La superficie du lac Mobutu est de 5.270 km2; elle est partagée entre le Zaïre (2.420 km2) et l'Ouganda (2.850 km2). Ce lac se trouve à une altitude moyenne de 618 km; sa longueur est d'environ 160 km et sa largeur maximum de 35 km. La profondeur maximum est de 58 m et la profondeur moyenne de 25 m. Au sud, le vaste delta du semliki, qui s'étend tant dans les eaux zaïroises qu'ougandaises, est en grande partie de faible profondeur (1 à 20 m). Au nord du lac on rencontre une zone similaire de faible profondeur. Entre ces deux zones du côté zaïrois, se trouve une bande côtière d'eau basse qui tombe rapidement dans un grand bassin dont la profondeur maximum atteint 58 m.
En ce qui concerne les eaux, la couleur est verte, dûe probablement à l'abondance du plancton; le pH de 8,5; les eaux sont riches en sels et en oxygène à toutes les profondeurs.
Les principales espèces commerciales sont les suivantes:
| Nom scientifique | Nom vernaculaire |
| - Alestes grandisquamis et Alestes baremose | Sardine |
| - Hydrocion goliath et Hydrocion forskaly | N'gassia |
| - Lates niloticus | Capitaine |
| - Tilapia spp. | Ndakala |
| - Synodontis spp. | Fodo Fodo |
En moyenne les Characides représentent 40 % des captures et les Lates 26%.
Plusieurs études effectuées dans le passé ont estimé des rendements de 40 à 55 kg/ha. Sur cette base la production potentielle serait la suivante:
| Zaïre | Ouganda | Total | |
| (t) | (t) | (t) | |
| à 40 kg/ha | 9.680 | 11.400 | 21.080 |
| à 55 kg/ha | 13.310 | 15.675 | 29.985 |
D'après ces estimations, on peut constater que la différence entre le minimum et le maximum exploitable est énorme (approximativement 9.000 t).
En 1988, un recensement effectué par le projet lac Mobutu a dénombré 8.500 pêcheurs. De manière générale, il est admis que leur nombre est en train de s'accroître rapidement.
Environ 1.500 personnes travaillent dans les activités à terre et 500 sont occupées dans la commercialisation.
On peut donc affirmer que les pêcheurs du lac Mobutu forment une véritable industrie à caractère artisanal.
Les pêcheurs du lac Mobutu appartiennent à des ethnies différentes dont le degré d'association est assez faible.
Plusieurs tentatives ont été effectuées pour créer des associations de pêcheurs. La dernière en date a été effectuée par le projet lac Mobutu, qui a groupé les pêcheurs en 5 associations pré-coopératives appelées “propêches”.
Ces “propêches” existent jusqu'à présent et sont établies à Mahagi Nord et Sud (2), Djugu (2) et Irumu (1).
La fonction des “propêches” était de revendre l'équipement du projet lac Mobutu avec une commission de 10%. La fin du projet a engendré une situation de paralysie dans ces groupements.
L'impression ressentie au cours de la mission est le manque de formation et de sensibilisation des pêcheurs aux thèmes coopératifs. La plupart d'entre eux n'ont aucune idée de la fonction d'une coopérative, et il est probable qu'ils ne se sont associés que pour obtenir les avantages dérivant du projet.
L'embarcation la plus utilisée sur le lac est une barque en planche copiée sur la pirogue traditionnelle de l'Ouganda avec une capacité de plusieurs tonnes. La flotille composée par ces barques est estimée à 2.000/2.500 unités. En outre, on trouve environ 800–1.000 pirogues traditionnelles. La stabilité de ces embarcations est précaire et les pêcheurs craignent de se rendre au large à cause des vagues.
Le nombre d'embarcations motorisées est faible: on estime que pour l'ensemble du lac, il y a 400 moteurs hors-bord dont la puissance est de 6 à 15 CV.
Par conséquent, la plupart des embarcations sont propulsées à la pagaye par 1 à 3 hommes et leur rayon d'action sur le lac est limité.
Les véritables freins à la diffusion des moteurs hors-bord, qui seraient nécessaires pour étendre l'exploitation sur toute la superficie du lac, sont le prix et les ruptures de stocks du carburant, ainsi que le manque de pièces détachées.
