par
J.P. REBERT
Physicien océanographe, ORSTOM, CRODT, Dakar,
Sénégal
RESUME
Les rendements mensuels de la pêcherie semi-industrielle dakaroise en Sardinella aurita pour la période 1966-77 ont été analyses. Le paramètre choisi a été la prise par unité d'effort du sardinier type, censée représenter l'abondance de l'espèce considérée dans les lieux de la pèche. La zone d'opération des sardiniers dakarois étant très limitée, cet indice peut, du fait des migrations, représenter aussi bien des variations de la taille du stock que de sa disponibilité dans la région considérée.
Les prises par unité d'effort mensuelles ont été désaisonalisées en retranchant la pue moyenne mensuelle sur ces 12 ans: leurs variations sont représentées sur la Figure 1 après filtrage sur trois mois. Cette quantité est appelée anomalie mensuelle. Pour éliminer en partie l'influence de l'augmentation de l'effort de pèche qui s'est traduit par une diminution des rendements au cours de la période étudiée on a en outre retranché la tendance obtenue par régression linéaire (de pente 0,05 tonne/heure/an). On obtient alors l'anomalie corrigée dont les fluctuations sont représentées en Figure 2.
La pèche s'exerçant principalement sur deux classes d'âge coexistant à des âges différents du cycle migratoire, une séparation de ces classes a été faite par taille. La Figure 3 représente les fluctuations de l'anomalie de pue pour les individus de moins de 25 cm, la Figure 4 les pue des individus plus grands. Les rendements sur ces deux classes de Caille subissent des fluctuations indépendantes.
La comparaison des fluctuations de rendement avec les anomalies de température observée au niveau du Cap-Vert pendant la même période (Figure 5) apporte peu d'éléments intéressants. Il existe cependant deux groupes de corrélations inverses au cours de l'année. En saison froide les rendements augmentent avec la température et inversement en saison chaude. Ceci traduit sans doute des phénomènes migratoires.
Les corrélations avec les salinités de surface pendant la saison des pluies sont nulles.
Les fluctuations des composantes nord-sud des vents à Nouadhibou et à Dakar responsables de l'upwelling côtier sont représentées en Figure 6.
Aucune relation n'apparaît avec le vent local mais la comparaison avec les vents à Nouadhibou est plus intéressante. En particulier la période de déficit de 1968 à 1971 correspond à une période de vents faibles. Il ne semble pas cependant que cela corresponde à des variations de taille du stock, mais également à des modifications des migrations. En effet, la corrélation s'applique principalement aux petits individus. Pour les classes de taille supérieures à 25 cm, l'ensemble des correlations est sans signification. Le coefficient de corrélation entre le rendement moyen annuel et les vents à Nouadhibou est dû 0,6. Il expliquerait des fluctuations de l'ordre de 3 000 tonnes pour la pêcherie dakaroise stabilisée à son niveau actuel.
Des éléments prévisionnels ont été recherches sans succès dans des conditions hydrologiques au moment du recrutement (température, pluviométrie). On a cependant un maximum faible dans les fonctions de cross-corrélation entre les pue et les vents correspondant à un déphasage de trois mois pour Saint-Louis et cinq mois pour Nouadhibou.
Figure 1 Anomalies P.U.E. S. aurita
Figure 2 Anomalies corrigées P.U.E.
Figure 3 Anomalies P.U.E. S. Aurita < 25 cm
Figure 4 P.U.E. S. Aurita > 25 cm
Toutes
les P.U.E sont exprimées en q/10 heures (0, 01 tonne/heure)
Fig. 5 - Anomalies filtrées des températures de surface le long des côtes du Sénégal, et au Cap Blanc
Fig. 6 - Anomalies filtrées des composantes nord-sud des vents observés aux stations côtières (positives vers le Nord)