La méthode adoptée pour approcher l'argument est identique à celle utilisée pour la pêche sardinière: Entretien avec les pêcheurs de Jacqueville, Grand Lahou, Grand Bassam, Fresco, Sassandra, Drewin et San Pedro - Confrontation des témoignages recueillis avec les armements chalutiers au port d'Abidjan et discussions avec la Direction des pêches. Le contact avec les armateurs n'est pas toujours aisé et, de leur propre aveu il est difficile d'obtenir des renseignements précis en ce qui concerne les accidents Les rapports de mer que rapportent normalement les navires ne mentionnent pas pour la plupart les destructions de filets (comm.pers.des chefs de pêche) et ceci pour deux raisons: soit le chalutier ne s'est pas rendu compte d'avoir détruit un filet, soit il préfère ne pas mentionner l'accident à son armateur.
Nous pouvons partir d'une affirmation: l'arrêté ministériel prohibant l'accès du premier mille littoral au chalutier n'est pas respecté par ces derniers. (A partir du 6.12.60 déja le chalutage était interdit à l'intérieur du premier mille, dans le but surtout de protéger les juvéniles. L'arrêté avait pour autre but la diminution du nombre important de naufrages - en effet, les bateaux pêchaient trop près de la barre - Le 10.4.67 l'interdiction de chalutage a été augmenté à 3 milles de la côte. Les chalutiers dont la jauge brute est supérieure à 100 tonneaux et le nombre des petits chalutiers pouvant travailler à l'intérieur était précisé. L'arrêté de septembre 83 reporte la limite interdite à l mille, mais elle n'est jamais respectée (1)).
(1) CAVERIVIERE La pêche industrielle des poissons démérseaux en Côte d'Ivoire p 49.
Les armements sont unanimes (sauf un) à considérer qu'il leur est impossible de respecter la loi puisque, selon leurs affirmations le poisson ivoirien se trouve souvent “à terre”. “Si nous devons respecter cet arrêté, disent-ils, nous pouvons fermer boutique.” Ils estiment d'autre part qu'ils ne peuvent pas savoir s'ils sont à l'intérieur du premier mille, la nuit lorsqu'ils chalutent au sondeur, ceci malgré les cartes des fonds marins.
Les filets qui sont détruits par les chalutiers sont maillants, fixes ou dérivants. Ils sont de dimensions et de mailles variées et sont toujours posés dans le sens du courant. Leur position verticale est maintenue par des plombs et par des flotteurs. Selon notre enquête, les filets qui sont le plus souvent détruits sont le “Tingaf” et “Kwatchingfu” (appellation locale). Ils sont constitués de nappes (appellées “sacs”) fixées ensemble par le haut les unes aux autres. Elles appartiennent souvent à des pêcheurs différents formant une petite compagnie de trois personnes et pêchant sur la même pirogue. Ces filets capturent en général des éspèces nobles: capitaines, carpes blanches, langoustes etc… Le prix d'une nappe de filet peut varier entre 45 et 60 000 frs CFA (comm. pers. M Aikins Chef Fanti Sassandra).
*
Parcequ'il n'est pas apprécié que l'on enquête sur un sujet délicat
qui peut laisser penser que les armateurs feront seuls les
frais d'une politique de dédommagement. A cet égard il semble
que les considérations matérielles à court terme priment sur le
souci d'un aménagement rationnel. Une phrase résume abruptement
cette attitude: “Ce que nous voulons c'est faire de l'argent, le
gouvernement veut que le port marche, qu'on nous laisse à nos
affaires sans y fourrer le nez - de toute façon les armateurs ne
vous diront pas la vérités”.
Le temps d'immersion des filets varie entre un jour et une semaine environ. Ils sont relevés régulièrement, mais on y laisse parfois du poisson avarié qui attire les langoustes.
Nous relevons ci dessous quelques cas de destruction d'engins dont la liste peut paraître fastidieuse mais qui donnent une idée précise de la manière dont ont lieu ces incidents. Nous n'avons pas cité les cas où les renseignements recueillis étaient décidément trop vagues*. Il va sans dire que cette liste est basée sur les affirmations des pêcheurs et qu'elle demandrait à être vérifiée.
Vendredi 2 novembre 1984 au large de Sassandra un chalutier passant de nuit détruit deux filets “Tingaf”. I filet est totalement détruit et l'autre a 2 nappes déchirées. Les filets étaient mouillés à 100m du bord environ.
En 1982 il est arrivé que deux chalutiers trainant un chalut boeuf détruisent 5 filets à eux seuls au large de Sassandra, les 5 filets ont été détruits en même temps. Ces deux navires seraient responsables de nombreux accidents et seraient les seuls à pêcher conjointement.
