Lorsqu'on étudie l'écologie d'une région, il convient d'identifier correctement tous les insectes ayant des rapports avec les plantes qui y poussent afin d'assurer l'efficacité des recherches qui seront réalisées. Le personnel de terrain concerné doit être familiarisé avec certaines règles élémentaires de préparation des insectes en vue de leur envoi à des spécialistes qualifiés, afin de garantir que le matériel expédié arrivera en bon état. Rien n'est plus décourageant que de recevoir des colis dont le contenu est réduit à une masse informe de minuscules débris ou dont les récipients de verre ont été fracassés en mille miettes. C'est une perte de temps et d'argent, parce qu'il faut alors envoyer une seconde série d'échantillons.
L'objet de la présente publication est la production de semences saines et viables, et c'est avec ce souci que ces notes ont été rédigées.
Le moyen idéal d'obtention d'échantillons des populations d'insectes parasites des graines est de recueillir les graines alors que les insectes sont au stade de développement. Le choix du moment de la récolte est important: des gousses récoltées avant maturité se retatineront et se couvriront de moisissures, ce qui empêchera la sortie des insectes adultes, et avec des gousses trop mûres les insectes adultes seront déjà sortis avant qu'on ne les récolte. Les graines ou gousses récoltées sur le terrain, par exemple dans des sacs de polyéthylène, devront être transvasées le plus rapidement possible dans des récipients rigides à large goulot, qui seront ensuite couverts de mousseline ou autre tissu à travers lequel l'air et l'humidité puissent circuler librement, mais qui retiendront les insectes à leur sortie. Il est souhaitable d'inspecter les récipients quotidiennement, afin de recueillir le maximum d'informations possible sur la biologie des insectes.
Les coléoptères et leurs parasitoïdes sortant des échantillons récoltés doivent être retirés des récipients aussi rapidement que possible. Avec du matériel vivant il sera nécessaire d'utiliser un aspirateur ou tube de succion (fig. 6). Il en existe différents modèles, mais l'un des plus utilisés consiste en un flacon de verre, ou si possible de plastique, fermé par un bouchon de liège ou de caoutchouc bien ajusté. Deux tubes de verre ou de plastique semi-rigide traversent le bouchon, l'extrémité de l'un dans le flacon étant garnie d'une gaze à mailles fines; à son autre extrémité il se prolonge par un tuyau de caoutchouc. L'autre tube traversant le bouchon est ouvert à ses deux extrémités. En plaçant l'extrémité de ce tube près d'un insecte et en aspirant l'air avec la bouche par le tuyau de caoutchouc, on entraîne l'insecte à l'intérieur du flacon. On peut ensuite transférer les insectes dans un autre tube de verre à échantillons contenant un petit tampon de papier absorbant (et non de coton) sur lequel on a versé quelques gouttes d'un produit toxique pour les tuer - de préférence acétate d'éthyle.

Figure 6 Schéma de principe d'un aspirateur pour petits insectes
Les insectes ainsi traités peuvent être expédiés au laboratoire en les plaçant dans de petits tubes garnis chacun d'un tampon de papier ouaté pour éviter que le contenu soit secoué. Les échantillons expédiés secs voyagent très bien de cette façon. Il faut prendre soin, lorsqu'on a utilisé pour tuer les insectes de l'acétate d'éthyle ou produit similaire de bien faire évaporer le produit si l'on utilise des tubes de plastique, qui seraient attaqués par ces substances.
Les échantillons expédiés doivent être accompagnés d'une étiquette donnant le plus d'informations possibles, telles que la date de sortie des insectes adultes, la localisation géographique, l'altitude, l'hôte, etc. Les tubes doivent être enveloppés individuellement dans du papier, et rangés soigneusement dans un récipient solide, tel qu'une boîte en fer-blanc ou en bois, lui-même placé dans une caissette pour l'expédition.
Si on le désire, les échantillons peuvent être montés sur de petits cartons traversés d'une épingle. Cette méthode convient pour une collection de référence, mais pour une expédition par la poste elle nécessite un emballage très soigné. Les échantillons épinglés doivent être maintenus par des épingles croisées pour éviter qu'ils ne se détachent pendant le transport, et il faut les placer dans une boîte d'emballage spéciale que l'on peut se procurer chez les fournisseurs d'équipement pour entomologistes. Si l'on respecte scrupuleusement ces règles élémentaires, le matériel envoyé pour identification arrivera en bon état.
L'inclusion d'un échantillon du matériel hôte (mais emballé séparément) pourra grandement aider le spécialiste à dresser un tableau aussi complet que possible des habitudes et des hôtes des insectes. C'est très important dans le cas où il s'agit de spécimens d'espèces encore inconnus de la science. Le matériel envoyé pour identification doit être clairement étiqueté “Spécimens d'insectes séchés destinés à l'étude scientifique et sans valeur commerciale”. Les colis ne seront alors normalement pas ouverts par la douane.
Pour permettre à ce projet de se réaliser et d'atteindre sa portée maxima, il est indispensable de conserver une collection de référence centrale, qui permettra à tous les chercheurs concernés d'obtenir des informations relatives aux insectes associés à des essences d'arbres données. Il pourra être nécessaire de compléter cette collection par des petites collections de travail dans les laboratoires de terrain des stations basées en zones arides. Dans tous les cas ces collections demandent des soins attentifs si l'on veut qu'elles restent utilisables pendant assez longtemps. Le plus grand danger, pour des insectes conservés séchés, est constitué par d'autres insectes. Les larves de certains coléoptères de la famille des dermestidés peuvent être très destructrices pour les spécimens conservés, de même que les psocidés. Il faut par conséquent conserver la collection dans des boîtes spéciales, ou mieux encore dans une vitrine adéquate.
Pour prévenir les dégâts sur les insectes ainsi conservés, il faut les protéger avec un produit répulsif - habituellement cristaux de paradichlorobenzène ou paillettes de naphtaline. Il est indispensable d'inspecter et renouveler souvent le produit, en particulier sous les climats chauds. Il faut bien souligner qu'il ne s'agit que d'un moyen de dissuasion, qui peut ne pas être efficace contre certains insectes. D'autres produits chimiques ont été recommandés, mais ils peuvent être toxiques pour les humains.