Rapport du Sommet mondial de l'alimentation13-17 Novembre 1996 |
ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE Rome, 1996 |
WFS 96/REP
Première partie
MESSAGE DE SA SAINTETE LE PAPE JEAN-PAUL II
RAPPORT DE LA COMMISSION DE VERIFICATION DES POUVOIRS
ANNEXES
I. Déclarations
II. Réserves, interprétations
III. Rapports sur les manifestations parallèles
IV. Pays et organisations participants
V. Liste des documents
VI. Déclarations de clôture
APPENDICE
La Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation sont joints au présent rapport.
1. Le Sommet mondial de l'alimentation a eu lieu au Siège de la FAO à Rome (Italie) du 13 au 17 novembre 1996, conformément à la Résolution 2/95 de la Conférence de la FAO du 31 octobre 1995. Pendant cette période, le Sommet a tenu neuf sessions plénières.
2. Immédiatement avant la cérémonie d'inauguration du Sommet, Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II a prononcé un message spécial devant l'assemblée. Le texte du message de Sa Sainteté figure à l'Annexe I.
3. M. Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, a souhaité la bienvenue aux délégués et observateurs, a transmis la reconnaissance des participants à Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II pour son message de foi et a exprimé sa gratitude à l'Italie pour la générosité dont elle a fait preuve en accueillant le Sommet.
4. S.E. M. Oscar Luigi Scalfaro, Président de la République italienne, a montré, dans sa déclaration, quelle était la portée du Sommet et souhaité la bienvenue en Italie à tous les participants réunis pour cet événement historique.
5. S.E. M. Boutros Boutros-Ghali, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, s'adressant au Sommet, a mis l'accent sur la continuité entre cet événement et d'autres conférences de haut niveau organisées par l'ONU.
6. Dans sa déclaration, M. Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, a souligné qu'il importait de prendre des mesures concrètes pour mettre en application les décisions et engagements du Sommet.
7. Le texte intégral des déclarations prononcées au cours de la séance inaugurale figure à l'Annexe I.
8. Le Sommet a été déclaré ouvert par le Directeur général de la FAO, qui a rappelé que dans sa Résolution 2/95, la Conférence de la FAO avait décidé que le Comité FAO de la sécurité alimentaire mondiale servirait de centre de liaison pour tous les aspects concernant la préparation du Sommet. Le Directeur général a indiqué que M. l'Ambassadeur Pedro Medrano Rojas, Président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, l'avait informé qu'après consultations avec les groupes régionaux, l'unanimité était faite sur la nomination de S.E. M. Romano Prodi, Président du Conseil des ministres de la République italienne, pour présider le Sommet. M. Prodi a été élu Président du Sommet par acclamation.
9. Après une brève allocution de bienvenue de M. Francesco Rutelli, Maire de Rome, S.E. M. Romano Prodi a pris la parole devant le Sommet. La déclaration de M. Prodi, ainsi que celle de M. Rutelli, figurent à l'Annexe I.
10. Le Sommet a adopté le Programme de travail figurant dans les documents WFS 96/1 et WFS 96/INF/4, et le Règlement intérieur publié sous la cote WFS 96/2.
11. Le Président a indiqué que l'élection des Vice-Présidents et la nomination des membres du Bureau seraient menées conjointement car, selon l'Article 8 du Règlement intérieur, le Bureau serait composé du Président et des six Vice-Présidents du Sommet. Le Président a fait savoir que, à l'issue des consultations qui ont eu lieu avant le Sommet entre les pays participants, un consensus s'était dégagé concernant les candidatures aux six postes de Vice-Président du Sommet. Le Président a proposé les candidatures ci-après:
12. Le Sommet a approuvé par acclamation les candidatures proposées par le Président.
13. Le Sommet a nommé le Président et les six Vice-Présidents élus membres du Bureau.
14. En outre, le Sommet est convenu que, compte tenu de la durée des séances du Sommet, les Vice-Présidents seraient autorisés à se faire remplacer par un membre de haut niveau de leur délégation respective pour présider l'une quelconque des séances ou partie de séance. Au cours du Sommet, les hauts responsables ci-après ont présidé des séances ou parties de séances du Sommet:
15. Le Président a fait savoir que, après consultations avec le Président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale et les groupes régionaux, il avait été convenu de proposer les candidatures ci-après aux postes de la Commission de vérification des pouvoirs:
16. Le Sommet a approuvé les propositions présentées par le Président et il a nommé les membres de la Commission de vérification des pouvoirs par acclamation.
17. Le Président a noté que, conformément à l'Article 3 du Règlement intérieur, la Commission élirait elle-même son Président.
18. Le Président du Sommet a indiqué que, en application de l'Article 4 du Règlement intérieur, en attendant le rapport de la Commission de vérification des pouvoirs, les représentants avaient le droit de participer au Sommet.
19. Le Président a remercié tous ceux qui ont contribué à dégager un consensus visant la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation. A cet égard, le Président a remercié les différents participants aux négociations, les groupes régionaux et le Directeur général de la FAO, M. Jacques Diouf.
20. Le Président a souligné le rôle joué par le Conseil de la FAO et son Président indépendant, S.E. M. José Ramón López Portillo, afin de faciliter les travaux du Comité de la sécurité alimentaire mondiale. Le Président indépendant du Conseil de la FAO, S.E. M. José Ramón López Portillo, a fait une déclaration devant le Sommet, dont le texte est reproduit à l'Annexe I du présent rapport.
21. Le Président a tenu à rendre hommage au Comité de la sécurité alimentaire mondiale pour son rôle dans l'élaboration de la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, et à son Président, M. l'Ambassadeur Pedro Medrano Rojas, pour le succès des négociations conduites sous sa direction.
22. Le Président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, M. l'Ambassadeur Pedro Medrano Rojas, a présenté la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation. Le texte de la déclaration de M. l'Ambassadeur figure à l'Annexe I du présent rapport.
23. Le Sommet a adopté par acclamation la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, publiés sous la cote WFS 96/3, et annexés au présent rapport.
24. Le Président a noté que, comme convenu par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale, toute délégation qui aurait des réserves à faire sur certains aspects des documents ou qui souhaiterait préciser son interprétation de ces textes devrait en informer le Secrétariat, de préférence par écrit, avant 13 heures le 16 novembre. Les réserves et/ou les interprétations reçues par le Secrétariat, telles qu'elles ont été distribuées au Sommet sous la cote WFS 96/INF/6, sont reproduites à l'Annexe II.
25. Le Président a déclaré ouvert le débat général, et a demandé au premier orateur inscrit de prendre la parole devant le Sommet.
26. Les chefs de délégation de 176 pays et de la Communauté européenne ont pris la parole devant le Sommet mondial de l'alimentation. En outre, des représentants d'un Etat observateur, de 19 organisations du système des Nations Unies, de 23 autres organisations intergouvernementales et de 13 rassemblements d'ONG ont prononcé des déclarations. Le Sommet a également reçu des rapports des manifestations qui se sont déroulées parallèlement au Sommet mondial de l'alimentation, à savoir le Forum des ONG, une réunion de parlementaires et le Forum international de la jeunesse (Annexe III). Quatre pays ont exercé leur droit de réponse conformément à l'Article 20 du Règlement intérieur du Sommet.*
27. Sur les 186 pays participants, 41 étaient représentés par le Chef de l'Etat, 15 par le deuxième personnage de l'Etat, 41 par le Chef du gouvernement et 15 par le deuxième personnage du gouvernement. Des représentants de haut niveau ont également participé au Sommet au nom des 74 autres pays. Une liste des pays et organisations ayant participé au Sommet mondial de l'alimentation figure à l'Annexe IV. Un document séparé (WFS 96/INF/1 Rev. 1) donne le nom de tous les membres des délégations des pays, des organisations membres et des observateurs.
28. A sa première réunion le 13 novembre 1996, la Commission de vérification des pouvoirs, constituée de sept pays, a élu Président l'Ambassadeur Fotis G. Poulides (Chypre).
29. La Commission de vérification des pouvoirs, au cours de ses quatre réunions, a examiné les pouvoirs de 182 délégations et les a reconnus valables. En outre, conformément à la décision de la Commission à sa réunion finale, le Président de la Commission de vérification des pouvoirs, agissant au nom de la Commission, a examiné et considéré valables trois pouvoirs supplémentaires. Au total, ce sont donc 185 pouvoirs qui ont été reconnus valables.
30. A sa première réunion, la Commission a examiné les pouvoirs des membres de la délégation de l'Afghanistan dirigée par "S.E. M. Burhanuddin Rabbani, Président de l'Etat islamique d'Afghanistan". La Commission, notant que la Commission de vérification des pouvoirs de l'Assemblée générale des Nations Unies avait décidé, à sa première réunion le 11 octobre 1996, de différer toute décision sur les pouvoirs des représentants de l'Afghanistan à l'Assemblée générale, a décidé d'en faire autant et de différer toute décision sur les pouvoirs de cette délégation. La Commission a noté que conformément à l'Article 4 du Règlement intérieur du Sommet, les représentants avaient le droit de participer provisoirement au Sommet en attendant le rapport de la Commission concernant leurs pouvoirs. La délégation de la République islamique du Pakistan a demandé au Secrétaire général du Sommet mondial de l'alimentation "de faire consigner dans le rapport ses réserves au sujet des pouvoirs de la délégation de l'Afghanistan, dirigée par M. Burhanuddin Rabbani, présent au Sommet mondial de l'alimentation".
31. Outre les documents énumérés dans le document WFS 96/INF/3 Rev. 1 (Annexe V), une série de trois volumes rassemblant les documents d'information technique et un volume contenant une synthèse de ces documents ont également été distribués à l'avance et étaient disponibles pendant le Sommet.
32. Le Sommet mondial de l'alimentation a conclu ses travaux et a été déclaré clos le 17 novembre 1996 à 12 h 15. Les déclarations de clôture du Directeur général et du Président du Sommet figurent à l'Annexe VI.
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* Les déclarations faites lors du Sommet, ainsi que toutes les déclarations présentées par écrit dans l'exercice du droit de réponse, seront reproduites en 1997 dans la deuxième partie du présent rapport. .
Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II
S.E. M. Oscar Luigi Scalfaro, Président de la République italienne
S.E. M. Boutros Boutros-Ghali, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies
M. Jacques Diouf, Directeur général de la FAO
M. Francesco Rutelli, Maire de Rome
S.E. M. José Ramón López Portillo, Président indépendant du Conseil de la FAO
S.E. M. Pedro Medrano Rojas, Président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale
Monsieur le Directeur général,
Monsieur le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
C'est avec une reconnaissance particulière que je réponds à votre délicate invitation à m'adresser aux délégations des cent quatre-vingt-quatorze pays qui participent au Sommet mondial sur l'alimentation. Je vous remercie pour votre accueil chaleureux. En partageant vos préoccupations, je tiens à reconnaître et à encourager vos efforts pour venir en aide à ceux qui, enfants, femmes, vieillards ou familles, souffrent de la faim ou ne peuvent se nourrir convenablement. Pour répondre de manière appropriée aux situations dramatiques que connaissent de nombreux pays, vous avez la responsabilité d'étudier les problèmes techniques et de proposer des solutions raisonnables.
Dans les analyses qui ont accompagné les travaux préparatoires à votre rencontre, il est rappelé que plus de huit cents millions de personnes souffrent encore de malnutrition et qu'il est souvent difficile de trouver immédiatement des solutions pour améliorer rapidement des situations aussi dramatiques. Cependant, nous devons les rechercher ensemble, pour qu'il n'y ait plus, côte à côte, des personnes affamées et d'autres qui vivent dans l'opulence, des personnes très pauvres et d'autres très riches, des personnes qui manquent du nécessaire et d'autres qui gaspillent largement. De tels contrastes entre la pauvreté et la richesse sont insupportables pour l'humanité.
Il appartient aux nations, à leurs dirigeants, à leurs acteurs économiques et à toutes les personnes de bonne volonté de rechercher toutes les possibilités de partager plus équitablement les ressources, qui ne manquent pas, et les biens de consommation; par ce partage, tous manifesteront ainsi leur sens fraternel. Il faut aussi "la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun: c'est-à-dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous" (Sollicitudo rei socialis, n.38). Dans cet esprit, il convient de changer les mentalités et les habitudes concernant les modes de vie et les rapports aux ressources et aux biens, ainsi que d'éduquer à l'attention au prochain et à ses besoins légitimes. Il est souhaitable que vos réflexions inspirent aussi des mesures concrètes qui constituent des moyens de lutter contre l'insécurité alimentaire dont sont victimes trop de nos frères en humanité, car, sur le plan mondial, rien ne changera si les responsables des nations ne prennent pas en compte les engagements inscrits dans votre plan d'action, pour réaliser des politiques économiques et alimentaires fondées non seulement sur le profit mais aussi sur le partage solidaire.
Comme vous l'avez constaté, les considérations démographiques ne sauraient, à elles seules, expliquer la distribution déficiente des ressources alimentaires. Il faut renoncer au sophisme qui consiste à affirmer qu'"être nombreux, c'est se condamner à être pauvres". Par ses interventions, l'homme peut modifier les situations et répondre aux besoins croissants. L'éducation assurée à tous, des équipements adaptés aux réalités locales, des politiques agricoles judicieuses, des circuits économiques équitables peuvent constituer autant de facteurs qui, à long terme, produiront des effets positifs. Une population nombreuse peut se révéler source de développement parce qu'elle implique des échanges et des demandes de biens. Cela ne veut évidemment pas dire que la croissance démographique puisse être illimitée. Chaque famille a en ce domaine des devoirs et des responsabilités propres, et les politiques démographiques des Etats doivent respecter la dignité de la nature humaine comme les droits fondamentaux des personnes. Mais il serait illusoire de croire qu'une stabilisation arbitraire de la population mondiale ou même sa diminution pourraient directement résoudre le problème de la faim: sans le travail des jeunes, sans l'apport de la recherche scientifique, sans la solidarité entre les peuples et entre les générations, les ressources agricoles et alimentaires deviendront vraisemblablement de moins en moins sûres, et les couches les plus pauvres des populations demeureront en dessous du seuil de pauvreté et exclues des circuits économiques.
Il convient aussi de reconnaître que les populations soumises à des conditions d'insécurité alimentaire y sont souvent contraintes par des situations politiques qui les empêchent de travailler et de produire normalement. On pense par exemple aux pays ravagés par des conflits de toutes sortes ou supportant le poids parfois étouffant d'une dette internationale, aux réfugiés forcés de quitter leurs terres et trop souvent laissés sans assistance, aux populations victimes d'embargos imposés sans discernement suffisant. Ce sont là des situations qui requièrent l'usage d'instruments pacifiques pour le règlement des controverses ou des différends qui peuvent survenir, comme le suggère du reste le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation (cf. n. 14).
Certes, je n'ignore pas que, parmi vos engagements les plus importants à long terme, figurent ceux qui concernent les formes d'investissement dans le secteur agricole et alimentaire. Une comparaison semble s'imposer ici avec les sommes employées pour l'armement ou les dépenses superflues habituellement pratiquées dans les pays les plus développés. Des choix s'imposent de façon urgente pour permettre, tant aux niveaux national et international qu'aux niveaux des différentes communautés et des familles, de dégager des moyens importants afin de garantir dans la plupart des pays la sécurité alimentaire, facteur de paix, qui ne consiste pas seulement à réaliser d'importantes réserves alimentaires mais surtout à donner à chacun et à chaque famille la possibilité de disposer à tout moment d'une nourriture suffisante.
