Une mission d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires s'est rendue au Libéria du 28 novembre au 14 décembre 1996. En dépit des hostilités qui se sont poursuivies au Libéria durant toute l'année 1996, la mission a estimé que la récolte de riz réalisée dans le pays en 1996 était nettement supérieure à celle de l'année précédente. Ce résultat est en grande partie attribuable à l'amélioration de la sécurité dans les deux principales zones productrices de riz, différentes ONG ayant été en mesure de distribuer des semences et du matériel. La production de riz en 1996 est estimée à environ 95 000 tonnes, soit près de 30 pour cent de la production antérieure à la guerre. La production de manioc constitue un important complément alimentaire vers lequel se sont tournés les agriculteurs. La situation des approvisionnements vivriers est demeurée particulièrement tendue en 1996 dans plusieurs zones non accessibles aux organismes de secours. La mission s'est rendue dans des secteurs gravement touchés par la famine en 1996, et en particulier la ville de Tubmanburg située dans le Comté de Bomi, à une soixantaine de kilomètres de la capitale, Monrovia. Le blocus militaire de la ville aurait entraîné la mort, par suite de la famine et des maladies, d'environ 4 000 personnes. La situation d'ensemble en matière de sécurité devrait s'améliorer en 1997, à mesure que s'installe le processus de paix. La principale voie reliant Greenville et Zwedru a été réouverte fin novembre, ce qui a permis la démobilisation de la milice du secteur, comme à Monrovia et dans dix autres villes du pays. Des élections nationales sont prévues pour mai 1997. L'amélioration de la sécurité dans le pays constituera la première étape de la remise sur pied de l'économie libérienne, qui comprendra également le rapatriement et la réinstallation de 768 000 réfugiés aujourd'hui à l'étranger, mais aussi la réinstallation d'un nombre tout aussi important de personnes déplacées de l'intérieur, de même que la reconstruction d'une économie dévastée par sept années de guerre civile. Cependant, la situation demeure très instable et imprévisible au plan de la sécurité, ce qui entrave tant la réinstallation que le redressement économique. Même si l'aide alimentaire reçue en 1996 était inférieure au volume recommandé par une mission analogue en 1995, les importations commerciales de riz ont été conformes aux projections, c'est-à-dire sensiblement supérieures au niveau de 1995 (35 000 tonnes en 1996 contre environ 20 000 en 1995). Les disponibilités internes de céréales en 1996 ont été de 75 500 tonnes, avec une utilisation intérieure de 200 900 tonnes, ce qui donne un déficit de 135 100 tonnes à couvrir par les importations et l'aide alimentaire. Pour 1997, compte tenu de l'augmentation de la population estimée à 2 millions de personnes en raison du retour partiel des réfugiés au Libéria, et si l'on se fonde sur un niveau de consommation par habitant égal à la moyenne des cinq dernières années, le déficit céréalier projeté devrait augmenter pour atteindre 166 000 tonnes. Les importations de céréales étant projetées à 50 000 tonnes, les besoins d'aide alimentaire céréalières sont estimés à 116 000 tonnes.