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4. ANALYSE DE L'OFFRE

A l'exception de 2 unités industrielles pêchant à la senne tournante, une à Goma (Zaïre) et une autre au Centre de pêche de Gisenyi et une unité semi-industrielle également à Gisenyi, la pêche pratiquée sur l'ensemble du lac Kivu est artisanale. Elle est effectuée par des trimarans avec des équipes de neuf pêcheurs en moyenne. Ce mode de pêche paraît actuellement le mieux adapté à l'environnement du lac Kivu et au contexte socio-économique de la population riveraine.

4.1 Infrastructure matérielle

La flottille de pêche artisanale du lac Kivu, coté rwandais et zaïrois est évaluée à intervalles réguliers. Les estimations effectuées en Avril et Octobre 1990 ainsi que les extrapolations pour les autres mois sont données dans le tableau 1.

TABLEAU 1: Nombre total des unités artisanales du lac KIVU, 1990

1990janfévmarsavrmaijuinjulaoûtsepoctnovdécmoyenne annuelle
nombre total d'unités artisanales       *         *   
190192194196201206211216221227227227209

* Estimations réelles (les autres sont des extrapolations).

Le nombre moyen des unités artisanales de pêche présentes sur tout le lac au cours de l'année 1990 était de 209.

D'après l'étude de la rentabilité des unités artisanales faite en août 1989, la valeur moyenne d'une UEP est de 480.000 FRW. Nous aboutissons alors à une valeur moyenne globale de toute la flottille artisanale de pêche présente sur le lac pendant l'année 1990 de l'ordre de:

209 UEP × 480.000 FRW/UEP = 100.320.000 FRW

La valeur de cette flottille à la fin de l'année 1990 était de:

227 UEP × 480.000 FRW/UEP = 108.960.000 FRW

Le taux d'activité moyen des unités artisanales, pendant l'année 1990 et sur tout le lac était de 74.6% et le nombre moyen d'unités actives est déterminé comme suit

TABLEAU 2: Nombre d'unités actives, lac KIVU, 1990

1990janfévmarsavrmaijuinjulaoûtsepoctnovdécmoyenne annuelle
nombre d'UEP artisanales actives137137145146157160144160182168166170156

Le nombre moyen d'unités artisanales actives est donc de 156.

4.1.1 Estimation de la capture totale de la pêche artisanale, 1990

L'estimation de la capture totale du lac Kivu, au cours de l'année 1990 est basée sur la capture moyenne journalière par unité artisanale et par nuit de pêche déterminée sur la base des unités enquêtées, ramenée au nombre total d'unités actives sur tout le lac. On y ajoute ensuite la quantité débarquée par les senneurs.

4.1.1.1 Répartition mensuelle de la capture totale des unités artisanales et industrielles

TABLEAU 3: Captures totales, lac KIVU, 1990 (tonnes)

1990janfévmarsavrmaijuinjulaoûtsepoctnovdéctotal
capture Isambaza222,3211,9221,5224,2209,7237,2177,2201,1249,6246,8221,8236,92660,2
capture Haplochrom. 85,2116,7 64,2  91,3  82,7132,9  79,7125,3117,0  83,1  78,7  76,01138,8
capture totale307,5328,6285,7315,5292,4370,1256,9326,4366,6329,9300,5312,93793,0

4.1.1.2 Répartition géographique des débarquements.

Si on établit une proportion sur la base de la surface des eaux rwandaises (42%) et Zaïroises (58%), on aura une production totale répartie comme suit:

les eaux rwandaises:

une production de: 1117 tonnes d'Isambaza
476 tonnes d'Haplochromis

les eaux Zaïroises:

une production de: 1543 tonnes d'Isambaza
657 tonnes d'Haplochromis

La partie de la capture effectivement débarquée au Rwanda ne représente que 31% de la production totale et 69% sont débarqués au Zaïre.

TABLEAU 4: Répartition des débarquements

%sites rwandais%sites Zaïrois
31825 tonnes Isambaza
352 tonnes Haplochromis
691835 tonnes Isambaza
  780 tonnes Haplochromis

Les pêcheurs zaïrois et certains pêcheurs rwandais préfèrent débarquer du côté du Zaïre pour les raisons suivantes:

Présence du côté du Zaïre de marchés plus importants à cause du voisinage de grandes villes (Goma et Bukavu).