Vous avez l'intention de prendre des engagements exigeants en ces domaines, spécialement dans leur dimension économique et politique. Vous voulez rechercher les mesures les plus adaptées pour favoriser la production agricole locale et la protection des terres agricoles, en préservant en même temps les ressources naturelles. Les propositions contenues dans le Plan d'action visent à ce que puissent être assurées, par des actions politiques et des dispositions législatives, une juste répartition de la propriété productive, la promotion de l'agir associatif et coopératif agricole ainsi qu'une protection de l'accès aux marchés, au bénéfice des populations paysannes. Vous avez aussi formulé des suggestions pour l'aide internationale aux pays les plus pauvres et pour une définition équitable des termes de l'échange et de l'accès au crédit. Tout cela serait certainement insuffisant si ne venaient s'y ajouter des efforts au service de l'éducation des personnes à la justice, à la solidarité et à l'amour de tout homme, qui est un frère. Les éléments contenus dans vos différents engagements pourront devenir des forces capables de vivifier les relations entre les peuples, par un échange constant, "véritable 'culture du don', qui devrait disposer chaque pays à répondre aux besoins des plus défavorisés", comme je le disais lors du Cinquantième Anniversaire de la FAO (Cf. Discours du 23 octobre 1995, n. 4). La sécurité alimentaire sera le fruit de décisions inspirées par une éthique de la solidarité et non seulement le résultat d'opérations d'entraide.
Dans la lettre Tertio millennio adveniente, écrite pour la préparation du Jubilé de l'an 2000, j'avais proposé des initiatives concrètes de solidarité internationale. J'ai cru devoir évoquer "une réduction importante, sinon (...) un effacement total de la dette internationale qui pèse sur le destin de nombreuses nations" (n. 51). La semaine dernière, en recevant l'Assemblée plénière du Conseil pontifical Justice et Paix, j'ai redit l'estime de l'Eglise pour quelques engagements pris par la communauté internationale. Je renouvelle ici mes encouragements pour que soit menées à leur terme les démarches entreprises. Pour sa part, l'Eglise est décidée à poursuivre ses efforts, afin d'éclairer ceux qui ont à prendre des décisions lourdes de conséquences. Dans son récent document La faim dans le monde, un défi pour tous: le développement solidaire, le Conseil pontifical Cor Unum a formulé quelques propositions destinées à favoriser une répartition plus équitable des ressources alimentaires, qui, grâce à Dieu et au travail de l'homme, ne manquent pas aujourd'hui ni ne manqueront demain. La bonne volonté et des politiques généreuses devraient stimuler l'ingéniosité des hommes, afin que les besoins vitaux de tous soient assurés, en vertu même de la destination universelle des ressources de la terre.
Excellences, Mesdames, Messieurs, vous l'avez compris, mes encouragements vous sont acquis et la présence d'une Mission d'Observation auprès des Organisations des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture devrait suffire à vous assurer de l'intérêt avec lequel le Saint-Siège suit vos travaux et vos efforts pour éliminer de la planète le spectre de la faim. Vous savez d'ailleurs combien les fils de l'Eglise catholique sont présents au sein de nombreuses organisations locales qui oeuvrent pour que les pays pauvres puissent améliorer leur production et découvrir par eux-mêmes, "dans la fidélité à leur génie propre, les moyens de leur progrès social et humain" (Paul VI, Populorum progressio, n. 64).
Il me plaît de rappeler que la devise de l'Organisation qui nous accueille est "Fiat panis" et qu'elle rejoint la prière la plus chère à tous les chrétiens, celle que leur a enseignée Jésus lui-même: "Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour": Travaillons donc ensemble, sans relâche, pour que chacun, en tout lieu, puisse déposer sur sa table le pain à partager. Que Dieu bénisse tous ceux qui le produisent et s'en nourrissent!
Mesdames et Messieurs les chefs de délégation,
Monsieur le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies,
Monsieur le Directeur général de la FAO,
J'aimerais, au nom du peuple italien et en mon nom personnel, vous souhaiter à tous la bienvenue et vous remercier d'être ici.
La présence d'un grand nombre de chefs d'Etat et de Gouvernement témoigne de l'importance de cette réunion convoquée à Rome.
Ces hommes politiques sont ici pour essayer de résoudre un problème humain gravissime qui est une grande injustice: certains disposent de moyens de subsistance suffisants et d'autres non. Les uns ont de quoi gaspiller et ne s'en privent pas, tandis que les autres meurent de faim, d'inanition.
A lui seul, ce terrible fossé nous rappelle que si cette réunion a une dimension politique, elle est avant tout affaire de conscience.
Les signataires de la Charte de San Francisco n'ignoraient pas que le texte portant création des Nations Unies ouvrait une ère nouvelle de l'histoire de l'humanité car, pour la première fois, les droits fondamentaux, inviolables de l'homme, les droits inhérents à la personne humaine, étaient reconnus dans le droit positif des peuples et des gens et devenaient ainsi le fondement essentiel et inaliénable des relations entre les Etats.
Aujourd'hui, donc, à ce premier Sommet des chefs d'Etat et de Gouvernement consacré au thème de la sécurité alimentaire, nous devons tous avoir conscience que l'objet de nos réflexions et, je l'espère, de notre engagement, est précisément la reconnaissance d'un droit naturel de la personne humaine que nous nous devons de protéger et de concrétiser pour qu'il ne reste pas lettre morte.
Il est intolérable qu'aujourd'hui encore, plus de 800 millions de personnes ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins alimentaires les plus essentiels.
Certes, cela est inacceptable pour nous, chefs d'Etat et de Gouvernement qui sommes les garants de la vie de la communauté internationale, mais plus encore sur le plan de la responsabilité morale, à laquelle nul ne saurait se dérober.
Nous devons répondre à l'appel de plus de 800 millions de personnes, hommes, femmes et enfants, qui souffrent et d'innocents qui meurent.
L'appel désespéré que lance une grande partie de l'humanité s'adresse non seulement aux gouvernements, mais encore à tous les partenaires de la société civile, à commencer par ceux qui disposent de moyens économiques et financiers importants, voire excessifs.
Nous avons déjà des témoignages réconfortants de solidarité.
Le Forum des organisations non gouvernementales réunit, parallèlement à ce Sommet, les forces qui, sur le terrain, dans de nombreuses régions du monde, oeuvrent et luttent chaque jour en faveur de la dignité humaine. Cette proximité n'est pas seulement symbolique, elle a un sens bien précis qui n'échappe à aucun d'entre nous.
Je tiens, en cette importante occasion, à remercier tout particulièrement les bénévoles du monde entier qui, avec générosité et en donnant le meilleur d'eux-mêmes, dans l'anonymat offrent chaque jour dans bien des pays un précieux témoignage de solidarité. Ils méritent toute notre gratitude, car leur intervention spontanée et multiple permet souvent de combler les lacunes laissées par les Etats, et en toutes circonstances, ils font preuve d'intelligence et de sensibilité pour répondre aux besoins des plus défavorisés.
Non seulement le Forum de la jeunesse, qui se réunit aussi ces jours-ci à Rome, nous place devant l'urgence de la situation actuelle, mais il nous rappelle encore à nos devoirs primordiaux et sacrés à l'égard des générations futures.
La sécurité alimentaire est un droit de la personne humaine, indissociable de bien d'autres droits fondamentaux qui sont les facettes de la dignité humaine: les droits à la liberté politique et économique, à l'intégrité physique et matérielle, à la famille et au logement, à l'emploi, à une véritable démocratie et surtout le droit à la paix, synthèse et prolongement de la reconnaissance réelle de tous ces droits.
La paix, aspiration suprême de tout être humain, de tout peuple, procède du respect de la vérité et de la justice. La faim n'est pas le seul ennemi, et une fois vaincue, elle ne saurait conférer à elle seule liberté et dignité à l'homme.
A cet égard, l'histoire des dernières décennies est riche d'enseignements pour chacun d'entre nous.
Mais l'actualité nous met en cause et nous accuse.
Interminable fleuve de réfugiés, des milliers et des milliers d'être humains comme nous, femmes, hommes, vieillards las de souffrir et enfants innocents qui, dans leur brève existence, n'ont connu que la guerre, la faim, la misère, le sang, essaient désespérément d'échapper à la mort.
Et nous, que faisons-nous ?
Attendons-nous que le massacre soit consommé, que les morts ne se comptent plus et qu'il ne reste que quelques rares survivants sans espoir pour rétablir la paix ?
Et ce faisant, nous oserions nous présenter comme des modèles de civilisation, de progrès, de liberté et de démocratie ?
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies, nous vous remercions de votre sensibilité mais nous avons le sentiment que le Conseil de sécurité n'a pas donné toute la mesure de la compassion, du sens de la justice et du devoir de civilisation que l'on était en droit d'attendre.
De cette tribune doit partir un cri de condamnation de ceux qui font du massacre un moyen de conquête, et un vigoureux appel pour que l'engagement d'une organisation internationale ne reste pas une démarche administrative sans suite.
Le refus de la violence doit engendrer des attitudes de fermeté, des prises de position conséquentes et des interventions de défense des plus vulnérables et des innocents, faute de quoi nous perdrions notre propre dignité.
Certains attendent-ils que les massacres les plus terribles soient consommés pour en tirer les conclusions au plan des intérêts économiques ?
Je ne pose pas ici une question rhétorique, mais une question à laquelle il faut répondre, et répondre, je l'espère, par la négative.
Tels sont le devoir, la responsabilité, l'engagement des Nations Unies.
Les Nations Unies sont au service de l'homme dans son entier, pour la satisfaction de toutes ses exigences, la protection de tous ses droits, la réponse à toutes ses attentes légitimes.
Car il ne saurait y avoir de paix si l'injustice vient harceler la conscience de l'homme intègre; la paix est impossible sans liberté, sans un respect total de tous les droits.
Dans cette vaste entreprise, l'Italie est aux côtés de tous les pays, de tous les hommes de bonne volonté.
Ce n'est pas un hasard si Rome a le privilège d'accueillir trois institutions des Nations Unies - la FAO, le Programme alimentaire mondial, le FIDA - qui, depuis des années, mobilisent avec ténacité et judicieusement des ressources humaines et matérielles pour faire disparaître la faim de la planète.
La gravité de la situation ne doit pas occulter les résultats positifs qui ont été obtenus.
Je rends un hommage particulier à la FAO, qui a su mobiliser les énergies et les enthousiasmes d'un grand nombre de secteurs des sociétés les plus développées, notamment dans les milieux scientifiques, pour relancer la "Révolution verte" de manière que tous aient rapidement accès à une alimentation équilibrée et sûre.
Je n'oublie pas les progrès considérables qui ont été réalisés, dans le domaine de l'éducation et de la formation technique et professionnelle de femmes et d'hommes qui étaient jusqu'alors à l'écart des progrès du monde moderne, pour la mise en valeur de toutes les ressources humaines et de toutes les capacités intellectuelles du tiers monde.
Ce Sommet est pour nous une grande occasion, ne la laissons pas passer !
Nous réussirons sans nul doute à faire des progrès décisifs pour que se concrétise la justice la plus élémentaire en faveur de ceux qui luttent pour survivre, mais à deux conditions:
1) que nous percevions ce devoir comme un acte d'amour qui témoigne de l'égalité absolue entre les hommes;
2) que nous luttions, pour cette manifestation de justice, tous ensemble dans un effort fraternel, comme nous y invite solennellement la Charte des droits de l'homme de 1948.
Je vous souhaite un bon travail, en vous rappelant que chacun de nous devra répondre de cet engagement difficile et urgent.
Très Saint-Père,
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur général,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Le Sommet mondial de l'alimentation qui s'ouvre aujourd'hui, à Rome, doit être pour la Communauté internationale dans son ensemble, l'occasion de réaffirmer l'impérieuse nécessité d'assurer une sécurité alimentaire convenable pour tous!
Et je voudrais donc, avant toute chose, féliciter le Directeur général de la FAO, Monsieur Jacques Diouf, d'avoir ainsi convié les Etats à de nouveaux efforts et à de nouvelles initiatives à travers la Déclaration de Rome et le Plan d'action auxquels est consacrée cette Conférence.
Je voudrais également remercier les autorités italiennes pour leur hospitalité et leur coopération. Depuis plus de cinquante ans, l'Italie accueille ici, à Rome, le siège de la FAO. Et Son Excellence le Président Oscar Luigi Scalfaro vient à l'instant, et de la façon la plus nette, de réaffirmer l'engagement de son pays dans la lutte contre la faim.
Je voudrais surtout exprimer ma profonde reconnaissance à Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II. Par sa présence et par ses paroles, il honore aujourd'hui, une fois encore, la famille des Nations Unies dans son ensemble.
Et il vient, par là même, nous rappeler que le problème de la faim n'est pas seulement une question économique, sociale ou politique, mais qu'il est aussi une question éthique et morale.
Car la faim est une atteinte directe non seulement à l'intégrité physique, mais aussi à la dignité même de la personne humaine! La faim est une insulte aux valeurs fondamentales de la Communauté internationale! Et nous avons bien conscience qu'une société se condamnerait à la honte et au discrédit si, à la fin du XXe siècle, continuaient à persister ce que Sa Sainteté a appelé si justement "les structures de la famine".
Or, nous le savons, beaucoup d'efforts restent à accomplir. Car le scandale de la faim persiste toujours.
Aujourd'hui encore, un individu sur cinq a faim!
Huit cent millions de personnes souffrent de sous-alimentation chronique!
Et 88 Etats, dont près de la moitié sont situés en Afrique subsaharienne, connaissent les affres de la famine endémique et de la malnutrition!
En ce moment même, 200 millions d'enfants de moins de cinq ans soufrent de malnutrition et de carences alimentaires!
Cela est inadmissible!
Il est totalement inacceptable de voir certaines parties du monde crouler sous l'abondance alimentaire, tandis que d'autres manquent des denrées de première nécessité.
Il est totalement insupportable de voir certains pays gaspiller la nourriture ou la détruire, tandis que d'autres ne peuvent pas subvenir aux besoins élémentaires de leurs enfants.
Car le problème de la faim n'est pas seulement un problème de production. Il est aussi un problème de répartition.
C'est dire qu'il choque profondément l'idée que nous nous faisons de l'égalité et de la justice sociale.
Je veux donc m'associer pleinement à l'initiative prise aujourd'hui par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.
Et je souhaite que ce Sommet mondial de l'alimentation soit l'occasion d'une nouvelle mobilisation générale contre la faim!
En attirant l'attention de tous sur les menaces que font peser la faim et la malnutrition sur des nations et sur des régions entières de la planète, le Sommet mondial élève clairement le problème de la faim au rang des grandes priorités présentes et à venir de la Communauté internationale.
C'est la raison pour laquelle les objectifs de ce Sommet de Rome s'inscrivent pleinement dans le cadre des grandes actions prospectives que mène l'Organisation mondiale, depuis 1992, sur le devenir économique et social de la planète.
Il est d'ailleurs frappant de constater que les Conférences des Nations Unies qui se sont tenues depuis cette date ont toutes, sans exception, et dans leur domaine de compétence, insisté sur l'urgence de porter remède à la famine et à la malnutrition.
Ainsi, en 1992, à Rio, la Conférence sur l'environnement et le développement a souligné la nécessité d'assurer la sécurité alimentaire à tous les niveaux, dans le cadre du développement durable prévu par l'Agenda 21.
L'année suivante, la Conférence mondiale sur les droits de l'homme, réunie à Vienne, a réaffirmé la nécessité de permettre à chacun de jouir d'un véritable droit à la nourriture.
En 1994, la Conférence internationale sur la population et le développement, qui s'est tenue au Caire, a mis l'accent sur les liens entre croissance démographique et production alimentaire, et sur la nécessité de répondre, de manière globale, aux besoins nutritionnels toujours grandissants des populations.
