Messieurs Ahmed BOUZID & Saïd HELAL
Direction Générale des Forêts - Ministère de l'Agriculture, TUNIS
Tunisie
SYNTHESE ET CONCLUSION
1 CONTEXTE DE L'ETUDE
Les produits forestiers non ligneux (PFNL) sont définis par la FAO, comme étant «tous les produits d'origine biologique aussi bien que les services, sortant de la forêt ou des terres d'usage similaire, excluant le bois dans toutes ses formes».
En Tunisie, l'exploitation des ressources forestières fournit une gamme diversifiée de PFNL : des huiles essentielles, des produits d'alimentation, des produits de chasse et des produits d'artisanat local. Provenant soit de la simple cueillette par les usagers de la forêt, soit de l'exploitation par des entreprises, ces produits présentent un intérêt socio-économique manifeste au niveau national (recettes administratives, exportation), régional et local (à l'échelle communautaire et familiale).
Cette importance fait de la promotion de la filière des PFNL un créneau indispensable dans le développement du secteur forestier et une opportunité pour diversifier les sources de revenus des usagers et augmenter leur contribution dans la satisfaction de leurs besoins.
Dans les régions agro-forestières, les PFNL jouent un rôle social et économique prépondérant. La prise en compte de ces PFNL dans l'aménagement des forêts, constitue un élément stratégique déterminant pour assurer une gestion durable des ressources forestières.
Dans ce contexte, la Direction Générale des Forêts a confié au groupement tuniso-finlandais de bureaux d'études EXA-Consult/JAKKO POYRY la réalisation d'une étude pour recenser les PFNL et pour connaître leur importance sociale et économique. Sur la base de ce diagnostic un plan d'action pour la promotion de la filière des PFNL, a été élaboré.
2 METHODOLOGIE
Le recensement des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) et l'appréciation de leur importance socio-économique, ont été réalisés aux différents niveaux:
Les enquêtes ont été menées sous forme d'entretien semi-structuré, en abordant l'ensemble des aspects relatifs à l'exploitation et à la valorisation des PFNL ainsi que la perception des personnes interrogées, des contraintes et des perspectives de promotion de la filière des PFNL.
Les principales ressources fournissant les divers PFNL, qui ont une importance socio-économique manifeste, ont été décrites dans des fiches produit/ressources. Ces fiches résument les principales caractéristiques écologiques des ressources fournissant les PFNL, et les données socio-économiques relatives à leur exploitation et à leur valorisation. Une classification des PFNL, selon la nomenclature commerciale douanière et en référence à la classification proposée par les institutions internationales, a été arrêtée.
3 IMPORTANCE DES PFNL A L'ECHELLE NATIONALE (PRODUITS D'EXPORTATION)
3-1- Huiles essentielles
A côté des essences de la menthe sauvage, du thym, de l'armoise blanche et de l'églantier, les huiles essentielles produites à partir du romarin et du mytre présentent un intérêt socio-économique manifeste.
3-1-1 Importance des nappes de myrte et de romarin et leur productivité
Bien que le myrte se trouve au Cap Bon et sur certains sommets de la dorsale, l'essentiel des nappes exploitables se cantonnent en Khroumirie et aux Mogods.
Estimée à 80.000 ha, en 1975, la superficie des nappes de myrte est aujourd'hui de 44.2500 ha, accusant un taux de régression de 44,7%. La superficie moyenne réellement exploitée entre 1995 et 1998 est de 7506 ha.
La productivité des nappes est très hétérogène, en fonction de la densité et de la répartition de l'espèce. Les quantités de brindilles récoltées, varie de 0,3 à 0,8 T/Ha, ce qui permet d'avoir un rendement moyen en huile de 0,65 kg/ha
Les nappes de romarin, réparties sur une superficie de 360.000 ha avaient un taux d'occupation de l'ordre de 50%, en 1973. Les superficies exploitables sont passées de 360.000 ha à 65.000 ha pour la période 1981/1985.
La Direction des forêts avait décidé de mettre en défense une partie de ces nappes afin d'augmenter leur production, d'améliorer et d'organiser leur gestion. La quantité de brindilles de romarin prélevées est de l'ordre de 0,3 T/ha, produisant 1,2 kg/ha d'huile.
