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tendances et situation actuelle des plantations forestieres

Termes et définitions

Toute analyse de la contribution potentielle des plantations forestières à la satisfaction des besoins futurs en bois passe inévitablement par un examen des tendances passées, présentes et futures en matière de boisement. En effet, c’est la superficie d’arbres déjà plantés qui déterminera la production du futur proche. Les boisements futurs dépendent des ressources disponibles, des taux de rentabilité perçus, des succès des programmes de boisement antérieurs et des déséquilibres entre l’offre et la demande que l’on prévoit pour l’avenir.

Malheureusement, comme on l’a déjà fait observer, les données des inventaires forestiers sur les plantations nationales sont rarement complètes, et pratiquement inexistantes (au moins, dans le domaine public) au niveau mondial. Il y a plusieurs raison à cela, en particulier les difficultés à différencier les forêts naturelles des forêts plantées. Comme l’a noté Solberg et al (1996):

L’estimation de la superficie de plantations forestières est hérissée de difficultés. Le terme «plantations» a différentes significations et même lorsqu’il existe une définition précise, elle n’est pas universellement applicable.

En général, la qualification de «plantation forestière» dépend du degré d’intervention humaine dans l’établissement ou l’aménagement de la forêt. Dans de nombreux cas, la différence entre les forêts semi-naturelles et les forêts plantées est essentiellement arbitraire, étant donné la vaste gamme de pratiques sylvicoles qui sont adoptées dans les systèmes d’aménagement intensifs. Autant dire que la classification des plantations forestières est un véritable casse-tête !

Dans le cadre du Programme FRA 2000, les plantations forestières des régions tropicales et subtropicales sont définies comme suit:

Peuplements forestiers établis par plantation ou/et par semis dans le cadre de processus de boisement ou de reboisement. Il s’agit soit:

de peuplements composés d’espèces introduites (tous les peuplements étant plantés), ou;

de peuplements d’espèces locales sous aménagement intensif, satisfaisant tous les critères ci-après: une ou deux espèces par plantation, classe équienne, espacement régulier. (FAO, 1998).

 

Pour les pays déjà examinés dans le volume de FRA 2000 sur les forêts tempérées et boréales, la précision suivante (liée à l’intensité de l’aménagement) a été ajoutée à cette définition:

- Sont exclus: Les peuplements qui ont été établis par plantation, mais qui n’ont pas été soumis à un aménagement intensif pendant une période significative; ces peuplements sont considérés comme semi-naturels (ONU,1997).

Ces définitions contiennent plusieurs ambiguïtés. Par exemple, qu’entend-on par «espacement régulier», en particulier si un peuplement a été établi par ensemencement à la volée? De même, les expressions «sous aménagement intensif» et «période significative» sont laissées à l’interprétation de chacun et la dimension de la surface visée par la prescription «classe équienne» n’est pas spécifiée (cette exigence s’applique-t-elle à des compartiments, à des blocs de la forêt ou à l’unité d’aménagement tout entière?).

S’il est vrai qu’un certain degré d’ambiguïté est nécessaire pour que la définition soit applicable à tous les types de forêts existant dans le monde, et reste stable dans le temps, il faut néanmoins trouver un compromis entre la spécificité et la stabilité. Ainsi, dans le cadre de ces définitions, un certain nombre de pays ayant un couvert forestier important, comme la Finlande, l’Allemagne et le Canada, signalent qu’ils n’ont pas de plantations forestières, alors que les rapports de pays voisins, qui ont apparemment des conceptions et des pratiques forestières similaires, font état de superficies de plantations significatives.

Au bout du compte, l’aménagement des forêts et les systèmes sylvicoles forment une sorte de continuum, les forêts «naturelles» et «artificielles» occupant des portions différentes du spectre, même si elles semblent se confondre. Dès lors, à bien des égards, toute tentative de différencier les forêts naturelles et les plantations forestières, surtout dans les zones tempérées et boréales, serait inexacte et pourrait prêter à confusion.

 

Superficie de plantations forestières en 1995

Dans l’Evaluation des ressources forestières mondiales de 1990 (FAO, 1995a), la superficie totale mondiale de forêts était estimée à 3 511 millions hectares, en 1990. Ce chiffre a été mis à jour dans la Situation des forêts du monde de 1997 (FAO, 1997) qui l’a évalué pour 1995 à 3 454 million hectares. Toutefois, les plantations ne représentent qu’une très faible proportion du couvert forestier mondial. En effet, d’après les estimations les plus récentes, elles occupaient une surface de 123,7 millions d’hectares en 1995, dans le monde, soit approximativement 3,6 pour cent de la superficie mondiale de forêts estimée en 1995, pour les pays de la zone tropicale et subtropicale (Pandey, 1997); et de la zone tempérée et boréale (ONU (2000)).

La distribution géographique de la superficie mondiale de plantations forestières estimée pour 1995 est illustrée à la Figure 1. On note que l’Asie est la région du monde qui a le plus fort pourcentage de forêts plantées, avec un peu moins de 50% du total.

Figure 1 Distribution mondiale des plantations forestières, par région, en 1995

Principales sources: ONU (2000); Pandey (1997); et FAO (1995a).

Mais ce qui frappe le plus, c’est la part totale que détiennent une poignée de pays dans les ressources mondiales en plantations forestières. Cinq pays ont planté plus de dix millions d’hectares de forêts chacun et représentent, ensemble, 65 % des forêts plantées dans le monde. Ces pays sont la Chine (21,4 millions d’ha), les Etats-Unis d’Amérique (18,4 millions d’ha), la Fédération de Russie (17,1 millions d’ha); l’Inde (12,4 millions d’ha) et le Japon (10,7 millions d’ha).

La concentration de l’ensemble du domaine de forêts plantées aux mains d’une poignée de pays est confirmée par le fait que seuls 13 autres pays ont une superficie de plantations forestières supérieure à un million d’hectares. Ainsi, 18 pays possèdent 87 pour cent des plantations forestières de la planète. Parmi les pays qui ont moins de 10 millions d’hectares de forêts plantées, l’Ukraine (4,4 millions d’ha), le Brésil (4,2 millions d’ha) et l’Indonésie (3,0 millions d’ha) sont ceux qui ont le domaine planté le plus étendu.

Le Tableau 1 fournit des estimations cumulées des superficies de plantations industrielles et non industrielles en 1995, ainsi que des statistiques pour les pays qui ont les plus grandes superficies de plantations forestières. On trouvera à l’Annexe III, une synthèse des données sur la superficie de plantations forestières, pour tous les pays pris individuellement.

Tableau 1 Superficie de plantations forestières, ventilée par principaux pays et par région, en 1995

Pays ou région

Superficie de plantations forestières

(en millions d’ha)

 

Industrielles

Non-industrielles

Total

Amérique du Nord et Am. Centrale

18.9

0.3

19.2

Etats-Unis

18.4

0.0

18.4

Amérique du Sud

5.4

2.8

8.2

Asie

41.8

15.1

56.9

Chine

17.5

3.9

21.4

Inde

4.1

8.3

12.4

Japon

10.7

0.0

10.7

Océanie

2.7

<0.1

2.7

Afrique

3.6

2.2

5.7

Europe

8.7

0.0

8.7

Pays de l’ex-URSS

22.2

0.0

22.2

Fédération de Russie

17.1

0.0

17.1

Total

103.3

20.4

123.7

Principales sources: ONU (2000); Pandey (1997); et FAO (1995a).

 

Principales essences utilisées dans les plantations forestières

Plusieurs pays riches en plantations forestières sont situés à cheval sur les zones tempérées et tropicales. Comme il était difficile de discerner les plantations tropicales et tempérées, toutes les forêts de ces pays ont été classées dans l’un des deux groupes, le critère étant généralement (mais pas exclusivement) la classification comme pays développé ou en développement. Ceci s’est traduit par une légère propension à mettre les pays qui sont à cheval entre les deux zones dans la zone tropicale et subtropicale.

Figure 2 Pays classés en zone tropicale et subtropicale, et en zone tempérée et boréale

 

Au niveau le plus général, les plantations du monde peuvent être divisées en plantations tropicales et subtropicales, et en plantations tempérées et boréales. Ces superficies peuvent à leur tour être subdivisées en plantations de feuillus et de conifères. On estime qu’en 1995, les plantations forestières tropicales et subtropicales couvraient 55,4 millions d’hectares, soit 44,7 pour cent de la ressource mondiale. Les essences feuillues couvriraient 31,4 millions d’hectares, soit environ 56,7 pour cent de la superficie de plantations tropicales et subtropicales. Quant aux espèces de conifères, elles occupent 24 millions d’hectares. D’après les estimations, les plantations des pays de la zone tempérée et boréale représentent 68,3 millions d’hectares. Les essences de conifères dominent dans les plantations tempérées et boréales, et couvrent, d’après les estimations, 60, 7 millions d’hectares, ou 88,9 pour cent du domaine de forêts plantées dans cette zone. Les plantations tempérées et boréales de feuillus couvrent environ 7,6 millions d’hectares. Ces chiffres sont résumés à la Figure 3.

Figure 3 Ressources mondiales des plantations forestières, par type et par zone – 1995

Sources: plantations forestières tropicales et subtropicales – Pandey (1997); plantations forestières boréales et tempérées – compilation à partir de diverses sources.

 

 

Plantations tropicales et subtropicales

Les plantations tropicales sont dominées par les deux genres Eucalyptus et Pinus. Ensemble, ces deux groupes d’espèces représentent 43,4 pour cent des superficies de plantations tropicales. Les autres espèces importantes sont les Acacia spp, Tectona grandis, et Gmelina arborea. Toutefois Pandey (1997) note que les plantations tropicales et subtropicales contiennent un très large éventail d’essences (plus de 100). Le Tableau 2 présente une ventilation estimée des superficies de plantations tropicales par groupe d’espèce, en 1995. L’importance des espèces mineures dans les plantations tropicales et subtropicales est démontrée par la superficie occupée par les «autres conifères» ou les «autres feuillus», qui représente 41,6 pour cent du total (même si, dans certains cas, il s’agit probablement d’espèces de pins et d’eucalyptus non identifiées). Environ 6 millions d’hectares d’ «autres conifères» sont des plantations de Cunninghamia lanceolata en Chine. Cette espèce n’est pas plantée à grande échelle ailleurs, mais la grande surface qu’elle occupe en Chine, fait d’elle l’une des essences les plus plantées du monde. Les Leucaena et d’autres espèces fourragères et polyvalentes similaires représentent une proportion importante des «Autres feuillus».

Tableau 2 Superficie nette de plantations forestières tropicales et subtropicales, p ar espèce en 1995

Espèce

Pourcentage de la superficie totale

Superficie (ha)

Acacia auriculiformis

1.4

757,655

Acacia mangium

0.8

454,370

Acacia mearnsii

0.6

325,292

Autres acacias

4.2

2,366,990

Casuarina spp.

1.4

787,200

Dalbergia sissoo

1.1

626,020

Eucalyptus spp.

17.7

9,949,588

Gmelina arborea

0.7

418,050

Swietenia macrophylla

0.3

151,214

Terminalia spp.

0.5

303,957

Tectona grandis

4.0

2,246,559

Autres feuillus

24.7

13,920,826

Pins à croissance rapide

10.5

5,923,754

Autres pins

15.3

8,614,480

Autres conifères

16.8

9,479,495

Total

100.0

Note: Ce total est directement tiré de Pandey (1997). Il est légèrement différent du total de la superficie des plantations tropicales cité dans le reste de cette étude, car des informations plus récentes sur la surface totale des plantations ont été collectées dans plusieurs pays tropicaux: Les pins à croissance rapide comprennent: Pinus caribaea et Pinus oocarpa (en zone tropicale); Pinus radiata et Pinus elliottii (dans les régions subtropicales et les parties tempérées des pays classés comme tropicaux et subtropicaux); et Pinus patula (dans les hautes terres tropicales).