Le Sommet sur le développement social, réuni en mars 1995 à Copenhague, s'est, lui aussi, fortement engagé dans la lutte contre la faim en en faisant un élément essentiel de l'élimination de la pauvreté.
La Conférence de Beijing a, pour sa part, attiré à juste titre l'attention de la Communauté internationale sur le rôle fondamental des femmes dans la production alimentaire - en particulier en milieu rural - en rappelant que les femmes produisent plus de 55 % de la nourriture mondiale et plus de 80 % de celle du continent africain.
Tout récemment, la Conférence sur l'Habitat urbain, réunie à Istanbul, a montré l'importance d'établir des rapports équilibrés entre monde rural et milieu urbain, et a insisté sur le rôle des villes dans la bonne distribution des vivres et dans l'approvisionnement des populations en eau potable.
Le présent Sommet de Rome est donc, en quelque sorte, un point d'aboutissement de cette réflexion. Et il est juste que ce soit la FAO qui en ait pris l'initiative, elle qui a pour objectif essentiel, selon les termes mêmes de sa Charte constitutive, de "libérer l'humanité de la faim".
C'est dans cette perspective que je souhaite profondément que ce Sommet soit, pour nous, l'occasion d'amener la Communauté internationale à ériger la sécurité alimentaire en priorité absolue et à en tirer toutes les conséquences pour les actions à conduire dans l'avenir.
Nous le savons, depuis longtemps l'idée de sécurité alimentaire chemine dans les institutions internationales.
Dès 1948, la Déclaration universelle affirme "le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation".
Mais, c'est l'article 11 du Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qui, en 1966, affirmera de la façon la plus nette "le droit de toute personne d'être à l'abri de la faim". Ce droit à la nourriture revêt même un caractère de "droit fondamental". Il est le premier droit économique de la personne humaine!
Depuis qu'en 1973 la FAO a, pour la première fois, inscrit le concept de sécurité alimentaire dans l'ordre juridique international, nous avons franchi une nouvelle étape.
Car cela a permis, à l'échelle universelle, de définir des politiques alimentaires, de mettre en place des stratégies d'action, de présenter des plans à moyen terme, d'instaurer des mécanismes d'urgence et de crise.
Dans la même perspective, les organisations régionales, en Asie, en Amérique latine, en Afrique, ont imaginé des procédures et des modalités d'action. De réels progrès ont été accomplis. Et il n'est pas exagéré de dire que la sécurité alimentaire a progressé sur la planète.
Cela ne rend que plus scandaleuses les situations catastrophiques auxquelles nous sommes, aujourd'hui encore, confrontés, principalement sur le continent africain.
C'est la raison pour laquelle j'ai voulu, cette année, lancer l'Initiative spéciale du système des Nations Unies pour l'Afrique.
Cette Initiative, à laquelle participent la Banque mondiale et les grandes institutions des Nations Unies, a voulu souligner tout spécialement la nécessité de mieux assurer à long terme la sécurité alimentaire et la sécurité de l'approvisionnement en eau en Afrique. La FAO aura, dans ce cadre, à prendre toute sa place.
Mais, dans le même temps, nous sommes aussi confrontés à des situations d'extrême urgence.
Au moment même où se déroule ce Sommet, plus d'un million de réfugiés, affamés et apeurés, errent, sans secours, dans les montagnes et les forêts de l'Est du Zaïre.
Je voudrais donc, ici, lancer un appel solennel à la Communauté internationale pour secourir ces hommes, ces femmes et ces enfants qui ont tout perdu et qui sont condamnés à une mort certaine si l'on ne leur porte pas immédiatement assistance.
La Communauté internationale doit aider les réfugiés au Zaïre!
Nous avons besoin de la contribution de tous, les grandes puissances, les pays donateurs, les Etats africains, les institutions internationales, les organismes humanitaires! Il s'agit d'une urgence absolue, car chaque jour compte!
C'est par notre capacité à prendre en charge cette tragédie, de façon collective et concertée, que nous donnerons un sens réel à la sécurité alimentaire dans le monde!
Je vous remercie.
Monsieur le Président de la République italienne,
Mesdames, Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement,
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies,
Mesdames, Messieurs les Chefs de délégation,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Nous voici donc rassemblés dans cette cité éternelle de la latinité où depuis l'aube des temps de César, convergent tous les chemins des grandes mouvances pan-humaines.
Et ce n'est pas hasard si, comme jadis dans le forum de Trajan, les peuples du monde, unis par une commune volonté de solidarité, fraternisent aujourd'hui face aux ruines du Palatin nimbées de majesté impériale.
Notre rencontre se place donc sous les augures de l'Histoire, de l'Art, de la Philosophie et de la Culture qui sont l'essence de l'Humanisme.
On ne pourrait en effet saisir le sens profond du premier Sommet Mondial de l'Alimentation, si on le percevait seulement à travers le prisme déformant de la technique, de l'économique et de la politique.
Ce qui justifie le déplacement des plus hautes autorités de la Communauté Internationale:
C'est d'abord l'appartenance à un même genre humain, fait d'êtres égaux en droits et en obligations, où "n'importe quel homme est tous les hommes" pour reprendre les mots de l'écrivain argentin Jorge Luis Borges.
C'est ensuite que ces 5,7 milliards d'hommes et de femmes de tous les âges vivent maintenant, grâce aux progrès des communications, dans un village devenu planétaire.
C'est surtout parce que l'idéal platonicien de la "cité juste" est profondément ancré dans le coeur de tout être humain car selon l'enseignement de Confucius "l'homme de bien situe la justice au dessus du tout".
Ainsi donc la "Déclaration de Rome" soumise à votre sanction rappelle des principes universels qui reposent sur des fondements éthiques.
Elle réaffirme "le droit de chaque être humain d'avoir une nourriture saine et nutritive".
Elle estime "intolérable que plus de 800 millions de personnes dans le monde, et plus particulièrement dans les pays en développement n'aient pas une nourriture suffisant à leurs besoins nutritionnels essentiels".
Elle proclame "la volonté politique, l'engagement commun et national, de parvenir à la sécurité alimentaire pour tous ... et dans l'immédiat de réduire de moitié le nombre des personnes sous-alimentées d'ici 2015 au plus tard".
Elle précise aussi que "la nourriture ne doit pas être utilisée comme instrument de pression politique et économique".
Mais une éthique, qui ne s'appuie pas sur une "praxis", conduit au formalisme et à l'abstraction stériles de la Scolastique.
Aussi était-il indispensable que les principes moraux fussent complétés par un plan d'action concret.
C'est ainsi que furent négociés sept engagements pour permettre "l'accès physique et économique de tous à tout moment à une alimentation suffisante et adéquate".
Pour cela il faudra:
Ces décisions internationales, combien généreuses, risquent cependant dans quelques années, à l'heure des bilans, d'avoir le goût amer des attentes déçues si des mesures ne sont pas prises, d'ores et déjà, pour qu'elles se traduisent par des projets et des programmes au niveau national.
Car c'est au niveau national que se situe le centre de décision opérationnel. C'est là, et là seulement, que peuvent s'effectuer les changements qualitatifs et quantitatifs susceptibles de faire évoluer les indicateurs de la sécurité alimentaire dans le bon sens et de permettre le choix des voies de développement qui préservent les ressources naturelles déjà surexploitées et garantissent l'équité sociale dans la distribution des richesses générées par la croissance agricole.
C'est la raison pour laquelle l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture va collaborer avec les Etats Membres pour préparer le cadre approprié de cette action concrète. Elle a en outre commencé à jeter les bases de relations étroites, pour le succès de cette tâche colossale, avec ses partenaires du Système des Nations Unies et des Institutions financières internationales, des organismes bilatéraux et multilatéraux, ainsi que des Organisations non gouvernementales.
Le Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire, dans les 82 pays à revenu bas et à déficit vivrier, adopté par les Etats Membres pour être le centre de gravité de la lutte contre la pauvreté rurale est déjà opérationnel dans quinze pays. Il est prévu de l'étendre bientôt aux autres pays de ce groupe. Il doit permettre d'améliorer la productivité par des transferts appropriés de technologie et de sécuriser la production grâce à la collecte de l'eau et la petite irrigation réalisées dans le cadre de la participation populaire.
C'est un point d'ancrage concret de la mise en oeuvre, sur le terrain, des politiques d'accroissement des disponibilités dans les pays qui n'ont pas de ressources suffisantes, pour acquérir sur le marché international, les compléments nécessaires à la satisfaction de leurs besoins alimentaires.
Déjà, le soutien de plusieurs pays développés et la participation de pays en voie de développement avancés dans, le cadre de la coopération sud-sud, ont donné un nouvel essor et une plus grande amplitude à ce programme. Au fur et à mesure de l'augmentation des disponibilités financières, il dépassera progressivement les aspects participatifs de la production pour s'étendre aux questions techniques et socio-économiques du stockage, de la commercialisation, de la transformation, de la propriété des terres, de l'accès aux intrants et produits et enfin de l'emploi.
Le programme de lutte préventive contre les ravageurs et les maladies transfrontalières des animaux et des plantes et qui porte en priorité sur la lutte contre la peste bovine et le criquet pèlerin doit permettre de conserver le fruit de tant de labeur et de sueur des producteurs. Le programme de développement durable de l'Agenda 21 du Sommet de la Terre, constitue le dernier élément de la trilogie offensive stratégique pour renverser le cours du sort tragique des victimes de la faim, de la malnutrition et de la pauvreté.
Mais l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture devait s'améliorer et s'adapter à un nouvel environnement pour être à la hauteur de la confiance que les Etats Membres placent dans sa capacité à jouer un rôle moteur déterminant dans le seul combat qui mérite d'être livré, celui qui conduit à préserver la vie et à consolider les bases de la paix. C'est ce qu'elle fait depuis bientôt trois ans, avec l'aide de ses organes directeurs, en changeant ses priorités, ses structures et sa politique.
Un premier bilan de cet effort sera soumis pour avis dans quelques jours à des personnalités éminentes de différents horizons géographiques et culturels, en vue de sa transmission aux Etats membres. C'est donc une organisation revigorée et métamorphosée qui va, avec, votre concours, relever le défi de la sécurité alimentaire mondiale à l'aube d'un troisième millénaire qui si l'on n'y prend garde pourrait être celui des guerres de l'eau et de la nourriture.
Certes, l'on pourrait s'interroger sur les chances de succès de notre initiative dans un monde où les gouvernements semblent accepter, sans état d'âme particulier, que soit réduit le budget de l'Organisation du Système des Nations Unies à laquelle ils ont confié la tâche de venir en aide à plus de 800 millions de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition. Ce budget est pourtant inférieur au coût de 6 jours de nourriture pour chiens et chats dans 9 pays développés et représente moins de 5% des dépenses annuelles en produits amaigrissants effectuées par les habitants d'un seul pays développé, pour combattre l'excès de nourriture.
Sans doute aussi, les clairs-obscurs de l'égoïsme, du scepticisme et du cynisme festonnent parfois les chemins lumineux de l'espoir, mais les lueurs de la générosité, de la confiance et de la bonté finissent toujours par rejaillir dans la splendeur et la clarté radieuses des miracles de la conscience, dont l'essayiste français Alain disait dans ses propos "qu'elle oppose toujours ce qui devrait être à ce qui est".
Aussi c'est avec foi que, sous le bleu du firmament, nous scrutons l'horizon du futur, car nous partageons la certitude du philosophe allemand Kant qui dans la "Métaphysique des moeurs" a rappelé que "Tous les éloges de l'idéal de l'Humanité, considérée en sa perfection morale, ne sauraient perdre si peu que ce soit de leur réalité pratique, par le fait des exemples du contraire, montrant ce que les hommes sont actuellement, ce qu'ils ont été, ce qu'ils seront vraisemblablement".
Nous sommes en effet convaincus que deux ans et demi de préparation du Sommet et des documents techniques sur les facettes multiples de la problématique alimentaire, auront permis une meilleure information et une sensibilisation appropriée de l'opinion publique et des responsables politiques.
En outre le processus participatif a permis d'instaurer un dialogue entre les différents partenaires que sont:
Enfin toutes ces actions ont été largement couvertes par les médias qui, à travers des moyens puissants, ont permis de porter dans les foyers riches du monde le drame de la faim des pauvres.
C'est sur cette sensibilisation et cet éveil des consciences que se fonde notre conviction que les Etats riches vont finir par orienter leur assistance vers les actions préventives, pour limiter la gestion de crises coûteuses comme celle qui aujourd'hui hélas endeuille de nouveau la région des grands lacs d'Afrique, crises qui bien souvent auraient pu être évitées avec des programmes appropriés de développement.
Tant d'efforts ne peuvent pas ne pas avoir d'effet sur les attitudes et les comportements, sur la perception et la compréhension de l'ampleur du drame des sans-pain qui sont souvent sans voix.
Tant d'efforts ne peuvent pas ne pas provoquer un sursaut salutaire et salvateur au profit d'une vaste campagne mondiale pour assurer de "la nourriture à tous".
C'est pourquoi je voudrais d'abord vous rendre hommage, vous qui par votre présence avez montré que la détresse des déshérités et des groupes vulnérables, surtout les femmes et les enfants, méritaient le coût de votre déplacement et un peu de votre temps précieux.
Vous avez ainsi montré que "rien de ce qui est humain ne vous est étranger" et que la question de savoir comment nourrir 3 milliards de personnes supplémentaires en 2030 justifiait amplement un Sommet de Chefs d'Etat et de Gouvernement, pour la première fois en cinquante ans d'existence de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.
Je souhaiterais aussi remercier Sa Sainteté le Pape JeanPaul II pour son message de foi, si nécessaire à un moment où le marché et l'argent semblent être devenus les valeurs suprêmes de la présente génération.
Ma gratitude va également au Gouvernement italien qui n'a ménagé aucun effort, politique, diplomatique et matériel et dont la contribution a été déterminante pour le succès du Sommet.
Ma reconnaissance est sans doute infinie pour les multiples concours des Etats Membres et des différents partenaires au développement qui nous ont apporté soutien et encouragement dans des moments souvent difficiles.
Je souhaiterais aussi exprimer la fierté que j'éprouve d'être à la tête d'agents de la FAO qui, dans la discrétion et l'anonymat, ont oeuvré jour et nuit pour l'issue heureuse de cette entreprise. Sans leur compétence, leur efficacité, leur dévouement et leur abnégation, rien de tout ce dont vous êtes témoins aujourd'hui n'aurait été possible.
Mais je voudrais surtout dire combien est grande ma chance d'être entouré de la chaude affection de mon épouse et de mes enfants. Sans leur amour et leur patience, je n'aurais jamais eu la force et la sérénité indispensables pour relever le défi de l'organisation d'un Sommet mondial.
Enfin, à vous les Chefs de délégation, vous daignerez certainement me permettre de vous lancer un appel fervent pour que vous puissiez envisager, dès maintenant, des mesures pour traduire en actes, la profession de foi et les engagements de ce Sommet.
En approuvant la "Déclaration de Rome" et le Plan d'Action, deux semaines avant le Sommet, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale de la FAO vous a donné, pour la première fois dans l'histoire des Sommets du Système des Nations Unies, l'occasion de concentrer votre réflexion, non sur la recherche d'un consensus, mais sur l'identification des actions concrètes que chacun de vous entend mener pour que les engagements solennels pris devant la Communauté internationale, soient respectés.
Puisse ce Sommet mondial, sans doute le dernier du siècle et aussi du millénaire, vous donner l'occasion de faire renaître dans le coeur des peuples souffrants un peu de réconfort et beaucoup d'espérance.
