Le procédé d'extraction de l'huile de palme décrit a été observé au Bénin dans les provinces du Zou et du Mono, toutes deux réputées pour le savoir-faire de leurs populations villageoises. Cela a permis de vérifier l'unité de méthode et d'organisation dans l'application des principes fondamentaux d'un procédé qualifiable de procédé à froid (par opposition aux procédés à chaud adoptés par les huileries du secteur industriel, aux quels il est impossible de se référer car les opérations unitaires d'extraction, cœur du procédé, sont radicalement différentes).
Le procédé traditionnel met en œuvre la séparation de la pulpe du fruit de la noix, sa division aussi poussée que possible et son entraînement par l'eau sous l'état d'émulsion crémeuse1.
Les avantages retenus par les femmes sont évidents: les fruits peuvent être manipulés et foulés au prix d'efforts acceptables, et la dépense en combustible demeure faible.
Le procédé industriel met en œuvre l'injection de vapeur au niveau de l'égrappage des régimes et de l'épulpage des fruits afin de coaguler et donc d'inhiber les agents responsables de l'émulsion de l'huile et d'augmenter sa fluidité afin qu'elle puisse s'écouler librement. La presse intervient uniquement pour accélérer l'allure de l'extraction et en augmenter le taux. Le coût élevé des équipements, les exigences de puissance thermique et mécanique et la nécessaire formation d'un opérateur imposent des capacités relativement élevées aux quel les ne pourraient prétendre de petites usines rurales. Au début des années 60, cet obstacle a été bien compris par un pionnier de ce type d'unité, une firme beige, dont les schémas rejetaient la presse mais nécessitaient une injection de vapeur. L'inclusion d'une presse pourrait à la limite se justifier pour presser les fibres immédiatement après séparation des noix, comme pratiqué sur un chantier expérimental en Guinée-Bissau. Encore faudrait-il que les femmes ne préfèrent pas le lavage des fibres, qui leur permet de récupérer la pulpe qui entre dans la composition des sauces.
Les essais d'utilisation de presses manuelles ou mécaniques ont prouvé qu'elles rebutent les femmes à cause de l'effort physique imposé par le rythme élevé des cadences de travail et des nuisances de la manipulation de produits très chauds (de 80 à 90°C). De telles installations conduisent, à de rares exceptions près, à l'abandon, ainsi que cela a été constaté lors des tentatives de relance de petites unités artisanales équipées de presses Colin dans la région de Grand Lahou (Côte d'Ivoire).
Il suffit, par ailleurs, de comparer les teneurs en huile des fibres lavées et des fibres résultant de la pression à chaud pour affirmer que le pressage n'améliore en rien les rendements à l'extraction du procédé traditionnel.
1 Emulsion huile dans l'eau, allégée par une incorporation d'air qui I'apparente à une crème.
Le palmier a huile (Elaeis guineensis) produit trois à quatre fois plus d'huile à l'hectare que l'arachide et le soja depuis la création génétique de la variété Tenera. Quinze tonnes de régime à l'hectare peuvent donner, en conditions moyennes, plus de 3,5 tonnes d'huile, dont:
Ces chiffres correspondent à des rendements de:
Rapportés aux seuls fruits, pour un rendement d'égrappage de 55 pour cent les rendements passent respectivement à 40 pour cent et 3,6 pour cent.
Les régimes de palmeraie naturelle de la variété Dura portent des fruits à coque épaisse (supérieure à 2 mm) dont la pulpe très fibreuse est, inversement, moins épaisse. Les rendements sont sans commune mesure avec ceux de Tenera et de Tenera × Dura. Ils étaient, quand ont démarré les huileries de palme en Afrique (dans les années 50), de 10 à 12 pour cent d'huile de palme sur régime et de 8 à 10 pour cent en palmiste.
La proportion d'acides gras des huiles de palme varie considérablement d'une région à l'autre. L'acide palmitique phase saturée et concrète (point de fusion 62°C) peut être séparé de la phase fluide (point de fusion inférieur à 0°C) constituée de glycérides oléiques et linoléiques. En Afrique, le zomi est utilisé comme assaisonnement et les huiles ordinaires en friture.
1 Le malaxage est effectué par foulage aux pieds. | |
2 Les fibres et la pulpe sont détachées des noix. | |
4 Noix défibrées et lavées. | |
3 Les noix et les fibres puisées dans la masse avec un panier à larges mailles sont brossées contre sa paroi. | |
5 Les fibres sont comprimées en boules. |
Il est exécuté manuellement à la machette, généralement en brousse afin de diminuer la charge à transporter.
