La FAO suit de près la situation du ravitaillement en vivres de l'Iraq depuis août 1990. La surveillance continue sur le terrain a été renforcée et il a été procédé à une série d'évaluations sur place de la situation alimentaire et nutritionnelle du pays. La FAO a aussi participé aux diverses missions interinstitutions envoyées par les Nations Unies sur le terrain en Iraq au cours des cinq dernières années. Par le moyen de ses Alertes spéciales et Rapports FAO/SMIAR, elle n'a cessé d'attirer l'attention de la communauté internationale sur la détérioration de la situation des approvisionnements et les conséquences dévastatrices des graves pénuries de vivres affligeant l'immense majorité de la population iraquienne.
Préoccupé par la grave situation nutritionnelle et sanitaire de la population iraquienne et par le risque d'une nouvelle dégradation de cette situation, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la Résolution N0 986 (1995) le 14 avril 1995. Cette Résolution a permis d'asseoir les bases d'un dialogue neuf entre le Gouvernement iraquien et l'ONU en vue de la reprise de ventes limitées de pétrole pour permettre l'importation de produits alimentaires, d'articles à usage sanitaire, de médicaments et autres nécessités fondamentales. Un Mémoire d'entente pour la mise en oeuvre de la résolution précitée a été signé par l'Iraq et l'ONU le 20 mai 1996.
La transaction "pétrole contre vivres", qui est susceptible de renouvellement, autorise la vente, dans certaines conditions, de 2 milliards de dollars E.-U. de pétrole sur une période de six mois pour que l'Iraq puisse disposer de numéraire pour l'achat de vivres, de médicaments et autres articles à usage humanitaire. La vente de pétrole et la distribution des articles à usage humanitaire seront conduites sous la stricte supervision de l'ONU qui prévoit la surveillance continue de tous les aspects de l'opération et un dispositif spécial pour la distribution de nourriture dans les trois gouvernorats septentrionaux d'Arbil, de Dihouk et de Suleimaniyeh. On estime que l'Iraq sera autorisé à vendre 750 000 à 800 000 barils de pétrole par jour. Toutefois, la quantité variera en fonction des cours internationaux du pétrole. Avant la guerre du Golfe, l'Iraq pompait normalement plus de 3 millions de barils par jour.
IRAQ - COUT ESTIME DES IMPORTATIONS ALIMENTAIRES POUR UN AN
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(milliers de tonnes) |
CIF Baghdad (dollars E.-U./ tonne) |
(millions dollars E.-U.) | |
| Farine de blé | 2 260 | 330 | 746 |
| Riz | 830 | 365 | 303 |
| Céréales sec. | 153 | 210 | 32 |
| Legumineuses | 70 | 750 | 53 |
| Huile végétale | 198 | 850 | 168 |
| Viande rouge | 133 | 2 500 | 333 |
| Viande de volaille. | 207 | 1 000 | 207 |
| Oeufs (millions) | 1 816 | 48 3/ | 242 |
| Lait | 223 | 2 100 | 468 |
| Thé | 62 | 1 706 | 106 |
| Sucre | 734 | 435 | 319 |
| Lait pour les enfants | 43 | 3 000 | 129 |
| Coût total des importations alimentaires | 3 106 | ||
La Résolution N0 986 du Conseil de sécurité de l'ONU impose des déductions substantielles du revenu de la vente de 2 milliards de dollars E.U. de pétrole pour des dommages de guerre, des programmes humanitaires dans les trois gouvernorats du nord et d'autres dépenses à la charge de l'ONU, y compris celles du financement de la Commission spéciale pour l'élimination des armes de destruction massive.
La mise en application de l'accord soulagera indubitablement les graves pénuries alimentaires présentes et améliorera quelque peu la situation nutritionnelle et sanitaire de la population éprouvée. Elle fera aussi renaître une certaine activité économique et elle devrait permettre de faire baisser les actuels prix exorbitants des vivres et de faire monter le dinar iraquien par rapport aux monnaies fortes. En admettant que l'accord soit renouvelé dans les mêmes conditions pour une période supplémentaire de six mois, le solde des fonds disponibles après les déductions susmentionnées pour couvrir pendant un an les besoins d'importation de tous les articles à usage humanitaire (vivres, médicaments, autres nécessités fondamentales, etc.) s'élèvera à environ 2 milliards de dollars E.-U. à comparer avec le montant estimatif de plus de 3 milliards de dollars E.-U. qui sera requis pour les seules importations alimentaires (voir tableau cidessous).