la baisse. (Figure B2.4).

Les captures de harengs de l'Atlantique et en particulier de capelans, (Mallotus villosus) ont affiché une plus grande variabilité à court terme que de nombreuses autres espèces, notamment d'autres pélagiques (Figure B2.5). Ceci est en partie dû à l'influence de quelques grands stocks, comme ceux de harengs norvégiens frayant au printemps, qui se sont effondrés à la fin des années 60, et de harengs de la mer du Nord à la fin des années 70. De la même manière, le déclin des captures de capelans au milieu des années 80 était dû à l'effondrement de la pêcherie de la mer de Barents, qui a été fermée à cette pêche de 1986 à 1991. Les stocks de harengs norvégiens frayant au printemps se sont rétablis dans les années 80, ce qui a permis une augmentation des captures du groupe dans les années 90. Les stocks de harengs de la mer du Nord sont aussi remontés dans les années 80, pour accuser un nouveau revers au milieu des années 90, mais le stock est aujourd'hui considéré comme reconstitué. Les captures de maquereaux et de sprats ont été plus stables au cours des vingt dernières années.

La pêche de lançons (Groupe 33 de la CSITAPA) aux filets à petites mailles s'est considérablement développée depuis la fin des années 60. Depuis 1985, les captures n'ont indiqué aucune tendance précise, oscillant dans une fourchette de 0,65 à 1,24millions de tonnes (Figure B2.6). Il existe d'importantes pêcheries de sébastes de l'Atlantique (différents stocks océaniques et des grands fonds de Sebastes mentella et de S. Marinus, Groupe 34 de la CSITAPA) principalement dans les eaux internationales de la mer d'Irminger. Les captures de crevettes (Groupe 45 de la CSITAPA) ont progressé depuis le début des années 80. Cette augmentation est essentiellement attribuable à la crevette nordique (Pandalus borealis) alors que les captures combinées d'autres espèces du groupe 45 de la CSITAPA régressent à un rythme lent depuis le milieu des années 50.

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

La science moderne de l'évaluation des stocks halieutiques est née à la fin du XIX° siècle, avec les études sur les pêches de la mer du Nord qui ont débouché sur la création du Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM), en 1902. Actuellement le CIEM fournit des évaluations et/ou des avis de gestion concernant plus de 100 stocks ou sous-stocks de l'Atlantique Nord-Est, par l'intermédiaire de son Comité consultatif de la gestion des pêches (CCGP) http://www.ices.dk/committe/acfm/comwork/report/asp/acfmrep.asp . La plupart de ces stocks (au nombre d'environ 70) font chaque année l'objet d'évaluations basées sur les structures d'âge. La qualité des évaluations des stocks varie pour diverses raisons, dont le manque de fiabilité des données sur les captures commerciales, dû aux erreurs de déclaration en particulier depuis les années 90, l'identité incertaine des stocks, les tendances contradictoires des séries sur les captures par unité d'effort (CPUE) ainsi que l'absence de données de confirmation provenant d'enquêtes indépendantes sur les pêches et l'insuffisance des informations sur les captures par classe d'âge.

Le CIEM a mis en œuvre l'approche de précaution, en définissant des points de référence limites, en termes de biomasse du stock reproducteur (SSB) et de mortalité par pêche (F) pour la majorité des stocks sur lesquels il donne des avis. Il faut à tout prix éviter que les points de référence limites ne soient atteints, ce qui implique que des mesures de gestion doivent être prises avant de s'approcher de ces seuils. Le point auquel une mesure de gestion est nécessaire est fonction du degré de précision des estimations des points de référence et de la situation actuelle du stock, mais aussi du risque que les institutions de gestion des pêches sont disposées à accepter. Le CIEM a suggéré des points de référence pour la mortalité par pêche (Fpa) et la biomasse (Bpa) correspondant au moment où il est proposé d'intervenir pour éviter d'atteindre les points de référence limites. Ces points de référence «de précaution» ont été utilisés pour définir des limites biologiques de sécurité plus restrictives qu'auparavant; jusque là il suffisait que la biomasse féconde du stock soit supérieure à un niveau minimum biologiquement acceptable (NBAL), alors qu'aujourd'hui il faut aussi que F soit inférieur à une valeur convenue au préalable.

La situation des ressources et des stocks principaux est résumée ci-après, sur la base des rapports du Comité consultatif de la gestion des pêches du CIEM en 2002 (CIEM, 2002).