Elle se fait dans un fût de 200 litres chauffé au bois sur un foyer généralement du type trois pierres, parfois amélioré par un socle enveloppant. Les manipulations de remplissage, de vidange et de brassage des fruits pendant la cuisson sont facilitées quand le foyer est creusé dans le sol.
Le malaxage est effectué par foulage aux pieds par un homme rétribué par les femmes (photos 1 et 2). Les fruits cuits et les eaux de cuisson sont versés dans un bac rectangulaire en banco profond de 50 à 60 cm (contenance utile de 500 à 600 litres). Quand la déclivité du terrain le permet, une fosse circulaire de même capacité, creusée dans le sol, est parfois préférée. Les bacs possèdent une bonde de vidange vers un point bas.
Le fond des bacs est garni soit de pierres rugueuses soit de rondins de bois pour que le sol détrempé puisse résister à l'érosion au cours du malaxage.
Les manipulations entre les fûts et le bac de malaxage sont effectuées a la calebasse utilisée comme louche et à la cuvette.
De l'eau est ajoutée au magma résultant du malaxage de manière à doubler le volume et à diluer la masse afin de pouvoir séparer les noix et les fibres de l'émulsion crème huileuse libérée par l'épulpage.
Les noix et les fibres puisées dans la masse avec un panier à larges mailles sont brossées centre la paroi dudit panier (photo 3). Les noix débarrassées des fibres sont mises en tas; les fibres (photo 4) sont reprises à la fin du processus pour être lavées. Après passage des fibres au mortier pour détacher les quelques particules de pulpe qui y adhèrent, elles sont comprimées en boules, stockées et, généralement, commercialisées (photo 5). Les noix seront étalées sur une aire de séchage.
La crème huileuse qui flotte en surface est écopée à la calebasse ou rassemblée dans le creux des mains (photo 6).
Un «crémage»1, c'est-à-dire une introduction d'air dans le liquide débarrassé de l'émulsion, est effectué après un certain temps de repos. L'inclusion d'air est réalisée par jet du contenu d'une cuvette levée à hauteur d'épaule (photo 7). Les microbulles d'air créées par ce «fouettage» vont chercher les globules de gras et les rassemblent en surface.
L'émulsion crémeuse contient de l'air et des agents colloïdaux. Ceux-ci seront coagulés et les liquides désaérés par une ébullition d'une durée de 15 à 20 minutes.
Après décantation, l'huile est écopée a la calebasse et filtrée au travers d'un panier faisant office de tamis qui retient les quelques fibres entraînées et les coagulats (photo 8).
L'eau est le catalyseur de la réaction d'acidification des huiles, aussi est-il indispensable de les sécher.
Après une seconde décantation, l'huile surnageante est soumise à un chauffage modéré sous agitation permettant d'évaporer l'eau microdispersée: opération délicate qui exige une parfaite maîtrise de l'allure du foyer de manière à éviter la calcination de l'huile. L'addition de sel facilite le séchage car, par augmentation de la densité des composés hydrophiles, il les décroche de la phase grasse.
C'est cette qualité supérieure à tous points de vue, produite aussi au Nigéria et au Togo (photo 9), qui est le plus largement commercialisée par les femmes à des prix très rémunérateurs.
Un estagnon d'huile rouge provenant d'une opération antérieure2 est mis en chauffage modéré, la température ne devant pas dépasser 80°C. On ajoute 1,5 litre de bouillon de cuisson des fruits et une poignée de sel. Après une heure de chauffage, la masse est soumise à décantation. Le sédiment, rouge en surface et brun en profondeur, est recueilli pour être consommé ou vendu. Il rentre quelquefois dans la formulation d'un savon.
1 Notion tirée de la fabrication des crèmes glacées.
2 En période de soudure et quand leur intérêt le leur dicte,
les femmes achètent de I'huile produite industriellement.
6 La crème huileuse est rassemblée dans le creux des mains. 9 La qualité zomi est la plus appréciée et la mieux valorisée. | 7 Le «crémage» consiste en une introduction d'air dans la phase aqueuse par projection du jet d'une cuvette levée à hauteur d'épaule. |
8 Après décantation, l'huile est filtrée au travers d'un panier. | |
10 Les fruits sont cuits dans des fûts de 200 litres. Le chantier utilise des fûts équipés pour une cuisson à la vapeur |
On a procédé au recueil de certaines données économiques au Bénin en 1985 auprès de trois groupements, dans trois provinces réputées pour le volume et la qualité de la production d'huile de palme.
