5.1 La senne
La senne dont il est question dans ce rapport est la senne
tournante et coulissante. Ce genre de senne est un engin de pêche
de dimensions allant de 300 à 500 m de longueur et de 70 à 90 m
de chute (profondeur). Les mailles et le diamètre de fil de cette
nappe de filet varient suivant l'espèce de poisson à pêcher.
Elles sont petites quand il s'agit de la pêche aux sardines,
sardinelles, anchois, etc… et grosses si la senne est conçue
pour la pêche du thon.
Pour l'efficacité de la pêche et de la bonne maniabilité par
l'équipage, la senne doit être bien montée, c'est-à-dire avoir
un bon rapport d'armement qui est de 0,71 ou montage à 71%.
La flottabilité doit être assurée et bien calculée et est généralement
dans le rapport 2/1 ou 3/1 c'est-à-dire deux flotteurs sur
la ralingue supérieure sur un lest (plomb) sur la ralingue inférieure.
Le poids du plomb doit se situer entre 1 kg et 1,5 kg par
mètre de lestage. L'efficacité du filet dépend aussi de l'efficacité
de la ralingue. La ralingue doit être bien choisie pour permettre
de garder la forme du filet, une grande vitesse de plongée
de la senne pour atteindre sa profondeur maximum dans très peu de
temps et enfin une montée aisée et rapide de la senne.
Cette technique de pêche beaucoup utilisée dans la pêche maritime
est aussi utilisée en pêche continentale au Projet de Développement
de la pêche au lac Kivu par le bateau ISAMBAZA FAO 99. La senne a
300 m de long sur 90 m de chute et opère dans les zones plus
profondes, supérieures à 100m. Elle pêche le Limnothrissa miodon
(Isambaza), espèce plus proche de la sardine.
(voir FIGURE 4 ANNEXE 2).
5.2 Le chalut
Le chalut est un engin de pêche dont la méthode de capture
de poissons consiste à remorquer dans l'eau un filet dont la forme
ressemble à un sac.
Il existe plusieurs sortes de chaluts dont la conception et la
forme dépendent de l'espèce à pêcher et des conditions des pêcheries.
Il y a par exemple le chalut à perche dont le filet est
remorqué par un bateau et le chalut à boeuf dont le filet est
remorqué par deux bateaux assurant ainsi l'ouverture horizontale
du filet.
Le principe opérationnel est le même si l'on connaît l'un d'eux.
C'est pourquoi on se limitera au chalut à panneaux qui se divise
en deux catégories de chaluts:
5.2.1 Le chalut de fond
Le chalut de fond est un engin de pêche dont les techniques
de capture de poissons de fond ou de crevettes reposent sur les
trainés de l'engin directement en contact avec le fond. Les chaluts
de fond ont pour caractéristique commune de présenter dans le plan
horizontal une grande extension de leur ouverture se traduisant
par la présence d'ailes plus ou moins longues. De plus, ils
possèdent toujours le long de la lèvre inférieure de cette ouverture
un bourrelet fortement garni et lesté.
Le chalut peut être trainé par un seul bateau (l'écartement des
ailes est assuré par deux panneaux ovales divergeants) ou par deux
bateaux (l'écartement de ceux-ci permettra d'obtenir directement
l'ouverture horizontale du chalut).
(voir FIGURE 5 ANNEXE 2).
5.2.2 Le chalut pélagique
Les chaluts pélagiques opèrent par des trainés entre les
deux eaux. Ces chaluts pélagiques ou encore des chaluts flottants
ont en général une forme différente de celle des chaluts de fond,
mais au contraire une ouverture dont la hauteur est égale ou à
peine inférieure à la largeur. Le bourrelet garni est remplacé
par un simple filin plus ou moins lesté. La forme particulière
de l'ouverture entraîne l'ensemble du chalut à prendre la forme
générale d'une pyramide à quatre faces latérales.
Plus encore que pour un chalut de fond, la forme et la profondeur
d'un chalut pélagique ainsi que la diminution progressive des
maillages auront une grande importance. En effet, de ces deux
facteurs dépendront les possibilités de filtration et le passage
dans l'eau sans turbulence exagérée, susceptible d'effrayer les
poissons avant l'arrivée du chalut.
