A Madagascar, l'administration et la gestion des plans d'eaux intérieurs ou des Pêches Continentales ainsi que la Pisciculture qui étaient jusqu'en 1979 de la compétence le la Direction des Eaux et Forêts, relèvent à présent du Service de la Production Animale, regroupant en même temps l'Elevage et la Pêche Maritime.
Jusque vers les années 1960, une population rurale clairsemée (4 – 5 millions d'habitants) très faiblement urbanisée (10 – 12 %) d'une part, et d'abondantes ressources en Elevage d'autre part (environ 8 – 9 millions de têtes de bétail) n'avitent pas soulevé de problèmes particulièrement prioritaires relatifs au développement des pêches continentales, ce qui explique naturellement la faible envergure prise par la Division Pêche et Pisciculture administrant ces domaines spécifiques de la production animale (Poisson).
Cependant, au cours de la décennie 1960–1970, les effets directs de l'explosion démographique de l'après-guerre, joints à ceux de l'intensification de l'industrie de la Viande, commençaient à peser lourdement sur l'ensemble du cheptel bovin, dont le taux d'exploitation qui était de 7 – 8 % passait rapidement aux environs de 10 %, alors que pendant le même temps son taux de croissance n'était pas supérieur à 1 %. Depuis lors, l'accroissement rapide et confirmé de la population ne fait qu'accentuer la pression de la demande (consommation) sur l'ensemble des produits alimentaires de base, dont ceux d'origine animale. C'est ainsi que dans les plans d'caux désenclavés les plus importants du Pays, les pêches de subsistance sont passées rapidement au niveau de pêches commerciales; et sans contrôle parce que sans enoairement, ces pêches ont dépassé dans la plupart des cas le niveau cu seuil d'exploitation rationnelle (lacs Itasy, Alaotra, Pangalanes).
Cependant, les Autorités du Pays, conscientes des problèmes du ravitaillement des populations en protéines d'origine animale, et du fait que Madagascar est une île, se sont tout d'abord et naturellement orientées vers les possibilités de puiser dans les ressources ichtyologiques marines. Toutefois, une étude générale de ces ressources, menée au début des années 1970 sous l'égide de la FAO assistant le Pays, (PNUD/FAO/MAG/68/515 - Développement des Pêches Maritimes), confirmait des disponibilités assez limitées en stocks de poissons de masse (ressources pélagiques) bon marché à la production, et l'existence de poisson “nobles” (ressources démersales) dont l'exploitation aussi délicate (fragilité des stocks) que coûteuse (investissements lourds) ne pouvait être envisagée que progressivement, à moyen et long termes, avec beaucoup de prudence et uniquement au niveau de pêches artisanales (exclusion faite des Crustacés et Thonidés).
Face à ces résultats ne laissant entrevoir que des perspectives relativement limitées dans l'exploitation immédiate des ressources marines, alors que la population s'accroît inexorablement, on s'est tourné résolument vers l'étude des possibilités de développement des Pêches Continentales et de l'Aquaculture. C'est en fonction de ces possibilités à moyen et long termes, que le présent document tente d'établir sur les bases les plus raisonnables, la projection des objectifs à atteindre, impliquant parallèlement la structure que devrait prendre l'organisation de l'administration et de la gestion (encadrement) des Pêches Continentales et de l'Aquaculture, pour préparer Madagascar à faire face à ses besoins essentiels “Poisson” au seuil de l'an 2.000.
Nul doute que la restructuration du M.D.R.R.A. en cours, apportera à ce Plan le stimulant et les appuis nécessaires à la mise en œuvre et à la continuité du programme, ainsi qu'à la mise en place des structures d'encadrement qu'il exige, puisqu'elle rassemble dorénavant sous le même Service tous les personnels directement responsables de la Production Animale.
