1ére PARTIE
Diagnostic de la filière du manioc au Bénin
Prepare par
N. Maroya (INRAB)
G. Houngnibo (CARDER/OUEME)
C. Medenou (DPP/MDR)
A. Lagbadohossou (CTAA/MDR)
S.F. Djogbenou (DAGRI)
B. Soude (D/PILSA)
J. Monhouanou (D/LTA/INRAB)
En application des instructions contenues dans l'appel du Chef de l'Etat relatif a la culture du manioc au Bénin le Ministère a initié un document de projet manioc comportant trois parties:
Diagnostic de la filière manioc au Bénin: il fait le point sur l'historique de la culture d'une part, les atouts et les faiblesses de la production, de la transformation et de la commercialisation d'autre part.
Projet de promotion de la filière manioc au Bénin: Phase intermédiate; cette partie a fait ressortir les actions a mener dans l'immédiat, des la campagne agricole 1999 – 2000 et implique trois mille (3000) producteurs traditionnels et deux cent cinquante (250) Exploitants de type nouveau.
Phase de grande envergure ou de la Promotion de la filière manioc est un projet couvrant une période de dix (10) ans dans la perspective de la mise en place d'une filière de manioc organisée.
Ce travail a été réalisé pendant onze (11) jours par un sous comité composé des représentants des structures ci-après:
Cabinet MDR (CTAA)
INRAB (Niaouli, LTA)
DPP
DAGRI
CARDER/OUEME
PILSA
Il est évident qu'en si peu de jours un travail de cette importance a ses limites. Fort de cela, le présent document de projet, jette les bases de réflexions qui méritent d'être approfondies avant sa mise en oeuvre effective.
Le manioc (Manihot esculenta CRANTZ) introduit en Afrique par les Portugais depuis le 16eme siècle, constitue l'une des principales sources d'énergie du régime alimentaire humain des régions tropicales. Sur le plan énergétique, il produit 8,2 millions de calories par hectare contre 3,3 millions pour le mai's. D'après S. K. Hahn 1979, il contribue a plus de 50 pour cent a la satisfaction des besoins caloriques pour plus de 420 millions d'habitants dans 26 pays tropicaux.
C'est un aliment consommé par près de cinq cent millions de personnes dans les pays en voie de développement dont quatre vingt millions en Afrique de l'ouest (Cook 1985). C'est l'une des plantes a racine alimentaire les plus cultivées au Bénin. II vient en deuxième position après le mai's (Nago 1989).
Au Bénin d'après CORNEVIN 1981, c'est sous le règne du roi Guézo que la culture du manioc a connu un essor suite a la grande sécheresse (1847–1850) ou toutes les autres cultures ont souffert.
Dans notre pays, le manioc est essentiellement destine a l'alimentation des populations. Selon les estimations de l'Office National d'Appui a la Sécurité Alimentaire (ONASA) en 1990 et les Statistiques de la Direction de l'Analyse, de la Prévision et de la Synthèse du Ministère du Développement Rural (DAPS/MDR), sa consommation annuelle par habitant est de 104 kg pour les départements du sud; 94 kg pour le Zou, 42 kg pour le Borgou et 17 kg pour l'Atacora. D'après Biaou et al. 1996, la production du manioc a connu un essor important après la dévaluation du franc CFA et les taux de croissance des superficies et productions sont respectivement de 5,6 pour cent et 9,4 pour cent pour les campagnes agricoles 1995–1996 et 1996–1997.
La filière n'étant pas organisée, seuls les surplus de consommation sont exportes. Or au Bénin les cossettes sont de bonne qualit´ et près de 85 pour cent de la production nationale provient du Sud et du Centre où les besoins en consommation sont très élevés. Et dans cette partie du pays, on note avec acuité des problèmes de baisse de fertilité des sols couples avec la non maîtrise des techniques culturales améliorées et la faible utilisation des clones améliorés.
C'est cette situation qui fait que les cultivars de manioc rencontrès chez les paysans présentent une grande diversité génétique du point de vue du comportement vég´etatif vis-à-vis des maladies et ravageurs. La qualit´ défectueuse du matériel végétal de plantation utilise par les producteurs associée aux contraintes ci-dessus énumérées sont a l'origine des faibles rendements enregistrès.