Le samedi 4 novembre 1984 à Sassandra, de nuit, 2 filets ont été détruits par un chalutier. Le propriétaire, M ATA PAYIN n'a pas pû identifier le bateau.
En décembre 81 M KOKOU BEDOU de Sassandra a perdu 6 nappes de filets, le chalutier est inconnu.
M. BEGINA KOFFI de Fresco a contacté le service des pêches de Sassandra après que ses filets aient été détruits au cours du 2ème trimestre 84. La Direction des pêches à Abidjan a contacté les armements responsables qui ont refusé d'entrer en matière, affirmant que ces accusations étaient totalement fantaisistes.
Mercredi 24 octobre 1984, un chalutier peint de noir et de rouge vers le bas emporte à 12 heures alors qu'il chalutait à lim de profondeur, les filets de M.KOBLADJO. Sur 7 nappes de filets 4 ont été détruites. M; Kobladjo attendait de retirer son filet à proximité sur sa pirogue, il affirme que le filet était correctement balisé. Il faisait des signes pour avertir le chalutier qui n'a rien fait pour l'éviter, et, lors de l'explication houleuse qui a suivi, les matelots du chalutier auraient menacé l'équipqge de la pirogue avec des machettes. Le chalutier aurait volé 4 nappes détruites. Selon les piroguiers, ces nappes sont délestées de leurs plombs et de leurs flotteurs qui seront revendus à l'arrivée à Abidjan. Ceci se passait à Drewin.
M. KWASAKWA de Drewin e eu 6 nappes détruites en 1983. M. KODJO TRU 12 nappes également en 1983. Le 27 octobre à 8 heures du matin 4 nappes sont détruites au large de Drewin à 26m de profondeur. Le chalutier responsable est peint en rouge et noir. Les matelots après avoir volé les filets ont menaçe les pêcheurs qui protestaient avec des machettes.
Le 24 octobre 84 M. KOKOU ESSON Chef Fanti de Jacqueville a perdu une partie de son filet détruit par un chalutier, 4 nappes ont été volées.
A Jacqueville toujours MM PATRICK KWAMNA, KOKU EDJI, KODJO MIEZA et PAUL BENTIL ont été victimes de destruction de filets en septembre et octobre 1984. Leurs filets se trouvaient à une distance de la côte de 100–200 m.
La direction des pêches a été saisie de plusieurs plaintes en provenance d'Azuretti, de Grand Bassam, du village de Dieu Donné près de Port Bouët.
Le rapport 83 du centre des pêches d'Abidjan cite 4 cas de litiges arbitrés par la Direction des Pêches. Les scénarios sont identiques on peut ajouter la destruction d'une senne de plage à Jacqueville. 2 cas concernent des sardiniers - destruction et vol de bouées.
Les enquêtes que nous avons menées à propos de la vente de filets volés en mer au port dAbidjan nous ont appris ceci:
D'après les témoignages dés pêcheurs ont peut déduire que les filets sont détruits à l'intérieur du premier mille. Les chefs de pêche des chalutiers affirment pêcher d'une manière intensive dans les profondeurs de 10–12m., profondeur qui correspond principalement à une zone à l'intérieur du premier mille.
Les chalutiers sont parfois incapables d'éviter les filets maillants s'ils sont mal balisés (…et s'ils ne le sont pas du tout).
Un avant projet de loi à l'exercice de la pêche en Côte d'Ivoire reflète les préoccupations en la matière de la direction des pêches (1). On y lit à l'article 39: “Les pêcheurs exerçant la pêche à l'aide de filets de fonds ou assimilés (…) sont tenus de les baliser par des bouées à perche ou à pavillon battant d'au moins 2 mètres au dessus du niveau des eaux. Article 40: “Tout filet ou autre engin de fond dont la longueur totale est égale ou inférieure à 200 m sera balisée à chaque extrêmite. Tout autre engin de fond dont la longueur excède 200 m sera balisée par 3 bouées: une bouée à chaque extrêmité et la troisième au milieu.”
(1) Avant projet de loi relative à l'exercice de la pêche en Côte d'Ivoire. MPA/DPML. Non daté.
Les balises que nous avons pû voir dépassent rarement un mètre de hauteur, elles sont confectionnées avec des bidons de plastique ou de métal d'une contenance de 60 litres environ et coiffées d'un bâton où est accroché une lampe à pétrole de nuit et un fanion coloré de toile ou de plastique, le jour. Les filets sont en général balisés, il arrive qu'il ne le soient pas aux dires des pêcheurs lorsqu'ayant trouvé un endroit particulièrement poissoneux, le propriétaire (ou les) ne désire pas signaler la place à ses collègues qui seraient tentés également d'y mouiller leurs filets.