Arctique Nord-Est (Sous-zones I et II du CIEM)

Depuis 1997, les évaluations des stocks de morue polaire (de l'Arctique Nord-Est) ont régulièrement indiqué que le stock était inférieur aux niveaux antérieurement estimés. On estime que la mortalité par pêche a considérablement augmenté par rapport à la fin des années 80 et au début des années 90, où des mesures de gestion rigoureuses avaient été mises en œuvre. Le changement radical de la perception du stock entre l'évaluation de 1996 et celle de 1997 illustre de façon frappante à quel point il est difficile d'estimer la taille d'un stock, alors que la brusque élévation de F démontre que la mortalité par pêche peut augmenter rapidement en cas de surcapacité des flottes de pêche. Le stock est aujourd'hui considéré comme surexploité et en dehors des limites biologiques de sécurité, car F est sensiblement supérieur au taux de mortalité par pêche auquel devrait être déclenchée une action proposée par le CIEM (Fpa proposée = 0,42) pour éviter Flim.

Le CIEM résume comme suit la situation des stocks dans cette zone: «les stocks de morue et de Sebastes mentella sont en dehors des limites biologiques de sécurité, l'aiglefin est exploité en dehors des limites biologiques de sécurité, alors que le lieu noir est à l'intérieur des limites biologiques de sécurité. La situation du stock de flétans noirs est mal connue. La SSB montre des signes d'amélioration, mais reste parmi les plus faibles de la série chronologique et, d'après les estimations, le recrutement des dernières années est très inférieur à la moyenne historique. Les informations dont on dispose sur Sebastes marinus sont insuffisantes pour évaluer comme il convient le stock, mais les relevés indiquent nettement une réduction du recrutement, alors que les relevés côtiers et les captures commerciales par unité d'effort indiquent une diminution de l'abondance des plus gros poissons. Le stock de capelans est dans les limites biologiques de sécurité, bien que l'augmentation récente du stock ait atteint un plafond et que le stock ait accusé un léger fléchissement l'an dernier. Le hareng norvégien frayant au printemps est exploité juste dans les limites biologiques de sécurité ou légèrement au-dessus. Le stock de reproducteurs s'amenuise, mais est encore considéré comme dans des limites biologiques de sécurité.»

Figure B2.6 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 31, 33, 34 et 45, Atlantique Nord-Est (Zone 27)

Figure B2.6

Source FAO

La Baltique (Divisions IIIb-d du CIEM)

L'état des populations ichtyologiques de la mer Baltique dépend dans une très large mesure des entrées d'eau saline et oxygénée provenant de la mer du Nord. Ces courants entrants sont irréguliers, peu fréquents et d'une force inégale. Ils ont été importants en 1970, 1974, 1976 et 1979, avec une longue période de stagnation pendant toute la décennie 80, avant une entrée d'eau de moyenne importance en 1993. Depuis lors, aucun afflux majeur ne s'est vérifié.

Le recrutement du stock de morue de la Baltique Est est faible durant les périodes d'eau stagnante car le sperme de morue ne survit pas dans l'eau peu saline et peu oxygénée. Les classes annuelles robustes associées aux conditions écologiques favorables de la fin des années 70 ont permis à la SSB d'atteindre un pic au début des années 80, à près de 700000 tonnes, avant de décliner régulièrement pour tomber à environ 100000 tonnes en 1992, le plus bas niveau de la série commençant en 1966. Les Totaux admissibles des captures (TAC) convenus, fixés pour la première fois en 1989, ont constamment été supérieurs à ceux conseillés par le CIEM et ont eux-mêmes constamment été dépassés par les captures déclarées durant la période 1989–1994, bien que depuis 1995, les débarquements estimés soient inférieurs à la fois aux TAC convenus et aux avis du CIEM. Les deux stocks de morue de la Baltique (Est et Sud-Ouest) sont considérés comme en dehors des limites biologiques de sécurité. On estime que le stock de morue du Kattegat est actuellement surexploité et en dehors des limites biologiques de sécurité, mais que le stock de sprat (Sprattus sprattus) est dans les limites biologiques de sécurité.

Le CIEM a revu sa définition de la structure des stocks de harengs de la Baltique en 2002. Le Tableau B2.1 décrit la structure des stocks, les zones de gestion proposées, et l'état des stocks.

