RWANDA* (23 décembre)

Les événements récents ont provoqué un retour soudain de centaines de milliers de réfugiés rwandais en provenance des pays voisins. Ces personnes auront à faire face à de multiples difficultés au cours des prochains mois, notamment en ce qui concerne les disponibilités alimentaires et autres besoins essentiels. Ce fardeau supplémentaire ne manquera pas de rendre plus vulnérable encore la situation extrêmement fragile des approvisionnements alimentaires dans le pays depuis que les troubles intérieurs ont éclaté en avril 1994. Compte tenu des besoins alimentaires supplémentaires, une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue au Rwanda au mois de décembre, afin d'évaluer les perspectives des cultures vivrières de la campagne A de 1997, ainsi que la situation alimentaire et nutritionnelle de la population et procéder à une estimation des besoins en importations céréalières, y compris de l'aide alimentaire, pour le premier semestre de l'an prochain. La mission a constaté une augmentation substantielle des surfaces ensemencées pour les cultures vivrières de la campagne A de cette année par rapport à l'an dernier. Dans plusieurs préfectures, les autorités locales ont commencé à allouer des terres appartenant à des exploitants absents à des réfugiés de retour dont l'exode remonte à 1959, ou ont donné des terres en location aux proches et aux voisins. En conséquence, l'on estime que moins de 10 pour cent de la surface arable totale est restée en friche durant la campagne en cours. Au cours de la campagne A, qui a commencé en septembre, les précipitations ont été irrégulières, avec des insuffisances notables dans les préfectures centrale et méridionale, et des précipitations normales à excessives dans le reste du pays. Les conditions de sécheresse ont sensiblement réduit la récolte dans le Gikongoro, le Gitarama et certaines parties des préfectures rurales de Butare et de Kigali, tandis que les précipitations abondantes enregistrées ailleurs ont réduit les perspectives de rendement des haricots, tout en favorisant les céréales, les racines et les tubercules. La production de bananes et de plantains a également été affectée par des pertes localisées dues aux vents violents qui ont balayé d'importantes zones de cultures. La production d'ensemble de la campagne A pour les céréales, les racines et les tubercules est estimée à 23 pour cent de plus que l'an dernier, tandis que celle des bananes et des plantains devrait augmenter légèrement. Cependant, la production de haricots est tombée de 12 pour cent par rapport à l'an dernier. En dépit d'une amélioration générale, la production vivrière pour la campagne A de 1997 demeure inférieure à la moyenne précédant les troubles intérieurs, en raison de la réduction des surfaces ensemencées, de la faiblesse des rendements des légumineuses durant cette campagne et des pertes de récoltes dans les préfectures affectées par le climat trop sec. La réduction de la production de haricots, qui constitue la principale récolte de première campagne, associée à une augmentation considérable de la demande générée par les réfugiés de retour en novembre/décembre, a beaucoup aggravé la situation alimentaire dans le pays. Les prix des haricots ont augmenté de façon marquée et sont très nettement au- dessus des prix enregistrés l'an dernier. La situation nutritionnelle est une cause de préoccupation dans certaines régions du pays, et elle risque d'être aggravée par la réduction prévue des approvisionnements alimentaires par habitant en 1997. Les pénuries alimentaires dans les préfectures de Gikongoro et de Butare pourraient également rendre plus aiguës les conséquences de la malnutrition dans ces régions. Compte tenu du retour, en novembre 1996, d'environ 560 000 personnes réfugiées au Zaïre, du retour prévu de 400 000 personnes réfugiées en Tanzanie d'ici la fin de l'année, et de près de 100 000 retours supplémentaires en 1997, la mission évalue la population à 7 685 000 personnes pour le premier semestre de 1997. On estime que cette population aura besoin d'un minimum de 145 000 tonnes de céréales, 152 000 tonnes de légumineuses, 781 000 tonnes de racines et tubercules et 1 600 000 tonnes de bananes/plantains. Si l'on se fonde sur les prévisions concernant la production et les stocks, on obtient un déficit, pour le premier semestre de 1997, de 30 000 tonnes de céréales, 45 000 tonnes de légumineuses, 124 000 tonnes de racines et de tubercules et 522 000 tonnes de bananes/plantains. Le déficit total, calculé en équivalent céréales, est estimé à 141 000 tonnes. Etant donné qu'une partie seulement de ces besoins pourront être couverts par des importations commerciales, le pays aura besoin d'une aide alimentaire substantielle en 1997. Les besoins en aide alimentaire pour le premier semestre de l'année sont estimés à 81 000 tonnes de céréales et 33 000 tonnes de légumineuses, afin de couvrir les besoins de 2 571 000 personnes, soit un tiers de la population projetée. Le nombre des bénéficiaires de cette aide comprend les récents réfugiés de retour qui n'ont pas participé aux activités agricoles durant la campagne A de 1997, les personnes retournées précédemment qui devront quitter les zones de cultures qu'elles occupent actuellement, et les groupes vulnérables, notamment les veuves, les personnes âgées vivant seules et les orphelins. Il est également urgent de fournir aux personnes récemment rentrées au pays des boutures de patates douces, des semis de légumes et des outils agricoles, pour qu'elles puissent commencer à cultiver et à rentrer des récoltes d'ici mars/avril de l'an prochain, avant la pleine récolte de la prochaine campagne, au mois de juin. Il faudra également fournir, en vue de la campagne B de 1997, des semences de sorgho et de haricots, ainsi que des engrais et des pesticides.


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