C'est pour apporter des solutions efficaces et durables a toutes ces difficultés de la production du manioc que le Gouvernement du Bénin qui a opte pour la diversification agricole veut se lancer dans la promotion du manioc qui constitue l'une des principales filières porteuses.
Le présent document fait le point de la situation actuelle du manioc au Bénin a travers une analyse documentaire et définit en outre les grandes lignes des actions a mener pour la promotion de la filière.
3.1 SITUATION DE LA PRODUCTION
3.1.1 Zones de production
Au Bénin le taux moyen de croissance des superficies de manioc est de 4,41 pour cent par an entre 1981 et 1995. Une analyse de la courbe d'évolution de la superficie de manioc au Bénin (Figure 1) montre une croissance des superficies depuis les années 1987. Ce qui se traduit par un intéressement croissant des producteurs qui défrichent de nouvelles terres pour la culture du manioc. Bien que l'extension géographique de la culture de manioc soit très large, il existe de fortes disparités à l'intérieur même des grandes zones de production. Ainsi dans le Zou, sept des quinze sous-préfectures cultivent plus de 80 pour cent des superficies et dans l'Oueme trois des quatorze sous-préfectures totalisent 60 pour cent des productions.
Cette croissance est plus élevée dans la zone favorable qui d'après la carte d'aptitude des sols élaborée par le Centre National d'Agro-pedologie (CENAP) s'étend de la hauteur de Sékou jusqu'à Bembèrèkè. Dans cette zone, on distingue trois catégories:
Les régions a conditions très favourables dans les sous préfectures de Kétou, Sakété, Adja-Ouere dans l'Oueme; Aplahoué, Toviklin, Djakotomey, Houéyogbé, Klouékanmey dans le Mono; Savalou, Dassa-Zoume, Savè, Bantè, Ouèssè, Djidja dans le Zou.
Les conditions acceptables dans le sud Atacora et Borgou. (Bassila, Djougou, Tchaourou et Nikki).
Les conditions très peu favourables au-delà de Kandi jusqu'à Malanville.
Figure 1. Evolution de la superficie de manioc au Bénin
Figure No 1: Evolution de la superficie de manioc au Bénin
Figure 2: Évolution de la production du manioc au Bénin
Figure No 2. Evolution de la production du manioc au Bénin
3.1.2 Systèmes de production
Pour la production du manioc au Bénin plusieurs systèmes de culture sont pratiques. Ainsi pour le mode de travail de sol on le rencontre a plat dans le Sud, sur billons et petites buttes au Centre et sur buttes (moyennes et grosses) au Zou-nord et au Nord. En considérant les associations de cultures, on distingue:
Association Manioc-Mais (Sud et Centre)
Association Manioc-Sorgho ou Mil (Nord)
Association Manioc-Arachide ou Niébé
Association Manioc-Cultures maraîchères (cultures de case).
La culture de manioc en pure se rencontre généralement en fin de rotation et conduit prèsque toujours a la jachère. Cette multitude de systèmes contribue diversement a une croissance de production qui est en moyenne de 6,8 pour cent par an depuis 1981 (Figure 2). Cette augmentation qui a été plus accentuée a partir de 1994 serait probablement due a la dévaluation du franc CFA.
3.1.3 Variétés cultivées
Les critères de différenciation des variétés de manioc sont très variables et les plus faciles a identifier sont les caractères morphologiques. Ce qui est important pour les producteurs de manioc, c'est la teneur de la variètè en matière sèche, son rendement et la qualité de ses sous-produits. Pour satisfaire ces considérations, un certain nombre de travaux sont réalisés pour la mise au point de nouvelles variétés.
Par rapport au maïs, les travaux de recherche sur le manioc ont démarré plus tard par une collection installée à partir des introductions de la sous-région (Togo, Ghana, Côte d'lvoire, Centrafrique et surtout Madagascar etc.). Cette base génétique a été enrichie quelques temps après par des prospections effectuées dans la zone sud du pays.
