L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a organisé l'Atelier sur la mise en œuvre des propositions d'action du GIF/FIF en Afrique, que le Gouvernement du Ghana a accueilli à Accra, du 16 au 18 février 2004, en marge de la quatorzième session de la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique. La réunion a été co-parrainée par le Département d’État et le Service des forêts du Département de l’agriculture des Etats-Unis.
Quarante-neuf experts, issus de toutes les sous-régions d'Afrique et de l'extérieur du continent, ont participé à cet atelier, où ils représentaient des États (20), les membres du Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF) et d'autres organisations internationales, régionales et sous-régionales (14), le secteur privé (1) et des organisations non gouvernementales (4).
M. A.S.K. Boachie-Dapaah (Ghana) a été élu Président et M. Abu Anage Zeleke (Ethiopie) a été élu Vice-Président de l’Atelier. M. Abdel Azim Mirghani Ibrahim (Soudan) était le rapporteur et Mme Christina Amoako-Nuama l’animatrice. Les travaux se sont déroulés en trois Groupes de travail : (I) Commerce et aménagement durable des forêts, présidé par M. Roger Foteu, Cameroun ; (II) Remise en état des terres forestières dégradées, présidé par M. Ndiawar Ndieng, Sénégal ; et (III) Renforcement de la coopération régionale et préparation des pays africains au sein du dialogue international sur les forêts, présidé par M. Bertrand Zida, CILSS.
Cet atelier était organisé afin de renforcer l'action à l'échelon national, sous-régional et régional à l'appui d'un aménagement durable des forêts, y compris par la mise en œuvre des propositions d'action du Groupe intergouvernemental sur les forêts (GIF) et du Forum intergouvernemental sur les forêts (FIF). Cette démarche s'inscrivait directement dans la foulée de la seizième session du Comité des forêts, tenue en mars 2003, qui a recommandé que la FAO assume un rôle de chef de file en matière d'appui aux politiques et de conseils techniques aux pays, et qu'elle facilite l'échange d'informations entre le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) et les pays.
L'atelier a permis aux pays de partager leurs expériences et discuter la documentation disponible pour la mise en œuvre des propositions du GIF/FIF, en particulier autour des thèmes du commerce et de l’aménagement durable des forêts et de la remise en état des terres forestières dégradées. Il a également donné l'occasion d'informer les pays au sujet de l'évolution du dialogue international sur les forêts et de discuter de la manière dont ils pouvaient, au mieux, se préparer aux réunions mondiales. Ce point était particulièrement opportun compte tenu des décisions qu'il faudra prendre en 2005 au sujet des futurs accords internationaux relatifs aux forêts.
Le rapport a été approuvé par la quatorzième session de la Commission des forêts et de la faune sauvage.
2. PRINCIPALES OBSERVATIONS ET RECOMMANDATIONS
2.1. Mise en œuvre des propositions d'action
Observations/Enseignements tirés:
1. La démocratisation, la décentralisation, l'équilibre politique et social, la stabilité du personnel, la bonne gouvernance, la sensibilisation et l'application des lois sont autant de conditions préalables à l’aménagement durable des forêts, lequel, à son tour, contribue à lutter contre la pauvreté.
2. D'autre part, les organismes nationaux d'exécution sont submergés par un nombre croissant de recommandations internationales. La mise en œuvre des propositions d’action GIF/FIF est faible parce que les propositions ne sont pas bien connues et que les gouvernements africains participent peu aux négociations de ces initiatives internationales.
3. Les capacités institutionnelles et les ressources financières manquent pour pouvoir pleinement mettre en œuvre les propositions d'action du GIF et du FIF, ainsi que les décisions du FNUF. L'incidence négative des programmes d'ajustement structurel, des programmes inadaptés de réforme des politiques et la pandémie de VIH/SIDA sont à la base de difficultés supplémentaires.
4. Toutefois, bien des pays s'efforcent de les mettre en œuvre, notamment au travers de leurs programmes forestiers nationaux. Ils se servent par ailleurs des propositions pour s'assurer que les activités nationales sont bien compatibles avec les orientations internationales.
Recommandations:
5. Les intervenants locaux, nationaux, sous-régionaux et régionaux devraient susciter une prise de conscience à propos des versions simplifiées de ces propositions, lesquelles devraient être disponibles sur papier, et les utiliser. Les Missions permanentes auprès des Nations Unies à New York, devraient transmettre en temps opportun le matériel reçu du FNUF.
6. Les pays devraient partager leurs expériences de la mise en œuvre des propositions d'action du GIF/FIF et des critères et indicateurs, par exemple à propos de la façon d'établir une priorité entre les propositions, de manière à se concentrer sur celles qui concernent le plus leur situation spécifique.