Ils augmentent avec la maturité des fruits, passant de 16 pour cent sur fruits en début de campagne à 18 pour cent en fin de campagne — ces rendements correspondant respectivement à 9 et 10 pour cent sur régime. Les rendements en noix de palmiste se situent à 9 pour cent environ.
Dans le Mono, où la palmeraie est moins productive, les rendements en huile tombent à 12 pour cent sur fruit et à 7 pour cent sur régime. Ces rendements sont pratiquement les mêmes que ceux des huileries quand elles sont alimentées en régimes provenant de palmeraies naturelles.
Valeur des achats. Les femmes savent reconnaître la richesse en huile des fruits à l'état de la pulpe: souplesse et épaisseur.
Alors que les usines de la Station de recherche sur le palmier à huile (SRPH) et de la SONICOG paient les régimes rendus bord palmeraie 9 FCFA/kg pour ceux provenant de palmeraies améliorées et 4 à 5 FCFA pour les régimes provenant de palmeraies naturelles, les femmes paient en moyenne le double aux grimpeurs du village. Il leur arrive de faire concurrence aux huileries à ce double tarif (de 8 à 12 FCFA pour les fruits de palmeraie naturelle). Cela traduit les difficultés d'approvisionnement qui limitent parfois leur activité. Cette situation s'explique par le vieillissement de la palmeraie naturelle et la raréfaction de la vocation de grimpeur1…
Valeur des huiles. Les prix, heureusement, varient dans la même proportion que ceux de la matière première. Dans le Mono, où le poids des achats risquerait de pénaliser l'exploitation, les femmes augmentent leurs recettes en pratiquant la vente au détail à la petite mesure, et en s'appliquant à produire le zomi. La valorisation de cette qualité supérieure est telle qu'il arrive aux femmes du Mono d'acheter, en période de pénurie, de l'huile industrielle qui sera transformée en zomi. De même lorsque la décote du prix industriel par rapport au prix de détail à la petite mesure les y encourage.
Valorisation des sous-produits. La vente des noix de palmistes séchées est facilitée par la présence des huileries de la SONICOG et peut apporter un complément de recettes non négligeable (de l'ordre de 25 à 30 pour cent de la rentrée procurée par les huiles).
La vente des fibres séchées augmente, quand elle est praticable, la recette de l'huile de 6 à 7 pour cent.
Coûts d'exploitation. Le coût du bois de chauffe nécessaire à la cuisson du contenu d'un fût (de 150 à 180 kg de fruits) est de l'ordre de 200 FCFA. Le salaire de l'homme auquel est confié le malaxage est de 500 FCFA. Il est payé en partie en espèces et partie en nature (alcool de palme et huile).
1 En palmeraie améliorée, les régimes sont récoltés à I'aide d'échelles.
N'ont été retenus en première analyse que les choix prioritaires, ceux qui ne risqueront pas de dérouter les utilisatrices, mais qui soulageront leur peine, accroîtront production et productivité tout en demeurant financièrement acceptables. Il est évident que si les résultats sont ceux qu'elles attendent, les femmes sauront s'accommoder des contraintes qui apparaîtront en contrepartie des avantages acquis.
Le fût de récupération est le récipient le moins cher. Une amélioration vérifiée en Guinée-Bissau (photo 10) consiste à munir le fût d'un faux fond perforé et d'un couvercle. La durée de cuisson des fruits en phase vapeur nécessitant moins d'eau, il en résulte une économie de combustible.
Le foyer amélioré à socle enveloppant est à généraliser car, comparé au foyer trois pierres, il fait passer le rendement thermique de 7 à 19 pour cent. S'il est enterré, il doit être protégé de la pluie pour éviter sa détérioration en saison des pluies; l'autre solution consiste à l'enchasser dans un terre-plein de latérite damée sur lequel les femmes peuvent monter.
Le jumelage des deux foyers équipés d'une cheminée commune de tirage permettrait de faire passer le rendement thermique à 25 pour cent et de diminuer la durée des séquences de récupération et de séchage des huiles, qui pourraient être conduites simultanément.