Tableau B2.1 État des stocks et zones de gestion

Unité harengZone de gestion proposéeÉtat
Harengs des subdivisions 22 & 24Baltique Sud-Ouest, Sous-divisions 22, 23, 24Biomasse relativement stable, mais mortalité par pêche trop élevée
Hareng de la Baltique centraleSous-divisions 25, 26, 27, 28, 29 et 32 (sans le golfe de Riga)Taille du stock incertaine, mortalité par pêche trop élevée
Hareng du golfe de RigaGolfe de Riga (partie de la Sous-division 28)Dans les limites biologiques de sécurité
Hareng de la Sous-division 30Golfe de Botnie (Sous-division 30)Biomasse relativement élevée, mais mortalité par pêche trop élevée
Hareng de la Sous-division 31Baie de Botnie (Sous-division 31).Taille du stock considérablement plus faible que dans les années 80.

Mer du Nord (Sous-zone IV du CIEM), Skagerrak (Division IIIa) et Manche orientale (VIId).

L'évaluation du stock de morue englobe aujourd'hui les stocks de Skagerrak et de la Manche orientale, en plus de celui de la mer du Nord. L'ensemble du stock est considéré comme en dehors des limites biologiques de sécurité. Le CIEM a recommandé la fermeture de toutes les pêcheries de morue, aussi bien comme espèce cible que comme prise accessoire. Dans les pêcheries où la morue ne constitue qu'une capture accidentelle, il convient de mettre en place des restrictions sévères sur les captures et les taux de rejet en mer des morues, ainsi qu'un contrôle efficace de leur application . (CIEM, 2002).

Les situations de l'aiglefin et du merlan sont diamétralement opposées: l'aiglefin a une biomasse relativement élevée, mais une mortalité par pêche excessive, alors que le merlan a une biomasse faible, avec une mortalité par pêche basse. Dans les deux cas, le CIEM a recommandé une fermeture de la pêche pour protéger la morue. Dans la définition révisée du stock, le lieu noir est considéré comme dans les limites biologiques de sécurité.

La plie (Pleuronectes platessa) et la sole (Solea solea) de la mer du Nord sont les principales composantes de la pêcherie mixte de poissons plats. À l'exception de quatre classes d'âge exceptionnelles (1963, 1981, 1986 et 1996), le recrutement de plies de la mer du Nord a été étonnamment stable depuis 1956. Cependant la mortalité par pêche a régulièrement augmenté depuis le début de la série chronologique. Le stock est considéré comme en dehors des limites biologiques de sécurité. Les classes d'âge très robustes de soles de la mer du Nord de 1987 et de 1991 ne se sont pas traduites par des augmentations soutenues de la SSB car la mortalité par pêche était trop élevée. Le stock est également considéré comme en dehors des limites biologiques de sécurité.

Les principaux stocks de lançons et de tacauds norvégiens (Trisopterus esmarkii) ciblés par des filets à petites mailles sont considérés comme pleinement récoltés ou pleinement exploités et dans les limites biologiques de sécurité.

L'Union européenne et la Norvège ont établi des points de référence pour la mortalité par pêche et la SSB du hareng de la mer du Nord, afin de maximiser les probabilités de maintenir la SSB au-dessus de 800000 tonnes (Blim), niveau en-deçà duquel le recrutement semble compromis. La gestion ayant répondu rapidement aux avis donnés au milieu de 1996, l'état des stocks de harengs de la mer du Nord s'est amélioré et le stock est maintenant considéré comme dans les limites biologiques de sécurité. La SSB est remontée progressivement depuis le milieu des années 90 où le stock avait une taille réduite, en réaction à une baisse des captures, au recrutement élevé et à des mesures qui ont restreint l'exploitation des juvéniles et des adultes.

