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2. Nouvelles technologies pour la transformation et l'utilisation de la végétation pérenne

2.1 Forêts pour la production d'énergie

Le bois est le principal combustible domestique pour les populations rurales des pays en développement. On considère souvent que le bois est un combustible du passé, alors qu'il se révèle rapidement comme une source importante d'énergie pour l'avenir. On pourrait se rendre moins tributaire des combustibles fossiles en exploitant systématiquement et scientifiquement les "systèmes énergétiques ligneux". Alors que dans le passé, le bois a été extrait principalement des peuplements naturels, il devra à l'avenir provenir de plus en plus de plantations. On commence à disposer de technologies qui permettent de produire des combustibles solaires pouvant aussi compléter les combustibles fossiles. De nouveaux systèmes de sylviculture et de gestion forestière doivent être mis au point pour porter au maximum la production primaire nette. La notion de plantations énergétiques implique l'utilisation de variétés sélectionnées d'arbres cultivées en rotation courte. Ce système devrait permettre tous les deux ans au moins une récolte de biomasse à usage combustible. La biomasse récoltée peut être soit brûlée en tant que source directe d'énergie, soit convertie en combustibles liquides ou gazeux.

Les recherches technologiques visant à trouver des utilisations plus efficaces de la biomasse végétale que la combustion directe mérite une attention particulière. On a étudié la possibilité d'utiliser le bois de feu de Prosopis pour des centrales à vapeur alimentées au bois que l'on appelle aussi centrales "dendro-thermiques" et l'on a observé que de petites centrales à bois pouvaient jouer un rôle important dans l'électrification rurale et que les résidus des usines de transformation pouvaient fournir un combustible bon marché à l'agroindustrie (56). L'agri-énergie n'a pas dépassé le stade conceptuel en Inde et nécessite des recherches complémentaires Les principales sources de biomasse et les technologies dont on dispose pour la convertir en une variété de combustibles gazeux, liquides et solides font l'objet de la Figure 4 (2,43)

FIGURE 4: TECHNIQUES DE CONVERSION POUR LA PRODUCTION DE COMBUSTIBLES À PARTIR DE LA BIOMASSE

2.2 Amélioration des poêles à bois

Le type courant d'Anghiti ou Chulha (poêle à bois) utilisé dans les villages indiens a un rendement thermique de 13.5%, ce qui est très faible. Il est donc particulièrement important d'améliorer les poêles à bois en raison du faible rendement thermique généralement obtenu du combustible par les méthodes traditionnelles. Il est techniquement possible d'économiser un tiers ou plus de combustible et de diminuer d'autant les besoins en bois de feu en utilisant des poêles à bois mieux conçus et mieux utilisés. Les poêles couramment utilisés en Inde ont été récemment améliorés du point de vue de la conservation d'énergie, de la combustion et du dégagement de fumée (9). On a constaté qu'ils permettaient de réduire dans une proportion pouvant aller jusqu'à 70% la consommation de bois de feu pour la cuisine. Les crématoires améliorés économisent aussi jusqu'à 40% de combustible. On pourrait aussi réaliser des économies considérables grâce à des techniques de transformation améliorées telles que la fabrication de briquettes. Ainsi, l'utilisation de matériels améliorés pourrait être à elle seule, plus efficace et moins coûteuse pour arrêter le déboisement que de vastes programmes de reboisement très onéreux. La solution consiste probablement en fin de compte à combiner le reboisement, l'agri-énergie et l'amélioration des poêles à bois (9, 56).

2.3 Le fumier végétal tiré des mauvaises herbes de la forêt et utilisé en tant que combustible et engrais

Des recherches ont été faites pour produire par fermentation de plantes aquatiques et terrestres un matériau de remplacement à utiliser comme combustible, engrais et matière première d'alimentation des centrales à biogaz. C'est la technologie et le procédé de production les plus simples possibles qui soient à la portée des plus pauvres. Les espèces végétales utilisées comme matériau expérimental appartiennent à Eichhornia crassipes, Pistia stratiotes, Salvinia molesta, Lemna trisulca, Ipomoea pestigridis, Typha elephantina, Leucaena leucocephala, Ipomoea aquatica, Brachiaria mutica, Cyperus rotundus, etc.