3-1-2 Importance économique et sociale
L'exportation des huiles essentielles de romarin et de myrte rapporte au pays l'équivalent en devise de 1.313.260 Dinars par an (moyenne de 1995/1998), dont 87,26% provient de la vente de l'huile de romarin. Ces huiles sont exportées essentiellement vers les pays de la CEE, en particulier la France. Les quantités moyennes d'huiles exportées sont de 57.043 kg/an pour le romarin (20,370 D/kg), et de 3787 kg/an pour le myrte (47,817 D/kg).
Les recettes de l'administration forestière, provenant de la location des droits d'exploitation des nappes de romarin et de myrte sont de 224.860 Dinars par an (moyenne 1995/1998), dont 89% à partir des nappes de romarin. Le prix moyen payé par les entreprises est 4,850 D/ha.
L'exploitation des brindilles de myrte et de romarin par les usagers (récolte et transport jusqu'au lieu de distillation), permet de créer 91800 journées de travail (JT) chaque année, pour 2300 familles :
3-2- Produits d'alimentation
Il s'agit des champignons, des câpres, des graines de pin pignon, le miel et les caroubes.
3-2-1 Les champignons
Les exportations concernent les truffes (Terfezia claveryi), localisées principalement à Gafsa et Tataouine et les champignons des forêts humides de Tabarka et de Aïn Draham dont principalement : les girolles (Cantharellus cibarius), les chanterelles jaunes (Cantharellus lutescens), les mousserons (Marasmius oreades), les pieds -de - mouton (Hydnum repandum), les cèpes ou bolets (Baletus edulis). La valeur totale des exportations des champignons durant la période de 1995 à 1998 est de 971.818 D/an, dont 83% provient des truffes en raison de la récolte exceptionnelle de 1996. Les prix sont très variables selon la qualité du produit:
L'exploitation et la commercialisation des truffes, concerne 1.120 familles et leur rapporte un revenu annuel de l'ordre de 421 D par famille. Toutefois la disponibilité de cette ressource est aléatoire, elle dépend des conditions climatiques particulières (abondance des pluies en fin d'été et en automne, en zone aride). Une seule campagne (1996) a été favorable pour la disponibilité des truffes, durant les 4 dernières années.
Les exportations de champignons, provenant des forêts de Khroumirie et des Mogods, sont de 19.558 kg/an (moyenne de 1995/1998), pour une valeur de 157.934 D. En 1998 ces quantités étaient de 16.077 kg pour une valeur de 143.430 D (8,921 D/kg).
Le nombre de familles impliquées dans l'exploitation de ce produit, est en moyenne de 330. Chaque famille peut gagner un revenu de 90 D pour un travail effectif de 30 jours.
Les recettes de l'administration forestière provenant de la location des droits d'exploitation des champignons (en zones humides) sont de 19.184 D/an, pour une superficie exploitée de 27690 ha (moyenne 1995/1998). Pour la campagne 1998/1999, l'exploitation des champignons a rapporté à l'administration des recettes de 56.500 D. Cette augmentation importante est le résultat d'une forte concurrence en adoptant une soumission du droit d'exploitation par grande zone (délégation) au lieu de petits lots localisés.
3-2-2- Les câpres
Les nappes de câprier (Capparis spinosa), très sporadiques, occupent une superficie totale de 27.511 ha, inventoriées dans les gouvernorat de Ben Arous, Béja, Kairouan, Zaghouan, Ariana et le Kef. Pour la période 1995/1998, les nappes considérées en état d'exploitation et proposées par les services forestiers aux adjudicataires, sont réparties sur une superficie totale de 6347 ha, soit 23% seulement de la superficie recensée jusqu'à 1993. En 1997, l'exportation d'une quantité de 4717 kg de câpres, a rapporté 11.345 D.
3-2-3- Les pignons
Les plantations de pin pignon (Pinus pinia) sont localisées dans les régions de Bizerte, Sejnane, Dar Chichou, Tabarka et Aïn Draham. La quantité moyenne de pignons non décortiqués, exportée au cours des deux dernières années (1997/1998) était de 42,08 tonnes/an, pour une valeur moyenne de 119.112 D/an, (soit un prix unitaire de 2,831 D/kg). Au cours de 1998, les exportations ont atteint 29,6 tonnes, pour des recettes de 60.831 D (2,287 D/kg).