Les engins les plus utilisés sur ce lac sont les filets maillants, les palangres et les sennes de plage:
Filets maillants
Ces filets ont des mailles de 4 à 8 cm (étirées) et peuvent être placés en surface (espèce cible: “N'gassia”) ou bien dans le fond (capitaine); le matériel, importé de Corée, est de mauvaise qualité; même les flotteurs (en bois) et les lestes (cailloux) sont inadéquats. La durée de vie des filets est assez brève: six mois - un an maximum.
Le projet lac Mobutu a cherché à introduire du matériel de bonne qualité, mais après trois ans d'expérience il était évident que les pêcheurs préféraient investir le moins possible dans l'équipement, vu les fréquents vols de filets. Il en résulte que certaines zones du lac sont peu exploitées, les pêcheurs ne voulant pas trop s'éloigner de leurs campements;
Sennes de plage
Ces engins sont encore très utilisés sur ce lac malgré leurs effets nuisibles à l'écosystème. On suggère de fixer une date pour leur interdiction, de manière à ce que les sennes qui existent puissent être éliminées progressivement.
Le nombre limité d'unités motorisées, le prix élevé du carburant, les embarcations inadéquates, font en sorte que la pêche artisanale est concentrée dans les zones peu éloignées des villages et des centres de commercialisation.
Il en résulte que:
certaines zones côtières sont peu exploitées;
les zones au large (en particulier le grand bassin profond qui se trouve au centre du lac) sont inexploitées;
les espèces de grande taille sont peu pêchées.
En conclusion, il faudrait aménager les pêcheries du lac Mobutu de sorte qu'on puisse parvenir à une exploitation rationnelle des ressources qui soit équilibrée sur toute l'étendue du lac.
En 1989, une seule entreprise pratiquait encore la pêche semi-industrielle (senne tournante). Les autres entreprises se limitent à armer quelques pirogues et à commercialiser le poisson produit par la pêche artisanale.
Les statistiques officielles étant très imprécises, il s'avère difficile d'avancer des chiffres concernant la production réelle du lac: cependant ces statistiques sont les seules données dont on dispose.
En 1987 et 1988 la production du lac Mobutu était la suivante:
| 1987 | |
| Espèces | Tonnes |
| Alestes | 42 |
| Hydrocion | 4 014 |
| Lates | 1 663 |
| Tilapia nilotica | 1 646 |
| Bagrus | 696 |
| Synodontis | 30 |
| Labeo | 7 |
| Divers | 311 |
| TOTAL | 8 406 |
| 1988 | |
| Hydrocion spp. et Alestes | 3 533 |
| Lates | 2 613 |
| Tilapia | 4 265 |
| Divers | 1 590 |
| TOTAL | 12 001 |
L'augmentation spectaculaire de la production en 1988, ne s'explique autrement que par l'imprécision des statistiques.
La détérioration progressive, pendant les quinze dernières années, des seules pistes d'accès de Kasenyi à Bunia (55 km; 3 heures de temps) et du port de Mahagi à Mahagi (155 km) a pratiquement enclavé les pêcheries du lac Mobutu.
On pense, et il est généralement admis, que l'état des pistes est la contrainte la plus grave au développement des pêcheries du lac.
Si la production pouvait être évacuée à l'état frais, sa valeur marchande serait beaucoup plus élevée, le travail des pêcheurs réduit et la valeur nutritionnelle du poisson plus grande. Par conséquent, la réhabilitation de la piste qui relie Kasenyi à Bunia doit être considérée comme une priorité pour le développement des pêcheries du lac.
Les méthodes de traitement utilisées au lac Mobutu sont les suivantes:
salage/séchage
D'après nos estimations, 80 pour cent des captures du lac est salé/séché. Une grande partie du poisson salé/séché observé était mal préparé: les poissons étaient entassés dans les magasins pendant la nuit et, le matin, étalés sommairement sur les séchoirs, ou bien sur la terre et rarement retournés. Le produit n'était pas complètement séché (voire légèrement fermenté, mais on peut se demander si ceci n'est pas destiné à satisfaire le goût des consommateurs), et, une fois emmagasiné et emballé, sa durée de vie est très limitée.