Si la mer est mauvaise et si les pêcheurs, par conséquent ne peuvent pas sortir, l'entretien des balises nocturnes devient impossible puisque les lampes à pétrole doivent être rechergées tous les jours.
Si les destructions de filets par balisage inadéquat sont involontaires de la part des chalutiers il est néanmoins curieux de voir que tous les pêcheurs affirment catégoriquement que la destruction de leurs filets est souvent délibérée de la part des chalutiers qui, selon ces pêcheurs seraient avides de capturer les langoustes maillées dans les filets. Cette présomption est également partagée par certains experts de la direction des pêches.
Les sardiniers, eux sont beaucoup plus sensibles aux balises puisqu'ils naviguent a vue à la poursuite des bancs de poissons. Les accidents semblent très rares.
Les navires cargos qui mouillent au port de San Pedro, par contre même s'ils voient les balises ont parfois des difficultés à changer leur route et les incidents sont fréquents
Lorsqu'un chalutier entraîne avec lui un filet maillant, il peut s'en tirer sans dommages ou avec son hélice bloquée, auquel cas il devra se faire remorquer. Si les pêcheurs piroguiers sont présents lors de l'incident, le litige peut être réglé par versement d'une somme d'argent ou aussi par un dédommagement en nature; le chalutier remet une certaine quantité de poissons aux pêcheurs. Il semble en général que les piroguiers acceptent de mauvaise grâce cette solution ayant peu d'espoir de récupérer la totalité des pertes encourues par la procédure officielle établie qui passe par les centres des pêches (voir plus loin). Si les pêcheurs ont pû identifier le bateau et si le délit est reconnu par la Direction des pêches à Abidjan après constat par la gendarmerie ou par le Centre des pêches local, le responsable est tenu à rembourser les dégâts à un prix qui est fixé par la Direction des pêches. En général le règlement a lieu à l'amiable en présence des acteurs de l'incident. Il est rare toutefois que les conflits aboutissent à des règlements.
Pour analyser les conséquences des detructions d'engins au niveau de la pêche artisanale il convient de dire quelques mots d'abord sur son organisation.
Les compagnies artisanales qui pêchent au filet maillant sont presque toujours composées de 3 personnes. Les pirogues mesurent 4 à 5 mètres de long et ne sont pas toujours munies d'un moteur. Ces compagnies naissent souvent d'une association spontanée où chacun des membres contribue à mettre sur pieds l'entreprise, soit en argent, soit en fournissant une contribution en nature: la pirogue ou le moteur. Seuls les filets appartiennent rarement à une personne unique, en effet chaque pêcheur habituellement possède sur chaque filet quelques nappes dont la capture lui reviendra seul, peu importe si ses voisins eux n'ont rien attrapé: le poisson n'est pas partagé.
Qui sont ces pêcheurs ? - Les renseignements récoltés montrent que dans la majorité des cas, ce sont de jeunes pêcheurs qui ont préféré créer leur propre compagnie, plutôt que de s'engager sur une grande pirogue. A Jacqueville ce sont les vieux, parcontre, qui pêchent avec de petites pirogues et des filets maillants. Les explications du Chef indiquent qu'ils ne sont pas assez riches pour posséder une grande pirogue et que, d'autre part ils préfèrent travailler sans moteur par attachement au passé. Sur 7 petites pirogues, à Jacqueville 3 d'entre elles sont conduites par un équipage jeune.
Les fonds d'investissement proviennent souvent d'un prêt contracté auprès des parents. Il arrive aussi que les pêcheurs qui opèrent sur une petite pirogue soient également employés dans les grandes compagnies à la senne tournante. Dans ce cas ils exercent les deux pêches à tour de rôle.
Il semble que l'investissement dans les grandes pirogues soit plus prestigieux.
Il n'est pas rare qu'une compagnie qui possède une ou plusieurs grandes pirogues soit également propriétaire de petites pirogues qui seront prêtées à des pêcheurs contre partage des captures.
Le chiffre d'affaire individuel sur les petites pirogues se situe entre 15000 et 60000 Frs CFA (comm. Pers. Chef Fanti Jacqueville). Si la pirogue n'a pas de moteur les frais d'amortissement seront bien sûr moins élevés, bien que son rayon d'action soit bien inférieur à celui des grandes pirogues.