Il a fallu attendre 1977 pour que d'autrès introductions sous forme de tiges et graines en provenance de 1'IITA-IBADAN donne un coup de pousse a la recherche sur le manioc au Bénin. Avec cette collaboration un certain nombre de travaux ont été réalisés et ont conduit a l'identification de certains clones comme TMS 30572; TMS 30555; TMS 30001 et TMS 4(2)1425. Ces clones qui présentent une bonne résistance aux maladies et des niveaux élevés de rendements n'ont pas été acceptes partout après leur vulgarisation à cause surtout de leur architecture qui n'accepte pas les associations de cultures. C'est ce refus des sélections de l'IITA qui a renforcé la sélection massale et créatrice du manioc au niveau national.
Dans le souci d'améliorer le matériel local de manioc des prospections ont été réalisées à travers le pays en 1986 et surtout en 1989 sur toutes les cultures vivrières avec le concours de l'IITA. Les accessions ainsi prospectées sont mises en collection et certaines ont été objet de sélection massale. Parmi les entrées de 1986, la variété BEN86052 ayant donné des résultats très intéressants et stables, a été retenue. Ce clone qui est vulgarisè depuis 1992 est actuellement soutenu par les CARDER, la Direction de l'Agriculture et le projet Global 2000.
Le Tableau 1 montre la performance de cette variété BEN86052. Parmi les entrées ramenées en 1989, la variété RB89509 est sélectionnée. Elle est parfois moins performante que la BEN86052 sur certains sols mais très bonne pour les associations de cultures. Elle est actuellement largement cultivée dans le Mono et fait 1'objet des tests en milieu paysan dans les autrès départements.
Tableau 1. Performance Multilocale (T/Ha) Du Clone Ben 86052 par rapport aux clones elites manioc
LOCALITES VARIÉTÉS | NIAOULI | POBE | SAVE | INA | MOYENNE |
BEN 86052 | 44.23 | 24.25 | 26.14 | 18.53 | 28.28 |
TMS 50395 | 34.03 | 23.94 | 23.39 | 17.63 | 24.74 |
TMS 30572 | 31.65 | 20.88 | 24.53 | 16.83 | 23.47 |
TMS 4(2)1425 | 41.18 | 20.71 | 16.85 | 13.93 | 23.17 |
TMS 63397 | 28.28 | 22.13 | 19.29 | 9.55 | 19.81 |
NIAOULI 84 | 15.96 | 7.94 | 9.44 | 14.28 | 11.88 |
F | ** | ** | NS | ||
C.V. % | 17.51 | 23.34 | 13.55 | 57.82 | |
P.P.D.S. 5 pour cent | 7.39 | 5.87 | 3.86 | - |
Source: Rapport SRCV-Niaouli 1993
3.1.4 Organisation des producteurs
Le manioc se cultive au Bénin par les producteurs individuels et des groupements. La taille des exploitations varie suivant les conditions de vie des producteurs. On rencontre des exploitations de petites superficies (moins de 0,5 ha a 3 ha) et des exploitations de grandes tailles (5 a 10 ha et plus).
Certaines Organisations Non Gouvernementales (ONG) interviennent également dans la promotion de la culture du manioc surtout dans le domaine de la formation et du financement.
3.1.5 Atouts et contraintes a la production
Les atouts a la production du manioc au Bénin peuvent être résumés comme suit:
existence de vastes zones agro-écologiques très favourables a la culture du manioc;
existence d'une capacité importante de production;
possibilité d'augmenter les rendements sans élargir les surfaces cultivées;
disponibilité des producteurs a développer la culture du manioc;
très bonne qualité des cossettes béninoises reconnue déjà sur le marché extérieur;
existence de débouchés (intérieur, sous-régional et international) pour les produits transformes (cossettes, gari et tapioca);
début d'organisation de la filière de manioc d'exportation;
disponibilité des acquis en matériel et techniques de cultures.