Les espèces d’Eucalyptus sont communes dans les plantations de la zone tropicale, en particulier dans les régions subtropicales. Les pays qui ont le plus de plantations d’eucalyptus sont: l’Inde (3,1 million d’hectares); le Brésil (2,7 millions d’hectares); l’Afrique du Sud (557 000 hectares); et le Viet Nam (479 000 hectares); ensemble, ils possèdent 69 pour cent de la ressource totale plantée d’Eucalyptus.

Les espèces de pins à croissance rapide, en particulier Pinus caribaea, sont aussi plantées sur de grandes surfaces. Les plantations de Pinus les plus étendues se trouvent cependant dans les régions tempérées des pays inclus dans la zone tropicale et subtropicale. Au Chili (1,4 million d’hectares), en Australie (833 000 hectares) et en Afrique du Sud (757 000 hectares), Pinus radiata est l’espèce dominante. Avec le Brésil (1,1 million d’hectares) ces pays sont ceux de la zone tropicale et subtropicale qui ont les plus vastes plantations de pins. Pinus patula occupe plus d’1 million d’hectares dans le sud-est africain. Des pins à croissance plus lente couvrent 6, 4 millions d’hectares en Chine.

D’autres essences sont moins largement distribuées. Les acacias sont surtout plantés en Afrique, en Indonésie et dans le sous-continent indien. Le teck (Tectona grandis) est principalement cultivé en Inde, en Asie du Sud-Est et dans certaines régions d’Amérique centrale et des Caraïbes, alors que l’Indonésie et Fidji ont les plus vastes étendues de plantations de mahoganis exotiques (Swietenia macrophylla). On manque d’informations détaillées sur les principales espèces forestières utilisées dans les plantations en Chine (pays qui représente 38 pour cent de la superficie de plantations tropicales et subtropicales), mais les essences les plus plantées sont Cunninghamia lanceolata (comme on l’a déjà vu), Eucalyptus spp., Populus spp et Pinus elliottii.

 

Plantations forestières tempérées et boréales

Dans les pays inclus dans la zone tempérée et boréale, les superficies de plantation sont en général plus difficiles à délimiter que dans les pays tropicaux. Ainsi, Pandey (1995) note:

Les plantations forestières des pays développés /industrialisés sont tout à fait différentes de celles que l’on trouve dans la plupart des pays en développement. Si l’on excepte l’Australie, la Nouvelle Zélande, le Portugal, l’Espagne et le R.-U. où dominent les essences exotiques (eucalyptus et/ou pins), dans tous les autres cas, les espèces indigènes locales sont les plus utilisées dans les plantations. Dans ces pays, les performances des plantations sont souvent à peu près comparables à celles d’une bonne régénération naturelle. Lorsque 20% de la période de rotation est passée, la différence entre les forêts plantées et celles qui se sont régénérées naturellement devient presque nulle, de sorte qu’il est souvent difficile d’évaluer la superficie effective des plantations forestières.

Dans le volume CEE/ONU-FAO, sur les forêts tempérées et boréales de l FRA 2000, les forêts sont classées en trois catégories: naturelles, semi-naturelles ou plantations. Dans de nombreux cas, des forêts qui étaient à l’origine des plantations sont maintenant classées comme semi-naturelles et l’on ne sait pas au juste quels ont été les critères de démarcation entre ces catégories. Compte tenu de la difficulté de différencier les forêts naturelles et les plantations, en particulier dans les pays d’Europe, la distribution des espèces tempérées et boréales, qui est présentée ici, n’a qu’une valeur indicative.

Les plantations boréales et tempérées contiennent une plus grande proportion d’espèces de conifères que les plantations tropicales et subtropicales. Les essences dominantes sont celles de la catégorie Epicéas- Pins- Sapins- (EPS), qui représentent 66,9 pour cent de la superficie des plantations tempérées. Les pins sont de loin les plus communes, avec environ 54 pour cent de la ressource des plantations boréales et tempérées. Les pins sont très répandus dans toutes les régions tempérées, les ressources les plus abondantes se trouvant aux Etats-Unis d’Amérique (près de 17 millions d’hectares, principalement dans le sud) et dans les pays de l’ex-URSS (11,5 millions d’hectares). Un certain nombre d’autres pays ont cependant une surface significative de plantations de pins. L’Espagne, la Nouvelle-Zélande, le Japon et la République de Corée ont planté plus d’un million d’hectares de pins chacun (de même que le Chili, inclus dans la zone tropicale et subtropicale).

Les épicéas et les pins sont aussi les espèces dominantes dans les plantations de Fédération de Russie et des Etats-Unis d’Amérique. Certains pays européens, en particulier le Royaume-Uni et l’Irlande, ont aussi des ressources en épicéas significatives. Le Japon est le pays qui a le plus de plantations de cyprès, cèdres et mélèzes mais il a aussi d’importantes ressources en Sugi (Cryptomeria japonica) et en Hinoki (Chamaecyparis obtusa) indigènes. Les Quercus et les Fagus sont les principaux groupes d’espèces feuillues tempérées et boréales. On estime que ces genres occupent 6.8 pour cent des plantations tempérées et boréales. Le Tableau 3 présente une répartition des espèces dans les plantations forestières tempérées et boréales en 1995.

Tableau 3 Superficies de plantations forestières tempérées et boréales, par espèce - 1995

Espèce

Pourcentage de la sup. totale

Superficie

(ha)

Pinus spp (pins)

54.3%

37,068,804

Picea etAbies spp (épicéa/sapin)

12.6%

8,632,269

Larix spp (mélèze)

3.9%

2,644,438

Cupressus et Chamaecyparis spp (cyprès)

3.5%

2,375,260

Cedrus et Cryptomeria spp (cèdre)

7.8%

5,355,310

Autres espèces de conifères

6.8%

4,659,592

Eucalyptus spp

0.6%

382,228

Quercus spp (chêne)

5.6%

3,839,151

Fagus spp (hêtre)

1.2%

820,357

Betula spp (bouleau)

0.3%

238,230

Autres feuillus

3.4%

2,297,497

TOTAL

100.0%

68,313,135

Source: Auteur.

 

Evolution de la superficie de plantations forestières

Le couvert de plantations forestières évolue différemment selon les années et les pays. Les variations sont dictées par un certain nombre de facteurs, dont l’état des finances publiques; les conditions économiques générales; les incitations offertes au secteur privé pour qu’il plante des forêts; la rentabilité perçue des investissements de boisement et l’ampleur des activités de promotion.

A long terme, il est normal que les nouveaux boisements diminuent, en valeur absolue, car les pays et les investisseurs atteignent un point de saturation (ce point est atteint quand les bénéfices et les coûts marginaux des activités de boisement sont égaux et s’annulent). Mais à court terme, les taux de boisement peuvent varier à la suite de changements structurels dans l’environnement économique ou de modifications des perceptions des investisseurs. Par exemple, en Nouvelle Zélande, durant la période 1993-1997, les nouveaux boisements ont été de 75 000 hectares en moyenne, contre 23 000 hectares durant la période quinquennale antérieure. Cette augmentation était en grande partie due à une revalorisation des plantations, aux yeux des investisseurs. De même, des modifications de facteurs sociaux ou environnementaux peuvent entraîner des changements immédiats dans les activités de boisement ou déplacer les taux de boisement sur une ligne de tendance différente. Par exemple, si les plantations deviennent une option viable pour les projets de fixation du carbone, les taux de boisements annuels pourraient se mettre à augmenter dans un certain nombre de pays.

 

Taux de boisement historiques

D’une manière générale, les données historiques estimées de la superficie mondiale de plantations forestières ne peuvent pas servir de point de comparaison pour la présente analyse, en raison des difficultés liées à la définition et à la classification des plantations forestières, et des lacunes des données sur les boisements, les reboisements et la mortalité. Comme on l’a déjà noté, la définition des plantations forestières pose des problèmes dans les pays développés et, dans les pays en développement, les statistiques tendent à être faussées par des discordances dans les données. En conséquence, même les estimations récentes de la superficie mondiale de plantations forestières présentent des variations notables et on note d’importants écarts dans les superficies signalées pour un certain nombre de pays. Ainsi, Solberg et al (1996) ont estimé la superficie mondiale de plantations forestières à 129,6 millions d’hectares en 1990, alors que Pandey et Ball (1998) l’ont évaluée à 138 millions d’hectares pour 1995.

Parmi les estimations antérieures de la superficie de plantations forestières, l’une des plus intéressantes est donnée par Lanly et Clément (1979), dans une étude qui estime, jusqu’à l’an 2000, les tendances des superficies de plantations forestières industrielles dans les pays tropicaux. Ces deux auteurs ont évalué les superficies de forêts plantées pour 1970 et 1975 (à partir des meilleures données disponibles à l’époque), et se sont servi de ces estimations pour faire des projections de la superficie de plantations forestières, à intervalles de cinq ans, jusqu’en l’an 2000. Si l’on compare la superficie estimée de plantations forestières industrielles en 1995 avec leurs projections (pour le même groupe de pays), celles-ci semblent extrêmement précises (voir Figure 4). On peut donc raisonnablement en déduire que, dans ces pays, l’évolution de la surface de forêts plantées depuis 1970 a été à peu près conforme à leurs projections.

Tableau 4 présente des estimations des boisements industriels dans certains pays et met en lumière plusieurs tendances notables qui caractérisent l’établissement de plantations forestières dans de nombreux autres pays. Ainsi, le Japon et la Corée sont deux pays à densité de population relativement élevée qui ont reconstitué leurs domaines forestiers en déclin. Dans ces deux pays, les taux de boisement ont chuté très rapidement quand les objectifs nationaux ont été atteints. A l’inverse, au Myanmar, les boisements se sont considérablement accélérés après 1980, avec la mise en œuvre d’un programme centralisé de plantation de forêts à grande échelle. Les taux de boisement en Australie, au Chili et en Nouvelle Zélande ont fluctué en fonction des différents changements institutionnels, législatifs et économiques: ils ont amorcé une modeste baisse en Australie alors qu’en Nouvelle Zélande, comme au Chili, on note avec intérêt que les taux de plantation ont suivi une trajectoire en dents de scie.

Figure 4 Superficie projetée de plantations forestières industrielles dans les pays tropicaux, 1970-2000


Sources: Lanly et Clement (1979); Pandey (1997); et auteur.

 

Tableau 4 Estimations relatives à l’établissement de plantations forestières industrielles, dans des pays sélectionnés

Pays ou région

Superficie en

Taux annuel de boisement estimé

 

1970 (en milliers d’ha)

1971-75

(en milliers d’ha)

1976-80

(en milliers d’ha)

1981-85

(en milliers d’ha)

1986-90

(en milliers d’ha)

1991-95

(en milliers d’ha)

Tous pays tropicaux confondus

3,100

322.0

364.0

456.0

524.0

472.0

Myanmar

70

2.8

6.3

26.8

28.9

29.7

Australie (conifères seulement)

n.a.

33.9

35.0

32.6

32.3

18.6

Nouvelle Zélande

465

30.2

46.0

49.8

33.2

43.4

Chili

n.a.

49.0

78.4

84.8

77.0

116.5

République de Corée

1,480

167.9

150.9

107.3

66.7

39.7

Japon

8,260

274.8

190.2

133.0

79.0

53.6

Note: Le total des pays tropicaux est tiré de Lanly et Clément (1979) et les autres estimations ont été compilées par l’auteur. Les estimations concernant Myanmar, l’Australie, le Chili et la République de Corée comprennent les remplacements des manquants.

 

Taux de boisement en zone tropicale et subtropicale

Pandey (1997) estime les taux annuels de boisement dans les pays tropicaux et subtropicaux à un peu plus de 4 millions d’hectares en 1995 (voir Tableau 5), dont environ 1,7 million d’hectares en zone tropicale, et 2,4 millions d’hectares en zone subtropicale. Toutefois une partie de ces boisements sont en fait des replantations d’étendues exploitées ou sur lesquelles les plants n’avaient pas pris. Pandey note une diminution générale des taux annuels de boisement dans la plupart des pays tropicaux, depuis l’Evaluation des ressources forestières 1990 (qui les estimait à 2,6 millions d’hectares en zone tropicale).