3-2-4- Le miel
Les quantités de miel exportées proviennent du secteur forestier et du secteur agricole. La haute qualité du miel, d'origine forestière (miel de romarin et du thym, miel amer d'arbousier (Arbutus unido) et de bruyères (Erica sp), permet à ce produit d'avoir une place sur le marché extérieur. La quantité moyenne de miel, exportée entre 1995/1998, est de 1214 kg/an, pour un montant de 21.913 D/an (soit 19,382 D/kg).
3-2-5- Les caroubes
Le caroubier (Ceratonia siliqua) est souvent rencontré sous forme d'individus isolés, essentiellement dans les zones humides et semi-arides.
Les sites les plus intéressants de point de vue de la ressource se trouvent à Zaghouan, au Cap Bon, à Siliana, à Kairouan et au Sahel.
Les caroubes sont utilisées dans l'industrie pharmaceutique et alimentaire, ainsi que dans la composition de certains fourrages. Il est groupé parmi «les oléagineux, graines et plantes industrielles» dans la classification commerciale (douane).
La quantité moyenne exportée au cours des deux dernières années (1997/1998) était de 113,435 tonnes/an, pour un montant de 251.901 D. Il s'agit principalement des graines de caroubes.
En 1998, la valeur des exportations, était de 119.750 D, pour une quantité de graines de 62,93 tonnes.
3-3- Les produits de chasse
Les produits de chasse regroupent le gibier et les escargots. La valeur totale de la chasse de gibier à l'échelle nationale est estimée à 4.700.000 D, dont 21% provenant des frais de séjours des touristes et 28% des droits de chasse, 17% de la viande et 34% comme valeur récréative.
3-3-1- Exportation de gibier
La quantité moyenne de gibiers, exportée pendant la période de 1995/1998, était de 11.438 kg/an, pour une valeur de 46.565 D/an.
Les exportations demeurent faibles par rapport à la quantité obtenue. En 1997 par exemple, les exportations (16,4 tonnes) ne représentaient que 4% de la production totale (400 tonnes).
En 1998, les exportations étaient de 6900kg, pour un montant de 20600 D.
3-3-2- Les escargots
La collecte et la commercialisation des escargots concernent deux variétés : les escargots gris et gros à coquilles globuleuses (Helix melanostoma) et les escargots à coquilles striées (Eobania vermiculata).
Les escargots sont classés, par l'administration forestière, comme produit de chasse. Ce produit provient des forêts mais aussi des parcours et des terres de cultures.
La quantité moyenne exportée pendant la période 1995/1998, est de 688,531 tonnes/an, pour une valeur de 3. 649.866 D/an (5,520 D/kg).
En se référant aux données de la DGF, relatives aux quantités d'escargots tirés de la forêt (permis de colportage), pour les années 1995/1996 (283 tonnes/an), on peut considérer que 40% des quantités exportées proviennent directement de la forêt. La valeur de ces exportations est estimée à 1.460.000 D par an.
3-4- Les Produits artisanaux
Il s'agit de la confection des ouvrages de sparterie et de vannerie essentiellement à partir d'alfa (Stipa tenacissima), du palmier nain (Chamaerops humulis) et du jonc (Juncus maritimus) et la fabrication des objets artisanaux (ustensiles ménagers, objets de décoration) à partir des branches et du bois de faible dimension. Les espèces les plus utilisées sont le myrte, l'arbousier, l'osier, laurier rose (Nerium oleander) et la filaire (phillyria angustifolia).
Malgré la diversité des produits artisanaux, les exportations sont limitées au stade actuel aux ouvrages de sparterie et de vannerie en alfa.
La valeur totale des exportations des ouvrages de sparterie et de vannerie est de 16.170 D/an, dont 88% provient des ouvrages en alfa.
Les objets artisanaux en bois, fabriqués en Khroumirie, sont commercialisés uniquement sur le marché intérieur. Cette activité procure un revenu annuel moyen par artisan de l'ordre de 4386 D.