L'opération est longue et pénible, et dépend d'une intervention extérieure qu'il faut rémunérer. Elle fait appel à une action physique combinant friction et cisaillement, dont l'effet recherché est de détacher la pulpe de la noix, puis de séparer la pulpe adhérant aux fibres. Cette opération peut être réalisée par un appareil rotatif de type horizontal, dont la conception s'inspirera de ceux qu'utilisaient et utilisent encore les huileries de palme équipées de presses continues ayant à traiter la production de palmeraies naturelles. Ce problème ne se posait pas aux huileries de première génération conçues par la société Stork (Pays-Bas) qui disposaient de puissants malaxeurs verticaux équipés de contre-pales et qui, de la sorte, frictionnaient vigoureusement sous la pression statique de la masse de fruits, augmentée de la force appliquée par un distributeur-presseur.
Le prélèvement manuel des fruits et la séparation de la phase liquide de la phase solide prennent du temps et sont pénibles. Les femmes doivent pénétrer à l'intérieur des bacs pour rassembler les noix et les fibres au panier, les brosser contre la paroi pour parfaire le défibrage et ensuite écoper la crème. Cela prend environ deux heures à deux personnes traitant de 150 à 180 kg de fruits. L'opération la plus pénible est le brassage du bain a la cuvette, indispensable à la récupération de l'huile ayant échappé à l'émulsification. L'épulpeur devra donc être conçu pour permettre, en cours d'épulpage, l'entraînement de la pulpe des fruits dans le flux du liquide introduit dans l'appareil, pour le diriger vers un séparateur permettant d'extraire la crème et de récupérer les eaux afin de les recycler vers l'épulpeur jusqu'à ce que les noix et les fibres soient parfaitement lavées. Le recyclage des liquides délipidés fait baisser la consommation d'eau et diminue la peine que représente son transport.
La manutention des liquides par pompe de type manuel, à amorçage automatique, entre la réserve d'eau ou le bac de récupération des liquides délipidés vers l'épulpeur permettra d'opérer en continu.
La dimension d'une production communautaire exclut toute velléité de modernisation de ces opérations, dont la réalisation nécessite l'utilisation de la vapeur et d'un refroidisseur cascade.
La conception des appareils répond aux capacités et compétences d'une réalisation locale faisant appel à des ateliers de chaudronnerie et de mécano-soudure qui sous-traiteront les travaux de mécanique. (Voir les figures en fin de chapitre.)
La capacité de l'appareil est de 300 litres, ce qui permet de traiter le contenu d'un fût, soit de 150 à 180 kg de fruits (photo 11). Cette capacité correspond à l'utilisation d'une tôle de 2 × 1 m; ainsi, le rotor de l'appareil sera réglé à 120 tours par minute pour limiter la puissance d'entraînement à 6,5 kW et éviter les projections et le bris de noix.
Le corps cylindrique est garni, sur la demi-circonférence intérieure, de cornières de 25 mm espacées de 20 cm. Le rotor est constitué de trois flasques clavetés sur l'arbre, permettant de fixer des ronds à béton tors de 25 mm de diamètre montés en oblique selon un angle de 7 degrés par rapport à l'axe de relation; l'entrefer entre l'arête des cornières et les fers ronds est réglé à 30 mm.
Les flasques d'extrémité du rotor sont pleins et leur diamètre fait 40 mm de moins que celui du stator (diamètre intérieur). L'intervalle entre ces flasques et les fonds circulaires du stator est de 20 mm, pour éviter les risques de bourrage qui provoqueraient l'entassement des fruits entre le flasque et le fond.
L'obliquité des ronds du stator diminue la brutalité du cisaillement en autorisant le glissement des fruits le long de l'arête de la cornière, ce qui crée un effet de coupe.
La sortie des boues émulsionnées se fait par une ouverture semi-circulaire de 150 mm créée dans le fond du stator (photos 12 et 13). Le jeu de 20 mm entre le flasque du rotor et le diamètre intérieur du stator évitera aux noix d'être entraînées avec les liquides. Le corps de l'appareil est ouvert sur la longueur et sur 35 cm de large au niveau supérieur et reçoit un couvercle doté d'un verrouillage de fermeture rapide. Un tube de 20 cm de diamètre et de 15 cm de hauteur sera fixé sur le flanc de l'appareil. Il permettra d'introduire un entonnoir amovible (d'une capacité de 30 litres) servant à l'introduction des fruits et des liquides.
La vidange s'effectuera par basculage du corps cylindrique sur lequel sont montés deux leviers de manœuvre. Un dispositif à broche de blocage et déblocage à la demande, fixé sur le chassis, permettra d'immobiliser ou de libérer le corps de l'appareil.