Tableau 5 Boisements annuels estimés en 1995 dans les pays tropicaux et subtropicaux ayant d’importants programmes de boisement

Afrique

Amérique du Sud et Am. centrale

Asie

Pays

Superficie (en millers d’ha)

Pays

Superficie (en milliers d’ha)

Pays

Superficie (en milliers d’ha)

Algérie

100

Argentine

30

Australie

25

Maroc

30

Brésil

100

Chine

2,000

Afrique du Sud

20

Chili

100

Inde

750

Soudan

40

Cuba

25

Indonésie

250

Tunisie

20

Pérou

20

Malaisie

20

   

Uruguay

40

Myanmar

32

   

Venezuela

30

Pakistan

30

       

Philippines

22

       

Thaïlande

40

       

Viet Nam

120

Total

288

Total

400

Total

3,329

Source: Pandey (1997).

 

Taux de boisement en zone tempérée et boréale

Il n’existe pas de statistiques mondiales cumulées sur les tendances historiques du boisement en zone tempérée et boréale, principalement à cause de problèmes liés à la définition des plantations forestières en Amérique du Nord, en Europe et dans les pays de l’ex-URSS. On peut cependant affirmer, à part quelques exceptions, qu’il existe dans cette zone une tradition plus ancienne d’établissement et d’aménagement de plantations forestières que dans la zone tropicale et subtropicale. Par exemple, la Figure 4 montre que l’essentiel des plantations forestières des régions tropicales et subtropicales ont été établies après 1970. En revanche, plusieurs pays européens, comme le Royaume-Uni et l’Allemagne (voir Error! Reference source not found.) ont au moins deux siècles d’expérience des plantations. Les Etats-Unis d’Amérique, la Nouvelle Zélande, l’Australie et l’Afrique du Sud ont planté de vastes étendues de forêts avant 1930. Le Japon a largement entamé son programme de reboisement en 1946 et plusieurs pays nord-africains ont commencé à planter à peu près à la même époque. La République de Corée s’est mise en 1962 à planter de vastes étendues de forêts. Dans la zone tempérée et boréale, les principales exceptions sont les pays de l’ex-URSS où il semble que la majorité des plantations forestières aient été établies après 1970.

Encadré 1 Bref historique de la foresterie de plantation en Allemagne

Dans le Nord de l’Allemagne, on plante des chênes autour des fermes depuis le Moyen-Age, car ils fournissent des glands pour nourrir les cochons, de l’écorce à tan, et du bois de construction pour les générations futures. Au XIII° Siècle, cette expérience a été appliquée à plus grande échelle, pour tenter de reboiser des zones exploitées en coupe rase.

Les premières plantations forestières dont on possède une trace en Allemagne étaient des plantations de chênes, comme celles signalées en 1343 près de Dortmund; en 1357 dans les landes de Dresde, et en 1398 dans la forêt municipale de Francfort. On a continué à planter des chênes et des hêtres dans tout le pays jusqu’au début du XVII° Siècle. Pour faire face à l’épuisement des sols et fournir du bois pour la construction, les activités minières et les autres utilisations industrielles, des conifères à croissance rapide ont été introduits dès 1368, année où plusieurs centaines d’acres de la Forêt Lorenzer, près de Nuremberg ont été ensemencés en Pinus sylvestris. Ceci a été le point de départ de la conversion à grande échelle des forêts mixtes de feuillus allemandes (chênes-hêtres) en plantations pures de pins, d’épicéas ou de sapins. La majorité des forêts qui existent aujourd’hui en Allemagne tirent leur origine de ces reboisements.

Depuis le début du vingtième siècle, on a encouragé la reconversion des peuplements monospécifiques en peuplements mixtes inéquiennes. L’Allemagne considère aujourd’hui toutes ses forêts comme "semi-naturelles", selon les définitions des différents types de forêt utilisées dans le volume sur les forêts tempérées et boréales de FRA 2000.

Source: Killmann (1999).

 

Structure des classes d’âge des plantations forestières, au niveau mondial

Etant donné que la majorité des pays ne fournissent pas d’inventaires nationaux de l’ensemble de leurs plantations forestières, il est très difficile de compiler des informations détaillées sur les classes d’âge des plantations, au niveau mondial ou m ême régional. C’est la raison pour laquelle la FAO n’a pas publié d’analyse détaillée des classes d’âge depuis l’Evaluation des ressources forestières 1980 – Pays tropicaux. Une foule d’informations non coordonnées sur l’âge des plantations sont toutefois disponibles sous diverses formes, dans les différents pays et régions. Ces données sont très variables, tant du point de vue de leur fiabilité que de leur actualité.

Le présent document se propose, entre autres objectifs, de combler cette lacune de l’information en rassemblant et en collationnant toutes les données disponibles sur les classes d’âge des plantations, et d’utiliser ces données pour estimer la production potentielle future des plantations forestières. Nous soulignons toutefois que les structures des classes d'âge présentées ici ont nécessité d’importantes manipulations des données. Nous voulions en effet que nos estimations soient en gros représentatives de la manière dont se répartissent les classes d’âge dans les pays. Les méthodologies employées pour collecter et analyser toutes ces informations sont décrites aux Annexes 1 et 2.

 

Structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles

Les plantations forestières industrielles sont les plantations qui ont pour vocation principale de fournir du bois rond pour la production de sciages, de panneaux dérivés du bois et de pâte. Si l’on pose pour hypothèse que toutes les forêts plantées en Europe et dans les pays de l’ex-URSS sont des plantations industrielles,la superficie mondiale estimée des plantations forestières industrielles en 1995 devrait être de 103,3 millions d’hectares, soit 84 pour cent de la superficie totale de forêts plantées.

Figure 5 Estimation, par région, de la structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles, en 1995

Source: Auteur

La Figure 5 montre la structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles, telle qu’elle a été estimée pour chaque région géographique en 1995. Deux caractéristiques dominantes de la répartition des plantations forestières industrielles méritent que l’on s’y arrête.

Premièrement, on est frappé par l’importante superficie des plantations forestières de l’Asie, par rapport aux autres régions. La dominance de ce continent sur la scène mondiale est particulièrement marquée pour la superficie de plantations établies au cours de la dernière décennie. Les plantations asiatiques représentent 40 pour cent du total mondial illustré à la Figure 5, et presque 60 pour cent des plantations établies depuis 1985.

Le deuxième phénomène que l’on remarque, sur la Figure 5, est la très forte proportion de plantations forestières industrielles âgées de moins de quinze ans, en particulier dans les pays en développement. Pour l’ensemble du monde, 54 pour cent de ces plantations ont moins de 15 ans, et 21 pour cent ont été plantées entre 1990 et 1995. A l’inverse, on estime que 2 pour cent seulement ont plus de 50 ans, 16 pour cent ayant entre 30 et 50 ans. Ce rajeunissement est en grande partie dû à une augmentation des boisements depuis quelques années, mais il reflète aussi d’autres facteurs, notamment l’exploitation des plantations adultes appartenant aux classes d’âge les plus élevées, et le raccourcissement général des rotations dans de nombreux pays. En outre, dans la zone tempérée et boréale, le reclassement des plantations forestières industrielles dans la catégorie des forêts semi-naturelles conformément aux définitions utilisées dans FRA 2000, a probablement eu une incidence non négligeable. Toutefois, la quasi-totalité des plantations forestières industrielles de plus de 50 ans se trouvent dans la zone tempérée et boréale. Les pays qui ont une grande superficie de forêts industrielles plantées avant 1946 sont la Fédération de Russie, l’Ukraine, la France, le Portugal, le Danemark, l’Irlande et l’Afrique du Sud.

 

Structure des classes d’âge des plantations forestières non industrielles

Les plantations forestières non industrielles comprennent les plantations forestières établies pour la production de bois de feu, et celles qui ont été établies à des fins autres que la production de bois. Ces objectifs peuvent être la protection des ressources en sols et en eau, les activités récréatives et l’obtention de produits forestiers non ligneux (ex: plantations d’Acacia senegal, utilisées pour produire de la gomme arabique). La classification adoptée dans cette étude exclut les cultures arboricoles, les vergers d’arbres fruitiers et les «espèces non forestières» (telles que palmier à huile, hévéa et cocotier).

Presque toutes les plantations forestières non industrielles sont coupées un jour ou l’autre, quelque soit le principal objectif de leur création. Le bois rond qui en provient peut être utilisé comme bois de feu ou à des fins industrielles. Dans certains cas, des plantations forestières qui avaient été établies à l’origine pour obtenir du bois de feu sont aujourd’hui utilisées pour produire du bois rond industriel. C’est notamment le cas de la République de Corée où, dans les années 60, plus d’un million d’hectares de forêts ont été plantées pour fournir du bois de feu. Or, comme la consommation de combustibles ligneux est relativement faible dans ce pays, ces plantations sont principalement exploitées pour la production de bois de trituration.

L’hypothèse de départ étant que toutes les plantations forestières d’Europe et de l’ex-URSS sont des plantations forestières industrielles, la superficie totale de plantations forestières non industrielles dans les cinq autres régions géographiques complète le tableau mondial des ressources en plantations forestières. La superficie totale de plantations forestières non industrielles a été estimée pour 1995 à 20,4 millions d’hectares, soit 16,6 pour cent de la superficie totale de plantations forestières.

Figure 6 Estimation par région de la structure des classes d’âge des plantations forestières non industrielles, en 1995

Source: Auteur

La Figure 6 montre la structure des classes d’âge des plantations forestières non industrielles, telle qu’elle a été estimée pour chaque région géographique en 1995. Les principales caractéristiques mises en évidence sont les mêmes que celles qui ont été décrites plus haut pour les plantations industrielles (voir Figure 5), à savoir: prépondérance des plantations situées en Asie et forte proportion de plantations de moins de 15 ans. Toutefois, ces tendances sont encore plus prononcées dans le cas des plantations non industrielles.

Les plantations forestières non industrielles d’Asie représentent 74 pour cent du couvert mondial total de plantations non industrielles. L’Amérique du Sud et l’Afrique se répartissent la majeure partie de la superficie restante, avec respectivement 14 pour cent et 10 pour cent du total mondial. Les plantations forestières non industrielles de moins de 15 ans représentent un peu moins de 84 pour cent du total.

L’estimation de la structure des âges des plantations forestières non industrielles, indiquée ci-dessus, est beaucoup plus aléatoire que celles concernant les plantations industrielles que l’on avait données plus haut. Certaines pratiques, comme le recépage et la production de bois rond sur un cycle continu d’éclaircies, font qu’il est difficile de faire la part entre le bois laissé en place pour repeupler la forêt et le bois enlevé, ce qui peut fausser les estimations des classes d’âge. Ce type de pratique est probablement plus répandu dans les plantations établies pour la production de bois de feu ou à des fins autres que la production, que dans les plantations industrielles. C’est pourquoi ces chiffres doivent être interprétés avec une certaine prudence.

 

Informations plus détaillées, par région, sur les plantations forestières

Les plantations forestières en Asie

L’Asie est de loin la région du monde qui possède le plus de plantations forestières industrielles. Toutefois, cette ressource est essentiellement concentrée entre les mains d’une poignée de pays. Trois pays, à savoir la Chine, l’Inde et le Japon – possèdent 77 pour cent de la superficie totale de plantations forestières industrielles de cette région.

Il est également intéressant de noter que, dans chacun de ces trois pays, la composition des plantations est très différente. Par exemple, le Japon accorde une très grande place aux fonctions de protection des forêts (un tiers de la superficie de forêts du Japon est classée comme forêt de protection). Toutefois, au Japon, cela n’exclut pas la production de bois rond de sorte que la totalité de la superficie de plantations forestières de ce pays a été classée dans la catégorie des plantations forestières industrielles dans cette étude. A l’inverse, en Inde, les deux tiers de la superficie totale de plantations forestières ont été établis à d’autres fins que la production de bois rond industriel (principalement bois de feu), de sorte que ces étendues ont été rangées dans la catégorie des plantations forestières non industrielles, aux fins de cette étude.