La destruction d'un filet ne porte tort qu'à son propriétaire puisque ici la chance n'est pas partagée et la malchance nonplus; les captures des différentes nappes de filet reviennent en exclusivité à leur propriétaire, et si par malchance ses nappes-sont détruites il sera seul à devoir en supporter les frais; il ne devra pas éspérer que ses camarades de compagnie plus chanceux partagent avec lui les frais d'achat de matériel nouveau. Il faudra alors qu'il emprunte de l'argent s'il n'a pas les liquidités nécessaires.
L'intensité du traffic chalutier près des côtes est saisonnier. Un rapport du CRO fait observer une diminution de l'effort chalutier exercé sur les fonds côtiers (10–20m) pendant la grande saison froide (juin à octobre) et une augmentation parallèle de celui correspondant à la bande 51–120m (1). Le premier mille marin, le reste de l'année est partagé par les deux pêches. Le traffic chalutier est tellement intense, selon les pêcheurs, qu'ils ne peuvent plus poser leur filets maillants de peur de les voir quotidiennement détruits (novembre - janvier) (comm. pers. pecheurs de Sassandra)*. Dans ces circonstances les grandes pirogues sont seules à sortir en mer et elles emploient parfois, parmig leur équipage les pêcheurs des petites compaignies au chômage.
(1) CAVERIVIERE. Les éspèces démersales … p69
De nouveau le manque de statistiques ne permet pas de voir précisément à quel point l'effort de pêche industriel a des effets sur la production artisanale. Tous les pêcheurs ont affirmé néanmoins que, par exemple le nombre de langoustes diminue lorsque les chalutiers sont nombreux, et par conséquent leur revenu diminue. Ils font la même reflection pour la capture de poissons nobles. Ceci indépendamment des destructions de filets.
On peut estimer que la pêche chalutière près des côtes pénalise la pêche artisanale, et plus particulièrement les entreprises qui viennent de démarrer avec un capital frais (principalement les jeunes) et que, dans ce cas, la destruction conjuguée des filets et la baisse du stock temporaire ou durable (à vérifier) augmentent d'autant les difficultés de remettre sur pieds une entreprise qui vient de faire ses premiers investissements. D'autre part, pour autant que les campements de pêche artisanale disposent d'un arrière pays économique qui permet un écoulement efficace du poisson dans de bonnes conditions de conservation s'il n'est pas fumé (ex. camionette isotherme de San Pedro), on peut penser que le manque à gagner est important puisque le poisson concerné se vend cher. Si la chute de la production du poisson noble local due à l'espacement des sorties en mer fait monter les prix, il semble selon les pêcheurs que la différence de prix n'est pas suffisante pour compenser la perte en poids des produits débarqués.
Nous verrons plus loin pourquoi les pêcheurs ne font rien ou presque pour tenter de récupérer l'argent utile à racheter leurs filets détruits. Il est important de souligner ici que les pêcheurs de la sous préfecture de Sassandra accordent une importance de premier plan au problème de la destruction des filets (les pêcheurs de Drewin et de Fresco le mettent en priorité, ceux de Sassandra en deuxième place après le ravitaillement en essence détaxée).
La destruction des filets par la demande en materiel qu'elle suscite fait ressortir une carence d'infrastructure: celle de l'approvisionnement en matériel de pêche. Les pêcheurs de Sassandra et de San Pedro particulièrement, souhaitent qu'un magasin soit installé dans la région. Ils sont en effet contraints de s'approvisionner à Abidjan qui est très éloigné et doivent affronter lors de leur retour de nombreux barrages de police et de douanes où ils affirment être souvent rançonnés.
On l'a vu, les affirmations empiriques des pêcheurs indiquent qu'un effort de pêche industrielle à proximité du littoral tendrait à influencer négativement leur production.**
Les statistiques chalutières par zone barymétriques et les variations saisonnières d'abondance semblent confirmer ce que disent les pêcheurs - à savoir que la zone côtière (10–20m) est moins fréquentée en saison froide. Les recherches de Caverivière indiquent que sur le plateau continental ivoirien, l'effort total est en général exercé d'une manière assez régulière tout le long de l'année (l'avantage des pontes successives en zone tropicale puisque la reproduction s'étend sur une longue période, serait que ce phénomène conditionnerait le recrutement pratiquement permanent des éspèces démersales) (1).
L'effort des chalutiers est important si on le compare à la surface de la bande des 10–20m pour la zone de Grand-Lahou et particulièrement pour la zone de San Pedro (surtout au large de Monogaga et Sassandra). L'effort est plus faible dans le secteur de Grand Bassam où les filets fixes des pêcheurs artisanaux entravent sérieusement la pêche au chalut*. Il en résulte que la zone de San Pedro où il n'y a pas d'affleurements rocheux est plus pêchée que les autres (2).