7. La Commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique devrait permettre le partage des expériences en matière de réussites et d'échecs.
8. Les membres du Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF) devraient définir des formules d'application coordonnées et simplifiées.
9. La FAO, en association avec d'autres membres du PCF, devrait continuer à faciliter la tenue de réunions sur la mise en œuvre.
10. La FAO, les autres membres du PCF, le Réseau africain de recherche forestière (AFORNET), et le Réseau de recherche forestière pour l'Afrique subsaharienne (FORNESSA), ainsi que d'autres organisations régionales et sous-régionales, devraient continuer à appuyer le renforcement des capacités de recherche et la création de réseaux.
11. La FAO devrait consolider ses efforts visant à fournir l’information sur les ressources et les produits forestiers et, en association avec d'autres membres du PCF, elle devrait faciliter l'accès à l'information et alléger la tâche des pays en matière de préparation des rapports.
2.2. Participation des pays africains au dialogue international sur les forêts
Observations/Enseignements tirés:
12. L'Afrique n'est pas entendue dans les négociations internationales. Seuls quelques pays sont en mesure de participer aux débats, où leur délégation ne compte bien souvent qu'une seule personne.
13. Le rôle du PNUE d'aider les pays africains à se préparer à la quatrième session du Forum intergouvernemental sur les forêts et les efforts du FNUF visant à soutenir la participation ont été reconnus. Les préparatifs régionaux et la définition d'une position africaine commune lors des futures négociations internationales sur les politiques forestières sont des éléments primordiaux.
14. Les pays africains disposent de capacités restreintes à saisir les occasions existantes, comme les subventions du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) relatives à la dégradation des terres.
15. Très peu d'organismes régionaux/sous-régionaux sont accrédités auprès du FNUF.
Recommandations:
16. La Commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique, en collaboration avec les organisations sous-régionales, devrait servir d'enceinte à un dialogue régional décisif sur les politiques, y compris en ce qui concerne les préparatifs des futures réunions mondiales et la définition d'une position africaine commune pour la cinquième session du FNUF.
17. Les ressources nationales, tant publiques que privées, devraient être mises au service de la participation aux propositions d'action et de leur mise en œuvre.
18. Les pays devraient renforcer leurs consultations avec les parties prenantes.
19. La documentation de base devrait être disponible longtemps avant les sessions du FNUF.
20. Tous les pays devraient désigner des institutions ou des personnes de référence.
2.3. Renforcer l'action régionale
Observations/Enseignements tirés:
21. Les organisations régionales/sous-régionales, y compris les ONG, ne sont pas suffisamment informées au sujet des processus du FNUF et de ses résultats et ne s'engagent pas assez sur cette voie. Elles devraient faire preuve de dynamisme en recherchant l’information.
22. On s'efforce en ce moment d'harmoniser les politiques et les stratégies dans certaines sous-régions.
Recommandations:
23. Les diverses organisations régionales et sous-régionales qui traitent des questions économiques, du développement régional et de la coordination des politiques devraient intégrer l’aménagement durable des forêts dans leur mandat et l'appliquer, mais il leur faut des partenaires pour cela.
2.4. Commerce des produits forestiers et aménagement durable des forêts (mise en œuvre des propositions d'action du GIF/FIF)
Observations/Enseignements tirés:
24. Les conditions préalables au commerce sont: (i) disponibilité du produit; (ii) compétitivité; (iii) confiance des acheteurs (qualité du produit; gestion sociale; légalité; aménagement durable des forêts); (iv) investissements.
25. La certification est un outil qui permet de promouvoir l’aménagement durable des forêts.
26. La bonne gouvernance est essentielle pour mettre un frein à l'exploitation forestière illégale et au commerce associé.
27. Il est probable que les normes techniques et les spécifications sur les produits, notamment en Europe, entravent l'accès aux marchés des producteurs africains.
28. Les produits forestiers non ligneux, y compris les plantes médicinales et les denrées alimentaires issues de la forêt, répondent à une demande des populations urbaines ; ils sont soumis à des processus informels de production et d'exportation qui pourraient nuire aux communautés et aux forêts. La commercialisation en est à ses débuts, mais les possibilités d'exportation sont informelles et ne se sont pas encore développées.
29. Le potentiel commercial des droits d'émission de carbone est mal compris en Afrique. Il serait utile d'acquérir plus d'expérience dans ce domaine.
Recommandations:
30. Les pays devraient renforcer les liens entre le commerce et les politiques forestières, en commençant par développer la collaboration entre les autorités ministérielles et avec le secteur privé.