Puissiez-vous, Hommes de pouvoir, infirmer les vues du philosophe allemand Goethe qui dans ses "Pensées" affirme que "l'homme d'action est toujours sans conscience, il n'y a de conscience que chez le contemplatif".
En donnant la preuve éclatante ici à Rome, dans ce berceau de l'une des plus brillantes civilisations humaines, que vous êtes des hommes de coeur, vous aurez démontré l'actualité des propos du philosophe grec Protagoras qui dans ces "Discours terrassants" disait que: "L'Homme est la mesure de toutes choses, mesure de l'être des choses qui sont, mesure du non être des choses qui ne sont pas".
Je vous remercie de votre aimable attention.
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation,
Monsieur le Secrétaire général de l'ONU,
Monsieur le Directeur général de la FAO,
Je tiens tout d'abord à remercier le Sommet de l'honneur qu'il me fait en me désignant à la Présidence de ses travaux. Je vous suis extrêmement reconnaissant de ce privilège et je me félicite que Rome ait été choisie pour accueillir la Conférence que j'ai le plaisir d'ouvrir aujourd'hui, et qui, je l'espère, méritera d'être qualifiée d'historique.
Je souhaite en premier lieu rappeler les grandes Conférences que les Nations Unies ont convoquées pendant les cinq dernières années afin de se pencher sur les grands problèmes du monde à l'aube du troisième millénaire: la Conférence sur l'environnement et le développement de Rio de Janeiro, la Conférence internationale sur la nutrition de Rome, la Conférence des droits de l'homme de Vienne, la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire, le Sommet mondial pour le développement social de Copenhague, la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Pékin, la Conférence sur les établissements humains: Habitat II d'Istanbul.
Le Sommet de l'alimentation de Rome est le dernier maillon de cette chaîne de dialogue. Un dialogue que les Nations Unies ont instauré dans l'esprit de leur mandat, de leur composition et de leur vocation universelle. Un dialogue qui doit permettre d'examiner les grands thèmes du progrès social, économique et humain des générations actuelles et à venir. Je remercie tout particulièrement la FAO de s'être chargée de la convocation et de l'organisation de cette Conférence. Je voudrais souligner que cette Organisation a une compétence particulière dans ce domaine et qu'elle est prête à prendre des responsabilités spéciales pour la mise en oeuvre des décisions que nous prendrons.
Il me semble que nous souhaitons tous que nos travaux débouchent sur des conclusions ambitieuses, ainsi que sur des engagements précis en vue de l'obtention de résultats durables. Les situations d'urgence que nous connaissons aujourd'hui sont dues à des problèmes qui vont perdurer. Je crois pouvoir en citer immédiatement un, qui frappe particulièrement ces jours-ci l'opinion publique mondiale: la détérioration dramatique de la situation dans la région des Grands Lacs, sur laquelle le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé l'attention de la communauté internationale il y a quelques jours et pour laquelle il a invité les pays membres à une action humanitaire. Je souhaite vivement que cette action soit lancée sans tarder et résolument, afin que l'on puisse soulager au plus vite les souffrances des populations touchées et je m'y emploierai activement.
La sécurité alimentaire est le pivot du développement durable que nous considérons tous comme un objectif prioritaire et incontournable de la communauté internationale. Ce problème est devenu de plus en plus complexe. Aujourd'hui, on ne peut plus l'évaluer et l'affronter hors d'un cadre global. Seule une approche holistique peut mettre en évidence des aspects multiples de la sécurité alimentaire. Cette complexité apparaît dans le Plan d'action que nous sommes appelés à définir: les engagements qui seront pris sur la base du Plan d'action devront en tenir dûment compte.
Nous avons tous à l'esprit les trois conditions fondamentales de ce que nous appelons la "sécurité alimentaire": disponibilité de la nourriture, stabilité de cette disponibilité, accès aux vivres. Nous devons et nous voulons agir sur ces trois conditions, d'où la nécessité d'une série d'actions.
D'abord, il faut s'efforcer de garantir et de développer la production agricole en respectant l'équilibre des écosystèmes. Cela suppose la mobilisation des ressources humaines, financières et scientifiques nécessaires.
Ensuite, il faut continuer à lutter contre la pauvreté. Cela suppose que l'on s'engage dans l'éducation et la formation, la mise en valeur du capital humain et en particulier du rôle de la femme, dans un contexte propre à garantir les droits de l'homme, la démocratie et un mode de gouvernement satisfaisant.
On peut donc affirmer, à mon sens, que la sécurité alimentaire est à la base non seulement de toute politique de développement, mais encore de n'importe quel programme d'équilibre social, de stabilité politique et en faveur d'une existence digne pour tous.
Je suis certain que l'intense activité que nous entreprenons aujourd'hui, aboutira à l'adoption d'un plan d'action à appliquer aux plans local, national, régional et mondial. A cet égard, nous comptons sur les réflexions et expériences que tous les pays et organismes représentés ici voudront bien nous communiquer. Le problème est complexe: la recherche des solutions passe par un très grand nombre d'opérateurs et chacun d'entre eux doit se charger de responsabilités précises. Le système des Nations Unies, et en particulier la FAO, traduiront en action concrète les mesures de coopération voulues. Celles-ci devront toutefois s'appuyer sur les politiques que les gouvernements adopteront au plan national. Chaque pays a en effet le droit et le devoir de définir les modalités de son propre développement et de créer les conditions d'une croissance économique et sociale ayant pour objectif le développement durable et la promotion de la personne humaine. C'est pourquoi les conclusions de ce Sommet serviront de référence lorsqu'on débattra des problèmes de portée mondiale. Je pense en particulier à la Conférence de l'Organisation mondiale du commerce qui se réunira en décembre à Singapour.
La contribution de la société civile dans son ensemble sera essentielle pour que l'on puisse mobiliser toutes les ressources publiques et privées nécessaires. A cet égard, j'aimerais rappeler avec une vive satisfaction la consultation de septembre dernier, qui réunissait dans le cadre des préparatifs du Sommet, face à la FAO, plus de 200 organisations non gouvernementales de plus de 70 pays. Je salue chaleureusement, au nom du Sommet, les organisations non gouvernementales qui tiennent à Rome pendant le Sommet un Forum d'une extrême importance.
Souvenons-nous du droit inaliénable de ne pas souffrir de la faim et de la malnutrition, solennellement proclamé ici même par la Conférence mondiale de l'alimentation de 1974. Rappelons et réaffirmons ce droit, au moment où nous nous fixons pour objectif de parvenir d'ici à l'an 2015 - c'est-à-dire dans une génération - à réduire de moitié le nombre des personnes sous-alimentées. Nous prenons solennellement cet engagement en vertu des devoirs que nous avons à l'égard des générations futures.
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général de l'ONU,
Monsieur le Directeur général de la FAO,
Illustres hôtes,
J'ai l'honneur, en qualité de maire de la ville, mais aussi à titre personnel, avec une vive et sincère émotion, de vous souhaiter la bienvenue au nom de Rome.
Rome s'enorgueillit d'être la ville siège de la FAO, institution spécialisée des Nations Unies chargée de l'alimentation dans le monde. Rome est honorée d'accueillir cette Conférence qui est suivie avec beaucoup d'attention et de confiance dans le monde.
Rome est heureuse d'avoir pu contribuer, dans la mesure de ses moyens, à créer un climat d'amitié et de collaboration avec le Sommet de la FAO et les autres manifestations parallèles de ces jours-ci.
Cette ville très ancienne a donné notamment naissance à deux termes qui ont marqué une grande partie de l'histoire et de la culture de l'homme. Ils concernent la terre et l'agriculture.
Mensura, la mesure et limes, la limite, nous rappellent à tous combien sont concrètes la délimitation de la terre et les pierres placées au bord des champs pour les borner.
Rappelons-nous le geste simple et solennel de Romulus qui, selon la tradition, fonda Rome il y a 2 749 ans en traçant à la charrue un sillon sur la colline qui se trouve au-dessus de la FAO.
Et je vais, peut-être maladroitement, vous demander à vous, représentants des gouvernements de la planète, d'être aussi directs et concrets dans vos travaux que nos ancêtres paysans.
Le "cautus mensor" décrit par le poète Ovide divisait la terre. Vous pouvez, ici à Rome, demander à tous les hommes de la planète de partager une responsabilité commune: celle du pain, de la vie, du développement, de l'autosuffisance alimentaire, de la remise, d'ici à l'an 2000, de la dette des pays les plus pauvres.
La pauvreté absolue est le scandale mondial de cette fin de millénaire, et la faim de tant de nos frères doit être éliminée de leur terre, et cela grâce à leurs terres.
Soyez les bienvenus à Rome.
Demain soir, avec nombre de nos concitoyens, nous défilerons du Capitole au Colisée, en passant par le Forum romain, en signe d'amitié et de confiance dans votre travail.
La ville de Rome vous tend la main, parce qu'elle sait que vous la tendez au monde. Je vous souhaite un bon travail et vous remercie.
Le Sommet qui s'ouvre aujourd'hui représente le dernier effort d'envergure du XXe siècle et le premier du XXIe siècle pour tenir l'ancienne promesse de la nourriture pour tous et la promesse nouvelle d'y parvenir durablement. Elle n'est donc pas le point culminant d'un processus, mais un nouveau départ grâce auquel la volonté politique qui se manifeste aujourd'hui au plus haut niveau le plus haut permettra de concevoir et d'implanter une stratégie de sécurité alimentaire qui donne de meilleurs résultats que par le passé.
Lorsque le Directeur général a proposé de tenir ce Sommet, le Conseil a pris les dispositions nécessaires pour convoquer les pays membres afin qu'ils appuient activement la proposition et que les préparatifs soient menés à bien en un temps record. L'ouverture et la participation démocratique ont exigé le concours actif d'institutions des Nations Unies et d'organisations non gouvernementales, d'instances universitaires et scientifiques, et d'entreprises privées.
Afin d'éviter les efforts inutiles et d'améliorer l'efficacité, on a tenu dûment compte des efforts parallèles d'autres conférences internationales récentes, et on a étudié les modalités de suivi et de rectification au plus haut niveau, au sein des instances nationales et régionales et du système des Nations Unies.
La préparation du Sommet a ainsi débouché sur un débat plus complexe, multidisciplinaire et à large participation qu'il faudra institutionnaliser pour offrir un cadre permanent de dialogue et un système de prise de décisions et de coordination des actions faisant intervenir toutes les instances, faute de quoi, nous nous exposons au risque de confrontations catastrophiques et notamment du recours à la violence et à l'oppression comme moyens de règlement des différends entre pays et peuples, la situation étant d'autant plus grave qu'aujourd'hui, la mondialisation de l'économie et l'interdépendance des problèmes sociaux et écologiques feraient que l'humanité tout entière serait menacée.
Toutes les instances sont appelées à unir leurs efforts pour soulager les souffrances des victimes de la faim et de la malnutrition. C'est pourquoi ce Sommet est consacré à la personne humaine et non pas seulement aux aliments, au problème éthique et moral que posent la faim et la malnutrition. Il est consacré à la vie, au droit à l'alimentation. Il ne s'agit pas seulement de produire et de distribuer davantage d'aliments, mais d'y parvenir durablement et de garantir l'accès des générations actuelles et futures à des aliments nutritifs et de qualité satisfaisante.
L'avenir de l'agriculture et de l'alimentation ne peut reposer sur des stratégies qui offrent toujours la même chose, même si c'est en plus grande quantité. Nous observons aujourd'hui les limites et les dangers de ces stratégies. Le défi consiste à mobiliser une agriculture fondée sur les intrants et orientée vers la production, vers une activité respectueuse de l'environnement et capable de répondre réellement aux besoins nutritionnels de tous. Aujourd'hui, une grande partie de ces besoins ne peut se traduire par une demande effective sur le marché, ni par des prix représentatifs.
Les plus pauvres n'ont pas les moyens d'exprimer leurs préférences. D'où l'énorme fossé entre les besoins et la demande effective. N'oublions pas que plus de la moitié de l'humanité a des revenus journaliers inférieurs à trois dollars E.-U. et que, selon certaines sources, 10 millions de personnes meurent chaque année de faim ou d'autres causes liées à la faim.
Cependant, comme en témoigne l'expérience cinquantenaire de la FAO, l'équation de la sécurité alimentaire ne saurait se réduire au problème de la production et de l'accès aux aliments. Elle est beaucoup plus complexe. En gros, elle repose sur des facteurs comme la croissance démographique, l'évolution des modes de consommation alimentaire, les méandres de l'inégalité, l'application de technologies appropriées, la participation des populations et de la femme au développement, la détérioration des ressources naturelles qui sont à la base de l'agriculture et de la pêche et la pollution et la détérioration de l'environnement. L'interdépendance de ces facteurs a des effets multiplicateurs qui peuvent porter une stratégie de sécurité alimentaire à la réussite ou à l'échec.
Depuis 50 ans, la FAO joue un rôle de premier plan dans la définition d'un cadre normatif et opérationnel de la communauté internationale dans sa lutte contre la faim et en faveur de la sécurité alimentaire. Cependant, l'impact de la FAO en soi est limité et son rôle est essentiellement celui d'un catalyseur. Son avantage réside donc dans les mécanismes amplificateurs de ses activités normatives, dans sa capacité de coordination et de coopération avec d'autres organismes des Nations Unies et d'autres opérateurs et dans le caractère exemplaire de ses opérations de terrain. Il réside également dans la crédibilité de la FAO en qualité de centre impartial, objectif, techniquement compétent, efficace et démocratique d'analyse et de décision. Ce sont des points forts que nous devrions renforcer grâce à la collaboration de tous au lieu de les affaiblir.
Je vous remercie, Monsieur le Président, de vos encouragements concernant le rôle du Conseil dans les préparatifs de ce Sommet. En qualité d'organe qui se substitue à la Conférence entre les sessions de celle-ci, le Conseil a pour fonction d'appliquer et de rendre opérationnelles les décisions de la Conférence et de la préparer pour de nouvelles décisions. En conséquence, le Conseil a supervisé et appuyé en permanence le mandat qui a été donné par le principal organe directeur au Comité de la sécurité alimentaire mondiale pour préparer le Sommet et les textes de la Déclaration de Rome et du Plan d'action qui vont maintenant être présentés et approuvés. Tout le processus préparatoire a été caractérisé par la bonne volonté et une diversité active dans le cadre de la proposition commune de maintenir à un niveau élevé le mandat et les objectifs de la FAO et de garantir la réussite de ce Sommet.
Monsieur le Président du Sommet mondial de l'alimentation, Président du Conseil des Ministres du Gouvernement italien,
Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement,
Monsieur le Secrétaire général de l'ONU,
Monsieur le Directeur général,
Monsieur le Président indépendant du Conseil de la FAO,
Honorables délégués,
Monsieur le Président, Messieurs les délégués, comme vous le savez, la Conférence de la FAO a décidé, par sa Résolution 2/95, lorsqu'elle a approuvé l'initiative du Directeur général de convoquer ce Sommet mondial, de charger le Comité de la sécurité alimentaire mondiale de coordonner tous les aspects touchant aux préparatifs du Sommet. Le Comité a été, en particulier, chargé de préparer la Déclaration de Rome et le Plan d'action que devront appliquer les gouvernements, les organisations internationales et tous les secteurs de la société civile pour progresser régulièrement vers la sécurité alimentaire mondiale.
Pour s'acquitter de son mandat, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale a mis en place un Groupe de travail intersessions, auquel ont activement participé non seulement les pays membres, mais encore des représentants des institutions du système des Nations Unies, des organismes non gouvernementaux, des établissements universitaires et du secteur privé.