Tableau 1. Disponibilité en Poisson et Viande, par Tête, de 1960 à 1975
| Année | Population totale en Millions (1) | Production Poisson pour consommation locale en Milliers de Tonnes | Bétail Bovin Millions de têtes | Consommation Moyenne par tête, en Kilo | |||||
| Mer * | Eau douce (2) | Totale | Nombre : | Taux d'abattage | Poisson | Viande (3) | Totale | ||
| 1960 | 5.5 | 5.0 | 30.0 | 35.0 | 9.5 | 7–8 % | 6.3 | 17.5 | 23.8 |
| 1970 | 7.0 | 6.3 | 35.5 | 41.8 | 8.5 | 9–10% | 5.9 | 15.4 | 21.3 |
| 1975 | 8.0 | 7.0 | 39.5 | 46.5 | 9.1 | 9 % | 5.8 | 14.4 | 20.2 |
(1)- Taux d'accroissement de la Population : 2.5%
(2)- Le taux d'accroissement de la production Poisson en Eau Douce, de 2 % l'an appliqué de 1960 à 1975 est optimiste et ne peut être maintenu, sauf développement intensif de nouveaux secteurs Pêche et Pisciculture.
(3)- Disponibilité Viande (Poids Carcasse), compte tenu des exportations ainsi que de la consommation des produits du petit élevage (Porcs, Ovins, Caprins, Volaille) d'après :
LACROUTS - Etude des problèmes posés par l'élevage et la commercialisation du bétail et de la viande à Madagascar - 1962.
… d'où disponibilité totale 1962 = 17,8 Kg par tête.
et Estimation et Révisions de la Direction de l'Elevage - 1972.
… d'où 18,3 Kg en 1966 - 16,6 Kg en 1969 et 15 Kg en 1972.
Tableau 2. Déficit des Disponibilités en Produits d'Origine Animale
(Poisson - Viande) pendant les années 1960 – 1975
| Année | Population (Millions) | Produits disponibles par Tête, en Kilo | Disponibilité minimale souhaitable par Tête- Kg | Déficit par rapport au minimum alimentaire | |||
| Poisson | Viande | Total | Par Tête en Kg | Total en Tonnes | |||
| 1960 | 5.5 | 6.3 | 17.5 | 23.8 | 25 (1) | 1.2 | 6.600 |
| 1970 | 7.0 | 5.9 | 15.4 | 21.3 | 25 | 3.7 | 25.900 |
| 1975 | 8.0 | 6.0 | 14.4 | 20.2 | 25 | 4.8 | 38.400 |
Tableau 3. - Projection des Besoins Minima de la Population en produits d'origine animale (Poisson - Viande) de 1980 à l'an 2.000
| Année | Population Totale Rurale et Urbaine - Taux d'accroissement | Besoins Minima en produits d'origine animale (Poisson - Viande) à raison de 25 Kg - An - Tête (Ration souhaitable) | ||
| 2,5 % Million (1) | 3 % Millions (2) | en Tonnes (1) | en Tonnes (2) | |
| 1980 | 9.0 | 9.2 | 225.000 | 230.000 |
| 1985 | 10.2 | 10.6 | 255.000 | 265.000 |
| 1990 | 11.5 | 12.1 | 287.500 | 302.500 |
| 1995 | 13.0 | 14.0 | 325.000 | 350.000 |
| 2000 | 14.7 | 16.2 | 367.500 | 405.000 |
N. B..: Le taux d'accroissement de la population à 3 % est donné à titre indicatif. Dans les tableaux et calculs suivants, seul le taux de 2.5 %, le plus faible, sera retenu. Il n'en reste pas moins que la population malgache oscillera aux environs des 15 Millions en l'an 2.000.