La Figure 5 montrait que la majorité du domaine de forêts industrielles plantées en Asie avait moins de 15 ans. Ceci s’explique dans une large mesure par une accélération très rapide des boisements industriels en Chine depuis quelques années, et par l’adoption de rotations généralement courtes. A l’autre extrémité de la fourchette des classes d’âge, la grande majorité des plantations forestières industrielles les plus vieilles, sont japonaises (voir Figure 7).

Au Japon, environ 45 pour cent de la superficie totale de forêts (à peine plus de 1 million d’hectares) est classée dans la catégorie des plantations forestières, et presque toute cette surface a été plantée pendant la période de reconstruction qui a suivi la guerre. Dans ces plantations, les principales espèces sont le Sugi (Cryptomeria japonica), le Hinoki (Chamaecyparis obtusa), le pin et le mélèze du Japon (Larix leptolepis). Une proportion significative de ces forêts plantées sont adultes ou proches de l’âge d’exploitabilité (54 pour cent ont plus de 30 ans). Toutefois, comme l’a noté Ishihara (1998):

(au Japon)…au cours des trois dernières décennies, le prix du bois a augmenté moins vite que les coûts des activités forestières. Par exemple, en quinze ans, les coûts de plantation ont plus que doublé, alors que les prix du bois sur pied des conifères japonais «Sugi» ont été pratiquement divisés par deux… aux prix courants du bois, on estime que 35,4% des forêts privées (6,1 millions d’ha) et 53,7 % des forêts nationales (4,2 millions d’ha) peuvent rapporter de l’argent..

Selon Ishihara, une augmentation rapide de la production de bois ronds de ces plantations forestières adultes est tout à fait improbable, vu les niveaux actuels des coûts et des prix. Si l’on retirait de la Figure 7 les plantations adultes du Japon, on s’apercevrait que la quasi-totalité de la superficie restante de plantations forestières industrielles d’Asie a été plantée après 1980.

Figure 7 Estimation de la structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles en Asie, en 1995


Source: Auteur

En Chine, les boisements se sont accélérés rapidement depuis 1980, en réponse à une directive du Comité central en faveur d’une «action énergique pour la plantation d’arbres et de forêts». En Chine, presque toutes les plantations industrielles ont été établies après la publication de cette Directive. Ainsi, Shi et al font observer ce qui suit:

Entre 1988 et 1992, 16,17 millions d’hectares de plantations forestières industrielles ont été établis, dont 2,5 millions d’hectares d’essences à croissance rapide et à rendement élevé.

Plus de 80 pour cent de la superficie de plantation forestière en Chine est composée d’espèces pouvant être utilisées à des fins industrielles. Cunninghamia lanceolata est l’espèce dominante, avec diverses essences de pins.

L’Inde, deuxième pays de la région asiatique pour la superficie de forêts plantées, a établi ses plantations dans des objectifs très différents. Plus des deux tiers des forêts de ce pays sont des plantations forestières non industrielles, en grande partie établies pour la production de bois de feu. Il n’est pas surprenant que des feuillus à croissance rapide – notamment les Acacias et les Eucalyptus - dominent les plantations indiennes. Le teck (Tectona Grandis)est la principale espèce utilisée dans les plantations forestières industrielles en Inde, avec environ 1 million d’hectares au total.

Comme en Inde, un pourcentage élevé des plantations forestières du Pakistan et du Bangladesh a été affecté à la production de bois de feu. Le Pakistan a aussi, comme l’Inde, une forte proportion de forêts plantées en Acacia et en Eucalyptus, mais aussi des étendues significatives de Dalbergia sissoo. Les plantations du Bangladesh sont dominées par des espèces de mangrove, mais ce pays possède aussi environ 70 000 hectares de plantations de Tecks.

Les autres pays d’Asie qui ont plus d’un million d’hectares de plantations forestières sont l’Indonésie, la République populaire démocratique de Corée; la République de Corée; la Turquie et le Viet Nam.

L’Indonésie a environ 3 millions d’hectares de plantations forestières, pour la plupart à vocation industrielle. Une très large gamme d’espèces a été plantée; les plus communes sont: Tectona grandis; Acacia mangium; et Pinus merkusii.

La République populaire démocratique de Corée a établi 2,2 millions d’hectares de forêts, Larix leptolepis et Pinus koriaensis représentant environ 60 pour cent de la ressource. Quant à la République de Corée, elle a planté un peu plus de 2 millions d’hectares, essentiellement en Larix leptolepis et Pinus koriaensis, mais les populus spp. couvrent aussi une surface considérable.

En Turquie, les plantations forestières occupent 1,9 million d’hectares, et sont principalement composées de pins. Les espèces dominantes sont le pin calabrais (Pinus brutia) et le pin parasol (Pinus pinea).

Le Viet Nam a planté 1,05 million d’hectares de forêts contenant diverses essences, les plus communes étant Pinus et Eucalyptus.

 

Les plantations forestières en Afrique

La majorité des plantations forestières d’Afrique se trouvent en Afrique du Sud (1,4 million d’hectares) et dans les pays méditerranéens d’Afrique du Nord. En Afrique du Nord, les pays qui ont le couvert de plantations le plus étendu sont l’Algérie (0,6 million d’hectares); le Maroc (0,6 million d’hectares); la Tunisie (0,3 million d’hectares); et la Lybie (0,2 million d’hectares). Ensemble, ces pays représentent 55 pour cent de toutes les forêts plantées d’Afrique. Les plantations sont cependant largement distribuées entre les autres pays du continent, puisque 16 autres pays ont plus de 0,1 million d’hectares de forêts plantées.

Les plantations d’Afrique du Sud sont essentiellement composées de Pinus, Eucalyptus et Acacia spp (en particulier: Pinus patula; Pinus elliottii; Pinus radiata; Eucalyptus grandis; et Acacia mearnsii). D’autres pays d’Afrique australe (notamment le Swaziland; le Zimbabwe; et le Malawi) ont aussi planté d’importantes surfaces, composées d’espèces similaires.

Les plantations d’Afrique du Nord tendent à être composées d’essences à croissance très lente, adaptées aux zones arides et semi-arides. D’innombrables plantations ont été établies dans le cadre de projets de stabilisation des dunes, pour tenter d’enrayer la désertification. Le projet algérien «barrage v ert» est l’un des plus connus à cet égard. Bien que l’on dispose de très peu d’informations sur cette ressource, le deuxième pays d’Afrique, pour les ressources en plantations forestières industrielles, est l’Algérie. Dans ce pays, les espèces dominantes ont cependant une croissance très lente. Les plus communes sont le chêne-liège (Quercus suber) et le pin d’Alep (Pinus halepensis). Les autres espèces communément utilisées dans les plantations nord-africaines sont Pinus halepensis; Pinus brutia; Eucalyptus camaldulensis; Eucalyptus globulus; Eucalyptus gomphocephala; et divers types d’Acacia spp.

Parmi toutes les régions géographiques, l’Afrique est celle qui possède le plus fort pourcentage (36 pour cent) de plantations non industrielles par rapport à la superficie totale mondiale de plantations forestières, et probablement aussi la proportion la plus élevée de plantations à bois de feu. Le Soudan, l’Ethiopie et le Rwanda en particulier ont un couvert relativement étendu de plantations à bois de feu, principalement composées d’espèces d’Eucalyptus et d’Acacia spp.

Plusieurs espèces réservées à un usage spécifique sont aussi cultivées de manière extensive dans les plantations africaines. Le chêne-liège (Quercus suber) est planté sur de grandes surfaces en Algérie; Acacia senegal (source de gomme arabique) est cultivé dans des plantations du Soudan, du Sénégal et de plusieurs autres pays sahéliens; et Acacia mearnsii (mimosa) est utilisé pour son écorce en Afrique du Sud, au Zimbabwe et au Swaziland.

La structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles, estimée pour 1995 en Afrique, est illustrée à la Figure 8. Comme le montre le graphique, en Afrique, les superficies occupées par des plantations appartenant aux classes d’âge plus jeunes sont légèrement plus élevées, du fait que les taux de boisement ont augmenté ces dernières années. Cependant la proportion de jeunes plantations forestières industrielles est moins grande qu’en Asie. Dans les classes les plus âgées, l’Afrique du Sud détient la plus grande part de plantations forestières industrielles. En effet, 79 pour cent de toutes les plantations forestières industrielles de plus de 30 ans se trouvent en Afrique du Sud.

Figure 8 Estimation de la structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles, en Afrique, en 1995


Source: Auteur.

Les plantations forestières en Océanie

Les informations régionales les plus complètes sur les plantations forestières sont celles concernant l’Océanie. L’Australie et la Nouvelle Zélande monopolisent 95 pour cent des plantations forestières de la région, avec respectivement 1 million et 1,5 million d’hectares. Ces deux pays ont récemment publié des inventaires complets de leurs plantations forestières, qui donnaient de nombreux détails sur cette ressource. L’autre pays de la région qui a une superficie significative de forêts plantées est Fidji (0,1 million d’hectares).

La principale espèce utilisée dans les plantations d’Océanie est Pinus radiata, qui représente 91 pour cent de la superficie de forêts plantées en Nouvelle Zélande et 62 pour cent en Australie. D’autres espèces de pins, en particulier Pinus caribaea à Fidji et Pinus caribaea et Pinus oocarpa dans le Nord de l’Australie, occupent la plus grande partie de la superficie restante de plantations de conifères. L’Eucalyptus est l’espèce feuillue la plus commune dans les plantations de la région, et on la trouve surtout en Australie. Fidji a aussi de vastes étendues de forêts plantées en mahoganis (Swietenia macrophylla) et en Teck (Tectona grandis).

Figure 9 Estimation de la structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles, en Océanie, en 1995


Sources: Ministère néo-zélandais des forêts; Inventaire forestier national australien; et auteur.

La structure des classes d’âge des plantations forestières de l’Océanie, estimée pour 1995, est illustrée à la Figure 9. Les classes d’âge sont mieux réparties que dans la majorité des autres régions, car on a compris très tôt l’importance que pouvaient avoir les plantations pour couvrir les besoins en bois de la région. La Nouvelle Zélande et l’Australie ont toutes les deux commencé à planter des forêts avant 1930, et de vastes étendues arrivent maintenant à l’âge d’exploitabilité, quand elles n’en sont pas déjà à leur deuxième ou troisième rotation. La prédominance des forêts de moins de 35 ans dans la région reflète la durée des rotations normalement pratiquée dans la région (un pourcentage significatif de ces superficies sont des étendues replantées, et non de nouvelles plantations). La Nouvelle Zélande, l’Australie et Fidji prévoient de fortes augmentations de la production de bois issue de leurs plantations forestières industrielles durant la prochaine décennie.

 

Les plantations forestières en Amérique du Nord et en Amérique centrale

Les Etats-Unis d’Amérique possèdent la quasi-totalité de la superficie de plantations forestières de la région Amérique du Nord et Amérique centrale, avec 18, 4 millions d’hectares au total. Parmi les autres pays de la région, seuls Cuba (0,4 million d’hectares), le Mexique (0,2 million d’hectares) et le Costa Rica (0,1 million d’hectares) ont des étendues de plantations forestières significatives.

Les plantations forestières des Etats-Unis d’Amérique sont essentiellement concentrées (90 pour cent) dans les régions du sud-est et du centre-sud, et environ 85 pour cent des plantations du pays sont composées d’essences de pins. Le pin à l’encens (Pinus taeda), le pin épineux (Pinus echinata), le pin des marais (Pinus palustris) et le pin d’Elliott (Pinus elliottii) sont les essences les plus communes de ces plantations.