De la même façon, le Groupe de travail intersessions et le Comité de la sécurité alimentaire mondiale ont bénéficié des apports des Conférences régionales de la FAO, qui se sont tenues en Asie et dans le Pacifique, en Afrique, au Proche-Orient, en Europe, en Amérique du Nord, et en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi que des travaux des comités nationaux créés dans chaque pays pour appuyer le processus préparatoire du Sommet.
A sa dernière réunion, qui a commencé le 23 septembre pour se terminer le 31 octobre dernier, après des négociations difficiles et complexes, le Comité a mis fin à ses travaux en approuvant à l'unanimité les textes de la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation qui vous sont présentés pour examen et adoption.
La Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale recueille un large consensus des pays sur des questions morales et politiques de la plus haute importance pour l'avenir de l'humanité. Ainsi, elle réaffirme le droit de tout un chacun à avoir l'accès à des aliments sains et nutritifs, conformément au droit à une alimentation appropriée et au droit fondamental de toute personne à ne pas souffrir de la faim. De la même manière, la Déclaration fait ressortir la volonté politique d'éradiquer la faim, ainsi que l'importance d'un environnement politique, social et économique pacifique, stable et propice, de la démocratie, de la promotion et de la protection de tous les droits et libertés fondamentaux de l'homme, du droit au développement et de la participation pleine et équitable des hommes et des femmes, éléments fondamentaux pour parvenir à la sécurité alimentaire durable pour tous.
Quant au Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, il est l'aboutissement des engagements, objectifs et moyens des pays dans différents domaines pour parvenir à la sécurité alimentaire, aux niveaux individuel, familial, national, régional et mondial. Ce Plan d'action, qui tire les enseignements des conférences internationales et des sommets antérieurs et tient compte de la réalité actuelle et des exigences à venir, définit le concept de la sécurité alimentaire, crée les instruments et mécanismes nécessaires à son exécution, fixe des objectifs et des échéances donnés pour la réduction de la malnutrition et mentionne expressément la participation à la fois des gouvernements et des acteurs de la société civile comme condition de sa réalisation concrète.
Monsieur le Président, Messieurs les délégués, la mise au point définitive de ces textes n'a été possible que grâce au dévouement et à la volonté de s'engager pour parvenir à des accords, de tous les membres du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, qui ont travaillé d'arrache-pied et avec abnégation pendant de longues journées. Je peux vous assurer que tous les membres du Comité, sans exception, ont toujours mis au premier plan l'obtention de consensus, bien qu'il s'agisse de questions très délicates, car ils se rendaient bien compte que les centaines de millions d'êtres humains qui, aujourd'hui, dans le monde, ne disposent pas d'aliments nécessaires pour mener une vie saine et digne, seraient les premiers à bénéficier des résultats positifs de ce Sommet.
Au nom du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, je remercie très sincèrement tous les membres de celui-ci. Je souhaite également remercier Monsieur le Directeur général de la FAO et tout le personnel de cette Organisation de l'appui efficace qu'ils ont fourni aux activités du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, grâce auquel nous avons pu terminer notre travail deux semaines avant le début du Sommet. Je remercie aussi M. José Ramón López Portillo, Président indépendant du Conseil, qui a facilité les activités et le travail de notre Comité.
Enfin, je suis tout particulièrement reconnaissant aux membres du Bureau d'avoir été à mes côtés pendant tout ce processus, et d'avoir donné le meilleur d'eux-mêmes pour mener à bien la tâche qui nous avait été confiée par la Conférence de la FAO.
Monsieur le President,
J'ai donc l'immense honneur de présenter par votre entremise à Messieurs les délégués du Sommet mondial de l'alimentation la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation pour examen et adoption.
Je vous remercie.
Mission permanente du
Royaume d'Arabie saoudite auprès de la FAO
Nous nous référons au document WFS 96/3 contenant la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation. Je voudrais porter à votre connaissance les réserves du Royaume d'Arabie saoudite concernant l'alinéa c) du paragraphe 15, l'alinéa a) du paragraphe 16 et l'alinéa a) du paragraphe 22 du document susmentionné, étant donné que le Royaume d'Arabie saoudite n'a pas participé aux conférences mentionnées dans lesdits paragraphes. Le Royaume d'Arabie saoudite voudrait également confirmer ses réserves concernant toutes les dispositions de ce document qui sont en contradiction avec les règles de la Charia.
En outre, le Royaume d'Arabie saoudite avait exprimé des réserves lors de la vingt-troisième Conférence régionale de la FAO pour le Proche-Orient tenue à Rabat en 1996, estimant que chaque Etat devait être libre d'adopter les mesures qu'il juge appropriées pour mettre en oeuvre les engagements contenus dans la Déclaration et le Plan d'action du Sommet; nous notons que ces remarques ont été également faites lors de la réunion du groupe pour le Proche-Orient et des sessions du Comité de la sécurité alimentaire mondiale qui ont précédé la tenue du Sommet.
Veuillez agréer, Madame, l'expression de ma haute considération.
Dr Ahmad Suleiman Al-Aquil
Représentant permanent auprès de
l'Organisation des Nations Unies
pour l'alimentation et l'agriculture
DECLARATION INTERPRETATIVE
La République argentine formule la déclaration interprétative suivante:
1. La stabilisation de la population mondiale ne doit pas être obtenue par des mesures gouvernementales ou des décisions émanant d'organismes ou d'institutions supranationaux, qui s'opposent à la liberté de décision des individus et des familles ou aux valeurs religieuses, éthiques et culturelles des communautés locales.
2. La planification de la famille doit se faire dans un contexte de liberté de décision et de respect des droits des conjoints, sans interférence des Etats.
3. La croissance démographique n'est pas nécessairement une conséquence du sous-développement, ni la cause de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire. Les politiques favorisant la sécurité alimentaire doivent être fondées sur l'éducation et la valorisation de l'être humain et, surtout, sur la justice sociale, tant au niveau local qu'international.
RESERVE
La République argentine, obéissant aux impératifs de son système constitutionnel et juridique national, comme reconnu au paragraphe 12 du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, et s'inspirant du principe universel du respect du droit à la vie, formule la réserve suivante:
Les services d'hygiène de la reproduction devront être fournis en respectant la liberté de décision des personnes, et leurs valeurs religieuses, éthiques et culturelles. La République argentine réaffirme le principe de la responsabilité fondamentale des parents pour les questions relatives à l'éducation et à la santé de leurs enfants mineurs, comme prévu dans la Convention internationale relative aux droits de l'enfant. Les services d'hygiène de la reproduction ne doivent en aucun cas comprendre l'avortement, par voie chirurgicale ou chimique, pas même comme méthode de contrôle des naissances.
Carlos Ruckauf
Vice-Président de l'Argentine
Délégation du Burundi
Réserve de la République du Burundi sur la formulation du 3e paragraphe, page 2 de la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale
Tout en acceptant le principe que la nourriture ne doit pas être utilisée comme un instrument de pression politique et économique, le Burundi estime que le terme "s'abstenir" utilisé dans ce paragraphe traduit un euphémisme face aux situations dramatiques engendrées par l'embargo. Partant ce terme devrait être remplacé par le terme supprimer, ainsi le paragraphe serait libellé comme suit:
"La nourriture ne doit pas être utilisée comme un instrument politique et économique. Nous réaffirmons l'importance de la coopération et de la solidarité internationales, ainsi que la nécessité de supprimer toutes mesures unilatérales qui ne sont conformes ni au droit international ni à la Charte des Nations Unies et qui mettent en danger la sécurité alimentaire.
Ntiranyibagira Damas
Le Ministre de l'agriculture
et de l'élevage
Ambassade des
Emirats arabes unis
Rome
L'Ambassade des Emirats arabes unis à Rome présente ses compliments à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et tient à soumettre à l'Organisation les réserves et déclarations interprétatives ci-après concernant la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, qui ont été faites par la délégation des Emirats arabes unis au Sommet.
L'Ambassade des Emirats arabes unis tient à préciser que son engagement à l'égard des politiques en matière de population, des services d'hygiène de la reproduction et des services de planification de la famille est subordonné à leur compatibilité avec la Charia islamique, les coutumes et traditions de la société des Emirats arabes unis et la constitution de l'Etat.
Le Gouvernement des Emirats arabes unis, conformément à sa constitution et à sa législation, confirme que la vie est sacrée et n'appartient qu'au Créateur et que chaque personne a le droit à la vie; il s'agit là d'un droit fondamental et inaliénable, qui prend effet dès la conception.
L'Ambassade des Emirats arabes unis tient donc à préciser qu'à son avis, les expressions "politiques et programmes appropriés en matière de population et services de planification de la famille" (paragraphe 15 - c) et "services d'hygiène de la reproduction" (paragraphe 22 - a) excluent le recours à l'avortement.
Elle est également convaincue que ces questions controversées n'auraient pas dû trouver place dans les débats sur un document concernant la sécurité alimentaire, et qu'elles ont accaparé une partie du temps et de l'attention qui devaient aller à l'objet principal de ce Sommet - de la nourriture pour tous.
L'Ambassade des Emirats arabes unis note avec grave préoccupation qu'une invitation à stabiliser rapidement la population mondiale (p. 1-2) et à adopter des programmes en matière de population figure dans ce document sur la sécurité alimentaire. Dans la pratique, nombre de programmes en matière de population sont coercitifs et mènent à de graves violations des droits de l'homme. Tout comme une personne ne peut jamais être obligée à accepter la stérilisation, le contrôle des naissances ou l'avortement en échange de nourriture, aucun programme international d'assistance alimentaire ne doit être subordonné à l'application de programmes en matière de population par les gouvernements ou institutions.
L'Ambassade des Emirats arabes unis tient également à préciser que chaque fois qu'une conférence précédente des Nations Unies est mentionnée dans ce document, cette référence porte sur le rapport de la Conférence, qui comprend les réserves et déclarations interprétatives.
L'Ambassade voudrait souligner que l'application des recommandations contenues dans cette Déclaration sur la sécurité alimentaire mondiale et dans le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation relève du droit souverain de chaque pays, conformément à sa législation nationale et à ses priorités de développement, dans le plein respect des diverses valeurs religieuses et éthiques et de l'identité culturelle de sa population, et conformément aux droits internationaux de l'homme reconnus universellement.
L'Ambassade des Emirats arabes unis saisit l'occasion pour renouveler à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture l'assurance de sa haute considération.
DECLARATIONS INTERPRETATIVES DU GOUVERNEMENT DES ETATS-UNIS D'AMERIQUE, A CONSIGNER DANS LE RAPPORT
I. DECLARATION DE ROME SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE MONDIALE
Premier paragraphe
Les Etats-Unis d'Amérique, qui se sont joints au consensus pour ce paragraphe et d'autres paragraphes similaires de la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, estiment que ceux-ci n'impliquent aucune modification de l'état actuel du droit international, classique ou coutumier, concernant le droit à la nourriture. Les Etats-Unis estiment que le "droit à une nourriture adéquate" ou le "droit fondamental d'être à l'abri de la faim" est un but ou une aspiration à réaliser progressivement, ne crée pas d'obligations internationales supplémentaires et ne diminue en rien les responsabilités des gouvernements nationaux à l'égard de leurs ressortissants.
Les Etats-Unis comprennent et acceptent les clauses relatives au "droit de chaque être humain d'avoir accès à une nourriture saine et nutritive" comme faisant partie intégrale du droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé et son bien-être, comme énoncé dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui englobe aussi l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux et les services sociaux nécessaires.
Quatrième paragraphe
Selon les Etats-Unis, le "droit au développement" mentionné dans ce paragraphe et dans d'autres passages de la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et dans le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation désigne un droit inhérent de l'individu, qui fait partie intégrante des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Le manque de développement ne peut en aucun cas être invoqué pour justifier une réduction des droits de l'homme reconnus sur le plan international.
Septième paragraphe
D'après les Etats-Unis, les phrases de ce paragraphe sont directement liées entre elles et doivent être lues ensemble, c'est-à-dire que toutes les mesures prises par un Etat qui affectent la sécurité alimentaire doivent être compatibles avec la Charte des Nations Unies et le droit international.
Dixième paragraphe
Selon les Etats-Unis, ce paragraphe décrit les mesures que les Etats comptent prendre individuellement, dans le cadre de leurs propres politiques nationales, ou, le cas échéant, collectivement afin d'atteindre les objectifs indiqués.
II. PLAN D'ACTION DU SOMMET MONDIAL DE L'ALIMENTATION
Paragraphe 12
Selon les Etats-Unis, ce paragraphe demande à ce que des mesures soient prises par les gouvernements pour mettre en oeuvre le Plan d'action, dans le cadre des lois et politiques nationales et le respect de tous les droits de l'homme et des libertés fondamentales. Les diverses valeurs religieuses et éthiques, identités culturelles et convictions philosophiques ne doivent en rien limiter le plein respect de tous les droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Paragraphe 53
S'agissant de l'alinéa e), les Etats-Unis font remarquer qu'ils ne figurent pas parmi les pays qui ont accepté de fixer un objectif chiffré pour l'aide publique au développement. Les Etats-Unis continueront à fournir une aide de qualité, au cas par cas, selon qu'il conviendra.
Paragraphe 61
Selon les Etats-Unis, l'invitation à prendre des mesures en vertu de traités particuliers ne s'applique qu'aux Etats qui ont adhéré à ces traités. En outre, toute invitation à prendre des mesures spécifiques doit se maintenir dans le cadre des mandats des organisations ou organes concernés. Selon l'interprétation des Etats-Unis, ce paragraphe ne propose pas la mise au point d'un traité, accord international ou code de conduite concernant la sécurité alimentaire.
S'agissant de l'alinéa e), les Etats-Unis estiment que l'expression "lignes directrices facultatives" désigne les programmes facultatifs qui sont mis en oeuvre au niveau national pour éviter toute ingérence des gouvernements dans la possibilité effective de leurs ressortissants de se procurer des aliments sains et nutritifs, action qui peut être complétée par d'autres mesures facultatives telles que les directives fournies par les donateurs pour l'aide alimentaire humanitaire.
IRAN, REPUBLIQUE ISLAMIQUE D'
REPUBLIQUE ISLAMIQUE D'IRAN
MISSION PERMANENTE AUPRES DE LA FAO
AU NOM DE DIEU
Monsieur le Directeur général,
La délégation de la République islamique d'Iran tient à préciser par écrit que la République islamique d'Iran affirme sa volonté d'appliquer la Déclaration de Rome et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, dans le plein respect de l'Islam et des valeurs éthiques de la société.
M. Saeed Nouri-Naeeni
Ambassadeur, Représentant permanent
Son Excellence le Président du Sommet mondial de l'alimentation
Son Excellence le Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
La délégation de la République d'Iraq voudrait vous communiquer ses réserves concernant le libellé de l'alinéa c) du paragraphe 33 du Plan d'action soumis au Sommet mondial de l'alimentation, et demande à ce que le texte soit amendé comme suit:
"Mettront au point des politiques et des plans appropriés aux niveaux national et régional, là où existent les conditions voulues pour une coopération régionale concernant les eaux nationales et internationales, et compte tenu des droits établis des Etats concernant les eaux internationales, conformément aux principes du droit international et aux techniques de gestion de l'eau, encourageront une amélioration de l'irrigation rationnelle aux plans économique et écologique, en particulier de l'irrigation naturelle, assureront la durabilité de l'agriculture pluviale en vue d'accroître l'intensité des cultures et de réduire l'impact des sécheresses et des inondations sur la production alimentaire et remettront en état les ressources naturelles, tout en préservant la qualité et la disponibilité de l'eau à d'autres fins, en particulier pour la consommation humaine.