3-5- Conclusion
Les exportations des PFNL rapportent au pays un montant global de 6.195.296 D par an, réparties comme suit:
L'ensemble des produits destinés à l'exportation présente un intérêt économique et social certain. Malgré les contraintes et les insuffisances liées au mode d'exploitation des ressources qui les fournissent et au mode de leur valorisation et de leur commercialisation, les PFNL continuent à intéresser le marché extérieur. Les perspectives de développement de ce secteur sont importantes compte tenu de l'importance de la marge de progression qui peut être opérée pour:
4- IMPORTANCE DES PFNL DANS LES MENUS PRODUITS
4-1- Importance économique des PFNL exploités à titre individuel
La liste des PFNL recensés comme menus produits, comporte 35 produits, qui rapportent aux administrations forestières régionales, des recettes de 205.895 D/an (moyenne 1995/1998).
Les PFNL contribuent à raison de 85% des recettes totales enregistrées dans l'ensemble des arrondissements forestières.
On peut grouper les PFNL (menus produits) et les classer en fonction de leur importance économique, en:
Produits dont les recettes comprises entre 18.000 et 45.000 D /an : graines de pin d'Alep, chasse, pacage, romarin, plantes forestières et câpres;
Produits dont les recettes ne dépassent pas les 1000 et 6.000 D /an : olives, gaines de pin pignon, figues de barbarie, asperges, caroubes;
Produits à faible importance (recettes annuelles inférieures à 1000 D/an : champignons, diss, miel (produit par les ruchers appartenant à l'administration), fruits des diverses espèces et autres divers produits (recettes inférieures à 500 D/an).
Aussi, il importe de signaler que:
certains PFNL destinés à l'exportation, ne figurent pas sur la liste car l'accès aux ressources est gratuit. Il s'agit des escargots et des ressources mellifères;
malgré leur importance économique sur le marché, certains produits ne rapportent pas beaucoup à l'administration. Il s'agit des caroubes et des graines de pin pignon.
Les graines de pin d'Alep constituent le produit le plus recherché par les usagers et par les exploitants
individuels. Le nombre d'exploitants engagés dans la récolte de ce produit, est de 2334 exploitants.
Les recettes de l'administration forestière, provenant des droits d'exploitation des PFNL par les entreprises,
sont de l'ordre de 209.591 D/an (moyenne 1995/1998).
Ces recettes proviennent principalement des droits d'exploitation des nappes de romarin et de myrte (78,3%)
et de la chasse (13%).
4-2- Perception des services régionaux
Les principaux PFNL jugés importants sur le plan socio-économique, par les services forestiers régionaux et locaux, sont par ordre d'importance : les graines de pin d'Alep, les brindilles de romarin et de myrte (pour la distillation), le fourrage, les câpres et le miel.
5- IMPORTANCE DES PFNL A L'ECHELLE COMMUNAUTAIRE ET FAMILIALE
5-1- Au niveau communautaire et familial
5-1-1 Produits utilisés comme aliments
Au niveau communautaire, les principaux produits exploités par les usagers comme aliments sont par ordre d'importance : le miel, les champignons, les graines de pin d'Alep, les fruits d'azerolier, les baies de myrte, les arbouses et les glands de chêne.
Les produits commercialisés sont: les caroubes, les câpres, les graines de pin d'Alep, les escargots, les fruits d'azerolier, les baies de myrte, les pignons et le miel.
5-1-2- Plantes à usage médicinal et condimentaires
Les plantes médicinales utilisées par les communautés forestières et qu'elles commercialisent en partie, sont : le romarin, le myrte, l'atractylis (Atractylis gummufira), les racines de noyer (Juglans regia), l'huile de lentisque (Pistachia lentiscus), l'essence d'églantine (Rosa canina), la menthe pouliot (Mentha pulegium), le thym et les feuilles de câpres.
D'autres plantes sont utilisées d'une manière très localisées telles que : le laurier sauce (Laurus nobilis), le genévrier de Phénicie (Junipe poenicea), la rute (Ruta chalepensis), les feuilles d'eucalyptus, la lavande (Lavandula sp.) et l'armoise blanche (Artemisia herba - alba).