Cuba, le Costa Rica et le Mexique ont tous planté diverses espèces dans les forêts qu’ils ont établies. A Cuba, les essences de pin à croissance rapide (notamment Pinus caribaea, Pinus tropicalis et Pinus cubensis) occupent 48 pour cent du domaine de forêts plantées. Au Costa Rica, l’espèce dominante est Gmelina arborea (34 pour cent de la superficie de plantations forestières), mais il existe aussi de vastes étendues plantées en Tecks (Tectona grandis) et en aulnes (Alnus acuminata). Au Mexique, les pins (notamment: Pinus patula; Pinus ayacahuite; et Pinus strobus var. chiapensis) dominent dans les plantations de conifères. On trouve une vaste gamme d’espèces (notamment: Eucalyptus; Acacia; et Casuarina spp) dans les forêts plantées en feuillus.

La grande majorité des plantations forestières des Etats-Unis d’Amérique et du Costa Rica sont classées comme industrielles. En revanche, plus de 40 pour cent des plantations forestières à Cuba, et plus de 60 pour cent au Mexique sont considérées comme non industrielles (Pandey 1997).

La structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles, telle qu’elle a été estimée pour l’Amérique du Nord et l’Amérique centrale en 1995, est illustrée à la Figure 10. On note une domination absolue des plantations forestières des Etats-Unis d’Amérique, quelle que soit la classe d’âge, dans cette région, où environ 77 pour cent des plantations sont âgées de moins de 20 ans.

Là encore, les superficies se répartissent de manière relativement équilibrée entre les différentes classes d’âge. Au total, presque toute la superficie de plantation forestière de la région a moins de 30 ans (ce qui reflète les rotations généralement pratiquées dans la région), et quelques plantations en sont déjà à leur deuxième ou à leur troisième rotation. Par exemple, à Cuba et au Mexique, une bonne partie de la superficie de forêts artificielles a été plantée pour la première fois entre le milieu et la fin des années 50, mais la majorité de ces superficies portent aujourd’hui des arbres de moins de 20 ans (ce qui signifie que la plupart en sont à leur deuxième rotation).

Le seul pays qui fait exception est le Costa Rica, qui n’a signalé que 2 700 hectares de plantations forestières en 1980 dans l’Evaluation des ressources forestières tropicales 1980 (FAO, 1981b). On en déduit que la majorité des plantations forestières de ce pays ont été établies au cours des 15 dernières années.

Figure 10 Estimation de la structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles, en Amérique du Nord et en Amérique centrale, en 1995


Source: Auteur.

 

Les plantations forestières en Amérique du Sud

La superficie totale des plantations forestières en Amérique du Sud a été estimée à 8,2 millions d’hectares, en 1995. 82 pour cent de cette ressource est concentré dans trois pays: le Brésil (4,2 millions d’hectares); le Chili (1,7 million d’hectares); et l’Argentine (0.8 million d’hectares). Toutefois, malgré la dominance de ces trois pays, on trouve aussi de vastes étendues de plantations dans presque tous les autres pays de la région, puisque 8 des 13 pays que compte l’Amérique du Sud ont plus de 0,1 million d’hectares de forêts chacun.

Les espèces les plus communément plantées dans les forêts d’Amérique du Sud sont les Pinus et les Eucalyptus à croissance rapide. Les Eucalyptus dominent (environ 3,9 millions d’hectares), devant les Pinus qui couvrent 3,5 millions d’hectares.

Bien que, par commodité, toute la région ait été classée zone tropicale et sous tropicale pour la présente étude, de vastes étendues situées dans la partie sud de cette région, se trouvent en réalité dans la zone tempérée et boréale. Les plantations forestières de ces zones sont dominées par les pins (en particulier Pinus radiata, Pinus elliottii, et Pinus taeda), qui occupent 49 pour cent de la superficie de plantation forestière en Argentine, et 78 pour cent au Chili. Les pins représentent aussi 80 pour cent de la surface de plantations forestières tropicales au Venezuela, où l’espèce la plus commune est Pinus caribaea.

Les Eucalyptus sont les essences les plus communément plantées dans le reste de la zone tropicale et subtropicale d’Amérique du Sud, puisqu’elles occupent 65 pour cent de la superficie de plantation forestière au Brésil, 90 pour cent au Pérou et 80 pour cent en Uruguay. Parmi celles-ci, les plus répandues sont Eucalyptus globulus; Eucalyptus grandis; Eucalyptus saligna; Eucalyptus urophylla; Eucalyptus deglupta; et les hybrides F-1 des deux dernières espèces, qui sont utilisés dans la partie tropicale du Brésil.

D’après les estimations, les plantations forestières industrielles représentent 74 pour cent de la superficie totale de plantations forestières en Amérique du Sud, et le Brésil, le Pérou et l’Uruguay sont les pays qui ont le plus de plantations forestières non industrielles.

La structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles, estimée pour 1995 en Amérique du Sud est illustrée à la Figure 11. La région est comparable aux autres régions tropicales et subtropicales, en ce sens que les classes d’âge qui dominent sont les plus jeunes, en raison des augmentations des nouvelles plantations enregistrées depuis quelques années. La superficie des plantations forestières de moins de 10 ans représente 45 pour cent de la superficie totale de plantations forestières industrielles. Dans la répartition des classes d’âge illustrée à la Figure 11, on note une caractéristique intéressante: le déclin léger, mais significatif, des taux de boisement depuis 1990, en particulier dans les quatre pays qui ont le plus de forêts plantées. Ce déclin est très probablement la conséquence des récentes réductions des divers programmes d’incitation à la plantation, dans ces pays et ailleurs dans la région.

 

Figure 11 Estimation de la structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles pour 1995, en Amérique du Sud

Source: Auteur

Les plantations forestières en Europe (pays de l’ex-URSS exclus)

Comme on l’a déjà noté, de nombreux pays d’Europe n’ont jamais fait la distinction dans leurs inventaires forestiers nationaux entre les plantations forestières et les autres types de forêts. Les pays ont bien signalé des superficies de plantations forestières dans le volume sur les forêts tempérées et boréales de FRA 2000, mais dans de nombreux cas, cette tentative est la première du genre. C’est pourquoi il a été très difficile de collecter et de confronter des données historiques sur les superficies de plantations forestières.

Dans cette analyse, la principale difficulté a été d’harmoniser les informations historiques sur les superficies plantées et replantées (trouvées dans les documents sur les pays individuels) avec les superficies de plantations forestières signalées dans le volume de FRA 2000sur les forêts tempérées et boréales. L’une des raisons à cela est que l’on suppose que de nombreuses superficies signalées comme plantations forestières dans les données historiques sont à présent répertoriées comme semi-naturelles, conformément aux termes et aux définitions retenus pour FRA 2000. Il nous a donc fallu poser un certain nombre d’hypothèses afin d’élucider les discordances entre les données historiques sur les plantations et les données reportées dans FRA 2000. On est donc parti du principe que les superficies récemment signalées comme plantations forestières sont aussi inscrites dans cette catégorie dans FRA 2000, alors que celles qui ont été plantées il y a quelques temps sont probablement maintenant répertoriées comme des forêts semi-naturelles.

Pour expliquer notre manière de procéder, nous prendrons comme exemple la Suède. La Suède a commencé au début des années 70 à planter des Pinus contorta à grande échelle, et elle signale aujourd’hui environ 550 000 hectares de forêts contenant cette espèce. Ce chiffre est très proche des 572 000 hectares de plantations forestières signalées par ce même pays dans FRA 2000. On a donc supposé que la plupart des plantations forestières de ce pays avaient été établies à partir de 1970, avec Pinus contorta, et que les superficies de plantations forestières précédemment enregistrées étaient aujourd’hui classées dans la catégorie des forêts semi-naturelles.

Toutefois, plusieurs pays d’Europe classent un pourcentage élevé de leurs forêts dans la catégorie des plantations forestières dans FRA 2000. Par exemple, l’Irlande et Malte rangent 100 pour cent de leur superficie forestière dans cette catégorie. D’autres pays font état d’une forte proportion de plantations forestières, notamment: le Danemark (92 pour cent), le Royaume-Uni (57 pour cent) et la Belgique (46 pour cent). Inversement, plusieurs pays européens qui ont un couvert forestier étendu ne signalent aucune plantation. C’est notamment le cas de l’Autriche, la Finlande, l’Allemagne et la République tchèque. Ces pays ne sont pas pris en compte dans cette analyse.

Cinq pays d’Europe possèdent les deux tiers de la superficie de plantations forestières de ce continent. L’Espagne est au premier rang avec 1,9 millions d’hectares, devant le Royaume-Uni (1,4 million d’hectares), la Bulgarie et la France (1,0 million d’hectares chacun) et le Portugal (0,8 million d’hectares).

Les espèces d’épicéas, de pins et de sapins représentent le pourcentage le plus élevé de la superficie de forêts plantées en Europe. En Espagne et au Portugal, les espèces dominantes des pla ntations sont les pins (en particulier Pinus pinaster, Pinus halepensis, Pinus pinea et Pinus radiata), ainsi que les eucalyptus. Au Royaume-Uni, beaucoup de forêts sont plantées en épicéas de Sitka (Picea sitchensis) et en sapins de Douglas (Pseudotsuga menziesii). En France, les essences forestières les plus utilisées en plantation sont les Populus, l’épicéa commun (Picea abies) et le sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii).

La structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles estimée pour 1995 en Europe est illustrée par la Figure 12. On note que la répartition de la superficie de plantations forestières entre les différentes classes d’âge est relativement équilibrée en Europe, avec des pourcentages significatifs de la superficie plantée dans les classes d’âge allant de 30 à 50 ans, ou supérieure à 50 ans. Sur les 5 pays qui ont le couvert de plantations le plus étendu, la France est celui qui a la plus grande proportion de forêts dans les classes les plus âgées. Au Royaume-Uni, les classes d’âge sont distribuées de manière relativement égale, alors que l’Espagne, le Portugal et la Bulgarie tendent à avoir une proportion relativement élevée de plantations dans les classes d’âge les plus jeunes.

 

Figure 12 Estimation de la structure des classes d’âge des plantations forestières industrielles en Europe, en 1995


Source: Auteur.

 

Les plantations forestières dans les pays de l’ex-URSS

Les 15 pays de l’ex-URSS ont aussi été inclus dans le volume sur les forêts tempérées et boréales de FRA 2000, et tous ont signalé des superficies de plantations forestières. La Fédération de Russie détient le pourcentage le plus élevé de plantations forestières dans cette région (17,3 millions d’hectares), mais 2 pour cent seulement de ses forêts sont classées dans la catégorie des plantations. L’Ukraine vient en second, avec 47 pour cent de la superficie totale de forêts dans la catégorie des plantations. Le Bélarus, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont un couvert de plantations forestières beaucoup plus réduit, quoique significatif. Tous les autres pays de l’ex-URSS signalent de petites étendues de plantations forestières, mais on n’a pratiquement aucune information à leur sujet, de sorte qu’ils ont été exclus de la présente étude.

On dispose aussi de très peu d’informations sur la composition spécifique des plantations forestières dans cette région. Selon Pandey (1995), en 1988, les espèces des plantations se répartissaient comme suit, en URSS: pins - environ 52%; épicéa - 24%; chêne - 6%; et cèdre - 1%. Ces pourcentages n’ont probablement pas varié de façon significative depuis 1988.

On trouve des informations sur la structure des âges des plantations forestières en Fédération de Russie dans les comptes nationaux sur les forêts et bon nombre de ces données sont maintenant accessibles grâce à des projets de recherche forestière de l’Institut international pour l'analyse des systèmes appliqués (IIASA), à Laxenbourg (Autriche). Ainsi, Shvidenko et Nilsson (1997) ont publié une série chronologique montrant la superficie cumulée de plantations forestières, qui peut être utilisée pour estimer, par dérivation, la structure des classes d’âge des plantations forestières de la Fédération de Russie. Shvidenko et Nilsson notent que, entre 1961 et 1993, d’importants efforts de boisement ont été accomplis en Fédération de Russie, mais que les taux de survie dépassaient rarement 55 à 60 pour cent.