Taha Mohyeddin Ma'arouf
Vice-Président de la République d'Iraq
La République libanaise
Ministère de l'agriculture
Monsieur le Président du Sommet mondial de l'alimentation
Monsieur le Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
La délégation du Liban au Sommet mondial de l'alimentation (SMA) exprime des réserves quant au libellé de l'alinéa c) du paragraphe 33 du Plan d'action adopté par le SMA le 13 novembre 1996. La délégation du Liban demande à ce que le texte du paragraphe susmentionné soit modifié comme suit:
"Mettront au point des plans et politiques aux niveaux national et régional qui encouragent une coopération appropriée avec les Etats concernés pour ce qui est des eaux nationales, tout en préservant les droits établis des Etats concernant les eaux internationales, conformément aux règles du droit international et aux techniques de gestion de l'eau; encourageront une amélioration de l'irrigation rationnelle aux plans économique, social et écologique, en particulier de la petite irrigation, et l'intensification durable de l'agriculture pluviale, en vue d'accroître l'intensité des cultures et de réduire l'impact des sécheresses et des inondations sur la production alimentaire ainsi que de remettre en état les ressources naturelles, tout en préservant la qualité et la disponibilité de l'eau à d'autres fins, en particulier pour la consommation humaine."
Nous espérons qu'il vous sera possible de donner suite à cette demande d'amendement, pour nous vitale.
Veuillez accepter, Messieurs, l'expression de ma haute considération.
Shawaki Fakhoury
Ministre de l'agriculture de
la République libanaise
Mission permanente de
la Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste auprès
des organismes des Nations Unies à Rome
La Jamahiriya arabe libyenne tient à faire les observations ci-après concernant la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, en espérant que ces observations seront reflétées dans le rapport final du Sommet.
I - La Jamahiriya arabe libyenne se réserve le droit d'interpréter le concept de "politiques en matière de population", chaque fois que celui-ci apparaît dans la Déclaration et le Plan d'action, comme étant conforme à la Charia et à nos valeurs religieuses ainsi qu'à nos lois nationales, traditions sociales, patrimoine et héritage culturel.
II - La Jamahiriya condamne le terrorisme sous toutes ses formes et pense comme le reste de la communauté internationale qu'il faut lutter contre le terrorisme. Nous tenons toutefois à préciser que selon notre interprétation, le concept de "terrorisme", chaque fois qu'il est employé dans la Déclaration et le Plan d'action, renvoie à la Résolution 51/46 de l'Assemblée générale des Nations Unies, qui établit une distinction entre terrorisme et droit des nations à l'autodétermination et à la lutte de libération.
Représentant adjoint
Délégation de Malte
Sommet mondial de l'alimentation
RESERVE
La délégation de Malte s'est jointe au consensus qui s'est dégagé à propos du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, mais tient à réserver sa position concernant l'expression "hygiène de la reproduction" figurant à l'alinéa a) du paragraphe 22 du Plan d'action. Malte donne à cette expression une interprétation conforme à sa législation nationale, selon laquelle l'interruption de grossesse par avortement est illégale. Nous tenons à rappeler qu'au cours des préparatifs du Sommet mondial de l'alimentation, Malte avait clairement exprimé son objection concernant l'emploi de ce terme.
La délégation de Malte demande à ce que sa réserve soit incluse dans le document final du Sommet mondial de l'alimentation.
Francis Montanaro Mifsud
Ambassadeur
Représentation permanente de la
République fédérale du Nigéria auprès de la FAO
Délégation du Nigéria
au Sommet mondial de l'alimentation
La délégation du Nigéria présente les réserves et déclarations interprétatives suivantes concernant la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation.
Nous demandons que cette déclaration soit pleinement reflétée dans le rapport final de la Conférence.
"Nous sommes fermement opposés à l'emploi des expressions "politiques et programmes appropriés en matière de population et services de planification de la famille" [alinéa c) du paragraphe 15] et "services d'hygiène de la reproduction" [alinéa a) du paragraphe 22] lorsque le recours à l'avortement n'est pas spécifiquement exclu de ces programmes et services.
Selon l'interprétation de la délégation du Nigéria, ces termes excluent l'avortement ou l'interruption de grossesse.
Au nom d'Allah le Bienveillant et le Miséricordieux
Son Excellence le Secrétaire général du Sommet
La délégation du Qatar voudrait exprimer des réserves concernant toutes les dispositions de la Déclaration de Rome et du Plan d'action du Sommet qui sont en conflit avec les règles de la Charia.
I - Quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Beijing, 1995)
a) page 12, objectif 1-3
II - Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995)
a) objectif 2-1, page 13
III - Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 1994)
a) objectif 2-4, page 15
Veuillez agréer, Excellence, l'expression de ma haute considération.
Représentant du Qatar auprès
des organisations internationales
et arabes s'occupant d'agriculture
RESERVES ET DECLARATION INTERPRETATIVE
Le Saint-Siège se joint au consensus qui s'est dégagé à propos des documents définitifs adoptés par le Sommet mondial de l'alimentation (Rome, 13-17 novembre 1996) conformément à sa nature et sa mission, et, se référant au paragraphe 12 du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, il tient à préciser son interprétation de certains concepts et termes utilisés dans lesdits documents.
1. Le Saint-Siège réitère ses réserves concernant l'interprétation à donner à l'expression "services d'hygiène de la reproduction" figurant dans le rapport de la Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 5-13 septembre 1994).
2. Le Saint-Siège réaffirme que la stabilisation de la population mondiale ne doit pas être obtenue par des mesures nationales ou internationales qui vont à l'encontre du droit de décision des conjoints en matière de procréation et d'espacement des naissances.
3. Concernant les expressions "planification de la famille" et "services de planification de la famille", le consensus auquel se rallie le SaintSiège ne doit en aucun cas être interprété comme constituant un changement par rapport à sa position bien connue concernant les méthodes de planification de la famille que l'Eglise catholique juge moralement inacceptables, ou concernant les services de planification de la famille qui ne respectent pas la liberté de décision des époux, la dignité humaine ou les droits de l'être humain.
4. Le Saint-Siège donne au terme anglais "gender" utilisé dans ces documents le sens indiqué dans sa déclaration interprétative incorporée dans le rapport de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Beijing, 415 septembre 1995).
5. Concernant toutes les références aux accords internationaux, déclarations, résolutions et instruments mentionnés dans les documents du Sommet, le Saint-Siège réserve sa position de façon cohérente, en fonction de son acceptation ou non-acceptation officielle desdits textes, des expressions qui s'y trouvent et de leurs mécanismes ou procédures de contrôle, et de toute réserve alors exprimée.
6. Le Saint-Siège demande à ce que ces réserves et cette déclaration interprétative soient reproduites intégralement dans le rapport final du Sommet mondial de l'alimentation.
Au nom d'Allah le Bienveillant et le Miséricordieux
La délégation du Soudan tient à ce qu'il soit pris acte de son interprétation des paragraphes ci-après de la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation:
I Selon la délégation du Soudan, la référence à une "stabilisation rapide de la population mondiale" contenue au paragraphe 5 de la Déclaration, exclut l'avortement ou la stérilisation et la délégation estime que la répression ou la coercition ne sont pas des moyens d'y parvenir.
II Concernant les références aux "politiques et programmes appropriés en matière de population", aux "services de planification de la famille" et aux "services d'hygiène de la reproduction" visés respectivement au paragraphe 15 - objectif 1-2 c) et au paragraphe 22 - objectif 2-4 A), l'interprétation de la délégation du Soudan est qu'il n'y a là aucune allusion explicite ou implicite à l'avortement comme moyen de parvenir à ces fins.
III La délégation du Soudan tient à réaffirmer son interprétation des références faites, dans la Déclaration et le Plan d'action du Sommet, aux conférences internationales convoquées sous les auspices des Nations Unies: celles-ci doivent être accompagnées d'une référence précise aux rapports contenant les déclarations, programmes et plans d'action de ces conférences, ainsi que des réserves émises par leurs Etats et des interprétations qu'ils ont données de ces textes.
Dr Nafie Ali Nafie
Ministre de l'agriculture et des forêts
Membre de la délégation du Soudan au
Sommet mondial de l'alimentation
Son Excellence le Président du
Sommet mondial de l'alimentation
Son Excellence le Directeur général de
l'Organisation des Nations Unies
pour l'alimentation et l'agriculture
La délégation de la République arabe syrienne émet des réserves concernant l'alinéa c) du paragraphe 33 du Plan d'action soumis au Sommet mondial de l'alimentation le 13 novembre 1996 et demande à ce qu'il soit amendé comme suit:
"Mettront au point des politiques et des plans aux niveaux national et régional, là où existent les conditions voulues pour une coopération régionale concernant les eaux nationales et internationales, et compte tenu des droits établis des Etats pour ce qui est des eaux internationales, conformément aux principes du droit international et aux techniques de gestion de l'eau, encourageront une amélioration de l'irrigation rationnelle aux plans économique, social et écologique, en particulier de l'irrigation naturelle, et l'intensification durable de l'agriculture pluviale, en vue d'accroître l'intensité des cultures et de réduire l'impact des sécheresses et des inondations sur la production alimentaire ainsi que de remettre en état les ressources naturelles, tout en préservant la qualité et la disponibilité de l'eau à d'autres fins, en particulier pour la consommation humaine".
Asaad Mustafa
Ministre de l'agriculture et de la réforme agraire
République arabe syrienne
Forum des ONG, 11-17 novembre 1996
Forum international de la jeunesse, 15-16 novembre 1996
Journée des parlementaires, 15 novembre 1996
PREAMBULE
Au cours des prochaines minutes les différentes vois de la société civile parleront d'une façon unanime. Nous représentons plus de 1200 organisations de quelque 80 pays de toutes les régions du monde. Nous tenterons de faire entendre la voix de plus d'un milliard de personnes affamées et mal nourries dans le monde, pour la plupart des femmes et des enfants. Au travers des consultations régionales et globales, nous avons découvert et affirmé notre solidarité mutuelle. Notre vision collective dérive de la constatation que la sécurité alimentaire est possible. Nous regrettons que quatre minutes seulement nous soient accordées pour partager cette vision.
Nous affirmons d'abord et surtout le droit humain fondamental à l'alimentation. Chacun a le droit d'avoir accès, à tout moment, à l'eau et à une nourriture saine et nourrissante, capable d'assurer une vie digne, active et saine.
Ni la nourriture ni la famine ne peuvent être utilisées comme arme politique nationale ou internationale. L'accès à l'alimentation ne peut être refusé à aucune nation, groupe ethnique ou social pour des raisons politiques, économiques, religieuses ou autres. Les embargos économiques ou les sanctions internationales qui affectent les populations sont incompatibles avec la sécurité alimentaire. Ceux actuellement en vigueur doivent être abandonnés.
La honte qu'inspirent une faim et une malnutrition globales impose l'action de tous. En même temps, nous insistons sur le fait que les gouvernements ont la responsabilité, à la fois première et ultime, d'assurer la sécurité alimentaire nationale et globale.
Les représentants de la société civile réunis au Forum des ONG sont d'accord sur certaines des causes fondamentales de l'insécurité alimentaire.
La globalisation de l'économie mondiale, de même que l'absence de contrôle des multinationales et la diffusion des modèles de surconsommation ont augmenté la pauvreté dans le monde. L'économie globale d'aujourd'hui est caractérisée par le chômage, les bas salaires, la destruction des économies rurales et la faillite de l'agriculture familiale.
L'agriculture industrialisée, l'élevage hors-sol et la surpêche détruisent l'exploitation traditionnelle, empoisonnent la planète et tous les êtres vivants. Les exportations subventionnées, les prix artificiellement bas, le dumping constant, et même certains programmes d'aide alimentaire, augmentent l'insécurité alimentaire et rendent les populations dépendantes des denrées alimentaires qu'elles ne sont pas en mesure de produire. La réduction du stock mondial de céréales a accru l'instabilité du marché au détriment des agriculteurs familiaux.
Les agriculteurs familiaux et les personnes vulnérables sont obligés, en raison des politiques menées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, de payer le prix de l'ajustement structurel et du remboursement de la dette. Les politiques nationales négligent trop souvent ces mêmes groupes. La corruption officielle provoque l'érosion de tout effort tendant à obtenir la sécurité alimentaire.
La prolifération des conflits militaires et civils, ainsi que la dégradation de l'environnement, sont une cause croissante de la faim et de l'insécurité alimentaire. La faim et la malnutrition sont plus graves lorsqu'elles se combinent avec les catastrophes naturelles.
LES PROPOSITIONS DE LA SOCIETE CIVILE POUR ARRIVER A LA SECURITE ALIMENTAIRE
Nous proposons, pour atteindre la sécurité alimentaire, un nouveau modèle qui met en question un grand nombre des thèses, politiques et pratiques existantes. Ce modèle, basé sur la décentralisation, conteste le modèle actuel, basé sur une concentration de richesse et de pouvoir qui met aujourd'hui en danger la sécurité alimentaire, la diversité culturelle et les écosystèmes qui rendent la vie possible sur la planète.
Nous soulignons six éléments-clefs de ce modèle alternatif, de même que les initiatives à prendre en vue de son développement et de sa mise en oeuvre. Une approche intégrée est nécessaire, et une action simultanée est par conséquent exigée dans chacun de ces secteurs.
1. Les capacités des petits producteurs, y compris des populations indigènes, des femmes, des jeunes, de même que les systèmes alimentaires locaux et régionaux doivent être renforcés.
Tous les aspects de l'alimentation et de l'agriculture doivent être réorientés en faveur des agriculteurs familiaux. Cela doit inclure un soutien technique, gestionnaire et financier, le crédit, ainsi qu'un accès direct aux marchés pour les associations paysannes. Il faut également accorder plus d'importance à une agriculture urbaine saine et durable.
Les femmes jouent un rôle central dans la sécurité alimentaire et il faut leur garantir le droit aux ressources productives ainsi que des possibilités égales pour utiliser et développer leurs savoir-faire.
Les ressources doivent être réorientées en faveur des producteurs et de systèmes alimentaires régionaux et locaux. Des ressources doivent être rendues disponibles pour l'investissement au travers d'une suppression et d'un allègement de la dette, d'une réaffectation de la coopération internationale existante et d'une mobilisation de ressources supplémentaires de la part des pays riches, qui doivent respecter leur engagement de consacrer 0,7% du PNB à l'aide publique au développement.
Les agriculteurs familiaux doivent avoir accès aux systèmes de communication et d'information.
2. La concentration des richesses et du pouvoir doit être inversée et des actions doivent être envisagées pour éviter des concentrations ultérieures. En particulier:
La réforme agraire en faveur des populations rurales pauvres qui veulent travailler la terre doit être mise en oeuvre immédiatement et une priorité doit être accordée au développement rural intégré.
Les ressources génétiques sont essentielles pour la sécurité alimentaire et ne peuvent faire l'objet des droits de propriété intellectuelle. Les droits des agriculteurs, des communautés et des peuples indigènes doivent être définis par eux-mêmes et promus aux niveaux national et global.
3. L'agriculture et les systèmes de production agricoles et alimentaires, qui se fondent sur des ressources non renouvelables et qui influencent de manière négative l'environnement, doivent être modifiés au profit d'un modèle basé sur des principes agro-écologiques.
La recherche nationale et internationale, la formation et les services de vulgarisation rurale doivent être réorientés afin d'intégrer le paradigme agro-écologique, qui incorpore les connaissances et expériences des exploitants agricoles, hommes et femmes. Une cartographie agro-écologique doit être réalisée pour fournir les détails sur la dégradation environnementale, partielle ou totale.