Les activités de salage/séchage sont effectuées par des femmes commerçantes qui souvent revendent leurs produits à des transporteurs/commerçants. Il s'agit d'une véritable petite industrie artisanale qui donne du travail à 1.000/1.500 individus. Cependant, la valeur marchande du produit est réduite, à cause de la méthode rudimentaire de traitement;
salage en saumure
Après l'éviscération, les entreprises semi-industrielles plongent les poissons pendant trois jours dans de grosses cuves en ciment contenant de la saumure.
Cette technique est utilisée au niveau artisanal aussi, mais pour les espèces de grande taille seulement;
fumage
Dans le passé, des quantités importantes de poisson étaient fumées à chaud. A cause de l'abattage indiscriminé des arbres, le bois approprié est devenu rare et coûteux de sorte que très peu de poissons fumés sont produits actuellement.
A cause de la dégradation des routes et de la vétusté des installations qui ne sont pas renouvelées depuis longtemps, les quantités de poisson congelé sont de plus en plus réduites (10 pour cent environ des captures).
A Kasenyi, trois comptoirs d'achats et environ 10 grossistes transportent avec régularité du poisson salé-séché. Ce poisson part vers Bukavu, Béni, Goma, Kisangani, Isiro, certains centres ayant une préférence très marquée pour certaines espèces. C'est ainsi qu'à Bukavu sont exclusivement vendus Hydrocion et Tilapia.
Les commerçants ambulants vendent dans les mêmes centres des quantités de poisson variant de 0,2 à 3 tonnes; n'étant pas propriétaires des camions, dans la plupart des cas, ils s'associent pour les louer.
A Mahagi port, 5 commerçants, dont 4 propriétaires de camions, opèrent en permanence.
La vente en frais est surtout effectuée par les pêcheurs au niveau des débarcadères. Il existe également quelques petits commerçants ambulants (appelés les “soupes rouges”) à bicyclette qui achètent du poisson à Kasenyi, tôt le matin, pour le revendre dans la journée à Bunia.
L'ECN dispose d'un officier, trois sous-officiers et 4 agents au lac Mobutu. L'officier et les sous-officiers sont chargés des activités de contrôle et de l'application de la législation, tandis que les agents se limitent à la relève des données statistiques, ainsi qu'à l'encadrement (théorique) des pêcheurs.
Le nombre des agents est insuffisant, car actuellement plusieurs débarcadères du lac échappent au relevé statistique.
Les agents de l'ECN sont complètement dépourvus de l'équipement nécessaire pour accomplir leur tâche.
Les cadres et les agents devraient recevoir une formation en vulgarisation, en traitement et statistiques par le projet FAO à Kinkolé.
La superficie du lac Mobutu est de 5.270 km2; elle est partagée entre le Zaïre (2.420 km2) et l'Ouganda (2.850 km2). Le Zaïre dispose donc de 55 pour cent du lac. La situation administrative est, par conséquent, inverse par rapport au lac Idi Amin, où le Zaïre dispose de la plus grande partie du lac.
D'après les informations reçues, des différences substantielles existent dans le degré de développement des deux pêcheries nationales, à savoir:
les techniques de pêche et de traitement sont les mêmes. Cependant, au Zaïre, le nombre de pêcheurs et de pirogues est plus élevé; en particulier, les unités motorisées y sont plus nombreuses;
la cause principale de cette situation réside dans la différence de pouvoir d'achat entre consommateurs zaïrois et ougandais: les prix du poisson sont plus rémunérateurs au Zaïre qu'en Ouganda. Par conséquent, les pêcheurs ougandais ont tendance à se concentrer dans les centres proches de la frontière et à exporter leur production vers le Zaïre;
Les prix rémunérateurs ont permis le développement d'une véritable industrie de pêche à caractère artisanal au Zaïre. Par conséquent, malgré le potentiel différent, le niveau de production est plus élevé au Zaïre qu'en Ouganda: 13.000 t capturées au Zaïre contre 6.000 t en Ouganda.
La normalisation de la situation politique en Ouganda entraînera également le développement des pêcheries de ce pays. Cette situation devrait être accélérée par la réalisation de projets de développement en Ouganda car l'homogénéité du degré de développement des pêcheries facilitera la réalisation d'accords de pêche dans l'intérêt commun des deux pays. En particulier le projet pilote de relance de la pêche semi-industrielle devrait s'effectuer dans les deux parties du lac.