5-2- Importance socio-économique des PFNL
5-2-1- Au niveau communautaire
Les principaux PFNL qui ont une importance socio-économique ont été classés en fonction du nombre de ménages qui commercialisent ces produits et de la valeur commerciale de ces produits:
5-2-2- A l'échelle familiale
La contribution des PFNL au revenu des familles est en moyenne de 28% (364560 D, pour 620 familles), soit un revenu moyen annuel par famille de 580 D. Cette contribution atteint 46% pour les familles n'exerçant pas d'autres activités économiquement significatives.
Importance comparative des PFNL au niveau communautaire
Pour les familles qui pratiquent des activités agricoles ou agro-forestières, la part des PFNL est de 23% en moyenne dans leur revenu global.
Les enquêtes auprès des usagers ont permis de recenser 41 produits commercialisés, dont 20 produits rapportent chacun plus de 1000 D par an.
Les produits les plus intéressants sur le plan économique pour les usagers, sont par ordre d'importance: les graines de pin d'Alep, les racines de noyer, les graines de pin pignon, les champignons, les brindilles de romarin, le miel, les câpres, les escargots, le laurier sauce, les glands de chêne, l'huile de lentisque, le thym et les caroubes.
La gamme des PFNL ainsi que leur classement par ordre d'importance socio-économique changent, si en plus de leur intérêt économique on prend en considération le nombre de familles exploitantes de ces produits.
Le classement devient comme suit: les graines de pin d'Alep, les brindilles de myrte, les brindilles de romarin, les champignons, les escargots, les caroubes, l'huile de lentisque, le miel, l'alfa, les racines de noyer, les pignons, le laurier sauce, les glands de chêne, le thym.
6- CONCLUSION GENERALE
6-1- Identification des produits les plus prometteurs
L'étude a permis d'analyser l'importance économique et sociale des PFNL aux différents niveaux (national, régional, communautaire et familial) ainsi que les facteurs qui agissent sur l'exploitation et la valorisation des ces produits.
Les résultats de cette analyse ont permis d'identifier les PFNL qui présentent un intérêt économique et social manifeste et qui sont susceptibles de jouer un rôle prépondérant dans le développement du secteur forestier:
Les huiles essentielles de romarin et de myrte;
Les champignons (truffes dans le sud et les divers champignons des forêts dans le nord);
Les fruits des arbres forestiers (graines de pin pignons, graines de pin d'Alep).
Le miel d'origine forestière (romarin, thym, eucalyptus et miel amer d'arbousier et de bruyère);
Le miel d'origine forestière (romarin, thym, eucalyptus et miel amer d'arbousier et de bruyère);
Les fruits des arbres semi-forestiers (caroubes, câpres, azerolier, cerisier, pistachier, oléastre greffé);
Les racine de noyer et les feuilles de laurier sauce;
Les produits artisanaux de vannerie et de sparterie (doum, diss, filaire, saule, bruyère, arbousiers…).
6-2- Contraintes et perspectives
Les ressources forestières offrent une gamme de PFNL très diversifiés, qui sont commercialisés sur le marché mondial. L'exploitation de ces ressources procure à la population forestière des sources de revenus importante.
L'impact socio-économique de cette filière est cependant tributaire du renforcement de la position des PFNL sur le marché mondial en garantissant la qualité et la régularité de l'approvisionnement.
Ces exigences ne peuvent être satisfaites que dans le cadre d'une stratégie globale d'aménagement et de gestion rationnelle des ressources forestières, qui intègrent systématiquement l'exploitation et la valorisation des PFNL (inventaire multi-ressources), en prenant en considération l'ensemble des facteurs écologiques et socio-économiques intervenant dans la filière de production et de commercialisation des PFNL.
La valorisation des PFNL nécessite aussi la promotion du marché national pour leur transformation et leur utilisation dans les industries. Les huiles essentielles de romarin et de myrte offrent des possibilités importantes pour les industries pharmaceutiques et de parfumerie au moins pour la fabrication de certains produits semi-finis.