- De même, la projection des besoins minima, sur la base de 25 Kg An - Tête est donnée pour souligner l'importance de l'écart croissant entre les besoins essentiels qui devraient être couverts et les disponibilités réelles en produits d'origine animale (Poisson - Viande). Déjà, au début des années 1960, ce minima n'était pas atteint, tout en étant cependant très proche (Tableau 2), mais l'écart s'intensifie rapidement en fonction de l'accroissement de la population (2.5 %) d'une part, et de la quasi stagnation de la croissance de la production animale d'autre part; bovin = 0,8 % et pêche 2 %, ce dernier taux étant toutefois assez douteux, vraisemblablement surestimé. (Réf : Document Technique no1 - “Programme pour le recueil des données statistiques de base sur les pêches continentales - Production - Commercialisation” 1977 MAG/76/002).
Tableau 4
Projection théorique de la Demande Poisson - Viande, de 1980 à
l'an 2000 calculée sur la base des taux de Consommation
de 1975 (R)
| Année | Population totale Taux 2.5 % | Besoins, au taux de consommation de 1975. Poisson 5.8Kg Viande = 14,4 K Totaux(2) | Déficit Minima Prévisible | ||||
| Millions | Poisson Tonnes 000 | Viande Tonnes 000 | Tonnes 000 | Poisson | Viande | Total(1) | |
| Tonnes 000 | Tonnes 000 | Tonnes 000 | |||||
| 1980 | 9.0 | 52.2 | 129.6 | 181.8 | 2.7 | 8.9 | 11.6 |
| 1985 | 10.2 | 59.2 | 146.8 | 206.0 | 6.6 | 21.7 | 28.3 |
| 1990 | 11.5 | 66.7 | 165.6 | 232.3 | 9.4 | 35.3 | 44.7 |
| 1995 | 13.0 | 75.4 | 187.2 | 262.6 | 10.4 | 51.7 | 62.1 |
| 2000 | 14.7 | 85.3 | 211.6 | 296.9 | 11.4 | 70.7 | 82.1 |
La sous-alimentation qualitative et progressive constatée jusqu'en 1975 et qui s'accentue d'année en année, a peut-être été compensée partiellement jusqu'alors par un accroissement d'apports protéiques d'origine végétale; mais cette hypothèse n'est pas certaine du tout, en raison de la pression démographique forçant la demande sur tous les produits agricoles, dont principalement sur ceux riches en hydrate de carbone qui “remplissent”, et non spécialement sur ceux riches en protéines qui “nourrissent”.
Toutes choses égales, c'est-à-dire un taux de croissance de la population humaine de l'ordre de 2,5%, un taux d'exploitation (abattage) du bétail maintenu aux environs de 9 à 10% l'an, mais pas davantage, laissant un taux d'accroissement du cheptel un peu inférieur à 1% (0, 8%), des exportations stabilisées aux environs de 10.000 T./An (Poids carcasse), la disponibilité réelle en Viande avec os, (Poids carcasse) sera la suivante de 1980 à l'an 2.000 :
Tableau 5
| Année | Cheptel Bovin. Taux d'ac= croissement = 0,8 % | Disponibilité réelle par Tête | Demande au taux de consommation de 1975 en Tonnes | Déficit inéluctable en Viande | ||
| Nombre en 000 Têtes | Taux abattage = 10 % Tonnes (1) | Population Millions | Consommation Kg | en Tonnes | ||
| 1975 | 9.100 | 115.570 | 8.0 | 14,4 | - | - |
| 1980 | 9.470 | 120.629 | 9.0 | 13,3 | 129.600 | 8.971 |
| 1985 | 9.854 | 125.146 | 10.2 | 12,2 | 146.880 | 21.734 |
| 1990 | 10.254 | 130.225 | 11.5 | 11.3 | 165.600 | 35.375 |
| 1995 | 10.669 | 135.496 | 13.0 | 10,4 | 187.200 | 51.704 |
| 2000 | 11.100 | 140.970 | 14.7 | 9,5 | 211.680 | 70.710 |
(1) Poids carcasse établi statistiquement à la moyenne de 127 Kg.