Islande (Division Va du CIEM), Îles Féroé (Vb), mer d'Irminger/Groenland (Sous-zones XII et XI)

Dans les îles Féroé, la pêche repose sur de multiples flottilles et de multiples espèces. Un système de gestion basé sur des contingents a été imposé en 1994, mais il a conduit à des augmentations substantielles des rejets en mer et des fausses déclarations, si bien qu'un nouveau système reposant sur l'allocation de journées de pêche individuelles transférables (dans les mêmes catégories d'engins de pêche) a été mis en place en juin 1996. Sous l'effet combiné du faible recrutement de la dernière décennie et de l'effort de pêche important, les SSB des morues du Plateau des Féroé et des aiglefins des Féroé ont sensiblement diminué. Durant la période 1993–1995, le CIEM considérait ces stocks comme en dehors des limites biologiques de sécurité et conseillait la fermeture de la pêche. Depuis, les deux stocks ont augmenté grâce à une amélioration du recrutement et de la croissance, avec une SSB supérieure à la Bpa, la mortalité par pêche des deux stocks étant cependant considérée comme supérieure à la Fpa depuis 1996. Le stock de morue du banc des Féroé semble être juste à la moyenne ou légèrement au-dessus. La SSB du lieu noir des Féroé a augmenté depuis le niveau exceptionnellement bas de 1992 pour dépasser la Bpa en 1998–2001, mais la mortalité par pêche est supérieure à la Fpa.

Les pêches démersales islandaises (sans les sébastes océaniques) sont gérées au moyen d'un système de contingents individuels transférables (ITQ) depuis 1984. Les estimations de la SSB de la morue d'Islande ont diminué, tombant de 1,4millions de tonnes en 1955 à environ 400 000 tonnes en 1966. Si l'on excepte deux courtes périodes d'accroissement de la biomasse associées à de bonnes classes annuelles, la SSB a par la suite tendu à la baisse jusqu'à se situer à moins de 200 000 tonnes en 1988. Le stock de morue a enregistré une augmentation limitée de la biomasse imputable à un meilleur recrutement (classes d'âge 1997–2000) faisant suite à une période prolongée d'accroissement naturel plus faible. Le stock de lieu noir d'Islande est considéré comme en dehors des limites biologiques de sécurité, alors que l'églefin d'Islande a été exploité à un taux de mortalité par pêche très élevé pendant plus de dix ans. La biomasse d'églefin a augmenté au cours des années récentes. Plusieurs classes d'âge robustes sont entrées ou attendues dans la pêcherie.

Les stocks de morue des grands fonds autour du Groenland restent gravement appauvris depuis les années 90. Le CIEM recommande de fermer la pêche et d'élaborer des plans de reconstitution pour les composantes côtières et des grands fonds qui sont considérées comme épuisées.

Les autres principales ressources démersales de la zone nord-ouest sont le flétan noir et la sébaste. Le flétan noir est considéré comme récolté au-delà des limites biologiques de sécurité (la mortalité par pêche étant supérieure à la Fpa), mais certains signes indiquent que la mortalité par pêche aurait diminué et que la biomasse aurait augmenté ces dernières années. La ressource sébaste est constituée de deux espèces, Sebastes marinus et S. mentella , S. marinus alimentant une pêcherie de plateau à 500m de fond, alors que S. mentella alimente une pêcherie pélagique de type océanique de (0 à 500 m de fond) et une pêcherie hauturière dans la mer d'Irminger (en dessous de 500 m). Les trois stocks ont des aires de répartition différentes, auxquelles correspondent des pêcheries différentes. La quasi-totalité des captures de S. mentella océanique dans les Sous-zones XII et XIV du CIEM se font dans les eaux internationales, même si le même stock est présent, au moins à certaines périodes, à l'intérieur des ZEE du Groenland et de l'Islande. S. marinus est considérée comme en dehors des limites biologiques de sécurité. L'état du groupe de stocks de S. mentella océanique et des grands fonds est mal connu et sa structure mal comprise. Le CIEM a conseillé que les TAC ne dépassent pas les captures récentes.

La mortalité par pêche du hareng d'Islande frayant en été a constamment diminué depuis 1988 et la SSB est actuellement parmi les plus élevées historiquement observées depuis 1949. Après l'effondrement du stock en 1968, une interdiction de pêche a été mise en application de 1972 à 1975 et la SSB a augmenté pratiquement sans discontinuer depuis 1971. Le recrutement s'est également amélioré et le stock est en bonne santé. Il est considéré comme pleinement exploité et dans les limites biologiques de sécurité. Grâce à un bon recrutement, le stock de capelans s'est très rapidement repris par rapport au bas niveau dangereux de 1990, pour atteindre un record en 1995, puis revenir à la moyenne en 1996 et 1997, et remonter en 1998–99. Le CIEM a recommandé la fermeture à la pêche commerciale des zones caractérisées par une forte abondance de juvéniles. Le stock est considéré comme pleinement exploité.

