4. LES COUTS

L'annexe 7 présente les coûts de production du secteur des pêches. Quelques-uns des aspects présentés ont été discutés au groupe de travail et des analyses de coût/bénéfice et de taux de rentabilité interne (TRI) ont été faites (voir tableaux 2 à 4).

En général, on peut constater qu'il est difficile d'évaluer correctement les coûts de production et des erreurs faibles peuvent rendre un calcul entièrement faux. Les tableaux 2 à 4 montrent comment un calcul peut donner des résultats complètement différents selon les données utilisées.

Il s'agit d'une unité sénégalaise de deux pirogues (une pirogue-filet et une pirogueporteuse) utilisant une senne tournante et les trois calculs se basent sur les mêmes données². Seulement le prix de carburant et les captures moyennes ont été variées dans les différents calculs.

Au tableau 2, une estimation très optimiste des prises moyennes a été faite; 3,6 tonnes par voyage. Un prix du carburant subventionné a été utilisé: FCFA 171/litre. Ce calcul donne un TRI de plus de 80 %. Si on diminue les captures à 2, 36 tonnes par voyage, un niveau peut-être plus réaliste, (tableau 3), le taux de rentabilité est réduit. Néanmoins, il reste à un taux acceptable de 19 %. Au tableau 4, la subvention du carburant est éliminée et le prix du carburant est porté à: FCFA 350/litre. L'opération ne s'avère plus rentable, même si le rendement moyen par voyage a été passé à 2,5 tonnes (i.e., légèrement augmenté par rapport au tableau précédent).

² “Etude économique et financière de la pêche sardinière sénégalaise”, M. Deme, CRODT, 1988.

Tableau 1 - Captures et calcul de la valeur des sardinelles dans la region (zones COPACE 34.3.1 et 34.1.3)

* Prix constant moyen au Sénégal (voir annexe VI).
** Prix 1991 et 1992 n'étant pas disponibles, le prix de 1990 a été utilisé.

Source:
Groupe de travail des biologistes, CRODT, décembre 1993 (tonnages de captures).
Exposé M. Deme / CRODT (prix).

Tableau 2: Analyse coûts/bénéfices - unité de deux pirogues et une senne tournante au Sénegal (exemple numéro 1).

Tableau 3: Analyse coûts/bénéfices - unité de deux pirogues et une senne tournante au Sénegal (exemple numéro 2).

Tableau 4: Analyse coûts/bénéfices - unité de deux pirogues et une senne tournante au Sénegal (exemple numéro 3).

Les subventions sont un aspect important des analyses économiques et il est nécessaire de bien distinguer entre les analyses financières d'armateurs privés et les effets sur l'économie nationale.

Toute subvention doit se baser sur des priorités politiques et le pour et le contre des implications économiques et sociales des subventions doivent être pesés avec prudence. Bien entendu, il serait souhaitable qu'un sous-secteur tel que celui des petits pélagiques, qui est relativement riche, contribue à l' économie nationale et non le contraire. Cependant, au Sénégal par exemple, on a jugé important le rôle que joue le secteur artisanal comme employeur et fournisseur alimentaire, et par conséquent, le carburant est subventionné d'une manière significative.

Concernant les coûts généraux d'opérations dans le secteur artisanal, quelques commentaires ont été effectués par la réunion sur l'exposé de l'annexe 7. Par exemple,il a été signalé que, dans la pêche artisanale, même si les assurances proprement dites ne sont pas utilisées, il y a un type d'“assurance” traditionnelle; l'armateur paie chaque année une somme assez importante, jusqu'à 150 000 FCFA (environ $EU 520) au marabout.

Concernant le secteur industriel, la désagrégation de l'Union soviétique et l'introduction de l'économie de marché dans les anciens pays de l'Europe de l'Est, les flottilles étatiques de ces pays se sont retirées de l'Afrique de l'Ouest. Le tableau à la page 7 de l'exposé à l'annexe 7, montre une analyse des coûts et bénéfices des grands bateaux du type “Atlantic” et “Super Atlantic” qui révèle que ce type d'opérations n'est plus rentable.

D'autre types de flottilles se trouvent aussi devant des problèmes de rentabilité. Aux ports de Banjul, Dakar et Nouadhibou, on trouve des senneurs qui connaissent des difficultés d'exploitation. Certains armateurs de la pêche semi-industrielle et industrielle au Sénégal auraient à lutter contre des frais de personnel élevés dus aux syndicats des marins relativement puissants.

En résumé, il semble que le secteur artisanal est plus facilement rentable que le secteur industriel pour l'exploitation des petits pélagiques. Cependant, il est difficile de tirer des conclusions concrètes sans une analyse approfondie des coûts (et pour laquelle il manque jusqu'à présent des données fiables).