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5. EXERCICES PRATIQUES

Des participants avaient amené des données réelles, issues de campagnes conduites par différents pays membres du COPACE. Ces données furent utilisées pour illustrer les calculs d'indices moyens stratifiés d'abondance et comparer les coefficients de variations obtenus pour différentes espèces. Ce paragraphe présente un bref résumé de ces exercices et une comparaison globale des résultats.

5.1 Maroc — Mauritanie

Une étude par chalutage, relative au poulpe (Octopus vulgaris) fut conduite au large des côtes du Sahara, entre les parallèles 21 et 26 nord, durant février et mars 1980. Cette étude a couvert 14 radiales, pour un total de 43 stations, hors de la zone de sécurité des 12 milles, dans des profondeurs de 20 à 100 m (Figure 2). Bien que l'on sache que les maxima d'abondance des pieuvres soient situés à l'intérieur des 12 milles, les résultats sont utiles pour décrire la distribution et l'abondance des poulpes au large.

Nulle relation entre l'abondance et la profondeur n'est apparue entre 20 et 100 m. Trois strates furent alors construites en suivant d'apparentes variations d'abondance selon la latitude (Figure 2). Les captures (en kg/h), correspondant aux différentes stations, apparaissent dans le tableau 3. Les moyennes par strate, les captures par heure (calculées sous forme de moyennes stratifiées), de même que les variances et coefficients de variation associés (écart type/moyenne) peuvent être trouvés dans le tableau 4. Pour être tout à fait rigoureux, il faut noter que les estimations de variance peuvent être biaisées, car la distribution des stations à l'intérieur des strates correspond approximativement à une grille régulière (l'échantillonnage est donc systématique et non aléatoire simple). Cependant le biais est probablement limité. Bien que le nombre de traits soit relativement faible, les coefficients de variation obtenus sont plutôt modérés: 16 à 38% pour les strates individuelles et 18% pour l'estimateur stratifié global. Ceci suggère que la distribution des poulpes est plutôt régulière, au-delà de 20 m de profondeur, La distribution et donc la variabilité sont peut-être notablement différentes aux profondeurs plus faibles.

5.2 Côte-d'Ivoire

Le plateau continental de Côte-d'Ivoire, jusqu'à une profondeur de 120 m a été étudié à l'aide d'un chalut de type commercial, en 1978 et 1979 1. La surface étudiée fut d'abord divisée en six bandes, selon la profondeur: 20–25 m, 25–35m, 35–50 m, 50–70 m, 70–90 m et 90–120 m. Chacune de ces bandes fut ensuite divisée en secteurs baptisés (abusivement pour certains) rectangles, comme l'indique la figure 3.

1 Les données originales peuvent être trouvées chez Caverivière et Champagnat (1978, 1979)

Tableau 3
CAPTURES D'OCTOPUS VULGARIS (kg/h) DANS TROIS STRATES, AU LARGE DES CÔTES DU SAHARA (FEVRIER ET MARS 1980)
 StratesTotaux
ABC
Latitude N Profondeur (m) Surface (km2) Nombre de traits21°–23°
20–100
21 578
11
23°–24°
20–100
12 366
11
24°–26°
20–100
10 106
21
44 050
43
Capture par trait individuel45,5
3,4

0,4

6,6
17,4
31,2
10,1
84,0

14,8
0
0
58,6
22,6

19,8

41,9
7,0
19,9

47,9

0
35,5
57,0
31,2
18,0
36,6
26,7
22,4
0
25,6
5,9
13,8
40,6
29,0
9,0
24,8
27,0
3,7
2,2
11,2
10,2
8,4
8,2
0,6
0
 

Tableau 4
MOYENNES ET VARIANCES PAR STRATE, MOYENNES ET VARIANCE DE L'ESTIMATEUR GLOBAL STRATIFIE, POUR DES CAPTURES DE O. VULGARIS AU LARGE DU SAHARA (FEVRIER ET MARS 1980)
StatistiqueEstimations par strateEstimaateur
stratufié global
ABC
(kg/h)19,434,115,422,6
V ()54,929,57,315,9
CV (%)38,215,917,517,6

() = moyenne;
V () = variance;
CV = coefficient de variation

Fig. 2

Fig. 2 - Strates et zone de prospection de Octopus vulgaris (février-mars 1980)

Fig. 3

Fig. 3 - Prospection par chalutage, divisé en secteurs en Cô-d'Ivoire (voir texte p. 19) (D'aprês Vaveriviè et Champagnat, 1979)

Dans ce schéma, chaque rectangle était considéré comme une strate: un “sous-rectangle” était choisi au hasard à l'intérieur et un seul trait était effectué dans ce sous-rectangle. Cependant, au-delà de 50 m, un rectangle sur deux seulement fut échantillonné en 1978, afin de diviser par deux l'intensité d'échantillonnage. Le plan d'échantillonnage suivi représente donc un compromis entre échantillonnage systématique et échantillonnage aléatoire à l'intérieur des bandes de profondeur: les strates elles-mêmes sont tracées de façon systématique, mais dans une strate l'emplacement de l'unique trait est aléatoire. Puisqu'un seul trait set fait dans chaque strate il n'est pas possible d'estimer directement les variances intrastrates. Il est donc indispensable de procéder à une poststratification par regroupement de strates.