La diversité des PFNL et leur importance socio-économique constituent des opportunités réelles pour la création de micro-entreprises locales, spécialisées dans l'exploitation et la valorisation des PFNL. L'établissement de liens commerciaux directs entre ces micro-entreprises et les exportateurs ou les entreprises spécialisées dans ce domaine est une condition nécessaire pour leur viabilité.
D'autre part, l'absence d'aménagement cynégétique limite considérablement l'impact socio-économique de la chasse en zone forestière:
Le rôle social et économique de la chasse en forêt, peut être renforcé d'une manière significative à travers le développement du tourisme vert, en complémentarité avec les activités de chasse (visites des parcs nationaux, des réserves naturelles, aménagement des gîtes pour présenter des activités socioculturelles locales, promotion de l'artisanat local, aménagement de transects de reconnaissances pour découvrir la beauté et les caractéristiques naturels des paysages…). Une attention particulière doit être donnée à l'implication des usagers pour leur donner la possibilité de tirer profit de cette composante. L'implication des hôteliers et des associations des chasses dans la mise en œuvre de ces orientations est déterminante pour garantir la complémentarité entre les secteurs du tourisme et de la chasse, qui devraient constituer des facteurs de protection et de valorisation des ressources naturelles.
La stratégie de développement forestier, basée sur l'organisation des usagers en associations forestières d'intérêt collectif, et leur implication dans l'aménagement et la gestion des ressources forestières, constitue dans sa conception un cadre très favorable pour mettre en œuvre ces orientations, qui sont développées dans le plan d'action pour la promotion de la filière ci-dessous.
7- PROMOTION DE LA FILIERE DES PFNL
7-1- Les orientations générales
Les exportations des PFNL rapportent au pays un montant global de 6,2 millions de Dinars par an. Les PFNL, recensés comme menus produits, rapportent aux administrations forestières régionales des recettes d'environ 2060000 D/an (moyenne 1995/1998). Ils contribuent à raison de 85% des recettes totales enregistrées dans l'ensemble des arrondissements forestières.
Les PFNL procurent aux usagers de la forêt un revenu moyen annuel par famille de 600 D. Les enquêtes auprès des usagers ont permis de recenser 41 produits commercialisés, dont 20 produits rapportent chacun plus de 1000 D par an. La contribution des PFNL dans le revenu familial atteint 46% pour les familles n'exerçant pas d'autres activités économiquement significatives. Pour les familles qui pratiquent des activités agricoles ou agro-forestières, la part des PFNL est de 23% en moyenne dans leur revenu global.
La valorisation des PFNL, d'une manière rationnelle, est complexe compte tenu de la multiplicité des usages auxquels sont soumises les ressources fournissant ces PFNL et la diversité des intérêts des différentes parties prenantes (Etat, industriels, exportateurs, usagers).
Malgré les contraintes et les insuffisances liées au mode d'exploitation des ressources qui les fournissent et au mode de leur valorisation et de leur commercialisation, les PFNL présentent des intérêts économiques et sociaux certains et continuent à intéresser le marché extérieur. Les perspectives de développement de la filière « PFNL » sont réelles compte tenu des possibilités de promotion des différentes filières, bien qu'un effort important reste à accomplir pour passer à une véritable intégration de cette composante dans les aménagements et dans le plan de gestion des ressources forestières.
La tendance pour les menus produits restent très prometteuse pour plusieurs raisons, d'une part à cause des problèmes de santé publique liés aux O.G.M. et à l'E.S.B, à titre d'exemples, et d'autre part à une exigence de traçabilité des produits et une meilleure rémunération des producteurs souhaitées par le consommateur. Les produits de qualité sont aussi de plus en plus recherchés par le consommateur.
Parmi les huiles essentielles, l'huile de romarin qui a un marché important mérite une attention particulière en terme d'investissement pour réhabiliter les zones de production existantes. L'huile essentielle de myrte a un marché relativement stable et son prix élevé peut être dissuasif pour une utilisation plus large. L'huile d'armoise pourrait être un produit à développer dans les régions où l'armoise pousse de façon spontanée.
