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PLANTES MÉDICINALES ET EXPLOITATION FORESTIÈRE

Robert Nkuinkeu

Résumé

Pour beaucoup de gens, l'exploitation forestière se réduit souvent au commerce du bois d'oeuvre tropical. Cependant, d'autres produits forestiers non ligneux (PFNL), tels que les plantes médicinales, représentent maintenant une opportunité pour une forme moins agressive d'exploitation forestière, et qui peut être aussi très rentable. Dans de nombreux laboratoires à travers le monde, on étudie l'action et la composition biochimique des plantes présentes en Afrique et des études scientifiques récentes sur l'activité et la toxicité de certaines plantes médicinales traditionnelles ont montré que celles-ci sont parfois aussi efficaces que les remèdes « occidentaux » importés par les pays en voie de développement.

Il ne fait aucun doute que l'exploitation des plantes médicinales africaines peut contribuer à la conservation et au développement des ressources forestières, grâce à une utilisation durable, tant dans des conditions in situ que ex situ, et à condition que la législation sur l'exploitation et l'aménagement des ressources de plantes médicinales soit respectée. Depuis plusieurs années, la société Plantecam a comme objectif de promouvoir la conservation des plantes médicinales camerounaises grâce à la culture et de former les communautés locales à la gestion des ressources sauvages.

Mots clés: plantes médicinales, exploitation forestière, Cameroun

Introduction

Cet article se concentre sur 3 secteurs d'activité principaux :

Recherche et identification des espèces

Les informations sur les plantes sont rassemblées grâce à des enquêtes ethnobotaniques approfondies, menées par Plantecam et complétées par une lecture attentive de la documentation existante, en particulier la pharmacopée traditionnelle. Une grande variété de catégories d'utilisation est étudiée, comme par exemple :

Une fois que les utilisations possibles des espèces ont été établies lors des enquêtes ethnobotaniques, une identification faisant autorité est nécessaire. On collecte des échantillons et ensuite on les nomme, grâce à l'utilisation de clé de détermination et d'espèces préalablement identifiées. La détermination du nom des plantes permet une récolte futur et une mise en valeur de la ressource, en s'assurant que la même espèce, dont on sait qu'elle est utile, pourra être reconnue et à nouveau récoltée.

Les fiches d'identification

Pour chaque plante, une fiche d'identification est complétée. Elle contient les informations suivantes: phénologie, taxonomie, répartition naturelle, morphologie, forme de vie, possibilité de faire l'objet d'une domestication et une estimation du potentiel de ressources sauvages accessibles.

La récolte

Plantecam organise la récolte et le commerce d'un certain nombre de plantes médicinales. Parmi celles-ci :

La cueillette de plantes médicinales est régie par l'obtention préalable d'un permis d'exploitation des espèces forestières, dont les conditions et qualifications requises sont définies dans Forêts, faune et régimes de pêches (Loi No 94/01 du 20 janvier 1994) et dans les directives d'utilisation de ce régime (Décret No 94/436 du 23 août 1994). La remise de ce permis s'accompagne d'un rapport décrivant avec précision les méthodes de récolte, correspondant à chaque structure végétative à exploiter. La société Plantecam utilise ce rapport pour l'écorçage de Prunus africana. Plantecam n'accepte la livraison de matières premières que des détenteurs d'un permis d'exploitation valable et n'accepte aucun matériel sans ce permis.

Avant de pouvoir entreprendre toute récolte, il est nécessaire d'avoir suivi les procédures suivantes:

En ce qui concerne l'exploitation de Prunus africana, par exemple, une équipe pleinement fonctionnelle se compose d'un chef d'équipe, de prospecteurs, d'écorceurs et de porteurs. Cette équipe est supervisée par un chef de camp, dont le rôle est de fournir un rapport régulier sur les quantités récoltées, le nombre d'arbres écorcés et la qualité de l'écorçage, conformément au rapport. L'évaluation de cette activité d'exploitation permet de déterminer la durabilité des récoltes, grâce aux informations suivantes :

Le commerce des plantes médicinales

Les matières premières (graines, écorces, etc.) font souvent l'objet de traitements tels que le broyage (dans le cas de l'écorce de Pausinystalia johimbe) ou l'extraction complète (par exemple l'espèce Prunus africana) avant d'être commercialisées. La transformation dans le pays producteur maximise les revenus de la population locale et c'est pourquoi des efforts sont entrepris dans ce sens pour augmenter autant que possible la valeur de chaque produit avant l'exportation. Tous les produits transformés dans l'usine Plantecam sans exceptions sont destinés à l'exportation. Le commerce des produits à base de plantes médicinales est contrôlé par la société-mère basée à Paris, le Groupe Fournier. Le département commercial de ce groupe s'occupe de tous les contrats et des négociations concernant la vente des matières premières et des produits transformés.

La société Plantecam et l'aménagement durable des plantes médicinales

Pour s'assurer que les plantes médicinales sont exploitées de manière durable par la compagnie, Plantecam a entrepris d'importants essais de culture, dont l'objectif est la domestication de certaines espèces clés, ainsi que l'observation des méthodes d'aménagement de certaines d'entre elles dans la forêt naturelle. Ce programme comprend plusieurs composantes :

Figure 1: Matériel de replantation produit dans la pépinière de Plantecam (Photo: T.S. Sunderland).

Le développement durable de l'exploitation des plantes médicinales dépend d'une combinaison d'un certain nombre de facteurs :

Figure 2: Confiscation d'un stock d'écorce de Prunus africana sur le Mont Cameroun (Photo: T.S. Sunderland).

RESEAUX ET ECHANGE D'INFORMATIONS

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