FICHE DE DONNEES SUR ARAUCARIA CUNNINGHAMII Aiton ex Lambert
Préparée par N.J.S. Howcroft
Forest Research Station
Office of Forests
P.O. Box 134
Bulolo
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Araucaria cunninghamii Aiton ex Lambert, en Australie, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Irian occidental
Noms vernaculaires: Wasik (Bulolo), Gobe (Waria), Gobe (Mai-ama), Kuru (Mt. Kumme), Mau (Agaun), Nimola (Fergusson Is.), Toe'okera (Suwaira), Beneba (Lufa), Gapma'aa (Warabung), Gama (Sina Sina), Kumane (Poinduma), Manemoi (Manegoima), Gilman (Kurumul), Taya (Pogera-Paiela), Wiru (Erave), Escera (Pimaga), Escila (Kutubu), Buntu'ump (Bumbu), Bontuan (Kaigorin), Sari (Bembi), Warir (Gurumbu), D'li (Oksapmin-Telefomin), Musalo Wutung, Pien (Kebar Valley), Alloa (Arfaks), Ningwik (Fak Fak Mts.)
Nom commun: Hoop pine (pin d'Australie)
Famille: Araucariaceae
Section: Eutacta
Synonymes: Araucaria cunninghamii Aiton ex Lambert (1837), dans Gen. Pin. III Altinghia cunninghamii D. Don t79 (1830) dans Hort. Brit. p. 403 (Nomen nudum) Araucaria cunninghamii Sweet (1830) Hort. Brit. ed. 11, p. 475 (nomen nudum) Araucaria cunninghamii D. Don (1839), Hort. Brit. ed. 111, p. 623 (nomen nudum) Araucaria cunninghamii Ait. var. papuana Laut. (1913) dans Engl. Bot. Jahrb. p. 51, Araucaria beccari Warb. (1900) dans Monsunia: 1:87
Description botanique:
Grand arbre symétrique, mesurant de 50 à 70 m de haut, ne présentant pas de contreforts. Fût droit, cylindrique; net de défauts jusqu'à 30 m au plus sur les arbres adultes, diamètre de 1,2 à 1,7 m, élagage naturel. Cime en forme de pyramide ou aplatie. Ecorce extérieure de couleur prune foncée, brun rouge ou gris, grossière, s'écaillant en couches papyracées filandreuses, autour de la circonférence du fût. Ecorce intermédiaire, brun rougeâtre. Ecorce interne, blanc marbrée. Bois couleur crème à presque blanc. Exsudat épais, visqueux, blanc et résineux.
Plantules:
Quatre cotylédons, petits, étroits et linéaires, mesurant 10 – 30 × 1 – 4 mm, glabres, plats.
Ramification:
Branches verticillées, pouvant aller jusqu'à six, plus ou moins horizontales, portant des branches secondaires du 2ème au 5ème ordre. Les entre-noeuds du tronc varient de 1 à 4 m.
Jeune feuillage:
Les jeunes feuilles sont plus longues et plus plates que les adultes, et mesurent de 23 – 27 × 20 – 25 mm. Les arbres conservent leurs jeunes feuilles jusqu'à l'âge de dix ans environ.
Feuillage adulte:
Feuilles abondantes, verticillées, se chevauchant à l'extrémité des branches, persistantes, dépourvues de pétioles, de forme étroite à largement triangulaire, légèrement recourbées, mesurant de 8 – 10 mm de long, glabres, couleur vert mat.
Inflorescence:
Monoîques. Strobiles mâles terminaux, généralement situés sur les branches basses et à mi-couronne; verts, jaunes à l'anthèse, devenant par la suite brun-rouge; allongés, mesurant environ 90 × 10 mm. Grains de pollen sphéroîdaux et dépourvus de ballonnets remplis d'air, dispersés par le vent.
Strobiles femelles principalement situés dans la partie supérieure de la cime, terminaux, verts, formés de carpelles groupés, disposés en spirale, soudés à des écailles ligulées; formant un cône vert ovoîde mesurant 70 – 100 × 60 – 80 mm; le cône est couvert de courtes épines (9 – 10 mm de long) tendues ou fléchies.