Un bac amovible disposant d'une bonde de vidange est placé sous l'appareil pour recevoir les noix et les fibres (photo 14) lors de la vidange. Celles-ci sont reprises au panier (voir figures 2 et 3).
11 L'épulpeur motorisé de Dodja. | ||
13 Séparation de la crème. | 12 Sortie de la crème vers le florentin. | |
14 Noix et fibres déshuilées par lavage à la sortie de l'épulpeur | ||
Le moteur diesel de 6,5 kW, spécialement équipé par la firme Hatz, dispose d'une prise de force sur l'arbre à came qui permet de ramener à 900 tours par minute la vitesse de rotation de la poulie d'entraînement. Un jeux de poulies à gorges de réduction de ⅛ permet de respecter la vitesse de rotation de l'épulpeur, qui est de 100 à 120 tours par minute.
Conçu pour respecter les critères de friction et cisaillement des fruits retenus lors de la réalisation de l'appareil motorisé, et sa capacité ayant été limitée à 50 kg de fruits pour ne pas exiger des efforts trop importants de manœuvre, l'appareil dispose de deux manivelles, dont une amovible. Ses dimensions sont: diamètre 600 mm1, longueur 600 mm, capacité 140 litres. Sa vidange est effectuée par basculage.
Le respect de l'obliquité des ronds des rotors par rapport aux cornières est impératif pour éviter les à-coups de manœuvre qui rebuteraient les opératrices (voir figure 4).
1 Celui de l'épulpeur motorisé pour bénéficier des avantages d'une standardisation des dimensions.
Conçus pour le prélèvement en continu des émulsions et le recyclage des liquides séparés, ils sont réalisés à partir de fûts de 200 litres et se placent sous la goulotte d'évacuation des liquides des épulpeurs.
Un fût de 200 litres est utilisé pour l'épulpeur motorisé, alors que pour l'épulpeur manuel la hauteur des fûts est diminuée de 30 cm.
La pompe à bras à diaphragme auto-amorçante fabriquée par la firme Renson est retenue. Elle dispose de deux longueurs de tuyau de 5 m. Elle sert à l'introduction de l'eau en début d'opération, jusqu'à ce que le volume des eaux à recycler soit suffisant (100 litres environ). Ensuite, sa crépine est déplacée vers le bac de récupération des eaux délipidées.
Attitude des utilisatrices. Les prototypes réalisés par les ateliers Steinmetz de Ouidah ont été confiés au groupement communautaire de Dodja en novembre 1987.
Les essais réalisés à l'occasion de la mise en main de l'installation ont permis de programmer les perfectionnements jugés nécessaires à la sécurité et a l'optimisation de l'exploitation de la ligne de production.
La satisfaction des utilisatrices à été immédiate et totale. La conformité des produits extraits de l'épulpeur a si bien répondu aux attentes des femmes qu'il n'a pas été utile de leur expliquer comment utiliser le dispositif de récupération de la phase émulsionnée. Elles avaient en effet reconnu le produit auquel elles sont habituées.
Capacités de production. La durée du cycle d'extraction de la charge d'un fût, soit 160 kg en moyenne, prend 1 heure dont 30 minutes de rotation moteur. Il est donc aisé de traiter quatre charges, voire cinq, dans une matinée. Un rendement d'extraction de 12,5 pour cent et une utilisation de 100 jours (du 15 décembre au 15 avril) donnent une production de 8 tonnes (voir tableau 1)
Budget temps d'une journée de production. L'approvisionnement en eau et en bois est réalisé la veille. Le cassage de l'émulsion est effectué simultanément a l'épulpage. C'est la femme qui vient de terminer les opérations 3 (voir tableau 2) qui enchaîne sur l'opération 4. La durée du cycle de l'épulpage est de 6 heures, auxquelles il faut ajouter 3 heures de travaux exécutés la veille.
Qualité de I'huile. La qualité est incontestablement à l'avantage des productions villageoises parce qu'extraites à froid, alors que les huiles industrielles sont privées de leurs accompagnements nutritionnels2. Les consommateurs ne s'y trompent pas fort heureusement et acceptent de payer l'huile traditionnelle au prix qu'ils lui reconnaissent, et le zomi est là pour améliorer la situation. Par contre, ne pouvant pas être séchées aussi parfaitement que les huiles industrielles, la conservation des huiles villageoises est limitée.
Investissement (voir tableau 3).
Coûts d'exploitation. La durée de vie du moteur qui travaille en dessous de sa puissance est de 7 000 à 8 000 heures. Une durée d'amortissement de 10 ans peut donc être retenue pour l'ensemble, soit une annuité de 180 000 FCFA.
