Le Stock-Unité
Les calculs en évaluation des stocks commencent au niveau du Stock-Unité, c'est-à-dire qu'ils distinguent, au sein d'une même espèce, des unités dépopulation différentes et séparées et qui sont ou pourraient être soumises à une exploitation par pêche. Une unité de stock pourrait plus exactement être considérée comme une population autonome d'un point de vue reproductif, dont l'émigration vers ou l'immigration depuis les autres stocks-unité serait limitée. Lorsque l'on cherche à savoir si ont été atteints le Point de Référence global ou un effort de pêche/une mortalité par pêche de référence, dans le cas de stocks mobiles ou migrateurs susceptibles de diffuser ou de migrer à travers des frontières maritimes, on doit inclure, dans l'évaluation initiale, les prises effectuées sur le stock à l'intérieur de toutes les juridictions. Si les estimations sont tirées des statistiques de pêche d'un seul pays, il est probable qu'elles seront sérieusement biaisées, étant basées sur une couverture incomplète.
De plus si une part significative des captures n'a pas été prise en compte à cause d'un défaut d'enregistrement, ceci augmentera la probabilité que la situation perçue de la pêcherie par rapport au Point de Référence choisi soit notablement erronée.
Modèles globaux et analytiques et relations stock-recrutement
II faut faire la distinction entre les modèles de production et les modèles dits analytiques. Pour les premiers, nous avons seulement deux séries de données annuelles (l'effort de pêche et la prise totale), et des généralisations peuvent être faites quant au comportement d'ensemble de la population, mais où tous les processus biologiques qui s'y déroulent sont inconnus. Pour les seconds, les processus de croissance, de reproduction et de mortalité de chaque classe d'âge sont supposés compris et leurs taux respectifs sont connus. Les nombreuses variantes des analyses de production/recrue s'inscrivent dans cette dernière catégorie. Des combinaisons de ces deux types de modèles sont apparues ces dernières années, mais ont connu jusqu'à présent peu d'applications pratiques en gestion des pêcheries. Un autre type de modèle, largement empirique, relie le nombre de recrues annuelles à la taille du stock de géniteurs (Fig. 4). Toutes ces approches méthodologiques ont généré leurs propres Points de Référence basés sur des modèles en aménagement.
Les équations de capture
La théorie monospécifique de la dynamique des populations est basée sur ce que l'on appelle les "équations de capture", qui postulent des relations mathématiques entre:
a) le stock (considéré comme le nombre total d'individus dans les groupes d'âge accessibles à la pêcherie - les groupes d'âge recrutés);b) l'effort de pêche (f) et la mortalité par pêche correspondante (F) qu'entraîne celui-ci; et
c) les captures, en nombre et/ou en poids qui résultent de la pêche, étant donné que:
d) un taux de mortalité naturelle (M) s'ajoute à celui de la pêche; M est le taux auquel décroît le stock suite aux morts causées par d'autres facteurs que la pêche (en particulier la prédation).
e) Divers aspects de la bioécologie de l'espèce contribuent également à sa capacité à supporter l'exploitation.
Deux des équations de capture les plus utilisées sont indiquées ci-dessous, et sont utilisées respectivement lorsque la composition en âge est connue (l'indice t indique alors l'âge du groupe de poissons considéré) ou pour une biomasse moyenne de la population qui ne tienne pas compte de l'âge (terme qui suit le second signe =).
Les deux équations contiennent trois variables interdépendantes (voir Fig. 1) qui sont les variables primaires que l'on peut retenir pour les éventuels Points de Référence en aménagement des pêcheries. Il s'agit de la mortalité par pêche F (reliée à l'effort de pêche total - généralement annuel - par F = qf, où q est le coefficient de capturabilité); de la biomasse B et de la production Y - généralement annuelle - de la pêcherie. Etant donné que l'évaluation du stock attribue à la pêche un rôle dominant dans la mortalité, la toute première "variable de contrôle" est naturellement le contrôle de l'effort de pêche et/ou de la mortalité par pêche. Au contraire, les captures, les taux de capture et la biomasse peuvent être utilisés, sous certaines conditions de stabilité et d'équilibre, comme quantificateurs des effets de la pêche, et/ou comme moyens de limiter indirectement la mortalité par pêche.
Le contrôle de l'intensité de pêche peut impliquer un contrôle du nombre de bateaux autorisés (d'un type ou d'une puissance donnés), et même du nombre de jours de pêche standards permis. Cependant, pour les raisons décrites ci-dessous, les droits d'accès, exprimés en termes de taille de flottille et d'effort de pêche total annuel, ont rarement été utilisés directement au cours des négociations passées, considérant qu'il était moins facile de les contrôler que des captures ou des quotas fixés. Le contrôle de la prise annuelle (en dépit d'inconvénients techniques tout aussi importants) a été la mesure de gestion la plus largement utilisée, peut-être aussi car il reflète plus directement les gains que réaliseront les différents intervenants dans la pêcherie. Dans certaines pêcheries, on a calculé des repères équivalents aux performances économiques, particulièrement pour les pêcheries nationales où s'appliquent les mesures habituelles de performance économique. Dans d'autres circonstances, lorsque les niveaux de capture totale, d'effort de pêche total et de bénéfices sont difficiles à déterminer, mais qu'un suivi direct du stock est possible, des mesures basées sur le contrôle de la biomasse du stock peuvent être plus facilement réalisables, sans être sujettes à des biais liés au défaut de déclarations.