Ouest de l'Écosse et Rockall (Divisions VI a-b du CIEM), mer d'Irlande et mer Celtique (VI Ia-c et VII e-k), et le Golfe de Gascogne

Les stocks de morue de l'ouest de l'Écosse, de la mer d'Irlande et de la mer Celtique sont tous considérés comme surexploités et sortant à des degrés divers des limites biologiques de sécurité, et le CIEM conseille de réduire la mortalité par pêche de 60 pour cent dans la pêcherie de la mer Celtique et de fermer les pêcheries de la mer d'Irlande et de l'Ouest de l'Écosse. On ne dispose d'aucune information sur l'état du stock de morues de Rockall alors que les données sur les captures récentes sont jugées peu fiables en raison des fausses déclarations. Le stock de lieu noir de l'ouest de l'Écosse est aujourd'hui inclus dans celui de la mer du Nord et de Skagerrak.

La plie de la mer d'Irlande est jugée pleinement exploitée et dans les limites biologiques de sécurité et il est conseillé d'éviter une augmentation de F. La sole de la mer d'Irlande est considérée comme dans les limites biologiques de sécurité. D'après les rapports, la plie de la mer Celtique est en dehors des limites biologiques de sécurité et il est conseillé de réduire de 40 pour cent la mortalité par pêche. En ce qui concerne la sole, la mortalité par pêche devrait être abaissée en dessous de la Fpa, mais la biomasse est supérieure à la Bpa.

Région ibérique (Division VIII c et Sous-zones IX et X du CIEM)

Le merlu (Merluccius merluccius) est la principale ressource démersale de la région ibérique, avec la baudroie (Lophius spp.) et la cardine (Lepidorhombus spp.). La SSB du merlu austral a régulièrement diminué de 1982 à 1997, mais aurait légèrement augmenté depuis. La SSB du plus grand stock de merlu du nord (présent dans le Golfe de Gascogne, la mer Celtique, la mer d'Irlande et la mer du Nord) a diminué de manière plus progressive de 1978 à 1990, mais est restée relativement stable par la suite. Les deux stocks sont considérés comme surexploités et le CIEM a conseillé un plan de reconstitution pour le stock du nord et un taux de mortalité par pêche aussi bas que possible pour le stock du sud. On ignore quelle est la situation des deux espèces de cardines par rapport aux points de référence, mais il est conseillé de ne pas laisser augmenter la mortalité par pêche. L'ensemble des stocks de baudroie (Lophius piscatorius et L. budegassa), est en dehors des limites biologiques de sécurité, et le CIEM conseille de réduire de 5% la mortalité par pêche. Le stock de chinchard du sud (Trachurus trachurus) semble être resté stable depuis vingt ans; on ne connaît pas la situation de la SSB de la sardine (Sardina pilchardus) car les valeurs absolues de la biomasse diffèrent selon les méthodes d'évaluation employées, mais il semble que la biomasse ait augmenté depuis 2000. Le stock d'anchois (Engraulis encrasicolus) est dans les limites biologiques de sécurité.

Stocks de saumon de l'Atlantique Nord et de la Baltique

Il existe plus de 150 rivières à saumon (Salmo salar) dans la zone de la Commission des pêches de l'Atlantique Nord-Est (NEAC) de l'Organisation pour la conservation du saumon de l'Atlantique Nord [NASCO]. Les rivières surveillées n'indiquent aucune tendance significative en ce qui concerne la production de tacons dans l'ensemble de l'Atlantique Nord-Est. Les stocks unibermarins (1SW) et pluribermarins (MSW) d'Europe du Nord (Scandinavie et Russie) sont considérés comme pleinement exploités et tout juste dans les limites biologiques de sécurité. Pris dans leur ensemble, les stocks unibermarins (1SW) d'Europe méridionale (Irlande, R-U et France) sont considérés comme pleinement exploités ou surexploités. Les stocks pluribermarins d'Europe méridionale sont considérés comme surexploités et en dehors ou proches des limites biologiques de sécurité.