Commentaire : l'ampleur du problème qui se pose à l'Elevage est à souligner, car :
à court terme, c'est-à-dire à l'échéance 1985, le déficit sera de 21.734 T. On pourrait par exemple envisager de le combler par l'élevage le plus rapide; celui du Porc. Dans ce cas, il faudrait produire 181.116 Porcs de 120 Kgs. Or, à titre indicatif, le plus gros élevage porcin - industriel à ANTANANARIVO ne dépasse pas une production annuelle de 1.500 têtes. Il faudrait donc mettre sur pied plus de 100 entreprises de ce niveau dans les 5 prochaines années; mais dans la conjoncture actuelle, il est peu probable que l'initiative privée se manifeste en raison des risques (maladies), des investissements nécessaires, de la technicité dans la maîtrise de tels élevages, des difficultés d'approvisionnement en géniteurs, en provendes, etc…. C'est donc à l'Etat qu'il appartient de créer les conditions favorables à ce développement, par création de Fermes, prêts bancaires, encadrement technique, sécurité de l'approvisionnement en provendes, en géniteurs, etc…., ces mêmes Fermes pouvant produire parallèlement poulets, canards, lapins, etc…
Par ailleurs, aucune solution rapide ne peut être apportée à l'élevage bovin. Dans les meilleures perspectives, les résultats d'une amélioration sensible du gros bétail consécutive à l'amélioration des pâturages (rapidité de croissance, augmentation du poids carcasse, etc….) et à l'amélioration génétique notamment, ne pourraient se manifester qu'à compter de 1990, en supposant qu'un tel programme soit mis en route au seuil des années 1980. En admettant dans ce cas un taux d'accroissement du bétail des plus optimistes, passant de 0,8 à 1,5 % l'an et un gain du poids carcasse actuel (127 Kg) de 10 % en 1990–95 (140 Kg), et de 20 % en 1995–2000 (150 Kg ces incidences sur la disponibilité en Viande - Poids Carcasse, seraient en 1995 de 169.800 T. au lieu de 135.496 T., et en l'an 2000 de 187.470 T. au lieu de 140.970 T. Le déficit prévisible résultant des projections figurant au Tableau 5 serait ainsi déjà sérieusement corrigé, puisque réduit respectivement à 17.400 T. en 1995 (au lieu de 51.704 T.) et à 24.210 T. en l'an 2000 (au lieu de 70.710 T.). Toutefois, malgré cette réduction sensible du déficit, le problème serait encore l o i n d'être résolu et par conséquent, il reflète toute l'importance de l'effort de production qui doit être entrepris d'urgence, dans tous les secteurs, effort qu'il faudra soutenir en permanence.
Dans le domaine de l'Elevage, la carence productive du cheptel naturel est évidente, résultant des conditions d'un élevage extensif. Pour combler le vide qui se précise, il semble qu'ici encore, il incombe à l'Etat de promouvoir la multiplication de Fermes d'Embouche engraissant du bétail domestique sélectionné, à croissance rapide et à forte production de chair.
N.B Ces commentaires sont purement indicatifs, résultant de l'analyse des tendances exprimées par les projections; ils ne pouvaient être ignorés dans cette étude, du fait que la production animale associe étroitement Viande et Poisson. Il est évident que le concept et l'application de mesures adéquates pour l'amélioration et le développement de la production du bétail relèvent de la compétence directe des techniciens de l'Elevage, mais le problème n'en demeure pas moins posé.
En fait, il est aisé de comprendre combien il est dangereux de descendre sous le seuil des 20 Kgs de consommation de produits d'origine animale, par tête. C'est pourquoi la projection des besoins jusqu'à l'an 2.000 est présentée ici sur la base de “détresse” des taux de consommation de 1975. Les tonnages exprimés devraient servir d'objectifs à atteindre impérativement, tant en Pêche qu'en Elevage. Mais l'analyse des tendances ressortant des tableaux 4-5-6 démontre combien cette tâche sera difficile - voire impossible - sans l'adoption immédiate par les Autorités Gouvernementales, de mesures énergiques permettant le développement intensif de ces deux secteurs essentiels pour la sauvegarde de la qualité de vie des populations. Les déficits minima prévisibles doivent également être pris en considération et le manque certain de produits d'origine animale devrait être compensé par une production planifiée de produits d'origine végétale riches en protéines (soja, arachide, pois, maïs, haricot, avocat, etc…).