Figure 13 Estimation de la structure des âges des plantations forestières industrielles, dans les pays de l’ex-URSS, en 1995

Source: Auteur.

La Figure 13 montre la répartition des classes d’âge des plantations forestières industrielles, telle qu’elle a été estimée pour 1995 dans les pays de l’ex-URSS. Un pourcentage significatif (56 pour cent) des forêts de la Fédération de Russie ont été plantées avant 1973 et ont donc aujourd’hui plus de 25 ans. Les efforts de boisement se sont nettement ralentis après 1988 et, compte tenu de l’effondrement de la production de bois rond dans ce pays depuis 1992, on peut raisonnablement supposer que le taux de boisement entre 1990 et 1995 a été négligeable. Une tendance similaire peut être observée en Ukraine, où des initiatives de régénération des forêts et de reboisement à grande échelle ont été mises en œuvre tout au long de la décennie 60, mais se sont par la suite ralenties, en particulier à partir de 1980.

 

Rendements et durée des rotations des plantations forestières

Dans de nombreux pays, les politiques forestières ont encouragé l’établissement de plantations pour l’approvisionnement en bois rond. Dans certains cas, cette stratégie visait à répondre à la demande croissante dans les endroits où la production des forêts naturelles était très faible (ex: plantations forestières pour la production de bois de feu en Inde). Dans d’autres, les plantations étaient considérées comme un complément important aux ressources des forêts naturelles (ex: Indonésie), ou étaient censées les remplacer complètement (ex:
Nouvelle Zélande). Compte tenu de cette tendance, ces politiques ne sauraient être analysées sans répondre aux questions suivantes:

Quelle est la contribution actuelle des plantations forestières aux approvisionnements régionaux et mondiaux en bois rond?

Quelle est la quantité de bois ronds qui pourra être issue des plantations forestières à l’avenir?

Quels sont les impacts écologiques des plantations forestières et dans quelle mesure ce modèle de développement du secteur forestier est-il viable, à long terme?

Quels sont les effets des plantations forestières sur l’ensemble des valeurs des forêts?

Pour tenter de faire la lumière sur les deux premières questions, quatre variables sont fondamentales: la superficie présente et future projetée des plantations forestières; les espèces utilisées dans les plantations; la distribution des classes d’âge dans les plantations forestières, et la croissance ou l’accroissement annuel moyen projetés dans les plantations forestières. Plusieurs autres facteurs entrent aussi en jeu, par exemple la durée des rotations et les régimes sylvicoles adoptés dans les plantations forestières; la mortalité des arbres; le potentiel offert par les améliorations génétiques pour accroître les rendements; et la qualité globale de l’aménagement dans les plantations forestières. Toutefois, ces derniers facteurs sont très secondaires par rapport aux principales variables, qui sont la superficie et le rendement des plantations forestières.

Les sections précédentes ont fait un bilan de la composition spécifique, des superficies et des distributions des classes d’âge des plantations forestières dans le monde. La présente section se penche sur la dernière des grandes variables identifiées plus haut, à savoir les rendements (et, par la même occasion, la durée des rotations) généralement obtenus dans les plantations forestières.

 

Rendements estimés des plantations forestières – vue d’ensemble

Pour établir un modèle de la production de bois rond qui pourra être tirée des plantations forestières à l’avenir, il faut avoir des informations sur les rendements moyens auxquels on peut raisonnablement s’attendre, si les conditions d’exploitation sont normales. Malheureusement ces informations sont rares et souvent imprécises.

Il existe de nombreuses études sur les rendements des différentes espèces, obtenus dans des plantations expérimentales ou dans le cadre d’essais. Toutefois, les rendements des plantations gérées à l’échelle commerciale ont de grandes chances d’être très éloignés de ces résultats, en raison de la qualité variable des terres, de l’établissement et de la sylviculture. Les entreprises commerciales obtiennent aussi généralement des rendements plus bas que ceux signalés dans les ouvrages de recherche, car la qualité de l’établissement et de la sylviculture est moins bonne.

L’évaluation des rendements qui pourraient être obtenus dans des conditions d’exploitation normales est cruciale, car une variation infime du rendement peut avoir un impact majeur sur le volume des coupes finales. Par exemple, si les résultats de la recherche indiquent qu’une essence aura une croissance de 7 m3/ha/an, alors que la croissance n’est que de 5m3/ha/an dans des entreprises commerciales, l’utilisation du premier chiffre reviendrait à surestimer de 40% le volume de la coupe finale. Ainsi, au niveau global, il est très important de ne pas surestimer les rendements potentiels probables en bois ronds (sur la base des résultats des recherches), car cela fausserait les prévisions de la production future potentielle totale.

Une base de données sur les rendements des plantations forestières par espèce et par pays est en cours de création à la FAO. Cette base de données, qui porte principalement sur les pays tropicaux, est élaborée dans le cadre d’un processus en plusieurs étapes, prévoyant la recherche d’informations dans des documents, des visites de terrain, des opinions ou des études d’experts, et pour finir, l’ajustement et la validation des estimations des rendements, par des experts nationaux. Etant donné qu’il n’existe pas d’enquêtes statistiques nationales sur les rendements des plantations, ce processus repose dans une large mesure sur l’opinion et le jugement d’experts. Cependant, cette approche devrait déboucher sur des estimations raisonnablement exactes, stables et fiables, même si elles manquent un peu de précision.

Les projections de la production potentielle future de bois rond issue des plantations forestières ont été établies sur la base des fourchettes de rendement moyen estimé reportées dans le Tableau 6 et le Tableau 7 ci-après. Or ces chiffres sont en général considérés comme pessimistes, car les rendements donnés sont à l’extrémité inférieure de la fourchette des rendements potentiels futurs. Par exemple, dans les projections de la production potentielle future de bois rond issue des plantations forestières du Brésil, on s’est basé sur des rendements compris entre 16 m3/ha/an et 25 m3/ha/an pour les espèces d’Eucalyptus. Or, l’Associação Brasileira de Celulose e Papel (1999) estime que le rendement moyen des espèces d’Eucalyptus dans les plantations de ce pays est en réalité de 45 m3/ha/an. Cette différence révèle un certain nombre de problèmes qui peuvent se poser lorsque l’on estime des rendements moyens, par exemple: les variations des rendements entre les premières et les dernières enquêtes, l’ampleur des enquêtes sur lesquelles se fondent les estimations de rendement, et la provenance des données (sont-elles dérivées de parcelles de recherche ou d’enquêtes effectuées sur le terrain par des entreprises commerciales?). Les rendements retenus étant tout en bas de la fourchette, il y a peu de chances pour que les résultats de l’exercice de modélisation surestiment la production potentielle future de bois rond issue des plantations forestières.

 

Rendements des plantations forestières en zone tropicale et subtropicale

Le Tableau 6 donne une indication des rendements des espèces feuillues poussant dans des plantations forestières des zones tropicales et subtropicales. Comme on le voit, les essences les plus productives sont les Eucalyptus, Acacia mangium et Gmelina arborea. Les essences dont le bois est généralement plus prisé, comme le Mahogani (Swietenia macrophylla) et le Teck (Tectona grandis), tendent à avoir des rendements inférieurs à ceux des espèces qui ont une moindre valeur marchande.

Les régions où les rendements sont les plus élevés sont, dans l’ordre, l’Amérique du Sud, l’Asie et l’Afrique. Ces différences de rendement s’expliquent sans doute plus par des variations de l’intensité et de la qualité de l’aménagement que par les conditions de végétation.

On estime que le rendement des essences de pins poussant en zone tropicale et subtropicale s’échelonnent entre 20 m3/ha/an pour Pinus radiata dans les zones tempérées de l’Amérique du Sud et de l’Australie et 12 à 15 m3/ha/an pour Pinus caribaea en Amérique centrale et en Amérique du Sud.

En règle générale, les plantes et les arbres poussent plus vite en zone tropicale et subtropicale qu’en zone tempérée et boréale. On peut donc logiquement s’attendre à des rendements plus élevés près des Tropiques. Toutefois, la qualité des stations forestières est très variable dans la plupart des pays, ce qui peut avoir une influence significative sur les rendements. Le climat, l’altitude et la géomorphologie locaux, l’adaptabilité d’une espèce à un site et l’impact des ravageurs et des maladies sont d’autres facteurs qui ont un impact notable sur la productivité. Globalement, la grande variabilité des rendements que l’on obtient actuellement en zone tropicale et subtropicale donne à penser que le rendement moyen des plantations forestières peut être considérablement amélioré dans la plupart des pays de cette zone.

Les recherches actuelles sur la culture des Eucalyptus donnent un bon exemple de ce potentiel. Aujourd’hui, les grandes plantations d’eucalyptus dépassent rarement 25 m3/ha/an, mais d’importants progrès pourraient bien être accomplis dans le futur proche. Ainsi, au Brésil, des rapports signalent que des boutures racinées d’Eucalyptus, plantées à titre d’essai, ont d’ores et déjà donné des rendements allant jusqu’à 100 m3/ha/an (South, 1998). Toutefois, on ignore dans quelle mesure ces résultats pourraient être répétés dans des plantations forestières à grande échelle, et l’on s’interroge sur l’incidence possible d’autres problèmes fréquents dans des plantations d’essences à très haut rendement.(ex: qualité médiocre du bois ou vulnérabilité aux maladies ou au vent (chablis)).

Les possibilités d’augmenter les rendements des plantations forestières tropicales et subtropicales sont considérables, non seulement grâce à la génétique et à la sélection des végétaux, mais aussi en améliorant les systèmes d’aménagement et en investissant dans des traitements sylvicoles. Par exemple, les taux d’échec de plantation dans les forêts de la zone tropicale et subtropicale sont souvent élevés: ainsi, Pandey (1995) signale des taux de réussite de 26 pour cent seulement aux Philippines, 47 pour cent au Laos et 57 pour cent en Colombie, et des taux d’échec allant jusqu’à 70 pour cent dans certains cas particuliers ! Un certain nombre d’autres améliorations pourraient aussi élever sensiblement les rendements, notamment: le choix d’espèces mieux assorties au site; l’amélioration de l’entreposage, de la manutention et de la plantation du matériel végétal; et des investissements dans la préparation des sites et l’amélioration des sols, le désherbage, l’élagage et l’éclaircissage. De fait, ces améliorations offrent probablement plus de possibilités d’accroître les rendements que les progrès de la génétique et des techniques de sélection; en outre elles peuvent être appliquées sur de plus vastes étendues.

Tableau 6 Rendements indicatifs des plantations forestières, par espèces feuillues et par pays, en zone tropicale et subtropicale

Espèce

Rendement

m3/ha/an

Pays

Acacia auriculiformis

6.5 - 10.0

Bangladesh, Bénin, Haïti, Inde, Madagascar, Myanmar, Philippines, Sierra Leone, Sri Lanka, Thaïlande et Viet Nam

Acacia mangium

12.0 - 19.0

Indonésie, Malaisie et Papouasie-Nouvelle-Guinée

 

8.0 - 12.5

Bangladesh, Laos, Panama, Philippines, Sierra Leone, Sri Lanka et Viet Nam

Casuarina species

5.0 - 7.5

Inde et Viet Nam

 

1.5 - 2.5

Angola, Bénin, Cuba, Kenya, Madagascar, Maurice, Mozambique, Sénégal, Somalie et Thaïlande

Dalbergia sissoo

3.0 - 5.0

Bangladesh, Bhoutan, Burkina Faso, Inde, Népal, Nigéria et Pakistan

Eucalyptus spp.