31. Les pays devraient instaurer un environnement susceptible d'attirer les investissements étrangers.
32. L'Organisation africaine du bois devrait poursuivre la mise au point d'une certification forestière panafricaine.
33. La FAO devrait aider à renforcer une reconnaissance mutuelle des différents systèmes de certification.
34. Il faudrait renforcer les associations de producteurs pour qu'elles puissent promouvoir les produits, diffuser l'information et participer aux décisions nationales.
35. Les gouvernements, les sociétés forestières et les organisations internationales, comme la FAO, devraient davantage collaborer pour se rendre compte des perspectives commerciales et de la dynamique des marchés.
36. Les gouvernements devraient encourager l'utilisation de produits ligneux locaux et d'autres produits de la forêt.
37. La FAO devrait faciliter la mise en place d'accords forestiers bilatéraux et sous-régionaux, par exemple en aidant à la réalisation d'études de faisabilité qui recensent les perspectives commerciales et les obstacles au commerce, y compris les problèmes d'infrastructures et les droits d'exportation.
38. Il faudrait préciser les besoins technologiques, notamment en ce qui concerne les machines et les méthodes qui permettent le développement des petites entreprises. Les partenariats avec le secteur privé sont fondamentaux pour le transfert de technologies.
39. Les gouvernements et les organisations du secteur privé devraient collaborer pour diffuser les informations commerciales et en faire un meilleur usage.
40. La FAO, l'Organisation internationale des bois tropicaux et l'Organisation africaine du bois devraient collaborer, de manière à éviter les doubles emplois en matière de collecte et de diffusion de l'information.
41. Les pays devraient améliorer l'enregistrement des informations relatives à la production, au commerce et aux prix des produits forestiers non ligneux, de manière à améliorer l’aménagement durable des forêts et à appréhender la valeur réelle de ces produits et la contribution des forêts à la sécurité alimentaire et au développement rural.
42. Les pays devraient remplacer les exportations de viande de brousse par une production issue d'animaux domestiqués.
43. Les pays devraient concevoir des mécanismes de marché pour tirer profit de la valeur de l'eau et des autres services forestiers non commerciaux et pour faire en sorte que les recettes servent en retour à la gestion des forêts.
2.5. Remise en état des terres forestières dégradées (mise en œuvre des propositions d'action du GIF/FIF)
Observations/Enseignements tirés:
44. Dans bien des pays, les politiques sectorielles sont cloisonnées et de nombreux problèmes forestiers découlent de politiques adoptées en dehors du secteur.
45. Dans la mesure où le secteur forestier a été marginalisé, les actions dans ce domaine doivent être prises en considération grâce à des stratégies nationales et des plans d'action nationaux de développement et des stratégies mises en place dans les autres secteurs.
46. Les pays à faible couvert forestier, dont beaucoup sont également des pays à faible revenu et à déficit vivrier, sont particulièrement sensibles à la dégradation des terres.
Recommandations:
47. Les stratégies de remise en état des terres devraient être intégrées aux autres stratégies sectorielles.
48. Les programmes forestiers nationaux devraient inclure la remise en état des terres dégradées. Les pays, en collaboration avec les institutions internationales, devraient établir des fonds de remise en état, alimentés en partie par les recettes de l'activité forestière.
49. Les départements des forêts et les parties prenantes devraient collaborer avec les autres secteurs pour intégrer des normes minimales dans leurs activités ayant une incidence sur les forêts.
50. Les pays devraient s'assurer que la recherche réponde à la demande et prenne en considération la situation socioéconomique des communautés.
51. Il faudrait accroître les efforts régionaux visant à obtenir une assistance du Fonds pour l'environnement mondial, afin de renforcer les ressources nationales pour la remise en état des terres dégradées.
52. Il faudrait encourager la participation du secteur privé et des communautés dans les activités de remise en état.
MEMBRES DE LA COMMISSION
Afrique du Sud
Algérie
Angola
Bénin
Botswana
Burkina Faso
Burundi
Cameroun
Cap-Vert
Congo, République du
Côte d’Ivoire
Égypte
Éthiopie
France
Gabon
Gambie
Ghana
Guinée
Guinée-Bissau
Kenya
Lesotho
Libéria
Madagascar
Malawi
Mali
Maroc
Mauritanie
Maurice
Mozambique
Namibie
Niger
Nigéria
Ouganda
République centrafricaine
République démocratique du
Congo
Rwanda
Sénégal
Sierra Leone
Soudan
Swaziland
Tanzanie, République unie de
Tchad
Togo
Tunisie
Zambie
Zimbabwe