Ce procédé a commencé à être utilisé à grande échelle dans dix villages du Divi Taluka dans l'Andhra Pradesh pour la production de tourteaux de fumier végétal. Les expériences de production de biogaz à partir de fumier végétal sec sont jugées significatives. Si l'on peut obtenir du biogaz à partir de la masse fermentée séchée en quantités suffisantes, cela signifiera que les tourteaux séchés peuvent être fabriqués en grandes quantités après la moisson lorsque les mauvaises herbes sont abondantes dans la forêt et transportés comme du charbon là où ils sont nécessaires, en particulier dans les zones arides où la végétation est rare (8).

2.4 Gommes et résines

Les gommes végétales sont des polymères d'hydrates de carbone de diverses structures et sont utilisées comme agents de suspension et de dispersion, comme liants et comme adhésifs pour diverses applications. Il faut les considérer comme des sources renouvelables d'énergie car elles permettent de fabriquer des produits chimiques et des polymères semi-synthétiques. Les gommes extraites des graines, gousses, tubercules et racines sont les plus nombreuses. Elles comprennent divers types de polymères d'hydrater de carbone, notamment glucanes, glucomannanes, galactomannanes et polysaccharides acides complexes. Les graines de Crotalaria, Cassia, Indigofera et Sesbania se sont révélées riches en gommes. La poudre obtenue à partir de la graine de tamarinier (Tamarindus indica) que l'on fait griller, puis que l'on broie et que l'on vanne est fabriquée en Inde et principalement utilisée comme matière d'apprêt dans diverses industries. La gomme dhaincha obtenue à partir des graines de Sesbania bispinosa s'est révélée une source potentielle de galactomannane bon marché. Ces dernières années, une gomme utilisée en apprêt dans les textiles a été extraite de la sill indienne (Urginea indica) que l'on trouve dans les régions accidentées du Rajasthan et dans la région salée du Punjab. Les bulbes sont coupés en petits morceaux et pulvérisés après séchage pour former une poudre blanche crémeuse. Jusqu'ici cependant, l'utilisation des ressources en gomme a été assez limitée (64).

2.5 Huiles, hydrocarbures et pétro-végétaux

Dans le cadre de la campagne actuelle en faveur d'une utilisation maximale et optimale de tous les sous-produits possibles des industries forestières, de nombreuses matières premières nouvelles ont déjà attiré l'attention. Les graines oléagineuses non comestibles des forêts en sont un exemple typique. Pour accroître l'exploitation des graines oléagineuses non comestibles de certains arbres (Madhuca longifolia, Azadirachta indica, Pongamia pinata, etc.) de la forêt, la Commission des industries villageoises et du Khadi a lancé des programmes très attrayants. L'Inde produit 7,8 millions de tonnes de mangues par an. L'amande de mangue a une teneur en matières grasses de 6 à 12% en poids à sec, que l'on peut extraire par solvant et par fractionnement à l'acétone pour séparer la fraction solide. La graisse d'amande de la mangue s'est révélée un bon substitut de la graisse du beurre de cacao dans l'industrie de la confiserie. Les graines de l'herbe commune Cleome viscosa, qui pousse sur toutes les terres arides et dans les zones forestières, ont une teneur en huile de 26%. Cette huile est riche en acide linoléique (70%) et peut être utilisée sans danger dans l'alimentation. Actuellement, on utilise l'huile de coco pour répondre à la demande d'alcool de lauryl. Or, Salvadora oleoides, qui pousse dans les étendues arides du Rajasthan et du Gujarat, contient 35% d'acide laurique et pourrait servir de source de remplacement (58). Les gousses d'une plante de haie commune, Pithecellobium dulce, donnent non seulement de la matière grasse mais aussi de la lécithine et de la saponine (50). Les ressources forestières en graines oléagineuses non comestibles peuvent être exploitées de façon rentable à la fois pour les matières grasses et les protéines et pour fabriquer des produits à usage pharmaceutique et industriel.

Les plantes productrices d'huiles et d'hydrocarbures sont particulièrement intéressantes comme sources futures d'énergie et de produits chimiques. La végétation des terres arides peut fournir des sources nouvelles et importantes de pétrole et de caoutchouc. Près de 400 espèces appartenant à six familles laticifères: les Euphorbiacées, les Asclepiadacées, les Moracées, les Apocynacées, les Convolvulacées et les Sapotacées ont été inventoriées en Inde et font l'objet d'études en tant que sources potentielles de biobrut. Les espèces prometteuses sont: Argyreia nervosa, Baliospermum montanum, Calotropis gigantea, C. procera, Cryptostegia grandiflora, Euphorbia trigona, E. neriifolia, E. nivulia, E. royleana, E. tirucalli, Hemidesmus indicus, Pedilanthus tithymaloides et Pergularia daemia. La tendance actuelle est d'étudier la nature et le rendement des pétroles produits par les plantes productrices d'hydrocarbures, d'identifier les espèces végétales propres à être cultivées sur les terres marginales et de mettre au point des techniques et des équipements pour la transformation des pétroles et hydrocarbures des plantes en combustibles (23,27).