Les contraintes a la production sont multiples et se présentent comme suit:
qualité peu performante du matériel végétal amélioré;
non- disponibilité des terres et difficile accès a la terre dans certaines zones favourables;
régime foncier en vigueur défavorable;
insécurité des producteurs agricoles sur les terres qu'ils exploitent;
exploitation non durable des terres pour 1'agriculture;
absence ou l'insuffisance de matériel de plantation de bonne qualité;
inexistence d'un système efficient et efficace de rotation culturale et d'assolement;
absence ou la mauvaise utilisation des techniques culturales (association, densité, date, etc.) adéquates et appropriées;
faiblesse des rendements du manioc;
faibles capacités humaine et scientifique de recherche;
faiblesse des capacités d'encadrement des producteurs de manioc;
mise en valeur des terres avec des techniques rudimentaires;
problèmes biotiques (maladies et ravageurs);
perte de la fertilité physique, chimique et biologique des sols sous culture de manioc;
faible capacité financière des producteurs de manioc.
3.1.6 Situation de la transformation
Les produits issus de la transformation traditionnelle du manioc
Une étude de l'évolution récente sur l'inventaire et l'évaluation des technologies alimentaires traditionnelles (Hounhouigan et al 1996) a révélé l'existence d'une vingtaine d'aliments produits a base de manioc avec le gari comme 1'aliment prépondérant. Le tableau 2 suivant fait la synthèse de ces produits.
Tableau 2. Aliments traditionnels a base de manioc au Bénin (Hounhouigan et al., 1996)
Aliments non fermentés | Aliments fermentés | |
1. Cossettes de manioc | 10. Fingnin | 19. Gari |
2. Kuté libo | 1 l.Galikponnon (pain de manioc) | 20. Fufu |
3. Farine de manioc | 12. Goman (amidon) | 21.Lafun |
4. Ayan (Purée de manioc) | 13. Goman kluiklui (snack) | 22. Attièké |
5. Kuté dida (manioc bouilli) | 14. Kponnonvi (biscuit de goma) | 23. Agléli mawè |
6. Kuté mime (manioc grille) | 15. Tapioca (amidon granule) | |
7. Kuté siso (manioc frit) | 16. Abloyoki | |
8. Kutéta (snack) | 17. Kuté founfouin (manioc pile) | |
9. Agleli klaklo | 18. Greedy (goma séché au four) |
Pour ces produits traditionnels a base de manioc, les femmes sont particulièrement spécialisées au niveau rural. Elles y sont omniprésentes en majorité opérant individuellement ou en associations. D'après d'Almeida et al., 1997, le recensement des ressources du secteur agro-industriel au Bénin a révélé qu'il existe près de 250 a 270 Groupements de Femmes avec un effectif de plus de 2500 femmes dont les produits de transformation prédominants sont le gari et le tapioca.
Les produits de transformation de type semi-motorizé
D'autrès dérivés de valorisation du manioc sont produits au Bénin mais dans des zones urbaines ou périurbaines. Au nombre de ces produits, nous avons les friandises (amuse-gueules), le pain de manioc, l'alcool du manioc, les beignets, les biscuits, le sirop de maltose etc.
De nos jours les cossettes de manioc qui constituent l'un des principaux produits de transformation rencontrès au Bénin font apparaître que le manioc qui était une culture d'autoconsommation tend à être considéré comme une culture d'exportation alors qu'il a été pendant longtemps une culture destinée aux marchés locaux.
Les atouts et contraintes de la transformation du manioc
Les principaux atouts de la transformation du manioc au Bénin sont:
existence de marchés sous-régionaux très demandeurs de produits transformé;
avantages comparatifs évidents en matière de transformation;
possibilité d'améliorer la production par mécanisation simple;
existence sur le marché local de certains matériels et équipements de transformation;
capacité d'amélioration rapide des rendements par les producteurs;
existence des fabricants locaux d'équipements de transformation.