Comme les chaluts de fond, ces chaluts sont groupés en deux
catégories suivant le mode de traction. Les chaluts trainés par
un seul bateau et les chaluts trainés par deux bateaux.
(voir FIGURE 6 ANNEXE 2).
5.2.3 La pêche au chalut
Avant d'entreprendre la pêche, le chalut est bien nettoyé,
vérifié s'il n'y a pas de déchirures et placé en grands plus sur
le plat-bord du bateau.
Pour mettre le chalut à l'eau, le bateau s'arrête et l'équipage
jette le chalut en commençant par la poche. Dans certains cas,
avec un mât de charge débordant suffisamment, le cul est mis à
l'eau au moyen d'un filin terminé par un croc à déclenchement
et vire au treuil. Le reste du filet est jeté à la mer et
s'écarte du bord par suite de la dérive du bateau. Le bourrelet
part à l'eau, puis la corde de dos.
Le bateau est mis en marche et avance au fur et à mesure qu'on
lâche le chalut dans le sens qui décrit un cercle plus ou moins
large suivant la longueur des bras, pour bien établir le gréement
et pour venir jusqu'au cap, les bras étant bien raidis, et le
chalut bien déployé, on stoppe la machine (mais certains chalutiers
font la manoeuvre sans stopper, suivant la compétence du
Capitaine à bord) et on laisse partir les panneaux jusqu'aux
marques de filage.
Les funes sont filées en freinant doucement pour conserver une
certaine force de traction sur le gréement.
Une fois le chalut à l'eau, on file jusqu'aux panneaux, et
quand les panneaux sont affalés, on augmente la vitesse en
s'assurant que leur écartement est correct, on augmente la
vitesse de filage en tenant les funes tendues en permanence
jusqu'à la fin du filage.
Le chalutage ne devrait pas excéder 30 minutes, car au-delà,
les poissons sont blessés et la chair endommagée, ce qui
diminue la qualité du produit. Ou encore, il y a une grande
quantité de poissons dans le chalut et au moment du relevage,
l'engin ne supporte pas le poids et se déchire avec beaucoup
de risques de perte de la capture.
La vitesse de remorquage doit être adaptée aux espèces que
l'on cherche à capturer. Pour les crevettes et les espèces de
fond, une vitesse de 2,5 noeuds est suffisante. Pour les poissons
de fond de taille moyenne et les espèces pélagiques, il faudra
atteindre 3–3,2 noeuds. Ces vitesses correspondent en fait à des
valeurs moyennes en dessous desquelles il conviendrait de ne pas
trop descendre. On doit aussi éviter de traîner le chalut à une
vitesse trop élevée, ce qui aurait pour résultat de faire
décoller le bourrelet du fond et de réduire la hauteur d'ouverture.
Pour relever le chalut, les opérations sont dans l'ensemble
inverses de celles du filage en général.
5.3 Filets
Les filets concernés sont les filets maillants (simples) et les trémails.
5.3.1 Filet maillant
Le filet maillant est constitué d'une nappe de filet de
maille quelconque, et monté sur deux cordes l'une à la partie
supérieure appelée “ralingue supérieure” garnie de flotteurs
permettant la flottabilité du filet et l'autre à la partie
inférieure appelée “ralingue inférieure” munie de lests généralement
en plamb permettant la tension du filet dans l'eau.
Les côtés verticaux du filet sont renforcés par quelques rangs
de fil double ou d'un fil fort; on les appelle des lisières.
Le filet maillant est bien déposé dans l'eau et capture les
poissons (ou les crustacés dans les eaux de mer) qui se maillent
dans l'alèze. En général, le levage de filet se fait après
12 heures. Ce genre de filet capture des poissons d'une certaine
taille suivant la maille choisie. C'est donc un engin sélectif,
un filet qui est préconisé pour la pêche au tilapia dans les
eaux rwandaises.