Les champignons sont une ressource sous-exploitée et une meilleure gestion de leur cueillette permettrait d'augmenter les quantités exportées à contre-saison notamment en France qui reste le principal pays consommateur. Cependant, un important travail de formation des populations dans la cueillette, le stockage et le calibrage est nécessaire en même temps que la réforme du système de vente par adjudication qui reste un frein au développement de ce produit. Les truffes de Tunisie restent tributaires des conditions climatiques, il s'en suit des difficultés d'assurer une régularité d'approvisionnement du marché mondial. Cependant, un investissement pourrait être rentable; il s'agit de l'introduction expérimentale de la truffe noire melanosporum dans certains terroirs propices à son développement.
Deux produits alimentaires : les câpres et les caroubes sont sans doute intéressants à développer car le marché reste déficitaire pour ces produits. Il ne s'agit pas de produire des quantités très importantes, uniquement à partir de nouvelles plantations, mais de restaurer les capacités productives des nappes existantes afin d'obtenir des qualités optimales et vendre des quantités acceptables. Si la caroube a un marché mondial, les câpres ont surtout une importance en Europe du Sud. Avec les conditions du marché tunisien, l'augmentation de la production de ces deux produits permettra d'être plus compétitif.
Les pignons, compte tenu de leur prix de vente actuel sur le marché tunisien, restent un produit très difficile à exporter. De ce fait, seule une augmentation des quantités produites pourrait amener des possibilités d'étendre ce marché à d'autres pays.
Les miels de Tunisie sont des miels de spécialités qui n'ont pas un marché très développé en Europe. Leur consommation est surtout locale et régionale. Seuls les miels de romarin et amers peuvent avoir des possibilités de vente en Europe à condition d'avoir une qualité optimale. Le miel de thym est trop spécifique pour obtenir des débouchés importants et le miel d'eucalyptus est en situation de forte concurrence avec les miels d'Australie, de Chine et d'Argentine.
La stratégie de développement forestier, basée sur une gestion participative et durable des ressources naturelles, en impliquant les usagers et les industriels privés, constitue un cadre très favorable pour mettre en œuvre le présent plan d'action.
Les orientations proposées pour la promotion de chacune des filières retenues, permettent de dégager des orientations générales pour le développement de la filière PFNL. Elles s'articulent autour des objectifs, ci-après, en indiquant les résultats attendus pour chaque objectif et en donnant un aperçu des principales activités pour chaque résultat. Ces objectifs s'intègrent dans le Plan Directeur de Développement Forestier et Pastoral.
7-2- Objectifs, Résultats et Activités du plan d'action
Objectif global du Plan d'action: Contribution au développement du secteur forestier en promouvant la filière PFNL, dans le cadre d'une gestion intégrée et durable des ressources naturelles.
Objectif immédiat du Plan d'action : Promotion de la filière des PFNL et son intégration dans le développement du secteur forestier
Résultat 1 : Valorisation des PFNL dans le cadre d'un aménagement et d'une gestion concertée et durable des ressources forestières
1.1. Modalités et procédures d'adaptation à une gestion participative et durable des ressources fournissant des PFNL
Appliquer des critères liés à la professionnalisation des industriels pour leur autoriser l'accès aux ressources et à la valorisation des PFNL, à savoir :
1.2. Usagers et industriels impliqués dans l'aménagement et la gestion des ressources produisant des PFNL (valorisation, protection et réhabilitation des ressources)
Impliquer les industriels opérationnels, dans la conception et le financement de certaines actions liées à la promotion des filières (à définir dans les cahiers de charge en fonction de la filiére et sur la base du plan de gestion des ressources).
1.3. Connaissances approfondies des potentialités des PFNL et leur prise en compte dans les plans d'aménagement et de gestion des forêts acquises
1.4. Techniques d'aménagement des ressources et technologies de valorisation des PFNL maîtrisées
Résultat 2 : Renforcement de la position des PFNL sur les marchés national et mondial
2.1. Filière des PFNL professionnalisée
2.2. Mécanismes de concertation et d'échange d'information entre industriels établis
Résultat 3 : Revenus des usagers impliqués dans la valorisation des PFNL améliorés
3.1. Emergence de jeunes promoteurs dans les différentes filières :
3.2. Système d'appui financier pour la promotion des filières PFNL, opérationnel :
3.3. Formation et encadrement des usagers dans les domaines de valorisation des PFNL, assurés :