La glycérine manque dans le pays. Les graines oléagineuses secondaires produites par des arbres, en particulier l'argousier (Azadirachta indica), le karanja (Pongamia pinnata) et l'illipé (Madhuca longilofia) peuvent être utilisés pour la distillation des acides gras et de la glycérine. La technologie est fondée sur l'hydrolyse de la matière grasse, la séparation des acides gras et la concentration de la liqueur mère par évaporation, ce qui donne 70 à 80% de glycérine brute. Il serait souhaitable de créer des mini-huileries et des séparateurs de matières grasses pour la production d'acides gras et de glycérines, comme le montrent les Figures 5 et 7.

2.6 Katha et cachou

La méthode "de campagne" indigène d'extraction du katha dans les forêts n'est absolument pas satisfaisante car elle permet de ne récupérer au total que 50% à peine de ce qui serait récupérable dans des conditions contrôlées en usine. En outre, cette méthode ne permet pas du tout de récupérer le cachou, alors que la méthode industrielle permet de l'isoler totalement. Les principaux inconvénients de la méthode industrielle sont toutefois les suivants:

(i) les usines sont situées dans des lieux fixes parfois éloignés des forêts de sorte qu'il faut transporter le bois sur de longues distances;

(ii) la création d'une usine nécessite d'importants investissements.

La méthode industrielle a été améliorée par le Forest Research Institute de Dehra Dun, par les moyens suivants:

(i) utilisation de récipients en cuivre, aluminium ou acier inoxydable au lieu de pots en terre;
(ii) utilisation de cuvettes d'évaporation ouvertes en cuivre pour la concentration; et
(iii) filtrage du katha séparé par une petite presse à filtre manuelle.

Ces mesures impliquent au départ quelques investissements pour le remplacement du matériel en terre fragile, mais permettent d'obtenir un katha de meilleure qualité et une meilleure récupération du cachou (10).

2.7 Tanins

Les tanins constituent un groupe important de produits sylvichimiques faciles à obtenir à partir des ressources forestières. Des études récentes ayant pour but d'exploiter de nouvelles sources éventuelles de tanin dans les forêts du Gujarat ont montré que les feuilles de Diospyros melanoxylon, Largerstroemia lanceolata et Woodfordia fruticosa, l'inflorescence et les jeunes branches de Tamarix ericoides et les fruits de Terminalia bellirica possèdent plus de 10% de tanin et sont par conséquent à considérer comme des sources riches (7).

FIGURE 5: MINI-HUILERIE: DIAGRAMME DES OPÉRATIONS

Capacité: une tonne d'huile par jour - Nombre d'unités: 10

FIGURE 6: MINI-SÉPARATEUR DE MATIÈRES GRASSES: DIAGRAMME DES OPÉRATIONS

Capacité: 2 tonnes/jour

Nombre d'unités: 5

FIGURE 7 INSTALLATION DE DISTILLATION DES ACIDES GRAS ET DE LA GLYCÉRINE: SCHÉMA DES OPÉRATIONS

Base: Acide gras bruts et glycérine brute, 10 tonnes d'huile par jour

2.8 Matières premières végétales pour l'industrie pharmaceutique

La diosgénine, matière première majeure pour la production commerciale de stéroïdes peut être transformée en divers corticostéroïdes, médicaments cardiovasculaires et hormones stéroïdes utilisés dans les préparations de contraceptifs, en particulier oraux. Une autre matière première qui peut remplacer la diosgénine est la solasodine que l'on trouve dans certaines espèces indigènes ou naturalisées de Solanum (par exemple, S. indicum, S. incanum, S. viarum, S. nigrum, S. elaeagnifolium et S. surattense). On a récemment isolé la diosgénine à partir des fleurs de Lycium barbarum, plante qui pousse dans les zones arides de l'Inde (51). La datte du désert, Balanites aegyptiaca, contient des sapogénines stéroïdales dans la graine et le péricarpe et peut aussi être utilisée comme source de diosgénine (24).