L'efficacité du filet maillant est conditionnée par:
Le fil constituant la nappe de filet doit être très souple et
peu visible et donc aussi fin que possible mais de résistance
très importante. La couleur de la nappe doit donc être aussi
invisible que possible.
C'est pourquoi dans les lacs du Rwanda, la pêche s'effectue
pendant la nuit, et au lac Kivu, pendant les nuits sombres
en particulier.
(voir FIGURE 7 ANNEXE 2).
5.3.2 Le trémail
Le trémail est un assemblage de trois nappes rectangulaires
superposées les unes aux autres. La bordure supérieure
ralinguée est garnie de flotteurs, la bordure inférieure est
lestée comme sur le filet maillant. Les deux nappes extérieures
(aumés ou tables) sont faites en grandes mailles qui laissent
passer le poisson qui doit être capturé. Entre les deux nappes
extérieures, il y a la nappe intérieure appelée flue ou voile,
faite d'assez petites mailles pour que le poisson ne puisse pas
les traverser. La dimension des nappes extérieures est de 4 à
7 fois le maillage de la nappe du milieu et le fil est aussi
gros. Quand le poisson rencontre le trémail, il traverse une
table sans difficulté et lutte contre la flue (filet du milieu)
en poussant cette nappe (qui a beaucoup de mous) dans une des
grandes mailles de la table opposée et forme avec celle-ci une
bourse dans laquelle il reste prisonnier.
La dimension de la maille des nappes du milieu est choisie en
fonction du poisson que l'on désire capturer.
Dans un trémail, le poisson ne se maille pas mais s'emmêle dans
l'alèze. C'est un engin qui semble être très efficace mais il a
le défaut de ne pas être sélectif. En plus son coût est élevé car
étant trois fois supérieur à celui du filet maillant utilisé par
le pêcheur artisanal rwandais.
(voir FIGURE 8 ANNEXE 2).
5.4 Palangres
Le palangre est un ensemble de hameçons d'une certaine
grandeur choisie, noués sur des cordes intermédiaires (avançons)
et celles-ci sont fixées avec une certaine distance à une seule
corde. Cette corde principale ou ligne-mère, est en général de
grandes dimensions que les cordes intermédiaires.
Ces engins opèrent avec un appât qui y est directement fixé.
On emploie une grande variété d'appâts naturels: vers, poissons
entiers ou en morceaux, languettes de peau de poissons, crustacés,
coquillages, etc… On peut aussi jetter l'appât à proximité des
engins afin de provoquer une concentration de poissons dans la
zone d'action de l'engin. L'appât vivant concerne les poissons
(généralement d'espèces pélagiques de petites tailles) capturés
à l'aide de petits filets tournants, puis gardés en vie dans
des réservoirs ou viviers à circulation d'eau, spécialement
aménagés et servant à appâter les hameçons de lignes à main, des
cannes ou des palangres.
Il existe aussi des appâts artificiels. Il s'agit de leurres,
objets de couleur voyante ou simplement brillants (parfois même
lumineux) rappelant la forme ou l'aspect d'un appât naturel.
Les leurres sont utilisés principalement sur des lignes de
traîne, lignes à main et avec cannes.
Les leurres peuvent être: cuillers, poissons ou céphalopodes en
matière plastique, en os ou en nacre (taillés dans une coquille
d'huître perlière pour la pêche du thon), lignes à main avec
hameçons garnis de plumes pour le maquereau.
Les leurres peuvent être associés à l'appât naturel.
Au Rwanda, les palangres sont utilisés pour capturer les
Clarias gariepinus, surtout au lac Ihema et cette technique
peut être étendue sur les lacs de l'Est du pays où il y a
présence de cette espèce de fond en quantité considérable.
(voir FIGURE 9 ANNEXE 2).
5.5 Les nasses et les casiers
5.5.1 Les nasses
Les nasses sont des pièges destinés à la capture des
poissons. Elles sont conçues de façon que le poisson rentre
dans le piège par un orifice approprié et qu'ensuite il ne
puisse plus ressortir.