Caverivière note encore que sur les petits fonds, les rendements diurnes sont généralement supérieurs aux rendements nocturnes et il ajoute qu'un examen des données montre que l'appauvris sement de la zone de chalutage n'a été vraiment sensible que sur les fonds de 20 m (3). Les variations saisonnières peuvent être dues à des déplacements verticaux ou horizontaux ou bien à l'arrivée de classes nouvellement recrutées. Les migrations horizontales vers la côte ou vers le large pe vent être des phénomènes d'évitement. Ces migrations verticales et horizontales vers la côte sont, de plus, confirmées en Côte d'Ivoire par l'étude de la pêche artisanale, qu'elle utilise des palangrottas ou des filets maillants (4). Pourtant l'effort chalutier au large pendant la saison froide ne signifie pas que la bande côtière s'appauvrit. En effet, une diminution des rendements en saison froide est peut-être à peine perceptible pour les fonds de 10–50m et ne l'est pas du tout pour l'ensemble du plateau” (5) De plus pour confirmer la constance du stock il semblerait selon les études faites que, contrairement à d'assez nombreuses éspèces du secteur sénégalo-mauritanien, les éspèces démersales des autres régions et plus particulièrement de la Côte d'Ivoire ne semblent pas présenter des migrations importantes associées à la reproduction le long des côtes (6).
*
(1) CAVERIVIERE. Les éspèces Démersales… p 149
(2) CAVERIVIERE " pp 77–78
(3) CAVERIVIERE " p 64
(4) CAVERIVIERE " p 82
(5) CAVERIVIERE " p 136
(6) CAVERIVIERE " p 257
Prises par unité d'effort 10–50m et 10–120m par zones (kg/h)
| 1968 | 1969 | 1970 | 1971 | 1972 | 1973 | 1974 | 1975 | 1976 | 1977 | Moye | ||
| 10–120m | Grand Bassam | 152 | 110 | 141 | 137 | 115 | 114 | 140 | 139 | 129 | 126 | 130 |
| Grand Lahou | 155 | 135 | 144 | 153 | 121 | 113 | 139 | 147 | 141 | 149 | 140 | |
| San Pedro | 167 | 124 | 165 | 168 | 132 | 124 | 145 | 163 | 146 | 159 | 149 | |
| 10–50m | Grand Bassam | 152 | 111 | 161 | 155 | 121 | 115 | 141 | 139 | 131 | 137 | 136 |
| Grand Lahou | 166 | 136 | 154 | 164 | 132 | 111 | 135 | 147 | 138 | 140 | 142 | |
| San Pedro | 172 | 148 | 170 | 175 | 120 | 132 | 141 | 163 | 149 | 152 | 152 |
tiré de CAVERIRIERE Les éspèces…p 257
La détermination des lieux de pêche du poisson chalute a été une préoccupation constante depuis 1966: le CRO a recueilli des renseignements sur la provenance du poisson dans le but d'éviter un phénomène de surpêche. Ces études analytiques montrent que l'exploitation globale des stocks démérseaux du plateau continetal ivoirien pourrait être probablement améliorée. L'optimisation de l'exploitation du stock par la pêche industrielle pourrait également profiter à la pêche artisanale et en même temps réduire les conflits. Les mesures envisagées par le CRO pour améliorer les captures sont les suivantes: augmentation du maillage du cul des chaluts, “avec une maille de 77 mm les rendements augmenteraient dans les mêmes proportions et les potentiels de reproduction seraient, dans l'ensemble doublés. Dans un premier temps il est proposé d'augmenter le maillage de 40 à 63 mm pour les chalutiers et les crevettiers. La rentabilité des navires devrait se montrer supérieure surtout pour les chalutiers, du fait surtout des différences de prix suivant la taille des poissons pour une même éspèce. Les potentiels de reproduction seraient maintenus et même quelque peu accrus dans l'ensemble. Les prises pourraient être encore augmentées d'environ 8% si l'effort était de plus réduit de moitié, mais son maintien peut être souhaité pour des raisons socio-économiques (1)” A l'heure actuelle la réglementation fixe les mailles du cul des petits chaluts côtiers à 25 mm (ils ont en même temps une licence pour les crevettes), et à 33 mm pour les gros chaluts. En 1985 la Direction des pêches devrait décider comment modifier le maillage. Pour l'instant le contrôle de la réglementation se fait au port (Comm. Pers. Contrôle sanitaire du port)*