De même, on suppose dans cette étude que le pouvoir d'achat des populations sera constant et que les prix de ces produits de base, Viande - Poisson seront réglementés (et respectés) en conséquence; sinon, le manque croissant prévisible de ces produits entraînera des hausses considérables de prix, réduisant d'autant l'élasticité de la demande.
Tableau 6
Prévision des disponibilités probables en Poisson - 1980/2000 (1)
| Année | Production Poisson en 000 Tonnes | Disponibilité par Tête | Demande au taux consommation 1975 | Déficit minimum probable en Poisson 000 Tonnes | |||
| Mer | Eau Douce | Totale | Populat. Millions | Kg | |||
| (2) | (3) | 000 Tonnes | |||||
| 1960 | 5.0 | 30.0 | 35.0 | 5.5 | 6.3 | - | - |
| 1970 | 6.3 | 35.5 | 41.8 | 7.0 | 5.9 | - | - |
| 1975 | 7.0 | 39.5 | 46.5 | 8.0 | 5.8 | - | - |
| 1980 | 8.0 | 41.5 | 49.5 | 9 | 5.5 | 52.2 | 2.7 |
| 1985 | 9.0 | 43.6 | 52.6 | 10.2 | 5.1 | 59.2 | 6.6 |
| 1990 | 10.4 | 46.9 | 57.3 | 11.5 | 5.0 | 66.7 | 9.4 |
| 1995 | 12.0 | 53.0 | 65.0 | 13.0 | 5.0 | 75.4 | 10.4 |
| 2000 | 13.9 | 60.0 | 73.9 | 14.7 | 5.0 | 85.3 | 11.4 |
Ce résultat a pour causes:
un effort de pêche accru pour répondre à la pression de la demande.
une amélioration très sensible du contrôle statistique de la production marine par l'extension de l'encadrement des zones de pêche, au cours des mêmes années.
Il est impossible de faire la part exacte de l'incidence de ces causes sur le taux réel d'accroissement de la production. Toutefois, où l'effort de pêche s'est accru, notamment dans la région de TOLIARY, on a rapidement constaté un fléchissement de la production ; la pêche piroguière traditionnelle manquant de mobilité (pirogues non-motorisées) doit exploiter constamment les mêmes fonds dont les stocks sont très vulnérables. Cette situation devrait cependant s'améliorer si le programme de développement des pêches artisanales prévu pour débuter au seuil des années 1980 se réalise; on prévoit la mise en activité de petits bateaux mécanisés dont la mobilité et la technicité permettront la diversification des pêches et des zones d'exploitation. Procédant par étapes, ce programme ne prendra une certaine envergure qu'après quelques années (5 à 10 ans), mais vu le faible volume atteint par les pêches maritimes traditionnelles (8.000 T.) un apport complémentaire même relativement minime (100 – 200 T/an) aura une incidence directe sur le taux de croissance de la production.
Bien qu'alors l'effet du resserrement statistique ne jouera plus sur les chiffres de production, on peut admettre sous réserve du déroulement normal de l'expansion des pêches artisanales, de l'apport d'équipement et de l'appui à la commercialisation, le maintien d'un taux annuel d'accroissement de 2.5 % de 1980 à 1985, et de 3 %, de 1985 à l'an 2.000. Les perspectives d'un tel développement paraissent très raisonnables, puisqu'elles feraient passer la production de ce secteur, de 8.000 T. à 14.000 T., en l'espace de 20 ans.