Les contraintes a la transformation du manioc peuvent se résumer comme suit:
prépondérance des méthodes de transformation traditionnelles et rudimentaires Cohabitation des systèmes traditionnel et moderne de transformation et de distribution
faible capacité financière des transformateurs (achat d'équipement et de matière première)
faible maîtrise du savoir-faire par certaines femmes
plusieurs étapes contraignantes d'opérations de transformation
accès limite des femmes aux équipements de transformation
faible assistance technique aux transformatrices
pénibilité de récolte et difficulté d'approvisionnement en saison sèche
pénibilité des travaux de transformation
non valorisation des sous-produits entraînant la non amélioration de la valeur ajoutée.
Ces produits issus de transformations traditionnelles ou non permettent d'alimenter les circuits commerciaux locaux, régionaux et internationaux.
3.1.7 Situation de la commercialisation
Les marchés locaux
Traditionnellement, la commercialisation du manioc se fait surtout sous forme de gari, tapioca et accessoirement a l'etat frais dans les marches ruraux et les grands centrès urbains.
Au Bénin la commercialisation aussi bien du manioc que de ses dérivés n'est pas organisée. Les produits sont échangés sur les marchés locaux qui ont une périodicité fixe suivant les régions. Le fonctionnement de ces marchés est celui de l'offre et de la demande mais en général, les prix sont stables. Les réseaux de commercialisation sont orientes vers les grands marchés du pays, puis vers les marchés frontaliers ou vers le port et l'aéroport.
Alors que dans le sud jusqu'à la latitude de Bohicon, les marchés s'animent tous les quatre jours, dans le nord leur animation est hebdomadaire. Ces marchés sont fréquentés par les grossistes et collecteurs, les détaillants et les utilisateurs des produits. En général les détaillants sont pour la plupart les habitants du site du marché ou des villages environnants alors que les grossistes viennent souvent des grands centrès urbains. Mais ils sont originaires de la localité ou ils y ont vécu dans leur jeune âge. Les principaux marchés béninois réputés pour les produits a base de manioc sont:
dans le Zou les marchés de Savalou, Ouèssè, Glazoué, Dassa-Zoume (bords de voie a Gankpétin et a Paouignan), Djidja, Ouinhi et de Bohicon.
dans l'Oueme: les marchés de Kétou, Pobè, Ikpinlè et de Mowodani
dans le Mono: les marchés de Dogbo, Azovè et de Klouékanmè
dans le Borgou: les marchés de Tchaourou, et de Tchatchou (spécialisés en cossettes), de Parakou de Malanville et de Karimama
dans l'Atacora: les marchés de Djougou, Natitingou et de Bassila
dans l'Atlantique: le marché international de Dantokpa qui est le point de chute de la majeure partie des grossistes.
Malgré ce réseau de distribution, un autre flux de commercialisation des produits traditionnels existe mais tourne vers l'éxterieur.
Les marchés régionaux
Les différents produits dérivés du manioc font 1'objet d'une transaction commerciale et économique qui se développait entre le Bénin, et l'Afrique centrale surtout le Gabon et le Congo ou il existe une importante communauté béninoise. Le dispositif de ce flux commercial est caractérisé par le fait que les grossistes qui alimentent ce marché traitent directement avec les paysans ou les groupements de femmes transformant le manioc a domicile. Le volume a acheter est d'avance fixe. Dès que ce volume est dépassé, le surplus est vendu sur le marché local. Le commençant doit aussi honorer son engagement en temps opportun. Malheureusement ce dispositif qui marchait tout seul a été suspendu par une décision politique parce qu'il induisait une pénurie sur les marchés locaux entraînant immédiatement la hausse des prix liée au fait que l'offre est inférieure a la demande. Les marchés internationaux
Ce volet de la filière manioc avait été déjà aborde dans une étude récente menée par le Centre d'Investissement de la FAO sous financement de la BAD.
Plusieurs actions ont été proposées dans ce cadre pour être mises en oeuvre a travers un projet de promotion des exploitations.
Le projet d'Appui a la diversification des Systèmes
d'Exploitation dans le Borgou et le Zou (PADSE) s'appuie sur la même approche
que le centre d'investissement de la FAO.
Traditionnellement, la commercialisation du manioc se fait
surtout sous forme de gari, tapioca et accessoirement a l'etat frais
dans les grands centrès urbains.