Dans son rapport de 2002, le CIEM résume comme suit la situation du saumon de la Baltique: «Il existe dans la mer Baltique 40 à 50 rivières avec une production de tacons de saumons sauvages. Beaucoup de cours d'eau ont été obstrués par des barrages et les zones de frai et d'alevinage ont été totalement ou en partie détruites. Pour compenser, des écloseries ont été établies dans les rivières où l'on élève des poissons jusqu'au stade des tacons avant de les relâcher (lâchers compensatoires). Ces poissons se nourrissent dans la mer principalement dans le Bassin principal de la Baltique puis retournent frayer dans les rivières, où ils sont exploités à des degrés divers comme stocks de reproducteurs. Dans quelques rivières où sont pratiqués ces «lâchers compensatoires», quelques-uns des saumons qui reviennent parviennent à se reproduire, si bien qu'il y a un petit pourcentage de reproduction naturelle. L'essentiel de la production de tacons sauvages et d'élevage se fait dans le golfe de Botnie.» La Commission internationale des pêches de la mer Baltique s'est fixé pour objectif d'accroître la production de saumon sauvage de la Baltique pour la porter à 50 pour cent de la capacité de production naturelle, d'ici 2010.

Stocks largement distribués, des grands fonds et migrateurs

Le merlan bleu se pêche de la mer de Barents jusqu'au détroit de Gibraltar. Les captures déclarées en 2001 frôlaient les 1,8millions de tonnes, soit le plus haut niveau jamais enregistré. Le maquereau, à présent évalué comme un seul stock pour l'Atlantique Nord-Est, est considéré comme dans les limites biologiques de sécurité, mais F devrait être abaissé en dessous de Fpa. Le développement de la pêcherie exploitant le chinchard occidental a reposé sur la qualité exceptionnelle de la classe annuelle produite en 1982. Le stock est considéré comme dans les limites biologiques de sécurité.

Les espèces des grands fonds, comme l'argentine (Argentina sphyraena) ou la grande argentine (Glossanodon leioglossus), le grenadier de roche (Coryphaenoides rupestris) et l'hoplostète orange de l'Atlantique (Hoplostethus atlanticus), ainsi que plus de vingt autres espèces de poissons osseux et plus de dix espèces de requins sont aujourd'hui pêchées en eaux profondes. Grâce à la longévité de ces espèces, qui s'accompagne d'un faible taux de croissance, les captures peuvent rester élevées pendant un certain nombre d'années sans conséquences apparentes, jusqu'au jour où les stocks s'effondrent brusquement. Le CIEM a conseillé une approche de précaution consistant à maintenir l'effort de pêche au plus bas niveau possible jusqu'à ce que l'on comprenne mieux comment ces espèces réagissent à la pêche. La déclaration des captures ventilées par espèces est un premier pas pour parvenir à cette compréhension. Le CIEM note que les espèces/stocks présents dans sa zone ont été épuisés avant que des mesures de gestion appropriées aient pu être mises en œuvre.

Problèmes environnementaux

Dans le numéro précédent de ce rapport (FAO, 1997), on estimait que le chalutage avec des engins lourds avait un impact majeur sur le fond marin, en altérant et en dégradant les habitats marins, voire en réduisant la diversité des espèces. Il sera difficile de démontrer l'existence de liens de cause à effet statistiquement significatifs entre la dégradation du fond marin et la production de poisson, même si elle est probable, mais une étude d'impact complète et détaillée n'a pas été effectuée. Une recherche dans la base de données des résumés des sciences aquatiques et halieutiques de 1978 à 1999 (ASFA), à l'aide des mots clés TRAWLING (chalutage), BOTTOM (Fond) et IMPACT a permis de trouver 73 références. Sur celles-ci, 29 était sans intérêt dans notre cas, car elles avaient trait à la pêche exploratoire, à la taille des mailles ou à l'effet de la salinité et de la concentration d'oxygène sur le succès de la ponte des morues. Sur les 44 références restantes, 4 étaient des comptes-rendus et des expériences personnels qui, pour précieux qu'ils soient, ne peuvent pas être évalués scientifiquement. Sur les 40 références pouvant être évaluées scientifiquement, 34 identifiaient un effet. Sur ces 34 dernières références, 12 faisaient état d'effets négatifs, 2 mentionnaient des effets positifs (par exemple, l'augmentation de l'abondance des crabes des neiges) et les 20 autres ne se prononçaient pas sur la positivité ou la négativité de l'impact.