16.0 - 25.0

Argentine, Brésil, Chili et Uruguay

 

12.0 - 19.0

Australie, Rép. du Congo, Malawi, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Afrique du Sud, Swaziland, Ouganda, Zambie et Zimbabwe

 

8.0 - 12.5

Burundi, Chine, Colombie, RPD du Congo, Costa Rica, Cuba, Equateur, El Salvador, Ethiopie, Gabon, Guatemala, Kenya, Madagascar, Maurice, Nicaragua, Nigéria, Pakistan, Paraguay, Pérou, Philippines, Iles Salomon, Tanzanie, Thaïlande et Venezuela

 

6.5 - 10.0

Malaisie et Sierra Leone

 

4.0 - 6.0

Algérie, Angola, Bangladesh, Bénin, Bolivie, Burkina Faso, Cameroun, Cap Vert, Tchad, Inde, Indonésie, Laos, Lesotho, Mali, Maroc, Mozambique, Myanmar, Namibie, Népal, Niger, Rwanda, Sénégal, Sri Lanka, Soudan, Togo, Tunisie et Viet Nam

Gmelina arborea

12.0 - 19.0

Belize, Bhoutan, Bolivie, Brésil, Burkina Faso, Colombie, RPD du Congo, Costa Rica, Côte D'Ivoire, Cuba, Dominique, Gambie, Ghana, Guatemala, Guinée, Indonésie, Laos, Libéria, Malawi, Malaisie, Mali, Nicaragua, Nigéria, Philippines, Sierra Leone, Iles Salomon et Venezuela

Swietenia macrophylla

5.0 - 7.5

Bangladesh, Bénin, Cameroun, Dominique, Fidji, Guatemala, Indonésie, Jamaïque, Nigéria, Philippines, Iles Salomon, Sri Lanka, St-Vincent-et-les- Grenadines et la Trinité-et-Tobago

Terminalia species

8.0 - 12.5

Costa Rica et Côte D'Ivoire

 

6.5 - 10.0

Rép. du Congo, RPD du Congo, Guinée, Nigéria, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Sénégal, Sierra Leone et Iles Salomon

 

5.0 - 7.5

Bhoutan, Inde et Jamaïque

Tectona grandis

8.0 - 18.0

Belize, Colombie, Costa Rica, Jamaïque, Nicaragua, Panama et la Trinité-et-Tobago

 

4.0 - 6.0

Bangladesh, Bénin, Bhoutan, Burkina Faso, Côte D'Ivoire, Equateur, Ghana, Inde, Indonésie, Laos, Libéria, Malaisie, Myanmar, Nigéria, Papouasie- Nouvelle-Guinée, Philippines, Sénégal, Iles Salomon, Sri Lanka, Soudan, Tanzanie, Thaïlande, Togo et Viet Nam

Notes: Les rendements sont mesurés par l’accroissement annuel moyen (AAM) sur la durée «probable» de la rotation. Ces rendements, qui ont été utilisés dans le processus de modélisation, sont donnés à titre indicatif et ne sont que des estimations très générales des rendements moyens prévus. Ces chiffres ont été compilés par Leech (1998) et par l’auteur.

 

Rendements des plantations forestières en zone tempérée et boréale

Le Tableau 7 donne des informations sur les rendements des plantations forestières dans la région tempérée et boréale. On note que les espèces les plus productives sont généralement les Eucalyptus et les Pinus, en particulier si elles sont plantées dans les zones les plus chaudes. Là encore, les espèces feuillues les plus prisées (Quercus et Fagus) tendent à avoir un rendement plus faible.

Les Populus et les Salix (saules) ont aussi des rendements potentiels élevés. Par exemple, des rendements supérieurs à 40 m3/ha/an ont été atteints sur des parcelles expérimentales plantées en Populus. Toutefois, en général, ces essences ne sont pas utilisées pour la production de bois rond industriel (sauf occasionnellement pour la production de bois de trituration), mais les Populus sont souvent plantés comme arbres-abri, pour protéger les ressources en sol et en eau, ou, parfois, pour produire du bois de feu. Les espèces Salix à haut rendement peuvent également être intéressantes, comme source de bio-énergie, dans les cas où elles peuvent être traitées en taillis à courte rotation, sur ces cycles de trois à cinq ans.

Par rapport à la zone tropicale et subtropicale, les plantations forestières de la zone tempérée et boréale ont souvent des rendements plus faibles. En effet, en règle générale, le rendement potentiel maximal d’une essence individuelle est fortement lié, de manière négative, à la latitude. Ainsi, en général, les rendements des plantations forestières situées dans les parties tempérées de la zone tempérée et boréale sont plus bas qu’en zone tropicale ou subtropicale, mais généralement plus élevés que dans la partie boréale.

Les principaux facteurs qui limitent les rendements des plantations forestières, en zone tempérée et boréale, sont la température et la longueur de la saison de croissance. C’est pourquoi la latitude, l’exposition et l’altitude sont d’importantes contraintes, même si, dans quelques zones, d’autres variables peuvent représenter un frein encore plus grand. Nous voulons parler des conditions climatiques générales (vitesse du vent et précipitations moyennes) et de certains facteurs spécifiques au site comme le drainage, les disponibilités en nutriments et l’épaisseur du sol.

Vu les niveaux de technologie actuels, les possibilités d’augmenter de façon significative les rendements sont probablement d’une manière générale plus réduites en zone tempérée et boréale qu’en zone tropicale et subtropicale. Les progrès des techniques de sélection végétale et de la génétique ont bien apporté quelques gains de productivité, mais ils ne sont en rien comparables avec ceux qui ont été obtenus avec des Eucalyptus, en zone tropicale et subtropicale. Là encore, l’amélioration de l’aménagement des forêts et les investissements sylvicoles sont probablement les deux voies qui peuvent conduire aux gains de rendements les plus grands et les plus diffus. Ces gains devraient néanmoins rester relativement limités étant donné que la qualité de l’aménagement des plantations forestières tempérées et boréales est déjà, dans l’ensemble, satisfaisante.

 

Tableau 7 Rendements indicatifs des plantations forestières, par espèce et par pays dans la zone tempérée et boréale

Espèce

Rendement

m3/ha/an

Pays

Pinus spp.

18.0 - 24.0

Nouvelle Zélande

 

4.0 - 14.0

Japon, Portugal, Espagne, Turquie, Royaume-Uni et Etats-Unis d’Amérique,

 

2.0 - 10.0

Belgique, Danemark, France, RPD de Corée, Rép. de Corée, Lettonie, Libye, Lituanie, Suède, Syrie et Ukraine

 

1.0 - 5.0

Fédération de Russie

Picea et Abies spp

12.0 - 18.0

Irlande

 

8.0 - 16.0

Danemark, France, Turquie, Ukraine, Royaume-Uni et Etats-Unis d’Amérique

 

4.0 - 12.0

Lettonie, Lituanie et Fédération de Russie

Larix spp

4.0 - 12.0

Japon, RPD de Corée, Rép. de Corée, Royaume-Uni et Etats-Unis d’Amérique

Cupressus et Chamaecyparis spp

2.0 - 8.0

Japon et Syrie

Cedrus et Cryptomeria spp

4.0 - 10.0

Japon, Lettonie, Lituanie, Fédération de Russie, Turquie et Ukraine

Eucalyptus spp

10.0 - 15.0

Espagne, Portugal et Etats-Unis d’Amérique

 

5.0 - 10.0

Libye and Syrie

Quercus spp

2.0 - 8.0

France, Lettonie, Lituanie, Portugal, Fédération de Russie, Espagne, Turquie, Ukraine, Royaume-Uni et Etats-Unis d’Amérique

Fagus spp

2.0 - 12.0

Danemark, France, Espagne, Turquie, Royaume-Uni et Etats-Unis d’Amérique

Populus spp

8.0 - 25.0

France et Italie

Betula spp

4.0 - 10.0

Rép. de Corée, Finlande, Suède, Royaume-Uni et Etats-Unis d’Amérique

Sources: sources diverses compilées par l’auteur.

 

Durée des rotations dans les plantations forestières

Dans les régimes forestiers basés sur la coupe rase et la replantation, la durée de la rotation correspond au temps qui s’écoule entre l’établissement (c’est-à-dire la plantation des arbres) et la coupe finale de tout le peuplement. Dans les forêts aménagées en taillis fureté où le terrain est continuellement couvert ou en futaie jardinée, la durée de la rotation, ou cycle de coupe, est la période qui s’écoule entre deux récoltes principales de bois rond.

La durée des rotations est déterminée par un certain nombre de facteurs, en particulier:

les taux de croissance (qui dépendent de la productivité du site, de la sylviculture, de l’espèce, des régimes d’éclaircie et de l’espacement);

les propriétés du bois et des fibres que l’on souhaite obtenir;

les contraintes inhérentes au site (ex: vulnérabilité aux dégâts dus au vent);

certains facteurs socio-économiques (ex: valeurs d’agrément et revenus des activités récréatives, qui tendent à augmenter avec l’âge des arbres);

le taux de rendement ou la rentabilité de la production de bois rond, pendant la rotation.

Ce dernier facteur, c’est-à-dire la rentabilité, est le premier à conditionner le choix de la périodicité des coupes (rotation) dans les plantations forestières industrielles. Vient ensuite le taux de croissance, ou le rendement prévu de la plantation.

Figure 14 Effet du rendement sur la durée économiquement optimale de la rotation, pour des espèces Pinus, dans des plantations forestières, en Lituanie

Notes: Les données sur les coûts et les prix, qui ont été utilisées pour ces calculs, sont tirées de Whiteman (1999). En 1999, le taux de change était de 1 $E.-U. pour 4 Litas (Lt). Les classes de rendement sont mesurées par la hauteur des arbres dominants, en mètres, à 100 ans (ex: la mention «Pin 100-18» signifie 18 mètres de haut à 100 ans). Une estimation grossière de l’AAM maximal, en m3/ha/an est également donnée en légende (YC 4,2 signifie AAM maximal de 4,2m3/ha/an).

Les ouvrages d’économie forestière sont très prolixes sur les méthodes de calcul des durées économiquement optimales des rotations (ex: voir Johansson et Lofgren, 1985). D’une manière générale, les rotations tendent à être plus courtes lorsque ceux qui exploitent les plantations privilégient fortement le présent par rapport au futur (ce qui signifie qu’ils utilisent un taux d’intérêt, ou d’actualisation, élevé pour calculer la durée économiquement optimale de la rotation) ou, plus généralement, lorsqu’ils cherchent à maximiser la rentabilité de leurs plantations forestières.

Les rotations économiquement optimales tendent à être d’autant plus courtes que les rendements sont élevés. Par exemple, la Figure 14 montre l’effet du rendement sur la durée économiquement optimale de la rotation, pour des Pinus, en Lituanie (la durée optimale est celle pour laquelle la valeur actuelle nette – qui est calculée ici à l’aide d’un taux d’actualisation de 3% - est à son maximum). Cette durée, qui est de 80 ans dans les classes de rendement inférieures, tombe à 55 ans dans les classes supérieures.

Le concept de la durée économiquement optimale de la rotation est surtout utile pour la planification à long terme, pour déterminer le moment où le bois des forêts plantées devrait être coupé. A court terme, les durées des rotations sont souvent modifiées pour tenir compte des conditions présentes du marché . C’est souvent le cas dans des blocs de plantation d’un seul tenant où il est possible d’avancer ou de retarder la coupe définitive sans trop de problèmes, mais cela se fait plus rarement dans les grandes plantations composées d’espèces mélangées de tous les âges, ou lorsque les exploitants de la forêt sont confrontés à des pénuries de bois ronds ou à des problèmes de trésorerie.

Encadré 2 "La Foresterie du millénaire" – Changer la périodicité des coupes en Nouvelle Zélande

En 1998, la société néo-zélandaise Carter Holt Harvey Ltd. (CHH), a annoncé son intention de modifier sa stratégie d’aménagement des plantations forestières de Pinus radiata pour les vingt années suivantes. Dans le cadre de sa stratégie "Foresterie du millénaire", CHH projette de planter 555 arbres par hectare, et de les couper à l’âge de 20 ans, sans avoir pratiqué ni élagages ni éclaircies. Ceci est en contraste frappant avec les régimes traditionnels néo-zélandais qui étaient directement axés sur la production de grumes de sciages et qui préconisaient l’élagage des arbres à 6 mètres, des éclaircies jusqu’à obtenir un peuplement d’environ 250 tiges à l’hectare, et la coupe des arbres entre 28 et 32 ans. CHH est convaincue que dans 20 ans, les surprix obtenus pour le bois clair de Pinus radiata auront diminué et qu’avec les nouvelles technologies de transformation, il deviendra rentable de convertir les fibres et le bois non élagué en produits qui pourront concurrencer directement les bois de sciage de couleur claire.