La commercialisation des cossettes porte sur des quantités relativement faibles. C'est depuis 1990 que des filières commerciales orientées vers l'exportation se sont développées. Quatre circuits ou dispositifs interviennent présentement.
Le premier est celui d'une entreprise locale complètement intégrée, dont les activités vont de la production a l'exportation. Les achats de cossettes a l'extérieur de l'exploitation sont insérés dans un ensemble d'activités utilisant des équipements communs de sorte que certains éléments de coûts sont difficiles a dissocier. La vente des cossettes est faite a un utilisateur français qui garantit l'achat de toute fourniture a partir d'un volume minimum autorisant l'affrètement d'un navire.
Le second circuit est domine par l'aval et repose sur une société nationale d'import-export en produits alimentaires. Allie a un groupe français de négoce, il est base sur un enchaînement d'intérêt d'opérateurs prives (demandeurs, collecteurs, transporteurs...) négotiant leur prix de cession jusqu'à l'utilisateur final. Cet circuit a arrêté temporairement ses activités depuis 1993 mais pourra les reprendre.
Le troisième circuit est encore embryonnaire et son sort est lie a une coopérative de production de manioc (La Coopérative des Producteurs de Manioc: COOPROMA) qui a de la peine a s'affirmer.
Le quatrième circuit qui fonctionne depuis quelque mois est une société de fabrication d'aliments de bétail. Elle a mis en place un dispositif totalement intégré de développement d'une filière spécialisée portant sur l'organisation des producteurs, le groupement des achats, prix garanti et exportation.
Pour confirmer cette tendance du manioc a l'exportation, depuis quelques années, plusieurs opérateurs prives essaient de développer des filières d'exportation de cossettes vers l'Europe. C'est dans ce cadre que s'inscrivent les initiatives de la Société ADEOSSI et Fils, de la Société Bretagne-Bénin, de Coopératives Agricoles (SOBBECA), et de la Coopérative des Producteurs de manioc (COOPROMA) etc. Ce débouché a l'exportation est potentiellement important car n'arrive jamais a satisfaire le quota qui lui est réservé.
Les atouts et contraintes de commercialisation
Les atouts a la commercialisation du manioc peuvent se résumer comme suit:
existence d'une volonté politique d'exportation des cossettes de manioc
existence d'une chambre de commerce
existence d'un Centre pour le commerce extérieur.
existence du Conseil National pour l'Exportation
existence d'un répertoire des opportunité économique et commerciale.
Les contraintes a la commercialisation sont nombreuses et les plus importantes sont:
inexistence de mécanisme de stabilisation:
inorganisation des circuits de distribution;
fret et taxes d'exportation très élevés;
faible capacité financière des commerçants;
absence, insuffisance ou inadéquation des structures de stockage;
manque ou insuffisance de cuiseurs et autrès matériels spécifiques de transformation.
3.1.8 Situation de la consommation
Le tableau 3 ci-dessous nous indique les niveaux de consommation du manioc par département. Des données de ce tableau on constate que pour la consommation en manioc, le Bénin, est globalement autosuffisant avec des disparités importantes d'une localité a l'autre. En effet alors que les départements de l'Atlantique, du Borgou et du Mono sont déficitaires, 1'Oueme, le Zou et l'Atacora sont largement excédentaires.
La consommation du manioc s'est développée au niveau des ménages depuis la dévaluation du franc CFA, qui a favorise une substitution alimentaire en faveur des produits locaux. II n'est pas rare de constater au niveau de certains ménages une augmentation de la consommation des produits a base de manioc au détriment du blé et parfois du mai's et de l'igname.