Nombre d'acheteurs plus élevé, surtout de grossistes, qui écoulent une partie de la production dans des marchés à l'intérieur du pays.

Les prix sont plus intéressants surtout pour les unités rwandaises. La hausse des prix du poisson au Zaïre est engendrée par la hausse des prix du pétrole, les unités rwandaises qui achètent le pétrole moins cher que les unités zaïroises profitent de cette situation et débarquent leur production au Zaïre.

4.1.1.3 Capture moyenne par unité et par nuit de pêche

Basée sur les observations effectuées sur les unités enquêtées, la capture moyenne par unité et par nuit de pêche varie entre 39 et 51 kg d'Isambaza et 15 à 31 kg d'Haplochromis.

TABLEAU 5: Estimation des prises moyennes par unité et par nuit de pêche

1990janfévmaravrmaijuinjulaoûtsepoctnovdécmoyenne annuelle
Isambaza48514647404739404648454645
Haplochromis25311521172920282218181622

La capture moyenne par unité et par nuit de pêche est de 45 kg d'Isambaza et 22 kg d'Haplochromis. On a également estime que le nombre moyen de sorties de pêche est de l'ordre de 277 jours/an, ce qui aboutit à une production annuelle moyenne par unité de l'ordre de:

12465 kg d'Isambaza et
6094 kg d'Haplochromis

Le prix moyen d'un kilogramme de poissons (Isambaza et Haplochromis) est estimé à 76 FRW au cours de l'année 1990 et on obtient alors un chiffre d'affaires moyen pour tout le lac de l'ordre de:

1.410.484 FRW/an/unité de pêche

Nous avons aussi estimé le nombre moyen des unités actives de l'ordre de 156 unités, nous en déduisons un chiffre d'affaires global pour toute la flottille artisanale du lac Kivu, au cours de l'année 1990 de:

220.035.504 FRW/an

D'après les résultats de l'analyse des unités artisanales faite en Août 1989

Les charges totales moyennes/an/unité: 584.684 FRW

Soit donc un Cash-flow (revenu) moyen par unité et par an de l'ordre de 825.800 FRW/unité/an (pour tout le lac et au cours de l'année 1990).

4.1.1.4 Captures des unités industrielles et semi-industrielles

Il y a 2 unités industrielles au lac Kivu qui pêchent à la senne tournante et coulissante, une unité à Goma (Zaïre) et l'autre au projet de Gisenyi, mais cette dernière n'est pas exploitée à plein temps à la pêche. Elle participe aussi aux recherches et aux prospections acoustiques.

Pour les unités semi-industrielles, il n'y a qu'une seule unité au projet pêche de Gisenyi, c'est une pirogue de type sénégalais qui pêche aussi à la senne tournante et coulissante, elle est propulsée par un moteur hors-bord de 25 chevaux.

TABLEAU 6: Captures des unités industrielles et semi-industrielles au cours de l'année 1990 (en tonnes)

1990janfévmarsavrmaijuinjulaoûtsepoctnovdéctotal
unité de GomaISAMB16,113,515,715,313,6119,29,36,59,47,87134,4
HAPLO-  0,2  1,5  2,5  1,2     0,1---0,30,1 0,5    6,4
les unités du projet de GisenyiISAMB4,3 4,3  4,34  3,1     1,60,70,20,2--- 22,7
HAPLO----  1,1--0,60,1---   1,8

4.1.1.5 Captures des unités artisanales débarquées dans les centres du projet

TABLEAU 7: Pourcentage des captures débarquées dans les trois centres du projet

1990janfévmaravrmaijuinjulaoûtsepoctnovdéctotal annuel
Isambaza (t)63,1  55,1  56,8  62,7  46,6  29,2  23,916,8  23,3  26,9  24,1  25,3    453,8
pourcentage3128283124131410111111-   

4.2 Infrastructure humaine

Dans ce paragraphe, en déduisant le nombre moyen de pêcheurs artisanaux d'Isambaza pêchant la nuit à la lumière, on envisage l'impact de cette activité dans la population, et le nombre de personnes concernées.