La précision des estimations d'abondance a été estimée pour deux espèces, le baliste (Balistes capriscus) et la friture (Brachydeuterus auritus), ainsi que pour la capture totale (toutes espèces combinées). Le schéma de stratification de base rendant impossible l'estimation des variances intrastrates, la technique des strates regroupées a donc été utilisée et ce, de quatre façons. Le premier schéma de poststratification (stratification a posteriori) conserve les six bandes de profondeur, mais définit simplement trois secteurs longitudinaux, baptisés San Pedro, Grand Lahou et Grand Bassam. Ceci crée donc 18 strates, selon la profondeur et la longitude 1. Le second schéma considère seulement les six bandes de profondeur comme des strates, les trois secteurs longitudinaux étant regroupés. Le troisième schéma utilise deux gammes de profondeur (10–50 m et 50–120 m), et les trois secteurs longitudinaux, pour donner naissance à six strates, gouvernées par la profondeur et la latitude. Le quatrième schéma enfin n'utilise que deux gammes de profondeur (10–50 m et 50–120 m).

Le tableau 5 regroupe les coefficients de variation des estimations d'abondance, pour les quatre schémas de poststratification. Les résultats montrent l'importance de la stratification selon la profondeur pour Brachydeuterus. En revanche, elle paraît paradoxalement réduire la précision pour Balistes. Ceci n'est probablement qu'un fait fortuit et suggère simplement que la stratification selon la profondeur n'est pas réellement utile. Pour les captures totales, toutes espèces confondues, la stratification, que ce soit selon la profondeur ou la longitude, n'apparaît pas comme très utile, en raison de compensations d'une espèce à l'autre: la distribution pour l'ensemble des espéces est plus uniforme que pour chaque espèce individuelle, les diverses espèces occupant des “niches” différents.

Pour en revenir à l'engin utilisé, il fut noté que l'utilisation d'un chalut à grande ouverture verticale aurait échantillonné plus efficacement les espèces pélagiques et que l'emploi de bobibnes plus grosses aurait réduit l'extension des secteurs non chalutables. Il n'apparaît toutefois pas souhaitable désormais de changer d'engin, par souci de continuité.

5.3. Résumé des exercices

Une synthèse des résultats obtenus, pour les trois ensembles de données étiudiées et provenant de pays du COPACE apparaît dans le tableau 6. En général les coefficients de variations obtenus ( de 15 à 45%) n'étaient pas très grands, compte tenu de la taille limitée des échantillons, en terme de nombres de traits. Ceci suggère que la variabilité spatiale n'est pas considérable, pour les espèces et les secteurs considérés. En comparaison, on peutnoter que les coefficients de variations obtenus pour les indices d'abondance de la morue, de l'églefin et de la limande ferrugineuse, dans des études sur la côte est des Etats-Unis, varient de 20 à 30%, pour des estimations stratifiées fondées sur approximativement 60 traits (Grosslein, 1971). La conclusion générale de ces exercices fut donc que les études par chalutage, pour les espéces et la région du COPACE, devraient permettre de suivre les évolutions majeures d'abondance, de façon plus que satisfaisante.

1 Un seul trait était disponible dans trois des strates créées dans ce premier schéma. Une estimation des variances instrastrates a été obtenue à partir d'une relation moyennevariance établie sur toutes les autres strates et la résultat du seul trait donnant une estimation élémentaire de la moyenne.

Tableau 5
COEFFICIENTS DE VARIATION (EXPRIMES EN POURCENTAGE) DES ESTIMATIONS D'ABONDANCE POUR DEUX ESPECES INDIVIDUELLES, DE MÊME QUE POUR LE TOTAL SUR L'ENSEMBLE DES ESPECES. CES CHIFFRES SONT FONDES SUR UN ENSEMBLE DE 66 TRAITS DEVANT LA COTE-D'IVOIRE. QUATRE SCHEMAS DIFFERENTS DE POSTSTRATIFICATION ONT ETE UTILISES, AINSI QUE LE TEXTE LE DECRIT
Schéma de stratificationBalistes capriscusBrachydeuterus auritusTotal
(toutes espèces)
1
(18 strates-longitude/profondeur)
282711
2
(6 strates, selon la profondeur)
382912
3
(6 strates longitude/profondeur)
263411
4
(2 strates de profondeur)
243212

Tableau 6
CAPTURES MOYENNES PAR TRAIT DANS LES ECHANTILLONS (kg/h), ET COEFFICIENTS DE VARIATIONS ASSOCIES DANS TROIS ETUDES PAR CHALUTAGE DANS LA ZONE DU COPACE
PaysEspècesNombre de
traits
Captures
moyennes (kg/h)
Coefficients
de variation (%)
GhanaBalistes
capriscus


Pagellus
coupei
18
16

18
16
191
479

24
21
45
44

27
48
MarocOctopus
vulgaris
11
10
21
19,4
34,1
15,4
38,2
15,9
17,5
(Ensemble)4222,617,6
Côte-d'IvoireBalistes
capriscus


Brachydeuterus
auritus
66

66
-

-
28

27
Total (toutes
espèces)
66-11

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