Les guggals, gommes-résines de certains arbres, sont préconisées dans le traitement des rhumatismes et de l'obésité par d'importants traités d'ayurveda. Un nouveau médicament dont la marque est Sallaki, préparé à partir du salai-guggul (gomme-résine de Boswellia serrata), a été mis sur le marché. Le sallaki est extrêmement efficace dans le traitement de l'arthrite rhumatoïde.

Les sannosides sont préparées dans le commerce à partir du feuillage et des gousses de Cassia Angustifolia (senné de Tinnevelly) cultivé au Tamil Nadu, au Karmataka, dans l'Andhra Pradesh et au Gujarat. L'Inde est le plus gros fournisseur de feuilles et de gousses sur le marché mondial. Une espèce voisine, C. acutifolia (senné d'Alexandrie) est cultivée expérimentalement en Inde. Les feuilles de C. italica, qui pousse à l'état sauvage dans les étendues arides du Rajasthan occidental, contiennent de 1,25 à 2,98% de sénnosides totaux en poids à sec (25, 59).

2.9 Écorces

Les écorces de certaines espèces de Terminalia (T. arjuna, T. alata, T. bellirica) se sont révélées être une source potentielle d'acide oxalique et de tanins. Les industries textiles et pharmaceutiques consomment de grandes quantités d'acide oxalique. La matière première est abondante et peut être utilisée pour la fabrication d'extrait de tan et d'acide oxalique (5).

2.10 Charbon activé - produit potentiel des industries forestières et rurales

L'industrie du charbon activé est d'origine récente en Inde. Les forêts contiennent en abondance des matières premières meilleur marché pouvant servir à la fabrication de charbon activé: bois, coques de noix, écorces, brindilles et feuilles. La production du charbon activé se fait principalement en deux étapes: carbonisation et activation. Dans l'industrie moderne, le charbon activé est un outil efficace pour raffiner, purifier, blanchir et décolorer toute une variété de produits chimiques. Il est très largement utilisé dans la production d'huiles végétales, de produits pharmaceutiques, de liqueurs, de produits alimentaires, de produits pétrochimiques, etc. Cette industrie peut donc être considérée comme une partie des projets actuels qui visent à accroître les possibilités d'emploi dans les zones rurales. Elle peut en fait constituer un exemple de combinaison optimale de pratiques traditionnelles à forte intensité de main-d'oeuvre et des technologies modernes (29).

3. Introduction de végétation exotique

3.1 Les rôles divers des plantes exotiques

L'Inde a été l'un des premiers pays à s'attaquer aux problèmes des zones arides peu après son indépendance en 1947. La dégradation progressive des terres arides due à la présence d'importantes populations humaines et animales l'a contrainte à restaurer et à entretenir le couvert végétal afin de stabiliser et de protéger les sols et de fournir du bois de feu pour la population rurale et du fourrage pour le bétail. Plusieurs espèces d'arbres, arbustes et herbes exotiques ont été introduits et naturalisés dans le cadre des opérations de conservation des sols, de stabilisation des dunes et de boisement des zones arides et désertiques (31). Bien que la nécessité la plus urgente actuellement soit de reconstituer le couvert végétal de la région désertique, il est évident qu'il faut donner la préférence aux végétaux qui joueraient un rôle important dans l'économie de la population rurale en permettant la création d'activités artisanales et en satisfaisant aux besoins domestiques. Il faut donc viser non seulement à créer des forêts, mais il faut que celles-ci soient le plus importantes possible sur le plan économique compte tenu des conditions existantes. L'utilisation d'espèces exotiques pour le reboisement a été préférée dans certains cas, étant donné leur supériorité par rapport aux espèces indigènes, que ce soit sur le plan économique ou sur le plan de la croissance et du développement. L'histoire de l'introduction d'espèces exotiques dans le cadre des programmes de boisement date de 1877, où le premier envoi de graines de mesquite (Prosopis juliflora complexe, P. glandulosa), originaire des régions arides du Mexique et de l'Amérique centrale, est arrivé de Kew, Angleterre. Les graines provenant du désert mohave de l'ouest de l'Amérique du Nord ont été semées à Saharanpur. Elles ont été cultivées avec succès à Jodhpur dès 1931 et des graines ont été fournies par le State Forest Department aux États limitrophes. La mesquite se rencontre dans la plus grande partie du Rajasthan, du Gujarat, du Saurashtra, du Punjab et des zones limitrophes. C'est une espèce polyvalente qui donne des feuilles fourragères et des gousses sucrées pour l'alimentation du bétail. Une forme mutante spontanée sans épines de Prosopis a récemment été découverte au Tamil Nadu et pourrait se révéler d'une valeur inestimable comme haie vive ou comme bois de feu sans épines.