209 unités actives pendant l'année 1990
9 pêcheurs en moyenne/unité de pêche

Nous aboutissons alors à:

1881 pêcheurs d'Isambaza, pêchant la nuit à la lumière/an

Selon l'enquête KIVUSTAT, on a estimé un nombre moyen de l'ordre de 277 jours de pêche/an pour l'ensemble de la flottille artisanale et un taux d'activité des unités de 75%, ce qui donne:

388.908 jours de pêche (pêcheurs)/an

Nous disons toutefois, que le secteur de la pêche artisanale d'Isambaza la nuit à la lumière fournit environ 388.908 jours de travail (pêcheurs)/an.

En se référant encore une fois à l'analyse des unités artisanales, le revenu actualise par pêcheur, est de l'ordre de:

111 % du SMAG soit donc 139 FRW/pêcheur/jour

Nous aboutissons alors, à un revenu global pour l'ensemble des pêcheurs artisanaux d'Isambaza la nuit à la lumière de:

54.058.212 FRW

Ces chiffres ne concernent que la pêche artisanale d'Isambaza la nuit à la lumière, car en fait, il y a aussi les pêcheurs coutumiers d'Haplochromis et de Tilapia qui constituent aussi une masse considérable de pêcheurs, mais qui ne sont pas pris en compte dans l'enquête actuelle. Ces chiffres ne concernent pas non plus les patrons des unités qui ne sortent pas la plupart du temps à la pêche, les pêcheurs des unités industrielles et semi-industrielles, les transporteurs sur pirogues motorisées, les transporteurs de caisses dans les sites de débarquement, ni les commerçants qui seront dénombrés par la suite (paragraphe 6.3 Estimation du nombre de commerçants).

4.3 Autoconsommation des pêcheurs et retenues en nature

Il y a des prélèvements effectuée sur les captures pour les besoins personnels des pêcheurs et des patrons:

La ration du capitaine et des pêcheurs

Les données KIVUSTAT nous ont permis une estimation de presque 7 kg de poissons consommés par équipe et par jour de pêche, dont 2 kg pour échanger du bois de chauffage, patate douce, farine de manioc, … etc. Ce qui amène à un prélèvement (capitaine et pêcheurs) global de:

302.484 kg de poissons/an pour toute la flottille du lac.

Retenue en nature

Spécifiquement du côté du Zaïre, il y a aussi d'autres prélèvements effectués sur les captures, par le comité de pêcheurs artisanaux, le responsable de l'environnement et les transporteurs de caisses, mais ces prélèvements sont de l'ordre d'une poignée de poissons sur chaque arrivage et ils sont les plus souvent effectués dans les grands marchés et après la vente.

4.4 Contraintes et facteurs limitatifs de la pêche

Les problèmes rencontres et signalés dans l'actuelle enquête sont: le mauvais temps, le manque de pétrole, le manque de matériel de pêche et l'absence de pêcheurs. Ce sont les handicaps majeurs de la pêche au lac Kivu, limitant surtout les sorties de pêche et contribuant par conséquent à la baisse des captures.

FIGURE 2

FIGURE 2: Facteurs limitatifs de la pêche

Il n'a pas été possible de mettre en évidence de façon significative l'influence d'un facteur en particulier, car d'autres facteurs externes se sont ajoutés. Des conditions particulières de pêche au cours de l'année 1990, pendant laquelle on a enregistré une forte production au cours des six premiers mois et l'état de guerre depuis le mois d'octobre au Rwanda, la dépréciation de la monnaie rwandaise au mois de novembre et la perte de valeur continuelle de la monnaie zaïroise ont considérablement affecté les résultats de l'enquête.

4.5 La pêche aux alevins

Certains pêcheurs, suite à la faible production due le plus souvent à la rareté de l'Isambaza, se sont tournés vers la pêche des petits poissons. Ils font le plus souvent la pêche à la senne de plage. Des jeunes pêcheurs utilisent même des moustiquaires, ce qui a déclenché une campagne de sensibilisation pour éviter ce mode de pêche. Au Projet de Développement de la Pêche au lac Kivu à Gisenyi, les petits poissons sont réquisitionnés.

4.6 La productivité

La productivité est le rapport entre la quantité produite (ou sa valeur) et la quantité de facteurs mise en oeuvre (ou leur valeur).

la flottille artisanale

Les pêcheurs artisanaux

4.7 Coefficient de capital

Le coefficient de capital (Kp) est le rapport entre la valeur du capital de production et celle de la production annuelle (K/P)

Kp (UEP totales)=36,4%
Kp (UEP actives)=27,2%

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