C'est probablement le résumé de Jones (1992) qui fournit la description la plus exacte de la situation: «Les recherches ont établi que le degré de perturbation de l'environnement par les chaluts de fond est fonction du poids de l'engin sur le fond de la mer, de la vitesse du passage, de la nature des sédiments déposés au fond et de la force des marées et des courants. Plus l'impact d'un engin sur une zone est fréquent, plus les probabilités d'altération permanente sont élevées. Dans les eaux plus profondes où la faune est moins adaptée aux changements des régimes de sédimentation et aux perturbations créées par les tempêtes, les effets de l'engin mettent plus de temps à disparaître. Des études indiquent que dans les eaux profondes (>1000m), le temps de récupération se mesure probablement en décennies.» La situation est indéniablement complexe et continuera à faire couler de l'encre pendant les années à venir. Une consultation d'experts sur l'approche de précaution, organisée par la FAO et la Suède en 1995 a déclaré: «Des technologies de pêche différentes auront des effets différents sur l'écosystème, la structure sociale des communautés de pêcheurs, la sécurité de ceux qui travaillent dans la pêche et la facilité, l'efficacité et l'efficience de la gestion de la pêche. Ce qui détermine si les objectifs de la gestion des pêches sont atteints, ce n'est pas la technologie elle-même, mais l'intensité et le contexte de son application (c'est-à-dire où, quand et par qui elle est appliquée).» (FAO 1996).

Des préoccupations ont été exprimées quant aux dommages que pourrait causer l'extraction de gravier aux frayères des harengs de la mer Celtique, le long du littoral irlandais. L'expansion de la mariculture et des élevages extensifs marins de saumon de l'Atlantique et leurs effets négatifs potentiels sur le patrimoine génétique des populations sauvages suscitent aussi des inquiétudes.

Problèmes de gestion

La majorité des ressources halieutiques commerciales de l'Atlantique Nord-Est sont pleinement exploitées, surexploitées ou épuisées, malgré des investissements humains et financiers substantiels dans la gestion des pêches, notamment dans les domaines de la recherche scientifique, du suivi, du contrôle et de la surveillance. Comme on l'a déjà indiqué, la gestion scientifiquement rationnelle des pêches est née dans l'Atlantique Nord-Est, et l'on peut penser que les processus actuels de gestion des pêches sont parmi les plus élaborés, avec la fourniture d'avis scientifiques et l'établissement de Captures totale admissibles (TAC) sur une base annuelle, pour la majorité des espèces/stocks. Ces processus prévoient aussi des discussions et des consultations approfondies avec les parties intéressées. Or, malgré cela, la situation des stocks de l'Atlantique Nord-Est ne saurait être considérée comme plus favorable qu'en Méditerranée, où les processus de gestion des pêches sont beaucoup plus rudimentaires, et souvent considérés comme inexistants (dans les cercles halieutiques non méditerranéens). Les raisons pouvant expliquer l'absence de différences notables entre les deux zones ne manquent pas: la gestion des pêches de l'Atlantique Nord-Est n'a pas été mise en œuvre comme il convient, les évaluations scientifiques n'ont pas été suffisamment fiables, les décideurs ont fixé des TAC supérieurs à ceux qui étaient conseillés, les pêcheurs ont dépassé les TAC (en ayant recours à de fausses déclarations ou en sous-estimant leurs captures) et les réglementations et les TAC n'ont pas été respectés.

RÉFÉRENCES

CIEM. 2002. Report of the ICES Advisory Committee on Fishery Management, 2002. URL: http://www.ices.dk/committe/acfm/comwork/report/asp/acfmrep.asp

Dickson, R.R., Meincke, J., Malmberg, S.-A., et Lee, A.J. 1988. The «Great Salinity Anomaly» in the northern North Atlantic, 1968–1982. Prog. Oceanogr. , 20: 103–151.

Dickson, R.R. et Brander, K.M. 1994. Effects of a changing windfield on cod stocks of the North Atlantic (an extended abstract). ICES mar. Sci. Symp. , 198: 271–279.

FAO. 1996. Precautionary approach to capture fisheries and species introductions. Elaborated by the Technical Consultation on the Precautionary Approach to Capture Fisheries (Including Species Introductions). FAO Technical Guidelines for Responsible Fisheries, No. 2: 54p.

FAO. 1997. Review of the state of world fishery resources: marine fisheries. FAO Fisheries Circular, No. 920: 173p.

Jones, J.B. 1992. Environmental impact of trawling on the seabed: A review. N. Z. J. Mar. Freshwat.-Res. , 26 (1): 59–67.

* Consultant, FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques


Page précédente Début de page Page suivante