Les ressources végétales des régions arides pourraient être encore améliorées par la plantation d'espèces prometteuses de grande valeur économique et provenant de régions climatiques analogues. L'introduction réussie des espèces exotiques suivantes aidera à améliorer la situation économique de la population grâce à la création d'agro-industries. Certaines de ces espèces sont déjà en cours d'expérimentation:

Acacia albida - Cet arbre est très répandu en Afrique tropicale et australe et présente plusieurs avantages sur le plan économique. Son feuillage constitue un fourrage valable pour tous les types de bétail. Ses graines contiennent jusqu'à 27% de protéines brutes et sont consommées par la population en période de famine. C'est la seule espèce qui perd ses feuilles pendant la saison des pluies, de sorte qu'il est non seulement possible mais rentable de pratiquer des cultures en sous-étage.

Agave sisalana - Le sisal est connu dans le pays surtout en tant que végétal de boisement, mais peut être cultivé commercialement pour l'extraction des fibres. Il est extrêmement résistant à la sécheresse et adapté aux zones arides. Les besoins du pays en fibres de sisal pour sa consommation interne sont d'environ 20000 tonnes par an, alors que la production est de 2500 tonnes. Il y a donc là d'énormes possibilités de créer des emplois ainsi que des revenus supplémentaires (19).

Cassia sturtii - Cet arbuste, originaire des terres arides et semi-arides du sud de l'Australie, offre de grandes possibilités en tant qu'arbuste fourrager pérenne. Les feuilles ont une teneur en protéines de 12%. Le rendement annuel de matière sèche est d'environ 1000 kg à l'hectare dans une région où la pluviométrie annuelle est de 200 mm.

Ceratonia siliqua - Le caroubier préfère un sol rocheux sec et est recommandé pour les zones arides et les plantations le long des canaux. Les fruits indéhiscents, riches en sucres et en protéines, entrent dans l'alimentation animale et humaine et servent à la préparation de boissons fermentées. L'endosperme de la graine forme une gomme connue dans le commerce sous le nom de Tragosol ou de gomme de caroube. Le bois est utilisé en ébénisterie.

Cucurbita foetidissima - Cette courge, qui pousse à l'état sauvage dans les déserts du Mexique et du sud-ouest des États-Unis, peut être cultivée industriellement sur les dunes de sable du désert (23). Les graines contiennent 30 à 35% de protéines et jusqu'à 34% d'huile comestible comparable à l'huile de soja. Les protéines peuvent servir industriellement dans des produits tels que les peintures à l'eau et les apprêts pour textiles. La racine pérenne, qui pèse jusqu'à 50 kg, contient un amidon de bonne qualité (50 à 66% en poids à sec).

Euphorbia antisyphilitica - La Candelilla, originaire du Mexique et du désert d'Amérique du Nord, exsude une cire blanche qui offre des possibilités industrielles notables. Elle a été introduite à Jodhpur, Lucknow et autres lieux et s'est bien acclimatée aux conditions arides. La cire est extraite par solvant ou en faisant bouillir les tiges séchées dans l'eau. On l'utilise comme ersatz de la cire d'abeille et du carnauba.

Parthenium argentatum - Le guayule est un arbuste producteur de caoutchouc originaire du désert de Chihuahua au centre-nord du Mexique et de la région du Big Bend au Texas. Cette plante contient jusqu'à 20% de caoutchouc, déposé dans des cellules parenchymateuses, essentiellement dans les rayons vasculaires des tiges et des racines. Les premières observations sur le guayule introduit au Rajasthan, au Gujarat et dans l'Haryana ont indiqué qu'il pouvait être cultivé avec succès en milieu semi-aride. On prévoit que d'ici à 1990 le déficit de l'Inde en caoutchouc sera d'environ 176400 tonnes par an. Il faudra mettre au point et standardiser un ensemble de façons culturales ainsi que des méthodes de sélection de plants d'élite (23,55).