Pour prévenir et réduire l'impact de la sécheresse et de la désertification, il faudra assurer l'accès et la gestion durable de l'eau ainsi que la récupération, la conservation et l'utilisation durable du couvert végétal naturel.
Les politiques et les pratiques qui favorisent la production agricole biologique devraient être adoptées, de manière à réduire ou à éliminer l'utilisation des pesticides et d'autres produits chimiques en agriculture.
Les coûts écologiques et sociaux de l'agriculture industrielle doivent être inclus dans les prix de manière à éviter une concurrence déloyale à l'égard de l'agriculture durable.
Un régime alimentaire équilibré, diversifié, culturellement acceptable, ainsi que des aliments sains et de bonne qualité doivent être assurés à tous.
4. Les gouvernements, du niveau national au niveau municipal, et les Etats ont pour responsabilité principale de garantir la sécurité alimentaire. Leur capacité de remplir ce rôle doit être renforcée et les mécanismes nécessaires pour assurer cette responsabilité doivent être améliorés.
Des politiques nationales pour vaincre la pauvreté, en garantissant des moyens d'existence durables, des possibilités d'emploi pour tous, et une distribution équitable des revenus, doivent être mises en oeuvre en vue d'améliorer l'accès des pauvres et des plus vulnérables aux produits alimentaires et aux ressources destinées à l'agriculture.
Les Etats doivent garantir les droits politiques et économiques de ceux qui habitent à l'intérieur de leurs frontières, y compris les droits des consommateurs. Les Etats doivent également assurer un climat favorable au développement et aux processus démocratiques, grâce à des efforts pour protéger l'environnement et éviter la violence, le terrorisme et les discriminations de toutes sortes. Les Etats doivent également respecter le droit international.
Les programmes actuels d'ajustement structurel imposés par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale doivent être suspendus. Les futures réformes économiques et le plan de rééchelonnement des dettes doivent être reformulés avec la participation de la société civile.
Les Etats doivent faire des efforts accrus afin de prévenir et de résoudre les conflits de manière pacifique. En collaboration avec les institutions donatrices, ils doivent garantir l'alimentation des populations vulnérables, y compris des réfugiés et des personnes déplacées.
5. La participation des organisations populaires et des ONG doit être renforcée et approfondie à tous les niveaux.
Le droit à la libre association doit être garanti, y compris le droit des agriculteurs familiaux, consommateurs, femmes, populations indigènes, jeunes et autres à s'organiser librement.
La société civile doit contrôler l'impact des politiques, programmes et actions des organisations internationales, commerciales et financières, sur la sécurité alimentaire et doit participer à la formulation et au contrôle des politiques et programmes nationaux.
Les organisations de la société civile devraient également participer à la mise en oeuvre efficace des projets destinés au développement alimentaire et agricole.
6. Le droit international doit garantir le droit à l'alimentation, en assurant que la souveraineté alimentaire ait priorité sur les politiques macro-économiques et la libéralisation commerciale. Les aliments ne peuvent être considérés comme des marchandises, étant donné leur dimension culturelle et sociale.
Chaque nation doit avoir droit à la souveraineté alimentaire afin d'atteindre le niveau de suffisance alimentaire et la qualité nutritive qu'elle estime adéquats sans subir de représailles sous quelque forme que ce soit. Les forces du marché aux niveaux national et international ne résoudront pas, à elles seules, le problème de l'insécurité alimentaire. Dans de nombreux cas, elles peuvent la provoquer ou la renforcer. Aussi les accords de l'Uruguay Round doivent-ils être revus en conséquence.
Tous les pays et les peuples ont le droit de développer leur propre agriculture. L'agriculture remplit de multiples fonctions, toutes essentielles pour obtenir la sécurité alimentaire.
Des négociations doivent avoir lieu pour développer des instruments plus efficaces en vue de mettre en oeuvre le droit à l'alimentation. Ces instruments doivent inclure:
L'aide alimentaire structurelle doit être remplacée progressivement par le soutien à l'agriculture locale. Lorsque l'aide est indispensable, il importe de privilégier les achats locaux et l'aide triangulaire qui prévoit que la nourriture est achetée dans un pays pour être distribuée dans le pays bénéficiaire de la même région.
LE SUIVI
Les organisations de la société civile s'engagent à assurer le suivi de ce Sommet mondial de l'alimentation, en particulier en surveillant les engagements pris par le Sommet, et une participation active à la campagne "La nourriture pour tous". En dehors de la Convention mondiale sur la sécurité alimentaire et du Code de conduite, l'initiative " La nourriture pour tous" devrait devenir le fondement d'une mise en oeuvre vaste, basée sur la participation, aux niveaux local, national et international, des efforts tendant à assurer le droit juridique à l'alimentation. Nous demandons également un élargissement du Comité pour la sécurité alimentaire mondiale afin que soient inclus tous les acteurs de la société civile dans des missions de suivi attribuées au Comité. En conclusion, la faim et la malnutrition sont essentiellement une question de justice. A moins que nous n'acceptions que le droit de tout être humain à la nourriture, et par conséquent à la survie, doit venir avant toute recherche du profit, le fléau de la faim et de la malnutrition continuera.
Notre message est simple: Queremos una tierra para vivir.
17 novembre 1996
Nous, jeunes de plus de 130 pays du monde entier, réunis ici à l'occasion du Forum international de la jeunesse pour le Sommet mondial de l'alimentation, déclarons:
Les peuples doivent prendre conscience de la nécessité universelle de la biodiversification. Les organisations internationales doivent collaborer avec les gouvernements et avec les ONG pour appliquer des techniques culturales novatrices du point de vue scientifique à la production agricole des pays en développement. Les instituts universitaires de recherche doivent aussi bénéficier d'investissements afin d'assurer l'exécution de mesures en faveur de la diversification biologique.
Les ressources locales des pays en développement doivent être mises en valeur grâce à une meilleure utilisation des terres arables, à la mécanisation de l'agriculture et au progrès scientifique et technologique. Nous demandons aux sociétés multinationales de cesser d'exploiter les ressources naturelles et humaines des pays en développement. Ces conglomérats internationaux devraient continuer à investir dans les pays en développement, mais c'est aux populations autochtones qu'il appartient de prendre en main la gestion de ces usines régionales.
Une solide formation aux questions d'environnement nous apprendra l'écologie et nous sensibilisera à la contamination hydrologique, aux problèmes atmosphériques, aux déchets toxiques, aux installations de production non essentielles et à d'autres problèmes écologiques qui tuent progressivement toute vie.
Les pays du monde entier doivent être sensibilisés aux effets positifs de l'égalité entre les sexes. Nous reconnaissons que les attitudes traditionnelles à l'égard des femmes doivent changer pour que ce but ultime puisse être atteint. Les femmes doivent exercer leurs droits fondamentaux et jouer un rôle actif dans la société.
La réévaluation de l'agriculture traditionnelle est une étape indispensable vers l'autosuffisance alimentaire mondiale. Elle est affectée par la diffusion de l'agriculture commerciale, le manque de terres arables et les mauvaises conditions écologiques. Par conséquent, il est nécessaire de sensibiliser les populations à ces questions, de revoir la politique agricole de chaque pays, de redistribuer les terres grâce à une réforme agraire et de constituer des coopératives d'agriculteurs, afin que tous les pays parviennent à l'autosuffisance alimentaire.
Il existe un déséquilibre entre les taux élevés de consommation dans les pays riches et le taux moyen de consommation de la population mondiale. Nous devons changer les mentalités grâce à un travail d'éducation et de sensibilisation effectué tant par le biais des médias contrôlés par les gouvernements que par celui de l'enseignement scolaire, en créant, par exemple, une matière d'enseignement à la fois pratique et théorique visant à sensibiliser les jeunes aux problèmes écologiques et interculturels mondiaux.
Afin de créer un équilibre, les pays en développement doivent manifester davantage d'intérêt pour la production alimentaire et les pays développés doivent les aider à adopter des méthodes de production durable.
Nous réclamons la création d'un comité international de médiation, en vue de la suppression de la dette des pays pauvres et en développement d'ici la fin du millénaire. Ceci permettrait de prendre un nouveau départ, en renforçant les fondements économiques de ces pays. Les pays pauvres devraient saisir cette occasion de parvenir à l'indépendance alimentaire, grâce à leurs propres ressources, de façon à ne plus dépendre des pays riches. Il est impératif de fournir un soutien mondial à la mise en oeuvre des nouvelles idées et des technologies de pointe propres à renforcer les organismes publics des pays en développement. La présence d'un médiateur tel que la FAO, le FIDA, le FMI ou la Banque mondiale est nécessaire lorsque les organisations privées et les pays en développement tentent de parvenir à un compromis, afin d'éviter que des intérêts financiers privés ne contrôlent les besoins de ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Nous demandons aux gouvernements d'investir dans les systèmes publics d'enseignement, car ils permettent aux jeunes de prendre conscience des problèmes de la faim et de la malnutrition et des moyens de les combattre. L'éducation ouvre la voie à l'exploration des talents, des aptitudes et des ressources individuelles. Ce n'est que grâce à l'éducation de tous et à ses effets à long terme que nous pourrons espérer supprimer la faim et la pauvreté.
Nous demandons aux autorités civiles et aux responsables politiques de s'engager activement à promouvoir et à privilégier leur politique agricole, parallèlement au développement industriel. Il faut pour cela développer les moyens d'enseignement et de communication ainsi que l'infrastructure dans les zones rurales. Les innovations scientifiques doivent être appliquées à l'agriculture afin d'améliorer la qualité et d'accroître la quantité des produits cultivés grâce à la mise au point de variétés qui s'adaptent facilement à différents climats.
Nous demandons aux Chefs d'Etat de nous aider à créer des associations de jeunes au niveau des établissements scolaires, où un délégué sera désigné. Ces représentants soumettront leurs revendications aux organes nationaux et internationaux. Ces associations auront un statut reconnu leur permettant de participer aux activités de la FAO. Leur rôle consistera à mettre au point des programmes de sensibilisation à tous les niveaux et à encourager l'introduction de matières agronomiques dans le système d'enseignement.
Nous souhaitons qu'à l'avenir aucun plan d'action ne soit envisagé sans la participation des jeunes. A cette fin, on pourrait envisager la formation d'un conseil international de la jeunesse qui encouragerait l'échange d'idées à l'échelle mondiale sans discrimination politique, raciale ou sociale.
Nous demandons à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et le Fonds international de développement agricole, qui ont encouragé et facilité l'organisation du Forum de la jeunesse pour le Sommet mondial de l'alimentation, de soumettre cette déclaration à tous les dirigeants mondiaux afin de renforcer la politique de participation des jeunes aux divers secteurs de la société civile.
Nous réclamons en outre un suivi du Forum international de la jeunesse pour le Sommet mondial de l'alimentation. Au cours des deux prochaines années, les jeunes de chaque pays doivent pouvoir vérifier que les promesses de leurs pays se sont traduites par des mesures concrètes contre la crise alimentaire. A cette fin, les jeunes doivent pouvoir participer à ces projets et être assurés de jouer un rôle dans l'évaluation des changements politiques au niveau national et des progrès accomplis à l'échelle mondiale.
17 novembre 1996
Nous, Parlementaires réunis à Rome le 15 novembre 1996 pour le Sommet mondial de l'alimentation, à l'initiative de l'Union interparlementaire et à l'invitation du Parlement italien, déclarons ce qui suit:
1. Nous sommes vivement préoccupés de ce que plus de 800 millions de personnes dans le monde souffrent de sous-alimentation chronique, en particulier dans les pays en développement. Nous jugeons intolérable que près de 200 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent de carences protéino-énergétiques qui compromettent leur avenir de façon le plus souvent irrémédiable. Si des mesures énergiques ne sont pas prises de toute urgence, la faim et l'insécurité alimentaire risquent de persister, voire de s'aggraver de façon dramatique dans certaines régions. Aucun pays n'est épargné, pas même les plus riches. Affront à la dignité humaine, cette situation est aussi le symptôme d'un mal de société et met en péril la démocratie.
2. Nous n'ignorons pas que l'insécurité alimentaire, au niveau des familles comme des régions et des nations, a des causes multiples et interdépendantes d'ordre matériel, géographique, politique, économique et social qui agissent sur le développement économique en général et donc sur les revenus des individus et des nations et sur le secteur agricole en particulier. Parmi les causes profondes de cette insécurité alimentaire figure la pauvreté que nous devons éradiquer pour que l'objectif de "nourriture pour tous" puisse être atteint.
3. Outre la paix, la justice sociale, la démocratie et la gestion transparente et responsable des affaires publiques, toutes conditions indispensables au développement économique et social d'une nation, nous sommes convaincus que l'augmentation de la production agricole et alimentaire est la clé d'un approvisionnement alimentaire suffisant, lequel doit être maintenu à des prix abordables dans le monde entier et, plus particulièrement, dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier.
4. Production alimentaire et respect de l'environnement doivent aller de pair. Il faut pour cela accroître les investissements publics et privés dans la mise au point de technologies appropriées et faciliter le transfert de ces technologies aux populations rurales par la formation et la vulgarisation.
5. Il faut lever les contraintes physiques à la production agricole que sont l'absence de maîtrise de l'eau, la précarité des circuits de distribution des intrants et les difficultés d'accès aux marchés. Il faut aussi adopter des politiques économiques et sociales de nature à créer un environnement propice à la production agricole, notamment en assurant l'accès au savoir-faire et aux moyens de production, y compris la terre et le crédit, pour tous les agriculteurs, en particulier les femmes et les jeunes ruraux. Enfin, il faut mettre en oeuvre des mécanismes propres à assurer la sécurité alimentaire de la population en permettant l'accès des plus pauvres à une nourriture adéquate et la constitution de réserves suffisantes.
6. La sécurité alimentaire exige une action soutenue au niveau international dans un esprit de coopération et de solidarité entre les nations, compte dûment tenu des différences de leur niveau de développement. Cette action doit viser à promouvoir le commerce et la libéralisation des échanges - réalisés dans l'équité -, la mise au point et la diffusion de nouvelles technologies respectueuses de l'environnement, la protection des ressources naturelles de la planète - en particulier en promouvant l'énergie renouvelable et en utilisant la biodiversité -, et l'accès aux ressources génétiques - de manière telle que les droits inaliénables des populations qui en sont dépositaires soient garantis -, ainsi que le renforcement de la coopération technique et l'échange d'informations. La contradiction entre les impératifs du développement économique au sens strict et la nécessité de faire que ce développement soit durable appelle une assistance internationale accrue.
7. L'aide publique au développement, qu'elle soit bilatérale ou multilatérale, devrait être accrue et restructurée en faveur du secteur agricole et les investissements privés y être encouragés. Les donateurs et les institutions de financement doivent adopter une approche plus radicale pour améliorer la qualité des propositions de développement qui rende possible un renversement de la tendance actuelle à la baisse de l'aide publique au développement. L'aide alimentaire aux pays en développement devrait être suffisante pour répondre à leurs besoins d'urgence et être complétée, le cas échéant, par des programmes d'assistance à la réhabilitation du secteur agricole associés à des mécanismes de protection sociale garantissant l'alimentation des plus démunis.
8. Réaffirmant le droit de chacun à une alimentation suffisante, saine et équilibrée,
9. Nous nous engageons à promouvoir au sein de nos parlements respectifs la mise en oeuvre du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation et:
10. Nous prions instamment les participants au Sommet mondial de l'alimentation d'accorder toute l'attention qu'elle mérite à la présente déclaration, nous nous engageons à promouvoir les idées qui y sont exprimées au sein de nos assemblées respectives et nous prions l'Union interparlementaire de la diffuser largement auprès de tous les parlements dans le monde et de prévoir, en coopération avec la FAO, un mécanisme d'évaluation du suivi qui sera donné, au niveau parlementaire, aux engagements pris à Rome.