Tableau 3. Bilan vivrier du manioc par département
Départements | Consommation kg/hbt/an | Population estimée en 1996 | Consommation en tonnes | Production disponible | Production utile % | Production utile Tonne | Solde vivrier |
Atacora | 64 | 739 728 | 47 343 | 107 149 | 90 | 96 434 | 49 092 |
Atlantique | 129 | I 216 068 | 156 873 | 153 879 | 90 | 138 491 | -18 382 |
Borgou | 100 | 941 472 | 94 147 | 83 781 | 90 | 75 403 | -18 744 |
Mono | 219 | 773 043 | 169 296 | 109 587 | 90 | 98 627 | -70 669 |
Oueme | 110 | 997 512 | 109 726 | 455 576 | 90 | 410018 | 300 292 |
Zou | 134 | 935 868 | 125 406 | 342 631 | 90 | 308 368 | 182 962 |
Source: ONASA
Elles sont de quatre ordres, ce sont:
4.1 STRATÉGIE DE RECHERCHE
Elle consistera à mettre à la disposition des acteurs, les plants performants par zone agro-éscologique et par type de produit.
4.1.1 Actions a mener a court terme
évaluer a travers les différentes zones agro-écologiques, les meilleures variétés améliorées issues des essais régionaux et internationaux;
produire des boutures de pré-base pour approvisionner la DAGRI, les CARDER et les Organisations paysannes en matériels de plantation des variétés améliorées disponibles en vue de l'extension des pares a bois chez les paysans;
tester certaines techniques culturales de production intensive du manioc dans les différentes zones agroécologiques;
démarrer les actions a court terme prévues sur le manioc dans le plan directeur de l'lnstitut National des Recherches Agricoles du Bénin, (INRAB).
4.1.2 Actions à mener à moyen et long termes
renforcement des capacités humaines, matériels et scientifiques de la recherche sur le manioc;
évaluation et caractérisation des cultivars de manioc en collection;
amélioration et sélection des variétés de manioc pour des besoins spécifiques;
amélioration de la productivité par les techniques culturales.
4.2 STRATÉGIE DE PRODUCTION
Elle consistera a accroître qualitativement et quantitativement la production en vue de satisfaire les besoins intérieurs et la demande extérieure.
4.2.1 Actions à mener à court terme
extension des pares a bois dans tous les départements au niveau des fermes semencières et des organisations paysannes;
diffusion des boutures des variétés améliorées;
formation des acteurs: jeunes sans emploi et paysans producteurs de manioc;
octroi de crédit aux différents acteurs notamment les jeunes sans emploi a partir de diverses sources de financement (Fonds de Diversification Agricole, Projet d'Insertion des Sans Emploi dans l'Agriculture PISEA, Projet d'Investissements Publics PIP et le Fonds des dons Japonais).
4.2.2 Actions à mener à moyen et long termes
Il s'agira essentiellement d'une amélioration des techniques de production en vue d'accroître les rendements, de maintenir ou de régénérer la fertilité des sols pour un meilleur positionnement de la culture du manioc.
4.3 STRATÉGIE DE TRANSFORMATION
Elle consistera à valoriser les produits dérivés du manioc.
4.3.1Actions a mener a court terme
formation des transformateurs ou transformatrices sur les technologies des produits dérivés;
octroi de crédit aux transformateurs ou transformatrices pour l'acquisition de matériels de transformation sur PIP, Fonds de Diversification et Dons Japonais.
4.3.2 Actions a mener à moyen et long termes
amélioration des matériels de transformation existants;
introduction de nouvelles technologies de transformation;
élaboration d'un document sur les normes des produits dérivés du manioc en vue de satisfaire les exigences du marche exterieur (DPQC, Opérateurs prives et CBCE);
renforcement des capacités d'analyse de qualité du laboratoire de 1'INRAB charge de la transformation.
4.4 STRATÉGIE DE COMMERCIALISATION
Elle consistera au maintien et au développement des marches actuels et a la conquête de nouveaux marchés au plan sous-régional, régional et international.
4.4.1 Actions a mener a court terme
lever les mesures d'interdiction d'exportation des produits dérives du manioc.
4.4.2 Actions a mener a moyen et long termes
renforcement des capacités de manutention du Port Autonome de Cotonou en le dotant d'un terminal de vrac;
élaboration des textes visant a mettre fin aux tracasseries policières engendrant des surcoût et a rendre fluide le trafic tout en instaurant une fiscalité stimulante.
En matière de moyens, l'Etat prendra les dispositions pour mobiliser les moyens nécessaires a la mise en oeuvre des actions envisagées dans la promotion de la filière.