En général, les nasses contiennent des appâts qui attirent les
espèces de poissons que l'on veut capturer, mais dans certains
cas, le piège peut fonctionner sans appât.
Les nasses ont des formes géométriques très variées. Le plus
souvent, elles sont en forme de parallélépipède rectangle de
grandeur variable. Souvent aussi, elles sont en forme cylindrique
ou demi-cylindrique. Elles sont généralement constituées
d'une armature métallique recouverte d'un grillage métallique
ou plastique, ou encore en filet. Ces nasses possèdent un ou
plusieurs entrées sur les côtés et une trappe de visite qui
permet au pêcheur de placer l'appât et de retirer la capture.
Les nasses rencontrées au Rwanda appelées souvent “Ibihembwe”
sont construites en bambous et ont une forme cylindrique.
Elles sont destinées à la capture de petits poissons de fond
des rivières et des lacs appelés Clarias carsonii et très
rarement des Tilapia. Toutefois, elles peuvent être utilisées
pour la capture des gros poissons de fond comme le Clarias
gariepinus qui peuplent les lacs de l'Est du Rwanda.
Les nasses étant mouillées à demeure pendant une longue durée,
on se contente de les relever pour les visites, les changer
si elles sont endommagées, enlever les captures ou simplement
les appâter de nouveau.
(voir FIGURE 10 ANNEXE 2).
5.5.2 Les casiers
Les casiers sont semblables aux nasses à part que les
premiers sont destinés à la capture des crustacés dans les mers
comme des langoustes, des homards, etc…
Leur forme varie souvent suivant l'espèce à capturer et aussi
suivant les habitudes locales des pêcheurs. Ils sont généralement
de plus petite taille, leur forme peut être sphérique, tronçonique,
cylindrique ou demi-cylindrique. Son armature est faite actuellement
en tiges de fer et de plastique, mais dans les temps passés,
elle était faite en lattes de bois. On recouvre ces différentes
armatures de grillage métallique ou plastique ou encore de filet,
comme on le fait pour les nasses à poissons.
Les traditionnels casiers en bois de forme demi-sphérique ou
cylindrique sont munis d'une seule ouverture située sur le dessus
de l'engin. A ce sujet on peut remarquer que les entrées des
casiers à crustacés peuvent être dirigées indifféremment vers le
bas ou horizontalement, dans le sens de la nage du poisson.
La partie inférieure des casiers est lestée pour les maintenir en
position correcte sur le fond. Comme il se fait dans la pêche aux
nasses, les casiers sont mouillés et visités régulièrement pour
relever les captures, remettre de nouveaux appâts et remplacer les
casiers endommagés.
(voir FIGURE 11 ANNEXE 2).
5.6 Etude de comportements des engins de pêche
Chaque type d'engin a ses propres particularités qui le différencient des autres. C'est ainsi que certains engins capturent des poissons par les opercules, d'autres par la bouche, d'autres par le corps, d'autres les enferment seulement sans les blesser, etc… En plus il y a des engins qui capturent les poissons en masses, d'autres qui sont sélectifs et d'autres qui ont les possibilités d'attraper un seul poisson. Ainsi, les engins sont classés comme suit:
| Engins passifs | Engins actifs | |||
| Espèces de poissons pélagiques | - | ligne flottante | - | ligne de traîne |
| - | filet dérivant | - | chalut pélagique | |
| - | filet dormant de surface | - | senne avec poche | |
| - | palangre de surface | - | senne sans poche | |
| - | carrelet | - | senne tournante coulissante | |
| - | pêche électrique | - | senne tournante non coulissante | |
| - | épervier | |||
| Poissons entre les deux eaux | - | palangre entre les deux eaux | - | chalut semi-pélagique |
| - | filet maillant entre les deux eaux | |||
| Espèces de poissons benthiques | - | ligne ancrée | - | chalut à panneaux élévateurs |
| - | palangre de fond | - | chalut de fond | |
| - | trémail | - | chalut à perche | |
| - | filet maillant de fond | - | dragues | |
| - | nasses | |||
| - | casiers | |||
| - | verveux | |||
| - | pièges | |||