Frais variables (voir tableau 4).
Structure des coûts (voir tableau 5).
TABLEAU 1
Production par jour (kg) | Production par an (tonnes) | |
Fruits traités | 640 | 64 |
Huile produite | 80 | 8 |
TABLEAU 2
Opération | A Durée en heures | B Effectif | A × B Heures-femme | |
1 | Cuisson des fruits (la veille) | 1 | 2 | 2 |
2 | Epulpage et récupération de la crème (dont temps moteur) | 4 2,5 | 5 | 20 |
3 | Cassage de l'émulsion et filtrage de l'huile | 3 | 2 | 6 |
4 | Finition séchage | 2 | 1 | 2 |
5 | Mise en route, nettoyage, approvisionnement en eau et en bois | 2 | 5 | 10 |
Total | 12 | 15 | 40 |
TABLEAU 3
Description du matériel | Investissement (en milliers de FCFA) |
Epulpeur | 600 |
Moteur | 800 |
Pompe | 150 |
Florentins, BAG | 150 |
Divers | 100 |
Total | 1 800 |
TABLEAU 4
Par jour (FCFA) | Par kg d'huile produite (FCFA) | |
Gazole (1,2 litre/heure) | 600 | 7,5 |
Bois | 800 | 10,0 |
Lubrifiants et divers | 80 | 1,0 |
Petit entretien (2% de l'investissement) | 5,5 | |
Total | 24,0 |
TABLEAU 5
Par kg d'huile produite (FCFA) | % du coût total | |
Amortissement 180 000/8 000 | 22,5 | 48,30 |
Coûts variables | 24,0 | 51,70 |
Total | 46,5 | 100 |
Sachant qu'il faut 8 kg de fruits pour obtenir 1 kg d'huile, soit 1,10 litre et 2 heures-femme de travail, il est possible de calculer, en fonction des prix pratiqués à l'achat et à la vente, la rémunération horaire globale des femmes. Les décaissements n'augmentent que de 10 FCFA par kg d'huile après déduction de la rémunération du foulage. Amortissement compris, ils augmentent donc de 32,5 FCFA (avec pour contrepartie un doublement de la capacité conjugué avec une diminution des effectifs de 30 pour cent). Cela permettrait d'organiser une rotation du travail par équipe et de doubler de nouveau les encaissements.
Le moteur est considérablement sous-utilisé (250 heures par an). Il peut donc servir pour l'entraînement d'un broyeur à céréales, utilisable également sur l'arachide, et/ou d'une râpe a manioc. Les amortissements en seront diminués d'autant.
La rentabilité de la production communautaire de l'huile de palme est au départ pénalisée par le niveau élevé du prix d'achat de la matière première, de 30 à 40 pour cent supérieur à celui des huileries, dont les approvisionnements sont, de plus, d'une qualité bien supérieure.
La ligne de production installée à Dodja — qui permet de mécaniser en continu les opérations longues et pénibles de la pratique traditionnelle — mérite un suivi technique et de gestion pour optimiser son fonc-tionnement. Ses performances peuvent être améliorées par une implantation rationnelle des appareils et quelques compléments légers au niveau des manipulations, qui permettraient d'inclure dans la continuité la récupération et le conditionnement des huiles et ainsi d'augmenter la capacité de 50 pour cent.
La puissance du moteur permettrait d'entraîner un second épulpeur et de porter la capacité annuelle à 25 tonnes d'huile. L'augmentation des besoins en fruits, qui atteindront 200 tonnes, fera surgir des problèmes d'approvisionnement dont il faut se soucier ici comme ailleurs lorsque des améliorations promettent ou entraînent une montée en capacité des ateliers traditionnels.
Le rajeunissement bien compris des palmeraies naturelles à proximité des villages est certainement la mesure d'accompagnement utile et nécessaire du développement de la production traditionnelle.
Au risque de passer pour une évidence, il est bon de rappeler que le niveau de mécanisation de l'atelier et ses exigences d'organisation exigent une formation à la gestion.
La masse des liquides en cours ne permet pas d'utiliser l'appareil motorisé pour des opérations individuelles.
FIGURE 1 Production d'huile de palme |
FIGURE 2 Epulpeur motorisé (vue de face et coupe AA) |
FIGURE 3 Epulpeur motorisé (vue arrière et coupe BB) |
FIGURE 4 Epulpeur manuel |