Les moyens a mettre en oeuvre se situent a trois niveaux: les moyens humains, les moyens matériels et les moyens financiers.
5.1 LES MOYENS HUMAINS
Les actions de cette promotion de la filière seront sous la responsabilité du comité technique initie au niveau du Ministère du Développement Rural et qui est charge de la mise en oeuvre de la filière.
les chercheurs de l'lnstitut National des Recherches Agricoles du Bénin, (INRAB) prendront en charge les aspects lies a la recherche qui seront exécutés prioritairement avec les centrès de recherche de Niaouli et d'Ina;
la Direction de 1'Agriculture veillera sur le volet production de boutures de base a travers son service semences et plants;
les organisations paysannes et les ONG assureront la production des boutures certifiées;
les CARDER se chargeront de l'encadrement des producteurs et des transformateurs;
certains enseignants chercheurs de la Faculté des Sciences Agronomiques de l'Universite Nationale du Bénin, (FSA/UNB) seront sollicités pour certains aspects spécifiques de formations;
les aspects lies au sol (fertilité) seront abordés avec 1'assistance des chercheurs du Centre National d'Agro-Pédologie (CENAP);
les aspects de protection seront traités avec le concours technique du Laboratoire de Défense des Cultures et du Service Protection des Végétaux de la DAGRI;
les aspects techniques de la transformation du manioc en cossettes seront analysés et traités avec les chercheurs du Programme de Technologies Agro-alimentaire; les aspects relatifs au contrôle de qualité relèveront de la DPQC;
pour les aspects de suivis socio-économiques, les chercheurs du Laboratoire d'Economie et de Sociologie Rurales de 1'INRAB en collaboration avec ceux du Département d'Economie et Sociologie de la FSA, seront les maitrêes d'æuvre;
la Direction de la Promotion et de la Législation Rurales sera chargée des aspects fonciers surtout 1'attribution des terres aux jeunes sans emploi;
la Direction de la Formation Opérationnelle et de la Vulgarisation se chargera de la coordination des action de formation.
Toutes ces ressources humaines seront mobilisées chacune selon son domaine de compétence.
5.2 LES MOYENS MATERIELS
Les moyens matériels à mettre en oeuvre seront fonction des besoins de production, de transformation et de commercialisation. Us visent a réduire la penibilite des travaux de culture et de transformation et a accroître la marge bénéficiaire des opérateurs. Pour la production on a deux types d'options:
En considérant l'option des fermes d'état pour l'installation des jeunes sans emploi, on aura à prendre en compte l'acquisition ou la location des équipements mtorisés pour les travaux de sol. Les équipements nécessaires sont les suivants:
tracteurs;
charrue à socs ou à disques;
déschaumeuse;
gyrobroyeur ou rotobroyeur;
remorque
Avec l'option des producteurs individuels ou en association qui disposent de la main d'oeuvre, il faudra les encourager à l'utilisation de la culture attelée selon les régions par l'octroi des crédits de campagne.
Les quantités de manioc a récolter au niveau de la recherche sont faibles cependant elles seront objet de tests et d'analyses au laboratoire pour les qualités des variétés et les normes de qualité des produits.
Les infrastructures et équipements nécessaires pour ces analyses et tests sont:
construction d'aires de séchage;
construction de magasin;
étuve pour matière sèche au laboratoire;
équipements pour teneur en amidon;
matériels et produits chimiques de laboratoire;
équipements pour fabrication cossettes.
5.3 LES MOYENS FINANCIERS
Les moyens financiers a mettre en æuvre pour la promotion de la filière manioc seront chiffrés par phase en tenant compte des actions à mener par les acteurs et chaque structures.
En conclusion ce volet diagnostic sera suivi des documents relatives a deux phases du projet; la première phase porte sur les actions immédiates às mener dès la campagne agricole 1999 – 2000. La seconde phase quant à elle, est consécutive à la mise en oeuvre des actions immédiates qui permettent d'enclencher cette phase d'envergure du projet manioc qui va couvrir une période de dix (10) ans.