Une récente mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires a estimé la production de céréales et de légumineuses pour 1996/97 à environ 12 millions de tonnes, soit 11,7 millions de tonnes de céréales "meher" et 0,3 million de tonnes de céréales "belg". Ce chiffre représente: a) une augmentation d'environ 20 pour cent par rapport à la dernière estimation faite l'an dernier par le Ministère de l'agriculture de la récolte de céréales "meher", et b) une récolte de céréales "belg" moyenne en 1997, la moisson devant s'effectuer avant juillet/août. Auparavant, des précipitations généreuses et bien distribuées tout au long de l'année ont non seulement encouragé les semis et favorisé la croissance des récoltes durant la campagne dans la plupart des régions, mais ont également offert des conditions optimales de mise en culture à l'aide d'animaux de trait en excellente condition, partout sauf dans les zones exposées à la mouche tsé-tsé, et ceci grâce au contexte généralement salubre et à de bons approvisionnements en fourrages. Les infestations, minimes, des récoltes en croissance par des ravageurs migrateurs, notamment la chenille processionnaire et le quéléa-quéléa ont été efficacement maîtrisées. Quant aux ravageurs non migrateurs, en particulier le foreur de la tige et la mouche des pousses du riz, quoique très répandus, leur présence n'a atteint dans aucune région le seuil d'incidence économique justifiant l'intervention du Ministère de l'agriculture. L'expansion du Programme national de vulgarisation (NEP) pour les principales cultures céréalières dans toutes les grandes régions productrices a porté de 20 000 hectares en 1995 à 200 000 hectares en 1996 la superficie relevant de ce type de gestion. Parallèlement à l'élargissement de ce programme, l'utilisation d'engrais a augmenté de près de 5 pour cent. Pour ce qui est des aspects négatifs, la prolifération des mauvaises herbes a nécessité davantage de main-d'oeuvre et/ou d'herbicides, tout en réduisant les rendements dans les régions forestières du sud. L'excès de précipitations a entraîné une saturation dans les zones élevées formées d'argile lourde, retardant les semis et entravant la croissance des récoltes. Les inondations ont détruit les récoltes dans plusieurs régions et considérablement réduit la production dans la région de Gambella. On prévoit que les pertes à l'entreposage seront plus élevées que l'an dernier, du fait de la capacité limitée de stockage dans les fermes et de l'absence de produits chimiques de préservation des récoltes. Les cultures de racines, de tubercules et de graines oléagineuses ont également bénéficié des précipitations dans leurs régions respectives. Cependant, la récolte de café serait inférieure à celle de l'an dernier et serait atteinte par la maladie de la baie du café, alors que les prix de ce dernier sont en déclin. Les prix des céréales, qui ont décliné régulièrement tout au long de l'année dans la plupart des marchés, ont brutalement chuté au début de la moisson, les prévisions générales donnant une récolte exceptionnelle. Etant donné que les prix du maïs, en particulier, sont proches ou même en-deçà des coûts de production dans les principales régions productrices, des efforts s'imposent pour améliorer les possibilités de commercialisation, afin d'éviter que la présence d'excédents ne constitue une désincitation à la production. La situation confortable décrite ci-dessus masque l'existence de communautés exposées aux pénuries alimentaires dans l'ensemble du pays, en raison des déplacements, des carences structurelles et des déficiences de l'accès/éligibilité aux approvisionnements alimentaires. Bien que l'on ait estimé les besoins globaux en aide alimentaire à 186 000 tonnes, soit 64 pour cent des besoins de l'an dernier, 1,9 million de personnes continueront de requérir une aide alimentaire. De plus, étant donné la nécessité de se prémunir contre les variations climatiques qui pourraient renverser la situation excédentaire actuelle, 307 000 tonnes seront nécessaires pour maintenir la réserve de sécurité alimentaire. Compte tenu de ce qui précède, la totalité de l'aide alimentaire devrait être obtenue au moyen d'achats locaux et sans importations d'aide alimentaire. De plus, les donateurs devraient sérieusement envisager d'offrir un soutien financier à l'achat et à l'exportation de céréales éthiopiennes vers les pays voisins tels le Kenya, l'Erythrée et la Somalie, où des missions analogues de la FAO/PAM ont signalé d'importants déficits.