Malgré la fragilité bien connue des stocks, des ressources suffisantes, de l'ordre de 100.000 T., existent sur l'ensemble du plateau continental. Mais l'exploitation rationnelle de ces ressources exige une grande mobilité des bateaux (mécanisés) un effort de pêche diversifié tant sur les espèces démersales et pélagiques que sur les zones de pêche proprement dites, ce qui implique une large dispersion des centres de promotion des pêches artisanales. Un objectif plus large ne serait guère réaliste, en raison de la complexité même du processus de développement impliquant la mise en place des structures d'accueil propres aux bateaux mécanisés et à la manutention de la production, l'apport en flottille adéquate (construction - équipements) la formation technique d'équipages (navigants - mécaniciens - pêcheurs) l'importance des investissements, de la gestion, de l'encadrement, etc… Ce sont les raisons pour lesquelles, malgré l'importance des ressources marines disponibles, un taux d'accroissement supérieur à 3 % n'est pas à envisager dans les 20 prochaines années. Par contre, au début des années 2.000, un taux de 4 % pourrait être atteint et maintenu jusqu'au point de saturation du rendement.optimum soutenable, pour autant que le programme de développement des pêches artisanales soit planifié et réalisé en vue d'atteindre et maintenir ce taux de croissance.
A cet égard, les Pêches Maritimes disposent d'un plan de Développement des Pêches Artisanales complet, élaboré à la fin du Projet PNUD/FAO/MAG/515 - Développement des Pêches Maritimes 1968–1974 et dont la mise en oeuvre semble devoir faire appel à l'aide extérieure.
En Pêches Continentales, si le taux d'accroissement d'environ 2 % de la production a pu être admis, bien qu'optimiste, appliqué d'une manière continue sur une période aussi longue 1960/1975, en raison notamment du désenclavement de certaines régions très poissonneuses de l'Ouest (Maevatanana - Marovoay - Ambato-Boéni - Port Bergé, Miandrivazo, etc…) qui ont connu un développement aussi rapide qu'intensif, ainsi que du résultat de l'introduction de Carpe et Tilapia, il n'en reste pas moins qu'ajourd'hui, la plupart des plans d'eaux principaux (supérieurs à 500 ha) sont surexploités.
Devant ce fait évident, un taux d'accroissement aussi rapide en pêche traditionnelle ne peut être maintenu. Pour beaucoup de plans d'eaux, il est probable que pendant quelques années la production sera stationnaire, voire même en régression ; tel est le cas confirmé notamment pour le lac Alaotra, les Pangalanes, le lac Itasy, etc.… aussi, de 1975 à 1980, le taux d'accroissement le plus vraisemblable n'a pas dû être supérieur à 1 %, et ce taux qui paraît raisonnable est maintenu dans les projections jusqu'en 1985.
Ici, il y a nécessité évidente de procéder d'urgence à des aménagements écologiques et piscicoles dans la plupart des plans d'eaux ; d'intensifier au maximum la rizipisciculture, et enfin, de développer l'aquaculture en eau saumâtre. Ce programme exposé dans ses grandes lignes dans le paragraphe suivant n'aura pas dans l'immédiat, (les 5 prochaines années) une signification marquante sur le volume de production déjà élevé actuellement atteint dans ce secteur ; par exemple une augmentation de 100 – 200 T/an ne représente que 0,2 à 0,5 % du volume de 41.500 T. (1980). Compte tenu de ce fait et des effets régressifs de la surexploitation (qu'il faut juguler à tout prix) sur l'avenir des ressources, le taux moyen d'accroissement de la production des pêches continentales le plus raisonnable qui semble pouvoir être maintenu, est celui de 1 % pendant les 5 prochaines années (1980 – 1985), 1,5 % les 5 années suivantes (1985 – 1990) et 2,5 % de 1990 à l'an 2000, pour autant que les programmes de développement proposés se réalisent dès le début des années 1980. Ils impliquent évidemment la mise en place de l'encadrement technique, scientifique, juridique et financier préconisé dans ce document.