Graines:
Sous forme d'écailles de cône ovoîdes, plus ou moins plates, ligneuses, triangulaires avec deux ailes fines, indéhiscentes. Ecailles se terminant en une épine pointue; couleur brun rougeâtre; sans les ailes la graine mesure 20 – 30 × 9 – 10 mm. Un kilogramme contient environ 4 000 graines déshydratées.
Habitat et écologie:
Dans l'île de Nouvelle-Guinée, l'aire de répartition de ce conifère est irrégulière; elle s'étend de la source du fleuve Saga Aho dans la région de Milne Bay en Papouasie (10°04 de latitude Sud, 150° 15' de longitude Est, à une altitude variant de 550 à 900 m) jusqu'à l'extrémité nord-ouest du Vogelkop de l'Irian occidental près de Sausapor (0°03 de latitude Sud, 132°05' de longitude Est, à une altitude d'environ 800 m). (Aubreville, 1965; Gray, 1971; Havel, 1971; Zieck 1975; communication personnelle). Cette essence est également indigène en Australie, où son aire de répartition, irrégulière et étroite, s'étend le long de la côte orientale, depuis Kempsey en Nouvelle-Galles-du Sud à 31° de latitude Sud jusqu'à Cape Grenville dans la péninsule du Cape York, dans le nord du Queensland à 12° degrés de latitude Sud. Dans toute son aire de répartition en Australie on le trouve en peuplements naturels depuis le niveau de la mer jusqu'à 1 000 m d'altitude (Reilly, 1974).
En Nouvelle-Guinée, l'aire altitudinale de l'essence va de 60 à 2 745 m. En raison de l'éloignement de la plupart des peuplements connus, on ne dispose pas de données météorologiques exactes concernant leur habitat. La température mensuelle moyenne maximale va de 25°C sur la côte à moins de 15°C dans la montagne. La température mensuelle moyenne minimale pour les peuplements situés à la plus haute altitude (c'est-à-dire sur le mont Suckling, à une altitude de 2 745 m) n'est pas connue, mais est probablement assez basse. Cette essence est sans doute sensible aux gelées. L'humidité relative moyenne mensuelle va de 78 à 90 pour cent sur la côte, de 60 à 80 pour cent dans la montagne. Les précipitations mensuelles moyennes mesurées dans des stations proches de peuplements naturels en Papouasie-Nouvelle-Guinée vont de 1 929 à 4 787 mm (McAlpine et al, 1975). A. cunninghamii se rencontre en poches isolées ou en peuplements assez denses sur les crêtes. On le trouve parfois sur des terrains marécageux. Il est souvent associé à Araucaria hunsteinii, Castanopsis, Lithocarpus, Flindersia, Elaeocarpus, Podocarpus et Toona (Havel, 1971; Gray, 1975) et, moins fréquemment, à Nothofagus.
Les peuplements de A. cunninghamii se trouvent sur des sols limoneux, argileux, sableux ou tourbeux, provenant de brèches, d'agglomérats, de formations coralliennes ou calcaires, de dépôts lacustres ou d'anciens dépôts volcaniques.
Situation:
N'est pas menacée en tant qu'espèce, mais l'est dans certaines parties de son aire de répartition.
Causes de la diminution des peuplements:
La diminution de cette essence dans certaines régions de la Nouvelle-Guinée peut être attribuée essentiellement à cinq facteurs dont plusieurs sont liés.
Demande de terres cultivables.
Un certain nombre de peuplements ont été gravement endommagés par des incendies dus à des causes naturelles ou à l'action de l'homme (agriculture, chasse, brûlage inconsidéré de prairies ou d'anciens jardins adjacents) (Figures 1 et 2). La vigueur et la capacité de régénération des individus survivants sont diminuées et l'érosion du sol peut poser un problème important.