Prosopis tamarugo - Le tamarugo pousse dans des conditions extrêmes, dans les plaines désertiques salées du nord du Chili où il est le seul fournisseur de fourrage, de bois d'oeuvre et de bois de feu sur de larges étendues. Les arbres se reproduisent naturellement avec facilité à partir des graines et des taillis. C'est une espèce à bois de feu pour les régions arides et semi-arides qui est prometteuse pour le reboisement des déserts, en particulier lorsque le sol présente d'épaisses incrustations de sel.

Simmondsia chinensis - Le Jojoba est originaire des terres arides du Mexique et des États-Unis. Ses graines contiennent environ 50% de cire liquide qu'on peut amener à un haut degré de pureté par pression ou à l'aide de solvants. L'huile de jojoba est un substitut parfait de l'huile de cachalot, espèce en danger. Le jojoba a été introduit sur les dunes côtières du pays (district de Bhavnagar, Gujarat), principalement dans les régions semi-arides du Rajasthan, du Gujarat et de l'Orissa. L'agro-industrie de jojoba a aidé à relever le niveau socio-économique des tribus indiennes des États-Unis, en particulier en Arizona, en Californie et au Nouveau-Mexique, car elles sont tout à fait à même de gérer l'industrie du jojoba (4, 21, 23, 57).

4. Considérations et contraintes relatives à l'écosystème

Les plantes exotiques sont actuellement utilisées dans le monde entier pour améliorer les régions désertiques. Elles nécessitent absolument un haut degré d'adaptation au climat, aux sols, à la topographie et aux animaux, y compris la résistance aux parasites. Les données écosystématiques sur les espèces végétales d'intérêt économique fournissent des critères utiles pour déterminer si un habitat convient à une espèce. Les informations sur la répartition écologique des espèces végétales en termes de précipitations, de température et de pH sont assez incomplètes. Il a cependant été souligné que la base de données écosystématiques pourrait être utilisée avec profit pour obtenir un plasma germinatif utile de plantes exotiques et pour comparer l'adaptabilité des espèces, des genres et des familles (11). L'introduction d'espèces doit donc être fonction de l'ensemble des exigences écologiques des espèces exotiques. Pour les sélectionner de façon valable, il faut donc étudier les facteurs climatiques, édaphiques et biotiques des sites du pays donateur et choisir dans le pays bénéficiaire des localités qui reproduisent le plus fidèlement l'habitat et le climat des espèces exotiques. Des méthodes bioclimatiques ont été mises au point pour déterminer sur le plan climatique les homologues des stations des étendues arides du sous-continent indien. L'une des méthodes les plus simples pour faire ressortir les analogies entre les climats consisterait à comparer les courbes de précipitations mensuelles et de températures moyennes des diverses stations étudiées. Plus la ressemblance est grande sur les graphiques, plus les climats seront analogues. Le bioclimat n'est cependant qu'une partie de l'écologie d'une espèce (47). Il n'est pas toujours possible de prédire avec certitude la réussite ou l'échec d'une espèce exotique. Il est utile d'expérimenter quelques spécimens dans des jardins botaniques ou des arboretums avant d'entreprendre des plantations à grande échelle. Il faut ensuite créer des parcelles expérimentales, procéder à des expérimentations pilotes et, finalement, à des plantations à grande échelle sur les sites sur lesquels la croissance est la meilleure. Il faut aussi que des spécialistes évaluent l'opportunité et l'utilité économiques de l'introduction d'une espèce. Pour être considérée comme satisfaisante, une espèce exotique doit pousser sur le site par reproduction naturelle ou végétative, ne pas être attaquée par les champignons et les insectes dans son nouvel habitat, et pouvoir concurrencer les espèces indigènes. L'introduction d'une espèce exotique ne doit pas être contraire aux traditions culturelles de la population ni à ses habitudes de consommation et ses besoins. Il est important que les villageois et les membres des tribus locales participent au programme. Le produit de l'espèce exotique doit être socialement acceptable et les coûts de développement à la portée de la population locale. Il peut être difficile d'obtenir de la population la moins évoluée des régions rurales et éloignées qu'elle accepte un projet de développement. D'autre part, le manque de ressources et d'instruction contraint les habitants des régions désertiques à couper la végétation pour satisfaire leurs besoins de combustible, de construction d'abris et de clôtures et il faut par conséquent faire de sérieux efforts pour éduquer les populations du désert.

Les moyens de communication tels que radio, télévision et films doivent être développés pour permettre la diffusion d'informations sur les nouvelles utilisations des plantes exotiques et les possibilités de développement économique.


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