En substance, la stratégie de CHH est centrée sur la rationalité économique. Elle cherche à maximiser la production de fibres et à raccourcir la période entre l’investissement et l’obtention des recettes. La stratégie a été extrêmement controversée en Nouvelle Zélande, où ses détracteurs contestent la validité des hypothèses sur la valeur (et les propriétés) des arbres cultivés sur des rotations plus courtes et font valoir que, écologiquement parlant, plus les rotations sont courtes, plus une plantation s’éloigne des «bonnes» caractéristiques des forêts naturelles et se rapproche des «mauvais» modèles de culture.

Source: adapté d’après le New Zealand Journal of Forestry (1999).

Les autres facteurs qui peuvent avoir une influence sur les rotations sont les règlements édictés par les gouvernements et l’évolution des technologies. Dans certains pays, la durée des rotations est spécifiée dans les réglementations nationales ou implicitement imposée à travers des réglementations de l’exploitation. Par exemple, en Lituanie, les réglementations actuelles exigent que les exploitants des forêts adoptent dans leurs plantations des rotations un peu plus longues que la durée considérée comme économiquement optimale. Un certain nombre d’autres pays d’Europe centrale et orientale ont des réglementations similaires, généralement justifiées sur la base des avantages non commerciaux (valeurs d’agrément, de protection et de la diversité biologique) associés aux arbres plus âgés. En revanche, l’évolution des technologies tend à jouer en sens inverse et à favoriser un raccourcissement des rotations, en accroissant la valeur et les débouchés commerciaux des bois ronds de petites dimensions (voir Error! Reference source not found.).

Comme le sous-entend l’analyse qui précède, les durées des rotations adoptées dans les plantations forestières sont extrêmement variables. Lorsque le système d’aménagement repose sur la coupe rase et la replantation, les rotations s’échelonnent entre environ 7 ans (pour certaines plantations d’Eucalyptus axées sur la production de bois de trituration en Amérique du Sud) et plus de 100 ans pour de nombreuses essences feuillues et quelques espèces de conifères cultivées en Europe). La périodicité des coupes dans les forêts traitées en taillis varie généralement dans une fourchette de 5 à 25 ans, alors que dans les traitements en futaie jardinée et dans ceux où le sol reste en permanence couvert, les rotations durent au moins 25 ans.

Les informations puisées dans la littérature existante pour notre analyse contenaient des données sur les durées des rotations représentatives de chaque pays, ventilées par espèce et par classe de rendement. Ces informations ont été reprises dans l’exercice de modélisation pour estimer les âges des arbres au moment de la coupe définitive, ainsi que les volumes par espèce, et les classes de rendement dans chaque pays. Ces informations sont relativement aléatoires, mais les incertitudes relatives à la modélisation de la production future de bois ronds sont moins préoccupantes que celles concernant par exemple l’accroissement annuel moyen estimé, qui s’aggravent au fur et à mesure de l’avancement de la rotation.

 

Potentiel de production actuel estimé des plantations forestières

A partir de toutes les informations qui précèdent, un simple modèle de prévision de la production a été mis au point pour cette étude. Ce modèle établit des projections du volume de bois rond qui pourrait être produit dans les plantations forestières du monde, sur la base de plusieurs variables (superficie, espèces, type, rendement et structure des âges des plantations). Nous rappelons au lecteur qu’il s’agit d’une projection de la production potentielle, et que la production réelle peut s’en écarter pour un certain nombre de raisons. Toutefois, comme les plantations forestières demandent des investissements très importants, la majorité seront intégralement utilisées pour la production de bois, de sorte que la production réelle sera très proche du niveau projeté.

 

Production potentielle de bois rond, par région géographique et par type de plantation

Les statistiques actuelles sur la production de bois ronds ne font pas la différence entre le bois des forêts naturelles et celui des plantations. Ainsi, le modèle prévisionnel de la production a dans un premier temps été utilisé pour estimer le volume probable de bois rond industriel produit en 1995 dans les plantations. Sur la base de la structure des âges des plantations forestières industrielles en 1995, le modèle estimait la production de ces plantations à environ 331 millions de mètres cubes de bois ronds, soit environ 22 pour cent du volume total de bois rond industriel produit dans le monde.

En posant pour hypothèse que les plantations forestières non industrielles sont principalement utilisées pour la production de bois de feu, le modèle estimait en outre la production des plantations non industrielles à quelque 86 millions de mètres cubes de bois de feu, soit à peine plus de 4 pour cent de la production totale mondiale.

Si l’on additionne ces deux résultats, la production totale potentielle estimée de bois ronds provenant de tous les types de plantations forestières s’élève à 417 millions de m3, soit à peine plus de 12 pour cent de la production totale mondiale de bois ronds en 1995.

Figure 15 Estimation de la production potentielle de bois ronds issue des plantations forestières, en pourcentage de la production réelle, en 1995

Sources: FAO (1997b); et auteur.

La Figure 15 montre la production potentielle de bois ronds issue des plantations forestières, estimée en pourcentage de la production effective en 1995. Ces informations sont ventilées par région géographique et par type de produit (ex: bois rond industriel – supposé provenir de plantations forestières industrielles – et bois de feu – supposé provenir de plantations forestières non industrielles). Le graphique met en évidence plusieurs caractéristiques intéressantes.

La première constatation qui s’impose est que la proportion de bois ronds industriels qui pourraient provenir de plantations forestières industrielles est largement supérieure au pourcentage de bois de feu qui pourrait être produit dans des plantations non industrielles. Cette différence est nette, aussi bien au niveau mondial que dans chaque région, et démontre que les plantations forestières sont beaucoup plus importantes pour les approvisionnements mondiaux en bois ronds industriels que pour ceux en bois de feu.

Le deuxième fait intéressant est la grande variabilité de la contribution des plantations forestières industrielles aux approvisionnements en bois ronds industriels suivant les régions. Le rôle des plantations semble particulièrement important en Océanie, où l’on estime que jusqu’à 80 pour cent du bois rond industriel en provient. Leur contribution est aussi estimée à 35 pour cent en Afrique, 27 pour cent en Amérique du Sud et 23 pour cent en Asie. La production potentielle des plantations forestières est élevée dans chacune de ces régions, en raison du petit nombre de pays entrant en jeu (Australie et Nouvelle Zélande en Océanie, Chili et Brésil en Amérique du Sud, Chine et Japon en Asie et Afrique du Sud en Afrique).

Le dernier point qui mérite d’être signalé est le manque d’importance relatif, au niveau mondial, des plantations forestières dans la production de bois de feu. Dans toutes les régions, on estime que la production potentielle de combustible ligneux issu des plantations forestières non industrielles est inférieure à 7 pour cent de la production totale de bois de feu. Ceci est dû à la superficie relativement modeste des plantations forestières non industrielles. De fait, cette estimation pourrait même être supérieure à la réalité car beaucoup de plantations forestières non industrielles sont en réalité établies à des fins non commerciales, et ne sont donc probablement pas disponibles pour l’approvisionnement en bois de feu. En revanche, il est probable qu’un volume non négligeable de résidus ligneux de bois ronds provenant de plantations industrielles sera utilisé comme combustible. De plus, il est important de noter que le modèle de prévision de la production se fonde sur le rendement, en volume, de la tige principale alors qu’en réalité une proportion beaucoup plus grande de la biomasse de l’arbre est souvent utilisée comme bois de feu (notamment les branches, les brindilles et les houppiers). Ainsi, étant donné que ces facteurs jouent en sens inverse, ils devraient se compenser et l’estimation de la production potentielle de bois de feu des plantations forestières non industrielles, ne devrait pas être loin de la réalité.

 

Estimations de l’assortiment des produits des plantations forestières

D’une manière générale, on dispose de très peu d’informations sur les différentes tailles et qualités de bois ronds qui pourraient être produites dans des plantations forestières industrielles et, par conséquent, sur les produits qui pourraient en être tirés. Ces informations ne sont facilement accessibles que dans quelques pays, où presque toute la production de bois ronds industriels vient de plantations forestières industrielles. Pour les autres pays, il est possible de faire des estimations à partir des mélanges d’essences que l’on trouve dans les plantations, mais ces estimations sont très aléatoires et peu fiables.

Dans cinq pays seulement (Danemark, Irlande, Nouvelle Zélande, Chili et Afrique du Sud) la proportion de la production de bois rond industriel qui vient de plantations est suffisamment élevée pour que l’on puisse faire une évaluation raisonnablement fiable des différents produits qui en sont issus. Le Tableau 8 montre l’éventail de produits qui sont fabriqués avec du bois rond industriel, dans ces pays.

 

Tableau 8 Assortiment de produits issus des plantations forestières dans quelques pays, en 1995

Pays

Récolte totale de bois rond industriel (m3)

Proportion

Venant des plantations forestières (%)

Utilisations du bois rond industriel (%)

 

Exportations de bois ronds

Bois de sciage

Panneaux dérivés du bois

Pâte de bois

Activités minières et autres utilisations

Danemark

1,797,000

» 100.0

23.0

46.4

5.0

25.6

n.d.

Irlande

2,140,000

100.0

25.0

55.0

20.0

0

n.d.

Nouvelle Zélande

17,627,000

99.0

31.4

31.5

7.4

29.7

n.d.

Chili

21,387,000

>85.0

40.0

31.4

4.0

24.6

n.d.

Afrique du Sud

17,600,000

100.0

13.3

29.6

n.d.

35.5

21.6

Source: Données dérivées de FAO (1997b).

Les plantations des cinq pays sont essentiellement composées d’espèces des zones tempérées, de sorte que l’éventail de produits fabriqués avec le bois provenant des plantations dans ces pays, n’est pas indicatif de l’assortiment de produits qui pourraient être obtenu avec le bois des plantations tropicales. De plus, il y a tout lieu de croire que l’on pourrait obtenir un éventail de produits tout à fait différent dans ces mêmes pays, si les plantations étaient composées de mélanges d’espèces très différents. Néanmoins, ces chiffres mettent en lumière quelques caractéristiques intéressantes.

Entre 30 et 50 pour cent du bois rond industriel produit en Nouvelle Zélande, en Afrique du Sud et au Chili est utilisé pour fabriquer des panneaux dérivés du bois, de la pâte, du bois d’étayage pour les activités minières et du bois pour d’autres utilisations industrielles. Etant donné que la majorité des bois ronds exportés sont censés être des grumes de sciage, le pourcentage de la production de bois de trituration issue des plantations industrielles devrait être de 30 à 50 pour cent, et la proportion de grumes à sciage devrait osciller entre 50 et 70 pour cent. Au Danemark et surtout en Irlande, les pourcentages de grumes de sciages semblent un peu plus élevés (70-80 pour cent). Etant donné que dans les trois premiers pays (Sud), les taux de croissance sont un peu plus élevés que dans les deux derniers, on peut penser que, dans les plantations à rendements élevés, une plus grande proportion de la production de bois rond est du bois de trituration.

On a déjà vu que certains facteurs économiques tendent à favoriser l’adoption de rotations courtes dans les forêts plantées, lesquelles tendent à leur tour à favoriser la production de bois de trituration au détriment des grumes à sciage. Toutefois, les différences ci-dessus démontrent que plus les rendements des plantations forestières sont bas, plus les exploitants privilégient les stratégies axées sur la production de grumes de sciage et de placage qui se vendent relativement plus cher. Le fait que les bois ronds issus de plantations d’essences forestières à croissance plus lente sont de meilleure qualité y est sans doute pour quelque chose.

 

 

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