Dans les petits peuplements restants, les porcs domestiques ou sauvages peuvent anéantir parfois la régénération d'Araucaria et nuisent à la santé des peuplements vierges comme on peut le voir dans le bois sacré d'Araucaria dans la région de Kurumul, dans les montagnes occidentales de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Dans certaines régions, l'industrie a réduit de vastes peuplements de ce conifère à de petits îlots de régénération. Parfois, ces zones exploitées sont ensuite occupées par des jardins et le petit nombre de survivants diminue encore.
Cette situation peut encore s'aggraver avec l'invastion de termites auxquels le hoop pine est sensible et comme la viabilité de la graine diminue rapidement si elle n'est pas conservée à 12°C, on ne peut compter sur une réserve de graines dormantes dans le sol sous les peuplements naturels; pour remplacer les arbres adultes détruits ou abattus, il faut alors attendre que les plantules, si elles existent, atteignent l'âge de reproduction, soit environ 15 ans.
Certains peuplements sont trop âgés et pour quelques-uns d'entre eux la régénération est faible ou nulle en raison de leur peu de vigueur et de la faible viabilité des graines, ou de la destruction des cônes par les cacatoès, les insectes, et autres animaux.
Valeur potentielle:
Araucaria cunninghamii est l'une des deux espèces d'Araucaria indigènes en Nouvelle-Guinée. Elle est également indigène dans le nord-est de l'Australie. Elle alimente les scieries et l'industrie ducontre-plaqué en Papouasie-Nouvelle-Guinée et pourrait être utilisée pour la production de pâte et de copeaux.
Des essais effectués avec un certain nombre de provenances de Nouvelle-Guinée et des provenances australiennes dans le sud-est du Queensland ont montré que le diamètre à hauteur d'homme sur écorce des premières était plus grand que celui des provenances australiennes (Reilly, 1974); dans le nord du Queensland, les plantations d'essai ont montré que l'Araucaria de Papouasie-Nouvelle-Guinée pouvait produire une quantité de bois supérieure à celle de l'Araucaria australien. En Nouvelle-Guinée, la croissance des provenances australiennes est inférieure à celle des provenances de Papouasie-Nouvelle-Guinée, et il est probable que dans d'autres pays tropicaux les provenances de Nouvelle-Guinée auront un degré d'adaptabilité et de productivité supérieur à celui des provenances australiennes.
Mesures de protection prises et recommandées:
Entre 1972 et 1975, un certain nombre de prospections ont été faites dans le but d'évaluer les caractères des arbres, l'accessibilité des peuplements, l'importance de la récolte de cônes, la meilleure époque de collecte des cônes, et, le cas échéant, d'y recueillir des graines.
Les peuplements étudiés jusqu'ici se trouvent dans le sud-est de la Papouasie, dans la province de Morobé, dans les provinces montagneuses occidentales, orientales et méridionales, dans la province occidentale de Sepik en Papouasie-Nouvelle-Guinée et dans les monts Arfak de l'Irian occidental.
De bonnes collectes de graines ont été faites dans la province de Morobé et dans les trois provinces montagneuses de Papouasie-Nouvelle-Guinée; une tentative infructueuse mais intéressante a été faite en Irian occidental (voir Information sur les ressources génétiques forestières, No 6).
Des plantules de six provenances de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont été cultivées pour créer de petits peuplements de conservation et un essai a été récemment effectué à Bulolo pour tester les quatre provenances suivantes:
Bulolo - 7°13' de latitude Sud, 146°45' de longitude Est; altitude 1 158 m, précipitations annuelles 1 615 mm.
Elaro - 7°27' de latitude Sud, 146°47' de longitude Est; altitude 1 500 m, précipitations ± 1 800 mm.
Bumbu - 6°42' de latitude Sud, 147°00' de longitude Est; altitude 1 219 m, précipitations ± 1 916 mm.
Pimaga - 6°30' de latitude Sud; 143°30' de longitude Est; altitude 750 m, précipitations 3 405 mm.
