par
Arnaldo Alvárez Brito
Directeur adjoint, Institut de recherche forestière
Calle 174 # 1723
Pto Siboney, Municipio Playa
La Habana, Cuba
Quelques essences exotiques avaient été introduites à Cuba avant 1959 en vue d'expérimentation et d'emploi surtout pour la production ligneuse (notamment Swietenia macrophylla, Casuarina equisetifolia, Eucalyptus spp), mais ce n'est qu'à partir du milieu des années soixante qu'un programme systématique d'étude des ressources génétiques forestières fut entrepris dans le pays, appuyé par la création d'un Institut de recherche forestière sous l'égide du Ministère des forêts.
Les travaux dans le domaine des ressources génétiques forestières sont actuellement organisés selon deux grandes directions complémentaires: conservation des ressources génétiques, et amélioration génétique des arbres forestiers.
Les activités de conservation génétique menées par l'Institut de recherche forestière portent sur les essences tant indigènes qu'exotiques d'intérêt économique actuel ou potentiel. Ces travaux sont étroitement liés à la protection des écosystèmes forestiers du pays et à la conservation de la diversité biologique qu'ils renferment.
Dans ce contexte, l'Institut de recherche forestière a participé à l'élaboration d'un Programme scientifique et technique de biotechnologie, qui est exécuté sous la direction générale du Ministère de la science, de la technologie et de l'environnement (MSTE) et est centré sur trois grands volets: (i) examen et actualisation des instruments juridiques pour appuyer des programmes visant à la conservation des ressources génétiques forestières; (ii) création d'un système informatique pour l'enregistrement de données et le suivi de la conservation et de la mise en valeur des ressources génétiques forestières du pays sous tous leurs aspects; (iii) conservation in situ et ex situ d'essences forestières, populations, sous-populations et individus, notamment en ce qui concerne les essences indigènes menacées d'extinction ou d'appauvrissement génétique.
Dans le cadre de ce programme, l'Institut de recherche forestière est actuellement engagé dans deux projets relatifs à la conservation et à l'utilisation rationnelle des ressources génétiques forestières, appuyés au niveau ministériel: création d'une base de données nationale, comme mentionné ci-dessus, et documentation de l'information sur la floraison et la production de graines, et élaboration de protocoles d'information sur le traitement des fruits et des graines d'essences indigènes menacées.
Dans le domaine de l'amélioration génétique des arbres, le travail de l'Institut de recherche forestière est axé sur l'affinement des techniques de récolte, traitement et conservation des semences d'essences d'intérêt commercial, la détermination de sous-populations (provenances) adaptées à une zone donnée (adéquation espèce/provenance x station), la sélection d'essences convenant au reboisement dans des zones marginales, et la valorisation des forêts grâce à l'emploi de matériels de reproduction génétiquement améliorés d'essences à fins multiples produisant par exemple du bois et de la résine, y compris le recours aux nouvelles biotechnologies et au génie génétique.
Dans ce contexte, l'Institut de recherche forestière est engagé dans un programme national de développement montagnard intégré, dans le cadre du Projet scientifique et technique de biotechnologie du MSTE mentionné ci-dessus, qui comporte l'amélioration génétique de dix essences indigènes (dont quatre espèces de pins indigènes de Cuba, Cedrela odorata, Hibiscus elatus, Swietenia spp et Casuarina equisetifolia); la sélection d'essences pour des stations marginales, telles que les terres humides de la Ciénaga de Zapatas au nord de Matanzas et la région de Ciego de Avila, la “brousse serpentine” des régions centrales, et les zones arides à végétation xérophile au sud de Guantánamo; la sélection d'essences et provenances appropriées entre autres au reboisement dans les régions de Pinar del Río, Matanzas, Villa Clara, Camagüey, Holguín et Granma; des recherches sur la manipulation et le traitement des fruits et graines de plus d'une douzaine d'essences indigènes.
Les principaux résultats du travail entrepris par l'Institut de recherche forestière en matière d'amélioration des arbres sur le terrain sont notamment la production de semences améliorées de Pinus caribaea et Hibiscus elatus en vue de reboisement; la sélection et l'utilisation de Melaleuca leucodendron et Gmelina arborea dans les terres humides, et de Prosopis juliflora dans les zones sèches de Guantánamo; l'évaluation et la sélection de provenances de Pinus caribaea, P. tropicalis, P. maestrensis et P. cubensis pour des programmes de reboisement à Pinar del Río, dans la brousse tigrée du centre de Cuba, dans la Sierra Maestra et à Pinares de Mayarí; la sélection de provenances d'Hibiscus elatus et de Swietenia macrophylla; des protocoles pour le traitement des fruits et graines d'une vingtaine d'essences, comprenant également l'adaptation et l'emploi des Règles de l'ISTA en vue du testage et de la certification des semences de ces essences.
Une réalisation particulièrement importante dans les domaines complémentaires de la conservation génétique et de l'amélioration des arbres forestiers est la mise en place de plus de 600 hectares de plantations expérimentales dans lesquelles, outre l'étude du comportement et de l'adaptation du matériel expérimenté principalement dans un but de production, on maintient et conserve ex situ les ressources génétiques de plus de 100 essences forestières et 120 provenances. L'importance de ce travail dépasse les frontières nationales, et est considérée comme une contribution de Cuba à la conservation des ressources forestières tropicales et de la diversité biologique qu'elles renferment, conformément aux accords signés et aux engagements pris par Cuba à la CNUED à Rio de Janeiro en 1992.
POST-SCRIPTUM DU REDACTEUR
L'Institut de recherche forestière de Cuba célébrera cette année son 25ème anniversaire. Cet institut a été créé à l'origine dans le cadre d'un projet FAO/Gouvernement de Cuba sur la recherche et le développement forestier. Cet institut de recherche internationalement reconnu a, au cours des années, développé ses programmes tout en maintenant leur souplesse et en les adaptant sans cesse aux besoins nouveaux, en faisant appel aux techniques tant traditionnelles que nouvelles. Le travail de l'Institut de recherche forestière se fait avec l'appui de ses sept stations expérimentales. Les résultats et les programmes sont régulièrement rapportés dans la revue “Baracoa”, publiée par l'Institut.
La FAO saisit cette occasion pour adresser ses félicitations à l'Institut pour ce 25ème anniversaire.
Ressources Génétiques Forestières No 22. FAO, Rome (1995)
Manuscrit reçu en juin 1994. Original: espagnol