17 novembre 1996
PAYS ET COMMUNAUTE EUROPEENNE
AFGHANISTAN
AFRIQUE DU SUD
ALBANIE
ALGERIE
ALLEMAGNE
ANGOLA
ANTIGUA-ET-BARBUDA
ARABIE SAOUDITE, ROYAUME D'
ARGENTINE
ARMENIE
AUSTRALIE
AUTRICHE
AZERBAIDJAN
BAHAMAS
BAHREIN
BANGLADESH
BARBADE
BELARUS
BELGIQUE
BELIZE
BENIN
BHOUTAN
BOLIVIE
BOSNIE-HERZEGOVINE
BOTSWANA
BRESIL
BRUNEI DARUSSALAM
BULGARIE
BURKINA FASO
BURUNDI
CAMBODGE
CAMEROUN
CANADA
CAP-VERT
CHILI
CHINE
CHYPRE
COLOMBIE
COMMUNAUTE EUROPEENNE
COMORES
CONGO
COREE,REP.POP.DEM.DE
COSTA RICA
COTE D'IVOIRE
CROATIE
CUBA
DANEMARK
DJIBOUTI
DOMINIQUE
EGYPTE
EL SALVADOR
EMIRATS ARABES UNIS
EQUATEUR
ERYTHREE
ESPAGNE
ESTONIE
ETATS-UNIS D'AMERIQUE
ETHIOPIE
EX-REPUBLIQUE YOUGOSLAVE DE MACEDOINE
FEDERATION DE RUSSIE
FIDJI
FINLANDE
FRANCE
GABON
GAMBIE
GEORGIE
GHANA
GRECE
GRENADE
GUATEMALA
GUINEE EQUATORIALE
GUINEE
GUINEE-BISSAU
GUYANA
HAITI
HONDURAS
HONGRIE
ILES SALOMON
ILES NIOUE
ILES COOK
ILES MARSHALL
INDE
INDONESIE
IRAN, REP.ISLAMIQUE D'
IRAQ
IRLANDE
ISLANDE
ISRAEL
ITALIE
JAMAIQUE
JAPON
JORDANIE
KAZAKSTAN
KENYA
KOWEIT
LAOS
LESOTHO
LETTONIE
LIBAN
LIBERIA
LIBYE
LITUANIE
LUXEMBOURG
MADAGASCAR
MALAISIE
MALAWI
MALDIVES
MALI
MALTE
MAROC
MAURICE
MAURITANIE
MEXIQUE
MICRONESIE
MOLDOVA
MONACO
MONGOLIE
MOZAMBIQUE
MYANMAR
NAMIBIE
NEPAL
NICARAGUA
NIGER
NIGERIA
NORVEGE
NOUVELLE-ZELANDE
OMAN
OUGANDA
PAKISTAN
PALAU
PANAMA
PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINEE
PARAGUAY
PAYS-BAS
PEROU
PHILIPPINES
POLOGNE
PORTUGAL
QATAR
REPUBLIQUE KIRGHIZE
REPUBLIQUE DOMINICAINE
REPUBLIQUE TCHEQUE
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
ROUMANIE
ROYAUME-UNI
RWANDA
SAINT SIEGE
SAINT-KITTS-ET-NEVIS
SAINT-MARIN
SAINT-VINCENT-ET-LES GRENADINES
SAINTE-LUCIE
SAMOA
SAO TOME-ET-PRINCIPE
SENEGAL
SEYCHELLES
SIERRA LEONE
SLOVAQUIE
SLOVENIE
SOUDAN
SRI LANKA
SUEDE
SUISSE
SURINAME
SWAZILAND
SYRIE
TADJIKISTAN
TANZANIE
TCHAD
THAILANDE
TOGO
TONGA
TRINITE-ET-TOBAGO
TUNISIE
TURKMENISTAN
TURQUIE
TUVALU
UKRAINE
URUGUAY
VANUATU
VENEZUELA
VIET NAM
YEMEN
ZAIRE
ZAMBIE
ZIMBABWE
L'Ordre souverain de Malte était représenté par un observateur
ORGANISATIONS DU SYSTEME DES NATIONS UNIES REPRESENTEES AU SOMMET MONDIAL DE L'ALIMENTATION
Organisation des Nations Unies
- Commission économique pour l'Afrique
Fonds des Nations Unies pour l'enfance
Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement
Programme des Nations Unies pour le développement
Programme des Nations Unies pour l'environnement
Fonds des Nations Unies pour la population
Programme alimentaire mondial
Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat)
Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
Université des Nations Unies
Organisation internationale du travail
Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture
Organisation mondiale de la santé
Banque mondiale/Société financière internationale
Fonds monétaire international
Organisation météorologique mondiale
Fonds international de développement agricole
Organisation des Nations Unies pour le développement industriel
Agence internationale de l'énergie atomique
Organisation mondiale du commerce
Volontaires des Nations Unies
Secrétariat provisoire des Nations Unies de la Convention sur la lutte contre la désertification
Fonds de développement des Nations Unies pour la femme
Service de liaison Nations Unies-Organisations non gouvernementales
ORGANISATIONS INTERGOUVERNEMENTALES INVITEES À TITRE D'OBSERVATEURS
AGENCE DE COOPERATION CULTURELLE ET TECHNIQUE
ASSOCIATION AFRICAINE POUR LE DEVELOPPEMENT DU PALMIER A HUILE
ASSOCIATION SUD-ASIATIQUE DE COOPERATION REGIONALE
AUTORITE ARABE POUR LES INVESTISSEMENTS ET LE DEVELOPPEMENT AGRICOLES
BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT
BANQUE ARABE POUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE EN AFRIQUE
BANQUE ASIATIQUE DE DEVELOPPEMENT
BANQUE INTERAMERICAINE DE DEVELOPPEMENT
BANQUE ISLAMIQUE DE DEVELOPPEMENT
CENTRE ARABE POUR L'ETUDE DES ZONES ARIDES ET DES TERRES SECHES
CENTRE DE RECHERCHE ET DE FORMATION EN MATIERE D'AGRICULTURE TROPICALE
CENTRE INTERNATIONAL DE HAUTES ETUDES AGRONOMIQUES MEDITERRANEENNES
CLUB DU SAHEL
COALITION MONDIALE POUR L'AFRIQUE
COMITE INTERNATIONAL DE LA CROIX-ROUGE
COMITE PERMANENT INTER-ETATS DE LUTTE CONTRE LA SECHERESSE DANS LE SAHEL
COMMISSION DU PACIFIQUE SUD
COMMISSION SERICICOLE INTERNATIONALE
COMMUNAUTE DES PAYS DES PAYS LUSOPHONES
COMMUNAUTE D'ETATS INDEPENDANTS
COMMUNAUTE DU DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE AUSTRALE
COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ETATS D'AFRIQUE DE L'OUEST
COMMUNAUTE ET MARCHE COMMUN DES CARAIBES
CONSEIL DE L'EUROPE
CONSEIL INTERNATIONAL DES CEREALES
CONSEIL NORDIQUE
FEDERATION INTERNATIONALE DES SOCIETES DE LA CROIX-ROUGE ET DU CROISSANT ROUGE
FONDS COMMUN POUR LES PRODUITS DE BASE
FORUM DU PACIFIQUE SUD
GROUPE CONSULTATIF POUR LA RECHERCHE AGRICOLE INTERNATIONALE
GROUPE DES 77 (Bureau de New-York)
INSTITUT INTERAMERICAIN DE COOPERATION POUR L'AGRICULTURE
INSTITUT INTERNATIONAL DU FROID
INSTITUT INTERNATIONAL POUR L'UNIFICATION DU DROIT PRIVE
INSTITUT ITALO-LATINO-AMERICAIN
LIGUE DES ETATS ARABES
MARCHE COMMUN POUR L'AFRIQUE DE L'EST ET L'AFRIQUE AUSTRALE
OBSERVATOIRE DU SAHARA ET DU SAHEL
OFFICE INTERGOUVERNEMENTAL POUR LA LUTTE CONTRE LA SECHERESSE ET POUR LE DEVELOPPEMENT
OFFICE INTERNATIONAL DES EPIZOOTIES
OFFICES AGRICOLES DU COMMONWEALTH
ORGANISATION AFRO-ASIATIQUE POUR LA RECONSTRUCTION RURALE
ORGANISATION ARABE POUR LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE
ORGANISATION ASIATIQUE DE PRODUCTIVITE
ORGANISATION DE COOPERATION ET DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUES
ORGANISATION DE LA CONFERENCE ISLAMIQUE
ORGANISATION DE L'UNITE AFRICAINE
ORGANISATION DE LUTTE CONTRE LE CRIQUET PELERIN DANS L'EST AFRICAIN
ORGANISATION INTERNATIONALE POUR LES MIGRATIONS
ORGANISATION LATINO-AMERICAINE DE DEVELOPPEMENT DES PECHES
ORGANISME INTERNATIONAL REGIONAL CONTRE LES MALADIES DES PLANTES ET DES ANIMAUX
SECRETARIAT DU COMMONWEALTH
SECRETARIAT INTERIMAIRE DE LA CONVENTION DES NATIONS UNIES SUR LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION
SYSTEME D'INTEGRATION CENTRE AMERICAIN
UNION DE MAGHREB ARABE
UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST-AFRICAINE
OBSERVATEURS D'ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES
Un grand nombre d'organisations non gouvernementales ont participé à ce Sommet. La liste complète de ces organisations est reproduite dans le document WFS/96/INF1/Rev.1.
LISTE DES DOCUMENTS
WFS 96/1 Programme de travail du Sommet mondial de l'alimentation
WFS 96/2 Règlement intérieur provisoire du Sommet mondial de l'alimentation
WFS 96/3 Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation
WFS 96/3 (A,E,F) Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation - Rectificatif
WFS 96/INF/1 Liste provisoire des participants
WFS 96/INF/1 Liste provisoire des participants - deuxième partie
WFS 96/INF/2 La "Déclaration de Québec" et le "Rapport de la Réunion ministérielle sur la sécurité alimentaire mondiale" - Québec (Canada), 14-16 octobre 1995
WFS 96/INF/3 Rev.1 Liste des documents
WFS 96/INF/4 Extrait du rapport de la vingt-deuxième session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale
WFS 96/INF/5 Déclaration du Directeur général
WFS 96/INF/6 Réserves ou déclarations interprétatives sur la Déclaration de Rome et le Plan d'action
WFS 96/LIM/1 Premier rapport intérimaire de la Commission de vérification des pouvoirs
WFS 96/LIM/2 Deuxième rapport intérimaire de la Commission de vérification des pouvoirs
WFS 96/LIM/3 Troisième rapport intérimaire de la Commission de vérification des pouvoirs
WFS 96/LIM/4 Rapport final de la Commission de vérification des pouvoirs
Je tiens tout d'abord à vous remercier, vous qui êtes venus de tous les coins de la planète, souvent de très loin. Vous êtes venus parce que vous vous sentiez membres de la communauté internationale, de la grande famille des nations, de l'humanité.
Malgré vos très grandes responsabilités, vous avez trouvé le temps de participer à cette réunion pour aider 800 millions de personnes de par le monde à retrouver l'espoir en un avenir meilleur. De très nombreux Chefs d'Etat et de gouvernement, de Vice-Premiers Ministres, de Ministres et de Représentants des différents Etats sont venus ici pour travailler ensemble, dans l'esprit d'universalité qui caractérise les Nations Unies; cela confirme que tous les efforts que nous avons consentis depuis deux ans et demi pour préparer ce Sommet n'ont pas été vains.
Mais cela confirme également que le dévouement, l'engagement et le sens éthique dont vous avez donné la preuve garantiront l'action et le suivi, garantiront qu'au-delà des engagements internationaux, des mesures seront prises dans chaque pays sous l'impulsion des dirigeants nationaux car ce sont eux qui sont responsables, eux seuls qui peuvent garantir, à la tête de leur peuple, le développement économique et social de leur pays. En outre, les pays développés, en collaboration avec la communauté internationale, la FAO, d'autres organismes du système des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et les organisations financières régionales travailleront main dans la main pour faire en sorte que les enfants et les nourrissons ne souffrent pas de la faim et pour que leurs mères ne bercent pas des enfants ayant perdu tout espoir. Or, nous sommes capables de réaliser cet objectif, nous avons les compétences, nous avons les ressources et, comme le prouvent la Déclaration de Rome et le Plan d'action, nous avons aussi la volonté politique de le faire.
Commençons maintenant cette course contre la montre pour dépasser l'objectif fixé, qui est de réduire de moitié le nombre d'affamés d'ici à l'an 2015. Je tiens à rappeler qu'il ne s'agit pas d'un objectif maximal, mais bien d'un minimum à atteindre; par ailleurs, votre attitude au cours de ces journées historiques a clairement démontré qu'ensemble, nous gagnerons la guerre contre la pauvreté, contre le scepticisme, contre le cynisme et contre l'égoïsme et que les valeurs humaines les plus nobles régiront les relations entre nations, Etats, pays et communautés.
Je vous remercie de votre soutien; Dieu vous bénisse.
Ces cinq derniers jours ont été pour nous tous un moment important de notre voyage commun vers la sécurité alimentaire durable pour tous les habitants du globe. Avec l'adoption de la Déclaration de Rome et du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation, nous avons terminé un processus de négociation. Nous sommes parvenus à un large consensus sur les mesures à prendre pour atténuer les souffrances de ceux qui ont faim et assurer l'accès aux vivres à une population en expansion. Nous avons réussi à attirer l'attention du monde affairé d'aujourd'hui sur le fait que des centaines de millions de personnes continuent à vivre dans une situation de faim chronique.
Il s'agit d'une réalité honteuse et souvent oubliée, qui se perpétue alors même que des milliers d'autres personnes souffrent et meurent au cours d'événements tels que ceux qui se sont passés cette semaine en Afrique centrale. Nous nous sommes publiquement engagés, devant le monde entier, à prendre des mesures qui nous rapprocheront de notre objectif ultime, qui est de procurer "de la nourriture pour tous". Nous avons pris des engagements, mais c'est maintenant seulement que commence notre tâche. Le Plan d'action nous donne une idée précise des activités à entreprendre au niveau des communautés comme aux plans régional et international. On y parle de responsabilité nationale et de solidarité internationale, de la participation de la société civile et du secteur privé, des besoins d'investissement, du réexamen des politiques et de l'attention à accorder au rôle des femmes. La tâche est immense.
La Déclaration de Rome nous invite à réduire de moitié d'ici l'an 2015 le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation chronique. De nombreuses voix se sont élevées, qui ont dit que cet objectif était trop modeste et qu'il resterait encore trop de millions d'affamés. C'est là une critique que l'on peut faire; c'est aussi une question que je prends à coeur. Je pense que lorsque nous partirons d'ici ce soir et rentrerons dans nos pays pour retrouver notre routine quotidienne, nous devrons nous inspirer des engagements que nous avons pris en novembre 1996 dans notre travail, que ce soit au niveau des gouvernements, des services communautaires, de la production agricole, des campagnes d'information, du secteur privé ou des secours d'urgence. Si chacun d'entre nous fait tout ce qu'il peut, je pense que nous pourrons atteindre, voire dépasser, cet objectif que nous nous sommes fixé. Dans vingt ans, et j'espère que nous serons encore tous ici, c'est l'histoire qui jugera le Sommet mondial de l'alimentation de 1996.
Un grand merci à tous.
C'est avec fierté que je déclare close cette formidable réunion.