Il faudra procéder à d'autres collectes dans la province de Milne Bay sur les pentes septentrionales du Mont Nelson et de l'île Ferguson; dans la province de Papouasie après des Monts Bereee, Wiotape et du Mont Suckling; dans la province de Morobé à Paiawa; dans la province de Chimbu à Tua River et Chuave; dans la province occidentale de Sepik à Oksapmin; Telefomin et Wutung; en Irian occidental aux lacs Anggi; dans les monts Arfak, à Babor, dans l'île Japen, à Sausapor et dans d'autres zones accessibles 1.
Culture:
On peut obtenir des plantules par la technique de la prégermination, utilisée pour le pin klinkii, ou par semis en lits. Ces techniques sont bien étudiées dans les ouvrages suivants: “Technique for establishment and maintenance of hoop pine” (Qld. For. Dept. 1963); “Silvicultural Techniques in Papua New Guinea Forest Plantations” (Dept. Primary Industry Office of Forests, Papua New Guinea); "Fast Growing Timber Trees of the Lowland Tropics No. 3 - The “Araucarias” (Ntima; Comm. For. Inst. Oxford, 1968), et "Pregermination techniques for Araucaria hunsteinii (Papua New Guinea Dept. Forests, Trop. For. Res. Note SR27 Howcroft, 1974).
Les greffes d'Araucaria cunninghamii peuvent se faire par écussonnage en utilisant du matériel prélevé sur la pousse terminale de la tige principale, ou en appliquant les techniques de la greffe par approche latérale ou de la greffe en bouteille en utilisant la pousse apicale de la tige principale. Si l'on utilise des branches, on obtient des greffes plagiotropiques qui ne sont guère utiles qu'à la production de pollen.
BIBLIOGRAPHIE CHOISIE
Aubreville, A. 1965 - Les Reliques de la Flore des conifères tropicaux en Australie et Nouvelle Caledonie. Adansonia 5: 481 – 492.
Cameron, M.A. 1958 - The flowering and fruiting of Hoop pine (Araucaria cunninghamii). Queensland Naturalist 16: 23 – 26.
Dallimore, W. and Jackson, A.B. 1966 - A handbook on coniferae. 4th ed. pp. 111 – 114.
Francis, W.D. 1970 - Australian Rain-Forest Trees. 3rd ed. Australian Government Publishing Service, Canberra. pp. 60 – 65.
Gausson, H. 1970 - Les Gynmospermes actuelles et fossiles 20: 30 – 34.
Gibbs, L.S. 1916 - A contribution to the Phytogeography and Flora of the Arfak Mts. pp. 83 – 84.
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Gray, B. 1975 - Size composition and regeneration of Araucaria stands in New Guinea. J. Ecol. 63: 273 – 289.
Havel, J.J. 1971 - The Araucaria Forests of New Guinea and their regenerative capacity. J. Ecol. 59: 203 – 214.
Higgins, M.D. 1969 - Grafting of Hoop Pine in Queensland. Queensland Forest Dept. (Limited publ.) pp. 1 – 76.
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Just, T. 1964 - Araucariaceae. In. “Encyclopedia americana” 2: 134 – 137.
Lauterbach 1913 - Beitrage zur Flora Von Papuasien II Engl. Bot. Jahrb. pp. 50 – 51.
McAlpine, J.R., Keig, G. and Short, K. 1975 - Climatic Tables for Papua New Guinea. C.S.I.R.O. Aust. Land Use Research Technical Paper No. 37: 1 – 177.
Ntima, O.O. 1968 - The Araucarias. Fast growing timber trees of the lowland tropics 3: 1 – 14, 24 – 59.
Reilly, J.J. 1974 - Geographic variation of Hoop Pine. Dept. For. Qld. Res. Paper No. 4.
Fig. 1 Partie d'un peuplement naturel d'Araucaria cunninghamii à Oksapmin, Province occidentale de Sepik. Le peuplement a été gravement endommagé par le feu en 1972. (Date de la photographie, septembre 1975).
Fig. 2 Résultat de 25 ans d'agriculture itinérante. Agaun, Province de Milne Bay. (Date de la photographie, octobre 1974).
